CLASSROOM Y2 V9 Épilogue


Une touche d’anxiété

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Traduction : Raitei
Correction : Raitei
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Après la cérémonie de clôture du second trimestre, les examens spéciaux se terminèrent. Le moment tant attendu par les élèves arriva. Même si ces vacances n’étaient pas aussi longues que celles d’été, c’était tout de même une joie pour beaucoup. Le dur labeur de ces révisions jour et nuit fut ainsi récompensé par une victoire contre la classe A. Les vacances d’hiver allaient commencer demain et on attendait avec impatience ces nombreux jours de détente qui allaient être agréables pour tous.

Dans la classe de Horikita, c’était ce que tout le monde pensait, sauf une personne, Karuizawa Kei. Elle était venue au Keyaki avec sa meilleure amie, Satô Maya, soupirant avec mélancolie. Douée pour jouer la comédie, elle ne laissait rien transparaître devant les autres alors qu’elle était en froid avec Ayanokôji.

Ainsi, personne ne savait que Karuizawa souffrait. Sa meilleure amie, Satô, observatrice attentive de Karuizawa mais aussi d’Ayanokôji, avait remarqué que tous les deux semblaient distants car ils avaient toujours été proches jusque-là. Elle pensait que c’était seulement pour les révisions, loin d’imaginer qu’il y avait eu une querelle.

Karuizawa — Haah…

Satô — Tu soupires beaucoup. On est en vacances, qu’est-ce qu’il y a ?

Karuizawa — Hmm ? Oh, c’est rien…

Karuizawa, qui avait essayé de ne pas se faire remarquer jusqu’à présent, se rendit compte qu’elle avait soupiré à plusieurs reprises sans le savoir, peut-être parce qu’elle s’était détendue après avoir été libérée de ses études et de ses examens, ses points faibles.

Satô — … Vraiment ?

Karuizawa — Oui, vraiment.

Elle répondit fermement mais les soupçons de Satô restèrent sans réponse.

Satô — Je vais te poser une question privée mais tu n’as rien de prévu aujourd’hui avec Ayanokôji-kun ?

Karuizawa — Eh…

Satô — Parce que demain ce sont les vacs’. C’est le moment pour les couples d’en profiter. Shinohara et Ike étaient ravis d’aller voir un film main dans la main.

Karuizawa savait qu’il était étrange qu’elle invite Satô à sortir comme ça. Tout en ayant le sentiment d’avoir commis une erreur, elle montrait cette attitude parce que, quelque part dans son cœur, elle voulait lui demander conseil. Karuizawa fit un petit signe de tête et traversa le café, qui commençait à être bondé. Elles s’assirent ensemble sur un banc près de la salle de repos, au deuxième étage du centre commercial.

Karuizawa — Hé, Maya-chan. Est-ce que je peux te parler d’un truc ?

Satô — Oui, bien sûr.

Elle n’était pas réticente car elle attendait une explication.

Karuizawa — Je pense que ma relation avec Kiyotaka pourrait être compromise…

Satô — Quoi… ? C’est une blague ?

Karuizawa, après s’être assurée qu’il n’y avait personne, révéla ses sentiments refoulés. Satô, qui ne s’attendait pas à ce qu’une telle bombe lui soit lancée, fut surprise au point de tomber à la renverse.

Satô — « Compromise » carrément ? Tu parles de rompre ou quoi ?

Karuizawa — J’aimerais penser que c’est pas le cas mais ça m’obsède.

Le fait que son expression semblait plus sérieuse que prévu fit s’étrangler Satô, incapable de cacher son agitation. Pourtant, elle s’éfforça sagement de trouver les mots justes pour ne pas alourdir l’atmosphère.

Satô — Tu t’es disputée avec Ayanokôji-kun, mais vous n’arrivez pas à vous réconcilier et ça fait un moment que ça dure… c’est ça ?

S’il ne s’agit que d’une petite querelle, la relation redeviendrait normale en quelques heures tout au plus. Karuizawa avait l’air sérieuse Satô ne pouvait cacher sa confusion, car elle pensait que les deux s’entendaient bien depuis qu’ils sortaient ensemble.

Karuizawa — Je pensais que ce n’était qu’une petite dispute, mais peut-être pas pour Kiyotaka.

Karuizawa soupira d’un air sombre et acquiesça silencieusement.

Satô — Vous avez eu des discussions depuis votre querelle ?

