CLASSROOM Y2 V7 : CHAPITRE 1

Les préparatifs du festival culturel

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Traduction : Thony
Correction : Kenshiro & Raitei
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Nous étions le lundi 1er novembre, avec un début d’automne plutôt frais.

Les mois s’enchaînaient et, sans que nous nous en rendions compte, il restait deux mois avant les vacances d’hiver. La vue qu’offrait ma nouvelle place n’allait pas durer longtemps. Le fait de ressentir du regret était la preuve que le changement était un bon système pour moi. Je ne savais pas s’il y aurait un autre changement de place le trimestre prochain, mais, dans tous les cas, j’étais sûr que les choses allaient être très différentes à partir de maintenant.

Mlle. Chabashira — Bonjour. Tout le monde est là ?

Quelques secondes après la sonnerie, Chabashira-sensei entra dans la classe. Les élèves, qui étaient occupés à discuter entre eux, se turent et regardèrent Chabashira-sensei avec un regard familier.

Le système unique de l’établissement où tout comportement non conforme aux règles influençait l’évaluation de la classe dans son ensemble avait induit de la discipline parmi les élèves. Rien n’avait changé de manière significative au cours de la semaine passée, mais je pouvais certainement sentir que la classe de Horikita avait beaucoup grandi.

En voyant une telle attitude parmi les élèves continuant de grandir de jour en jour, Chabashira-sensei hocha profondément la tête et commença à parler.

Mlle. Chabashira — Je pense que les préparatifs du festival culturel progressent bien, mais j’ai quelques notes explicatives supplémentaires à vous fournir. Tout d’abord, je vais une fois de plus afficher une vue d’ensemble du festival en guise de rappel. Pour ceux qui ont raté le coche, concentrez-vous bien. 

L’écran derrière Chabashira-sensei s’alluma, affichant les règles.

Vue d’ensemble
  Chaque élève de première reçoit 5000 points privés à utiliser uniquement dans le cadre de la préparation du festival. (Les élèves de seconde reçoivent 5500 points et ceux de terminale reçoivent 4500 points).     Des fonds supplémentaires seront accordés pour les contributions sociales. (Par exemple pour les élèves du Conseil ou ayant des clubs).     L’attribution initiale de points privés et des fonds supplémentaires n’est pas répercutée dans les ventes finales et seront perdus s’ils ne sont pas utilisés.   Les classes de la 1e à la 4e place recevront 100 pc.   Les classes de la 5e à la 8e place recevront 50 pc   Les classes de la 9e à la 12e place recevront 0 pc  

Mlle. Chabashira — C’est tout ce que j’avais énoncé jusqu’à présent. Vous ne devriez avoir aucun problème à comprendre.

Sans la moindre question de la part des élèves, Chabashira-sensei poursuivit son explication.

Mlle. Chabashira — Nous avons désormais le détail de ces fonds en question.

Ces fonds étaient des points pouvant être utilisés pour le festival, ils augmentaient en fonction du rôle au sein du conseil des élèves, des contributions sociales, des activités des clubs, etc. Le moment était donc venu d’annoncer le contenu de tout cela.

L’absence de confirmation d’un budget signifiait que l’établissement ne permettait pas de fixer un nombre précis. Malgré le contretemps, ce n’était pas un problème tant que toutes les classes de toutes les années étaient soumises aux mêmes règles.

Mlle. Chabashira — Tout d’abord, voici le montant total des fonds supplémentaires attribués à la classe et comment cela a été réparti.

Dès qu’elle dit cela, Chabashira-sensei appuya sur sa tablette et une liste sous forme de tableur s’afficha. On pouvait constater qu’un total de douze personnes était éligible à ces fonds supplémentaires.

Fonds supplémentaires : Personnes éligibles  
Horikita Suzune, membre du Conseil Bonus : 10 000 points. Sudou Ken, activité du club                                        Bonus : 10 000 points  Onodera Kayano, activité du club                           Bonus : 10 000 points

Avec un maximum de 10 000 points, seuls trois élèves avaient réussi à obtenir ces fonds supplémentaires. Neuf autres élèves avaient reçu des centaines ou des milliers de points pour leur contribution. Par exemple, Yôsuke avait reçu 3000 points pour sa prime d’activité au sein du club et Akito avait reçu 100 points. Ainsi, de nombreux élèves plus ou moins actifs, principalement dans les clubs, avaient été choisis. Au total, la classe avait obtenu 39 400 points en fonds supplémentaires ce qui était indispensable pour le bon déroulement du festival vu que cela représentait l’apport initial de huit personnes.

