CLASSROOM V6 : CHAPITRE 4


Moyens de survie

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Traduction : Raitei
Correction : Nova
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Alors que le cours de vie de classe de 18:00 allait commencer, Chabashira-sensei quitta la salle sous l’émerveillement général. Hirata lança un regard aux élèves tandis qu’il s’approchait de l’estrade. L’heure n’était plus au jeu.

Hirata — Pour la vie de classe d’aujourd’hui, j’aimerais que l’on discute du quiz de demain. J’ai eu la permission de la prof qui a précisé qu’on pouvait faire ce qu’on voulait dans ce créneau horaire. Horikita-san, je te laisse donc la parole.

Comme si elle attendait le signal de Hirata, Horikita se leva et s’approcha tranquillement de l’estrade. Aussitôt qu’elle se tint près de lui, les élèves ne purent s’empêcher de constater à quel point ce duo jurait. Ils ne réalisaient pas pour la plupart que ces deux-là incarnaient notre plus puissante combinaison. Le fait que Horikita n’avait pas pour projet de faire ami-ami avec lui n’arrangeait toutefois pas les choses ; la débâcle du festival sportif lui avait certes servi de leçon et fait entamer un processus de réforme, mais il lui restait encore beaucoup de chemin à parcourir. A. Portman, un biologiste suisse, stipule que les humains sont psychologiquement prématurés. Selon un point de vue purement zoologique, les humains seraient toujours nés un an trop tôt comparé au développement général des mammifères. Bien que l’humain soit classifié comme un grand animal, lorsqu’un bébé naît, ses organes sensoriels sont déjà développés tandis que ses aptitudes physiques sont au point mort. D’autres grands animaux, comme ceux faisant partie de la famille des cervidés par exemple, sont déjà physiquement aptes dès la naissance. Je ne mentionne pas les innombrables autres créatures qui quittent leur nid d’eux-mêmes prenant ainsi la responsabilité de leur vie.

Pour faire l’analogie avec Horikita, elle venait de renaître, mais elle n’était pas encore capable de marcher. Cependant, de nouvelles portes s’ouvraient désormais à elle, bien qu’elle était encore en phase de déni.  Il lui suffisait pourtant d’accepter sa nouvelle situation pour en finir avec ses conflits intérieurs.

Horikita — ……Tout d’abord, même si c’est du passé, j’aimerais m’excuser pour quelque chose. Si vous me le permettez.

Je pensais qu’elle allait parler directement de l’examen final, mais je me trompais. Il y avait quelque chose qui la tracassait depuis quelques semaines.

Horikita — Je n’ai clairement pas assuré comme je l’aurais dû durant ce festival. Je suis toujours dure avec tout le monde, mais, au final, je n’ai pas été utile pour notre classe. Je tiens sincèrement à m’excuser.

Horikita s’inclina à la surprise générale, prétextant ainsi être la cause de la défaite de la classe. Onodera, sa partenaire lors de la course à trois pieds, lui en voulait, mais prit la parole aussitôt.

Onodera — Tu n’es pas la seule responsable alors ne baisse pas la tête !

Sudou — Elle a raison Suzune. Haruki et le Doc n’ont pas été utiles non plus.

Bien que ce constat fut déplacé, il en était pas moins vrai. Yamauchi lança un regard noir à Sudou, mais n’objecta pas.

Horikita — Une attitude humble rend les résultats acceptables quels qu’ils soient, mais au vu de mon comportement, j’aurais dû faire mes preuves. Malheureusement, je n’ai rien prouvé.

Horikita regarda Sudou pendant un petit moment. C’était simplement un signe qu’ils étaient désormais amis ce qui ne manqua pas de faire réagir Sudou qui se gratta la joue timidement laissant apparaître un sourire laissant apercevoir la blancheur de ses dents.

Horikita — Mettons maintenant ce sujet de côté, je veux que l’on se focalise sur le quiz et l’examen final. Si notre classe n’est pas unie, ces épreuves seront insurmontables.

 — C’est compréhensible, mais as-tu trouvé des pistes ? Du genre comment sont formées les paires ?

Horikita — En effet nous l’avons compris. En s’y prenant bien, il y a moyen d’optimiser de façon à ce que chacun ait le meilleur partenaire possible. Hirata-kun, si tu veux bien.

Hirata, relégué au second plan, commença à écrire les règles concernant la formation des paires.

Les règles des paires

La personne qui obtient le score le plus élevé au quiz sera placée avec la personne qui aura obtenu le score le plus faible. Le second avec l’avant-dernier et ainsi de suite. Exemple : L’élève qui aura 100 points sera en duo avec l’élève ayant eu 0 point et celui qui a 99 points avec celui qui a obtenu 1 point.

Horikita — Il n’y a donc rien de compliqué.

Eh bah ça alors c’est fou ! Tu gères Horikita !

Horikita — Beaucoup d’entre vous l’avaient sûrement déjà compris. Mais, dans le doute, nous allons tout reprendre et expliquer notre stratégie pour être certains que personne n’aura de surprise concernant son futur partenaire.

Si dans son esprit d’autres élèves avaient forcément compris, en réalité ce n’était pas le cas. L’indice dans cette épreuve était paradoxalement trop évident pour attirer l’attention des gens. Mais Horikita était bien décidée à apprendre de ses erreurs et avait saisi que tout le monde ne fonctionnait pas comme elle.

Horikita s’approcha de Hirata et se tourna pour faire face à la classe. Elle avait une vraie aisance orale et tout ce que qui transparaissait était son envie d’aller de l’avant.

Horikita —  Au vu des résultats des tests concernant notre classe jusque-là, je voudrais que chaque élève qui a du mal en cours discute avec quelqu’un n’a pas de problèmes. Certains seront sûrement délaissés, car nous ne pouvons malheureusement pas aider tout le monde.

Dans la classe, 11 élèves avaient une moyenne générale supérieure ou égale à 80 points. Ceci était sans compter les deux ayant obtenu un score parfait lors des exams de mi-trimestre. En filtrant les personnes ayant une moyenne supérieure ou égale à 90, on passait à 6 élèves. Ainsi, malgré la relative facilité des tests, moins de la moitié des élèves de la classe obtenait régulièrement de très bonnes notes. Et quand bien même les élèves ayant une moyenne supérieure ou égale à 60 étaient inclus parmi les “bons élèves”, cela ne changeait pas le fait qu’il était impossible d’avoir un partenaire idéal pour tout le monde. Quoi qu’il en soit, Horikita semblait vouloir créer deux équipes de 10 personnes. L’une au top et l’autre en bas de l’échelle. Les noms des élèves avec les notes les plus basses furent retranscrits sur le tableau un par un.

Yamauchi — Je comprends pas vraiment. On doit faire quoi au juste ?

Yamauchi intervint, car il s’attendait bien à voir son nom apparaître.

Horikita — Les dix élèves mentionnés sur le tableau peuvent seulement écrire leurs noms lors du quiz de demain. Vu que le score n’a pas d’impact, vous n’aurez pas à vous inquiéter du 0. Concernant les dix meilleurs, faites-en sorte d’obtenir au moins 85 points ou plus. Concernant les vingt élèves restants, les dix meilleurs d’entre vous devront viser au maximum 80 points tandis que les dix suivants ont besoin d’obtenir seulement 1 point. Si on respecte tout ce que je viens d’énoncer, notre classe devrait se retrouver avec les duos les plus équilibrés possible pour l’examen final. Cependant il est toujours possible qu’il y ait des imprévus alors nous verrons bien au moment donné.

Ce qu’il fallait comprendre ici était que les élèves obtenant 1 et 0 n’allaient pas être placés ensemble. Il fallait mettre toutes les chances de notre côté pour avoir une paire la plus équilibrée possible.

Hirata — Je pense aussi que cette stratégie est la bonne. Nous devons être parés à toutes éventualités.

Hirata avait discuté avec elle avant alors il était évident qu’il n’allait pas objecter. Son intervention était purement là pour impacter positivement l’humeur générale.

II fallait évoquer Kôenji. Ce dernier n’était pas du genre à s’embarquer dans ce genre de plans, mais, pour le coup, il semblait assez neutre. En fait on pouvait dire qu’il s’en fichait, comme à son habitude, après tout il s’agissait de la personne arrivant à faire concurrence à Horikita en termes de non- intégration à la classe. Félicitations ! Mieux valait donc le laisser tranquille et ne pas trop perturber ses petites habitudes. De toute façon ce dernier n’était jamais assez stupide pour risquer sa place malgré son attitude désinvolte. Ici son partenaire pouvait le mener à l’exclusion, il avait donc tout intérêt à coopérer. Du moins on avait beau se rassurer comme on pouvait en pensant ainsi, il fallait toujours rester sur nos gardes tellement il était imprévisible.

Horikita — Kôenji-kun, des objections ?

Kôenji — C’est absurde, pourquoi en aurais-je ? C’est complètement à ma portée.

Il étendit ses longues jambes sur le bureau et plaqua ses cheveux en arrière comme à son habitude.

Horikita — Je peux compter sur toi pour avoir plus de 80 points ?

Kôenji — Tout dépendra du contenu du test.

Horikita — Si tu obtiens 0 point, tu te retrouveras avec un élève ayant de bonnes notes. Tu risques de briser l’équilibre de la classe, tu le comprends bien ?

Tout ce qu’il fallait éviter pour ce quiz était ce genre de déséquilibre. Il fallait à tout prix éviter que Horikita et Kôenji ne forment un duo, par exemple, car ils étaient tous les deux très bons.

Kôenji — J’y réfléchirai sérieusement, femme.

Bien que sa réponse était ambiguë, Horikita n’insista pas plus longtemps. Il fallait absolument poser les bases pour l’examen final.

1

Le jour suivant marqua le début du quiz. Je pensais que l’on commencerait sans attendre, mais Chabashira-sensei prit la parole et s’adressa à nous.

Mlle. Chabashira — Le quiz va bientôt commencer, mais je dois avant cela vous vous faire part d’une information. Vous avez décidé d’attaquer la classe C pour l’examen final et cela a été validé.

Horikita — Les classes A et B nous ont désignés ? Quoi qu’il en soit, il est bon de savoir que notre souhait a été réalisé. On a toutes nos chances face à la C.

Nous passâmes avec brio le premier obstacle, au grand soulagement de Horikita. La question était de savoir maintenant qui allait nous attaquer.

Mlle. Chabashira — La classe qui vous attaquera sera aussi la C. En effet les autres classes ne vous ont pas désignés.

Autrement dit c’était la A contre la B et la C contre la D.

Horikita — On ne pouvait pas rêver mieux.

Moi — En effet.

Il n’y avait eu aucun conflit de choix, cela voulait donc dire que chaque classe avait choisi d’affronter son rival pour creuser ou bien réduire l’écart. On pouvait en déduire que c’était Sakayanagi qui est derrière tout ça, car Katsuragi aurait probablement choisi la classe D pour mettre toutes les chances de son côté ; son influence en classe A était donc en train de décliner. Quoi qu’il en soit, tout se passait comme prévu pour le moment au bon plaisir de Horikita.

Mlle. Chabashira — Malgré la pression du Quiz, vous m’avez l’air en pleine forme Ike et Yamauchi. D’habitude vous avez des cernes avant les examens. Vous avez une sorte de stratégie secrète cette fois ?

Ike — Hehehe, vous verrez bien.

Ike était plein de confiance, mais ce n’était pas étonnant vu qu’il n’avait pas eu à étudier. Le niveau du quiz n’était pas bien dur en soi, mais il aurait été tout de même fâcheux pour lui de réviser. Chabashira-sensei l’avait sûrement compris.

Mlle. Chabashira — Ne regrette pas ta décision plus tard. Ce quiz est à prendre au sérieux.

Ike — Mais je suis sérieux. Ce quiz n’a pas d’impact sur nos notes c’est ça ?

Mlle. Chabashira — En effet.

Ike — Je peux donc avoir l’esprit tranquille.

Mlle. Chabashira — Seulement si tu arrives au résultat escompté.

Au vu de l’ambiguïté de sa réponse, Ike et tous ceux qui n’ont pas eu à étudier devinrent silencieux pendant un petit moment.

Sudou — Et si on essayait de faire de notre mieux quand même au quiz ?

Sudou perdit involontairement sa quiétude et énonça cela.

Horikita — Ne la laissez pas vous perturber. Notre plan est sans faille.

Avec son intervention, elle réussit à calmer les élèves. Sudou reprit son sang-froid aussitôt.

Sudou — ….Je crois en Suzune !

Chabashira-sensei vit que la tension au sein de la classe s’évanouit et commença à distribuer le quiz.

Mlle. Chabashira — Nous allons commencer sans plus attendre. C’est évident, mais je tiens à rappeler que la tricherie est interdite, que l’examen impacte vos notes ou pas. Tenez-vous prêt à avoir une lourde sanction si vous êtes pris.

Les feuilles furent données aux élèves du premier rang qui les firent parvenir derrière. Vu qu’on devait garder la tête baissée dès le début de la distribution, je retournai la feuille aussitôt qu’elle me parvint pour ne pas la regarder.

Mlle. Chabashira — Vous êtes vraiment persuadés d’avoir trouvé les bons critères de sélection des paires ?

Horikita — En effet ! Nous sommes très confiants.

Horikita ne fut pas impressionnée plus que ça. Ike et les autres suivirent son exemple et ne faiblirent pas non plus. Si un leader montrait de l’hésitation ou de la peur, ces sentiments négatifs se seraient propagés au sein de ses subalternes. C’est ainsi que l’on put apercevoir une toute nouvelle classe D, ce que Chabarashira-sensei ne put manquer de remarquer dans la mesure où elle nous voyait quotidiennement.

Mlle. Chabashira — Commencez !

Le quiz débuta à son signal et je tournai le papier aussitôt.

Moi — Oh…

Je ne pus m’empêcher de sortir un son et je n’étais probablement pas le seul à être surpris. On s’attendait en effet à un examen facile, mais pas à ce point. C’était littéralement à la portée d’élèves de sixième globalement. Même pour quelqu’un comme Ike, il était facile de faire un score d’au moins 60/100 en gardant son sang-froid.

Heureusement que nous avions prévu le coup, car la tentation de bien réussir ce quiz nous aurait menés à notre perte.