Karuizawa lui dit que cela n’avait eu lieu ni hier ni aujourd’hui mais elle n’était pas prête à parler du contenu de la dispute, ni de sa cause.

Karuizawa — C’est déjà les vacances d’hiver… Je me suis concentrée sur mes révisions car Kiyotaka m’a demandé de bosser dur, et j’ai répondu correctement à trois questions sur quatre à l’examen. Je me suis dit que je pouvais y arriver… alors hier, après l’exam, je voulais l’aborder…

Satô — Et ?

Karuizawa — Nagumo-senpai l’a appelé et ils sont partis. J’allais le contacter après la cérémonie de clôture aujourd’hui, mais c’est Horikita-san qui m’a coupé l’herbe sous le pied cette fois.

Satō se pressa la main contre le front avec la répétition de ces mauvais timings.

Satô — Donc, tu n’as pas eu l’occasion de lui parler du tout et maintenant nous sommes là.

Karuizawa — Oui.

Satô — Mais je ne peux pas dire si Ayanokōji-kun était en colère ou en train de bouder.

Karuizawa — Il est toujours inexpressif. Son attitude ne change jamais.

Le jugement de Karuizawa n’était donc pas clair non plus. S’il avait manifesté une réaction de colère explicite, elle aurait pu s’excuser plus tôt.

Satô — Ne le prends pas mal, mais c’est normal les disputes dans les couples, non ?

C’est une chose qui revient régulièrement dans les conversations sur l’amour entre filles. Une dispute n’avait rien d’inhabituel en soi. De plus, il y a de nombreux cas que l’on ne peut pas qualifier comme tel contrairement à ceux partant d’un problème mineur qui pouvait devenir gênant à la longue. Satô voulait s’assurer que la situation ne relevait pas de cette catégorie, mais elle ne pouvait pas poser la question tout de suite.

Satô — Je n’arrive pas à imaginer Ayanokôji-kun hors de lui mais il était en colère lors de votre dispute ?

Demanda-elle avec crainte, mais Karuizawa secoua immédiatement la tête.

Karuizawa — C’est moi qui me suis mis en colère.

Satô — Oh, hm, je vois.

Satô pensait qu’elle allait entendre une version inattendue de l’histoire, mais elle effaça rapidement cette pensée.

Satô — Tu lui en veux toujours ?

Si c’est le cas, la façon de mettre fin au combat est simple. Satô pensait que si elle pardonnait Ayanokôji tout sourire, les choses reviendraient à la normale.

Karuizawa — Pas pour ça… mais…

Satô — Si c’est possible, je peux connaître la raison de votre dispute ?

Sans contexte, elle ne pouvait pas comprendre. Karuizawa croyait à la capacité d’écoute de Satô et décida de lui raconter l’origine de la querelle. Tout a commencé un samedi soir, lorsqu’elle l’avait invité à venir avec elle acheter des cadeaux pour Noël. Après avoir découvert qu’Ayanokôji priorisait un rendez-vous avec Ichinose, elle s’était mise en colère. Karuizawa, qui plus est, ne pouvait pas se faire à l’idée qu’il aille voir une autre fille. Satô, ayant fini d’écouter la situation, ferma tranquillement les yeux. Puis elle tapota fortement ses genoux avec la paume de ses mains.

Satô — Je vois… c’est bien la faute d’Ayanokôji-kun alors !

Elle affirma avec confiance son opinion de fille innocente, sans aucun préjugé.

Karuizawa — Pas vrai ?

Avec son amie comme alliée, l’expression de Karuizawa devint plus joyeuse.

Satô — Ça ne se fait pas de sortir avec une autre fille que sa petite amie pendant les vacs, peu importe la raison ! Il faut soit refuser soit y aller à condition que tu sois présente Kei-chan, ou qu’il y ait d’autres personnes. Tu as le droit d’être en colère. Tu devrais l’être, même ! Je suis surprise que tu aies réussi à garder la face aussi longtemps. Notamment lorsque tu tombais sur Ichinose-san.

Depuis qu’elle apprit pour son rendez-vous avec Ichinose, Karuizawa se vit rattraper par l’angoisse jusqu’à aujourd’hui. Pourtant, elle avait réussi à persévérer dans ses révisions malgré la situation pesante.

Karuizawa — Ichinose-san ne sort avec personne, n’est-ce pas ?

C’était une source d’inquiétude pour Karuizawa qui ne pouvait assumer seule ce fardeau. Dans cette remarque, elle ne faisait pas référence à Ayanokôji. Elle désirait juste savoir si Ichinose était célibataire ou non.