Mlle. Chabashira — Je ne peux pas vous donner la répartition exacte, mais la classe A de Sakayanagi a reçu 18 800 points bonus, la classe C de Ryuuen 17 000 points et la classe D d’Ichinose, 26 600 points. Vous l’avez bien compris, cette classe a le plus de fonds supplémentaires que les autres.

Ichinose était donc en deuxième position. Venait ensuite Sakayanagi à la troisième place juste devant Ryuuen. C’était un résultat inattendu, mais le fait est que faire partie du Conseil apportait des points non négligeables au vu des sommes qu’avaient reçues Horikita et Ichinose. D’autres élèves, tels que Sudou et Onodera, étaient légitimes au vu de leur assiduité dans leurs activités de club durant l’année. Étant donné que les élèves n’avaient pas le droit d’utiliser leurs points privés pendant le festival, nous avoisinions au total 229 400 points avec les fonds supplémentaires.

Chaque point était important, mais nous ne devions pas non plus trop nous emporter. Bien qu’avantageux pour les préparatifs du festival, les fonds supplémentaires devenaient un handicap s’ils n’étaient pas complètement utilisés à la fin.

Nous avions donc eu droit au détail des fonds supplémentaires, mais cela n’allait pas s’arrêter là. Plusieurs éléments d’information cruciaux n’avaient pas encore été communiqués.

Mlle. Chabashira — Maintenant, je vais faire un point sur les invités présents car ce sera important pour vos ventes.

Combien et quels types d’invités allaient venir au festival ? Et combien d’argent ils avaient en leur possession ? Aucun détail n’avait été divulgué jusqu’à présent.

Mlle. Chabashira — Les invités d’honneur seront des personnes qui contribuent au fonctionnement de cet établissement et leur famille, mais il y aura bien sûr aussi bien des personnes âgées que des enfants en bas-âge ou à l’école primaire. Il a également été décidé d’inviter les personnes travaillant au centre commercial Keyaki et dans les magasins de proximité.

L’écran de la tablette montra un graphique, révélant le nombre d’invités par tranche d’âge.  Les trentenaires et quadragénaires suivis des moins de 20 ans et des quinquagénaires.

Mlle. Chabashira — Les adultes sont les invités d’honneur et ils reçoivent 10 000 points. Les mineurs reçoivent quant à eux 5 000 points. Il y a 283 adultes et 202 mineurs. Le nombre total de participants sera de 485 en tout, pour un total de 3.840.000 points.

Le classement des douze classes allait dépendre de notre capacité à faire ou non des ventes à partir de ce montant total.

Mlle. Chabashira — Je dois également mentionner que le nombre de participants inclut les enseignants. Chaque professeur ne peut pas utiliser ses points sur la classe dont il est responsable, mais il ne sera pas traité différemment des autres invités.

Il était logique de les empêcher de dépenser pour leur classe.

Ike — Est-ce que les invités peuvent utiliser plus de 10 000 points ?

En réponse à la question d’Ike, Chabashira-sensei secoua immédiatement la tête. Comme d’habitude il se précipita pour poser sa question et elle répondit sans prêter beaucoup d’attention. Mais elle semblait apprécier un Ike aussi actif.

Mlle. Chabashira — Non. Les invités ne peuvent pas dépenser plus que les points donnés. Ce sera le montant maximum.

Cela signifiait que les invités ne disposaient pas de fonds illimités. Il ne s’agissait pas de restreindre certains invités riches, mais il était inévitable qu’il y ait compétition même pour eux.

Mlle. Chabashira — La méthode principale de paiement est une application mobile préparée pour l’occasion que l’école utilisera pour suivre les ventes en temps réel. N’oubliez pas que l’application sera désactivée dès la fin du festival, à 16h. Vous êtes libre de fixer votre propre horaire pour l’encaissement, mais nous vous recommandons de recevoir le paiement avant que les produits ne soient servis.

