CLASSROOM Y2 V7 : CHAPITRE 6

Ce qu’a laissé Airi

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Traduction : Raitei
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Kushida, qui avait dû s’absenter un certain temps, fut au top pour la reprise. Grâce à sa maîtrise, les files d’attente ne firent que s’allonger. Mais cet afflux massif de clients entrainait inévitablement un manque de personnel. Pour certaines des maids, l’heure de pause n’avait pas suffi, à tel point qu’elles perdaient en dynamisme. La situation n’était pas simple vu que les garçons ne pouvaient pas donner un coup de main en salle, thématique oblige.

Un total de huit uniformes de maid avait été préparé dont deux pièces en extra. Parmi l’équipe de maid, Satou et Mii-chan étaient les vedettes du café. Il y avait Horikita qui s’occupait de la publicité à l’entrée et qui avait fini par venir prêter main-forte en salle. Pour finir, il y avait également en salle Kushida, Matsushita et Ishikura. Inogashira venait parfois remplacer Ishikura pour distribuer des flyers.

Pendant que Kushida s’efforçait de garder les clients dans le couloir, quatre personnes s’étaient retournées pour partir. Il aurait dû y avoir une personne de plus pour aider, mais nous ne pouvions pas mettre n’importe qui. Ce n’était pas une question de beauté, mais de consentement. Nous avions demandé à plusieurs filles de l’aide, dont Sonoda, mais porter l’uniforme de maid ne leur plaisait pas et le travail était bien trop compliqué à leur goût.

Kushida — Ayanokôji-kun, les gens commencent à s’impatienter. On ne va pas pouvoir tenir tout le monde très longtemps.

Kushida jeta un coup d’œil au maid café depuis le couloir et interpella Horikita, qui servait de la nourriture. Cette dernière comprit qu’il y avait urgence et vint la voir.

Horikita — Il y a un problème avec la file d’attente ?

Kushida — Même si j’arrive à convaincre la plupart de ne pas partir, je ne peux pas garder tout le monde.

Les invités étaient venus profiter du festival. Nous ne pouvions pas leur tenir rigueur s’ils estimaient qu’attendre ici était une perte de temps. Kushida ne faisait que contenir un mur sur le point de s’effondrer.

Moi — Il reste deux uniformes de maid en plus, non ?

C’était probablement le bon moment pour les utiliser.

Horikita — Oui, mais à quoi bon si aucune fille ne veut les porter ?

Kushida — Karuizawa-san ne peut vraiment pas ?

Kushida pensait que je pouvais la convaincre vu que nous sortions ensemble. Je pouvais toujours lui suggérer la chose, mais…

Moi — Elle a pris sa pause à 14h si je ne dis pas de bêtises.

Horikita — En effet. Avoir son aide à 15h est inutile.

Elles n’avaient pas non plus conscience qu’il aurait fallu 20 à 30 min en plus pour aller au dortoir et mettre les vêtements adéquats pour elle en dessous.

Ike — C’est le bon moment non ?

Ike, qui avait porté beaucoup de commandes depuis le temps, s’approcha.

Moi — Comment ça ?

Ike — J’ai entendu dire que vous étiez à court de personnel. Je me disais que vous pouviez peut-être laisser Satsuki s’en charger.

Horikita — Shinohara-san ? Elle pourrait prendre la relève ?

Ike — Je pense qu’elle en est capable. Qui plus est, elle avait un peu répété l’exercice de maid.

Nous nous regardâmes tous les trois quand nous apprîmes la chose. Shinohara se trouvait actuellement en cuisine.

Horikita — Tu peux l’appeler tout de suite ?

Cela tombait à un point nommé d’autant plus que Shinohara avait aussi recommandé Azuma comme deuxième maid.

Horikita — Ayanokôji-kun, comme tu le sais, j’ai ma pause à 15h. Il faudra recruter d’autres personnes lors de mon départ.

Moi — Ne t’inquiète pas pour ça. J’ai ma petite idée.

Il a fallu quinze minutes pour que Shinohara et Azuma apparaissent pour aider à contenir les clients qui attendent dans le couloir avec Kushida. Cependant, son expression de visage montrait qu’elle n’était pas satisfaite.

Kushida — Je n’ai pas l’impression que Shinohara-san soit un bon choix. Son accueil n’est pas top top et elle ne dégage rien de spécial.

Moi — C’est une urgence. Nous n’avons pas le choix.

Kushida — Hasebe-san n’est vraiment pas disponible ?

Moi — Elle est restée dehors toute la matinée. Qui sait, peut-être maintenant qu’elle est retournée au dortoir.

Kushida — Elle fait ça pour se venger de l’expulsion de Sakura ? Pourtant elle avait participé à nos réunions d’avant festival.

Moi — Elle ne faisait qu’observer, mais elle avait appris les choses.

Kushida — Elle est donc plus calée que Shinohara-san et Azuma-san.

Moi — C’était clairement bien joué de sa part, vu que l’on avait tout de même prévu de la faire participer au maid café. À l’heure actuelle, Haruka doit être avec Akito.

Kushida —… Je vois. Pourtant Ayanokôji-kun, tu es du genre à anticiper les choses avec un plan de secours non ?

Moi — Même si c’était évident, le nombre d’élèves dans la classe n’allait pas changer pour autant. Si on les avait mis à l’écart, Haruka et Akito auraient senti que quelque chose n’allait pas. J’ai estimé que c’était encore plus désavantageux de subir un sabotage surprise.

Kushida — Ce n’est pas non plus une vengeance si terrible.

Moi — J’aurais aimé que ce soit le cas.

Kushida — Comment ça ?

Moi — Haruka et Akito attendaient avec impatience le festival culturel pour y participer. J’imagine qu’ils comptent partir après.

Kushida — Tu veux dire qu’ils comptent rompre leur scolarité ?

Moi — C’est très probable. Et pour le coup, la baisse des points de classe serait inévitable et leur abandon causerait énormément de tort.

Kushida — Quel serait le montant des dégâts ?

Moi — L’estimation serait de 600 pc pour deux personnes.

Kushida — S…six-cent ?!

Moi — Ce n’est pas si surprenant. L’abandon est très sévèrement sanctionné dans cet établissement.

Sauf dans les cas d’examen impliquant une expulsion bien entendu.

Kushida — Mes chances d’entrer en classe A vont être compromises.

Même si c’était exact, il était intéressant de noter ce « mes » de sa part.

Moi — Ce sera difficile de s’en remettre en effet.

Kushida — Tu comptes rester les bras croisés ?

Moi — J’ai un plan, mais…

Je baissai les yeux pour regarder mon téléphone, mais la notification que j’attendais n’était pas encore arrivée.

Moi — Il y a eu un petit imprévu. L’élément clé n’est pas encore là.

Le sabotage de Haruka était un coup fatal imparable. Peu importe la défense, il n’existait aucun moyen de le déjouer sans en subir les conséquences. Si Haruka avait eu comme Kushida, la volonté de rester dans ce lycée en nous mettant des bâtons dans les roues, j’aurais pu trouver un moyen d’utiliser les règles pour forcer son expulsion. Il n’était pas difficile d’élaborer de petites combines, mais Haruka avait réalisé qu’elle était loin d’avoir mes compétences. C’était donc la stratégie la plus efficace pour elle.

Kushida — Est-ce que tout ira bien si tu laisses faire les choses ?

Moi — Ce n’est pas à moi d’en décider. La décision revient à Haruka et Akito. S’ils décident de ne pas participer alors nous n’y pouvons rien.

Kushida — Mais ce n’est pas ton genre Ayanokôji-kun.

Moi — Tu le penses vraiment ?

Kushida — J’essaie d’y croire. Qu’en tant que manager, tu n’abandonnerais pas Hasebe-san et Akito comme ça.

