CLASSROOM Y2 V7 : CHAPITRE 7

Tapis dans l’ombre

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Traduction : Raitei
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(Horikita)

À 15h, ma pause arriva. Lorsque l’arme secrète apparue, excitant bon nombre de gens, je quittai le maid café. C’était désormais entre les mains d’Ayanokôji-kun.

Moi — Mais tout de même… Je n’aurais jamais cru qu’il puisse convaincre Chabashira-sensei de s’habiller en maid.

Je m’étais concerté avec lui pour préparer le festival et il avait mentionné cette apparition de dernière minute me laissant dubitative. Chabashira-sensei s’était non seulement montrée, mais elle avait en plus réussi à générer une grande attente. Chaque fois que je passais dans un couloir, j’entendais des personnes mentionner le fait qu’elle allait être présente en tenue de maid. Je dois dire que cela m’arrangeait, car cela allait attirer bon nombre de gens dans le bâtiment spécial, libérant de la présence ailleurs. Après avoir envoyé un message à cette fille sur mon téléphone en m’assurant qu’elle l’avait vu, je continuais mon chemin vers le bureau du Conseil. Je voulais en effet vérifier le compte-rendu de réunion, chose que je ne pouvais pas demander à Yagami-kun le jour J si je voulais l’analyser calmement. Il était très probable qu’il ait un lien avec l’existence menaçante qu’incarnait Amasawa-san et la volonté d’expulsion d’Ayanokôji-kun.

De plus si Yagami était bien l’auteur du papier, il aurait compris que je le soupçonnais si je lui demandais directement. Si ça se trouve, il s’en doutait déjà. Pour en avoir le cœur net et passer inaperçue, je devais viser un moment où il n’y avait personne. Le bureau du Conseil était fermé sur décision de Nagumo Miyabi à cause des rumeurs jusqu’à nouvel ordre. Il allait donc être difficile de vérifier les comptes-rendus de réunion. Le point positif c’était qu’il n’y allait avoir personne alors c’était l’occasion d’agir. Ce matin, j’avais informé Chabashira-sensei que j’avais laissé un carnet de notes dans le bureau du Conseil et que j’avais besoin de la clé pour le récupérer pendant ma pause. Elle m’avait ainsi donné la permission. J’allais donc pouvoir vérifier les comptes-rendus de réunion et en finir avec mes soupçons. C’est ainsi que je troquai ma tenue de maid pour mettre l’uniforme scolaire.

Moi — Il reste donc 50 minutes ?

En me dirigeant vers la salle du Conseil, je soupirai en regardant l’horloge du couloir, car ce fut une journée bien épuisante. Mon rôle était terminé, mais j’avais encore des choses à faire. Ma pause d’une heure coïncidait avec la fin du festival et c’est ainsi que j’insérai tranquillement la clé dans la serrure avant d’ouvrir. Tous les membres étaient en effet occupés par le festival. J’avais donc tout mon temps. Du moins, c’est ce que je pensais avant que mon téléphone dans la poche ne vibre. Je fus surprise en voyant l’identité de l’appelant, Takuya Yagami. Pourquoi m’appelait-il ? Le timing faisait froid dans le dos.

Moi — Allô ?

Yagami — Horikita-Senpai !

Sa voix fut entendue de très près, car cette personne que je voulais éviter le plus au monde à cet instant, apparut derrière, me saluant tout sourire. Mon corps frissonna, comme si quelqu’un avait versé de l’eau froide dans mon cœur.

Yagami — Je t’ai fait peur ?

Il s’avança doucement vers moi tout en raccrochant son téléphone.

Moi — Yagami, que fais-tu ici ?

Yagami — Pourquoi cette question… ?

Moi — Pourquoi m’avoir téléphoné ?

J’étais tellement surprise que j’avais failli éluder la question. C’était comme s’il voulait voir mon degré de nervosité.

Yagami — Je te retourne la chose. Que fais-tu ici alors que le festival bat son plein ?

Moi — Ma pause coïncide avec la dernière heure du festival alors je…

Yagami — Tu as donc pris ta pause à 15h ? C’est inhabituel.

Je n’avais jamais vraiment connu de festival de ce genre alors il était possible que cela soit inhabituel, mais la règle stipulait seulement de prendre une heure de pause. D’autres élèves, bien qu’une poignée, avaient dû faire de même. Malgré mes pensées, je ne pus formuler de réponse et resta silencieuse quelques instants, perturbée par le terme « inhabituel ». En effet, cela pouvait sous-entendre que j’avais choisi cet horaire avec une idée en tête. Quel que soit ma réponse, j’étais peut-être même déjà tombée dans son piège ce qui m’avait tétanisé. Le seul moyen était d’ignorer la chose et de l’interroger.

Moi — Que fais-tu donc ici Yagami-kun ?

Yagami — Tu avais une expression grave alors je t’ai suivie.

Moi — Depuis quand au juste ? Quelle qu’en soit la raison, ce n’est pas très honorable de suivre de loin une fille.

Yagami — Je t’avais appelé plusieurs fois, mais tu ne semblais pas m’entendre. Faut dire qu’il y avait pas mal de brouhaha.

J’étais certes perdue dans mes pensées en chemin, mais pas au point de ne remarquer aucune présence en approche. Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il était possible que je me fasse des films, mais s’il m’avait vraiment appelée plusieurs fois, cela aurait dû marcher au bout d’un moment. Ou bien il ne me suivait pas, mais était dans les environs depuis le début. Si c’était le cas, il y aurait de fortes chances que ce soit l’auteur de la lettre. Dans tous les cas, même si je me trompais, j’étais prête à m’excuser, car mes soupçons étaient tout de même très forts.

Moi — Tu as eu l’autorisation de quitter ton stand ?

Yagami — C’est la même chose pour moi. J’ai fait ce que j’avais à faire. Ce n’est pas une pause, mais du temps libre. Aucune règle n’interdit de prendre une pause de plus d’une heure.