En effet il pouvait y avoir des cas où les invités pouvaient venir aux alentours de 16h pour dépenser leurs derniers points. Si par exemple ils payaient après avoir mangé, il y avait un risque de ne pas pouvoir récupérer les points.

Mlle. Chabashira — Maintenant que nous avons terminé, vous pouvez poser vos questions.

Après que Chabashira-sensei eut fini ses explications, une courte période de temps fut accordée pour les questions et les remarques. Il ne fallut pas longtemps pour que Horikita lève la main.

Horikita — Sensei, si toutes les classes arrivent à obtenir le même montant à la fin du festival, quel sera le classement final ? Je sais que c’est un cas très extrême, mais que se passe-t-il si toutes les classes reçoivent la même somme, soit 320 000 points ?

Si nous nous basons uniquement sur le hasard, les chances que toutes les classes obtiennent le même nombre de ventes étaient microscopiques, mais la possibilité de collaboration entre les classes n’était pas impossible. Si elles étaient toutes considérées comme numéros un, elles pourraient augmenter leurs points de classe de manière égale. Cependant, j’avais déjà supposé que quelques contre-mesures eussent été envisagées.

Mlle. Chabashira — Si les 12 classes font des ventes égales, comme le dit Horikita, alors toutes les classes obtiendront 100 pc, récompense de la première place.

S’agissait-il d’une règle quelque peu laxiste, étant donné que nous ne perdions pas de points de classe même si nous perdions ? Non. Peut-être qu’ils avaient déterminé dès le départ qu’un grand nombre de classes n’étaient pas en mesure d’obtenir le même pourcentage de vente.

Mlle. Chabashira — Cependant, le montant total des ventes ne peut être confirmé qu’après l’examen, et toute manipulation des ventes par des tiers est interdite. Il est impossible pour les classes de discuter et de faire un plan pour combiner les ventes avant le festival ou de faire un arrangement pour diviser les ventes de manière égale à la fin de ce dernier. Vous savez ce que cela signifie n’est-ce pas ?

Si le montant des ventes ne pouvait pas être manipulé, il était donc peu probable que toutes les classes se retrouvent en première position. Plus important encore, il était peu probable qu’elles se réunissent pour collaborer ensemble, perdant ainsi une précieuse opportunité.

Maezono — Je ne pense pas qu’un nombre égal de ventes entre les classes serait normal. Tu n’as pas à t’inquiéter.

Ne comprenant pas le sens de la question de Horikita, Maezono exprima ses doutes.

Mlle. Chabashira — Comme l’a dit Maezono-san, il n’y a pas lieu de s’inquiéter dans une situation normale. Mais ce n’est pas une mauvaise chose de le savoir.

La question de Horikita n’était pas bête. Il valait mieux le savoir car il n’était pas certain que la collaboration soit totalement impossible dans la situation actuelle. Pour une raison quelconque, il était possible pour certaines classes ou certains groupes d’années de s’entendre entre eux pour créer des ventes égales. Il y avait plusieurs façons de le faire, mais si les ventes finales des articles étaient alignées entre les classes à l’avance, il n’était pas difficile de créer un scénario dans lequel tous les articles vendus équivaudraient à la même somme de points. Mais il fallait se préparer à la trahison, à l’imprévu et aux problèmes. Il n’y aurait pas de quoi rire si on donnait la priorité à la vente par-dessus tout et que l’on se retrouvait finalement dans les derniers. Les obstacles à surmonter pour créer intentionnellement une égalité dépassaient de loin ce que nous pouvions imaginer.

Mlle. Chabashira — Y a-t-il encore des questions ?

Personne ne leva la main.

Mlle. Chabashira — C’est tout ce que j’avais à dire sur le festival. Ensuite, je voudrais annoncer les résultats de l’examen de mi-deuxième trimestre que nous avons récemment effectué. Cette fois, certains élèves ont obtenu des résultats surprenants.

