CLASSROOM V7 : CHAPITRE 1


Les traces de la mi-hiver

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Traduction : Akai
Correction : Blupo, Raitei & Nova
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Mi-décembre vint et partit comme si de rien était. Le changement de saison fut rapide et il faisait désormais très froid. Les élèves avaient commencé à porter des écharpes, des gants, de longues chaussettes et tout le tralala… Le ciel était aujourd’hui gris et nuageux comme s’il allait neiger. En y repensant, je n’avais jamais vu de neige auparavant sauf celle diffusée à la télévision ou décrite dans les livres. Mais je n’avais jamais tenu de la neige dans mes mains ou bien senti celle-ci sur ma peau. Je ne savais pas s’il allait neiger ici mais je voulais vraiment vivre cette expérience.

Après les cours, dans un coin du centre commercial Keyaki, quatre élèves se regroupèrent dans l’endroit connu pour être une zone de repos, idéal pour discuter ou faire de petites affaires. C’était Sakura Airi, Hasebe Haruka, Yukimura Keisei et moi-même. Le vrai nom de Keisei était Teruhiko mais pour respecter son souhait, nous l’appelions Keisei.

Je m’étais désormais habitué à nos rencontres irrégulières et nous nous vîmes deux à trois fois par semaine pour parler de tout et de rien. Le temps que nous passions ensemble dépendait des journées. Parfois nous passions deux heures tandis que d’autres fois nous nous séparions au bout d’une demi-heure. Si l’on avait besoin d’annuler le rendez-vous à mi-chemin, on pouvait le faire. On n’était vraiment pas prise de tête dans ce groupe.

Les vendredis, on passait plus de temps ensemble que d’habitude après les cours car c’était le jour où Miyake Akito avait des obligations. De ce fait, nous l’attendions à chaque fois.

Yukimura — Au final, dans toutes les classes personne n’a été exclu. Je pensais que la classe C finirait par agir mais visiblement non. Les questions que nous avions établies n’étaient visiblement pas faciles.

Dit Keisei lorsque plusieurs filles de la classe C passèrent par coïncidence.

Hasebe — La classe C ne semble pas étudier plus que nous aussi.

Elle répondit immédiatement tout en s’occupant sur son téléphone. Elle nous annonça ensuite quelque chose.

Hasebe — Miyatchi dit qu’il sera là bientôt, il vient de quitter son club.

Visiblement, elle discutait au téléphone avec lui. C’était en effet le seul membre du groupe qui faisait partie d’un club. Il ne pouvait pas toujours nous rejoindre immédiatement après les cours.

Sakura — Mais nous avons réussi l’examen, c’est le plus important n’est-ce pas ? De plus, ce n’est pas très rassurant d’entendre qu’un élève d’une autre classe a été exclu.

Airi, qui ne gérait pas très bien ce genre de moments difficiles, nous répondit honnêtement.

Hasebe — Eh bien, il n’y a rien de mieux que de s’entendre avec tout le monde mais c’est un peu difficile à imaginer avec le système de cette école non ? Viser le sommet signifie faire chuter les autres classes.

Haruka ne faisait que dire la cruelle vérité. Keisei était très impressionné par son affirmation.

Yukimura — Exactement. Je comprends ce que tu essaie de nous dire Airi mais si nous ne les attaquons pas c’est nous qui seront leur cible. Êt-re victorieux dans cette école c’est sacrifier les trois autres classes. Nous n’avons pas à être le sacrifice dans cette histoire.

Sakura — J’imagine oui….

Airi ne put qu’affirmer tristement.

Hasebe D’ailleurs, il n’y a vraiment aucune solution ? Comme avoir tous le même nombre de points par exemple… De cette manière, tout le monde serait heureux et on pourrait tous monter en classe A.

Sakura Ça serait bien.

MIyake Malheureusement, je pense que c’est impossible.

S’opposant à l’idée bizarre de Haruka, Akito s’était joint à nous.

Hasebe — Qu’est-ce que t’en sais ?

Miyake J’ai entendu les étudiants plus âgés parler de ça. S’il s’avère que nous sommes égaux en points après l’examen final, dans ce cas des examens complémentaires auront lieu pour déterminer notre rang.

Hasebe Quel type d’examen ?

Miyake — Je ne sais pas. Ce ne sont que des rumeurs au final. Une situation pareille n’a jamais eu lieu, c’est tellement invraisemblable quand même.

Il semblait qu’Akito n’en connaissait pas davantage, cependant les informations qu’il avait fournies n’en demeuraient pas moins importantes.

Hasebe Ça ne sera donc pas aussi simple. C’était quand même une idée intéressante.

Yukimura Au final, j’imagine qu’il ne restera qu’une seule classe A.

Hasebe — Sinon, Miyatchi, comment était l’entraînement aujourd’hui ?

Miyake — C’est-à-dire ?

Hasebe — Bah, comment t’as manié l’arc, quelque chose dans le genre.

Miyake Normal. Rien de particulièrement impressionnant ni trop mauvais. Ne pose pas de questions sur un sujet qui ne t’intéresse pas.

Hasebe Où est le mal ? On doit bien discuter de tout et de rien entre amis, non ?

Miyake Dans ce cas, j’imagine que tu as au moins quelques bases sur le tir à l’arc ?

Akito s’assit avec un regard suspicieux.