2

Le quiz se finit sans problèmes et les résultats furent annoncés le lendemain en fin de journée. La classe D n’avait jusqu’à maintenant jamais travaillé de concert pour les examens. Pour ce quiz, ce fut en effet un travail d’équipe minutieux dont nous n’aurions jamais pensé être capables encore quelques semaines avant. Mis à part le système des paires, le fait de créer des sujets et la compétition interclasse, le principe de ce quiz était trop beau pour être vrai. Cet examen spécial était clairement du gâteau au point de nous faire oublier d’être dans un lycée d’élite aussi particulier.

Moi — Tant mieux si je n’ai pas à m’impliquer dans cet exam.

J’étais vraiment heureux à l’idée de le murmurer.

Mlle. Chabashira — Je vais maintenant annoncer les duos.

Voici ce qui a été annoncé :

Horikita Suzune et Ken Sudou, Hirata Yôsuke et Yamauchi Haruki, Kushida Kikyô et Ike Kanji, Yukimura Teruhiko et Inogashira Kokoro…

Le plan s’était pratiquement déroulé comme prévu. Me concernant, je me suis retrouvé avec Satô Maya.

Moi — Quelle ironie du sort !

Comment en étais-je arrivé là sans rire ? Satô regarda dans ma direction avec un sourire. Je levai un petit peu la main pour lui montrer que j’avais bien compris être avec elle.

Horikita — Kôenji-kun n’a pas non plus trahi nos attentes.

Kôenji fut placé avec Okitani. Au vu du résultat, il a dû faire un gros score. Jusque-là il avait toujours obtenu de bonnes notes alors il a dû faire comme à son habitude. D’ailleurs, il ne se soucia guère de sa note et croisa les bras tout en faisant un sourire incompréhensible. Il finit par rire.

Mlle. Chabashira — On dirait bien que certains d’entre vous ont compris le système et que l’information a été partagée à toute la classe.

Chabashira-sensei regarda la liste des duos et fut impressionnée.

Mlle. Chabashira — Visiblement, je n’ai pas besoin de vous le dire, mais nous formions en effet des paires de sorte à les équilibrer en fonction des notes. Les élèves qui obtiennent des notes similaires sont quant à eux classés aléatoirement avec quelqu’un de leur niveau.

Pour le moment rien n’était surprenant, mais cela faisait du bien de voir que notre stratégie était la bonne.

Moi — Tout a l’air de se passer comme prévu.

Horikita — Oui, tellement que j’en ai peur. Les choses sérieuses vont maintenant commencer. On va devoir créer des questions et réussir l’examen final en lui-même. Vu que c’est toi qui es avec Satô-san, je ne m’inquiète pas plus.

Je n’avais pas fait exprès de me retrouver avec elle, mais il est vrai que les duos qui sont formés par des élèves moyens ont plus de chance de rater que les duos formés avec un bon et un mauvais élève. Satô pouvait potentiellement rater l’examen final alors j’allais pouvoir compenser ses faiblesses.

Horikita — Afin d’augmenter la moyenne de classe, je compte ouvrir un groupe d’étude pour préparer l’examen final. Avec la coopération de Hirata-kun et Kushida-san, je serai en mesure d’établir deux sessions par jour. Une session de 2h de 16h à 18h après les cours et une autre de 20h à 22h pour ceux qui ont des activités de club. Décidons maintenant de la session où vous voulez participer. Hirata-kun, tu es partant ?

Hirata — Vu que j’ai club après les cours, je penche pour la deuxième session. Travaillons dur pour surmonter cet examen !

Les choses avançaient lentement mais sûrement et comme il y avait plus d’élèves capable d’enseigner, on pouvait se permettre une telle stratégie. Après cela, Horikita et Hirata discutèrent du déroulement des sessions en détail avec une rigueur extrême. Sans surprise, la première session sera menée par Horikita tandis que la deuxième par Hirata. Ils avaient ainsi décidé de se dévouer pour les élèves en difficulté tout en acceptant ceux qui voulaient participer même s’ils avaient un niveau acceptable.

Kushida, quant à elle, était une sorte d’unité spéciale qui participait aux deux sessions, se focalisant sur les élèves qui avaient des doutes sur leur capacité à atteindre les 50 points. Il y avait pas mal de filles dans ce cas-là, notamment Onodera et Ichihashi. Mais ce plan n’était pas sans défauts. En effet, il y avait plus d’élèves impliqués pour ces sessions contrairement au premier trimestre, mais il n’y avait toujours que trois enseignants. Cela signifie que l’aide apportée à ceux qui participaient aux sessions allait être superficielle.

Lors du déjeuner, Hirata et Sudô s’entretinrent avec Horikita.

Sudou — Bordel, Suzune fait pas ma session ! C’est mort niveau motiv.

En effet, avec ses activités de club, il ne pouvait que participer à la deuxième session. Il ne fallait pas oublier qu’elle était son unique moteur pour se motiver à étudier.

Horikita — Ton manque de motivation suffit à me mettre dans de beaux draps. Alors peu importe qui est là pour t’aider, ok ?

Sudou — ……Ok, ok, on forme un duo après tout.

Son influence sur l’indomptable Sudou était admirable.

Horikita — Tes efforts affecteront ma notation lors de l’examen final alors j’aimerais vraiment que tu comprennes la situation. Qui plus est, j’essaierai de venir aux sessions du soir alors ne sois pas déçu.

Horikita donna le coup de grâce comme pour montrer que Sudou lui était pleinement soumis.

Sudou — Wow, je suis motivé plus que jamais ! Je compte sur toi Hirata !

Hirata — Avec plaisir, Sudou-kun.

Parce qu’il formait un duo avec Horikita, Sudou semblait plus enjoué que d’habitude, mais les imprévus étaient toujours de sortie.

…Horikita, aurais-tu une minute ? Faut que je te parle.

Je n’avais jamais parlé à l’élève qui venait d’appeler Horikita. Il affichait une expression sérieuse comme s’il se sentait désolé pour quelque chose.

Horikita — Qu’est-ce qu’il y a, Miyake-kun ?

C’était Miyake Akito. Il était avec Hasebe dont la beauté était devenue un sujet de conversation commun chez les garçons de la classe D. Ils étaient tous les deux discrets et ne s’impliquaient que très rarement avec les autres, c’est pourquoi il était inattendu de les voir arriver, qui plus est, de les voir ensemble.

Hirata — Ah je me souviens, vous êtes en duo pour l’examen final c’est ça ?

Hirata demanda cela afin de commencer la conversation sur de bons rails. Miyake lui exposa ensuite la situation.

Miyake — On est en effet ensemble pour l’exam final, mais si on se base sur nos résultats au quiz et au mi-exam, nous sommes bons et mauvais dans les mêmes matières. On a du coup besoin de votre guidance.

Après avoir fini de parler, il tendit les résultats à Hirata. Miyake avait obtenu 79 points et Hasebe 1 point comme prévu c’est pour ça qu’ils formèrent une paire. En effet le premier fut considéré comme étant dans la moitié haute de la classe tandis que la dernière dans la moitié basse mais il y eut un mauvais calcul. En effet, au mi-exam, leur moyenne était respectivement de 65 et 63 points pour Miyake et Hasebe. En plus d’être au milieu de la classe en termes de niveau, leurs points forts et faibles sont identiques. Même si potentiellement ils pouvaient réussir l’examen final, il y avait donc un hic : la probabilité pour les deux de faire la même erreur sur une question était trop forte. Il fallait 60 points dans chaque matière pour la valider alors les laisser ensemble était pour le moins dangereux.

Hirata  — En effet, ce n’était pas prévu. Il faudrait faire un contrôle sur les autres paires.

Miyake — Désolé de te troubler encore Hirata. Que ce soit sur le bateau ou au festival sportif, je suis toujours là à te demander à la rescousse.

Hirata — Ne t’excuse pas, tu aurais fait la même chose si j’avais besoin d’aide.

Il était vrai que Miyake avait dû se retirer du festival, car il s’était blessé à la jambe juste avant la course finale de relais, mais je n’avais pas plus de détails dans mes souvenirs. Il a l’air d’avoir récupéré en tout cas.

Enfin, Miyake et Hasebe avaient tellement une copie ressemblante qu’on aurait pu aisément les confondre. Il était inévitable que certaines paires posent problème, de toute façon.

Miyake — Mais je sais que ça va être difficile et je ne veux pas compliquer la situation plus qu’elle ne l’est déjà en nous ajoutant aux sessions.

Ce n’était pas qu’ils étaient stupides ou qu’ils n’aimaient pas étudier comme Sudou. La situation était spéciale dans la mesure où ils avaient les mêmes points faibles. Pour pallier ce problème, il fallait qu’ils aient des cours, mais on manquait justement cruellement d’intervenants ce qui allait avoir un impact négatif sur la qualité de l’apprentissage.

Horikita — Kushida-san, je peux te rajouter deux élèves ?  Je sais que ça fait beaucoup, mais ils ont déjà des bases. Ils ne devraient pas gêner la dynamique de la session.

Kushida — Pas de soucis tant qu’ils sont d’accord. Vous êtes ok ?

Miyake ne répondit pas, mais ce ne fut pas le cas de Hasebe.

Hasebe — Je passe. Je n’ai pas envie d’être avec Ichihashi-san.

Elle avait donc refusé. Heureusement au passage qu’Ichihashi n’était pas là.

Hasebe — Et puis… je ne suis pas du genre à apprendre avec autant de gens.

On dirait bien que Miyake avait emmené Hasebe contre son gré, et que ça n’a pas pris.

Horikita — N’oublie pas que vous avez les mêmes faiblesses. Vous risquez de ne pas atteindre les 60 points minimums dans une matière.

Hasebe — Je sais bien.

Hasebe eut un air renfrogné, détourna le regard de Horikita et se retourna.

Miyake — Où tu vas ?

Hasebe — Désolée Miyatchi. Je sais que tu as fait l’effort de me faire venir jusqu’ici, mais je suis vraiment pas taillée pour ça.

Hasebe continua ainsi de marcher et quitta la salle de classe.

Miyake — Désolé Horikita.

Horikita — Peu m’importe. Ta seule présence est tout de même utile alors puis-je compter sur toi pour coopérer avec Kushida-san ?

En participant aux sessions, il pouvait compenser l’absence de Hasebe.

Miyake — ……Très peu pour moi. Je ne me sens pas à l’aise à l’idée d’étudier avec que des filles. Je vais me débrouiller tout seul.

Miyake donna ainsi sa réponse et attrapa son sac sur la chaise. Horikita ne pouvait pas le forcer à participer, car cela n’avait aucun sens de faire étudier quelqu’un contre sa volonté ; cela n’aurait fait que plomber le moral des autres élèves participants à la session et qui avaient l’envie d’apprendre.

Kushida — Qu’est-ce qu’on fait du coup ? Il vaut mieux les aider.

Horikita — Si seulement quelqu’un d’autre pouvait nous filer un coup de main.

Je vis Horikita regarder dans ma direction un instant, mais je déclinai. Je n’avais pas le pouvoir de communiquer avec Miyake ou Hasebe outre le manque de pédagogie dont je devais faire preuve. J’étais hors course.

Horikita — Je vais voir si je peux libérer du temps pour eux.

Elle conclut qu’elle n’avait d’autre choix que de faire les choses d’elle-même.

Hirata — Je suis contre. Quand je pense à la longue guerre qui nous attend, il faut absolument que tu ne te surmènes pas. Qui plus est, plus tu auras d’élèves à aider, plus ton enseignement sera superficiel. Je ne parle même pas du fait que tu es celle qui est en charge de créer des questions pour la classe C.

Horikita — Certes mais avons-nous d’autres options ?

On pouvait ressentir la détermination dans ses paroles, car elle savait qu’elle ne pouvait compter sur personne d’autre. Hirata n’avait pas le pouvoir de l’arrêter même s’il le voulait. Horikita avait pris sa décision.

Je m’en chargerai !

Un élève qui n’avait pas participé à la conversation jusque-là approcha de notre cercle.  Ce fut Yukimura.

Horikita — Yukimura-kun si tu veux coopérer tu es le bienvenu. Tu travailles dur et tu fais partie des meilleurs de notre classe, mais ça te convient ? Il me semblait que tu n’aimais pas trop interagir avec autrui.

Yukimura — Sans ma coopération on ne s’en sortira pas. Et puis comme d’habitude, tu essayes de tout gérer toi-même.

Si Yukimura a décidé de bouger, c’était probablement parce qu’il a vu comment Horikita avait changé depuis le festival sportif.

Yukimura — Mais je n’ai aucun lien avec Miyake ou Hasebe. Je ne pense pas pouvoir les convaincre personnellement. Il faut que vous trouviez un moyen pour les convaincre de venir à mes sessions.

Il comptait donc enseigner à condition qu’on aille les convaincre. Horikita fut tout même enjouée de cette aide inattendue. On aurait dit un film où un camarade apparaissait de nulle part en hélico pour sauver le héros au pied du mur.

Horikita — Je vois. Je vais réfléchir à un moyen.

Après cela, Yukimura quitta la salle comme si de rien était.

Horikita — Puis-je considérer que tout est ok pour le moment ?

Moi — Pas vraiment. Personne n’est ami avec eux ici.

Je ne pus m’empêcher de faire remarquer ce détail ô combien important.

Horikita — ……Hirata-kun, tu penses qu’ils arriveront à suivre les cours de Yukimura-kun ?

Hirata — Je me le demande. Comme tu le sais déjà, ces trois-là aiment la solitude. Tout dépendra de s’ils accrochent avec la personnalité de Yukimura et sa façon de penser. Cela pourrait être difficile pour eux de tenir.

Horikita s’assit et réfléchit aux paroles de Hirata. Elle se tourna ensuite vers moi.

Horikita — Hey, Ayanokôji-kun. Je peux compter sur toi pour gérer ?

Moi —  Gérer quoi au juste ?

Horikita — Il a été ton coloc sur le bateau alors tu as tissé quelques liens avec lui.  Concernant les deux autres, si tu y vas en tant que médiateur, ça devrait le faire.

En effet en procédant par élimination, c’était la meilleure chose à faire. Ces trois-là n’étaient pas du genre à vouloir être en contact avec Horikita, mais pourquoi moi ? Je m’étais déjà assez impliqué comme ça.

Horikita — Es-tu réticent ? Je te demande juste de jouer au médiateur et non pas de leur donner des cours !

Certes, mais même ça n’allait pas être de la tarte.

Horikita — Je peux compter sur toi ?

La pression de Horikita se transforma en menace et je ne pus qu’acquiescer. En prenant du recul, cette solution permettait à Horikita de garder la face. Le bon côté des choses était que je n’avais pas à faire plus que ça, à savoir enseigner ou bien chercher des questions pour le sujet de l’examen final.