La conversation passa de l’examen écrit à l’annonce des résultats. Il y avait quelques cris de la part des élèves qui n’étaient pas doués pour les études. Selon la façon dont on voyait les choses, la « surprise » pouvait être considérée comme une mauvaise chose. Cependant, étant donné que l’expression de Chabashira-sensei n’était ni sombre ni raide, cela semblait peu probable. D’un seul coup, les noms des 38 élèves de la classe furent affichés, et ils furent alignés dans l’ordre à partir de l’élève ayant obtenu la meilleure note globale. Keisei prit la première place. Il avait obtenu un score parfait dans toutes les matières. En deuxième place, Horikita, juste derrière. La différence entre les deux n’était que de 3 points. Les noms des élèves habituels du tableau d’honneur suivirent, mais l’élève qui surprit Chabashira-sensei fut celui qui se classa 11e sans aucun doute : Sudou Ken. Il avait obtenu 73 points en japonais moderne, 76 points en chimie, 70 points en études sociales, 78 points en mathématiques et 70 points en anglais.

Il avait obtenu un total bien équilibré de 367 points dans toutes les matières.

Les mieux classés de ce groupe étaient des valeurs sûres telles que Yôsuke, Kushida, Matsushita et Wang. C’est pourquoi le classement de Sudou était une surprise pour tout le monde. On savait qu’il était très appliqué dans ses études dernièrement, mais on ne s’attendait pas à ce qu’il arrive en tête de liste. Comme quoi, il révisait durement après ses activités de club.

Ike — Sérieusement, Ken est classé 11e … Incroyable…

Ike, qui se trouvait presque du même côté, avait donné une réponse honnête, ou plutôt, stupéfaite. Un revirement fou, un saut au-delà de l’imagination. Le niveau de difficulté de ce test était modéré et la différence de score global entre Sudou et les 20 derniers n’était que d’environ 15 points, mais même ainsi, ce résultat devait en surprendre plus d’un. Sudou lui-même aurait dû sauter de joie, mais il avait seulement fait un petit geste et ne semblait pas se vanter ou se moquer des autres pour les avoir dépassés.

Il consulta son téléphone portable pour jeter un coup d’œil à la mise à jour de l’OAA.

Classe de 1e B – Ken Sudou

Évaluation pour l’année de première.

Aptitudes académiques : C+

Aptitudes physiques : A+

Adaptabilité : C

Contribution sociale : D

Dans l’ensemble, ses capacités physiques étaient exceptionnelles, tout en maintenant un niveau d’aptitude scolaire proche de la moyenne. S’il maintenait ses résultats aux tests, il devrait être capable d’atteindre un B en capacité académique dans un avenir proche. Il semblait que ses efforts de l’année dernière aient porté leurs fruits bien au-delà de ce qu’il aurait pu imaginer. Il était également en mesure d’améliorer ses compétences en matière de contribution sociale, passant du niveau le plus bas à un D. Il avait également augmenté son OAA.

Je finis 14e. En dépit d’une note parfaite en mathématiques, je m’étais relâché dans les autres matières. Enfin, il était plus juste de dire que je faisais des concessions, mais en réalité, j’avais un autre objectif en tête. Leur montrer une note parfaite à l’examen de mi-trimestre n’aurait fait que créer une confusion inutile. Au lieu de les rassurer sur le fait que certains élèves pouvaient obtenir des notes élevées, il était bien plus important de leur faire sentir qu’ils devaient grandir et aider la classe, comme le faisait Sudou.

En fait, le classement de Sudou suscita une large variété d’émotions parmi ses camarades de classe.

Presque tous étaient positifs. Si certains élèves étaient dans les premiers rangs, d’autres se trouvaient inévitablement derrière. Mais lorsqu’on comparait avec la moyenne des autres classes, il était clair que ces moins bons élèves changeaient peu à peu. De plus en plus essayaient de s’améliorer, même si leurs notes restaient encore médiocres. Une progression se faisait ainsi ressentir même si elle n’était pas aussi fulgurante que celle de Sudou.

Même lorsqu’il s’agissait d’étudier, il y avait des différences dans la quantité d’informations qui pouvait être absorbée et il y avait aussi de grandes différences dans la persévérance et la force physique.

Surtout, dans le cas de Sudou, il ne fallait pas oublier que sa motivation venait de son amour pour Horikita qui lui avait appris à étudier.

Quoi qu’il en soit, on pouvait même dire qu’en raison de l’expulsion d’Airi, les élèves du bas du tableau avaient commencé à travailler encore plus dur.

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Plus tard dans la journée, les principaux membres du groupe se réunirent.