Hasebe Ce n’est pas une question de bases ou quoi que ce soit. C’est juste une compétition dans laquelle t’es supposé atteindre les cibles avec des flèches non ?

Miyake Non, ça c’est juste le principe… laisse tomber.

Akito tenta de lui expliquer davantage mais finit par abandonner.

Hasebe — Comment dire ? Depuis que je suis né, le tir à l’arc ne m’a jamais intéressé, d’où ma curiosité, je veux savoir quelles erreurs ont été faites pour que tu te retrouves là-dedans.

Il sembla qu’Haruka considérait la pratique du tir à l’arc comme une erreur. Ce n’était certes pas le sport le plus passionnant mais personnellement il m’intéressait. J’imagine tout de même que le nombre d’élèves n’ayant jamais porté d’arc de leur vie devait être élevé.

Yukimura Maintenant que j’y pense, pourquoi le tir à l’arc ? Ce n’est pas comme si cette école avait une réputation dans le domaine ou quoi que ce soit, si ?

Keisei, écoutant leur conversation, posa une question à son tour.

Miyake — Durant le collège, un ainé qui prenait soin de moi faisait du tir à l’arc. C’est pourquoi j’ai pensé m’y inscrire à mon tour. C’est tout, pas de raison personnelle en particulier.

Airi C’est en effet un élément déclencheur pour commencer quelque chose.

Airi aussi se joignit avec retenue à la conversation. C’était quelque chose que je remarquai de plus en plus ces derniers jours et que j’aimais voir. Le fait que personne ne se montrait surpris ou la taquinait sur ses tentatives permettait à Airi de petit à petit s’immiscer naturellement dans la discussion. 

Hasebe — Airi a un appareil photo numérique non ? C’est tendance en ce moment je crois. C’est une activité qui me parle davantage tu vois.

Yukimura — Instagram, un hobby typiquement féminin, huh ? Je n’arrive pas à comprendre pourquoi elles aiment tant ça. 

Keisei avait visiblement du mal à saisir le concept puisqu’il disait des choses plutôt négatives sur le sujet.

Hasebe — Hé, c’est discriminatoire ce que tu dis. Il y a plein de mecs dessus tu sais  ?

Yukimura —…Vraiment ? Dans tous les cas je ne trouve pas que c’est une bonne idée de partager ses informations personnelles sur Internet.

Miyake — Je ne trouve pas non plus. Et toi Kiyotaka ? Tu le fais ?

Moi — Non, je ne suis pas vraiment connaisseur de ce genre de choses.

Puisque cette école interdit le contact avec l’extérieur, les programmes comme SNS ou d’autres réseaux sociaux ne connectent entre eux que les élèves du lycée. Il n’y avait pas besoin d’aller plus loin.

Hasebe — Kiyopon ne semble pas être le genre de personnes à faire ces activités. Au contraire, le voir utiliser Instagram gâcherait tout. Vous l’imaginez dans une fête, glace à la main, tout beau…humm ?  

Moi — Non.

J’avais de suite nié. Ça serait problématique qu’elle garde une telle image.

Yukimura — Et qu’en est-il de toi, tu l’utilises ? Instagram, je veux dire.

Hasebe — Pas du tout. Je trouve ça chiant et étrange de se montrer aux autres.

Yukimura — Je suis entièrement d’accord.

Keisei acquiesça en entendant les mots de Haruka. Airi resta silencieuse mais elle semblait avoir reçu des dégâts critiques par cette affirmation. Apparemment elle a arrêté de le faire mais elle prenait des selfies dans le passé et les publiait sur SNS comme hobby.

Moi — C’est plutôt populaire de nos jours donc ce n’est pas une activité bizarre en soi.

Je l’avais défendue afin que Airi ne déprime pas pour rien. Elle voulait sûrement le cacher mais il était évident qu’elle était troublée par ma remarque, il suffisait d’un coup d’œil pour le voir. Airi réagissait de manière expressive à chaque fois et cette situation ne faisait pas exception, de ce fait Haruka et les autres avaient tout de suite compris sa réaction.

Hasebe — Je sais que je suis plutôt vieux jeu et pas très portée sur la mode donc difficile pour moi de dire le contraire. Je m’excuse envers tous ceux qui aiment partager du contenu !

Haruka leva ses mains et s’excusa.

Yukimura — Juste parce que je n’aime pas personnellement, rejeter quelque chose qui est à la mode est effectivement futile. J’aurais dû y réfléchir davantage.

Et Keisei s’excusa à son tour, surtout auprès de Airi qui se caressa l’épaule, soulagée.

Miyake — Désolé de changer de sujet mais il y a quelque chose qui m’intrigue.

Maintenant que la discussion sur nos passions s’était terminée, Akito intervint. Il sembla irrité et parlait tout en regardant autour.

Miyake — Elle est plutôt bizarre la classe C en ce moment, vous ne trouvez pas ?

Hasebe — La classe C ? Elle est toujours bizarre. Où tu veux en venir ?

Haruka, curieuse, se pencha en avant les yeux grands ouverts. Je savais où Akito voulait en venir. Il voulait parler des gens qui nous suivaient depuis quelques jours. Il semblerait qu’Akito les avait aussi remarqués. À ce moment-là, l’un d’eux se cacha et nous observa. C’était Komiya, un élève de la classe C et l’un des sbires de Ryuuen. Il était presque certain qu’il avait été chargé de garder un œil sur nous.