Satô — Je ne sais pas ce que tu sais sur elle mais elle est assez populaire. Vu la célébrité que c’est, si elle sortait avec quelqu’un, tu l’aurais su.

Karuizawa —…Bien.

Karuizawa baissa les yeux, confirmant une fois de plus qu’elle avait compris.

Satô — Uhhh… !

Satō ne put se retenir plus longtemps et serra Karuizawa dans ses bras.

Karuizawa — Hé, Maya-chan !

Satô — Ce n’est pas de ta faute, Kei-chan !

Karuizawa — …Merci. Mais j’ai aussi mes défauts. Si j’avais écouté Kiyotaka plus honnêtement et compris ce qu’il me disait, nous n’aurions pas été dans cette situation. J’aurais dû sourire et accepter sa proposition d’aller acheter les cadeaux la semaine d’après. Si je pouvais remonter le temps, j’aurais arrangé les choses et je l’aurais pris par le bras comme d’habitude. Je regrette de ne pas pouvoir le faire.

Du point de vue de Satô, Karuizawa est une des beautés du lycée. À son arrivée sur le campus, elle ne l’aimait pas, la considérant comme une dévergondée qui cherchait les faveurs de Hirata. Une fille hautaine, autoritaire, avide de pouvoir et dotée d’une sale personnalité. Mais maintenant qu’elle était tombée amoureuse de la même personne qu’elle et qu’elles avaient appris à se connaître, elle s’était rendue compte que c’était juste une fille qui savait ce qu’elle voulait. Qu’à l’intérieur, elle était tout aussi mignonne.

Elle pouvait affirmer avec force qu’aucune fille ne pouvait la battre dans une lutte pour l’amour d’Ayanokôji. Mais vu qu’il s’agit d’Ichinose Honami, c’était une autre histoire. Si cette dernière avait le béguin pour Ayanokôji, elle ne pouvait pas dire que Karuizawa gagnerait à coup sûr.

Satô — Hey… Et si on allait interroger les gens de la classe d’Ichinose-san ?

Dans cette approche agressive, il était possible que Karuizawa soit blessée mais même si elle faisait la paix avec Ayanokôji, cette inquiétude concernant de potentiels sentiments de la part d’Ichinose referait inévitablement surface.

Karuizawa — Non… Pas trop envie.

L’anxiété de Karuizawa prit le dessus et elle refusa l’offre. Puis, comme pour se débarrasser de ses mauvais sentiments, elle se leva avec enthousiasme.

Karuizawa — Je vais essayer de ne plus y penser. Je vais m’amuser avec toi, Maya-chan et puis je verrai Kiyotaka le soir. On va se réconcilier à coup sûr !

Satô — C’est ça que je veux entendre ! T’as tout mon soutien.

Elles se mirent à rire avant que le téléphone portable dans la main de Karuizawa ne vibre. Pendant un instant, Karuizawa crut qu’il s’agissait d’un appel d’Ayanokôji mais elle ouvrit une conversation chat à la place.

Karuizawa — Quoi ?

Satô — Qu’est-ce qui ne va pas ?

L’expression de Karuizawa se figea tandis qu’elle fixait l’écran du téléphone. Satô la regarde tout de suite avec inquiétude.

Satô — Kei-chan ?

Elle appela de nouveau son nom, mais Karuizawa continuait à fixer l’écran comme si le temps s’était arrêté. Satô se demanda ce qui se passait et jeta un coup d’œil à l’écran par le côté.

Satô — …

Elle vit l’image sur l’écran et se raidit.

Satô — Qui t’a envoyé ça ?

Karuizawa — Ça vient de Nene-chan…

C’est parce que les deux personnes dont elles venaient de parler figuraient sur la photo jointe au texte envoyé par Mori Nene. On y voyait Ayanokôji et Ichinose qui sortaient de la salle de sport en discutant. La photo les montrait devant l’entrée où ils marchaient tous les deux près d’un banc.

Karuizawa — Quand la photo a été prise ?

Satô — Demande-lui.

Elle demanda rapidement à Mori de confirmer la date et apprit qu’il s’agit du rendez-vous d’il y a deux jours. C’est à ce moment-là que Karuizawa et son groupe étudiaient avec Horikita pour la dernière ligne droite.

Karuizawa — Pourquoi…

Satô — Peut-être qu’ils se sont retrouvés par hasard dans le coin ou un truc du genre.