Apparemment, Kushida avait compris que j’allais tenter quelque chose.

Kushida — Tu as tenté de les convaincre un moment ?

Moi — Je ne savais pas jusqu’à maintenant ce qu’ils cherchaient à faire entre saboter le festival ou bien y participer. Mais vu qu’ils n’ont rien fait jusqu’à présent, j’ai une idée générale. Je vais les contacter.

Kushida — Tu as une idée d’où ils se trouvent ?

Moi — Je me suis préparé en conséquence

En exposant l’écran de mon téléphone portable, je montrai un message de quelqu’un qui envoyait les positions de Haruka.

Kushida — Tu as un allié très fiable à ce que je vois. C’est lui qui t’a dit où j’étais.

Moi — En effet. C’est la personne idéale pour chercher ou garder un œil sur quelqu’un.

Je saurai toujours où ils se trouvent.

Moi — Mais en fin de compte, je ne peux faire qu’un nombre limité de choses. Agir est une chose, les convaincre en est une autre. Bon, j’y vais.

Je laissai le Maid café entre les mains de Kushida et les autres, décidant de me rendre là où se trouvait Haruka.

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Je repassai devant la salle de classe et, après avoir ramassé le carton apporté ce matin, je quittai le bâtiment des cours pour prendre la route menant au Keyaki. J’arrivai finalement à un endroit avec des bancs que les élèves utilisaient pour se reposer. Il n’y a pas de stands de ce côté du chemin et donc personne. En approchant, je fus ainsi immédiatement repéré.

Hasebe — Je m’attendais pas à te voir ici, Kiyopon.

Haruka était assise sur un banc avec Akito, debout à côté. Ils me fixaient.

Moi — Je sais qu’Airi et toi aviez l’habitude de discuter ici après l’école.

J’avais été informé que Haruka et Akito se promenaient sur le campus aujourd’hui. Ils avaient choisi cet endroit symboliquement pour la fin.

Hasebe — Cela ne m’étonne pas d’un ancien du groupe Ayanokôji.

Haruka, qui me félicita sans rire, poursuivit immédiatement ses propos.

Hasebe — Qu’est-ce que tu fais ici ? Ce n’est pas comme si on avait gêné le déroulement du festival.

Moi — C’est sûr, mais vous n’avez pas aidé non plus.

Hasebe — Ce n’est pas faux.

Miyake — C’est surtout un problème pour toi, pas pour la classe.

Akito, qui n’était pas apparu depuis ce matin, avait émis une plainte.

Moi — Je comprends. Je sais ce que tu penses et je sais pourquoi tu te tiens à côté de Haruka.

Miyake — Ça n’a pas d’importance. Réponds à la question maintenant.

Moi — La raison de ma présence ici ? Nous avons plus de succès que prévu et nous avons du coup besoin de deux maids en plus.

Hasebe — Hmm, je vois. Si Airi avait été là, ça aurait été différent. On aurait pu participer toutes les deux et vous aider comme il faut.

Moi — Dans ce cas, Kushida n’aurait pas été là. Il faut dire qu’elle nous a bien sauvé la mise.

Hasebe — Du sarcasme de ta part… Ça te va bien.

Moi — Je ne fais qu’émettre un constat.

Quand Haruka était irritée, elle avait tendance à surinterpréter les choses.

Moi — Tu peux aider pour la dernière heure du coup ?

Hasebe — Tu connais la réponse. Inutile d’essayer de me convaincre.

Moi — Oui, la seule condition serait de ramener Airi ce qui est impossible. En tout cas, vous devez bien vous demander ce que contient cette boîte.

Je posai la boîte en carton sur le sol.

Moi — Je l’ai apportée pour toi.

Haruka me regarda tout de même avec méfiance.

Hasebe — Qu’est-ce que c’est ? Je ne veux pas être impliquée dans quoi que ce soit de bizarre alors sans façon.

Elle sortit une enveloppe de sa poche où il fut marqué « lettre de départ ».

Hasebe — Tu n’as pas l’air surpris.

Moi — J’avais pensé à la possibilité que tu quittes l’établissement après le festival culturel. J’imagine que c’est pareil pour toi Akito ?

Miyake — …Oui

Il sortit également une lettre similaire.

Hasebe — Tu es incroyable Kiyopon. J’imagine que ça explique pourquoi tu as pu expulser Airi avec autant de sang-froid.

En me disant ça, elle regardait dans le vide. C’était comme si elle me parlait depuis une autre dimension.

Hasebe — Airi attendait ce festival culturel avec impatience. C’était l’occasion pour elle d’être sur le devant de la scène et faire un grand pas en avant.

Frustrée, elle ferma les yeux et tapa le banc avec le poing.

Hasebe — J’ai décidé d’aller au bout et de le vivre pour elle.

Moi — Oui j’ai expulsé Airi. J’ai également utilisé ses sentiments pour gérer la situation. Je ne dirai pas que je ne suis pas à blâmer pour cela.

Hasebe — Elle avait besoin de moi. Et toi Kiyopon, tu avais besoin du groupe Ayanokôji. Tu t’es mis à sa place ? Être expulsé par la personne que tu aimes, tu imagines ça ?

Moi — Dans quel état elle est…Ce qu’elle pense. Éclaire-moi.

Elle se mit en colère, répliquant fortement à mon incompréhension.

Hasebe — Je parie qu’elle doit pleurer tous les jours. Elle doit être si frustrée… Je l’imagine dans un coin de sa maison en train de penser à tous nos bons moments passés ensemble !

Moi — C’est l’image que tu t’es fait d’Airi, non ?

Hasebe — C’est ce genre de fille ! Pourquoi tu ne comprends pas ?

Elle n’était pas en rage, mais montrait tout de même de la colère.

Hasebe — Kiyopon, tu n’es juste pas honnête avec toi-même ! C’est juste difficile de te dire qu’Airi est en dépression à cause de toi.

Haruka pensait que je fuyais la réalité.

Moi — Malheureusement, je ne vois pas les choses de cette manière. Je ne me soucie pas des élèves expulsés. Ce serait un gaspillage de ressources cérébrales que de se lamenter sur des suppositions.

Je savais que cela allait l’affecter, mais je préférais être honnête.

Hasebe — C’est dégueulasse… T’es vraiment le pire.

Haruka se leva lentement du banc après avoir m’avoir craché ça.

Hasebe — Airi n’a vraiment pas l’œil pour les mecs. Comment a-t-elle pu aimer quelqu’un d’aussi froid que toi ?

Elle s’approcha lentement, suffisamment pour être à distance de main.

Hasebe — Je ne veux plus te parler. Tu es devenu insupportable.  Tu veux peut-être mourir avec moi ?

Elle me placarda sa lettre de départ. Elle entendait par « mourir » de quitter l’établissement avec eux ? C’était une invitation bien diabolique, mais ces mots provoquèrent en moi une sensation déjà-vu bien nostalgique.

Hasebe — Pourtant Kiyopon, la perception des gens à ton égard est devenue plus négative depuis l’expulsion d’Airi. Et puis ce n’est pas comme si tu avais envie d’aller en classe A, non ? Alors pourquoi ne pas abandonner avec nous ?

Les relations étaient bien fragiles. Il a suffi d’un moment pour que cette scène arrive alors qu’elle semblait surréaliste il y a quelque temps.

Moi — D’accord, tu me pousses à partir, mais laisse-moi te dire une chose. Je n’accepte pas qu’Airi soit celle de ton imaginaire égoïste.

Hasebe — Quoi ? Qu’est-ce que tu insinues ?

Moi — Tu ne sembles pas vraiment comprendre les sentiments d’Airi.