Mais il y avait pas mal de distance entre lui et nous, et au fond il n’y avait pas vraiment de preuves qui suggéraient une surveillance ; au mieux il allait prétexter une coïncidence si on l’interpellait. Pire encore, l’accuser ainsi risquait de nous faire passer pour les méchants. C’était certainement pour cela qu’Akito fut très discret. Mais plus important encore, il y avait une autre personne qui n’était pas de la classe C et qui nous surveillait. Akito n’avait pas remarqué sa présence.

Miyake — Pendant nos périodes de révisions il y a quelque temps, les gens de la classe C étaient venus nous parler non ?

Ça remontait à la période durant laquelle on se préparait pour l’examen final du second trimestre. Des élèves de la classe C se montrèrent en public à la cafétéria et vinrent vers nous. Depuis ce jour, nous étions suivis. 

Hasebe — Tu veux dire Ryuuen-kun et Shiina-san ? Se pourrait-il qu’ils le soient aussi ?

Miyake — Ouais. Mais ce sont des personnes différentes cette fois. Aujourd’hui, Ishizaki et Komiya se sont montrés à mon club. Ils ont dit qu’ils venaient voir les activités donc les ainés les ont laissés mais c’était vraiment moi qu’ils fixaient. C’était perturbant.

En d’autres termes, Komiya était venu jusqu’ici en suivant Akito. Ishizaki n’était pas là car suivre un grand nombre de personnes ne lui convenait pas. Akito semblait être le plus dérangé par les surveillances de Ryuuen.

Sakura — Peut-être que ton club les intéressait.

Airi, qui ne pouvait comprendre le schéma de pensée de Ryuuen, répondit.

Miyake — Ça aurait été bien mais hélas ça semblait plus que ça.

Akito tournait ses bras comme pour nous dire que ses épaules étaient raides. Ryuuen lui mettait la pression et le rythme ne faisait qu’augmenter.  

Je n’étais pas avec en face à face, pourtant j’entendis tout de même le rire sournois de Ryuuen.

Ryuuen — Je te trouverai.

Je pouvais ressentir cette forte détermination venant de Ryueen.

Hasebe — Ils se sont genre moqués de toi dès que t’allais tirer ? Ils t’ont jeté des cailloux ou un truc comme ça ?

Miyake — Naturellement, ils ne peuvent rien faire devant les professeurs et les ainés. Lorsque l’entraînement s’est terminé, ils sont repartis.

Depuis ce jour-là, bien que je n’avais pas changé d’attitude, il était évident que j’étais ciblé. J’imaginais que Karuizawa l’était aussi. Il avait probablement réduit sa liste de suspects à certaines personnes seulement, moi inclus. Il suffisait d’une autre action décisive de ma part pour qu’il me retrouve.  Et la personne qui pouvait déclencher cette action décisive était Karuizawa Kei.  Mais le fait qu’il agissait doucement montre qu’il y avait bien réfléchi car, en effet, une approche directe de Karuizawa aurait été contreproductive.  

Maintenant, je me demandais comment Ryuuen allait compléter cette dernière pièce du puzzle. Vu ses réactions jusqu’à maintenant, la solution n’était pas difficile à imaginer. La vraie question était plutôt quand allait-il se passer à l’action ? Pendant que je réfléchissais à cela, Akito et les autres poursuivirent leur conversation. Keisei finit par donner sa réponse quant aux agissements de la classe C envers nous.

Yukimura — Vous ne pensez pas que c’est lié à notre évolution ? On a commencé avec aucun point à notre début et pourtant nous voilà, suffisamment proches pour menacer la position de la classe C. En prenant en considération aussi les résultats de l’examen final, être promu en classe C au troisième trimestre devient tout à fait possible. Ils doivent être en panique.

Keisei essayait de déterminer de façon rationnelle leurs raisons.

Hasebe — Maintenant que tu le dis, c’est vrai. Ils sont en train d’être talonnés par notre classe alors qu’ils se foutaient de nous.

Airi — Mais…on n’est vraiment pas loin d’eux ?

Airi, se rappelant du nombre de points annoncés, demanda à Keisei qui à son tour lui répondit.

Yukimura — Oui. Les points de classe annoncés en début décembre étaient de 262 pour la classe D et 542 pour la classe C. Il restait une différence de 280 points entre nous.

Durant l’examen final du second trimestre, nous avions eu une confrontation directe contre la classe C et en sommes sortis victorieux. En conséquence, 100 points de la classe C furent transférés vers la classe D. Quand bien même elle était toujours en tête, l’écart était maintenant de 80 points car elle avait reçu une pénalité de 100 points qui n’avait rien à voir avec l’examen.

Yukimura — Il semblerait que la classe C ait commis une violation sérieuse des règles. Ils n’ont pas fait part des détails mais ils ont reçu une pénalité sévère de 100 points de classe.

Je me rappelais avoir reçu une note explicative de ce cas l’autre jour.

Hasebe — Je me demande qu’est-ce qu’ils ont encore fait, c’est bien leur genre ça !

Disait Haruka, exaspérée, même si au final notre classe n’était pas en position de se moquer des autres. Outre cet examen, on avait quand même perdu 1000 points de classe dès le premier mois de la rentrée.