Satô répondit cela dans une tentative désespérée de la consoler mais le fait de sortir de la salle de sport ensemble ne pouvait être le fruit du hasard.

Satô — Ayanokôji-kun va à la salle ?

Karuizawa — Je ne sais pas…

— Bonjour Karuizawa-san.

Karuizawa — !?

Comme pour la bousculer encore plus dans son instabilité mentale, elle fut abordée par Ichinose devant la salle de sport. Ichinose était en tenue décontractée.

Ichinose — Huh ? Vous êtes venues faire du sport ?

Karuizawa — Non, non, on s’est retrouvées ici par hasard… pas vrai ?

Satô — Uh-huh.

Satō hocha la tête à plusieurs reprises pour soutenir Karuizawa, prétextant qu’elles s’étaient reposées sur le banc.

Ichinose — Je vois. Je pensais qu’Ayanokôji-kun et toi aviez commencé à aller à la salle ensemble.

Elle répondit avec un sourire nonchalant, comme s’il s’agissait d’une évidence.

Karuizawa — Eh… ?

Ichinose — Hein ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

Karuizawa — …Ichinose-san, tu savais que Kiyotaka allait à la salle ?

Éteignant l’écran, Karuizawa rangea le téléphone dans sa poche.

Ichinose — J’en ai parlé à Ayanokôji-kun et je lui ai fait une démo. Il a aimé alors il s’est inscrit.

Karuizawa — Je vois…

Elle marmonna cela d’une voix étouffée.

Karuizawa — Ichinose-san, tu vas t’entraîner là ?

Ichinose — Je vais fêter la victoire à l’examen avec ma classe. On compte se retrouver au café mais j’ai oublié quelque chose l’autre jour ici alors je suis passée pour la reprendre.

Ichinose se mit à sourire.

Satô — Ichinose-san, est-ce vrai qu’Ayanokôji-kun et toi vous vous êtes vus, l’autre jour ?

Si Karuizawa ne pouvait pas lui demander, Satô n’avait pas d’autre choix que d’intervenir.

Ichinose — Quoi ?

Satô — Il ne s’est rien passé entre lui et toi, n’est-ce pas ?

Ichinose — Oh bien sûr que non. Il n’y a rien du tout.

Elle fit un léger signe de la main pour le nier.

Satô — …Vraiment ?

Mais cela n’avait pas suffi à faire taire les soupçons de Satô, préférant demander confirmation sans y mettre les formes. Karuizawa tenta d’arrêter Satô en lui tirant les mains mais ce fut vain.

Ichinose — Je ne mentirais pas pour quelque chose d’aussi important. Je demandais juste à Ayanokôji-kun des conseils pour ma classe… Est-ce que j’ai créé un malentendu ?

Les yeux brillants de Satô et le regard inquiet de Karuizawa avaient laissé Ichinose perplexe.

Ichinose — Je vois que tu es contrariée, Karuizawa-san. Je suis désolée.

Ichinose s’excusa et baissa la tête. En voyant cela, Karuizawa eut également le courage d’exprimer ses pensées inavouées.

Karuizawa — …Est-ce que c’est le fait de Kanzaki-kun ?

La mention du nom de Kanzaki par Karuizawa permit à Ichinose de déduire la situation, même si elle n’en avait pas personnellement connaissance

Ichinose — Je n’en avais aucune idée, mais je pouvais deviner la situation rien qu’en l’entendant. Notre classe était descendue en D et nous ne pouvions pas nous permettre de perdre plus de temps. Nous n’avions pas la force de nous reconstruire et nous étions en difficulté. Ayanokôji-kun l’a vu et a dit qu’il essaierait de nous aider. Tu as peut-être entendu parler de Mako-chan également, n’est-ce pas ?

Karuizawa — Mako-chan, tu veux dire Amikura-san ? Je ne suis pas sûre, mais est-ce que Himeno-san était dans le coup aussi ?

Alors que les soupçons autour d’Ayanokôji et d’Ichinose s’estompaient légèrement, le ton de Karuizawa s’éclaircit.

Ichinose — Oui, Himeno-san va nous aider à reconstruire la classe. Nous en discutons ensemble. Il y a d’autres personnes qui sont au courant, alors ne t’inquiète pas.

Ichinose, qui n’avait pas l’air non plus trop au fait de la réunion secrète de ses camarades, dit cela pour rassurer Karuizawa.

Karuizawa — Mais je ne comprends pas pourquoi Kiyotaka aide ta classe.

Ichinose — Effectivement. C’est un peu étrange.