Hasebe — Je la comprends mieux que quiconque ! C’est toi qui n’acceptes pas les faits !

Moi — Ne sois pas prétentieuse, Haruka.

Hasebe — !???

Avec cette intimidation de ma part, Haruka fut contrainte au silence. Akito, ayant mal interprété la situation, se mit par réflexe devant Haruka en tendant la main gauche pour la défendre.

Hasebe — Je suis juste un peu surprise. Tu peux reculer Akito, ça va.

Le danger suggéré par les instincts d’Akito n’était probablement pas quelque chose que Haruka pouvait percevoir. Tout en restant méfiant à mon égard, Akito baissa la main et recula un peu.

Hasebe — Prétentieuse, moi ? Qu’est-ce qui te rend si cool Kiyopon ?

Moi — Je dis juste que je ne veux pas parler à la place d’Airi en spéculant sur sa situation et en imaginant un narratif qui m’arrange. Seule Airi sait ce qu’elle pense et ce qu’il en est vraiment.

Hasebe — C’est toi qui ne comprends pas Kiyopon. Tu crois qu’elle voulait être renvoyée ?

Moi — Il est vrai qu’elle était dans la tourmente lors de son renvoi. Mais comment sais-tu ce qu’elle ressent maintenant ?

Hasebe — C’est juste la suite logique des événements.

Moi — Non. Dans ton esprit en revanche, Airi doit traverser une période difficile en ce moment, n’est-ce pas ?

Hasebe — ?

Moi — Ce qui te blesse, ce n’est pas qu’Airi soit expulsée, mais la disparition d’une existence dont tu avais besoin. Tu voulais garder cette Airi « inférieure » à tes côtés pour te donner une contenance en te faisant passer pour une grande sœur. Tu aimais le sentiment de supériorité et de satisfaction que ça te procurait.

Hasebe — C’est faux ! C’est ta défense pour l’oublier !

Elle nia fortement la chose, mais il y eut une légère lueur dans ses yeux.

Hasebe — Quand je pense à ce qu’elle doit ressentir là…Je…

Moi — Tu as vraiment pensé à ce qu’elle ressentait ?

Hasebe — J’y ai beaucoup réfléchi, oui !

Dans un échange que l’on pourrait décrire comme des lignes parallèles, seul le cœur de Haruka s’effritait.

Moi — Moi je ne suis pas aussi catégorique. Personne n’a la vérité.

Hasebe — Il n’y a aucun moyen de l’appeler de toute manière !

Moi — Il y a pourtant un moyen de le savoir. Et cette piste se trouve dans cette boîte. C’est très probablement ce dont tu as besoin.

Hasebe — Quoi ? Je ne te suis pas. En quoi j’aurais besoin de ça ?

Moi — Et si c’était le dernier message d’Airi ?

Hasebe — …Eh ?

Elle qui jusqu’à présent était dans le pathos, écarquilla les yeux. Akito, derrière elle, fit de même.

Hasebe — Impossible !  C’est toi qui as dû manigancer ça.

Moi — Le jour où l’expulsion d’Airi a été décidée, elle s’est arrangée pour m’envoyer un paquet. Probablement parce qu’elle savait que son temps lui était compté.

Le regard de Haruka se posa sur la boîte en carton posée à ses pieds.

Moi — Regarde l’expéditeur, tu verras que je n’ai rien fabriqué.

Haruka se pencha pour regarder l’étiquette collée sur la boîte en carton. Il y avait mon nom comme destinataire et le nom de la boutique en ligne comme expéditeur. J’ai découvert que cela venait d’elle après quelques recherches. L’instant d’après, Haruka tendit la main et essaya de décoller le scotch avec ses ongles. Après plusieurs répétitions, elle réussit à ouvrir le paquet. Il y avait dedans un uniforme de maid.

Hasebe — C’est…

Haruka avait dû comprendre la signification.

Hasebe — Je devais la porter avec…Ai…Airi…On devait le faire ensemble….. Pourquoi as-tu… ?

Moi — Il a réalisé la possibilité que vous soyez retenu et que vous ne participiez pas au festival. C’est pour ça qu’on était censé vous donner ça, pour empêcher que ça n’arrive, n’est-ce pas ?

Hasebe — Ai…ri.

Moi — Au moins, je peux sentir les sentiments forts d’Airi dans ce message. Elle n’a pas l’air d’être si triste. Quant est-il de toi Haruka ?

Hasebe — Airi… Airi… !

Haruka sortit la tenue de maid du carton pour la poser sur sa poitrine. Elle éclata en sanglots, laissant ses larmes déborder

Hasebe — Je voulais qu’on passe ce festival culturel ensemble… Je voulais donner le coup de pouce nécessaire à cette fille timide pour la regarder faire ses débuts avec Kiyopon… !

Je visualisais avec amertume cette scène qui, il est vrai, aurait pu se produire dans un avenir proche si l’examen n’avait pas eu lieu. Mais ce message d’Airi allait l’aider à comprendre et à tourner la page. Enfin, c’est ce que je croyais.

Hasebe — Tu…as…tort !

Essuyant ses larmes avec les manches de son uniforme, elle se leva en niant tout en bloc.

Moi — En quoi aurais-je tort ?

Hasebe — Ce n’est pas pour moi !

On ne pouvait pas changer les choses aussi facilement.

Hasebe — Elle était simplement frustrée ! Kiyopon, elle t’a envoyé ce colis avec du ressentiment pour te dire qu’elle voulait porter la tenue.

Chacun pouvait interpréter comme il le souhaitait vu qu’Airi n’avait pas laissé de message. Mais ce qui nous arrangeait n’était pas forcément vrai.

Hasebe — Si elle voulait vraiment que je porte cette tenue de maid, elle aurait dû me l’envoyer directement. Mais le colis était adressé à toi Kiyopon !

La différence de points de vue est assez intéressante. Je ne devais certainement pas écarter une telle hypothèse. Il était possible qu’Airi ait fait ça pour m’intimider après tout.  Ce serait intéressant en tout cas.

Miyake — Attends, Haruka. Je pense que c’est un peu différent.

Pour la première fois depuis un moment, Akito intervint.

Hasebe — Non ! C’est sûrement pour Kiyopon !

Miyake — Je pense que Kiyotaka a été choisi pour la réception de la tenue parce qu’elle voulait que vous vous revoyiez. Probablement pour que vous restiez amis.

Si elle avait reçu le paquet, un contact avec moi n’aurait pas été nécessaire.

Hasebe — C’est faux ! Archi faux !

Miyake — Je faisais aussi partie du groupe Ayanokôji je te rappelle. Airi est du genre à réfléchir comme ça.

Hasebe — Non, je ne pense pas !

Haruka se retourna pour se ruer vers Akito en serrant sa poitrine.

Hasebe — Je t’interdis de prendre les choses de cette manière ! C’est une excuse que tu te trouves pour pardonner à Kiyopon.

Miyake — Ce n’est pas mon intention.

Hasebe — Et même si c’était vrai, elle a perdu sa précieuse place ici et c’est un fait ! Je n’accepterai pas une amitié basée sur un sacrifice !

Miyake — Tu pourras imaginer ce que tu veux, cela n’aura aucun impact sur Airi. L’important est de savoir ce qu’elle est devenue.

Hasebe — Oui. C’est pour ça que je vais quitter ce lycée pour m’en assurer et retourner à ses côtés.

Après sa vengeance contre la classe, elle comptait rejoindre Airi. Pour Haruka, c’était la bonne décision à prendre.

— Ce que tu peux brailler. Prête à tout pour attirer l’attention.

Vinrent ici des mots calmes et froids qui suscitèrent la colère. Voir Kushida ici était inattendu. Elle s’approcha lentement de nous avec sa tenue de maid, ce qui donnait un ton absurde à l’atmosphère.

