CLASSROOM Y2 V7 : CHAPITRE 4

Réunion de veille de festival

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Traduction : Thony
Correction : Kenshiro & Raitei
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Le temps passait rapidement car nous étions déjà le vendredi 12 novembre. La veille du festival vint ainsi très vite avec toutes les classes méticuleusement préparées. Cette journée orchestrée par le Conseil des élèves faisait office de répétition, cruciale pour le festival culturel commençant demain. Tous nos camarades, à quelques exceptions près, s’étaient mis en mouvement pour les quatre attractions de la classe.

En premier lieu, il y avait eu la présentation du maid café où l’essentiel des achats se résumait à du thé ou du café. Il y avait également une séance photos avec les maid. Cette dernière était particulièrement optimale dans la mesure où le tarif était élevé pour un temps minimal. C’était clairement la meilleure source de revenue.

Les deuxièmes et troisièmes attractions consistaient à présenter deux petits stands en plein air. L’un vendait des mets japonais à base de farine comme les Takoyaki et des Okomiyaki tandis que l’autre des mets occidentaux, eux aussi à base farineuse. Ces stands étaient auto-suffisants et permettait aussi de prendre les commandes de boissons pour s’installer au maid café. À chaque commande passée, un élève chargée du transport se présentait pour la livrer. La dernière animation était un quiz en plein air pour les enfants, qui fut ajouté à la dernière minute grâce au budget supplémentaire.

Moi — Tu n’aurais pas dû garder Hasebe ?

Haruka venait de sortir de la classe avec Akito la suivant au pas.

Horikita — Nous n’y pouvons rien. Profitons de cette occasion pour voir si tout se passe bien sans Kôenji, Hasebe et Miyake.

Mais ces trois-là n’étaient pas les seuls à ne pas se montrer coopératifs. Dans les semaines précédant le festival, Kushida avait à peine participé aux préparatifs du festival, rentrant directement chez elle après les cours. Elle savait seulement qu’elle était chargée du service clientèle du maid café, et avait contacté plusieurs fois Horikita pour avoir son point de vue.

Satô — J’aimerais faire quelques vérifications avant l’événement de demain, et aussi répéter un peu. Tu as du temps aujourd’hui ?

Satô s’approcha quelque peu audacieusement d’elle, faisant de son mieux pour qu’on ne remarque pas sa présence. Kushida, qui venait de quitter sa place, s’arrêta et la regarda.

Kushida — Désolée, Satô-san. J’ai un impératif.

Ce n’était pas la première fois qu’elle utilisait cette excuse ces derniers temps.

Satô — Tu es comme ça depuis le début. Tu es vraiment avec nous ?

Horikita tenta de se lever pour éviter que cela ne dégénère mais Yôsuke, qui se tenait à côté d’elle, l’en empêcha, comme s’il avait prédit la chose. Il était impossible d’avoir une classe unie si on se mêlait de tout. Il valait parfois mieux laisser les gens régler leurs soucis entre eux. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas le comportement habituel de Yôsuke. Il avait dû se dire qu’il valait mieux éviter que les autres pensent que Horikita octroyait un traitement de faveur à Kushida.  Horikita elle-même avait dû comprendre mais cette joute verbale promettait d’être inoubliable.

Kushida — Ne t’en fais pas.  Je ne compte pas mettre des bâtons dans les roues à la classe. Je vais être sérieuse pour le festival.

Satô — Mais Kushida-san, tu ne t’es même pas entrainée. Tu vas quand même avoir un rôle important de maid.

Il n’y avait clairement pas meilleur jour pour s’entrainer aujourd’hui. Jusqu’à présent, Satô avait accepté sa non-participation mais c’en était trop pour elle. Kushida ne voulait également pas faire marche arrière.

Kushida — Si c’est le cas, pourquoi ne pas me retirer du projet ? Mais je ne pense pas qu’il y ait d’autres candidates décentes.

C’était une déclaration impitoyable mais vraie. Le physique de Kushida était un atout réel pour le rôle. Elle était difficilement remplaçable.

Kushida — Alors on se voit au festival demain. Salut !

Même si elle n’avait pas changé son ton aimable habituel, on pouvait percevoir une certaine froideur dans son comportement. Et c’est ainsi qu’elle quitta la salle sans sourciller. Avait-elle vraiment quelque chose de prévu ou bien ne voulait-elle plus passer de temps avec les gens de la classe maintenant qu’ils connaissaient sa vraie nature ? Évidemment, l’ambiance de la classe s’était dégradée mais on ne pouvait rien y faire.

Matsushita — Horikita-san, le jour J arrive demain. Pour moi, Kushida-san doit être retirée de l’évènement.

Matsushita, incapable de supporter la vue du visage frustré de Satô, se plaignit directement à Horikita.

Horikita — Je comprends mais il n’en est pas question pour le moment.

Matsushita — Elle ment ! Elle ne peut pas être occupée tous les jours.

En fait, le comportement récent de Kushida laissait perplexe. Il était logique de prendre ses distances avec les gens depuis l’examen du consensus mais elle ne participait clairement pas à la vie de classe.

Horikita — Peut-être. Je ne comprends pas non plus ses réactions.

Matsushita —Alors…

Horikita — Mais ne t’inquiète pas. Elle pense au festival et au maid café à sa manière. Je crois en Kushida-san.

Matsushita —Eh bien, je suppose de voir quelqu’un y croire aide à y croire.

Elle n’avait pas l’air convaincue mais hocha la tête, se tournant vers Satô. Cette fois-là, Matsushita mettait vraiment du cœur à l’ouvrage, peut-être parce qu’elle faisait partie des organisatrices.

S’il est vrai que la non-participation de Kushida aux répétitions était une source d’inquiétude, Horikita n’avait pas l’air plus alarmée que ça. Au contraire, son expression affichait de la confiance ce qui calma Matsushita. Cette dernière avait d’ailleurs quitté la salle de classe.

Il fallait maintenant attentivement observer la situation.

1

Nous étions dans le bâtiment spécial du RDC, au stand 02.

Nos camarades, notamment menés par les filles, décoraient toujours la salle de classe vide. Il était intéressant de noter qu’elles étaient plus aptes à décorer que les garçons alors il était logique que Horikita mène la danse.