Il s’agissait de Satô, Matsushita, Mii-chan et Maezono. La seule chose qu’elles avaient en commun était leur fonction d’organisatrices du maid café. Avec elles se trouvait Horikita et moi, amenant ainsi le nombre à six. Après la présentation initiale du projet en physique, les réunions relatives au maid café se tinrent ensuite principalement par téléphone portable afin d’éviter toutes fuites d’informations. Compte tenu du concept et de son ampleur, l’idée d’un stand extérieur fut écartée dès le départ. Autrement dit, l’emplacement du café allait se tenir dans une salle de classe et donc en intérieur. Mais nous n’étions pas encore sûrs de l’emplacement.

Des élèves d’autres classes et d’autres années venaient quotidiennement repérer les emplacements potentiels, mais nous essayions de trouver le meilleur endroit possible pour notre évènement. Il était plus efficace d’inclure des garçons comme Yôsuke dans nos réunions, mais malheureusement les activités de club étaient prenantes. Dès que nous nous mîmes en route, Matsushita nous regarda Horikita et moi, et demanda…

Matsushita — Hasebe-san et Miyake-kun, qu’allez-vous faire d’eux ?

Horikita — Qu’est-ce que tu sous-entends par-là ?

Matsushita — Ils viennent tous les jours en cours, mais ne parlent à personne. Ça veut dire qu’ils continuent à se mettre à dos toute la classe.

Horikita — Je suppose qu’ils m’en veulent encore.

Après l’expulsion de sa meilleure amie Airi, Haruka avait dressé une grande barrière entre elle et le reste de la classe. Son retour en cours n’avait rien changé.

Matsushita — Je pense que Hasebe-san va essayer de nuire à la classe dans le futur.

Haruka n’avait pas dû en parler à qui que ce soit alors cela signifiait que son aura négative en disait long sur ses intentions.

Horikita C’est peut-être vrai. Mais jusqu’à présent, je n’ai rien vu de problématique. Elle participait même aux réunions pour le festival.

Haruka était au courant que nous allions faire un maid café car c’était elle qui avait proposé l’idée. Il n’y avait aucune raison de ne pas l’inclure dans le groupe.

Matsushita — Tu dis que tu approuves la vengeance ?

Horikita — Bien sûr que non. Je comprends sa colère, mais je dois agir avec des raisons valables.

Les examens spéciaux étaient un véritable danger par exemple. Horikita et moi espérions fortement qu’elle ne se déchaînerait pas.

Matsushita — Ouais. Mais ce n’est pas dans une situation où ce genre de raisonnement fonctionne. Elle prend trop de temps pour s’en remettre.

Matsushita dirigeait son regard vers moi à plusieurs reprises. Elle semblait essayer obtenir un mot de ma part tout en continuant à inciter Horikita de rester sur ses gardes. Cependant, je ne voulais pas donner mon avis et restai silencieux. Il était clair que Haruka avait l’intention de se venger de l’expulsion de sa meilleure amie, mais pour le moment elle ne causait pas de tort à la classe. Même si nous ne savions pas ce qui allait se passer ensuite, nous ne pouvions pas lui reprocher quoi que ce soit à ce stade.

Horikita — Il y a très peu de choses que nous pouvons anticiper.

Horikita déclara cela, en regardant au loin.

Horikita — Lui demander d’arrêter sa vengeance ne fera que l’énerver, mais…

Matsushita — Mais ?

Horikita — Si elle cherche vraiment une occasion alors elle ne la repoussera certainement pas pendant des mois.

J’étais d’accord avec cette opinion. Il était difficile d’imaginer qu’elle continuerait à vivre sa vie de lycéenne avec maturité pendant les six prochains mois ou plus. Autrement dit, le moment le plus critique pour être à l’affût était…

Horikita — Je ne peux pas nier la possibilité qu’elle entreprenne quelque chose lors du festival.

Matsushita hocha silencieusement la tête, probablement satisfaite d’entendre ces mots.

Horikita — J’ai appris par Ayanokôji-kun que Hasebe-san n’avait pas l’intention d’être une maid. J’ai donc donné à Miyake-kun et à elle un rôle multi-tâches. Je ne compte pas faire de la rétention d’information afin qu’ils ne se méfient pas de nous alors ils seront informés de chaque chose que nous ferons.