Moi — La situation est sous contrôle ?

Kushida — On vient juste d’installer de nouveaux clients alors j’ai un peu de temps.

Je ne savais pas si elle disait vrai, mais à mon avis, elle n’était pas partie sans permission. Elle me regarda dans les yeux comme pour confirmer la chose.

Hasebe — Qu’est-ce que tu fais ici ?

Haruka marquait un point.

Kushida — Ce que je fais ici ? Vous dire au revoir, je suppose. Après tout, Ayanokôji-kun m’a dit que vous alliez probablement vous barrer.

Haruka tourna son regard vers moi un instant, mais se repositionna vite sur Kushida

Hasebe — Ça c’est ta faute ma vieille ! Si t’avais pas tout fait foirer…

Kushida — Désolée, mais je ne regrette rien. Ça n’a pas été drôle pour moi non plus, mais ça m’aura ouvert de nouvelles portes.

Hasebe — En tout cas, je vais leur faire regretter de t’avoir gardée.

Kushida — Si tu veux quitter le lycée, ça te regarde.

Hasebe — N’en sois pas si sûre. C’est pas toi qui visais absolument la classe A ? C’est d’ailleurs la seule raison pour laquelle tu as autant pataugé dans la merde avec une classe que tu supportais à peine. Alors mon départ t’enlèvera ce plaisir.

Kushida — Se venger de moi est peut-être une bonne chose, mais est-ce que c’est ce que Sakura voudrait ?

Hasebe — Toi aussi tu vas t’y mettre ?! Qu’est-ce que tu sais d’elle ?

Kushida — Pas grand-chose pour être franche. Mais il se pourrait que tu sois limite plus déprimée qu’elle.

Hasebe — Huh ?

Kushida tombait tellement à pic que c’était à se demander si c’était un hasard. Que faisait-elle vraiment ici ?

Kushida — Sakura-san était faible. C’est pourquoi elle a été renvoyée.

Hasebe — C’est toi qui dis ça ? Humiliée comme jamais ?

Kushida — Oui je l’admets. J’ai touché le fond, mais ça restait supérieur à Sakura. Voilà pourquoi on m’a gardée.

En fait, Horikita avait décidé que Kushida était plus utile qu’Airi. Son rôle actif dans ce festival culturel l’a prouvé. Bien sûr, il ne faisait aucun doute qu’Airi aurait gagné en popularité s’il avait pu participer. Toutefois, d’excellentes compétences sociales, que ce soit le service à la clientèle ou la capacité de tenir une conversation avec des gens divers, ne s’acquièrent pas du jour au lendemain. Ce n’était pas le fort d’Airi. De plus, Kushida avait également bien réussi ses mi-exam du trimestre, ce qui la plaçait dans la première moitié du classement. Elle avait donc pleinement sa place.

Hasebe — Elle était faible… c’est pourquoi je voulais la protéger…

Kushida — La protéger ? Rien que ça.  C’est terriblement prétentieux de ta part. N’es-tu pas la seule à penser qu’elle restera toujours faible ?

Hasebe — Ne sois pas ridicule.

Kushida — Et en quoi le suis-je ?

Kushida n’était pas dérangée par le moindre mot de Haruka. Peut-être en raison de leur parcours de vie, elles avaient une maturité différente des lycéennes lambdas.

Kushida — Ayanokôji-kun. Peux-tu regarder ça ?

Kushida détourna son regard de Haruka pour venir me fixer.

Kushida — Chaque jour, je cherchais les secrets des autres. Après tout, je pensais que ça me rendait indispensable. Sakura n’y faisait pas exception.

Kushida ne négligeait personne. Une personne normale va uniquement se préoccuper des gens qui l’intéressent en ignorant tous les autres. Il fallait vraiment une force mentale exceptionnelle pour continuer de calculer tout le monde aussi longtemps.

Kushida — Avant qu’ils s’en aillent, j’ai considéré qu’il était judicieux de leur dévoiler quelques petits secrets. Je suis tombée sur ça.

Kushida brandit son téléphone. Une fois que je vis son écran, je me mis à le faire défiler.

Moi — C’est…

Kushida — On dirait que tu n’étais pas au courant non plus. J’aurais parié le contraire, Ayanokôji-kun.

Moi — Ça ne m’étonne pas de toi. Comment tu as trouvé ça ?

Kushida — Tu es quand même venu me demander conseil plusieurs fois avant. Du coup j’ai commencé à faire attention à certaines choses.

C’était il y a plus d’un an, avant même le groupe Ayanokôji. Haruka nous regardait, visiblement dépassée.

Kushida — Curieuse ? Il s’agit de ta Sakura préférée.

Kushida vit sa réaction et agita son téléphone de manière provocante.

Hasebe — C’est quoi ?

Kushida ferma son écran et s’approcha de Haruka, portable à la main.

Kushida — Je suis une garce, mais tu es pareille Hasebe-san. En fait tu te fiches de Sakura-san, tu regrettes juste de ne plus avoir un toutou dont tu peux t’occuper.

Il était intéressant de noter que Kushida était arrivée à la même conclusion. La différence de ton était la preuve de l’absence de concertation, ce qui faisait passer ça pour une vérité générale. Les yeux de Haruka semblaient montrer qu’elle était sur le point de s’effondrer.

Kushida — Ça fait combien de temps que t’as pas parlé à ta famille ?

La famille ? Une attaque inattendue qui obligea Haruka à répliquer aussitôt.

Hasebe — Arrête toi là !

Kushida — Pourquoi ? Si tu pars de toute façon, c’est pas grave si je le dis, non ?

Maintenant que j’y pense, Kushida en savait plus sur Haruka que moi.

Hasebe — Je voulais juste protéger Airi ! Être à ses côtés… Même si j’avais mes raisons.

Kushida — Je comprends ce que tu ressens, mais ton approche est erronée. C’est pour ça que tu n’as aucun vrai ami ici, je me trompe ?

Hasebe — Je…

Kushida — Enfin, on a un Maid Café à faire tourner. J’ai un peu autre chose à foutre que de te parler. Je te prie donc de disposer, ce n’est pas comme si ça allait t’apporter grand-chose de savoir ça maintenant.

Kushida s’arrêta net et tourna le dos à Haruka.

Hasebe — Attends ! Qu’est-ce tu as comme info sur Airi ?

Kushida — Tu veux savoir ?

Frustrée, elle s’approcha et attrapa l’épaule de Kushida.

Hasebe — Elle ne pouvait rien faire sans moi. Elle avait besoin d’aide !

Kushida — Tu crois ? Elle est beaucoup plus mature que tu ne le penses, Hasebe-san.

Haruka, s’emparant à moitié du téléphone, toucha l’écran du bout du doigt. Elle accéda à l’app du réseau social et tomba sur le compte d’une personne. Il s’agissait d’une application utile permettant aux étudiants de publier anonymement leurs états d’âme à toute la planète. Naturellement, les élèves de notre école l’utilisaient moins compte tenu de la politique restrictive de l’établissement, mais elle était très populaire en dehors.

Le nom du compte était « Shizuku », pseudo de Sakura Airi lorsqu’elle posait pour des photos sexy dans les magazines. Après certains incidents, Airi avait supprimé son compte, mais Kushida avait découvert qu’il avait été récemment restauré. Le compte avait été recréé il y a quelques jours seulement, pourtant il comptait déjà plus de 1 000 followers.

Hasebe — Ça doit être un mensonge… C’est Airi… ?

C’était tout à l’honneur de Kushida, qui cherchait toujours à recueillir des informations sur ses camarades.

Hasebe — Impossible qu’elle ait repris son activité ! Je suis sûr que vous avez créé un faux profil !

Kushida — Peut-être que tu devrais lire les publications, non ?