Contrairement à nous, la classe de Ryuuen avait opté pour un maid café de style traditionnel japonais. Quant à la nourriture et aux boissons, c’était aussi complétement différent. On avait droit à des mets et du thé typiquement japonais.

Alors que les préparatifs étaient toujours en cours, j’aperçus une certaine présence. Il y avait une fille assise seule sur une chaise, en train de lire un livre, ayant un accoutrement traditionnel.

Moi — Salut.

Lorsque Hiyori remarqua ma présence, elle leva son livre pour ne laisser entrevoir que ses yeux pour je ne sais quelle raison.

Moi — Ça fait un petit moment. J’ai cru comprendre que tu ne venais plus à la bibliothèque ces derniers temps.

Hiyori — Disons que je ne viens plus vraiment aux mêmes heures.

Je trouvais bizarre qu’un rat de bibliothèque comme elle ne vienne plus. Je me disais bien qu’elle venait dans une autre tranche horaire.

Moi — Je suppose que tu vas t’occuper de la caisse.

Hiyori — La comptabilité me convient. Je ne suis ni douée pour interagir avec les autres ni assez entrainée pour servir les plats comme il faut à cause de ma maladresse.

Ce rôle statique lui convenait en effet mieux. Je ne m’inquiétais pas pour elle.

Hiyori — Au fait, Ibuki-san participe également.

Moi — Ibuki ? Je ne l’imaginais pas accepter ce genre de tenue.

Hiyori — Elle a fait un pari avec Ryuuen-kun. Si elle gagnait, elle était libre de faire ce qu’elle voulait lors du festival.

Moi — J’imagine qu’elle a perdu.

Elle sourit un peu bizarrement, comme si elle se souvenait de ce moment-là.

Moi — Alors, où est notre perdante ?

Hiyori — Elle ne veut porter la tenue que pour le festival.

Ryuuen avait été compréhensif. J’aurais d’ailleurs bien aimé le voir mais il n’était nulle part. Laissait-il ces préparatifs de veille à ses camarades ?

Hiyori — D’ailleurs Ryuuen-kun est allé voir ce que faisait la classe A.

Moi — La classe A ?

Hiyori — Personne ne connait leur évènement alors quoi de plus logique.

En effet il était normal que la curiosité nous gagne.

Moi — Je sors pour un moment.

Après avoir parlé à Hiyori, je décidai d’aller visiter le stand de Sakayanagi.

Hiyori — Eh, A-Ayanokôji-kun…

Moi — Mmmh ?

Hiyori — Ryuuen-kun et les autres sont montés au deuxième étage. Sakayanagi-san doit être probablement là-bas.

Moi — Je vois, tu m’as fait gagner beaucoup de temps.

Hiyori semblait vouloir dire autre chose mais elle secoua immédiatement la tête. Les classes de première allaient donc être sur plusieurs niveaux.

Hiyori — La prochaine fois, je serai à la bibliothèque, Ayanokôji-kun.

Moi — D’accord.

Après avoir levé la main pour saluer, je montai au deuxième étage du bâtiment spécial, le niveau le plus éloigné de l’entrée. Il y avait trois salles de classe de disponibles pour faire office de stands mais elles n’avaient pas été occupées jusque-là faute de popularité. Maintenant, Sakayanagi occupait la zone.

Moi — Je n’aurais jamais pensé que sa classe prendrait les trois salles.

Vu la situation actuelle, seuls les élèves de première A se promenaient à leur guise dans le couloir. À première vue, il était difficile d’imaginer le type d’événement qu’ils tentaient de mettre en place. Il n’y avait que plusieurs boîtes en carton éparpillées sans contenu visible, et les élèves étaient toujours en uniforme. Il n’y avait pas non plus possibilité de cuisiner à cause de la réglementation incendie alors je n’arrivais pas à deviner.

Hashimoto — Surpris par l’inattendu ?

Hashimoto, qui semblait avoir gardé un œil sur les élèves qui montaient, s’approcha de moi.

Moi — Qu’est-ce que ça veut dire ?

Hashimoto — Tu ne te rends même pas compte ?

Hashimoto rit doucement, c’était peut-être drôle que je ne comprenne pas cela.

Hashimoto — Eh bien, ça se comprend un peu. Mais je ne peux pas vraiment répondre à cette question.

Ils avaient peut-être l’intention de faire une répétition mais sans la rendre public. Il y avait ainsi un panneau sur l’escalier menant à cet étage.

La présentation de la 1eA n’aura pas lieu. Problèmes techniques /!\

Hashimoto — C’est comme ça. Je suis désolé que tu aies dû faire tout ce chemin, mais je vais devoir te demander de partir.

Même si j’insistais, ils ne comptaient rien montrer du tout.

Moi — Il semble que Ryuuen part aussi.

Ryuuen sortit du fond de la salle de classe et se dirigea vers nous, les mains dans les poches. Après avoir jeté un regard rapide à Hashimoto et à moi, il passa devant nous et se retourna pour descendre les escaliers.

Hashimoto — Ou tu vas faire comme lui, et regarder de plus près, même si tu sais qu’il n’y a rien ?

Moi — J’y retourne.

Hashimoto — Bon courage. Tu devras attendre jusqu’à l’ouverture pour découvrir ce que l’on prépare.

J’étais sur le chemin du retour au première étage quand je remarquai que Ryuuen avait tourné le dos pour me faire face. Je le fixai ainsi du regard. Ce dernier souleva légèrement le coin de sa bouche avant de l’ouvrir.

Ryuuen — Dis à Suzune que c’est notre classe qui va gagner demain.

Moi — Je parie que les tenues traditionnelles coûtent plus cher que les uniformes de maid. Quitte à la défier, tu aurais pu collaborer à ce niveau.

Ryuuen — Ce sont mes goûts.

Après avoir répondu par des mots qui pouvaient montrer qu’il prenait les choses à légère, Ryuuen commença à s’éloigner.

Ne prêtant aucune attention à la présence de Hashimoto qui se faisait sentir depuis l’étage, je m’en allai également vers le maid café.

2

Étonnamment, de nombreux élèves masculins d’autres classes arrivèrent avant l’ouverture de l’événement. Il semblait y avoir beaucoup de spectateurs désirant regarder les filles en cosplay plutôt que d’essayer la nourriture, ce qui convenait parfaitement. Cela allait être une bonne expérience pour les filles qui n’avaient pas l’habitude d’attirer l’attention. Même Matsushita, habituellement calme, était raide et montrait des signes de nervosité. Concernant Satô et Mii-chan, elles semblaient être beaucoup plus lentes que pendant l’entraînement.