Moi — Je vais faire de mon mieux.

Je confirmai ainsi ma réponse et soupirai de sorte qu’elle ne me voit pas.

3

Après la fin du dernier cours, je me mis en mouvement rapidement.  Je partis voir Yukimura et ensuite Miyake. Nous fument ainsi d’accord pour tenir cette session avec la permission préalable de Hirata.

Yukimura — Et Hasebe ?

Alors que la classe avait pris fin Hasebe s’était aussitôt volatilisée sans que personne ne le remarque.

Yukimura — Elle s’est enfuie ?

Dit-il en grommelant.

Miyake — Ce n’est pas son genre. Si ça se trouve, elle a juste pris de l’avance.

Yukimura — Elle était pas obligée de partir en premier.

Miyake — Eh, elle doit avoir ses raisons.

Miyake avait l’air de comprendre Hasebe alors il ne s’inquiétait pas plus que ça. Nous décidâmes de nous rendre au Pallet, l’endroit sélectionné pour tenir la session. Dans le couloir, nous vîmes Hasebe.

Yukimura — Pourquoi tu ne nous as pas attendus ?

Hasebe — Disons que je ne veux pas attirer l’attention. Je ne me sens pas à l’aise à l’idée de rester dans une salle classe.

Elle lui donna une réponse ambiguë que Yukimura prit personnellement.

Yukimura — En gros tu ne veux pas qu’on nous voie te parler c’est ça ?

Hasebe — Non, t’y es pas du tout. J’ai juste quelques difficultés perso.

Miyake — Le prends pas mal Yukimura, Hasebe est toujours comme ça.

Moi — Plutôt que de rester plantés là, allons prendre des places avant que l’endroit ne soit bondé.

Je comprenais l’irritation de Yukimura, mais il fallait passer à autre chose. Maintenant que les cours étaient terminés, les élèves affluaient de partout.

Yukimura — Tu as raison, ce serait problématique de ne pas avoir de place.

Yukimura reprit son sang-froid et ouvrit la marche.

Hasebe — Tu devrais faire attention à ce que tu dis.

Yukimura — Ce que j’ai dit était vraiment déplaisant ? Je méditerai.

Hasebe ne semblait pas vouloir être rude envers lui. Quoi qu’il en soit, nous réussîmes à sécuriser quatre places. Les choses pouvaient commencer.

Miyake — Uh, en gros, on a besoin de ta supervision.

Yukimura fut assis à côté de moi, Hasebe fut en face à côté de Miyake. Je me demandai toujours comment nous avions réussi à nous réunir, mais notre réunion était bien réelle malgré l’ambiance inconfortable.

Moi — Si vous avez des questions, je vous écoute.

Après avoir dit ça, la seule fille du groupe, Hasebe, leva un peu la main et dit :

Hasebe — Alors tu n’es pas muet Ayanokôji-kun ?

Moi — ……T’as pas de meilleures questions ?

Hasebe me fixa et fut intriguée. Il était apparemment incroyable pour ces ceux-là que je puisse discuter avec eux.

Hasebe — Comment dire…disons que tu n’es pas du genre à te faire remarquer. Que tu sois absent ou non en classe ne fait aucune différence.

Il est vrai que je n’ai jamais eu de conversation avec elle. Même si je m’étais fait remarquer, elle n’aurait tout de même rien su de moi. Après avoir écouté Hasebe parler, Miyake apporta sur la table le sujet du festival sportif.

Hasebe — Je voulais voir la course, mais j’étais aux toilettes à ce moment-là. Du coup je n’ai rien vu, mais comme tout le monde en parle, ça fait bizarre. Tu as affronté l’ex président du Conseil c’est ça ?

Miyake — T’étais dans le club d’athlé au collège ? J’ai vu qu’un des talents du club était passé dans notre classe après avoir vu la course.

Moi — Ah, oui, j’ai reçu des demandes, mais j’ai refusé.

De toute manière cette motivation de me recruter était temporaire dans la mesure où cette envie allait sûrement leur passer dès que l’euphorie générale allait retomber. De toute manière que l’on soit bon ou pas dans un domaine, sans motivation, cela ne sert à rien d’intégrer un club.

Moi — Pour être honnête, je n’ai jamais vraiment été dans un club donc je ne comprends pas vraiment le système.

Miyake — Ah vraiment ? C’est bien dommage.

Alors que la conversation continuait, Yukimura écouta en silence sans placer un seul mot. Hasebe changea de sujet et lança Miyake sans faire attention à la situation dans laquelle nous étions.

Hasebe — Miyatchi, t’es dans le club de tir à l’arc. Tu t’amuses à tirer l’arc tous les jours ?

Miyake — Je n’irai pas au club quotidiennement si je ne m’amusais pas. D’ailleurs c’est la flèche qui est tirée et non l’arc !

Petit détail qui avait son importance en effet.

Hasebe — Moi perso les trucs de club c’est pas mon truc. Je préfère passer mon temps à faire ce que je kiffe.

Je pensais qu’ils avaient plus de points communs que ça, mais je me trompais. En revanche, ils étaient plus bavards que je ne le pensais.

Hasebe — Oh Miyatchi, c’est pas grave si tu vas pas à ton club ?

Miyake — J’ai pris congé.

Hasebe — Tu peux pas plus développer ?

Miyake — Faut connaître ses priorités c’est tout, et comme le club de tir à l’arc n’est pas très regardant, on a pas vraiment de pénalités.

Yukimura — Je peux avoir votre attention ? J’aimerais dire quelque chose avant de commencer la session.

Yukimura, qui jusque-là ne fit qu’écouter, s’exprima de façon posée. La personne qu’il fixait n’était ni Hasebe ni Miyake, mais ma personne.

Yukimura — T’as pas d’autres secrets Ayanokôji par hasard ?

Moi — Eh ? Comment ça ?

Yukimura — Horikita m’a dit que tu n’étais pas si mauvais en cours tu vois…

Moi — ……Cette chipie…

On dirait bien que Horikita lui avait donné des infos à mon sujet dans mon dos.

Moi — Disons que je suis bon pour mémoriser. Si je me concentre, je pourrais effectivement avoir de bons résultats.

Je fus obligé de me dévoiler un peu pour gagner sa confiance.

Yukimura — T’es du genre à ne pas faire les choses même si t’en es capable ?

Moi — Comparé à toi je suis pas fortiche donc ne t’attends pas non plus à grand-chose de ma part. Je n’ai pas non plus la pédagogie pour enseigner.

Yukimura — Je vois. Tu devrais prendre les études au sérieux ne serait-ce que pour augmenter ta note d’un point. Vu que je vais jouer au prof, tu feras forcément mieux qu’au mi-exam.

Yukimura parla aussitôt aux autres.

Yukimura — Vous avez apporté vos examens finaux du premier trimestre ainsi que les mi-exam du second comme je l’ai demandé ?

Hasebe — Ouais !

Miyake hocha la tête et ils sortirent tous les deux leurs feuilles pour les lui donner. Je lançai un regard en coin sur leurs copies et j’eus confirmation.

Yukimura — Vous êtes tous les deux bons en science, mais concernant les lettres, c’est une catastrophe.

En math ils avaient obtenu 70 points, ce qui était plutôt bon. Mais en histoire du monde et en langues ils avaient obtenu seulement 40, ce qui rendait leurs inquiétudes fondées.

Yukimura — Je ne pensais pas que vous étiez si proches, mais je savais que vous partagiez la même faiblesse en cours.

Miyake — Disons que c’est en étudiant à la bibli que j’ai pu parler avec Hasebe et les choses ont continué ainsi.

Hasebe — Miyatchi et moi sommes du genre indépendant. Et clairement, je ne veux pas trop m’impliquer dans les affaires de la classe.

Ces deux-là étaient les électrons libres de la classe et n’appartenaient à aucun groupe en particulier. Est-ce pour cela qu’ils finirent par être en marge ?

Miyake —  Je ressens la même chose. Même maintenant, je ne suis pas à l’aise.

Yukimura — Alors pourquoi avez-vous accepté cette session ?

Miyake — En soi on n’est pas vraiment dans une salle de classe, mais en petit comité. C’est calme et on peut aussi bouger librement, mais il va falloir un peu de temps avant que je m’adapte à cette nouvelle méthode de travail. Désolé.

Yukimura — Faisons une pause-café. Je vous laisse prendre vos marques.

Hasebe sortit immédiatement son portable, il était évident que l’on pouvait tuer le temps facilement avec. Devrais-je en faire de même ? Je ne savais pas, mais je sentis un regard soudain dans ma direction. Quelques garçons regardaient notre groupe tandis que l’un d’entre eux fut en train de parler à quelqu’un.

Ces trois élèves furent de la classe C et je reconnus Ishizaki au milieu. Je ne me rappelais plus du nom des deux autres, mais je priais pour ne pas m’attirer des ennuis. Ishizaki n’avait pas l’air de chercher des embrouilles en tout cas et même s’il nous regardait temps en temps, il restait près de la caisse devant le présentoir à gâteaux.

Il y avait non seulement toutes sortes de pâtisseries que l’on pouvait admirer, mais aussi des boissons à consommer sur place ou à emporter avec. Les sablés saveurs fraise et les Mont-Blanc avaient l’air d’avoir particulièrement la côte. Tandis que je les observais au loin, je vis que le vendeur avait du mal à comprendre leur commande. Il n’avait pas l’air de vouloir mettre la main dans le présentoir à gâteaux et son expression de visage se fit de plus en plus nerveuse. Il se confondit en excuses.

Ishizaki — Y’a pas moyen de l’avoir tout de suite !?

Ishizaki devint impatient et commença à hausser le ton. Le café qui fut alors bruyant jusque-là devint silencieux.

Même si vous insistez, pour une commande spéciale, vous devez au moins la faire une semaine à l’avance. Préparer le gâteau le jour même est compliqué.

Le café retrouva ensuite son brouhaha habituel comme si rien ne s’était passé.

Hasebe — C’était quoi ça ?

Alors que Hasebe faisait tourner son stylo entre ses doigts, elle lança un regard de dégoût à Ishizaki.

Yukimura — Cela ne nous regarde pas.

Yukimura se ficha royalement de la situation et gribouilla quelque chose tandis qu’il regardait la copie des mi-exams. Il était en train de relever leurs faiblesses afin de voir comment il allait organiser ses cours.

Moi — Un gâteau…

Moi aussi je me fichais éperdument d’Ichizaki, mais sa commande de gâteau me fit penser à mon anniversaire, le lendemain. Je n’avais aucune idée de la manière dont une personne normale le fêtait. Pour moi c’était juste une année en plus. Je savais bien entendu qu’un anniversaire était célébré avec la famille, les amis ou bien en couple, mais je ne comprenais pas les émotions que l’on pouvait ressentir sur le moment.

Yukimura — Qu’est-ce qui ne va pas Ayanokôji-kun ?

Moi — Rien.

Nous étions le 20 octobre demain…

Avec le nombre important d’élèves, de professeurs, de membres de l’administration ou du personnel en général, il était probable que d’autres gens soient nés le même jour que moi au sein du campus. Ce n’était donc pas forcément quelque chose d’extraordinaire. Mais la seule différence avec eux était que je n’avais personne avec qui le célébrer. Je me demandais bien si quelqu’un allait se souvenir de mon anniversaire l’année suivante.

4

Hasebe — Je vais prendre un autre café !

Miyake — Ooh, moi aussi !

Cela faisait plus de 30 minutes que Yukimura avait commencé son travail d’analyse et il n’avait pas une seule fois fait autre chose. On dirait bien qu’il lui fallait encore un peu de temps avant de fixer un plan de révision. Hasebe et Miyake se rendirent à la caisse avec leur gobelet vide, le Pallet proposant une réduction de 50% à toute personne se resservant dans la même journée. Le café du Pallet était peu cher, goûteux et bien présenté. Il était de plus en plus populaire parmi les élèves de seconde. Tandis que Hasebe et Miyake se préparaient à se servir une troisième fois, Yukimura qui était absorbé par son travail n’avait même pas fini la moitié de son premier verre. S’il était si concentré, c’était parce qu’il cherchait la meilleure solution pour compenser leurs faiblesses dans un laps de temps assez court.

Moi — T’as pas mal de boulot à ce que je vois.

Yukimura — C’est parce que je n’ai jamais vraiment enseigné une méthodologie de travail à quelqu’un. Au collège j’avais l’habitude de donner des conseils à un gars nul en cours pour qu’il bachote toute la nuit, mais c’est tout. Surtout qu’au final j’ai fini par en avoir marre, car il n’avait pas les bases et manquait clairement de concentration.

Il posa son stylo sur la table et regarda le plafond. Les souvenirs revinrent.

Yukimura — Quand je pense à tout ce temps perdu en essayant d’aider les autres… Quand Horikita et toi aviez organisé des sessions d’étude au premier trimestre pour ne pas que les débiles de notre classe se fassent exclure, je riais intérieurement. Il en va de même pour les sessions de Hirata, n’est-ce pas une perte de temps au final ? Quelqu’un qui n’étudie pas est en général une personne qui n’aime pas l’école alors cela ne sert à rien de l’aider si ce n’est reculer l’échéance de son exclusion.

Il ne se voulait pas rude en disant ça. Il disait juste ce qu’il pensait vraiment.

Moi — Alors qu’est-ce qui t’a poussé à accepter cette fois ?

Il était vrai que sa situation au collège n’était pas la même que celle actuelle ; à notre niveau, étudier sans méthodologie était un suicide. Cela n’était pas sans mettre beaucoup de pression à Yukimura dans la mesure où il allait certainement porter la responsabilité de l’éventuelle exclusion de Hasebe et Miyake en cas d’échec. Yukimura était en effet ce genre de personne, le genre à se torturer et culpabiliser pour le restant de ses jours.

Yukimura — Je n’ai servi à rien durant le festival, car faire des efforts en sport était pour moi inutile, mais cela s’est retourné contre moi. Il y aura des moments où il faudra user de son cerveau et d’autres de son corps.

Ike, Yamauchi, Sudou et d’autres n’étaient pas très étude tandis que Yukimura n’était pas très sport. Mais il arriva à la conclusion que l’établissement accordait autant d’importance à ces deux compétences.

Yukimura — Dans notre établissement, étudier ne suffit pas. Mais compter que sur le sport n’est pas suffisant non plus. Je dirais même que pouvoir combiner les deux ne garantit pas notre place dans cette école. Même des gens comme Horikita ou Hirata qui excellent dans les deux domaines ne peuvent pas survivre seuls. Intuition, inspiration, bon sens, il faudra montrer ce genre de qualités si on veut se faire notre place dans la société. Et la seule manière d’en arriver là est de faire preuve de cohésion. Sans esprit d’équipe, nous allons droit dans le mur.