J’ai décidé de reprendre mes activités de mannequin, suspendues pendant longtemps.

Reprise de compte et première publication. Elle avait ensuite détaillé qu’elle s’était consacrée à ses études, dédiant son temps libre à ses amis. Elle publiait à plusieurs reprises des choses qu’elle seule pouvait connaître.

Je suis déterminée à faire tout ce qui est en mon pouvoir pour ne pas rougir devant cette personne qui m’est chère. Face à ma meilleure amie, je me tiendrai fière devant elle après sa remise de diplôme.

Moi — Il est vrai que tu l’as protégée jusque-là. Pour Airi, c’était peut-être difficile, mais elle a mûri à une vitesse folle depuis son renvoi.

J’ai enfin été auditionnée hier ! Nerveuse, mais heureuse !

Hasebe — C’est…

Haruka resta bouche bée devant le fait qu’elle ait réussi à passer la troisième phase de sélection.

Si j’ai voulu poursuivre une carrière dans le show-business, c’était pour faire entendre ma voix avant tout.

Cela peut être douloureux et triste, mais…. Je veux regarder vers l’avant. J’ai hâte d’y être alors je compte sur toi pour ne pas te perdre en chemin !

Bien sûr, il était possible de créer un faux compte en utilisant le nom de Shizuku. Mais difficile de faire la chose dans la mesure où l’audience qu’elle avait était le fruit de sa société de mannequinat. Haruka devait réaliser que c’était bien Airi derrière ce compte.

Hasebe — Et qu’est-ce que tu me reproches au juste ?

Kushida — Tu l’as surprotégée pensant qu’elle était inférieure à toi. Mais c’est depuis son départ d’ici qu’elle a vraiment évolué. Elle n’est pas restée bloquée.

Après avoir arraché de force le téléphone des mains tremblantes de Haruka, Kushida se tourna vers moi.

Kushida — Pour le coup, j’étais vraiment partie sans permission.

Elle afficha alors son sourire habituel malgré la tension ambiante.

Moi — Je comptais tout régler, mais tu as été plus efficace.

Kushida — Tu m’en dois une du coup, n’est-ce pas ?

Moi — Je pensais que ce n’était pas ton genre ?

Kushida — Je n’aime pas être redevable. En revanche ça ne me gêne pas qu’on le soit envers moi.

Elle nous quitta ensuite pour probablement retourner à son poste.

Moi — Elle ne perd pas le Nord.

Depuis que Kushida avait exposé son point faible, elle avait gagné en efficacité.

Miyake — …Haruka. Pour moi, c’est son vrai compte.

Akito était en train de regarder les publications de Shizuku sur son portable, allant dans notre sens. Haruka continua ensuite à dévorer des yeux les posts.

Moi — U…uh

Cette vision dévorante fut vite submergée par des larmes. Pour elle, Airi n’était qu’une assistée. Cette dernière marchait devant désormais. Elle luttait même, chose dont elle n’avait pas la force en temps normal. Et tout ça pour le bien de Haruka afin qu’elle ne se lamente pas.

J’étais stupide de penser que son expulsion était regrettable et qu’elle irait s’apitoyer sur son sort.

Moi — C’est une nouvelle expérience pour moi aussi de voir des gens partir comme ça. On a tendance à penser que tout s’arrête après une expulsion.

Cet unique paquet envoyé était en quelque sorte un dernier morceau de ce qu’elle était.

Moi — Mais finalement ça ne s’est pas passé comme attendu.

C’était en quelque sorte une renaissance, car elle avait pu recommencer à zéro. Voilà la grande différence entre la White Room et le monde extérieur. Mais peut-être que les disqualifiés de la WR ont su se relever comme Airi.

Moi — Et tu comptes suivre Airi en abandonnant volontairement ? Au-delà de la situation qui serait risible, je ne pense pas qu’Airi le prendrait bien si elle vous voyait débarquer à cause de ça.

Il n’était pas difficile d’imaginer ce qui arriverait à Haruka si elle menait à bien son plan. Elle ne serait pas accueillie avec de la joie, mais de la colère.

Hasebe — Je… ne sais plus quoi faire…

Moi — Il n’y a qu’une seule réponse. Être diplômée de la classe A est une chose, mais tu dois surmonter ces trois années et devenir quelqu’un qui n’aura pas honte de se tenir à ses côtés !

Airi ne cherchait plus Haruka alors que cette dernière cherchait Airi.

Moi — Au cas où, le coût de la tenue a été inclus dans le budget du festival.

Il n’y avait aucune garantie qu’on l’utiliserait, mais c’était toujours une bonne idée d’avoir un plan de secours. Ainsi, une personne pouvait porter cette tenue de maid et aider au café sans problème.

Moi — Je ne dis pas que tu seras aussi efficace que les autres maids, mais tu dois faire en sorte d’agir comme Airi le souhaite. C’est le devoir qui t’incombe en tant que meilleure amie.

Après avoir présenté de petites excuses à Akito et Haruka, cette dernière lui remit la lettre et s’enfuit, serrant l’uniforme de maid contre sa poitrine. Il lui restait peu de temps, mais bien assez pour être d’une grande aide.

Miyake — Kiyotaka… nos camarades de classe accepteront-ils Haruka ?

Moi — Kushida est bien là. Et puis avec Horikita et Yôsuke, quelle que soit la situation, il n’y aura pas de soucis.

Miyake — …je vois.

Akito rangea son téléphone et déchira les deux lettres en même temps.

Miyake — Je n’ai plus aucune raison de quitter ce lycée. Je veux rester avec Haruka jusqu’à la fin dans tous les cas.

Moi — Même si tu saisis la situation maintenant, le cœur de Haruka restera tout de même un peu isolé. Tu dois la soutenir.

Même si elle ne pouvait plus rire avec tout le monde maintenant, il lui restait encore plus d’un an sur ce campus. Le jour où elle retrouvera le sourire arrivera bien assez tôt.

Miyake — Nos camarades vont probablement me faire des reproches pendant un moment aussi.

Il se gratta la tête en riant un peu.

Miyake — Je me demande ce qui se serait passé si Kushida n’était pas intervenu. Qu’est-ce que tu aurais fait, Kiyotaka ?

Moi — Peut-être que je me serais avoué vaincu.

Je sortis mon téléphone pour me rendre sur l’app du réseau social. Je supprimai l’historique de recherche menant au compte de Shizuku. C’est à Kushida que revenait tout le mérite de cela après tout vu qu’elle avait parlé de la chose avant moi.

Moi — Allons au stand, Akito. Il nous reste encore un peu de temps avant la fin du festival.

Miyake — …Oui.

Il était environ 14h20.

La classe de Horikita avait réussi à récupérer les membres manquants.

2

Quand Akito se rendit au stand de nourriture, les garçons l’acceptèrent sans hésitation malgré leur air perturbé. Akito eut les yeux un peu rouges pendant qu’il effectuait les remerciements pour cet accueil chaleureux. Disons-le, il n’avait pas non été une figure centrale du conflit. Malheureusement Keisei, ancien membre du groupe Ayanokôji, était parti en pause.

À mon retour au Maid Café, la longue file d’attente était toujours présente. Kushida se promenait en gardant le sourire et en servant aux nouveaux arrivants des biscuits. Aussi bien les adultes que les enfants étaient enjoués par la présence de Kushida qui attirait tous les regards. J’étais désolé pour Auzuma qui malgré ses grands efforts, n’arrivait pas à la cheville de Kushida

Satô — Soyez les bienvenues très chers maîtres.