Était-ce une coïncidence ? À mon avis, non. Et si j’avais raison, j’allais donc avoir des problèmes.

Yagami — Qu’est-ce que tu fais ici au juste ? Il n’y a personne.

Il désigna la porte de la salle du Conseil comme pour insister.

Moi — Je cherche juste quelque chose. J’ai emprunté les clés de la salle des professeurs alors je peux y entrer.

Yagami — Dans ce cas je vais t’aider à chercher.

Le calme et l’impatience commencèrent à se mêler dans mon esprit.

Je n’avais pas pu déterminer clairement s’il se jouait de moi.

Moi — Moi seule suffira. Nul besoin d’être à plusieurs.

Yagami — Ça doit être très important non, puisque tu as pris la peine de venir ici en plein festival culturel ?

Ce commentaire avait mis à nu mes pensées.

Moi — C’est un carnet de notes. Je l’ai depuis longtemps, mais je ne le trouve plus. Le fait de penser que quelqu’un d’autre puisse le lire m’épuise mentalement. J’ai failli abandonner les recherches, mais l’envie est toujours là. C’est là que je me suis rappelée ne pas avoir encore cherché ici.

Cela ne servait à rien de continuer ce petit jeu plus longtemps. Je décidai de lui raconter le même mensonge qu’à Chabashira-sensei.

Yagami — Alors je vais t’aider. À la fin du festival, on risque d’être très occupés par le rangement alors on ira plus vite à deux.

Moi — Tu as raison.

Je déverrouillai lentement la porte et l’ouvrit. Alors que je fis un pas dans la salle, je m’arrêtai. Yagami se tenait à côté de moi.

Yagami — Horikita-senpai ?

Moi — Être à deux pour chercher un carnet dans une petite salle c’est tout de même un peu trop. Tu cherches aussi quelque chose ?

Yagami — Hein… ?

Dans ces circonstances, j’osai riposter.

Moi — J’ai essayé de refuser ton aide parce que j’avais peur pour être honnête.

Yagami — Peur ? Pourquoi au juste ?

Moi — Tu ne vois vraiment pas ?

Yagami — Rien ne me vient à l’esprit.

Moi — Nous sommes dans une salle vide. Tu dis que tu m’as appelé plusieurs fois, mais je n’ai rien entendu. Tu m’as donc suivi. Tu sais ce que ça signifie pour une fille ?

C’est une norme sociale établit dans notre société. Que ce soit considéré comme une bonne chose ou non, cela importait peu. L’éthique voulait ça et il ne pouvait contrer la chose facilement.

Yagami — J…Je vois.  Je suis désolé, je n’avais pas vu les choses sous cet angle. Je comprends.

C’était naturel de trouver la situation effrayante vu qu’il n’y avait pas d’autre échappatoire que la porte qui donnait sur le couloir.

Yagami — Je suis encore désolé. Je n’avais pas mesuré la chose.

Yagami, s’inclina très fortement en guise d’excuse.

Yagami — Mais je peux dire une chose, même si ça peut te paraître grossier ?

Moi — Je t’écoute.

Il gardait la tête baissée. Qu’allait-il dire au juste ?

Yagami — Horikita-senpai…Ce que tu es vraiment venue chercher ici…

Immédiatement après, Yagami releva la tête et pencha vers l’avant, comme s’il avait perdu l’équilibre.

— Je t’ai eu !

C’était Ibuki-san qui apparut vêtu d’un kimono.

Moi — Attends une minute, Ibuki-san !

Ibuki — Ne reste pas plantée là comme une idiote.  Il faut qu’on entre vite, Horikita ! Sinon on va avoir des problèmes !

Il était évident que si quelqu’un nous observait, il y verrait un acte clair de violence. Après avoir ouvert la porte, Ibuki-san poussa Yagami à l’intérieur.

Moi — Qu’est-ce que tu fais ici… ?

Ibuki-san apparut par derrière et maîtrisa Yagami-kun physiquement.  J’étais confuse.

Ibuki — Je t’ai encore bien aidée Horikita.

Moi — Quoi ? Mais je n’en avais pas besoin.

Ibuki — Tu es celle qui a dit qu’il fallait se méfier de lui. J’imagine qu’il te mettait la pression alors je suis venue. C’était logique de penser ça.

Elle énonça ainsi sans la moindre hésitation toutes les suspicions à son égard que je voulais garder pour moi. Son comportement avait rendu inutile tout ce que j’avais entrepris jusqu’à maintenant. Je ne pouvais pas trouver d’excuse.

Yagami — S…se méfier de moi ?

Yagami, qui ne pouvait pas bouger posa naturellement la question. Maintenant que nous en étions arrivés là, il fallait jouer le tout pour le tout.

Moi — Je m’excuse pour le traitement violent, mais je suis curieuse à ton sujet. Tu te souviens lorsque tu m’avais montré le compte-rendu ?

Yagami — C’était en rapport avec les rumeurs sur le président ?

Moi — Oui. Je voulais comparer ton style d’écriture du compte-rendu de la dernière fois avec d’autres.

Yagami — Donc tu ne cherchais pas un carnet de notes, mais le dossier des comptes-rendus ?

Yagami-kun continua, l’air perplexe.

Yagami — Mais pourquoi vouloir analyser mon style d’écriture ?

J’aurais aimé voir ce qu’aurait dit Yagami avant l’apparition d’Ibuki-san mais je me mis à expliquer la situation. Que pendant l’examen de l’île déserte, un papier avait déposé dans ma tente. Que depuis ce moment, je cherchais l’identité de la personne ayant écrit le message. Yagami écouta en silence tandis qu’il était maintenu au sol.

Yagami — Alors mon écriture ressemble à celle du papier ?

Moi — En effet.

Yagami — Si c’est vrai, je comprends ta méfiance et tes actes.