Les deux, peu satisfaites des informations reçues, se regardèrent et exprimèrent leurs inquiétudes. Ichinose acquiesça et ferma les yeux.

Ichinose — Je pense que c’est une question d’intérêt mutuel.

Karuizawa — Intérêt mutuel ?

Ichinose — Nous avons eu du mal à gagner ces derniers temps. L’examen spécial de fin de second trimestre contre Ryuuen-kun nous a mis dans l’embarras car si nous perdions, l’écart entre nous et la classe A allait se creuser à nouveau. Il était plus logique pour Ayanokôji-kun de nous faire gagner car Ryuuen était plus une menace pour votre classe que la nôtre.

C’est la réponse la plus plausible à la question de savoir pourquoi Ayanokôji avait aidé une classe rivale. Elle souligna qu’Ayanokôji n’était qu’une aide temporaire pour aider à vaincre un rival puissant.

Karuizawa Il n’y a vraiment, vraiment rien entre… toi et Kiyotaka ?

Ichinose — Il ne s’est rien passé entre lui et moi.

Les yeux dans les yeux, Ichinose affirma clairement qu’il n’y avait rien entre Kiyotaka et elle. Karuizawa et Satô ne purent que hocher la tête à plusieurs reprises devant cette attitude qui ne pouvait être mensongère.

Ichinose — Je pense qu’Ayanokōji-kun est un peu bête de ne pas communiquer comme il faut avec sa précieuse petite amie. Mais si j’ai causé du tort à votre couple alors je prendrai la responsabilité d’arranger les choses.

Karuizawa — Ce n’est pas grave. Maintenant que je sais ce qui se passe, je suis sûre que nous pouvons nous réconcilier aujourd’hui ! Merci d’avoir éclairci les choses, Ichinose-san.

Ichinose — Pas de problème. Si tu as d’autres soucis, n’hésite pas à me le faire savoir.

Ichinose leur dit la chose gentiment et les regarda quitter le devant de la salle de sport

Ichinose — Je vous ai dit la vérité, il ne s’est rien passé entre Ayanokôji-kun et moi.

Alors que Karuizawa et Satô s’éloignaient, une petite voix inaudible s’était fait entendre dans leur dos.

En effet, Ichinose avait marmonné quelque chose.

Ichinose — Pour l’instant en tout cas.

Laissant derrière elle l’odeur du parfum qu’elle portait, Ichinose s’éloigna.

1

Premier jour des vacances d’hiver. Le ciel fut couvert d’épais nuages et il pleuvait depuis le matin. Une dizaine de minutes après l’heure prévue, Ryuuen s’approcha, un parapluie à la main. Ichinose, qui l’avait attendu à l’avance, le regarda en silence. Ils s’arrêtèrent lorsqu’ils furent suffisamment éloignés l’un de l’autre pour pouvoir s’entendre à travers le bruit de la pluie

Ichinose — Le temps n’est pas clément ces derniers temps, hein ?

Ichinose s’adressa à Ryuuen sans faire mention de son retard.

Ryuuen — Tu ne te plains pas de mon retard ?

Ichinose — J’étais prête à attendre 30 minutes, pas plus.

Répondant avec une attitude détendue, elle semblait plus préoccupée par le ciel que Ryuuen. Elle inclina son parapluie et observa un peu le ciel pluvieux.

Ichinose — Cela ne s’arrêtera pas de la journée.

Ryuuen — T’aurais pu me ghoster. Tu es trop tendre avec les gens.

Il dit cela en ignorant le murmure d’Ichinose.

Ichinose — Je ne sais pas si dire que nous sommes amis te satisfait mais je pense qu’il est normal que je réponde quand tu appelles. Je n’avais rien de prévu de toute manière. Alors, qu’est-ce que tu veux ?

Ryuuen — Mon programme est un peu chamboulé. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve la raison.

Ichinose — Tu parles de l’examen spécial ? C’est vrai que la méthode du harcèlement m’avait un peu rendu confuse.

Ryuuen — Je sais que tu trouves ça moche mais ça répondait à nos besoins. Si c’était le moyen le plus simple et le plus efficace alors pourquoi ne pas en user ?

Il avait demandé à ses camarades de faire pression sur la classe d’Ichinose pour saboter leurs révisions. Ils s’introduisaient avec force dans les salles de classe, les bibliothèques ou les salles de karaoké pour faire du boucan.