Nous entendîmes tout à coup le bruit du plastique rebondissant sur le sol qui raisonna dans la salle. Cela venait de Mii-chan qui avait fait tomber un verre d’eau du plateau. La personne en question se figea au vu de l’exposition. Dans ce contexte, ce fut Matsushita qui se mit à agir rapidement.

Wang —Je suis vraiment désolée.

Après avoir doucement tapoté l’épaule de Mii-chan avec un ton et une réponse calme, elle lui demanda de lui apporter de l’eau fraîche. Elle prit ensuite un chiffon et commença à essuyer le sol.

Wang —Merci, Matsushita-san. On ne dirait pas que c’est ta première fois.

Matsushita —Je suppose.

Le mouvement extraordinaire de Matsushita impressionna Horikita, qui regardait par derrière.

Moi —Tu seras aussi habillée en maid, n’est-ce pas ?

Horikita —Uniquement pour la publicité. Je m’occuperai également des clients si la situation l’exige mais je ne suis pas sûre d’être très fiable pour être honnête.

Contrairement à d’habitude, Horikita répondit avec une certaine difficulté.

Moi —Ce n’est pas comme si tu étais connue pour sourire.

Horikita —Tu sembles avoir beaucoup de temps libre.

Moi —Je suppose que c’est comme si j’avais fini.

C’était 90% de préparation à l’avance et 10% le jour même, ce qui faisait que je n’avais que du travail administratif à faire le lendemain.

Horikita —Je devrais peut-être te mettre au travail.

Moi — Ne donne pas du travail aux gens en fonction de tes humeurs. Contrôle-toi un peu.

Horikita commença à dire quelque chose de désagréable mais se rétracta vite car de base elle ne prenait pas forcément les choses au sérieux.

Horikita —Pour l’instant Matsushita-san a l’air de se débrouiller. Je vais m’absenter un moment.

Moi — Tu compter observer la situation ?

Horikita —Je veux voir ce que les autres proposent de mes yeux.

Moi — Prends ton temps.

En attendant, je partis préparer le terrain de la salle d’attente de demain. Une heure après, Horikita fit son retour au maid café.

Horikita — Je suis là. Quelle est la situation ?

Moi —Il y a eu quelques petits problèmes, mais les choses commencent à se stabiliser maintenant vu que l’habitude s’installe.

Horikita —Merci pour les préparatifs en amont.

Moi —Cela aurait été imprudent de ne pas nous préparer à l’avance.

En effet, la répétition n’avait rien à voir avec la mobilisation d’invités réels. Matsushita, qui travaillait à plein temps depuis l’ouverture, fut remplacée.

Horikita —Merci Matsushita-san, tu as fait un excellent travail.

Matsushita —Merci. Tout s’est bien passé. On sera en bonne forme demain.

Matsushita dit cela, mais son expression était un peu raide.

Horikita —Qu’est-ce qu’il y a ?

Matsushita —J’ai peut-être un peu peur qu’il y ait du sabotage, c’est un peu déstabilisant pour moi.

Horikita —Du sabotage ?

Matsushita —La classe de Ryuuen-kun a également mis en place un maid café, non ? J’avais peur qu’ishizaki-kun et les autres viennent dire qu’il y a un insecte dans leur tasse ou quelque chose comme ça…

Horikita et moi échangeâmes un regard pendant un instant, mais elle reporta rapidement son attention sur Matsushita.

Horikita —Ne t’inquiète pas, agir durant les répétitions n’est pas très utile pour eux. Et une règle interdit les élèves de participer à l’évènement d’une classe concurrente.

Je m’exprimai ensuite pour surenchérir.

Moi — Et puis avec autant de témoins lors de l’événement, Ryuuen ne pourra pas agir imprudemment. Ne t’inquiète pas.

Le sourire revint sur le visage de Matsushita lorsque nous lui dîmes presque simultanément qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.

Matsushita —C’est un peu réconfortant de vous entendre dire ça.

Fatiguée, mais elle fut quand même soulagée, se tapotant la poitrine.

Horikita —Tu devrais te reposer.

Matsushita —Je vous laisse alors.

Matsushita quitta la salle en titubant légèrement.

 Moi —Tu as remarqué ?

 Horikita — Huh ?

 Moi —Non, ce n’est rien.

Horikita, qui était à proximité, ne semblait pas remarquer quoi que ce soit de particulier, peut-être parce que cela n’était qu’une gêne mineure. En tout cas, j’avais espéré que cela n’était que dû à mon imagination.

Moi —Alors comment c’était chez les autres ?

Horikita —Je ne sais pas s’il y aura un autre festival l’an prochain mais j’ai beaucoup appris en les observant en tout cas.

Après avoir examiné la salle d’attente, Horikita s’exprima.

Horikita —C’est bien. Dans une heure, nous commencerons à nettoyer. Je compterai sur toi à ce moment-là pour bien vérifier la propreté.  

Moi —Je te laisse gérer d’ici là alors.

J’avais décidé de me promener un peu dans les alentours. Kei apparut comme si elle avait attendu ce moment-là et me prit dans son étreinte.

Karuizawa —Allons-y ensemble.

Moi — Je ne préfère pas, mais je ne pense pas que tu vas me laisser.

Karuizawa — Oui, je ne te lâcherai pas.

Moi —Tu es libre de m’accompagner mais rappelle-toi que nous ne faisons que du repérage.

Karuizawa —Oui, oui.

Contrairement à Horikita, qui répondait sérieusement, Kei était à l’aise à chaque fois dans ses interactions.

Eh bien, il n’y avait pas beaucoup d’opportunités comme celle-ci après tout alors autant en profiter.

Et puis en jetant un coup d’œil au maid café, il semblerait que la plupart des autres élèves appréciaient le festival culturel à sa juste valeur, comme si c’était le vrai.

3

Les seconde et une partie des terminale avaient mis au point des thématiques typiques d’un festival culturel. Parmi les activités les plus techniques, il y avait le tir à la carabine, le lancer d’anneaux ou bien le lancer de balles sur un groupe de canettes afin de gagner des prix divers. Ce genre de stands rappelaient clairement les moments de foire.