Pendant la période de préparation du festival, les gens allaient et venaient dans tout le campus alors il était difficile de se faufiler discrètement ici.

Yagami — Je ne suis pas l’auteur de la lettre.

Yagami-kun nia la chose. Je voulais le croire, mais quand on ne veut pas admettre une chose, on essaie toujours d’abord de résister.

Yagami — Tu as d’autres raisons pour douter de moi ?

Moi — Malheureusement je n’ai rien d’autre pour te suspecter, mais ce n’est pas comme si je pouvais attendre un aveu de ta part.

Yagami — Peux-tu me montrer le papier en question ? Tu feras ton comparatif si tu veux et ça prouvera mon innocence.

Moi — Malheureusement, ce ne sera pas possible. J’ai perdu ce papier suite à un petit incident.

C’était lorsque nous avions affronté Amasawa-san sur l’île.

Moi — Ça ne veut pas dire que je ne peux plus rien établir. Il faut que je vérifie ces comptes-rendus.

Yagami — La mémoire seule ne suffit pas à prouver quoi que ce soit. Au contraire, tu es maintenant très méfiante à mon égard ce qui va t’influencer sur ma culpabilité. Peu importe comment on voit les choses, ce n’est pas équitable.

Moi — … Il est vrai que l’on peut voir les choses comme ça.

Je ne cherchais pas à ce que ce soit Yagami, mais il est vrai que je voulais vraiment connaître le coupable. Son inquiétude était compréhensible.

Yagami — Je n’aime pas cet atmosphère négative. Tu peux lâcher mon bras ? C’est vraiment pas très cool de votre part. Et si le président Miyabi Nagumo assistait à une scène pareille, vous allez faire comment ?

Il est vrai que l’on voyait un élève de seconde retenu sans raison. Cela pouvait nous causer du tort, car ce n’était pas un cas de légitime défense.

Moi — Ibuki-san, lâche son bras.

Je demandai à Ibuki-san la chose, mais son expression était assez sévère. Elle ne montrait aucune volonté de vouloir le relâcher.

Ibuki — Désolée mais c’est mort.

Moi — Pourquoi ?

Ibuki — Mon intuition me dit que les mecs les plus inoffensifs comme lui sont les plus dangereux.

C’était quelque chose que j’avais appris avec Ayanokôji-kun avant, mais le comportement d’Ibuki allait au-delà d’une simple idée que les apparences soient trompeuses.

Moi — Tu as d’autres raisons pour le retenir ?

Ibuki — Il n’a pas l’air fortiche comme ça, mais mon instinct ressent le danger. Ce n’est clairement pas un gars ordinaire.

Je me demande si elle avait des informations autres que visuelles vu qu’Ibuki-san était en contact direct avec lui. L’auteur du message devait être quelqu’un de très compétent alors il n’était pas surprenant qu’elle soit sur ses gardes avec Yagami si celui-ci avait de bonnes aptitudes physiques.

Moi — Le style d’écriture est vraiment ressemblant. S’ajoute à cela le fait que tu aies camouflé tes aptitudes physiques et que tu te sois montré à un timing bien douteux.

Yagami — Je ne déteste certainement pas faire de l’exercice alors j’ai une certaine confiance en mes capacités, mais…

Soupirant de désarroi, Yagami-kun leva légèrement la tête et me regarda.

Yagami — Comme vous vous en doutez, je suis un peu énervé là. Cette situation est un peu trop étouffante.

Il pouvait clairement avoir des aptitudes physiques bien supérieures à ce que l’OAA laissait paraître avec sa note très moyenne de C. Cela s’expliquait peut-être par le fait qu’il était bon en combat, mais pas pour le reste.

Ibuki — Alors, il est suspect ou pas ?

Alors qu’Ibuki était pressé d’avoir mon jugement, le silence fut rompu de manière inattendue. La porte de la salle s’ouvrit soudainement.

— Wohoo, je ne m’attendais pas à voir une scène pareille.

C’était le président du Conseil des élèves, Miyabi Nagumo. Seul Yagami-kun ne changea pas de position, mais Ibuki-san et moi fûmes très surprises à cause du malentendu que nous pouvions créer.

Moi — Pourquoi être venu ici ?

Nagumo — Plus important encore, qu’est-ce qu’il se passe ?

Il faisait référence au fait qu’Ibuki-san retenait Yagami-kun.

Nagumo — C’est très problématique si vous êtes en train d’intimider un kôhai.

Sans surprise, Ibuki-san libéra le bras de Yagami-san.

Yagami — Je suis sauvé. Merci, Président.

Yagami-kun avait l’air calme et faisait des petits mouvements, car son bras avait été immobilisé pendant un petit moment. Avait-il prévu l’arrivée du président ?      

Nagumo — Pouvez-vous expliquer ce que vous faisiez ici sans ma permission ?

Si je disais que j’étais venu pour un carnet de notes, Yagami pouvait stipuler que c’est un mensonge. Qui plus est, il pouvait révéler l’histoire du compte-rendu au président Nagumo.

Yagami — Horikita-senpai a perdu son carnet de notes et je lui ai proposé de l’aide. Ibuki-senpai semble avoir mal interprété la situation ce qui explique la retenue de mon bras. Ce n’était pas de la malveillance.

Il avait décidé d’aller dans mon sens.

Nagumo — Je vois. Je comprends mieux.

Yagami — Le malentendu est résolu. Je ne compte pas me plaindre.

Nagumo — Pas de sanction alors. Avez-vous trouvé le carnet ?

J’étais bien contente de ce dénouement.

Moi — Malheureusement non. C’était pourtant le seul endroit où je n’avais pas cherché. Je l’ai peut-être jeté par mégarde. Tant pis.

Même s’il voulait vérifier, il ne devait clairement pas s’en soucier. Il détourna son regard de nous et s’assit à sa place.