En coulisses, Ryuuen donnait également des instructions dangereuses. Il offrait de l’argent aux élèves ayant de bonnes aptitudes scolaires et les récompensait s’ils se trompaient dans toutes les questions. Ou bien il les menaçait de causer des ennuis à certains de leurs camarades s’ils répondaient correctement à toutes les questions. Avec cette stratégie, il tentait d’ouvrir une brèche dans une classe bien soudée.

Ryuuen — Je suis sûr que tout le monde était gêné.

Ichinose — Je suppose.

Cependant, cela n’avait pas eu l’effet escompté. Sur le terrain des notes, la classe de Ryuuen n’avait pas de bonnes chances de gagner même dans de simples examens écrits. Sachant cela, il avait préféré se donner toutes les chances dans une stratégie de contournement.

Ichinose — Mais pensais-tu vraiment pouvoir gagner de cette façon ?

Ryuuen — Oui.

Cependant, son plan ne fonctionna pas contre Ichinose.

Ryuuen — Je pensais que ta classe s’effondrerait après une telle chose, mais il semble que tu aies retrouvé tes esprits depuis le temps.

Ishizaki et les autres avaient rapporté à Ryuuen que le sabotage de la classe d’Ichinose avait été un succès. Bien que certains élèves ne se laissaient pas faire, ils étaient conscients de l’efficacité de leurs interventions, en témoigne l’agitation visible chez les élèves. Mais les élèves de la classe d’Ichinose avaient fait semblant de montrer qu’ils étaient gênés. En coulisses, ils prenaient le temps de réviser comme il faut.

Ryuuen — D’où t’est venue cette sagesse ? Si cela avait été toi dans le passé, tu aurais fait annuler les séances d’étude pour vous enfermer dans vos chambres plutôt que de gaspiller votre énergie. Tu aurais rejeté nos menaces. Pourtant, tu t’es donné la peine de faire semblant ?

S’il s’agissait de Sakayanagi ou d’Ayanokôji, Ryuuen n’aurait pas été surpris. Au lieu de cela, il aurait envisagé de faire un geste plus fort pour riposter. Un rat au pied du mur ne peut que mordre le chat car les acculés et les faibles n’ont d’autre choix que de riposter. Pour en avoir le cœur net, Ryuuen avait invité Ichinose pour qu’elle s’explique.

Ichinose — Il n’y a aucune sagesse là-dedans, Ryuuen-kun. Nous avons simplement continué à étudier au milieu du vacarme. Tes menaces ont bien fait peur mais ça n’a juste pas eu plus d’effet.

Ryuuen — Il n’y a pas à le cacher. Manifestement, quelque chose a dû changer dans ta classe.

Ichinose — Tu aurais dû prendre au sérieux l’examen comme tout le monde. Regarde Horikita-san, sa classe a battu celle de Sakayanagi-san.

Ryuuen — Tu m’as l’air bien prétentieuse pour une petite victoire facile. Cet examen spécial était le summum de l’ennui. Aucun risque d’exclusion, juste une prise en main ferme du stylo et des mouvements de bras. Pourquoi aurais-je dû prendre ça au sérieux ?

Ichinose — Pourquoi ne pas faire comme tout le monde ?

Ryuuen — J’enseigne à ces débiles depuis une semaine ou deux, mais ce n’est pas suffisant pour qu’ils s’améliorent. C’est juste la solution la plus adaptée à court terme.

Ryuuen se mit à rire alors qu’il faisait face à Ichinose sous une pluie battante.

Ichinose — Mais cette décision était une erreur, n’est-ce pas ?

Ryuuen — J’ai été battu par des gens dont le seul mérite est d’être sérieux, mais la prochaine fois, je vais devoir vous saboter encore plus fort.

Ichinose — Tu ne comptes pas changer même pour un exam similaire ?

Ryuuen — Oui, je ne changerai pas. Je compte te couler sur place.

Ryuuen répondit d’un air confiant, comme s’il s’agissait de sa propre façon de faire.

Ichinose — Je vois. Il semble que, quoi que nous disions, nous ne puissions plus être d’accord sur quoi que ce soit.

Ryuuen — Tu es de retour en classe C avec une petite marge provisoirement. Mais ne crois pas que cela va t’aider à gagner à nouveau. Tu n’es qu’une brebis pathétique, vaincue depuis longtemps. Tu as beau te débattre dans la boue, tu es condamnée à sombrer un jour ou l’autre. Tu ne penses pas ?

Ichinose — Nous avons tellement perdu ces derniers temps. Je dois dire que cela fait mal.