Karuizawa — Oh ! C’est Yukimura-kun et les autres.

Kei ne manqua pas de souligner que des garçons comme Keisei et Sotomura étaient bien mobilisés pour les répétitions. Ils semblaient tous bien se débrouiller peut-être parce qu’ils s’étaient entraînés à cuisiner dans leur coin. Il était préférable de ne pas les déranger.

Moi — Tu veux essayer le lancer d’anneaux ?

Karuizawa — Pourquoi pas ! Oh, cet animal en peluche est trop chou. Je le veux !

Kei haussa la voix et pointa du doigt le dos de l’élève qui s’y était essayé plus tôt. Malheureusement, le concours de lancer d’anneaux n’était que pour le spectacle. Même s’ils réussissaient leur coup, ils n’allaient recevoir aucun prix. Même si le Conseil des élèves payait la majorité de l’évènement, le nombre de prix était limité dû aux peu de stock.

L’événement de tir à la carabine organisé par la seconde D de l’autre côté du couloir proposait des sucreries comme prix et les distribuaient en cas de réussite durant les répétitions. Les prix obtenus pouvaient aller de 10 points pour le moins cher à 200 points. Pour le vrai festival, il y allait sûrement avoir d’autres types de prix en plus mais cela constituait un bon test.

Karuizawa — Kiyotaka, essaye un peu !

Elle me pressa de le faire en me poussant légèrement vers une table où étaient posées cinq carabines les unes à côté des autres. Étant intéressé par l’idée de tirer, je me pris au jeu. Cinq bouchons qui faisaient office de balles, étaient proposées par session de tir. Les canons de ces carabines à bouchon semblaient bien plus renforcés que prévu mais les balles étaient quelque peu déformées. Il était ainsi évident que les tirs n’allaient pas être précis.  

Je n’avais jamais manié une arme à feu de ma vie. Les films et les séries montraient de temps à autre comment les utiliser mais je ne connaissais pas la part de réalité et je ne voyais aucun élève ici tenter l’expérience pour reproduire ce qu’il faisait. Je n’eus d’autre choix que de saisir la carabine en essayant d’imaginer ce que je pouvais.

Karuizawa — Vise le prix le plus cher !

Pour faire tomber cette grande boîte, il était important d’avoir une bonne visée. Mais il fallait pour ça tâter le terrain. Tout en recevant les encouragements de Kei, je fis mon premier tir. Avec un léger craquement, le bouchon en liège s’expulsa, approchant la cible à quelques centimètres sur son côté gauche. Au vu de mon positionnement, mon tir aurait dû atteindre la cible avec une précision extrême, mais la trajectoire avait pris un chemin complètement différent. L’étape suivante consista à déplacer la visée du canon de quelques centimètres vers la droite et à tirer un deuxième coup. Je pensais avoir à ce moment-là parfaitement corrigé la trajectoire, mais voilà qu’elle prit une direction diagonale à droite de la cible.

Moi — C’est difficile…

Au troisième essai, d’autres élèves avaient commencé à se joindre à nous les uns après les autres. Je décidai de regarder les autres élèves pour corriger davantage la trajectoire mais ces derniers n’étaient pas meilleurs que moi. Seule la balle tirée par l’un d’eux atteignit la cible du premier coup mais elle ne flancha pas, faisant rebondir la balle. En continuant à observer pour voir s’il y avait une astuce particulière, je découvris que le problème ne venait pas de mes compétences.

En effet, chaque carabine affichait des performances différentes. Que ce soit la qualité du bouchon de liège ou les millimètres d’écart dans le processus de fabrication artisanal, divers facteurs faisaient que les trajectoires pouvaient être différentes à chaque tir. C’était un mécanisme très intéressant, mais en même temps, j’avais compris à quel point il était difficile de viser juste.

Ainsi, seul le dernier tir atteignit la cible que je visais initialement mais rien ne tomba. Cette première session fut un échec cuisant mais j’avais au moins compris le fonctionnement des carabines. Il ne restait maintenant plus qu’à réessayer en utilisant cette fois la forme du bouchon pour prédire la trajectoire de la balle lors du tir. J’abandonnai très vite quand je vis le panneau qui stipulait qu’il n’y avait qu’une session par personne.

— Ayanokôji, t’es vraiment un tireur en carton en fait.

Tout en rangeant la carabine, Hôsen sortit de l’arrière en riant. C’était en effet le jeu d’adresse de sa classe.

Moi —Je n’aurais jamais pensé te voir organiser un évènement pareil.

Cela ramenait les adultes à l’enfance le fait de gagner ce genre de prix insignifiants lors des différentes festivités.

Hôsen — C’est dans les foires que je gagnais ma vie plus jeune.

Quel genre d’enfance était-ce ?

Hôsen — À la base je voulais faire quelque chose de plus sérieux mais l’établissement a refusé catégoriquement. Au final ce genre d’activités est similaire aux jeux d’argent car elles sont conçues pour ne pas faire gagner les clients. Et comme il s’agit d’un festival culturel isolé, aucune chance que l’on se doute de la supercherie.

Il sortit un briquet et le posa sur l’étagère, avant de prendre la deuxième carabine en partant de la table à l’extrême gauche. Le bouchon vola plus droit que je ne l’imaginais et frappa directement le briquet qui ne tomba pas malgré le contact.

Hôsen — Du moment qu’ils ne gagnent aucun prix limité, tout est ok.

Moi — Mais les prix vont-ils attirer beaucoup de clients ?

Hôsen — Il suffit d’ajouter de la valeur ajoutée aux participations. Proposer des photos par exemple.

Il est vrai qu’il fallait des prix attractifs pour faire participer les adultes et Hôsen avait l’air d’avoir prévu le coup. Dans le panier, on pouvait voir un grand nombre de photos plastifiées d’élèves avec différents motifs.

Moi — Ça fait un bon souvenir pour l’adulte qui pourra se remémorer sa participation au festival culturel.

Le fait qu’il y avait également de nombreuses personnes impliquées dans la politique parmi les invités signifiait que la participation au festival pouvait être communiquée comme une sorte d’activité caritative. Cela contribuait également à donner une image positive du festival. Je laissai Hôsen à ses réflexions et retournai auprès de Kei, qui m’attendait.