Nagumo — Ce n’est pas le moment de faire ce genre choses alors qu’il y a le festival culturel. Dépêchez-vous d’y retourner.

Rester ici était inutile vu que je ne pouvais plus faire ce que pourquoi j’étais venue. Je n’avais d’autre choix que de me retirer tranquillement. C’est ainsi que je partis avec Ibuki-san.

Moi — Président Nagumo, comment étais-tu au courant de notre présence ici ?

Nagumo — Tu es curieuse de la savoir ?

Moi — Tu n’as pas hésité à tourner la poignée comme si tu savais déjà que le bureau était ouvert alors qu’il n’y est censé avoir personne. J’avoue que cela m’intrigue.

Ce n’était pas logique. En effet, je ne savais pas s’il avait un double des clés, mais il aurait dû partir du principe que le bureau était fermé à clé. C’est comme s’il était au courant qu’il y aurait eu de la présence à un moment donné. Miyabi Nagumo et Yagami avaient-ils prévu de se voir ici ? Ça expliquerait pourquoi Yagami avait pu anticiper la venue du président. Mais ces deux-là n’avaient pas l’air plus connectés que ça.

Nagumo — Je peux répondre à cette question, mais d’abord, il y a quelque chose que je voudrais te demander, Yagami.

Yagami — À moi ?

Nagumo — Tu te souviens de ce dont on a parlé la dernière fois ici ? Les rumeurs comme quoi j’aurais dépensé une grande quantité de points pour faire expulser certains élèves en particulier.

Yagami — Bien entendu. J’ai fait beaucoup de recherches autour de moi, mais je n’ai pas pu trouver la source des rumeurs.

Je ne suivais pas vraiment là où le président Nagumo voulait en venir.

Nagumo — Je pense que tu connais déjà la source.

Yagami — C…comment ça ?

Nagumo — J’insinue que c’est toi qui es derrière ça.

Frustré, le président Nagumo donna un léger coup de pied sous le bureau.

Yagami — C’est quoi ce délire ? Pourquoi ferais-je une chose pareille ?

Même si c’était pour une autre raison, Nagumo se méfiait de lui.

Nagumo — Ne joue pas au con avec moi. Je parle de l‘examen spécial de seconde pour expulser un élève bien spécifique avec une grande somme de points à la clé. Tu étais l’un des rares participants.

L’expression de Yagami s’assombrit légèrement. Il y avait une pointe d’irritation, tout comme dans l’expression du président Nagumo.

Moi — Président Nagumo, un examen spécial ?

Nagumo — Je n’ai pas mentionné la chose lors de notre réunion, mais je n’ai rien à me reprocher pour autant.

Moi — Alors les rumeurs sont bien fondées ?

Nagumo — Je n’ai enfreint aucune règle et je n’ai fait que respecter la politique de l’école. En tant que président du Conseil, j’étais là pour faire office de témoin avec le proviseur Tsukishiro. Il fallait bien s’assurer du bon déroulement de la compétition. Pas vrai, Yagami ?

Il y a toujours eu des examens spéciaux dans cette école, mais jamais je n’aurais pensé que ce genre de tests pouvaient avoir lieu.

Yagami — Il me semble qu’il y avait une règle interdisant d’en parler.

Nagumo — Tu as enfreint cette règle en premier, je me trompe ?

Yagami — Ce n’est pas le cas. Il n’y a aucun intérêt pour moi de faire une telle provocation. Et puis je n’étais pas le seul élève.

Nagumo — En effet. Mais pour je ne sais quelle raison, tu as décidé de te montrer ici. Cela joue contre toi.

Yagami — Ma présence ici est juste une coïncidence.

Le président Nagumo fixait Yagami puis détourna son regard vers nous.

Nagumo — Vous pouvez repartir toutes les deux. Je veux m’adresser à Yagami seul à seul.

Moi — Je n’étais pas au courant de tout cela, mais j’aimerais intervenir.

Yagami — Horikita-senpai, qu’est-ce que tu veux dire au juste ?

Nagumo — Je t’écoute.

Moi — Je ne sais pas si c’est lui la source des rumeurs, mais ce n’est certainement pas une coïncidence pour moi qu’il soit là. Je suis certaine que Yagami me suivait. J’ai même la forte impression qu’il surveille les allées et venues de ce bureau.

Nagumo — C’est donc ce que tu voulais dire, Suzune.

L’expression de Yagami se durcit alors qu’il était pris entre deux feux. Il soupira ensuite avec dégoût.

Yagami — Je vois… Je comprends mieux maintenant… Vous vous êtes ligués contre moi depuis le début. Dès l’instant où tu m’as remis cette fausse lettre, n’est-ce pas ? Tu voulais me coincer ici.

Moi — La fausse lettre ? Tu parles de la lettre d’amour ?

Nagumo — Ça ?

Miyabi Nagumo sortit la lettre de sa poche, celle provenant d’Ichihashi-san.  

Moi — Je ne suis pas sûre de bien comprendre.

Nagumo — Moi non plus. Il n’y a pas de nom dessus en plus. C’est juste une lettre d’amour anonyme qui m’était adressée.

Yagami — C’est faux. En apparence, il s’agit d’une simple lettre d’amour, mais il y a écrit « Salle du Conseil à 15h pendant le festival culturel ». Il y a d’autres mots-clés importants éparpillés partout, comme « important » ou « exclure » ou « secret ». Je me trompe ?

La lettre scellée fut ouverte et lue par le président Nagumo.

Nagumo — Où tu vois ça tout ça ? Tu m’as perdu là.

Le président prit l’initiative de me remettre la lettre d’amour.

Moi — Merci. Je me permets de lire.

Cependant rien de ce que Yagami-kun avait déclaré n’était présent. Ibuki, également curieuse, y jeta un œil, mais sa réaction fut la même que la mienne.