Satô les accueillit tandis que les deux invités saluèrent les maids à leur tour en arrivant. Et puis un autre client fit son apparition et fut emmené à une table vide. Il n’y avait pas beaucoup de tables et de places pour mettre l’accent sur le décor, mais nous avions effectué un remaniement entre temps pour avoir plus de clients installés. On pouvait du coup se laisser un peu aller, mais il fallait rester sérieux jusqu’à la fin du festival.

Kushida — Tu es déjà là.

Après avoir entendu Kushida s’exprimer depuis le couloir, je vis une personne dont j’attendais la venue depuis un petit moment.

  • Hah, huh, huh ! Pas évident de courir !

C’était une Haruka essoufflée qui venait de faire son entrée. Tandis que ses épaules oscillaient de haut en bas à cause de la fatigue, les autres maids eurent pendant un instant le regard rivé sur elle avant de se reconcentrer sur leur tâche. Ainsi, personne ne lui posa de questions.

Kushida — Hasebe-san, où t’es-tu changée ?

Hasebe — Dans les toilettes des filles. J’ai eu du mal.

Kushida — J’imagine.

Devant une foule nombreuse, c’est une Kushida au visage angélique qui accueillit Haruka avec un sourire en coin.

Hasebe — Tu peux me briefer ?

Kushida — Demande à Horikita-san, je suis assez occupée.

Horikita, en tenue de maid, appela Haruka depuis la salle d’attente.

Horikita — Merci d’être là.

Après ces quelques mots de Horikita, cette dernière lui tapota doucement le dos avec une expression sérieuse.

Horikita — Je pensais que tu ne viendrais pas aujourd’hui. Tu es enfin arrivée à une conclusion je suppose.

Même si elle ne s’était pas encore totalement remise de sa course, Haruka répondit par un hochement de tête en guise d’excuse, calmant sa respiration.

Horikita — Tu ne t’es pas beaucoup entraînée. Tu ne seras sûrement pas aussi vive que Satô-san mais nous sommes tellement débordés que j’accepterait même l’aide d’un chat.

Elle allait se retrouver dans une âpre bataille. C’était inévitable pour elle.

Horikita — Je peux vraiment compter sur toi ?

Hasebe — Ne t’en fais pas. Je ne ferai rien pour ruiner vos grands efforts. Mais je comprendrais que tu ne veuilles pas me croire.

Horikita — Non, je te crois.

Sans hésiter, Horikita afficha sa confiance.

Hasebe — Pourquoi ça… ?

Horikita — Je peux le voir dans tes yeux. Ayanokôji-kun t’a convaincu, n’est-ce pas ?

Hasebe — Huh. Et pour Kushida-san, je ne m’attendais pas à ce que tu réussisses à la faire participer en tenue de maid.

Horikita — Je me demande comment elle arrive à tenir d’ailleurs.

Horikita n’avait apparemment pas remarqué l’absence de Kushida, peut-être parce qu’elle était occupée.

Horikita — De toute manière, tu n’auras pas d’autre choix que de garder ton ressentiment à mon égard jusqu’à la fin du festival.

Hasebe — Je le sais bien.

Horikita — Tu seras donc chargée de servir les boissons fraîches aux clients qui ont des verres vides. Bien entendu, tu peux participer aux séances photo si quelqu’un te réclame. Ça te va ?

Hasebe — Quand faut y aller, faut y aller.

Maintenant que Haruka était arrivée aussi loin, elle ne pouvait plus se plaindre de quoi que ce soit.

Horikita — Je dois prendre ma pause à 15h donc je compte sur toi. Ayanokôji-kun, soit là pour la soutenir en cas de besoin.

Moi — Tout ce que je peux faire c’est prendre de bonnes photos.

Après avoir effectué des dizaines des photos aujourd’hui, j’avais fini par prendre le coup de main. Haruka hocha la tête, après m’avoir regardé et pris une profonde inspiration. Quand elle sortit de la salle d’attente avec une carafe d’eau et une rondelle de citron, elle commença à se déplacer dans le café. Elle se présenta à la table des clients en s’inclinant en toute courtoisie. Bien sûr, ce n’était pas facile et je n’étais pas bien placé pour critiquer quoi que ce soit, mais ce manque d’expérience pouvait rendre les gens compréhensifs. S’ajoutait à cela son côté séduisant qui attirait naturellement la sympathie auprès des autres.

Hasebe — Que l’on gagne ou non, on n’aura au moins tout donné.

Moi — Tu as raison.

Satô — Ayanokôji-kun. Hasebe-san est appelée pour trois photos !

Je me mis en place immédiatement pour préparer les séances. Horikita était également prête à faire un dernier effort avant de partir à sa pause.

Horikita — À plus tard.

Lorsque Horikita quitta la salle d’attente, je me focalisai sur le tableau. Ce dernier était conçu de manière à ce que l’on puisse voir en un coup d’œil qui avait été le plus nommée pour les photos. Sans surprise, Kushida fut la première avec 56 photos alors qu’elle s’était absentée un moment. Satô était arrivée en deuxième place, mais loin derrière avec 24 photos. Horikita n’en avait eu que 11, probablement parce qu’elle n’était pas souriante.

Pourtant Horikita était au-dessus de Kushida en termes de beauté stricto sensu, mais là n’était pas la question. Il fallait d’abord avoir du charme et ensuite susciter la sympathie.

Moi — Même si tu donnais tout Haruka, ça va être dur d’être au niveau de Kushida.

Alors que je me tins devant elle avec mon appareil photo, une nouvelle commande arriva tandis qu’un client voulait une photo avec Kushida.

Moi — Haruka, je vais prendre la photo.

Hasebe — …Hum, oui.

Son expression était dure, peut-être parce qu’elle hésitait encore à me regarder. Je cherchais le bon moment pour déclencher la photo, mais…

Hasebe — Tu as besoin de Yôsuke ?

Moi — Attends, c’est bon.

Je marmonnai plusieurs fois avant que Haruka ne lève la main pour prendre la pose. Ce n’était pas un grand sourire, mais c’était suffisant pour une photo. Il y eut ainsi une photo la montrant seule et deux autres avec un client.

3

15h arriva enfin.

Je quittai le Maid Café pour préparer le plan final. Personne ne connaissait le montant exact qu’il fallait avoir pour finir premier.

Bien entendu, il suffisait d’avoir plus de la moitié des points en circulation pour s’emparer de la première place, mais le système rendait impossible la chose.

Il fallait donc gagner un maximum de points tout simplement.

Les cafés à thème des classes de Horikita et de Ryuuen rencontraient un certain succès.

Il faut dire que la compétition entre nos deux cafés avait surpris de nombreuses personnes. Elles faisaient donc tout pour faire gagner les deux classes.

Un nouveau changement se produit lorsque je m’approchai du café à thème traditionnel pour faire du repérage. Une longue file de clients attendait pour entrer à l’intérieur. La participation était donc tout aussi importante ici que chez nous. Les élèves de la classe de Ryuuen étaient tellement occupés qu’il était impossible de trouver un moment pour leur parler. La différence entre nos gains ne devait pas être énorme, mais rien n’était sûr. Il y avait aussi d’autres attractions après tout.

Moi — Désolé de vous avoir fait venir ici Chabashira-sensei.

Une règle stipulait qu’elle ne pouvait pas utiliser des points pour sa classe.

Moi — Avez-vous fini d’utiliser vos points privés ?

Mlle. Chabashira — Il me reste 80 points. Autant dire qu’il ne me reste plus rien, pourquoi ?

Elle devait donc avoir du temps libre devant elle.

Moi — Vous êtes disponible en cette fin de journée ?

Mlle. Chabashira — En effet, je n’ai plus rien à faire de particulier hormis attendre la fin du festival.

Elle semblait confuse quant à sa convocation ici. Malgré le café traditionnel de la classe de Ryuuen en décor, je ne mentionnai rien quant à la possibilité de perdre face à eux au vu du succès de leur thème. Chabashira-sensei pouvait comprendre la chose d’elle-même.