Moi — Je n’ai pas pu gagner ce que tu voulais.

Kei sourit et me donna un coup de coude dans l’estomac, l’air satisfait.

Moi — Je ne pensais pas que tu le prendrais aussi bien.

Karuizawa — je voulais juste voir ton côté cool. Ça me suffit.

Moi — Et en quoi ce côté cool s’est illustré ?

Il faut dire que je n’avais pas vraiment brillé.

Karuizawa — Ça me fait plaisir car c’est pas comme dans un manga où le gars réussit tout d’un seul coup. Ça m’a fait comprendre qu’on ne peut pas tout faire ou tout avoir.

Il était vrai que sans expérience, il n’y avait aucune chance que je réussisse du premier coup, quelle que soit l’activité.

Moi — Vraiment ? Pourtant j’ai l’impression que les filles aiment beaucoup que leur petit ami soit classe.

Karuizawa — Tu me l’a déjà assez montré.

Elle ne me reprochait rien mais Kei avait vraiment l’air ravi de la situation. Alors que je continuais à me promener pour voir s’il y avait d’autres stands intéressants, nous tombâmes sur Ishizaki.

Ishizaki — Hey, Ayanokôji !

Moi — Le choix de votre thématique me surprend quand même.

Ishizaki — T’as vu ? C’était l’idée d’Albert et moi.

Karuizawa — Comment un sbire comme toi a pu obtenir la permission de Ryuuen ? Tu ne sais même pas organiser un anniversaire !

Kei fixa Ishizaki, sceptique.

Ishizaki — Je voulais vraiment le faire alors j’ai proposé le truc et puis après j’ai tout donné pour que ça marche.

Il se tint l’abdomen comme s’il essayait de se rappeler ce qui s’était passé. Le 20 octobre, ce fut mon anniversaire ainsi que celui de Ryuuen. Ishizaki avait organisé une fête pour nous deux. Mais pour réaliser la chose, il avait dû persuader Kei et cette dernière ne comptait accepter que si Ryuuen s’excusait directement en s’inclinant. Naturellement, Ryuuen n’avait pas accepté.

Ishizaki — Mais l’an prochain j’aurai ma revanche ! Attendez pour voir !

Karuizawa — On s’en fiche et puis tu vas proposer quoi au juste ?

Ishizaki — Curieuse, hein ? Très bien, je vais vous faire tester. Tout est dans le carton.

La présence de baguettes et de gobelets jetables donna une impression que nous allions consomer quelque chose mais était-ce vraiment le cas ?

Karuizawa — Qu’est-ce que c’est ?

Ishizaki — Regarde et apprécie.

Ishizaki demanda à Albert de sortir des produits du carton. Il y avait un sac de protéines et d’acide citrique, des substances prises par ceux qui font de la musculation ou qui ont des activités sportives de manière générale.

Ishizaki — C’est de la prot’ au chocolat. Goûtez-moi ça.

Ishizaki nous prépara deux petits gobelets en papier.

Karuizawa — J’en veux pas.

Kei refusa de boire malgré le fait qu’il avait servi les boissons.

Ishizaki — Le prend pas comme ça. C’est juste de la prot’.

Karuizawa — J’en ai jamais mangé ! Tu crois que je veux me muscler ?

Albert s’avança et marmonna quelque chose en anglais.

AlbertDrink protein will not help you to build muscles.

Karuizawa — Qu… quoi ?

Moi — Il dit juste que boire ça ne te musclera en aucun cas. Mais pourquoi ne pas gouter ? C’est l’occasion.

Honnêtement, j’étais curieux de voir ce qu’allait faire Ishizaki. Je pris l’initiative et attrapai un gobelet pour boire le contenu. Cela provenait probablement d’un fabricant différent mais le goût me rendait nostalgique vu que j’avais l’habitude de boire ce genre de chose auparavant.

Karuizawa — Bon, même si ça me tente pas, je vais goûter.

Alors qu’elle goutait la chose, elle fronça les sourcils pour le manque de goût.

Ishizaki — Ça a mauvais goût ? Mais ce n’est pas imbuvable, non ?

Karuizawa — Ce n’est pas imbuvable mais je me resservirai pas.

Ishizaki — Maintenant il faut se rincer la bouche.

Il nous tendit de l’eau. Quand elle finit de boire, il passa à l’étape suivante.

Ishizaki — Voilà la suite.

Il concocta cette fois une boisson à base d’acide citrique dans un autre gobelet.

Moi — Voilà donc l’acide citrique.

Karuizawa — J’ai l’impression que j’aime mieux celui-là.

Nous livrâmes ainsi nos impressions.

Ishizaki — Ce que vous avez goûté n’était pas si mauvais non ?

Karuizawa — Je n’ai pas aimé la première boisson.

Ishizaki — Ok, Karuizawa. Et toi, Ayanokôji ?

Moi — Oui, ce n’était pas mal du tout dans les deux cas.

En entendant cela, Ishizaki se mit à rire gaiement. Mélanger de l’acide l’acide citrique avec cette protéine au goût chocolat allait certainement délivrer un goût mystérieux sachant que les deux substances n’étaient pas si mauvaises. On faisait comme d’une pierre deux coups.

Ishizaki — Maintenant, buvez le mélange.

Karuizawa — Ça me fait un peu peur là.

Moi — Et bien, goûtons.

J’inclinai le gobelet pour sentir et versai le mélange fond de ma gorge. Kei fit de même. Mais lorsque le goût se répandit dans toute ma bouche, je me raidis.

Karuizawa — Merde !!

Kei se mit à crier et recracha la boisson sur le coup. Le dégoût lui fit faire un geste de crachat tandis qu’elle se tortillait en se plaignant.

Karuizawa — C’est quoi ce goût ? Eeeh

Cela me rappelait le goût que j’avais lorsque les reflux gastriques me remontaient après de violents coups de poing dans l’abdomen. J’en avais ainsi l’odeur et le goût dans toute la bouche.

Ishizaki — C’est drôle, hein ?

         Karuizawa — Pas du tout ! De l’eau vite !

Repoussant Ishizaki, qui riait en se tenant le ventre, Kei but à la bouteille.

Moi — Comment dire ? C’est bizarre.

Ishizaki — Je m’attendais à ce que tu sois surpris Ayanokôji.