Yukimura — Peu importe le motif, les effets de leur autodestruction sont notables. Si ça continue comme ça, il est fort à parier qu’on sera promu classe C après les vacances d’hiver.

Concluait Keisei sans paraître arrogant.

Hasebe — Est-ce la raison pour laquelle Miyatchi a été ciblé ?

Yukimura — Rien ne dit que ce n’est pas la raison.

Du point de vue de Ryuuen, qui dirigeait la classe C, une rétrogradation n’était pas envisageable. Trouver une faiblesse dans notre classe dans le but de défendre sa position, c’était ce qu’il était en train de faire maintenant. Si cela s’avérait, ses actions actuelles feraient parfaitement sens. Tout le monde ici, hormis moi, en était arrivé à cette conclusion.

Yukimura — Un changement de classe est un problème que l’école ne peut pas entièrement ignorer, bien que cela doit arriver rarement d’après moi. Dans ce cas-là, la croissance de la classe D malgré son très mauvais départ doit vraiment questionner la classe C.

Hasebe — Bien que Ryuuen-kun se montre tout le temps tout-puissant, il reste un leader. Il ne veut pas perdre la face.

Miyake — Je vois. J’imagine que leur désespoir est compréhensible.

Akito se sentait sûrement ravi d’imaginer un Ryuuen frustré, l’égo brisé en mille morceaux, il agréait donc avec ces mots.

Sakura — Mais on n’a pas tant changé que ça, si ? Pour autant réduire l’écart… Est-ce juste parce que la classe C a connu une chute ?

La plupart des élèves de notre classe n’étaient pas au courant des combats qui se tramaient dans les coulisses et ne faisaient que passer les examens eux-mêmes. Il était donc normal de les voir bloquer sur la raison de cette croissance.

Yukimura — Si on ne prend en compte que la classe D, on a battu toutes les classes durant l’examen de l’île inhabitée, Ryuuen nous a battus durant l’examen du bateau puis nous sommes de nouveau remontés durant l’examen final. Comparé à nous, la classe C a pas mal négligé ses points de classe.

Hasebe — Même sur l’île, ils avaient rapidement utilisé tous les points qui leur avaient été alloués.

Miyake — En gros…La classe C s’autodétruit ?

Yukimura — On peut le dire comme ça. La violation des règles faite récemment est un autre comportement autodestructeur.

Un examen spécial avait été organisé au sein d’une île inhabitée au début des vacances d’été. Toutes le monde avait reçu 300 points et le but était de les utiliser durant toute une semaine afin de passer l’examen. La quantité de points restant à la fin s’ajoutait au total général de chaque classe et c’est pourquoi nous avions tous fait de notre mieux pour économiser, sauf la classe C qui avait utilisé l’ensemble de ses 300 points d’un coup.

Sakura — N’est-ce pas la raison pour laquelle nous avons réduit cette différence de points ?

Il y a eu des retournements de situation au fil de l’examen sur l’île et au final la classe D avait pu obtenir 225 points.

Hasebe — Ok mais peut-être qu’ils ont rentabilisé le coup… Je veux dire, la classe C a carrément profité des vacances. Je suis un peu jalouse de savoir qu’ils n’ont pas dû subir toute cette galère.

Yukimura — Foutaises. Ce gars, Ryuuen, est toujours insouciant… non, c’est plutôt un grand gamin qui pense qu’il est cool parce qu’il ne fait rien comme les autres. Il se fiche bien de mettre sa classe au fond.

Pour atteindre la classe A il fallait faire attention à ses points. Selon cette logique, Keisei pensait donc que Ryuuen agissait de façon absurde en jetant ses points par la fenêtre. Mais n’avait-il vraiment aucun projet ?

Ryuuen avait tout de même donné tous les objets restants comme les toilettes ou les tentes à la classe A. Il était impossible qu’il l’ait fait sans rien en retour. Et pas quelque chose comme l’amitié ou la confiance, non, quelque chose de concret pour compenser les points de classe, comme des points privés. Mais il était difficile de se prononcer là-dessus puisqu’il s’agissait sûrement d’une opération à huit clos.

Hasebe — Vous les mecs l’avez vraiment facile. Pas vrai Airi ?

Sakura — O-Oui…C’est vrai. Il y a pas mal de filles qui avaient été dérangées par ça. Un peu plus et j’aurai aussi eu des soucis…

Airi rougissait. L’examen de l’île avait en effet pris en considération la situation des filles jusqu’à un certain degré mais leur situation était bien plus délicate que celle des garçons.

Yukimura — Pourquoi t’aurais eu des soucis si ça avait duré un peu plus ?

Keisei qui ne connaissait pas les problèmes basiques d’une fille, regarda Airi bizarrement.

Sakura — C-C’est…

Airi, incapable de lui expliquer que c’était lié aux menstruations, détourna le regard. Haruka, voyant la situation, disputa un peu Keisei.

Hasebe — Comment te dire ça, Yukimu~ ? Ce côté ignorant que tu as peut être mignon mais dans ce genre de situations, tu dois… essayer de lire l’ambiance ? Quelque chose dans le genre.

Yukimura —… Qu’est-ce que tu veux dire ?

Peu importait s’il n’avait aucun tact ou n’avait véritablement aucune idée, Akito lui tapota tout de même gentiment l’épaule.