Moi — J’aimerais demander votre coopération pour la dernière heure.

Mlle. Chabashira — Attends Ayanokôji. Coopération ? Je ne comprends pas. Les enseignants ne peuvent que dépenser des points.

Ce n’était pas ce que j’attendais d’elle aujourd’hui.

Moi — Je veux vous demander de porter l’uniforme de maid pour booster nos ventes.

Voici ce plan gagnant que je communiquai sur-le-champ.

Mlle. Chabashira — Quoi ? Une maid moi ? Elle est bien bonne celle-là. Je ne suis pas sûre de bien te suivre.

Moi — Je viens de vous le dire. On fait ce qu’il faut pour gagner.

Mlle. Chabashira — Pourquoi devrais-je porter l’uniforme de maid ? Je suis un professeur et celui de votre classe en plus de ça. Je ne peux pas me permettre de vous favoriser plus qu’une autre.

Moi — Ce n’est pas le cas. Cette fois la règle veut que les enseignants soient traités comme des invités. La seule règle est de ne juste pas utiliser les points pour sa classe. Rien ne dit aussi que seuls les étudiants doivent participer aux activités. Nous sommes donc libres de faire appel aux invités pour avoir de l’aide. C’est certes tiré par les cheveux, mais s’il y a consentement mutuel alors tout est bon.

La dépense des points du festival pour des achats personnels dans une supérette du campus, au Keyaki ou ailleurs était une violation claire du règlement. Ces points ne devaient être dépensés que dans les stands évènementiels. Mais concernant l’utilisation de la main d’œuvre, il n’y avait pas de limite. Chabashira-sensei semblait sans voix, comme si son esprit ne s’était pas encore remis de ses émotions.

Moi — Je vais vous donner un exemple. Si un élève souffre de vertige, car il porte quelque chose de lourd et qu’un invité l’aide jusqu’à l’endroit désiré, est-ce une violation du règlement ?

Mlle. Chabashira — … Non ce n’est pas interdit.

Moi — Voilà. Si par exemple la 1eA demande de l’aide à la 1eD avec le prêt d’un de leur élève, est-ce un problème ?

Les motifs de ces prêts pouvaient être variés. Cela pouvait être de l’aide bénévole, du sabotage ou un échange suite à un accord. L’établissement n’allait en tout cas pas sanctionner ces interactions. Il n’y avait qu’à marcher pour en voir d’ailleurs. Ce n’était pas si rare.

Mlle. Chabashira — Il n’y a… pas de problème non plus.

Moi — Votre coopération ne constitue donc pas une violation.

Mlle. Chabashira — Cela peut être considéré comme du favoritisme.

Moi — Effectivement même si rien ne l’interdit, il se peut que certains le voient comme ça.

C’est pourquoi il fallait être bien transparent.

Moi — Nous paierons les points privés en conséquence. Je suis sûr que l’établissement a exploré cette possibilité en amont.

Mlle. Chabashira — D’une certaine manière…

J’avais visé juste au vu de son expression. Chabashira-sensei a eu de multiples classes par le passé. Il était naturel que l’établissement fasse diverses suppositions même si ce festival était une première. Il fallait partir du principe que les points privés ici étaient une arme très puissante. Ils pouvaient aussi bien être utilisés pour des achats du quotidien que pour des situations requérant une action humaine.

Moi — Ici, les points privés achètent tout. En quoi est-ce différent ?

Nier cela, c’était rejeter l’essence même du système et ce serait la disqualifier en tant que professeur. Elle ne pouvait en aucun cas fuir. Paniquée, elle commença à lire le règlement sur son téléphone.

Mlle. Chabashira — 100 000 pp/h pour l’aide d’un professeur.

Il y avait donc bien des règles en coulisses pour les professeurs. Tout était minutieusement préparé comme l’utilisation des points pour acheter des énoncés types d’examen.

Mlle. Chabashira — C’est une grosse somme. Tu es sûr de toi ?

Moi — Bien entendu.

De base, demander l’aide d’un enseignant est inutile s’il n’y a pas eu de préparation à l’avance. Ce serait gaspiller de précieux points. Surtout dans le cadre de la restauration où la marge de manœuvre est limitée. Mais selon comment c’est utilisé, cela peut s’avérer très efficace.

Mlle. Chabashira — Es-tu vraiment, vraiment, vraiment sûr ?

Moi — Vous vous répétez un peu Chabashira-sensei. Comme je suis pressé, je vous redemande votre coopération même si cela ne vous plait pas.

Vu le prix, chaque minute était précieuse.

Mlle. Chabashira — Pourquoi ne demandes-tu pas à Chie de le faire pour toi ? Elle est meilleure que moi pour ce genre de choses. Je suis sûre qu’elle jouerait le jeu jusqu’au bout.

Moi — Peut-être mais je ne cherche pas quelqu’un de compétent, mais bien le contraire. Plus il y aura de maladresse et plus ce sera efficace.

Mlle. Chabashira — J…Je ne comprends pas du tout ton raisonnement.

Lorsque l’on détestait quelque chose au fond de soi, cela se vérifiait que l’on ne la comprenait pas. C’était bien pour ça qu’elle était parfaite pour mon plan.

Moi — Nous manquons de temps, alors aidez-moi s’il vous plaît.

Je lui forçai la main en lui transférant les points privés depuis de mon téléphone.

Mlle. Chabashira — C’est lâche de ta part, Ayanokôji ! Tu utilises les règles de l’établissement à ton avantage.

Bien au contraire, c’était une façon bien frontale de se battre.

Mlle. Chabashira — Je n’ai aucune idée de comment marche un maid café. Je ne sais pas ce que tu attends de moi.

Moi — Mais je n’attends justement rien de vous, professeur.

Le fait qu’elle soit présente en tenue de maid dans notre café suffisait à nous donner la victoire.

4

Poussant la réticente Chabashira-sensei dans les vestiaires, j’envoyai un texte préparé à l’avance depuis mon portable à tous mes camarades pour que ceux d’entre nous disponibles préviennent un maximum de gens que notre professeur allait aider à la dernière heure en tenue de maid. Comme prévu, l’annonce se propagea rapidement grâce au bouche à oreille. Pour les professeurs, il s’agissait d’un événement limité à ne pas rater, car difficile de mettre en place. La situation devint tumultueuse à tel point que les murmures avaient laissé place à l’agitation. Notre Chabashira-sensei, habillée en maid, se rua vers moi le visage rouge vif.

Mlle. Chabashira — Je suis là Ayanokôji ! Fais-moi entrer vite !

Moi — Vous vous êtes fait attendre.

Je ne voulais pas qu’on l’observe gratuitement alors je la fis entrer.

Mlle. Chabashira — Alors, qu’est-ce que je suis censée faire ?

Moi — Rien de spécial. Rester sur place suffira.

Mlle. Chabashira — Quoi ?

Moi — Je vous avais dit que je n’avais pas besoin de compétences particulières. J’ai hâte de travailler avec vous.

Elle fut ainsi laissée dans un coin, livrée à elle-même. Ne parlant à personne, et bien embarrassée, elle cherchait quelqu’un pour la soutenir., mais en vain. C’était pour ainsi dire le summum de l’érotisme, un grand changement nécessaire pour la politique de notre Maid Café. Notre plus grande préoccupation était le nombre accru de visiteurs dans la file d’attente. Il était nécessaire d’y aller frontalement en proposant un coût de 1000 points pour ceux qui voulait éviter l’attente et qui étaient prêt à rester debout. Certains pouvaient se plaindre, mais c’était un risque à prendre.

Kushida — Un standing Room only[1]. C’est du jamais vu pour un Maid Café.