Yukimura a dû surmonter beaucoup d’obstacles pour en arriver à cette réflexion.

Yukimura — Voilà pourquoi j’ai décidé de mettre la main à la pâte. Je veux apporter ma contribution à la classe.

Et c’est en tenant une session d’étude qu’il pouvait avoir un impact.

Yukimura — C’est aussi parce que j’ai une sorte d’esprit de compétition quand il s’agit d’étudier. Cela me rappelle mon égoïste de mère alors je me suis remis en question… Oublie ce que j’ai dit, ce n’était pas nécessaire.

Yukimura interrompit ses pensées et baissa les yeux du plafond.

Yukimura — Si j’avais dû coacher Ike par exemple, cela aurait été plus compliqué. Mais ces deux-là ont quand même un certain niveau et travaillent sérieusement alors je ne vais pas me plaindre. Puis bien qu’ils soient déjà bons en science, je ne sais pas si je serai d’une grande aide, mais je suis convaincu qu’ils peuvent faire mieux.

Il avait clairement une réflexion active et c’était probablement sa réponse à son implication. Même s’il n’avait fait qu’écouter en silence jusqu’à maintenant, il a su voir en Miyake et Hasebe des élèves sérieux. Ces deux-là avaient une bonne vision des choses et avaient la capacité de comprendre ce qu’on leur expliquer. C’est pour cela que Yukimura voulait sincèrement les aider.

Moi — Je vais aux toilettes.

Hasebe et Miyake n’étaient toujours pas revenus. Il semblait que nous avions encore du temps avant que la session ne commence alors je décidai de donner cette excuse pour quitter la table. En effet, il n’y avait pas qu’Ishizaki qui me lançait des regards, mais quelqu’un d’autre. Je n’arrivais pas très bien à discerner l’identité de cette personne qui tentait d’être discrète. Yukimura ne fit pas attention à moi alors je me levai aussitôt et partis en direction du siège de cette personne. J’avais camouflé ma présence alors je doutais avoir été repéré.

Moi — Qu’est-ce que tu fais ici toute seule Sakura ?

Sakura — Hyaaa !!?

Sakura sursauta sur sa chaise.

Sakura — Uh… Quelle coïncidence Ayanokôji-kun !

Moi — Oh, alors c’est une simple coïncidence ?

Sakura — Oui, une coïncidence !

Moi — Tu regardais pas dans notre direction de temps en temps ?

Sakura — Eh bien… heu…… d-désolée…

Puisque Sakura n’avait pas assez confiance en elle pour bien mentir, elle avoua.

Moi — Tu as quelque chose à me demander au juste ?

En cas d’urgence elle m’aurait envoyé un SMS. Dans tous les cas elle n’était pas vraiment du genre à fréquenter ce genre de d’endroits.

Moi — Tu veux te joindre à notre groupe d’étude ?

Sakura — Quo…pourquoi, p-pourquoi !?

Moi — La raison est simple, tu as des affaires de cours dans ton sac.

Ce n’est pas le genre de chose que l’on garde sur soi pour sortir entre amis. Et si Sakura voulait vraiment étudier seule, des endroits bien meilleurs étaient à disposition.

Sakura — Oh non je……

Elle paniqua un peu et tenta de fermer son sac, mais c’était trop tard. Son attitude était révélatrice.

Moi — Si tu veux, tu peux te joindre à nous. Je vais demander aux autres.

Sakura — M-mais je…je ne leur ai jamais vraiment parlé…

Sakura ne s’était pas approchée de notre table, car elle avait du mal à entrer en contact avec autrui, je n’avais pas besoin de l’entendre pour le comprendre.

Moi — T’es venue toute seule ? La Sakura que je connais n’aurait jamais pu se rendre au Pallet d’elle-même, car c’est prendre le risque de faire des rencontres.

Il fallait vraiment prendre son courage à deux mains pour se rendre seul dans un endroit qui transpire la sociabilité. J’imagine qu’elle avait dû penser plusieurs fois à rebrousser chemin, mais elle avait tout de même réussi à rester. Elle avait vraiment changé.

Moi — C’est à toi de voir ce que tu veux faire, mais pars du principe que Yukimura, Hasebe et Miyake ont leur mot à dire.

Ce que j’ai dit pouvait la décourager et elle pouvait penser que c’était une excuse de ma part, mais sa passivité avait des bons côtés puisqu’elle pouvait encaisser. Il fallait qu’elle progresse en tant que personne, garder mes distances et voir ses décisions était la meilleure chose à faire. J’étais persuadé que Sakura avait remarqué que le débit de la discussion dans notre groupe était anormalement bas, donc qu’elle devait être en confiance et se dire qu’elle avait ses chances de s’intégrer d’une certaine façon.

Moi — À toi de voir, nous on compte aussi étudier l’heure d’après.

Bien que c’était froid de ma part, je laissai ainsi Sakura livrée à elle-même. Même si le café était bondé, si je restais trop longtemps avec elle, Hasebe l’aurait remarqué. Lorsque je retournai à ma place, Yukimura me lança un regard, mais ne dit rien. Deux minutes après, les autres arrivèrent.

Hasebe — C’était une longue pause. Alors, t’as tout passé en revue ?

Yukimura — J’ai presque fini

Il commença à se presser.

Hasebe — Ah oui ! Faut que je te demande un truc Ayanokôji-kun !

Miyake — Arrête Hasebe !

Miyake tenta de stopper Hasebe dans sa course.

Hasebe — Vas-y, c’est pas grave si des gens entendent !

Miyake — C’est pas le problème, ce n’est ni le moment ni l’endroit.

Hasebe — C’est après les cours, au Pallet, je vois pas de meilleur moment et endroit pour parler de ça.

Après que Miyake comprit qu’il ne pouvait pas l’arrêter, il secoua la tête en guise d’abandon. Que voulait-elle me dire au juste ?

Hasebe — Ayanokôji-kun, est-ce que tu sors avec Horikita-san ?

Moi — Non !

Hasebe — T’as même pas hésité ! On dirait que c’est préparé, c’est douteux.

Moi — On me le demande souvent, qui plus est, on n’est pas toujours ensemble.

Hasebe — Je veux bien, mais y’a pas de fumée sans feu.

Je ne m’attendais pas à ce qu’une solitaire comme Hasebe soit intéressée par ce genre de potins. Tout garçon sensé aurait tenté de savoir si Hasebe était casée, mais je n’avais pas l’intention de répliquer (c’était juste impossible).

Yukimura — C’est bon !

Il leva soudainement la tête de toutes ses forces. ll était enfin venu à bout de sa tâche.

Yukimura — J’ai réussi d’une certaine manière à voir précisément là où vous avez des difficultés. Il va falloir que vous vous focalisiez sur le plan de révision que je vais vous donner pour vous améliorer.

Il tendit un cahier à Miyake.

Yukimura — J’ai concocté des questions sur les arts libéraux et je voudrais aussi que Hasebe y réponde alors n’écris pas les réponses directement sur le cahier. Vous aurez chacun dix minutes pour répondre à ces dix questions.

Miyake sortit son cahier personnel sans rechigner, car il se doutait bien que c’était pour son bien. Après 10 minutes de tension, il tendit aussitôt le cahier avec les questions à Hasebe comme s’il donnait le témoin lors d’un relais. Le but de cette interro était d’analyser en profondeur leurs faiblesses. Dès que Hasebe eut fini, Yukimura commença à écrire leur résultat sur son carnet.

Yukimura — Vous êtes vraiment…

Yukimura avait fini de corriger et présenta les résultats avec un profond soupir. Ils eurent tous les deux 3 réponses correctes, dans la seconde moitié. Ce qui était amusant était le fait qu’ils s’étaient trompés et avaient eu raison aux mêmes endroits.

Yukimura — Vous n’êtes pas seulement bons dans les mêmes disciplines, mais vous avez la même manière de retenir les informations.

Hasebe — Wow ! On ne serait pas liés par le destin Miyatchi ?

Miyake — Je ne crois pas non.

Hasebe — Mais quel rabat-joie ! Mais pour le coup c’est problématique non ?

Elle se sentit anxieuse au vu des résultats ce qui n’était pas le cas de Yukimura.

Yukimura — Au contraire, cela va réduire le travail que j’ai à faire.

Si leur capacité à mémoriser les choses et leurs connaissances étaient identiques, cela réduisait la charge de travail. En effet c’était comme s’il donnait cours à une seule et même personne. Bien entendu ils n’étaient pas identiques dans les moindres détails, mais tant que les deux suivaient les instructions générales de Yukimura, il ne devait pas y avoir de problèmes.

Hasebe — Tu penses que ce sera simple ?

Yukimura — Cela dépend de vous deux. Ces questions étaient parmi les moins difficiles, ce qui est inquiétant au vu de la note donc il faut qu’on se fasse des petites réunions comme ça assez régulièrement. En gros, on va devoir étudier plus, et jusqu’au jour de l’examen final, j’aimerais qu’on se rassemble au moins sept ou huit fois. Il faudrait aussi prévoir un peu de temps entre chaque réunion pour que vous puissiez étudier seuls. Vous êtes ok tous les trois ? Miyake, tes activités de club ne vont pas te gêner ?

Miyake — Au fur et à mesure que les examens finaux approchent, le nombre d’activités diminue, mais je demanderai aux membres confirmation.

Yukimura hocha la tête puis se tourna vers Hasebe.

Hasebe — Je veux savoir un truc. Nos sessions auront à peu près la même gueule que celle d’aujourd’hui ? Pas que j’aime pas étudier, mais si c’est pour réviser comme ça, je peux très bien le faire toute seule tu vois. Je vois pas vraiment l’intérêt de nous réunir. Ok, c’est peut-être plus efficace pour nous d’être guidé par un bon élève, mais je suis surtout venue pour Miyatchi. J’avoue que j’ai toujours des doutes sur l’efficacité de cette session.

Yukimura — Il n’y a pas que mon enseignement qui te fait douter.

Yukimura remarqua le sous-entendu de Hasebe et continua.

Yukimura — Je ne compte pas tenir des sessions banales vois-tu, car cette fois ce seront des élèves qui feront les questions. Un examen fait par le corps enseignant est établi selon des critères standardisés plus ou moins basiques afin de donner accès aux universités. On peut donc bachoter ça facilement, mais c’est une autre histoire dans notre cas, car nous sommes totalement dans l’inconnu et il nous est impossible de préparer une contre-attaque ou d’établir une tendance. On est obligé d’anticiper tous les scénarios alors comprends que ces réunions sont nécessaires si tu veux être parée un minimum.

Miyake fut convaincu par l’explication de Yukimura.

Miyake — La C va nous filer des questions pièges c’est sûr.

Yukimura — Enfin ce n’est pas impossible d’anticiper ce qui peut tomber si on se focalise sur l’identité de l’attaquant en soi. Pour ma part, je pense que celui qui écrira les questions dans leur classe est Kaneda.

Je ne connaissais pas cette personne, mais j’avais déjà entendu son nom.

Hasebe — C’est ce mec au regard glauque qui a des lunettes c’est ça ?

Yukimura — Je suis pas d’accord avec la description, mais oui c’est lui. C’est leur élève le plus studieux.

Si Yukimura avait raison, il était logique de penser que ce soit lui qui serait en charge des questions.

Miyake — Si on pousse le vice un peu plus loin, ça pourrait même être Ryuuen ou Ishizaki en charge des sujets non ?

Yukimura — C’est impossible. Même s’il peut y avoir des questions pièges, c’est impossible d’en faire si on n’a pas de connaissances solides au préalable. Regarde par toi-même, est-ce que tu pourrais imager une question de science sociale par toi-même que des gens auraient des difficultés à résoudre ?

Miyake — ……En effet. Je ne saurais même pas quoi poser.

Hasebe — Moi non plus. Je n’arrive pas à m’imaginer une question dure.

Yukimura — Voilà, même si vous y pensez, seules des questions faciles vous viennent à l’esprit. Ce n’est pas évident d’en faire des difficiles même si on le veut. Si on pioche volontairement dans les parties difficiles d’un livre sans avoir de bonnes connaissances il se peut que l’établissement rejette la question, car mal posée.

Il marquait un point, mais c’était tout de même un argumentaire faible.

Moi — Est-ce vraiment à l’établissement de décider si une question est acceptable ou non ?

Je fis une brève intervention.

Moi — Si c’est le cas il nous faut connaître leurs critères.

Yukimura — En effet. Si on les connaissait, on aurait moins de travail.

Moi — Je pense avoir un moyen de le savoir. Il faudrait que notre classe prépare différents types de questions très corsées et les soumette à l’école pour vérification. On verrait comme ça ce qui est accepté ou non.

Yukimura — Ah, pas faux. C’est une brillante idée.

Hasebe — T’es plutôt malin Ayanokôji-kun.

Yukimura — Dans ce cas faut qu’on les soumette le plus vite possible pour avoir des révisions optimales. Je vais réfléchir de mon côté à quelques questions, mais il me faudrait l’aide de Horikita et Hirata. Ils pourraient aider tu penses ?

Moi — Je ne sais pas. Faut dire qu’on est un peu coupé d’eux.

Yukimura — C’est chiant, mais tu es le seul capable de faire l’intermédiaire.

Miyake et Hasebe hochèrent la tête quasi simultanément.

Moi — Ok, j’ai compris, j’vais voir ce que je peux faire. Je ne promets rien.

Horikita et Yukimura avaient-ils l’intention de m’utiliser comme ça ?

Hasebe — Cool alors.

Ses doutes avaient l’air de s’être dissipés et elle fit un sourire.

Hasebe — Moi j’ai aucun club donc je me cale sur les dispo de Miyatchi.

Cette décision surprit tout le monde, en particulier Miyake.

Miyake — Et moi qui pensais que tu allais partir vu que t’aimes pas trainer avec les mecs.

Hasebe — Disons que mon absence serait néfaste pour toi Miyatchi. Je ne veux pas que tu sois exclu à cause de moi.

Elle avait accepté pour le bien de son ami Miyake plutôt que pour le sien.

Yukimura — Ok pour aujourd’hui ! Prochaine session après-demain !

Prévoyait-il de réfléchir à des questions aujourd’hui et demain ?

Alors que nous avions montré clairement que nous étions en train de partir du Pallet, Sakura ne s’était toujours pas décidée à venir nous parler.