Miyake — Les gens ont leurs propres problèmes, c’est ce qu’elle veut dire.

Yukimura — Je ne vois toujours pas ce que tu veux dire.

Keisei, incapable de comprendre, essaya d’en savoir davantage sur les problèmes de filles poussant Akito à changer de sujet.

Miyake — La classe D a gagné car Horikita avait compris la stratégie risquée de Ryuuen, n’est-ce pas ? Si elle n’avait pas deviné son plan, l’identité de notre leader aurait probablement été découverte non ?

J’acquiesçai et répondit honnêtement à Akito qui voulait confirmer ce fait.

Moi — En effet. On en serait pas là sinon.

Hasebe — Ils ont fait la fête en nous faisant croire qu’ils avaient abandonné et voulaient en plus avoir la récompense à la fin ? Cheh !  Mais pourquoi Ryuuen-kun était resté sur l’île ? C’était le leader, ça n’aurait pas été mieux de laisser quelqu’un de moins suspect ?

Haruka n’avait pas entièrement tort mais ça valait pour toutes les classes. On pensait instinctivement à certaines personnes pour les leaders, mais puisque n’importe qui pouvait être nommé leader on ne pouvait pas s’avancer. Puis concernant Ryuuen, pour l’identifier comme le leader, encore fallait-il savoir qu’il était resté sur l’île. Et même en sachant cela, un autre complice caché pouvait y être encore. C’était un examen durant lequel les conséquences d’une mauvaise réponse surpassaient celles d’une bonne réponse. À moins d’avoir des preuves solides, personne ne pouvait dénoncer un leader sans un minimum de réflexion.

Yukimura — Hé, Kiyotaka, pourquoi ne pas nous parler des informations que Horikita t’a données ?

Moi — C’est-à-dire ?  

Yukimura — Je veux savoir ce que pense Ryuuen et ce qu’il compte faire. Vu ce qu’il s’est passé durant le festival de sports et l’examen final, on doit rester unis en tant que classe.

Miyake — C’est également flippant d’avoir Ishizaki et son sbire faire une fixette sur moi. Je suis d’accord avec Keisei.

Ils semblaient avoir compris que la coopération était plus que jamais nécessaire. Même Akito et Haruka, qui ne faisaient pas trop attention aux problèmes de la classe, venaient de partager une opinion similaire.

Moi — C’est juste une rumeur mais…

Yukimura — Ça me va. Dis-le nous quand même s’il te plait.

Ils se tournèrent vers moi d’un coup. Je sentis une pression plutôt étrange.

Moi — D’accord. Je ne serai pas responsable de la moindre erreur.   

Après avoir précisé ceci, j’expliquai au groupe les évènements de l’île inhabitée depuis le début. Bien évidemment, tous ces évènements ont eu lieu grâce à mes actions mais officiellement c’était Horikita qui avait tout planifié.

J’avais expliqué comment Ryuuen utilisait une radio pour communiquer avec l’espion tout en se cachant sur l’île, comment Ibuki avait de possibles partenaires infiltrant les autres classes et la grande obsession qu’avait Ryuuen pour Horikita depuis l’examen sur le bateau. Je leur avais aussi raconté la technique trouvée par Ryuuen pour remporter cet examen. Bien évidemment, je ne leur avais pas raconté comment il avait tenté d’écraser Horikita durant le festival ni la trahison de Kushida.

Moi — Vous savez à peu près tout maintenant.

Maintenant qu’il avait de nouvelles informations, Keisei croisa ses bras, l’esprit plongé dans la réflexion.

Yukimura — La question est, comme l’a dit Haruka, pourquoi Ryuuen s’était donné tout ce mal en restant sur l’île ?

Moi — D’après Horikita, il ne fait confiance à personne. Ça semble être la meilleure explication. S’informer sur les autres classes dans le but de leur créer des soucis semble être une responsabilité trop lourde pour un autre élève.

La capacité à gérer un espion et à créer des interférences, l’endurance et la force nécessaires pour rester sur l’île pendant quelques jours avec le strict minimum… Mais  surtout, je ne leur avais pas dit, il fallait aussi que ce soit quelqu’un avec des connexions dans la classe A et quelqu’un capable de travailler avec eux. En prenant tout ça en compte, il n’était pas exagéré de dire que seul Ryuuen était capable de mener une telle stratégie. Si les leaders devaient être nommés une fois toutes les classes assemblées, il n’aurait pas opté pour cette stratégie mais comme nous étions supposés les nommer avant la réunion des classes, il avait opté pour ce plan.

Yukimura — Comme prévu de la part de Horikita, je n’aurais pas pu anticiper autant. J’avais abandonné l’idée d’identifier les leaders et j’ai même cessé de chercher à comprendre la situation.

Keisei et les autres réfléchissaient dessus.

Miyake — C’est compréhensible non ? Nous avions des soucis de nourriture et d’hygiène, le guide avait été brûlé et des sous-vêtements volés. La classe D était en lambeaux, nous n’étions pas en situation de deviner la stratégie des autres classes.

Akito rappela les événements qui se passèrent sur l’île. Keisei se souvint également de ces moments déplaisants.

Yukimura — Vu comme ça, il est vrai que c’était la galère

Sakura — Mais Horikita-san est incroyable. Dire qu’elle a vu à travers tout ça durant l’examen.