Ryuuen — Je le répète, mais tu as été sauvé parce que les conditions étaient favorables.

Ichinose — Je ne le nie pas.

Ryuuen avait ses propres raisons de mordre Ichinose avec autant d’acharnement. Il pensait qu’en parlant de cette façon, il pouvait voir à travers elle. Cependant, il n’y arrivait pas. Les failles qu’elle aurait pu montrer dans le passé n’apparaissaient pas du tout.

Ryuuen — La classe que tu vas affronter lors de l’examen final est celle d’Ayanokôji. C’est une vraie plaie, tu sais ? Encore plus que Sakayanagi, la classe que j’ai l’intention d’écraser. La défaite est donc inévitable pour toi. Je ne suis pas le seul à le penser. Sakayanagi également. Tu seras finie en même temps que cette année scolaire. Ma classe ne pouvait pas gagner cette fois-ci mais je te conseille de ne pas te faire d’illusions.

Ichinose ne répondit pas immédiatement, mais resta immobile et écouta. Ryuuen continua.

Ryuuen — C’est facile pour Ayanokôji et les autres. Ils obtiennent des points de classe pour avoir combattu du menu fretin comme toi sans avoir à s’occuper de moi et de Sakayanagi. Il n’y a rien de plus chanceux.

Il attaqua Ichinose sans relâche, ignorant son manque de réaction et essayant de la pousser dans ses retranchements.

Ichinose — En effet… Si nous échouons à l’examen final, nous risquons d’être éliminés pour de bon.

Si l’écart se creuse pour la nouvelle classe C lors d’une confrontation directe, il lui sera presque impossible de le rattraper en un an.

Ryuuen — Alors je vais te dire comment finir en classe A.

Ichinose — Il y a une méthode pareille ?

Ryuuen — L’examen de fin d’année te coupera l’accès à la classe A. Le seul moyen d’obtenir le diplôme est alors d’accumuler des points privés.

Ichinose — Il faudrait une grande quantité de points pour sauver 40 personnes. Je ne pense pas que ce soit possible.

Ryuuen — Nous ne pouvons pas tous les sauver. Mais qu’en est-il d’une seule personne ? 20 millions de points reste jouable.  N’oublie pas que tu as la possibilité de collecter des points facilement par les gens de ta classe. Ils transféraient chez toi des millions pour montrer à quel point ils ont confiance en toi. Tu as juste à les dépenser pour toi à la fin.

Ichinose — Utiliser l’argent confié pour changer de classe est un détournement de fonds. L’établissement ne le permettrait pas.

Ryuuen — Je ne sais pas. Il est certain que si des gens comme moi ou Sakayanagi faisaient la même chose, nous serions punis et expulsés sans hésitations. Mais cela ne risque pas de t’arriver.

Ichinose — Pourquoi ?

Ryuuen — Parce que les gens seront gentils avec toi et prendront tes sentiments en considération. Même si tu sais que tu as détourné de l’argent, tu peux dire à l’établissement que c’était des dons de la part de tes camarades. C’est bien entendu un mensonge mais tu as clairement tes chances.

Ichinose — C’est une histoire intéressante. Mais je crois que j’en ai assez entendu.

Ichinose, qui avait compris la raison de l’invitation, n’avait aucune raison de rester là plus longtemps.

Ichinose — Je pense qu’il est temps de mettre fin à cette conversation.

Ryuuen — J’allais jouer avec Suzune et Sakayanagi à partir de maintenant, s’il y a un examen impliquant une expulsion, ta classe sera ciblée. Je détruirai tes amis qui ont essayé si fort de te protéger.

Du point de vue de Ryuuen, Ichinose n’était toujours pas reconnue comme un obstacle alors il tenta de la menacer. Ichinose prit la menace à bras-le-corps et sourit.

Ichinose — Alors je t’arrêterai avant que tu ne le fasses. Si nécessaire, je te ferai expulser.

Ryuuen — Kuku. Tu penses pouvoir me faire disparaître, ou faire disparaître qui que ce soit ici ?

Ichinose, d’un naturel fair play, est extrêmement opposée à ce que d’autres personnes soient blessées. C’est l’impression générale qu’a eu non seulement Ryuuen, mais aussi tous les autres élèves depuis leur entrée l’an dernier.

Ryuuen — Tu t’es améliorée dans le mensonge, hein ?

Ichinose — Pourquoi Sakayanagi-san et toi êtes si prudents à mon égard maintenant ? Je ne me soucie pas vraiment de ce que vous dites. Je ne suis pas le genre de personne qui devrait vous inquiéter pourtant.