Pas seulement parce que c’était mauvais, mais parce que ça n’avait honnêtement pas le goût d’une boisson. La tension retomba rapidement.

Ishizaki — Je vais surprendre les invités demain. 500 points par boisson pour leur faire vivre une expérience fantastique.

Moi — Ce qui me surprend c’est que Ryuuen ait accepté.

Ishizaki — Il m’a dit de faire ce que je voulais avec mes points. Faut qu’on organise un autre événement demain d’ailleurs.

Ils avaient donc le stand dédié dans la salle de classe ainsi qu’un espace supplémentaire loué par Ishizaki. Comme la dépense était minime et que cela ne gênait pas l’évènement principal, il ne serait pas surprenant qu’une dizaine de clients tente la chose par curiosité.

Karuizawa — Ugh, notre petit rencard vient de tourner au cauchemar…

Kei continua à regarder Ishizaki avec rancune jusqu’à ce que nous quittions les lieux. Leur relation, qui semblait s’être un peu améliorée, venait probablement de revenir à la case départ. Après avoir terminé notre promenade, je retournai au maid café avec Kei, appréciant vraiment l’instant présent. La salle de classe était remplie d’élèves semblant s’amuser à discuter avec les maids. Pour les élèves un peu lourds, Sudou intervenait avec force pour leur montrer la sortie. Il avait toujours eu ce don pour intervenir et à moins d’être aussi intimidant que lui, la personne n’avait d’autre choix que d’obéir à Sudou qu’elle soit de seconde ou de première. Dans tous les cas une réunion demain matin avec Horikita allait définitivement sceller qui fait quoi. Alors que quelques garçons, dont Sudou et moi, commencions le nettoyage, Onodera fit son apparition.

Onodera — J’ai fini. Dommage, j’ai raté les filles en maid.

Onodera, qui venait de l’extérieur, avait l’air déçu à son arrivée.

Sudou — Tu voulais essayer la tenue ?

Onodera — J’aime les choses mignonnes mais je pense pas que l’uniforme de maid m’ira bien. J…j’ai un peu les jambes trop grosses.

Sudou — Ça t’en sais rien. Faut essayer.

Onodera — Ça expose trop les jambes. Je suis pas confiante là.

Onodera eut le sourire amer en répondant. Sa pratique de la natation lui avait donné un corps bien moulé avec des épaules larges et des jambes plus développées que les filles normales. Il fallait ainsi un uniforme sur mesure pour elle. Sudou se pencha et regarda de plus près les cuisses d’Onodera.

Onodera — S…Sudou-kun !

Sudou — Bah c’est de belles jambes qui montre que tu es une athlète bien entraînée. C’est sûr que ça change des jambes ordinaires.

Il mit un doigt sur son menton, disant exactement ce qu’il pensait.

Onodera — C’est trop embarrassant !

Onodera devint rouge et sortit rapidement de la classe.

Sudou — Bordel, elle était pas obligée de se barrer.

En observant leur échange, je ressentis un net changement chez Onodera. Depuis le festival sportif, elle est devenue dingue de Sudou mais ce dernier ne l’avait pas encore remarqué. Peut-être parce qu’il ne lui avait parlé que depuis récemment ou bien parce qu’il est inattentif à ses signaux, toujours est-il que c’était à sens unique. Je n’étais pas un spécialiste de l’amour, mais je savais qu’il fallait rester bienveillant dans ce genre de cas. J’étais donc curieux de voir si ce couple allait se former vu qu’il était bien original.

Moi — Tu ne comprends pas pourquoi elle s’est comportée comme ça ?

Sudou — T’as capté un truc toi ?

Moi — Ce que tu ressens pour Horikita, elle le ressent pour toi.

Sudou — Quoi ?

Sudou n’avait pas tout de suite compris vu la forme détournée de ma réponse mais il n’était pas non plus bête au point de ne pas saisir.

Sudou — Hein ? Onodera… moi ?

Moi — Oui.

Sudou — N-Non, c’est…c’est pas…

Il semblait y avoir pensé mais nia la chose ce qui était une réaction naturelle à mon sens. En effet, personne ne peut sonder les cœurs.

Moi — Elle se fichait peut-être de toi au début mais tu as bien changé depuis et dans le bon sens. Il ne serait pas surprenant qu’elle voie en toi un homme.

Son visage s’assombrit petit à petit tandis qu’il mettait de l’ordre dans sa tête.

Sudou — Qu’est-ce que… elle… un gars comme moi ?

Moi — Bien sûr, je ne te garantis rien mais si tu veux connaître la vérité, il serait important que tu l’observes de près pour la comprendre.

Sudou — Mais, je… je….

Je n’eus pas besoin de dire autre chose. À ce moment-là, les sentiments de Sudou furent fortement orientés vers Horikita. Je voulais maintenant qu’il me montre comment il allait réagir. Son amour pour Horikita se renforcera-til ou bien, optera-t-il pour Onodera ? Il était aussi possible qu’il n’agisse pas.

Sudou — J’suis secoué là. Je vais me balader pour me changer les idées.

Il devait sérieusement réfléchir pour trouver une réponse.

Hirata — Kiyotaka-kun… Je me demande si… c’était une bonne idée.

Yôsuke, qui faisait des préparatifs à côté, semblait nous avoir entendu.

Hirata — Je pense que tu n’avais pas à t’en mêler.

Moi — Tu crois ? Je suis désolé pour Sudou si j’ai été imprudent. Je ne suis pas vraiment familier avec ce genre de situation.

Je m’excusai auprès de lui, le regard neutre. S’ensuivit la fin de l’évènement.

Horikita — Bon travail tout le monde. C’est tout pour aujourd’hui. S’il y a des réaffectations ou d’autre chose pour l’événement de demain, je vous contacterai via mon portable à 21h00.

Le nettoyage était terminé, et tous les préparatifs pour le lendemain l’étaient également. Chacun rentra ainsi chez soi.

Moi — Peu importe comment je vois les choses, ça me fait bizarre de me dire que tu seras en uniforme de maid demain.

Horikita — Ce n’est pas quelque chose que j’aime faire, mais c’est mieux d’avoir plus de personnel, n’est-ce pas ? Cela aurait été un peu plus facile si ta copine avait aidé.