5

Horikita — C’est vraiment une bonne idée. Je suis curieuse de voir le genre de questions acceptées !

Après m’être séparé du groupe, je retournais au dortoir et contactai Horikita aussitôt. Le but était de fournir à Horikita des infos de la part de Yukimura ainsi que de demander des instructions pour la marche à suivre.

Horikita — Hirata et moi étions justement en train de préparer des questions pour la classe C et on se demandait jusqu’à quel niveau les questions pièges étaient autorisées. Je te tiens au courant en tout cas mais je suis contente de voir que les choses avancent bien. Cependant, sommes-nous vraiment sûrs que ce sera Kaneda-kun qui posera les questions ?

Moi — Non, rien n’est certain. Mais vu que c’est le meilleur de leur classe, autant se dire que c’est lui ! En tout cas réviser dans cette optique ne pourra nous être que bénéfique.

Horikita — C’est vrai, autant se préparer au pire et espérer atteindre 80-90 points.

Si le test se révélait plus complexe que ce qui est habituellement donnée par l’établissement, atteindre les 90 points allait se montrer compliquer.

Horikita — D’ailleurs, comment s’est déroulée ta session ? Tu peux m’en parler plus en détails ?

Je n’avais rien à cacher alors je lui avais tout dit, en exagérant toutefois légèrement la réalité. En effet j’avais prétexté m’être lié d’amitié avec eux mais cela ne la fit pas réagir plus que ça : la seule chose qu’elle ait retenue était que Miyake et Hasebe avaient des compétences académiques quasi similaires.

Moi — Ils n’ont pas l’air de le faire exprès, c’est vraiment une coïncidence pour le coup.

Horikita — En effet.

Il n’était pas rare de voir des gens avec des connaissances similaires mais pas à ce point. C’était vraiment pour le coup une étrange coïncidence.

Moi — En tout cas je les surveille de près, ils sont plutôt ouverts.

Horikita — Je compte sur toi. D’ailleurs, en dehors des sessions de Yukimura-kun, je te peux te demander de venir à ma session afin de contrôler l’avancée de tout le monde ?

Moi — Ce n’était pas ce qui était convenu.

Horikita — Je ne t’ai pas demandé d’enseigner, juste de faire du management.

Le terme “management” voulait tout et rien dire alors je ne savais pas vraiment ce qu’elle attendait de moi. C’était comme dire à quelqu’un quelqu’un qu’il était plus qu’un ami, mais moins qu’un amant.

Moi — ……Quel sorte de management au juste ?

Elle répondit avec un soupir volontaire.

Horikita — Il y a beaucoup de gens à superviser et je ne peux pas suivre tout le monde malheureusement. Je veux juste que tu regardes de loin ceux qui restent toujours en difficulté malgré mon cours.

Moi — Tu ne te cherches pas des excuses ? Comment font les professeurs alors ?

Horikita — Je peux paraître condescendante, mais les professeurs sont loin de superviser tout le monde et c’est bien pour ça que des élèves comme Ike-kun se retrouvent à l’abandon. Que la salle de classe soit équipée de caméras ou non, la situation ne changerait guère, car les élèves en difficultés font semblant d’écouter. Au final, leur manque de travail se reflète sur leurs résultats alors que nous pensions qu’ils avaient compris en classe. Au vu de notre situation désespérée, j’en suis contrainte à en arriver là.

J’avais cru lui avoir donné une réponse cinglante, mais en deux temps trois mouvements elle réussit à détruire mes arguments.

Horikita — Yukimura-kun n’est pas à l’aise, car il n’a pas l’habitude d’enseigner, mais je dois m’occuper de beaucoup d’élèves en même temps. Pas la peine de mentionner Ike-kun et Yamauchi-kun qui sont encore moins attentifs que des élèves de maternelle et qui sont de réelles nuisances.

Ike et Yamauchi participaient aux sessions de Horikita, mais n’avaient pas l’air de prendre tout ça très au sérieux si je comprenais bien.

Horikita — As-tu des objections ?

Moi — Non.

Horikita — Très bien.

Moi — Je peux au moins éviter la session nocturne ?

Horikita — Marché conclu. De toute manière l’ambiance est plus studieuse là-bas, bien que certaines filles peuvent poser problème.

Est-ce que les filles qui ne voulaient pas participer à la base l’on fait pour être avec Hirata ? Quand bien même il sortait officiellement avec Karuizawa, j’imaginais qu’elles auraient fait tout pour avoir un gars aussi extra comme superviseur. Cela pouvait lui permettre d’augmenter en popularité alors pourquoi pas. Dans tous les cas, je ne pouvais m’empêcher de m’imaginer le déroulement de leur session, ça devait être quelque chose ! D’ailleurs, Horikita n’avait pas mentionné le nom de Sudou parmi les élèves à problème.

Moi — Sudou se comporte bien ?

Horikita — Oui, il travaille sérieusement bien qu’il n’a pas encore le niveau d’un collégien digne de ce nom.

Il n’était pas encore au niveau, mais il faisait des efforts au moins.

Horikita — Je compte sur toi à partir de demain !

Tout ça ne me disait rien qui vaille.

Moi — D’ailleurs faut que tu me confirmes une chose. Comment est Kushida ?

Horikita — Comment ça ?

Moi — Elle est toujours comme d’habitude ?

Horikita — Oui elle n’a pas changé. Elle va faire de son mieux pour nous aider et elle a promis qu’elle viendrait tous les jours pour ça.

Horikita semblait vraiment peu préoccupée par l’affaire Kushida, bien que j’essayais de relativiser en me disant que ce n’était que le premier jour de cours. Me concernant, néanmoins, je ne pouvais pas me permettre de rester là sans rien faire.

Moi — Tu as donc commencé à écrire des questions pour la classe C ?

Horikita — Bien entendu et je compte demander l’avis de Hirata-kun et Yukimura-kun. À la base j’aurais bien voulu avoir plus de personnes pour me donner un coup de main, mais je ne veux pas prendre le risque de faire fuiter les questions. Ce n’est pas une situation évidente malheureusement.

En effet, les questions et leurs réponses étaient notre arme défensive alors la confidentialité devait être de mise. Leur fuite signifiait inévitablement notre défaite, d’autant que nos ennemis étaient sûrement déjà en train de réfléchir à un moyen de mettre la main dessus.

Moi — Certes mais ça va tout de même être difficile d’écarter toute menace intérieure, Kushida en premier lieu. Tu ne peux vraiment pas venir aux cours de soutiens du soir ? Au moins comme ça, tu pourrais discuter avec Hirata plus facilement.

Horikita — Ce n’est pas faux, mais je pense qu’elle essaiera de se faire petite tant qu’on évitera de lui demander de l’aide pour les questions.

Ce n’était que pure spéculation de notre part dans le sens où aucun de nous ne pouvait être en mesure de prédire ses actions.

Moi — N’oublie pas que ces questions et réponses sont notre carte maîtresse. Si elles fuitent, nous sommes sûrs de perdre.

Plus que de faire de Kushida une alliée dans cette nouvelle épreuve, il ne fallait surtout pas la laisser sans surveillance.

Horikita — Entre nous, mettre au point les meilleures questions ne fera pas tout, je suppose…

Moi — Ce n’est pas tout à fait ça qui m’inquiète, là-dessus je te fais entièrement confiance. En fait je redoute le moment où l’école aura examiné et confirmé nos questions : c’est à partir de cet instant précis que nos ennemis vont frapper et que nous serons en position de vulnérabilité.

Durant le festival sportif, Kushida avait usé de ce procédé pour s’emparer du tableau des participations. Il était tout à fait possible que Ryuuen lui demande d’aller voir Chabashira-sensei pour avoir les questions.

Horikita — Dans ce cas-là, il faut lui en parler en amont.

Moi — Et si nos questions fuitent quand même ?

Horikita — Je préfère ne pas penser à cette situation.

Moi — Tu ne peux pourtant pas te permettre d’éluder la question, car le sort de notre classe est en jeu là. Peu importe les efforts fournis, si la classe C obtient des scores quasi parfaits partout, nous n’auront aucune chance de gagner.

Si les réponses à nos questions étaient mémorisées par les élèves de la classe C, nous n’avions plus qu’à déclarer forfait.

Horikita — Je comprends bien ton inquiétude, mais je ne vois pas comment m’y prendre pour le moment afin de contrer ça. J’y réfléchirai. Il est 22h passé maintenant et j’aimerai élaborer une dernière question avant de me coucher. Je peux raccrocher ? 

Je fus d’accord avec elle et raccrochai aussitôt. La batterie était faible alors je branchai mon téléphone à une prise aux abords de mon lit. Le problème était le même que lors du festival sportif, les questions/réponses remplaçant le tableau des participations. Pour s’emparer de notre précieux, ils n’allaient probablement pas utiliser la même stratégie. Non. Il était même probable qu’ils agissent séparément.

Horikita a dit qu’elle réfléchirait à des contre-mesures, mais jusqu’où pouvaient-elles être efficaces ? Parler à Kushida en amont pour la convaincre ? La bonne blague. Je n’essayais même pas de me moquer de ses stratégies, c’était juste qu’il n’y avait rien de bien pertinent.


En y réfléchissant attentivement, il n’y avait qu’un seul moyen pour rallier Kushida à notre cause : la manière forte. Un peu à la manière de ce que j’avais fait avec Karuizawa. Encore fallait-il connaître son passé, or je n’avais quasiment rien… Il me fallait donc retirer cette option de ma tête. Et puis, dans tous les cas, est-ce que ça aurait vraiment marché ? Vu son caractère ce n’était pas garanti.

Quel dommage. Sur la forme Kushida et moi avons l’air d’avoir beaucoup en commun, mais en creusant nous sommes totalement différents.

Moi — ……Bon, qu’est-ce que je vais faire ?

Malheureusement, rien ne me venait à l’esprit.

Après avoir éteint mon portable et m’être reposé, je reçus un message de Ryuuen. C’est pendant le festival sportif que j’étais entré en contact avec lui pour lui envoyer le fichier audio, en ayant soutiré ses coordonnées à Manabe de la classe C. Il ne m’avait toutefois pas répondu jusqu’à ce moment-là.

Ryuuen — Qui es-tu ?

C’était tout ce qu’il y avait écrit.

Moi — Encore un message inutile…

En général j’étais assez courtois pour répondre aux messages. Néanmoins, cette fois-ci,je ne voulais pas entrer dans le petit jeu de Ryuuen dans la mesure où il savait pertinemment que j’utilisais une adresse publique : il ne pouvait donc pas me tracer quel que soit ce que je lui répondais.

J’ignorai donc le message et partis me coucher.

 6

Beaucoup d’élèves se rassemblèrent à la bibliothèque après les cours, sans brouhaha. D’habitude la moitié des chaises étaient vides, mais là c’était de l’ordre de 10%. La plupart d’entre eux révisait l’examen final.

Huh, la bibliothèque c’est quelque chose.

C’est ce qu’une élève m’avait murmuré de façon désintéressée. En effet je fus accompagné malgré moi par Satô qui s’était décidée à participer à la session de soutien. Vu que nous ne nous étions pas parlés depuis la dernière fois, la situation était un peu inconfortable.

Satô — C’est la première fois que j’entre dans une bibliothèque et toi ?

Moi — ……J’y suis déjà allé plusieurs fois.

Satô — Je vois. Je ne te pensais pas du genre studieux.

Moi —  Je viens surtout pour tuer le temps.

Satô — C’est quand même bizarre de venir pour ça.

Je donnais une réponse quelque peu évasive, car je ne savais pas trop comment me comporter face à elle. Mais Satô était aussi une fille et elle ne manqua pas de relever les subtilités émotionnelles.

Satô — Errm… Ayanokôji-kun… est-ce que je te gêne par hasard ?

Moi — Comment ça ?

Satô — Hah, eh bien, disons que je m’incruste…

Moi — Je ne suis pas gêné plus que ça et je ne pense pas que Horikita et Kushida le seront. Au contraire, elles vont être contente de voir une personne supplémentaire motivée.

Personne ne serait content à l’idée de voir un camarade se faire exclure. Quoi qu’il en soit, j’avais tenté d’essayer de dévier du sujet.

Satô — Ce n’est pas ça m’enfin…

Bien entendu que ce n’était pas la réponse qu’elle attendait, ce qui la contraria un petit peu. Cependant; vu que nous étions à la bibliothèque et qu’il fallait éviter de faire du bruit, la distance entre nous se réduisit sans que je n’y fasse attention : pour parler, il fallait chuchoter au point de pouvoir distinguer la respiration de l’autre.

C’était peut-être un de ces moments où jeunesse se faisait, mais je n’étais en aucun cas heureux de cette situation. En effet, j’étais anormalement nerveux et je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter de la manière dont il fallait réagir devant elle pour ne pas heurter ses sentiments. Ce que je désirais le plus était de rentrer chez moi. Je disais ça, mais au final…était-ce vraiment le cas ? Je décidai de me calmer et repris mon sang-froid. En effet, j’étais souvent perdu lorsque je me retrouvais dans une situation inconnue. C’était plus complexe qu’une simple gêne entre personnes de sexe opposé et je n’avais pas vraiment de réponse. Dans le passé, j’avais vécu dans un monde binaire alors il était normal pour moi d’avoir un réflexe de rejet. Mais c’était justement parce que je cherchais un nouveau monde que j’ai intégré cette école.

Satô — Les gens sont sérieux. Ça révise à la bibli et tout…

Horikita — Les cours de soutien ont toujours eu lieu ici.

Par chance, Horikita entendit Satô et répondit. Je profitais de ce moment pour reprendre mes esprits. Il fallait maintenant se focaliser sur ma mission ici. Concernant Horikita, elle ne fut pas surprise de la fréquentation massive de la bibliothèque vu qu’elle était venue hier.

Horikita — Vous deux, je compte sur vous pour ne pas me refaire le cirque d’hier. Cette fois, vous ne vous en sortirez peut-être pas avec un avertissement. Il se peut que vous soyez exclus de la bibliothèque.

Ike — Ouais, ouais !

Horikita trouva une place vacante tandis qu’elle fit la morale aux deux élèves à problèmes qu’étaient Ike et Yamauchi. Bien qu’il y avait de la place, on ne pouvait pas vraiment s’assoir là où on le voulait. Il était de coutume dans les écoles que les places près des fenêtres avec la belle vue ainsi que les places dans le café près des boissons gratuites étaient réservées aux aînés.

Les élèves de seconde se retrouvaient dans la zone bruyante près de l’entrée. Le problème était d’éviter les élèves de la C dans les environs.