Si par hasard Horikita et les autres faisaient quoi que ce soit de méprisant envers Haruka, même si elle n’avait aucune intention de se venger, il était possible que l’étincelle alors éteinte commence à s’allumer.

Matsushita — Tu vas du coup considérer ces menaces potentielles comme des alliés, mais sans leur donner de rôles importants.

Horikita — En effet. C’est une mesure préventive.

Bien sûr, elle n’avait probablement pas une grande inquiétude quant au fait que les choses deviennent hors de contrôle pendant le festival culturel. Mais en tant que leader, il était important d’avoir une longueur d’avance. Pendant le festival, de nombreux invités allaient venir. Si la classe de Horikita avait une mauvaise réputation auprès du public, il ne serait pas surprenant que nous soyons pénalisés d’une manière ou d’une autre.

Moi — Je sais que vous vous interrogez probablement sur Haruka et les autres, mais nous sommes sur le point d’arriver.

Matsushita était tellement absorbée par la conversation qu’elle ne semblait pas remarquer que nous approchions de notre destination. De nombreuses classes ne savaient pas encore où installer leurs stands pour l’événement et nous ne savions jamais où une information importante pouvait être recueillie par inadvertance. Il y avait un total de huit salles de classe qui pouvaient être ouvertes dans ce bâtiment spécial de trois niveaux. Nous étions actuellement au deuxième étage et plus nous étions proches des escaliers de l’entrée, plus le coût de l’emplacement était élevé. Le deuxième étage était le plus éloigné de la porte principale et avait l’avantage d’être le plus rentable.

Un stand pouvait être loué pour un montant compris entre 10 000 et 13 000 points, tandis qu’un emplacement au RDC pouvait être loué pour un montant fixe de 50 000 points. La différence de près de 40 000 points pouvait être utilisée pour acheter de la nourriture et d’autres produits de première nécessité. La classe ayant reçu un nombre limité de points, il était inévitable qu’elle soit obligée de se demander comment répartir le coût de l’emplacement du stand et comment trouver l’argent pendant le festival.

Wang — C’est beaucoup plus loin que je ne le pensais.

La première impression de Mii-chan était toujours à propos de la distance. Je pense que nous étions tous d’accord sur ce point.

Wang — Qu’en penses-tu, Satô-san ?

Demanda Mii-chan à Satô, qui n’avait pas pris la parole jusque-là. Mais elle ne répondit pas immédiatement.

Wang — Satô-san ?

Une fois de plus, cette fois en levant les yeux vers nous, Satô répondit précipitamment.

Satô — Oh, hum… Je pensais… oui, je crois que je pense que c’est un peu loin aussi.

Wang — Oui il faut penser au fait que les invités auront du mal à venir jusqu’ici à moins que nous proposions quelque chose de quali.

Nous ne nous étions pas trop attardés au deuxième étage, qui était le moins prioritaire, probablement parce que nos opinions étaient généralement les mêmes. Puis nous arrivâmes au premier niveau.

Maezono — Je suppose que le premier étage est meilleur que le deuxième ! Mais, le RDC serait idéal.

Maezono murmura cela en regardant la vue à l’extérieur de la fenêtre.

Wang — C’est sûr, mais le premier étage est encore assez cher.

Mii-chan fixa son téléphone portable et eut une mine contrariée.

Wang — Il faut prendre une décision rapidement. Il y a de plus en plus d’emplacements pris.

Matsushita jeta un coup d’œil au téléphone portable de Mii-chan et déclara :

Matsushita — C’est vrai. Deux des cinq places que nous avions choisies sont maintenant occupées, mais il reste encore du choix partout.

Un dilemme se posa devant nous, accepterait-on la commodité en échange d’une grande quantité de points ou renoncerait-on à la commodité pour en payer beaucoup moins ?

Maezono — Je pense toujours que ça devrait être au RDC. Si nous n’arrivons pas à faire monter les gens au deuxième parce qu’ils sont distraits par d’autres stands, ce sera un désavantage de plus.

Wang — Je pense que ça n’a pas vraiment d’importance si c’est au deuxième ou au troisième étage, tant que ça donne envie aux gens de venir.