Mes sentiments s’encreront certes, en une personne importante. Cette épice qu’est l’amour me donne des clonies. Et c’est avec ce visage qui rosit dans les heures où je t’écris, que je déclare anonymement t’avoir toujours aimé.

Yagami — Ne faites pas les innocents. En décodant l’anagramme, on voit que je dis la vérité.

Ibuki — C’est quoi un anagramme ?

Outre le fait qu’Ibuki-san ne savait pas ce que c’était, c’était quand même étonnant qu’il arrive à penser ça. Comment avait-il pu voir un message caché aussi rapidement alors qu’il fallait changer l’ordre des lettres ? S’il y en avait vraiment un, il fallait du temps pour analyser la chose.

Nagumo — Il semblerait que tu sois très intelligent, Yagami. Ni Suzune ni moi n’avons pu déchiffrer quoi que ce soit en lisant ce message.

À mesure que nous approfondissions nos soupçons, Yagami devenait de plus en plus méfiant à notre égard.

Yagami — Si ce n’est personne l’auteur de ce message alors peut-être une de vos connaissances ? Je n’en ai clairement aucune idée, mais croyez-moi sur parole, je n’ai fait que suivre le message caché.

Pour quelqu’un qui n’en avait aucune idée, c’était quand même étrange.

Nagumo — Je me fiche de ce soi-disant anagramme. En revanche, le fait que tu connaisses le contenu de la lettre implique que tu l’aies lue avant de me la remettre.

Yagami — C’était un accident. En faisant tomber la lettre, le sceau s’était rompu faisant sortir le papier.  Je savais que je ne devais pas la lire, mais je n’ai pas pu m’empêcher d’éviter le texte en la ramassant.

Nagumo — Pour un membre du Conseil, ce n’est pas très éthique de ta part.

Je comprenais son envie, mais il aurait dû se contenir, car c’était de l’ordre du privé. Même si ne pas connaître l’expéditeur éveillait la curiosité, ce n’est pas pour autant qu’il fallait regarder à l’intérieur, ce que je n’avais pas fait. Le risque n’en valait pas la chandelle.

Yagami — Il y a souvent des blagues alors n’est-il pas normal de vérifier le contenu à l’avance ? En tout cas, on voulait me piéger. Mais quoi que je dise, vous ne me croirez pas.

Je sentais comme une certaine anomalie dans notre discussion. Je ne pouvais m’empêcher de penser que nos trois visions différaient légèrement. Parfois nous semblions nous comprendre et parfois non. C’était comme si j’avais quelque chose de coincer entre mes dents pour imager. Le fait de lire la lettre sans permission était déjà assez grave en soi, mais nous ne savions toujours pas s’il était la source des rumeurs et s’il était l’auteur du message sur l’île. La raison de sa présence ici était également toujours ambiguë. Était-ce une coïncidence ou non ? Dans tous les cas nous n’avions pas de preuves concrètes pour lui faire des reproches. Yagami-kun nous regarda Nagumo-kun et moi l’un après l’autre, avant d’émettre un léger gloussement.

Yagami — N’est-il pas temps de dire les choses ? Je suis sûr que vous comprenez tous ce qu’il se trame, n’est-ce pas ?

Yagami-kun rompit le silence, étant visiblement arrivé à une conclusion.

Yagami — En ayant aperçu mon compte-rendu de réunion, Horikita-senpai m’a soupçonné être l’auteur du message de l’île. Et puis, en remettant cette lettre d’amour, j’ai subtilement capté ton message.

Pour je ne sais quelle raison, il révéla tous ces détails.

Nagumo — Pourquoi aurais-je choisi tout un process aussi compliqué pour te laisser ce message ? J’aurais pu te téléphoner.

Yagami — Peut-être pour ne pas laisser de preuves que tu me soupçonnais ? En utilisant cette fausse lettre d’amour, tu pouvais avoir une porte de sortie. Tu voulais que je sois ici au moment où Horikita-senpai allait chercher le compte-rendu de réunion. Tout ça pour avoir confirmation que j’étais bien la personne qu’elle recherchait.

Nagumo — Je ne comprends pas. Le message de l’île ? Le compte-rendu ? La personne que Suzune recherche ? De quoi tu parles à la fin ?

Yagami — Ce petit jeu n’a pas déjà assez duré, président Nagumo ? Tu sais très bien que tu agis selon la volonté d’une certaine personne. Celle qui a écrit cet anagramme, Ayanokôji-senpai, je me trompe ? Quelle sale personnalité. Il n’y avait pas besoin d’aller jusqu’à montrer à Horikita-senpai les comptes-rendus de réunion.

Nagumo — Pourquoi mentionnes-tu Ayanokôji-kun au juste ?

Yagami — Il fait les choses de manière détournée, car il ne veut pas se révéler, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il me contacte comme ça.

Il eut un air amusé. L’attitude de Yagami-kun avait clairement changé.

Yagami — Que va-t-il se passer maintenant ? Est-ce le moment pour moi d’affronter Ayanokôji-senpai ?

Il observa l’entrée comme un enfant qui attendrait un nouveau jouet.

Yagami — Je commence à m’impatienter. Avant que l’on aille plus loin, peux-tu me dire comment tu as fait pour me débusquer ? Je veux l’entendre de ta bouche, Horikita-senpai.

Moi — Je ne suis vraiment au courant de rien.  Je soupçonnais que tu étais l’auteur de la lettre, mais seule Ibuki-san était dans le coup.

Même si c’était la vérité, Yagami ne montra aucun signe de confiance.

Nagumo — Je veux bien que tu t’expliques aussi, Yagami.

Yagami — Pfff. Même moi, je commence à en avoir assez de cette mascarade, président Nagumo. En recevant la lettre, tu es venu ici en prévoyant de trouver Horikita et Ayanokôji-senpai pour me parler. Il a probablement pensé que c’était dangereux de me voir seul alors c’était une sage décision de sa part.