Moi — Désolé, ce n’est pas de mon ressort. C’est à Kei de décider.

Kei refusa de se cosplayer même si Satô, d’autres filles et moi-même avions tenté de la persuader. J’avais préféré éviter de lui demander pourquoi car je me doutais que cela n’avait rien à avoir avec ses compétences mais plutôt avec son physique. Après tout peu de gens connaissaient son passé et ses cicatrices.

Horikita — C’était une blague. On ne peut forcer personne et puis c’est contreproductif pour nos invités si la maid ne fait pas ça par plaisir.

Moi — Tiens, regarde-moi ça. J’ai fait quelques ajustements après la simulation d’aujourd’hui.

Je remis le carnet à Horikita et lui demanda de faire une dernière confirmation.

Horikita — Merci. Il semblerait que le programme que tu as établi est rondement bien mené.

Horikita leva les yeux du carnet.

Les participants du festival avaient l’obligation de prendre une heure de pause avant la fin de la journée après en avoir informé leur professeur principal.

Pendant ces pauses, il leur était interdit de venir visiter un autre stand et devaient se tenir prêt à aider pour la moindre urgence.

 

4

Un garçon et une fille se tenaient face à face au milieu des arbres sur la route menant au centre commercial Keyaki. Les préparatifs du festival avaient déjà commencé et aucun autre élève n’était présent dans cette zone.

Kushida —Nous pouvons enfin parler, Yagami-kun.

Yagami —Je ne m’attendais pas à ce que tu fasses irruption dans ma chambre alors qu’il y a le festival à prépaper.

Kushida —Je n’avais pas le choix vu que tu essaies de m’éviter.

Il ne voulait pas discuter de l’affaire chez lui et força Kushida à venir ici.

Yagami —C’est juste une coïncidence. Si tu es venu frapper à ma porte plusieurs fois et que j’étais absent, j’en suis désolé.

Tous les deux poursuivirent leur dialogue sans se séparer de leur sourire. Les voir comme ça l’un en face de l’autre renvoyait une image amicale.

Kushida —Etais-tu vraiment absent, ou faisais-tu semblant de l’être pour me provoquer ?

Yagami —Faire semblant d’être absent ? Pourquoi je ferais ça ? Il semble y avoir un malentendu.

Kushida —Il n’y a pas de malentendu.

Kushida, irritée par l’incapacité de Yagami à saisir la réalité de la situation, comme s’il s’accrochait à des rochers, fit un pas en avant.

Kushida —Tu as coupé tout contact parce que j’étais inutile, hein ?

Lors de l’examen du consensus, Yagami s’attendait à ce que Kushida expulse Horikita et Ayanokôji. Comme elle n’avait pas réussi, le contact fut rompu. Il était logique qu’elle pense de la sorte.

Yagami — Je t’ai contacté le soir de l’examen non ?

Kushida —Oui. Bien sûr que je m’en souviens.

La nuit après l’examen, Yagami passa un appel et apprit de Kushida qu’ils n’avaient pas été expulsés. Il raccrocha et elle n’entendit plus parler de lui.

Yagami —Pour être honnête, je pensais que tu me détestais. Peut-être que je n’ai pas eu le courage de te faire face en t’évitant inconsciemment.

Kushida —On me l’a fait pas à moi. Ce n’est plus la peine de faire le gentil kohai, ça me donne des frissons vu ta vraie nature.

Yagami — Je ne connais pas les détails de l’examen tu sais. Raconte.

Kushida commençait à comprendre qu’il s’amusait simplement à jouer avec elle. Il savait très bien ce qu’il faisait et les tenants et aboutissants de l’exam.

Kushida —Je ne te dirai rien.

Yagami — Je sais que tu as agi pour expulser l’un de ces deux-là mais c’est Sakura-senpai qui a été choisie. Tu ne veux vraiment rien me dire ?

Kushida —Je n’ai rien pu faire et Sakura-san, la moins bien classée de l’OAA, en a fait les frais, c’est tout.

Les échanges qui eurent lieu lors de l’examen ne furent pas divulgués c’est pourquoi Yagami voulait en savoir plus. Il accepta donc l’histoire selon laquelle Airi Sakura fut choisie comme sacrifice en raison de son classement mais Yagami continua à sourire, posant doucement sa main sur l’épaule de Kushida.

Yagami —Tu ne devrais pas mentir.

Kushida —Mentir… ?

Yagami —Depuis cet examen, ton comportement a clairement changé Kushida-senpai. Tu sembles toujours bien t’entendre avec les élèves des autres classes mais j’ai déjà enquêté et compris que tu t’étais éloigné de tes camarades. Cet examen t’a donc exposé à un certain degré.

Extérieurement, Kushida souriait aussi à ses camarades mais il y avait des limites car ces derniers étaient plus froids que jamais. Un petit groupe de filles avait l’habitude de passer du temps avec elle deux ou trois fois par semaine mais ce n’était plus le cas.

Kushida —Je ne sais pas de quoi tu parles. Je m’entends toujours bien avec mes amies, comme toujours.

Kushida laissa entendre que Yagami avait manqué les moments où elle était sortie avec ses amies habituelles.  Kushida essaya de nier de cette façon, mais Yagami garda le sourire

Yagami — Inutile d’essayer de le cacher. Tes camarades savent tout de ton passé. Et c’est forcément Ayanokôji-senpai qui l’a exposé.

Il s’exprima de manière éloquente, comme s’il fut témoin de la lutte entre Kushida et les autres lors de l’examen. Le fait que le nom d’Ayanokôji soit mentionné au lieu de celui de Horikita fut également une anomalie manifeste.

Kushida — Tu imagines des choses. Tu es loin de la réalité.

Yagami — Libre à toi d’essayer de me tromper mais que me veux-tu si tu n’as rien à me dire ?  Je dois aider pour le festival alors abrège.

Kushida — Rien que d’avoir un lien avec toi me fatigue.

Yagami — Te…fatigue ?

Kushida — Reste en dehors de ma vie, voilà ce que je voulais te dire !

Elle proposa soudainement de mettre fin à toute forme de relation avec lui

Yagami — Tu veux couper les ponts ? Je comprends ce sentiment. Puisque ton secret a été révélé, cela n’a plus aucun sens de faire pression sur Horikita et Ayanokôji-senpai pour les expulser désormais.