Moi — Qu’est-ce que tu vas faire Horikita ?

Horikita — Ne t’en fais pas Ayanokôji, j’ai déjà prévu le coup.

Une étudiante se leva lorsqu’elle vit Horikita et fit un signe de la main, nous demandant de venir. C’était Ichinose Honami, de la seconde B. Il y avait huit élèves avec elle, quatre filles et quatre garçons. Horikita ne fut visiblement pas surprise de la voir et attendit qu’elle vienne à sa rencontre.

Horikita — Je t’ai fait attendre ?

Ichinose — Oh, pas du tout. On vient d’arriver. N’est-ce pas vous autres ?

Horikita — Hier j’ai rencontré Ichinose-san ici même et lui ai proposé de nous réunir pour les cours de soutien. Vu que nous ne sommes pas en compétition pour l’examen final, on peut s’entraider.

Horikita fit un choix assez conséquent sans l’aval de personne. C’était probablement de ça qu’elle voulait me parler hier. La lumière étant souvent suivie par l’obscurité, je compris d’un seul coup que si Ike et Yamauchi avaient s’étaient calmés, c’était parce qu’ils étaient concentrés à regarder là où il ne fallait pas.

Horikita— Ike-kun, je n’ai pas été assez claire ?

Horikita attrapa Ike par le bras avec force. Ce dernier fut aussi apeuré qu’une grenouille menacée par un serpent. Était-ce à cause de cette union entre nos deux classes qu’il était aussi motivé ? J’imagine qu’il devait fantasmer à l’idée d’étudier avec des filles de la classe B

Ichinose — Ah ! Ayanokôji-kun, tu es donc venu te joindre à nous ?

Moi — C’est parce que je suis limite niveau résultat alors j’espère que je ne serai pas un poids.

Ichinose — T’en fais pas.

Tant que l’on chuchotait, il n’y avait aucun souci à ce que l’on parle, surtout qu’Ichinose nous avait trouvé un petit coin isolé. Mais c’était surtout grâce à la sixième symphonie de Beethoven, “Pastorale”, qui était diffusée à ce moment-là au sein de la bibliothèque, que l’on pouvait échanger en toute discrétion. Je ne savais pas qui avait choisi ce morceau, mais c’était vraiment un bon choix : cela couvrait nos voix et, en plus, c’était relaxant !

Horikita avait pris la décision de s’allier avec une autre classe, ce qui était tout à son honneur. Échanger des informations avec la classe B pouvait en effet  nous aider à considérer d’autres manières d’écrire les questions. Néanmoins, cela n’était pas sans risques ; que faire si un élève de la B se trouvait être intime avec quelqu’un de la C ? Une autre brèche pour se faire chiper les questions. Horikita l’avait envisagé, mais avait considéré que le risque en valait la chandelle.


Les élèves de chaque classe commencèrent à prendre place.

Satô — Asseyons-nous là, Ayanokôji-kun.

Moi — Ok !

Satô me fit signe de venir. Je m’assis à côté d’elle comme elle le voulait.

Ichinose — Ooh, Satô, je te vois beaucoup avec lui en ce moment.

Satô — C’est normal, nous sommes ensemble pour l’exam.

Afin d’être le plus naturel possible face à Ichinose, je sortis des notes de cours ainsi qu’un manuel. Il fallait que je donne l’impression de réviser.

Satô — Ayanokôji-kun, t’as des conseils à me donner pour les révisions ?

Moi — ……Demande à Horikita pour ce genre de chose.

Horikita — N’est-ce justement pas une bonne opportunité pour toi vu que vous êtes en duo pour l’examen ? Tu devrais t’occuper de Satô-san.

Horikita n’avait vraiment aucune empathie. Elle n’avait pas besoin de dire une chose aussi irresponsable.

Moi — Il y a une petite différence entre mes résultats et ceux de Satô alors je ne vois pas en quoi je lui serai utile. J’ai autant besoin d’être aidé.

J’avais répondu vite, car Ichinose était devant moi, mais ma réponse n’était peut-être pas satisfaisante.

Ichinose — Ah oui ? Dans ce cas, tu peux compter sur moi ! 

Elle répondit avec un tel entrain que je ne pus refuser.

Ichinose — Travaillons dur, Ayanokôji-kun !

Moi — Ah, ouais…

Cette session malaisante allait commencer. Mon intuition disait juste.

Satô — Ayanokôji-kun, tu es toujours calme. T’as une aura très mature. T’étais comment au collège ?

Satô se tourna soudainement et se pencha vers mois en me regardant dans les yeux. Elle avait le col de son uniforme un peu déboutonné alors j’entraperçus pendant un court instant son décolleté. J’avais l’impression que sa respiration se faisait plus intense, mais je ne savais pas si elle l’avait remarqué.

Moi — Normal. Ni trop discret ni trop en avant. Un peu comme maintenant en fait. Peut-être pour ça qu’on dit que je suis ennuyeux.

J’essayais de ne pas trop m’afficher afin de m’éloigner de ces questions personnelles. Pas que je cherchais à fuir un éventuel intérêt amoureux de sa part t, mais plutôt pour éviter les autres regards. En particulier ceux de Ike et Yamauchi qui étaient dubitatifs.

Satô — Ayanokôji-kun, tu n’es pas ennuyeux. Je te trouve posé !

Moi  — Pas sûr que cela me corresponde.

Satô — Je sais pas pour le reste, mais je trouve que ça te convient bien.

Qu’importe ce que je disais, il semblait que Satô avait un vrai à priori positif sur moi. Il fallait que je me sorte d’ici avec un sujet bateau.

Moi — ……Eh bien commençons par voir quelles sont tes faiblesses. T’as tes mi-exams avec toi ?

Satô — Oui !

Elle sortit des papiers froissés de son sac et les étala sur la table. Elle avait environ 50 points dans toutes les matières. Elle avait assez de points pour ne pas être recalée, mais ses réponses étaient plutôt approximatives. Elle répondait bien aux questions simples, mais il suffisait qu’il y ait un peu de difficulté pour qu’elle réponde à côté.

Qu’elle ait validé ses examens jusqu’ici sans vraiment s’investir était vraiment incroyable !

Satô — Alors ? C’est pas bon ?

Moi — Ouais… On va devoir réviser ensemble vu que nous avons les mêmes faiblesses.

Satô — OUI !

Satô hocha la tête avec entrain, mais j’aurais aimé qu’elle se fasse plus discrète.

Ike — Vous êtes pas un peu trop proches vous deux ?

Ike dit cela après avoir écouté notre conversation au loin. Il avait un regard plein de suspicion.

Satô — On forme un duo alors c’est normal de réviser ensemble non ?

Satô eut une réponse sans maladresse et difficilement réfutable.

Horikita — Commence par travailler avant de te mêler des choses que tu ne comprends pas et qui ne te concernent pas.

Horikita se fichait éperdument de qui s’entendait avec qui et réprimanda Ike aussitôt.

Ike — Tsk, Je sais.

Ike afficha un air mécontent, mais se mit à se préparer sérieusement à étudier. L’éducation de Horikita semblait porter ses fruits : Ike avait bien été dressé !

7

La session se termina sans problèmes et tout le monde se prépara à rentrer.

Ike — Ah, je suis trop crevé pour me lever, mais bon, c’est fini !

Pour Ike qui avait déjà du mal à se concentrer en classe, ces cours de soutien étaient difficiles à endurer, car ils étaient sur notre temps libre. À la vue de la mine radieuse d’Ike, Horikita eut une expression froide.

Horikita — N’oublie pas qu’il y a une autre session demain.

Ike —  Je sais ! Je peux au moins être content d’avoir bossé non ?

Comme des lapins, Ike et les autres détalèrent de la bibliothèque.

Ichinose — C’est vraiment animé en classe D. Je vous envierais presque.

Horikita — Je vois ce que tu veux dire, mais ne sublime pas trop les choses. Personnellement, je préfère la stabilité de votre classe.

Bien que l’herbe semble toujours plus verte ailleurs, Ichinose et Horikita illustrant parfaitement cet adage, l’ambiance en classe B semblait vraiment harmonieuse. Ceux qui participaient aux cours de soutien chez eux avait clairement un niveau supérieur en cours en plus de faire preuve d’une bonne capacité de concentration. Mais, surtout, ils étaient unis !

Kushida — Au revoir tout le monde. Ciao Horikita-san !

Kushida quitta aussi la bibliothèque avec un groupe de filles.

Horikita — Ouais, ciao !

Elles se séparèrent sans un bruit. On aurait dit qu’il n’y avait pour le moment rien de concret entre elles, comme si elles ne faisaient que s’observer.

Horikita — Ichinose-san, je peux te poser quelques questions ?

Ichinose — Hmm? Je t’écoute.

Horikita — Ce serait en privé. Je n’en ai pas pour longtemps.

Horikita lança un regard aux autres élèves de la B qui attendaient Ichinose.

Ichinose — Très bien. Vous pouvez m’attendre dans le couloir ?

Pas de problèmes, on va discuter en t’attendant.

Ils acceptèrent sans rechigner et partirent à leur tour.

Moi — Je dois rester ?

Horikita — Que tu sois là ou pas ne changera rien. Choisis.

J’ai cru qu’elle était sarcastique, mais c’était pour me convaincre de rester.

Ichinose — Je suis tout ouïe.

On y voyait deux grandes personnalités aux antipodes se tenir face à face. Ma présence était insignifiante dans cette scène digne d’être peinte.

Horikita — J’imagine que c’est une évidence pour toi, Ichinose-san, mais tu es du genre à aider tes amis lorsqu’ils ont des problèmes ?

Ichinose — Uhhh ? C’est effectivement normal.

Horikita — Je ne parle pas d’une aide limitée au cours de soutien. Pourrais-tu prêter de l’argent à un ami endetté, l’aider s’il se fait harceler ou bien l’aider à se réconcilier avec quelqu’un ? Il y a divers types de problèmes dans la vie, mais tu te tiendrais toujours prête à venir en aide à ton prochain ?

Ichinose — Bien entendu ! Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir !

C’était une question qui méritait réflexion, mais elle répondit sans aucune hésitation. Il n’y avait pas une once de doute qui transparaissait sur son visage.

Horikita — Et quels sont tes critères pour considérer quelqu’un comme un ami ?

Horikita ne sut trouver une réponse à cause de sa confrontation avec Kushida alors peut-être qu’elle avait besoin d’être rassurée par Ichinose.

Ichinose — Hmm… Je suis un peu confuse. Qu’est-ce que tu veux dire ?

Horikita — Imagine si un élève de la classe B avec qui tu n’avais pas d’affinités avait des problèmes, tu l’aiderais sans hésiter ?

Ichinose — Peu importe ce que je pense de lui, je suis une valeur sûre pour toute ma classe alors oui, je l’aiderais sans hésiter.

Horikita — J’imagine que ma question n’était pas nécessaire.

Devant la rapidité de sa réponse, elle soupira pour la stupidité de sa question.

Horikita — Alors laisse-moi te poser une autre question insensée. Supposons qu’un élève de la classe B te déteste, en découle le fait que vous soyez en mauvais termes. Serais-tu capable de l’apprécier ?

Ichinose — Je ne sais pas, c’est une question difficile. Si j’avais en horreur cette personne au plus point, la seule chose dont je serais capable serait de l’éviter le plus possible pour ne pas l’irriter.

Horikita — Et si cette personne avait des ennuis ?

Ichinose — Je l’aiderais forcément !

Ichinose répondit encore sans hésiter.

Ichinose — Qu’elle me haïsse c’est une chose, mais tous les élèves de ma classe peuvent compter sur moi sans exception.

Horikita — Je vois que la classe B est importante pour toi.

Ichinose —  Ouais ! J’adore vraiment tout le monde. Au début j’étais ‘déçue de ne pas être en classe A mais je n’ai plus aucun regret. J’ai rencontré la meilleure des classes. Ce n’est pas le cas pour toi ?

Horikita — Rien ne vaut son chez soi.  Mais la classe D n’est pas si mal.

Moi — ……Oh…

Horikita — Qu’est-ce qu’il Ayanokōji-kun ? J’ai dit quelque chose qui te tracasse ?

Elle me fixa bizarrement. Je fus seulement choqué de son retour positif sur notre classe.

Moi — Désolé de m’incruster, mais je peux te poser une question aussi ?

Ichinose — Vas-y.

Moi — Horikita et moi sommes conscients que ta classe et la nôtre sont des alliées de choix et il est vrai que c’est bien de se lier d’amitié avec d’autres gens qui sont dans la même situation. Mais peux-tu vraiment considérer les gens des autres classes comme des amis ?

Ichinose — Pour moi vous êtes deux amis très importants.

Moi — Et si on te suppliait de nous prêter 1 million de points ?

Ichinose — Tant qu’il y a une bonne raison, je ferais tout ce qui est possible. Le montant importe peu.

Moi — Ta bonté te perdra. À ce train-là tu finiras par aider tout le monde.

Ichinose — Ce serait l’idéal, mais je suis pas naïve non plus, je sais bien que la réalité est toute autre. Si Ryuuen-kun devait être dans de sales draps, pas sûr que je l’aiderais vraiment par exemple… En tout cas, tant que je n’ai rien à y perdre, pourquoi ne pas aider ?

Cela tombait sous le sens, de toute façon peu de gens sont vraiment prêts à aider à leur détriment.

Ichinose —  Voilà ma réponse. Aussi longtemps que je te considérerais comme une amie Horikita, je t’aiderai. Peu importe la situation.

Horikita — J’apprécie vraiment, mais je me demande si tu peux dire ça aussi facilement. Tu m’aideras même si ma situation est désespérée ?

Ichinose — En effet. Tous les gens que je considère comme amis sont dans ma catégorie “partenaires”.

Lorsque Horikita vit son niveau de bonté, elle pensait à une blague. Elle répondit sans son calme habituel cette fois.

Horikita — Si Kanzaki-kun et moi avions des problèmes, que ferais-tu ?

Ichinose — J’imagine que je ne peux pas aider les deux camps ?

Horikita — En effet, sinon tu choisirais de le faire.

Ichinose — Nyahaha, j’abandonne.

Devant ce scénario invraisemblable, Ichinose ne trouva pas les mots.

Ichinose — Désolée, il n’y a probablement pas de vraie réponse. De ce que j’ai compris, deux amis ont un souci entre eux et viennent me voir pour les aider. Quel que soit le camp que je choisirai, je resterai fidèle à mes principes et, au besoin, je mentirais s’il le faut.