Nagumo — Je n’ai pas envie de casser dans ton délire Yagami, mais je vais t’énoncer la raison pour laquelle je suis ici.

Le président Nagumo parla dans son téléphone et nous montra l’écran. Il y avait un numéro, indiquant un appel entrant.

Nagumo — Il est là. Tu peux venir.

Dit-il au téléphone.

Yagami — Ahaha ! Comme je m’y attendais, Ayanokôji-senpai là ! Quel plaisir !

Tout en riant bruyamment, Yagami ouvrit grand ses deux bras comme s’il attendait un heureux évènement qui allait se profiler avec l’ouverture de la porte.

— J’entre.

La personne qui entra dans la pièce était la dernière personne à qui j’aurais pu penser voir ici. La première personne à réagir n’était pas moi, ni le président Nagumo ou même Yagami-kun, mais Ibuki-san.

Ibuki — Hey ? Ryuuen ? Tu fous quoi ici ?

Ryuuen n’était pas le seul de présent. Deux de ses camarades de classe étaient là.

 — Hey, tu es superbe dans cette tenue, Ibuki, pas vrai Kinoshita ?

Kinoshita — Elle est plutôt mimi, ouais.

Ibuki — Hein ? Attends, Komiya ? Même Kinoshita est ici… !?

Plus important, les professeurs Sakagami et Mashima firent leur apparition peu après

Yagami — …C’est quoi tout ça… ?

Le plus étonné était Yagami, qui marmonnait des choses parfois inintelligibles.

Yagami — Tu es venu dans la salle du conseil pour parler à Ryuuen et aux autres ?

Nagumo — Oui c’était l’idée, mais je vois que j’ai interrompu quelque chose.

Yagami-kun les regarda avec une expression sinistre sur son visage, comme s’il ne comprenait pas la séquence actuelle des évènements. Le président Nagumo se leva et pressa la lettre qu’il tenait dans ses mains contre la poitrine de Yagami.

Nagumo — Anagramme, compte-rendu de réunion ou que sais-je, je ne suis au courant de rien, Yagami.

Yagami — …Impossible.  C’est quoi ce délire…

Alors que Yagami-kun était toujours confus, Ryuuen-kun s’avança vers lui en le pointant du doigt.

Ryuuen — C’est le débile dont tu parlais, non ?

Il posa la question en s’adressant à Komiya-kun et aux autres qui se tenaient derrière lui un peu en retrait. Les deux hochèrent vigoureusement la tête, nerveux.

Komiya — Oui, il n’y a pas d’erreur possible.

Kinoshita — Oui, c’est bien lui.

En entendant cela, Ryuuen-kun se rapprocha encore plus de Yagami avec un léger sourire sur le visage, comme à son habitude. Ils étaient à une distance de bras.

Ryuuen — On dirait que je vais devoir avoir une longue discussion avec toi.

Yagami — De quoi tu parles ?

Ryuuen-kun ricana et tendit soudainement son bras droit. Il attrapa les mèches de Yagami et lui tira les cheveux !

— Ryuuen !

Le professeur Mashima le gronda pour son comportement violent, mais il ne sembla pas y prêter attention.

Ryuuen — C’est quoi ton nom déjà ?

Yagami — Yagami. Yagami Takuya, Ryuuen-Senpai.

Il eut un visage agonisant alors que ses cheveux étaient toujours tirés.

Ryuuen — Je vois. Yagami, hein ? Tu es celui qui s’est occupé de Komiya et Kinoshita n’est-ce pas ?

Yagami — Hein ? Je ne sais pas de quoi tu parles !

Ryuuen — On ne me l’a fait pas à moi. Komiya et Kinoshita ont retrouvé la mémoire l’autre jour. C’est toi qui les as poussés pendant l’examen spécial sur l’île.

J’avais en effet entendu qu’ils avaient été gravement blessés, résultants sur des membres cassés, mais je pensais que c’était un accident.

Yagami — Quoi ? Moi ?  Mais qu’est-ce que tu racontes ?

Ryuuen — Ils ont eu une perte de mémoire temporaire lors de l’accident, mais avec le temps, ils ont pu se souvenir de toi.

En réponse à cette déclaration, le président Nagumo intervint.

Nagumo — J’ai parlé de ça avec Ryuuen hier. Nous avions prévu d’en discuter tous les quatre aujourd’hui. Mais pourquoi les professeurs ?

Ryuuen — Je les ai fait venir pour que l’on puisse gagner du temps. Sakagami-sensei était le premier à venir sur les lieux ce jour-là.

M. Sakagami — En parlant de ce Yagami, si je me souviens bien… Mashima-sensei ?

Le professeur Sakagami demanda confirmation à Mashima-sensei, comme s’il s’était souvenu de quelque chose.

M. Sakagami — Oui. Je ne veux pas douter d’un élève, mais… je ne peux pas nier cette possibilité.

Yagami — Comment ça ? Mais je n’ai rien fait !

Pas étonnant qu’il panique. Je ne comprenais pas non plus.

Yagami — Ils ont soudainement retrouvé la mémoire et me désignent comme coupable ? C’est évident que vous vous êtes arrangés.

Ryuuen — Ils se seraient arrangés ? C’est pourtant factuel qu’ils ne pouvaient pas savoir que ta montre était cassée à ce moment-là.

Plus de 400 personnes avaient passé l’examen de l’île déserte. Seules deux personnes avaient des montres cassées au moment où il y avait eu ces deux incidents. Les chances étaient certainement trop faibles pour que cela en soit qu’une simple coïncidence.

Ryuuen — Pour ces deux-là, tu es le coupable. Sur quoi tu te bases pour les réfuter Yagami ? Allez, parle !

Ryuuen-kun tira les cheveux de Yagami-kun avec plus de force.