Airi complimentait Horikita comme si elle l’admirait réellement.

Hasebe — Je peux comprendre pourquoi Horikita-san est ciblée. Elle a vu à travers la stratégie de Ryuuen-kun après tout.

Miyake — À vrai dire, ils nous dérangent même nous en ce moment.

Je n’avais pas à nier ce fait, je leur avais plutôt dit la vérité mais j’ajoutai quelque chose.

Moi — Apparemment même durant l’examen sur le bateau, il y avait eu une dispute entre personnes qui étaient dans un même groupe.

Miyake — Je peux comprendre pour l’île et le bateau mais pourquoi Ryuuen et ses gars se mêlent des affaires de la classe D, même récemment ? Ils sont allés jusqu’à visiter mon club de tir à l’arc pour me surveiller. Ce n’est pas normal, si ?

Même si Horikita était la cible, ces questions restaient compréhensibles.

Moi — Ils essaient peut-être de trouver une faiblesse à la classe D. Puisque Horikita n’en a pas, ils cherchent plutôt à en trouver dans ses environs.

Yukimura — Je vois. C’est une possibilité également…

Je me demandais si avec ça Keisei et les autres avaient fini par comprendre la logique derrière les actions de Ryuuen.

Hasebe — Comme attendu de la petite amie de Kiyopon.

Haruka, même impressionnée, ne manqua pas de me taquiner.

Moi — Ne va pas en faire ma petite amie non plus.

Sakura — C-C’est vrai, tu es rude avec Kiyotaka.

Hasebe — Ahaha. Désolée ~ désolée~.

Je tenais aussi à dire que c’était rude pour Horikita. La lier avec quelqu’un comme moi… Même si ce n’était qu’un malentendu, Sudou aurait pu se mettre en colère s’il était là.

Hasebe — Même si ce n’est pas ta petite amie, tu l’aimes non ? Ou bien t’es déjà avec une autre fille.

Moi — Je ne l’aime pas et je n’ai pas de petite amie non plus.

Hasebe — Je vois. En gros nous allons tous finir l’année seul.

Moi — Seul ?

Haruka — Regarde autour de toi, c’est bientôt Noël.

Chuchota Haruka, assise sur un banc devant un restaurant du centre commercial Keyaki. Il était vrai que les décorations mises en place nous faisaient comprendre que ce n’était pas de simples installations sur le campus. Occasionnellement des élèves qui semblaient être en couple passaient devant nous.

Yukimura — C’est un jour comme un autre non ?

Haruka — C’est peut-être le cas pour toi, Yukimu~. Mais c’est très difficile pour nous les filles.

Sakura — D-Des rumeurs peuvent se créer……

Hasebe — Yep, yep. Comme qui est sorti avec qui et qui, qui a passé la nuit en couple etc…Et même si tu restes célibataire car t’as envie de l’être, on finira tout de même par te regarder avec pitié.

Yukimura — Nous sommes des secondes. Les études sont notre priorité.

Hasebe — Mais t’as fantasmé dessus non ? T’es en train de rougir.

Yukimura — Tais-toi.

Miyake — Bref, ce jus à la mangue est trop sucré. Ça part.

Akito, agissant comme s’il allait vomir, poussa le verre vers moi.

Hasebe — Mais attends, c’est trop bon ?

Haruka semblait tellement choquée qu’elle avait du mal à le croire.

Hasebe — D’ailleurs, à mon avis la classe D va vivre par mal de changements durant ces vacances d’hiver.

Sakura — C’est… à propos de qui sort avec qui ?

Airi, curieuse, demanda à Haruka.

Hasebe — Sûrement. S’il y a des gens qui sortent ensemble, il y aura aussi des ruptures. Beaucoup de choses se passent durant Noël.

Haruka acquiesçait répétitivement comme si elle avait déjà vu plusieurs couples agir de la sorte.

Miyake — Tu penses vraiment qu’il y aura des ruptures ? Actuellement le seul couple de la classe D est celui d’Hirata et Karuizawa non ?

Akito parlait tout en tenant sa gorge. La douceur du jus à la mangue semblait encore coincée dans celle-ci. D’ailleurs, je buvais aussi de ce jus si doux.

Hasebe — Pas forcément, des couples inattendus peuvent se former sans que tu ne le saches Miyatchi. L’amour n’est pas limité qu’aux frontières de notre classe d’ailleurs. S’il y a une fille que t’aimes, tu dois agir avant qu’un autre ne te la vole.

Miyake — Malheureusement, le tir à l’arc est le seul amour dont j’ai besoin.

     Hasebe — Nul. Tu n’y vas même pas par passion. Pas coool——-.

Miyake — … Tais-toi.

Akito détourna le regard timidement comme s’il était gêné par ce qu’elle venait de dire. Nous étions donc presque à Noël ? Comme je n’étais pas du tout familier de ça, tout cela me semblait venu d’un autre monde.

Miyake — En tout cas j’ai mon club, donc ce ne sera pas de toute repos ! Ça aurait été différent si j’avais eu une petite amie mais ce n’est pas dans mes plans.

Hasebe — En gros t’aimerais en avoir une quoi ?

Comme dans une vraie interview, tout en imitant le geste de tenir un microphone dans sa main, Haruka interrogea Akito.