C’était une réponse qui correspondait bien à Ichinose. Horikita fut à la fois surprise et impressionnée quand elle entendit la réponse.

Horikita — Je ne crois pas à l’altruisme pur. En général, les êtres humains donnent en attendant quelque chose en retour.

Les croyances que Horikita avait eues jusque-là avaient pourtant toutes été bafouées.

Horikita — Mais après t’avoir écoutée, je me dis que, peut-être, ça existe.

Elle parla avec sincérité, mais, pour une raison inconnue, Ichinose ne voulait pas accepter ce que disait Horikita. Ou disons plutôt qu’elle ne le pouvait pas.

 Ichinose — Tu me surestimes trop, Horikita-san.

Ichinose semblait toujours honnête et spontanée, mais, pour la première fois, elle parut décontenancée ; ses yeux qui se baladaient la trahissaient. Elle se leva de sa place et partit près de la fenêtre.

Horikita — Ce n’est pas vrai. Tu es la meilleure personne que j’ai rencontrée jusqu’à maintenant.

Ichinose — Je ne suis pas aussi digne d’éloges.

Elle fut tellement troublée qu’elle ne pouvait pas voir Horikita dans les yeux.

Horikita — Je suis désolée si cela t’incommode.

Horikita remarqua aussi son étrange comportement et s’excusa.

Horikita — Je voulais juste dire que tu étais une bonne personne.

Ichinose — Ne t’en fais pas, je ne suis pas gênée.

Ce n’était pas vrai puisqu’elle tremblait. Moi qui pensais qu’elle était inébranlable… J’avais peut-être mal compris le personnage.

Ichinose — C’est tout ce dont tu voulais me parler ? Il ne faut pas que je fasse attendre plus longtemps Chihiro-chan et les autres.

Ichinose tenta tant bien que mal de s’enfuir.

Horikita — Merci d’avoir répondu à mes questions saugrenues.

Ichinose — Pas de soucis. On se voit demain.

Après le départ d’Ichinose, il ne restait plus beaucoup de monde dans la bibliothèque. Il y avait quelques terminales et le personnel de l’établissement.

Horikita — Bon, ne tardons pas, j’ai du travail à faire.

Moi — Je sais que je me répète, mais qu’est-ce que tu vas faire pour Kushida ? J’ai l’impression que tu as un plan.

Il fallait en parler et mettre ça au clair, que ça lui plaise ou pas.

Horikita — Elle est spéciale. Il faudra la convaincre avec prudence.

Moi — spéciale ?

Horikita — J’ai pensé pendant un long moment à la vie que Kushida aurait mené si je n’étais pas venue dans ce lycée, et la réponse fut immédiate. Elle aurait été l’élève actuelle ayant gagné la confiance de tout le monde et qui se débrouille aussi bien en sport qu’en cours. Elle aurait gardé la face jusqu’au diplôme. Mais, malgré moi, je lui ai en quelque sorte volé tout ça. Elle a en a été réduite à pactiser avec l’ennemi au point de se retourner contre sa propre classe juste pour me faire exclure. Certes, c’est juste de la malchance que l’on se soit retrouvées dans la même école, mais quand même, je ne peux pas me déresponsabiliser.

Ceci expliquait le fait qu’elle voulait la convaincre. En fait elle se sentait plus responsable qu’autre chose. Ou bien était-elle motivée par une espèce de sens du devoir ?

Moi — Je peux avoir ton attention ? J’ai une idée à te soumettre.

Horikita — Je t’écoute.

Moi — Je pense avoir trouvé un début de puzzle pour vous réconcilier.

Horikita — Comment ça ?

Moi — Même si ce n’etait pas le cas au fond, tu es d’accord qu’Ichinose est une bonne personne de manière générale ? Pourquoi tu ne l’utiliserais pas pour faire la médiation entre vous deux. Tu sais bien qu’avoir une conversation en tête à tête avec elle ne résoudrait rien, pareil si tu prenais un élève de la classe D, car elle ne montrerait pas sa vraie nature.

Horikita — Pourquoi se révélerait-elle à Ichinose-san ? Elle fait aussi partie de l’école même si elle n’est pas en classe D.

Moi — Hormis elle, tu verrais quelqu’un d’autre de plus crédible ?

Horikita — C’est……

Moi — Ichinose est le choix le plus logique dans cette école.

Horikita — Je suis d’accord, mais je ne pense pas que ce soit la solution.

Moi — Ce n’était une étape pour mener à une résolution et non une solution complète. Avec Ichinose vous pourriez au moins discuter toutes les deux et avancer, chose actuellement impossible.

L’existence d’Ichinose était le point de départ pour trouver une solution. Après, il suffisait juste de continuer à construire le puzzle à partir de là.

Horikita — Tu peux me critiquer autant que tu veux, mais je ne compte pas suivre ta démarche. Là, j’ai des personnes à voir. Je m’occuperai ensuite du problème Kushida moi-même !

Elle n’avait donc pas l’intention d’impliquer Ichinose ?

8

Alors que nous arrivâmes dans le couloir, nous fîmes une rencontre inattendue. Cette personne nous fit un signe de la main tout en souriant et accourut vers nous dès que nous fûmes dans son champ de vision. Horikita ne fut pas surprise et lui répondit comme si de rien était.

Horikita — Kushida-san, Je t’ai un peu fait attendre.

Kushida — Pas de soucis, tu n’es pas en retard. Vous avez parlé de quoi avec Honami-chan ?

Horikita — Oh, rien de bien important.

Kushida — Je suis curieuse. Ou bien tu ne peux pas en parler ?

Kushida avait gardé la même attitude, mais je ressentis une lourde pression en direction de Horikita.

Horikita — Tu me diras, je n’ai rien à cacher… Alors parlons-en.

Horikita raconta la conversation en faisant de petits ajustements.

Horikita — Je lui ai demandé comment être équitable avec vous tous.

Kushida — Vraiment ?

Horikita —  Et je ne vais pas tourner autour du pot. Je parlais de toi.

Kushida — Tu vois, Horikita-san, je ne peux peut-être pas m’entendre avec toi, mais je préfèrerais que tu gardes ces histoires pour toi alors qu’ Ayanokôji-kun est présent.

Elle ne voulait pas que d’autres soient au courant, logique.

Kushida — Ou bien Ayanokôji-kun et Ichinose-san en savent plus ?

Kushida lui lança un regard perçant, mais Horikita encaissa frontalement.

Horikita — Désolée, Ayanokôji-kun, tu peux rentrer sans moi ?

Moi — ……Si je gêne alors pas le choix, j’y vais.

Je me rendis à l’entrée. Après avoir changé mes chaussures, je partis en direction du dortoir. Horikita m’appela sur le chemin.

Horikita — Tout ça parce que nous venons du même collège et que je te connais ton passé, tu veux que je quitte cet établissement ?

Ce fut une voix étouffée qui retentit, car son portable était visiblement dans sa poche. Elle m’avait fait la faveur d’écouter leur conversation en direct.

Kushida — Pourquoi parler de ça maintenant ? Je n’aime pas ce sujet.

Horikita — Moi non plus, mais nous n’avons pas le choix.

Kushida — D’un côté on a pas beaucoup l’occasion d’être seules, alors je vais être franche. Oui, j’aimerais en effet que tu disparaisses de ce lycée parce que tu connais mon passé et que tu viens aussi du même collège.

Horikita — L’incident qui s’était produit ne m’avait pas intéressé et je n’avais aucun ami pour en parler. Je n’ai entendu que des rumeurs.

Kushida — Oui mais tu peux très bien me mentir.

Horikita — Oui c’est bien pour ça que cette affaire n’en finira pas tout simplement parce que peu importe ce que je dis, tu ne me croiras pas. Et le pire dans tout ça c’est que même si je ne connaissais pas les faits, tu voudrais quand même que je parte, car je te rappellerais ton passé.

Kushida ne nia pas et Horikita continua.

Horikita — Tu veux parier quelque chose Kushida-san ?

Kushida — Parier ? De quoi tu parles ?

Je n’entendis ensuite plus un mot. Il y eut comme un temps de pause. Horikita n’aurait pas proposé un pari à la légère. Elle avait probablement une idée.

Horikita — Tu ne supportes pas mon existence n’est-ce pas ?

Kushida — En effet tant que tu seras là, je ne changerai pas d’avis.

Horikita — Malgré tout, nous sommes toutes les deux en classe D. Pour monter en classe A, notre coopération est impérative.

Kushida — Tout dépend de comment tu poses les choses. Pour moi, tout rentrera dans l’ordre quand tu ne seras plus là.

Horikita — Et pourquoi tu ne partirais pas toi ?

Kushida — Entre nous deux, tu es la seule qui doit partir.

Malgré la mauvaise qualité audio, je pus entendre qu’elles étaient calmes.

Horikita — Je ne compte pas quitter cet établissement.

Kushida — Dans ce cas-là on ne s’entendra jamais.

Horikita — J’ai beau avoir trituré mon cerveau dans tous les sens pour chercher une solution et j’en suis aussi arrivé à une conclusion.

Même moi je n’avais pas trouvé de solution jusqu’à maintenant..

Horikita — Notre coexistence est impossible.

Kushida — En effet, il n’y a pas de place pour nous deux ici.

Horikita — Certes mais nous ne sommes plus des enfants. La situation ne peut pas rester comme ça.

Après un petit silence, Kushida ajouta :

Kushida — Alors, quel est ton pari au juste ?

Horikita — Si j’ai un score plus élevé à l’examen final, je veux ta coopération sans coup bas. En fait, je ne te demanderai pas d’aide, mais juste de ne pas me mettre des bâtons dans les roues dans le futur.

Kushida — Tu veux donc un duel alors que nous serons en paire ?

Horikita — Oui.

Kushida — Tu as eu plus que moi au mi-exam et tu es aussi devant moi en termes de moyenne générale. Je suis désavantagée, tu ne crois pas ?

Horikita — En effet, je te battrai certainement, mais…

À ce moment-là, la voix de Horikita fut difficilement distincte.

Horikita — Mais basons-nous plutôt sur les 8 matières plutôt que la moyenne générale. Sélectionne ta matière de prédilection et si tu me bats alors je prendrais l’initiative de me retirer de ce lycée.

Horikita proposa un pari incroyable. En effet Kushida ne se serait jamais risquée à parier si le jeu n’en valait pas la chandelle. Or, Horikita proposa exactement ce qu’attendait Kushida. Qui plus est, elle lui laissait le choix de la matière… Kushida était pour le coup très avantagée, car sa défaite n’impliquait même pas son départ, juste sa cohabitation avec Horikita.

Kushida — Tu peux aussi perdre et faire comme si ce pari n’avait jamais eu lieu et inversement. Peut-on vraiment baser ça sur la confiance ?

Horikita —C’est pour ça que j’ai préparé un témoin de confiance.

Kushida — Un témoin de confiance ?

Horikita — Grand-frère, tu peux venir.

Kushida — Eh !

Kushida et moi fûmes surpris de la scène qui se déroulait. En effet, Horikita avait fait venir ni plus ni moins que l’ex-président du conseil, pour plus de crédibilité.

Horikita — Je suis désolée, mais j’avais besoin de ton pouvoir.

C’était donc Horikita Manabu, son frère ainé.

Manabu — Cela fait un bail, Kushida.

Kushida — ……Tu te rappelles de moi ?

Manabu — Je n’oublie pas les gens que je rencontre.

Il devait faire allusion à une rencontre au collège puisqu’il a sûrement dû lui aussi fréquenter celui de Horikita. Mais comme il passait en seconde à ce moment-là, il n’avait probablement pas suivi l’affaire.

Horikita — C’est la personne en qui j’ai le plus confiance ici et dans une certaine mesure cela doit aussi être le cas pour toi. Je ne lui ai rien dit.

Manabu —  Je me présente en qualité de témoin. Je me fiche des détails.

Kushida — Ça te convient Horikita-senpai ? Ta soeur risque de partir.

Manabu — C’est son choix, je n’ai pas à interférer là-dedans.

Horikita — Je jure aussi que je ne me plaindrai de rien si je perds. Je n’ai pas envie que la réputation de mon frère soit entachée à cause de moi parce que je ne tiendrais pas mes promesses.

Horikita était déterminée.

Kushida — Tu es vraiment sérieuse Horikita-san.

Horikita — Au moins la situation évoluera.

Kushida — Très bien, je vais jouer à ton jeu. Je compte te défier en mathématiques. Si nous finissons à égalité, c’est un tirage au sort.

Horikita hocha la tête et confirma la chose. Il n’y avait plus de retour possible.

Manabu — Vous avez intérêt à respecter votre part du marché où vous ferez face aux conséquences.

Même s’il n’était plus le président du Conseil, il avait toujours le bras long. Jusqu’à sa remise de diplôme, Kushida avait intérêt à se faire violence.

Horikita — Merci grand frère.

Le silence se fit ressentir comme si elles attendaient son départ.

Manabu — J’ai hâte de voir le résultat de l’examen final, Horikita-san.

Horikita — Faisons de notre mieux dans notre intérêt !

Kushida — Et celui d’Ayanokôji-kun aussi !

Horikita — ……Pourquoi tu me parles de lui ?

Kushida — Tu crois que je suis stupide ? Tu lui a parlé de mon passé.

Horikita — C’est…

Kushida — Ah, pas la peine de me répondre, je ne te fais pas confiance de toute manière. Mais ne t’en fais pas, je compte respecter ma part du contrat. De toute manière, il a eu un petit avant-goût de ma personnalité.

Après avoir été bien réprimandée par Kushida, je pus ressentir l’angoisse de Horikita à travers le téléphone.

Horikita — Laisse-moi quand même te répondre. En effet, J’ai discuté avec lui de notre situation.

Kushida — Je m’en doutais en t’observant. De plus, j’essayais de te téléphoner depuis tout à l’heure, mais ça sonnait occupé, comme si tu étais en pleine conversation avec quelqu’un.

Kushida n’était pas une petite joueuse, en plus de son intuition elle avait cherché la preuve que Horikita avait mis cette discussion sur écoute.

Kushida — Tu peux venir nous rejoindre Ayanokôji-kun ?  Au point où nous en sommes, mieux vaut que tu sois là.

J’entendis la voix de Kushida au loin.

Vu qu’elle m’avait convoqué, il était judicieux de l’écouter et de venir sagement.

9

Je descendis les escaliers pour rejoindre Horikita et Kushida.

Kushida — Yoohoo !

Bien qu’elle avait l’air comme d’habitude, on ne pouvait pas deviner ce qu’elle pensait en son for intérieur.