Moi — C’est ce qu’on appelle le « deuxième espace ».

L’idée était d’utiliser tous les espaces possibles pour que les clients puissent consommer à l’intérieur, que ce soit debout ou à même le sol. Pour cela il fallait utiliser les coins perdus où aucune table ou chaise ne pouvaient être placées. Il y avait aussi la photo avec Chabashira-sensei que j’allais fixer à 2000 points soit deux fois le prix d’une photo avec une maid lycéenne. Je me dépêchai de noter le tarif sur le tableau.

Kushida — C’est énorme ! Les gens accepteraient de payer ça ?

Moi — Regarde derrière toi.

Après s’être détournée du tableau, Kushida vit que les clients qui avaient payé en acceptant de rester debout, disparaitre un à un du couloir. Il y avait beaucoup de professeurs des autres années scolaires venus pour ne pas rater l’occasion vu qu’ils pouvaient dépenser sans restriction pour les stands des classes de première. Il y avait aussi les employés du centre commercial Keyaki de présent, eux qui voyaient Chabashira-sensei dans leur quotidien en l’ayant érigé comme une dame de fer. C’est ainsi que des vagues de visiteurs adultes se succédèrent, ruinant notre dur labeur jusqu’à présent ce qui était quelque peu déprimant. Certains invités provenant de l’extérieur ne comprenaient pas la ferveur et furent tentés de jeter un coup d’œil malgré tout. Il y avait ainsi une vingtaine de personnes debout à l’intérieur et la longue file d’attente ne diminuait pas. Bien au contraire, elle s’allongeait.

Kushida — Il y a beaucoup de gens Ayanokôji-kun.

Stupéfaite, elle s’était laissée submerger par tous ces adultes qui pressaient.

Moi — Pour être honnête, je ne pensais pas que ça irait aussi loin.

Kushida — Quand as-tu commencé à concevoir un tel plan ?

Moi — Il y a une quinzaine de jours. C’était un peu l’arme secrète.

Kushida — Et que ce serait-il passé si l’on avait commencé plus tôt… ?

Moi — Peut-être que l’on aurait eu plus de revenus sur deux ou trois heures, mais on aurait aussi pris le risque d’être imité.

Kushida — Je vois.

Moi — Là, il reste moins d’une heure. Personne ne pourra nous copier.

D’autres classes auraient pris le risque de faire participer leur professeur ce qui aurait fait diluer la ferveur. Se montrer à la dernière heure était le meilleur coup possible à jouer vu que l’on insistait sur le caractère surprise et limité de l’événement. Kushida avait bien aidé pour répandre l’information.

Kushida — Ça m’étonnerait que je puisse te battre.

Moi — ?

Kushida — J’ai réalisé une fois de plus à quel point tu es incroyable. Ce serait vraiment gênant de t’avoir comme ennemi.

Moi — Tu n’as pas l’air de le prendre bien, Kushida-san.

Kushida — Est-ce parce que je suis à moitié heureuse d’être ta  camarade ou bien à moitié heureuse que tu aies été un adversaire ?

C’était du 50/50, mais la deuxième partie était plus probable.

— Ne poussez pas ! Faites la queue ! Ne poussez pas !

Sudou et les autres se précipitent pour aligner les gens, mais il s’agissait de contenir une foule curieuse. Nous avions tout de même des revenus à engranger alors nous avions soigneusement fait en sorte de fermer les fenêtres en obstruant bien la vue. À moins de briser les vitres, les invités n’avaient d’autres choix que de faire la queue contre leur volonté. Pendant ce temps, le nombre de personnes souhaitant être photographiées avec Chabashira-sensei ne faiblissait pas. Les clients qui étaient entrés dans le Maid Café ainsi que ceux déjà présents, avaient levé la main les uns après les autres pour avoir une photo avec elle.

Moi — Vous allez probablement être celle qui engrangera le plus de recettes juste en ne faisant rien, sensei.

— Bloquez le flux des invités pour le moment !

S’écria Mii-chan, annonçant le fait que même le deuxième espace était occupé.

Kushida — On ne pourra pas aller plus loin. Le flux en en salle n’a toujours pas diminué et il y a beaucoup de gens encore dans la file. On devrait déjà être heureux pour cette vingtaine de clients debout gagnés.

Moi — On peut mieux faire. Les clients qui restent maintenant font la queue parce qu’ils ont de l’argent. Je ne les laisserai pas partir.

Kushida — Mais… Peut-être que les tables pourraient être déplacées à l’extérieur, non ? Mais ça fera beaucoup de travail de les déplacer surtout avec toute la vaisselle.

En effet, mais nous avions atteint notre limite à l’intérieur.

Moi — C’est le moment d’utiliser le « troisième espace ».

Kushida — Quoi ? Un troisième espace… ?

Je me tournai vers tous les clients de la file d’attente pour les interpeller.

Moi — Nous sommes vraiment désolés, mais le Maid Café est complet. La file doit donc fermer.

J’eus droit à de nombreux regards sévères.

Moi — Toutefois en guise de faveur, vous aurez le droit de voir l’intérieur du café en dépensant le reste de vos points.

Ce nouvel espace était ce couloir où l’on formait les files. Les portes allaient grandement s’ouvrir ainsi que les fenêtres pour permettre aux visiteurs de consommer.

Kushida — Tu comptes vraiment utiliser le couloir ?

Moi — En effet.

Kushida — Mais tu es sûr par rapport au fait qu’ils doivent vider leur reste de points ? Si c’est un petit montant ça va, mais dans le cas contraire ?

Il était en effet logique de se dire qu’il était peu probable de dépenser une grande somme de points même pour Chabashira-sensei.

Moi — Ce n’est pas un problème, car le temps presse.  Et puis même s’il restait 10 000 points à un invité, dans quoi allait-il les dépenser vu l’heure de la journée ?

Kushida — C’est vrai qu’ils devront rendre ces points à la fin.

Moi — Oui. Ils doivent les restituer dans tous les cas alors autant tout dépenser. Il n’est pas exagéré de dire qu’un point ou mille points ont la même valeur pour les invités dans la phase finale du festival.

Et même, plus ils avaient de points et plus ils seraient tentés de tout dépenser ici pour finir en beauté. Il y avait aussi pas mal de personnes qui avaient attendu longtemps et qui n’étaient toujours pas parties.

Moi — Veuillez patienter pendant que nous venons récupérer votre commande.

Je donnais ainsi les instructions et envoyai plusieurs personnes pour récupérer les commandes de ces nouveaux clients. Je les alignai ensuite dans le couloir à un endroit où ils pouvaient voir l’intérieur du café.

Moi — Vous pouvez ouvrir les rideaux !

Les rideaux des fenêtres s’ouvrir brusquement, prenant par surprise Chabashira-sensei. Pour elle, c’était une sorte d’exécution publique. Mais il n’y avait pas à se sentir mal pour elle, car tout avait été fait dans les règles.

— Oh alors elle ressemble à ça…

Un professeur marmonna cela vraisemblablement impressionné par la vue de cette personne du sexe opposé qu’il connaissait. Que ce soit pour des célibataires ou des collègues, c’était une scène intensément stimulante.

Ainsi, Chabashira-sensei fut la bête de foire du maid café jusqu’à 16h.

Elle arriva première dans le classement des photos devant Kushida, avec 63 photographies.


[1] Un événement est qualifié de Standing Room Only lorsqu’il y a tellement de monde que toutes les places de la salle sont occupées. Cela ne laisse ainsi que les marches (ou autre espace libre sans sièges) pour assister à l’événement.  C’est aussi une façon de vendre un produit rapidement en disant à l’acheteur que beaucoup de gens vont se l’arracher et que c’est en quantité limitée

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