Miyake — Je n’ai pas l’intention d’en faire tout un plat comme Ike et les autres mais c’est quelque chose de normal non ?

Ce qu’il essayait de dire c’est qu’il n’y avait pas beaucoup de gens qui n’étaient pas intéressés par l’amour.

Hasebe — … Eh bien, je ne vais pas dire le contraire tant que je trouve l’homme idéal. Yukimu semble rejeter l’amour mais tu vas faire quoi si tu rencontres une fille qui te plaît ?

Yukimura — Ce que je vais faire, ça va dépendre de comment je m’entends avec la personne, quelque chose comme ça.

Hasebe — Hmm, donc tu ne vas pas sortir avec juste parce qu’elle est mignonne, je vois, je vois. Tu es un garçon sérieux.

Yukimura — Tais-toi bon sang.

Les deux garçons étaient secoués par les taquineries de Haruka.

Sakura — Kiyotaka-kun, t-tu fais quelque chose à Noël ?

Me demanda Airi de façon inattendue.

Hasebe — Uwa, tu demandes un rencard avec Kiyopon, Airi ? C’est osé~

Sakura — N-non, pas du tout ! Je ne pensais pas à ça !!

Haruka — Je veux dire, c’est forcément ça non ? Kiypon a dit plus tôt qu’il n’avait pas de petite amie.

Sakura — Non ce n’est pas ça, je voulais juste demander ce qu’il avait prévu de faire. Je veux savoir ce que l’on peut faire quand on passe Noël seul.

Hasebe — Je vois, c’est pas faux. Miyatchi a son club mais tu vas faire quoi toi Yukimu ?

Yukimura — Je vais étudier. Si nous sommes promus en classe C vers le troisième trimestre nous n’allons plus faire que chasser mais allons aussi devoir défendre notre position. Tant que notre classe n’est pas majoritairement composée d’élèves brillants, je vais bosser afin de permettre à la classe une longueur d’avance pour les examens écrits.

Il semblait vouloir contribuer dans le secteur où il excellait le plus. Aider Haruka et Akito à réviser semblait l’avoir rendu plus confiant.

Miyake — Je ne pense pas être capable de bosser autant. Je compte sur toi Keisei.

Yukimura — Tu peux compter sur moi si tu veux mais si on atteint la classe A, tu vas sombrer si tu ne t’investis pas dans l’orientation que tu souhaites.

Keisei lui expliquait qu’atteindre la classe A ne suffisait pas.

Miyake — T’as raison vu comme ça…

Yukimura — Oui, ce n’est pas comme ça qu’on arrive en classe A.

Akito comprenait mais cette remarque le refroidit légèrement. Le temps qu’on atteigne la classe A, tous les élèves avaient en effet le temps de devenir suffisamment compétents pour mériter ce statut. Je me demandais si c’était l’intention de l’école de faire ainsi mais je ne pouvais rien affirmer à ce stade.

Hasebe — Kiyopon, le mec qui intéresse Airi ? Tu seras seul à Noël ?

Moi — C’est ça, je n’ai pas spécialement quelque chose de prévu. Je pense simplement rester chez moi.

Hasebe — Noël n’est qu’une période comme une autre tu veux dire ?

La cérémonie de clôture a lieu le 22 décembre. Noël n’était pas loin.

Sakura — Ha…haha.

Airi se mit à rire. Elle essaya de le cacher mais ne réussit pas vraiment.

Hasebe — Ça va ?

Sakura — D-Désolée, oui j’étais juste… contente donc j’ai ri.

Hasebe — Tu étais contente donc tu as ri ?

Haruka et les autres se penchèrent la tête, n’arrivant pas à comprendre. Le temps que je comprenne, des larmes étaient apparues sur les yeux d’Airi.

Sakura — Je ne me suis jamais autant amusé auparavant donc je suis contente.

Airi exprima ses sentiments sincères qu’elle avait essayé de garder pour elle.

Hasebe — D’accord mais ce sont des discussions banales quoi.

Sakura — Ça me va. Je voulais parler comme ça avec vous tous.

Hasebe — Je capte pas mais tant que ça te va. Je m’amuse également.

Conclua Haruka puis le groupe changea de nouveau de sujet.

Hasebe — Puisque nous sommes là, autant aller manger ensemble.

Pas d’objections de la part du groupe donc nous avons décidé de bouger. Et c’est à ce moment-là que j’ai agi.

Moi — Je vais aux toilettes. Allez devant, je vous rejoindrai.

Hasebe — D’accord on va t’attendre.

Moi — Non, la queue va devenir pas mal longue à cette heure-là. C’est plus rentable d’aller devant et de rejoindre la file. Je compte sur vous pour choisir la table.

Tout le monde sembla convaincu et ils partirent devant jusqu’au restaurant du centre commercial Keyaki. C’était grâce à Airi, qui était désormais capable d’agir sans ma présence, que cette situation s’était produite.  

Déduisant que je n’allais qu’aux toilettes, Komiya suivit Akito et les autres. Lorsque le groupe et Komiya disparurent, je marchais dans la direction opposée à celle des toilettes. Puis j’approchai une fille seule qui s’était assise là où on discutait.

 Moi — Je peux te parler ?

C’était Kamuro de la classe A. Elle naviguait sur son portable et n’avait pas remarqué ma présence, elle resta rigide et ne fit aucun mouvement.