D’épais nuages couvraient le ciel et le bruit de la pluie se faisait plus fort. Avant même de s’en rendre compte, le sourire de Ryuuen avait disparu, pensant aux mots d’Ichinose.

Cette fille qui se trouve devant moi ne vaut pas la peine qu’on se préoccupe d’elle. Je pensais avoir traité la chose comme telle mais en y réfléchissant bien, je me suis rendu compte que j’étais trop têtu.

Ichinose — Je ne me retiendrai plus à l’avenir. J’irai droit au but.

Ryuuen — Ce n’est pas ton genre de bluffer.

Ichinose — J’ai juste réalisé que je n’avais plus le temps, c’est tout.

Les pensées irréfléchies de Ryuuen s’éloignèrent tranquillement de son esprit.

Ryuuen — Tu ne comptes plus faire preuve de pitié envers qui que ce soit, hein ? Tu sembles en effet obsédée par Ayanokôji ces derniers temps. Si c’est le cas, la première chose dont tu dois te débarrasser est Karuizawa, n’est-ce pas ?

User de « plaisanteries ». C’était la façon qu’avait Ryuuen de la harceler pour la perturber mentalement. Même après avoir dit cela, Ichinose ne changea pas son visage doux et souriant.

Ichinose — Que veux-tu dire par « obsédée » ?

Ryuuen — Les rumeurs vont vite dans cette petite école.

Ryuuen était déjà au courant des contacts de plus en plus fréquents entre les deux dans le cadre de la collecte d’informations.

Ryuuen était également convaincu des sentiments à sens unique d’Ichinose, même s’il n’avait pas de preuve en soi.

Ryuuen — Pourquoi ne pas agir de façon plus calculée ? Si tu veux, je peux t’aider à te débarrasser de Karuizawa.

Impatience, colère, frustration ou dégoût, quels que soient tes sentiments, montre-les-moi.

Tel était l’objectif de Ryuuen derrière.

Ichinose — Si tu es déjà au courant Ryuuen-kun alors pas besoin de nier.

Ichinose, un léger sourire aux lèvres, regarda Ryuuen dans les yeux et répondit sans hésiter.

Ichinose — Je ne veux pas expulser Karuizawa-san à cause de mes sentiments personnels. C’est une autre histoire.

Malgré ses paroles audacieuses, elle restait une bonne personne après tout. Ryuuen essaya d’intervenir, mais…

Ichinose — Mais tu te trompes. Je suis une personne assez calculatrice.

En disant cela, Ichinose posa sa main sur sa poitrine et sourit.

Ichinose — Si tu ne peux pas résoudre un problème il faut trouver une solution. Si tu ne trouves toujours pas la réponse, il faut passer à l’action. C’est comme ça que la plupart des voies s’ouvrent.

Ryuuen — Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

Ichinose — Je me le demande ?

Ichinose repensa à la nuit du voyage scolaire.

C’est là que tout a commencé à changer pour moi. Il y avait finalement une petite possibilité…Non…

C’est juste instinctivement que j’ai pu me rendre compte de la chose. C’était à minuit quand tout le monde était à l’auberge lorsque j’étais en proie au froid et que mon être sombrait.

Comment mes camarades allaient réagir ? Qu’allaient-ils leur arriver si cela vire à la confusion totale ? Ce qu’Ayanokôji a découvert, n’a pas été une surprise pour moi. Tout ce qui s’est passé à ce moment-là était inévitable.

Quelque chose de désagréable se fit ressentir dans la main de Ryuuen tenant le parapluie, avant de s’étendre à tout son corps.

Ichinose — Tu m’excuseras mais il faut que j’aille faire mon sport maintenant. Je ne veux pas perdre une seule seconde de bonheur.

Toute l’analyse d’Ichinose faite jusque-là était réduite à néant. Elle ne s’intéressait plus du tout à lui. Elle se mit ainsi à marcher devant Ryuuen en se dirigeant vers le centre commercial Keyaki.

Ryuuen — Je retire ce que j’ai dit, Ichinose.

Ryuuen se retourna et s’adressa à elle.

Ryuuen — C’est peut-être une chance pour nous de ne pas te rencontrer à l’examen final.

C’était une intuition qui lui fit dire ça…

Une marque de respect envers elle, lui faisant penser qu’elle était plus gênante que Sakayanagi, même si ce n’était que pour un court instant.

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