Kushida — Je ne vais plus corriger chacun de tes propos. Interprète la chose comme tu veux.

Yagami — Tu es une personne intéressante, Kushida-senpai. Tu sais très bien que je dis la vérité. Au fond de toi tu penses même que c’est une bonne chose finalement. Je ne suis qu’un poids pour toi car tu cherches à tourner la page.

Elle voulait aller de l’avant. Ces mots-là restèrent dans son esprit.

Yagami — Hormis Ayanokôji, as-tu fais la paix avec Horikita-senpai ?

Kushida — Je ne vais pas répondre à cette question non plus.

Yagami — D’après ce que je vois, tu t’es laissée facilement amadouer. Je suis un peu déçu de toi, Kushida-senpai.

Elle tenta de résister à l’envie de répondre malgré la colère. Il faut dire qu’elle détestait toujours autant Horikita.

Kushida — Je …

Yagami — N’en dis pas plus. Je peux le comprendre en te regardant.

Il afficha son attitude arrogante d’avant. Cela dérangeait Kushida, mais elle ne pouvait pas se permettre de se montrer faible. Au contraire, elle était clairement devenue plus mesurée que des élèves ordinaires, en partie parce qu’elle fut en contact répété avec des personnes inhabituelles comme Ayanokôji, Ryuuen et Amasawa. Elle fut elle-même surprise par sa patience et se comporta de manière plus calme après s’en être rendue compte.

Kushida — C’est la fin de ma relation avec toi. Nous n’avons plus rien en commun, c’est clair ?

Yagami — Ne t’inquiète pas. J’imagine que tu es venue parce que tu as peur que je dévoile ton passé, n’est-ce pas ? Tu es là pour vérifier.

Kushida — C’est vrai. Si tu me dénonces, les rumeurs à mon sujet se répandront dans toute l’école.

Yagami — Alors, écoute ce que j’ai à dire.

Kushida — Tu as aussi à perdre. Je leur dirai tout sur toi. Que tu m’as utilisé pour faire expulser Ayanokôji et Horikita de l’école, et que tu fais semblant d’être quelqu’un de gentil.

Il n’était pas clair s’il s’agissait d’une menace. Cependant c’était le seul moyen pour Kushida de se défendre.

Yagami — Une menace ? Alors je vais garder ça en tête. On a fini ?

Que ça ait marché ou non, Yagami coupa la conversation et s’éloigna.

Yagami — Je suis le chef de la seconde B. Le festival m’occupe.

Kushida — N’oublie pas, Yagami-kun. Tant que tu tiens ta parole, je tiendrai la mienne.

Avec un dernier sourire, il disparut d’un pas léger de son champ de vision.

Kushida — J’espère que… c’est la fin…

Elle avait en effet aussi l’intuition que cela n’allait pas finir aussi simplement. Que dois-je faire ? Dois-je me tourner les pouces et attendre, ou dois-je me préparer à lutter ?

Kushida — Non. Je ne peux pas arrêter Yagami.

Jusqu’à présent, elle avait perdu contre plusieurs adversaires, dont Horikita mais elle avait compris qu’il était naïf de continuer à croire qu’elle pouvait s’en sortir seule.

5

Au milieu de la nuit, je reçus un appel.

Moi — C’est inhabituel que tu m’appelles, Sakayanagi.

À l’autre bout du fil, Sakayanagi laissa échapper un petit rire.

Sakayanagi — Effectivement. Puis-je avoir un peu de ton temps ?

Moi — Je ne t’aurais pas répondu si je n’en avais pas.

Sakayanagi — Je vois. Alors laisse-moi en venir au fait. Je comprends ta participation au festival culturel mais il semble que mon père soit très inquiet à l’idée que des gens de l’extérieur puissent venir tenter quelque chose à ton encontre.

Moi — J’ai reçu un appel de sa part il y a un petit moment. Il m’a dit que je devais envisager de me retirer de nouveau mais j’ai poliment décliné.

J’aurais probablement assisté au dernier festival sportif s’il n’y avait pas eu la rencontre avec Sakayanagi.

Sakayanagi — Tu n’as pas peur ? Non, c’est une question idiote. Je vais reformuler la chose. Tu supposes que les personnes impliquées ne feront rien pour tenter de te récupérer ?

Sakayanagi stipulait que je m’exposais inutilement au danger.

Moi — C’est simplement une question de peser le pour et le contre. Il y aura d’autres occasions comme le voyage scolaire par exemple. Si j’étais sûr que la situation se réglerait après ces deux festivals alors j’aurais peut-être choisi de ne pas m’impliquer mais rien ne garantit qu’il n’y aura pas non plus des invités au festival de l’année prochaine. Il est facile de rester caché mais les opportunités que je perdrai en le faisant sont bien plus gênantes encore.

Sakayanagi — Tu veux expérimenter et profiter du reste de ta vie de lycéen autant que possible, je le conçois bien.

Elle hocha la tête comme si elle avait atteint un certain niveau de compréhension.

Moi — En plus, j’ai d’autres objectifs. Je ne veux gaspiller aucune chance.

Sakayanagi — Si c’est le cas, je n’en dirai pas plus. Je pense que c’est mieux pour toi Ayanokôji-kun d’agir comme tu le souhaites.

J’étais curieux d’en savoir plus sur le festival, mais je savais que ce n’était pas poli de poser des questions à ce sujet. Était-ce une tentative de m’écarter pour mettre toutes les chances de son côté et gagner le festival ou bien avait-elle un autre objectif en tête ?  Si je lui posais la question, elle aurait probablement répondu mais c’était une autre histoire. C’était à la classe A de faire son choix, et aucun tiers n’avait le droit de décider de ce qui était bien ou mal à leur place.

Sakayanagi — Mais on ne sait jamais, des circonstances imprévues peuvent toujours survenir. Même si le festival est sûr, on ne sait jamais ce qui peut se passer alors si tu as des problèmes, tu peux toujours me contacter.

Moi — Tu es bien aimable.

Sakayanagi — Je ne veux pas te voir partir Ayanokôji-kun avant que nous ayons une revanche.

Moi — Je ferai attention.

Sakayanagi — Je te verrai bientôt. Bonne nuit.

Évitant les bavardages inutiles, Sakayanagi termina l’appel sur ce murmure.

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