 Moi — Je te parle.

Je lui parlai de nouveau.

Kamuro — …moi ? Quoi ?

Elle monta le regard, me faisant comprendre qu’elle venait à peine de remarquer ma présence. J’avançai de quelques pas et m’assis sur une chaise. Une atmosphère particulière s’installa entre nous.

Moi — Tu m’as suivi récemment. Tu me veux quelque chose ? 

Kamuro — Huh ? Tu me racontes quoi là ?

Moi — Hier quand je rentrais des cours, il y a deux jours au centre Keyaki, il y a quatre jours au centre Keyaki, de nouveau quand je rentrais des cours il y a six jours, et encore la même il y a sept jours. Pas mal de coïncidences, tu ne trouves pas ?

Je déverrouillai mon téléphone et lui montra quelques photos.

Kamuro — Mais quand…

Je l’avais discrètement photographiée en train de me suivre.

Moi — Puisque tu me suivais, tu ne pouvais pas me regarder quand je tournais dans ta direction. C’est donc normal que tu ne m’aies pas vu te prendre en photo.

Kamuro — Et alors si je te suis ? T’as un problème avec ça ?

Moi — Pas vraiment. Cela ne me fait pas de mal ou quoi que ce soit. Je ne compte pas te demander d’arrêter.

Kamuro — C’est tout à fait une coïncidence de toute façon.

Moi — Mais que penses-tu que fera ta patronne quand elle l’apprendra ?

Kamuro — Patronne ?  De qui tu parles bordel ? T’as regardé trop de films ?

Moi — Dans ce cas je pense aller dire à Sakayanagi que tu es une mauvaise espionne.

Kamuro — … Attends une minute.

Alors que je mettais mes bras sur les accoudoirs pour me lever, Kamuro m’arrêta. Ce geste à lui seul m’a permis de comprendre qu’elle n’était pas contente de cette situation.

Moi — T’es plutôt dévouée à Sakayanagi. Tu dois me suivre jour après jour pendant de longues périodes et tu fais quand même un bon boulot. Vous devez être proches.

Kamuro — Tu te fiches de moi. Jamais je ne voudrais me dévouer à une personne comme elle.

Moi — Pas besoin de mentir. Le fait est que tu passes ta vie précieuse d’étudiante à faire quelque chose d’aussi ennuyeux qu’espionner quelqu’un. C’est quelque chose qu’on fait seulement si on fait confiance à une personne et qu’on la respecte.

Kamuro — Non. Si je pouvais, je couperais tous les ponts avec elle.

Exprimant ces mots intensément, Kamuro sembla irritée.

Moi — Dans ce cas, pourquoi tu obéis à Sakayanagi ?

Kamuro — Ce ne sont pas tes affaires. 

Moi — Si tu ne le fais pas en guise de bonne volonté alors c’est parce qu’elle connaît ta faiblesse.

Kamuro — … Qu’essaies-tu de dire ?

Moi — Je vais signaler ton espionnage raté à Sakayanagi. Si je fais ça, ton incapacité à agir comme ses jambes et ses bras sera exposée et cette faiblesse qu’elle connaît t’affectera peut-être.

Kamuro — Donc tu me menaces toi aussi ?!

Il semblerait que Sakayanagi ne faisait pas que se servir de Kamuro, elle avait donc aussi trouvé une sorte de point faible chez elle. Je n’avais fait que poser une question, mais qui aurait cru qu’elle allait en dire  autant.

Kamuro — Qui es-tu au juste ? N’est-ce pas bizarre que Sakayanagi te cible ?  

Moi — Je ne sais pas. Je n’en ai aucune idée.

Kamuro ne semblait pas connaître les vraies intentions de Sakayanagi non plus. J’eu au moins ça comme réponse.

Kamuro — Tu es l’élève de la classe D que Ryuuen cherche non ? C’est la seule idée qui me vient en tête.

Moi — Tu vas faire quoi du coup ?

Je ne l’avais pas nié. Pour commencer, Sakayanagi connaissait mon identité donc tenter de le cacher ne servait à rien.

 Kamuro — Tu me menaces mais si l’envie m’en vient, je peux aussi aller dire deux mots à Ryuuen.

Moi — Si tu veux en arriver là…Faisons comme ça alors.

Je fis une offre à Kamuro.

Moi — Libre à toi de m’espionner quand tu veux. Je ne dirais rien. Je ne le signalerai pas à Sakayanagi non plus. Disons qu’en échange, outre Sakayanagi, tu ne diras rien à personne à propos de moi.

Kamuro — On fait un compromis, alors ?

Moi — Je ne pense pas que ce soit une mauvaise offre.

Kamuro —… c’est sûr. Puis Ryuuen ne m’intéresse pas.

Il semblerait que Kamuro ait accepté, puisqu’elle acquiesça et se leva.

Kamuro — J’y vais maintenant. Je suis fatiguée.

Ainsi, Kamuro se dirigea droit vers la sortie du centre Keyaki.

Moi — Cette faiblesse dont on se sert contre elle doit être plutôt dérangeante.

Mais grâce à cela, des interruptions indiscrètes n’arriveront plus. Pour le moment, je m’arrêtais là. Un souci tel que le dévoilement de mon identité à Ryuuen par une source inconnue avait été évité.


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