Moi — Je n’ai pas de mots Kushida-san. Tu es vraiment perspicace.

Kushida — Tu me flattes, c’est juste que je suis observatrice.

Horikita — Pourquoi l’as-tu appelé ? Je pensais que notre discussion était finie. SI tu voulais te plaindre, tu aurais pu me le dire directement.

Kushida — Non au contraire, j’avais juste besoin qu’il soit présent, car je voulais ajouter une condition.

Horikita — Une condition ?

Kushida — Si je te bats, je veux aussi qu’il quitte le lycée.

À vrai dire je pensais déjà à cette possibilité quand Horikita s’était mise à lancer le pari, mais je ne pensais pas qu’elle allait oser.

Horikita — Je ne peux pas accepter.

Kushida — L’idée c’est de faire partir tous ceux qui en savent un peu trop sur moi. S’il reste là, je serai toujours troublée.

Horikita — Certes mais c’est personnel, je ne peux pas l’impliquer comme ça. Si tu ne veux pas, tant pis pour le pari.

Horikita répondit avant que je ne pusse l’ouvrir. Je ne comprenais mieux pourquoi elle ne m’avait pas parlé de ce pari avant. Elle ne voulait pas m’impliquer.

Kushida — Dommage, j’aurais pu faire d’une pierre deux coups

Moi — Je suis donc une de tes cibles ?

Je me doutais bien de la chose, mais je ne pus m’empêcher d’être déçu.

Kushida — Ahahaha, ne t’en fais pas, tu n’es pas fautif. Tu as découvert ma vraie nature par hasard, la faute à pas de chance.

Horikita — Tant qu’il ne révèle rien, tu ne peux pas faire avec ?

Kushida — Si ça résolvait le problème, tu n’aurais pas fait ce pari.

Horikita — Tu es un vraiment un bon élément de notre classe.

Vu ses talents d’observatrice, il était normal que Horikita la considère.

Kushida — Tu as changé Horikita-san. Tu n’aurais pas dit ça avant.

Horikita — J’ai compris que pour monter en classe A, il fallait coopérer.

Furent-elles honnêtes à ce point-là entre elles, avant ? C’était la première fois qu’elles se comprenaient alors qu’elles furent jusque-là toujours hostiles l’une envers l’autre. C’était bien dommage d’en arriver là, car sans toute cette histoire, la classe D aurait sûrement atteint l’union bien plus tôt. Kushida aurait influencé les élèves qui étaient hors de la sphère de Hirata et Karuizawa.

Moi — Je peux participer au pari ? Je suis sûr de la victoire de Horikita.

Horikita — Attends, de quoi tu parles ? Cela ne te regarde pas !

Moi —  C’est vrai, mais j’ai fini par m’impliquer et j’ai entendu votre discussion. Ce n’est pas rien.

Horikita voulait éviter toute responsabilité envers moi, mais je voulais lui montrer que c’était une opportunité à saisir. Même si Horikita gagnait le pari et qu’elle avait la paix, je pouvais très bien faire l’objet de ses attaques. C’était donc l’occasion en jamais d’en savoir plus à son sujet.

Kushida — Je serais ravie que tu participes.

Moi — Mais j’ai moi aussi une condition.

Kushida — Hmm ?

Moi — Je veux que tu nous racontes maintenant en détail ce fameux incident. On risque notre place ici à cause de ça tout de même !

Je pris la peine d’aller là où Horikita n’avait jamais osé.

Kushida — C’est…

J’y suis allé fort au risque de la contrarier, mais j’étais aussi une victime dans l’histoire. Il était naturel que je pose une condition à la hauteur.

Moi — J’ai le droit de savoir. Je ne connais pas les détails, mais tu restes quand même hostile à mon égard au point de vouloir me faire exclure. Comprends que je ne peux pas accepter sagement sans ne rien savoir. Tu pars du principe que Horikita connaît les détails de ton affaire alors cela ne changerait rien de nous expliquer le pourquoi du comment. De toute manière si tu gagnes, tu ne nous verrais plus dans ce lycée.

Horikita — Son passé ne m’intéresse en aucun cas.

Moi — Moi oui. Je ne peux pas accepter le fait que ma vie lycéenne soit menacée par ses caprices sans pouvoir en voir le fin mot de l’histoire.

Je fis front à Horikita qui ne voulait pas creuser dans son passé.

Kushida — Tu es impliqué qu’on le veuille ou non vu que Horikita a pris la peine de te parler de notre situation. Mais si je devais tout te révéler, il n’y aurait plus de retour en arrière possible.

Moi — N’est-ce pas déjà le cas ? Ou alors tu comptes m’épargner si je te dis que je ne connais pas les détails de ton histoire ? Peux-tu affirmer que je ne suis plus la cible de tes attaques dans ce cas ?

Dans son esprit, j’étais déjà un ennemi à éliminer. Sa réponse était donc évidente.

Kushida — C’est mort.

Moi — Alors dis-moi pourquoi je dois parier mon exclusion ?

Pour Horikita ce que je faisais était insensé, car je risquais ma scolarité pour quelque chose de futile. Je sentis la pression du regard de Horikita qui se tut, mais c’était une occasion bien trop belle de connaître le passé de Kushida.

Kushida — Ayanokôji-kun, y’a-t-il un domaine où tu es bon au point de ne vouloir perdre face à personne ?

Moi — Je suis aussi capable que les autres. Je suis juste un touche à tout qui ne maîtrise rien. Disons que je cours un peu plus vite que la normale.

Kushida — Alors je ne sais pas si tu peux comprendre. Ne crois-tu pas que la meilleure chose est ce sentiment lorsque tu es fier de toi pour une chose que les autres ne peuvent faire ? C’est comme avoir la meilleure note à un examen ou bien terminer premier lors d’une course. On finit par être sous les feux des projecteurs, adulé par les gens.

Bien entendu que l’on aime être adulé. Le désir de reconnaissance fait partie des fondements de la société humaine et travailler dur pour être reconnu par ses pairs est une motivation tout à fait louable.

Kushida — Disons que je suis un peu accro à ce sentiment. J’ai besoin d’être mise en avant, d’être admirée et adulée afin de ressentir ma valeur et de voir ô combien il est merveilleux d’être moi-même. Mais je connais mes limites et je sais que je ne peux pas être la numéro 1 en sport ou en cours. Or être deuxième ou troisième ne me suffit pas, je voulais avoir quelque chose pour moi, quelque chose pour lequel j’étais reconnu comme étant la meilleure. Ainsi les relations sociales me semblaient toutes indiquées.

Alors c’était la source de son altruisme ? Dommage que sa gentillesse n’était pas naturelle. Mais il ne suffisait pas d’être gentil pour pouvoir s’entendre facilement avec autrui. Etre sociable n’est pas donné à tout le monde.

Kushida — Grâce à ça j’ai pu devenir populaire aussi bien parmi les filles que les garçons. J’ai ressenti le plaisir de pouvoir être quelqu’un de confiance alors j’ai apprécié mes années de primaire et de collège.

Horikita — N’est-ce pas douloureux de faire ce que tu ne veux pas ? À ta place je n’aurais pas pu supporter ce petit jeu bien longtemps.

Son intervention était logique. Kushida devait ressentir une réelle pression.

Kushida — Bien entendu que je souffre. Chaque jour qui passe est synonyme de stress qui s’accumule. J’ai fini par me tirer les cheveux et avoir des vomissements à cause de l’anxiété. Mais il fallait que je garde cette facette douce alors j’ai enduré et enduré. Et on dirait bien que j’ai atteint ma limite.

Comment avait-elle réussi à gérer une pression aussi énorme jusque-là ?

Kushida — C’est grâce à un blog que je tenais que j’ai pu décompresser et tenir le coup. Il était anonyme, mais il contenait tout mon ressenti. Un inconnu m’avait même encouragé alors j’étais vraiment aux anges. Mais, un beau jour, mon blog a été accidentellement découvert par un camarade de classe. Même si j’avais masqué les prénoms, les faits étaient réels et les gens se sont reconnus… Du coup j’ai fini logiquement par être détestée de tous.

Moi — C’est comme ça que l’incident a commencé ?

Kushida — Le lendemain, le contenu de mon blog s’est retrouvé au cœur de toutes les discussions de ma classe et j’ai été sévèrement critiquée. Alors que j’avais été là pour chacun d’entre eux, ils n’avaient pas hésité à se retourner contre moi sans hésitation. N’est-ce pas égoïste ? Le garçon qui m’aimait avait fini par me frapper l’épaule. Bon, c’est vrai que sur mon blog j’avais dit que ses déclarations à répétition me saoulaient et que je voulais qu’il crève. Pareil pour une fille que j’avais consolé quand son petit ami l’avait larguée ; elle avait donné un gros coup de pied dans mon bureau parce que j’avais dévoilé la raison de sa rupture en me moquant. En gros, je me suis retrouvée menacée par plus d’une trentaine d’élèves. J’étais devenue l’ennemi public numéro 1.

C’était une bataille perdue d’avance. Kushida ne pouvait que se faire jeter

de la classe au fur et à mesure que le temps passait.

Moi — Tu t’en es sortie en usant de violence ou de mensonges ?

Horikita et moi voulions une réponse à cette question la dernière fois.

Kushida — Aucun des deux. Au contraire, je n’ai fait qu’utiliser la vérité en exposant tous les secrets de mes camarades. Qui aimait qui, qui détestait qui, qui dégoûtait qui… Rien de tout ça n’était sur mon blog.

La vérité était une arme que l’on pouvait obtenir avec la confiance. Cette option était inenvisageable pour Horikita et moi. Avoir la confiance des autres semble bénin, mais cela peut sans doute être une arme à double tranchant.

Kushida — À ce moment-là, la grosse partie de la haine que je reçus avant fut redirigée vers les autres. Les garçons en étaient venus aux mains, les filles se tiraient les cheveux et se ruaient de coups comme des folles. Bref, la salle de classe fut un véritable champ de bataille. Je ne vous cache pas que c’était fascinant.

Kushida — Voilà la vérité sur cet incident… La classe cessa d’être opérationnelle à cause de moi. Bien entendu, j’ai été grondée par l’administration, mais je n’avais fait qu’écrire sur un blog de façon anonyme. Qui plus est, je n’ai dit que la vérité à mes camarades alors on ne savait pas trop comment me punir.

Elle s’exprimait calmement, mais chaque mot avait un poids inexplicable.

Kushida — Comparé au collège, je ne connais pas trop les gens de la classe D, mais, malgré tout, je détiens cette vérité qui peut en faire sombrer certains. C’est ma seule arme actuellement.

C’était clairement une menace. Elle nous signifiait par là que si nous révélions son secret, on devait faire face aux conséquences à savoir la division au sein de la classe alors que nous venions à peine de nous unir.

Kushida — C’était une erreur de ma part d’utiliser internet pour relâcher la pression. Plein de gens inconnus pouvaient lire ce que j’écrivais, et tout ce qu’on met sur le net y reste pour toujours… y compris ce blog.  Maintenant, je décompresse non plus virtuellement, mais quand je suis seule en me parlant à moi-même.

Elle parlait de sa facette que j’avais vue la dernière fois ou je l’avais surprise malgré moi en train de lâcher des insultes dans le vent.

Horikita — Et tu comptes rester comme ça ?

Kushida — C’est ce qui donne de la valeur à mon existence. J’aime être respectée et remarquée des autres. Lorsque quelqu’un me confie ses secrets les plus inavouables, j’ai un sentiment d’extase indescriptible qui m’envahit.

Connaître l’anxiété, la honte ou l’espoir qui se terraient dans les coeurs… Kushida se complaisait à entrer dans les contrées les plus intimes des autres.

Kushida —  C’est un passé sombre, mais il représente tout pour moi.

Le sourire de Kushida disparut. Nous étions maintenant ennemis jurés après que son passé ait été révélé. Elle allait maintenant être sans pitié pour gagner.

Kushida — N’oubliez pas que si je gagne en math, Horikita-san et toi devrez quitter cet établissement de votre plein gré.

Moi — Je compte bien tenir ma promesse.

Kushida partit en direction du dortoir avec satisfaction.

Moi — Horikita, tu penses vraiment que ce pari avec Kushida se passera bien ? N’oublie pas qu’elle a conspiré avec Ryuuen et que la classe C est capable de lui donner les questions qu’il y aura en math.

Horikita — Dans ce cas-là, pourquoi avoir participé au pari ? Tu ne croyais pas en moi justement ?

Moi — Effectivement

Je ne croyais pas en elle. J’étais juste curieux de percer le secret de Kushida.

Horikita — Et puis je doute que Ryuuen-kun lui donne les questions/réponses.

Moi — Pourquoi ?

Ryuuen — En effet si elle obtient les réponses, Kushida gagnera et obtiendra mon départ. Mais rien ne dit que c’est réellement ce que Ryuuen-kun veuille.

Moi —……C’est dur à dire.

Il avait piégé Horikita, mais en aucun cas il n’avait voulu la faire expulser en effet. Il était juste déterminé à lui faire admettre sa défaite et n’allait probablement pas accepter une victoire aussi facile. De plus, il ne connaissait pas la vérité à mon propos alors le départ de Horikita signifiait la perte d’une source d’indices importante.

Moi — Et si elle lui mentait ? Elle pourrait lui dire que c’est juste pour avoir une meilleure note.

Horikita — Ryuuen-kun devrait voir clair dans son jeu. Du moins, il ne va pas lui donner les réponses aux questions de maths simplement pour ses beaux yeux, sans en connaître la raison, tu ne crois pas ?

Moi — Vu comme ça…

Mais nous n’en savions rien au final. Elle pouvait toujours réussir à le tromper. Je regrettai vraiment que Horikita n’eût pas tenu compte de cette éventualité, mais, peut-être fût-ce trop lui demander.

Moi — C’est un pari dangereux sans aucune garantie de victoire.

Horikita — De toute manière c’est le cas tous les examens ici. Mais je n’avais pas prévu de parier notre scolarité à tous les deux.

Horikita ne s’était pas attendu à ce que je me joigne à son pari, mais elle avait décidé d’affronter Kushida de cette manière. Jusqu’à même faire venir l’ex-président du Conseil pour authentifier le duel ! Elle avait volontairement mis en jeu sa scolarité tout en promettant de ne rien révéler du passé du Kushida.

Moi — Il n’y a pas de sortie de secours. La victoire est la seule issue.

Horikita — Naturellement.

C’est ainsi que fut signé le début de la bataille dont les enjeux étaient de taille.


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