Yagami — Kuh… ! C’est…

Ryuuen — Tu te dis que tu as bien effacé les traces alors tu peux te permettre de faire l’innocent, hein ?

Yagami — Attends ! Je n’ai vraiment rien fait ! Tu crois vraiment que je ferais quelque chose d’aussi dangereux ?!

Yagami n’avait pas un physique imposant alors difficile de le considérer comme une menace. Mais Ryuuen-kun ne voulait pas lui faire confiance.

Ryuuen — J’ai appris par le passé que certaines personnes peuvent avoir l’air inoffensives alors qu’elles sont dangereuses. Pas vrai, Ibuki ?

Ibuki — Pour moi, il cache bien sa force. Il peut clairement blesser Komiya et Kinoshita sans qu’ils s’en rendent compte.

Ryuuen — Pour me venger je t’aurais infligé les mêmes blessures voire davantage, mais tu as de la chance, il y a les profs. Je vais te laisser partir tranquillement. De toute manière c’est l’expulsion qui t’attend.

Si les faits sont avérés, l’expulsion était inévitable même en cas de circonstances atténuantes. Lorsque Ryuuen-kun retira sa main des cheveux de Yagami-kun. Ce dernier inclina sa tête vers le bas.

Ryuuen — D’ailleurs, qu’est-ce que tu fais ici, Suzune ?

Moi — J’enquêtais sur quelque chose en rapport avec Yagami-kun.

Ryuuen — Huh ? Sur quoi au juste ?

Maintenant que j’en étais arrivé là, je n’avais pas d’autre choix que de tout révéler. Je lui avais dit que depuis l’examen sur l’île, je recherchais un élève avec une belle écriture. Que celle de Yagami était similaire et que j’étais venue voir les comptes-rendus de réunion pour vérifier. Je sortis le document des comptes-rendus et me rendit à une page écrite par Yagami.

Moi — C’est clairement très ressemblant.

Nagumo — Tu peux m’expliquer ce qui se passe, Yagami ?

Le président Nagumo n’était pas vraiment au courant de tous les détails alors il avait décidé de poser la question. Il était clairement suspect dans toutes nos affaires, mais personne n’avait de preuve solide pour le rendre coupable. Il nous manquait une pièce importante du puzzle.

Moi — Est-ce…vraiment possible ?

Tout avait commencé par une lettre d’amour. Mais il fallait prendre en compte le fait que Yagami-kun ferait office d’intermédiaire et qu’il la lirait. Qui plus est, pour que ça marche, il fallait que ce dernier puisse se rendre compte du message caché pour le déchiffrer. En revanche je ne pense pas que l’auteur du message ait pu anticiper que j’aurais eu des doutes sur Yagami et que je me rendrai dans bureau du Conseil. Je ne pense pas faire partie de l’histoire et Ibuki-san non plus. Notre présence ne changeait rien au fait que Yagami-kun aurait de toute manière croisé la route du président Nagumo.

Je me reposais encore une fois la question. Était-ce vraiment possible de calculer tout ça ? Qui ? Quand ? Où ? Enfin, cela ne m’étonnerait pas finalement qu’Ayanokôji-kun soit celui tapis dans l’ombre. L’arrivée du groupe de Ryuuen-kun et Komiya-kun et des professeurs n’est clairement pas anodine. Le but était de cerner Yagami sur tous les fronts.

Ryuuen — Kuku, même moi je ne peux pas m’empêcher d’être surpris. Tu as trop joué avec le feu.

Ryuuen ricana comme s’il était arrivé à la même conclusion que moi.

Yagami — Tout ça à cause d’un message ridicule…

Ryuuen — Je ne connais pas les détails, mais il est clair que tu as été piégé par quelqu’un.

Yagami — Je n’ai pas… Je n’ai même pas eu mon combat contre lui. Il n’a même jamais commencé et tout va déjà se terminer ? Impossible !

Alors que son corps entier tremblait, il hurla comme jamais.

Yagami — Je n’en vaux pas la peine, c’est ça ? Hah…Hah… Va te faire ! Te fous pas de moi !

Ryuuen — Tu fais trop de bruit. Si tu veux chialer, fais-le ailleurs.

Ryuuen dit cela avec irritation en mettant un doigt dans son oreille droite. La rage de Yagami ne diminuait pas. Il était possible qu’il n’ait pas entendu.

Yagami — Ok. Je vais buter ce type alors. Ça devrait me calmer et puis je te ferai venir à moi.

Il dit cela malgré la présence des deux professeurs. Il montra maintenant de la colère. Au moment où il était sur le point de faire un pas agressif envers Ryuuen-kun, Ibuki-san sauta en avant et essaya de frapper Yagami-kun par derrière. Sans même se retourner, Yagami calcula la distance et lui donna un coup de coude dans l’abdomen. Ce seul coup suffit à mettre Ibuki hors d’état de nuire. Elle s’était effondrée sans pouvoir se relever.

 — Yagami !

Les professeurs se précipiètent pour essayer d’arrêter Yagami-kun, mais Ryuuen-kun les arrêta.

Ryuuen — N’intervenez pas. Il sait ce qu’il fait. Dans ce cas, la bonne chose à faire est de l’affronter !

Ryuuen-kun montra ses poings sans se soucier du fait que nous étions actuellement dans le bureau du Conseil.

Yagami — Il n’y a aucun moyen pour vous tous de m’arrêter. Peu importe qui se trouve devant moi, fille ou prof, si vous ne voulez pas finir comme Komiya, fermez-là et dégagez le passage.

Ryuuen — Kuku. C’est donc ta vraie nature. C’est plutôt intéressant.

Ryuuen-kun fit un pas en avant et ouvrit les deux bras joyeusement comme pour le provoquer.

Ryuuen — Je t’accepterai volontiers, alors viens à moi.

Yagami — Ne sois pas arrogant. Tu n’es qu’une sale racaille.

L’aura qui émanait de son corps frêle n’était clairement pas celle d’un élève ordinaire. On aurait dit celle d’Ayanokôji-kun ou d’Amasawa-san. Ryuuen-kun était déterminé, mais je doute qu’il puisse l’arrêter. Je devais agir, car il pouvait tout détruire sur son passage. Le laisser partir d’ici c’était lui permettre de se déchainer sur le campus où il ferait tout pour attirer Ayanokôji-kun. En plein milieu d’un festival culturel, cela n’allait pas se terminer par un simple avertissement.

M. Mashima — Arrête-toi Yagami.  Toi aussi, Ryuuen.  Si vous commencez une bagarre ici, il y aura des sanctions sévères.

Yagami — Mon expulsion est déjà actée. Je n’ai donc aucune raison de m’arrêter, n’est-ce pas, Mashima ?

Yagami cessa de se soucier des apparences et s’exprimer sans ajouter le « -sensei » à la fin. Malgré tout, Mashima-sensei continua de prendre son rôle de professeur au sérieux et s’interposa entre Ryuuen-kun et Yagami-kun.

Yagami — Casse-toi !

Même s’il y avait une différence flagrante entre leur corpulence, il donna un coup de pied à Mashima-sensei sans flancher avant de le frapper au visage après que ses genoux aient plié lors du coup. Ayant assisté à cela de près, Sakagami-sensei prit la fuite. Ryuuen-kun, excité par la dégénérescence de la situation, était sur le point de bondir sur Yagami quand soudain…

— Arrête ça, Takuya.

La porte de la salle du Conseil s’ouvrit et Amasawa-san apparut avec des joues rouges et des yeux gonflés.

Yagami — Huh ? Qu’est-ce que tu fais ici… ? Tu es là depuis quand ?

Alors qu’il semblait n’écouter personne jusque-là, Yagami cessa de bouger.

Amasawa — Ça changera quoi au juste de piquer une crise ici ? Tu crois franchement que tu auras son attention comme ça ? C’est fini.

Yagami — Non ! Nos professeurs ont espoir en moi ! Je vais le faire !

Je deviendrai le meilleur !

Je me demandais de quels professeurs il parlait. Ce n’était en tout cas pas ceux de notre lycée.

Yagami — Je voulais révéler son passé au grand jour. Le festival culturel était le décor parfait pour ce final, mais tout est gâché.

Amasawa — Takuya… Alors c’était vrai… C’est ce que tu avais prévu.

Yagami — Dégage de ma route. Je compte faire regretter Ayanokôji.  Je le ruinerai tellement qu’il ne pourra même plus rire.

Amasawa — Si tu comptes vraiment te confronter à Ayanokôji-senpai alors je t’arrêterai avant que tu ne sois devant lui.

Yagami — Toi ? Tu ne m’as même pas battu une seule fois. Ne me fais pas rire.

Amasawa — Je ne pourrai peut-être pas gagner contre toi avec ma force seule, mais je ferai tout mon possible.

Yagami — Je savais que tu étais influencé par Ayanokôji, mais je ne savais pas que c’était maladif à ce point.

Amasawa — C’est seulement parce que j’ai réalisé quelque chose. La grenouille au fond du puits ne connaît pas l’immensité de la mer.

Yagami — Dans ce cas, meurs. Ta vie n’a aucun sens.

Au moment où Amasawa-san se mit en garde, nous entendîmes plusieurs bruits de pas. Cinq adultes entrèrent, l’expression neutre. Je pus reconnaître deux d’entre eux vu qu’ils étaient venus au Maid café. Yagami, jusqu’à maintenant inébranlable, se mit soudainement à trembler.

Yagami — Qu’est-ce que…vous faites là ?

— Nous sommes venus te chercher. Je m’attendais à autre chose.

Yagami-kun, qui s’était liquéfié, se serra le ventre comme un enfant ayant peur d’être puni par ses parents. Entouré d’adultes, Mashima-sensei n’émit aucune résistance quand ils emmenèrent Yagami avec eux. Amasawa-san sortit également pour l’accompagner.

M. Mashima — Vous…

Mashima-sensei, debout, supportant la douleur, tenta d’avoir confirmation.

— Nous sommes les tuteurs légaux de Yagami et d’Amasawa. Nous allons régler cette situation alors allez tranquillement vous soigner. Je vous prie de ne parler de ça à personne, pas même à vos collègues. Soyez assuré que tout sera transmis au proviseur Sakayanagi.

M. Mashima — Je comprends.

Mashima-sensei quitta la pièce avec l’aide de Sakagami-sensei. L’animation laissa maintenant place au silence.

Ryuuen — Dommage, c’était sur le point d’être intéressant. C’était bien amusant en tout cas. Lève-toi Ibuki, on y va.

Ibuki — Aide-moi au moins, non ?

Ibuki-san était toujours incapable de se lever. Ryuuen-kun demanda à Komiya-kun de la tête de lui donner un coup de main et ils quittèrent la pièce. Il ne restait que le président du Conseil, Miyabi Nagumo, et moi.

Nagumo — Ça a failli dégénérer. Heureusement que tout a été réglé.

Moi — Tu savais ce qui allait se passer. Que c’était lié à Ayanokôji-kun.

Nagumo — Hein ? J’ai dit que j’étais seulement venu pour Ryuuen.

Moi — Alors il n’y avait pas besoin d’apporter cette lettre.

La lettre d’amour froissée tomba sur le sol.

Nagumo — Pour reprendre les mots de Yagami, c’était une coïncidence. La lettre était juste restée dans ma poche.

Pour lui, il n’y avait rien de plus à dire. C’était une sorte de mise en garde.

Nagumo — Ce festival bien animé est terminé. Tu dois y aller.

Moi — …En effet.

Il était bientôt 16h. Cet évènement inattendu avait pris fin en même temps que le festival culturel. En partant, je le vis sourire au loin sur son siège.

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