Maezono, Mii-chan et Matsushita discutaient entre elles. Satô, qui était toujours enthousiaste et parlait généralement plus fort que les autres, était silencieuse depuis un moment maintenant. Ses amis la regardaient de temps en temps comme s’ils s’inquiétaient pour elle, mais elle semblait distraite.

Matsushita — Satô-san est comme ça dernièrement.

Matsushita comprit que je m’inquiétais pour elle et me dit tranquillement ce que je voulais savoir. En y réfléchissant, elle ne se sentait peut-être pas très bien ces derniers jours.

Matsushita — Je pensais que toi Ayanokôji-kun, tu aurais pu savoir quelque chose à ce sujet, mais je suppose que non.

Je me demandais si Matsushita pensait que j’étais proche de Satô ou quelque chose comme ça. Ou peut-être anticipait-elle la relation étroite de Kei avec Satô, mais dans tous les cas, je n’avais pas énormément d’informations.

Matsushita — Je lui ai demandé si elle avait des problèmes, mais elle n’a rien mentionné de particulier.

Moi — Parfois, les gens veulent juste qu’on les laisse tranquilles, n’est-ce pas ?

Matsushita — Je suppose que oui. Mais je ne pense pas que c’est le cas.

Moi — Comment ça ?

Matsushita, qui était un peu floue, semblait avoir une idée de ce dont elle parlait, et poursuivit la conversation.

Matsushita — Elle veut parler, mais elle ne peut pas. C’est le genre de personne qui garde pour elle les choses qu’elle n’aime pas.

Je suppose qu’après un an et demi d’amitié elle pouvait en savoir autant.

Moi — Tu ne peux pas juste ne plus y penser ?

Matsushita — Eh bien… Elle me demande conseil d’habitude.

Moi — Si c’est le cas, je suppose que nous devrons attendre et voir. Si tu as raison, elle viendra te demander conseil dans un avenir proche, n’est-ce pas ?

Matsushita — …Peut-être.

Bien qu’elle semblât un peu mal à l’aise, Matsushita se retira tranquillement, car ce genre de conversation prolongée ne pouvait avoir lieu en présence de Satô. J’étais un peu inquiet de cette attitude distraite, mais notre priorité fut de décider où ouvrir le stand. Après avoir terminé notre inspection du RDC, nous étions sur le point de passer au premier étage lorsque nous rencontrâmes un petit groupe de personnes.

—  Salut Ayanokôji ! Vous cherchez un emplacement ?

C’était Hashimoto, en 1e A. Peu après, Sakayanagi, leader de la même classe, apparut accompagnée de Kamuro. Si les trois se déplaçaient ensemble, alors cela ne pouvait pas être une simple promenade.

Moi — Qui sait ? Peut-être que nous avons déjà décidé ou pas si nous voulions un stand à l’intérieur ou à l’extérieur.

Hashimoto — Vous n’avez pas encore décidé ? C’est un mensonge bien facile à voir. Tu vas emmener Horikita et les autres faire une promenade dans le bâtiment spécial sans raison ? Vous comptez faire quoi comme évènement ?

Sakayanagi ne se joignit pas à la conversation, mais regarda avec un léger sourire en coin.

Horikita — C’est inutile de le lui demander. Il n’est pas au courant de tout ce qui se passe dans la classe.

Incapable d’écouter en silence, Horikita intervint et interrompit la conversation.

Hashimoto — Alors il profite juste de son harem c’est ça ?

Hashimoto, faisant remarquer que j’étais le seul homme parmi les six personnes de notre groupe, attendant l’approbation de Kamuro.

Horikita — Tu n’as rien à lui envier, Hashimoto-kun. Tu es le seul garçon dans ton trio. Comprends-tu à quel point ton commentaire est inutile ?

Horikita eut une réponse cinglante. Un ippon[1] dans toute sa splendeur, mais cela ne signifiait pas que Hashimoto n’allait pas répliquer. Au lieu de cela, il changea de sujet comme si la conversation actuelle n’avait jamais eu lieu.

Hashimoto — Satô, tu as passé beaucoup de temps avec des gens comme Matsushita, Wang et Maezono. N’est-ce pas ?

Hashimoto porta son attention sur les quatre filles. Alors qu’elles se préparaient, Matsushita s’avança avec la même attitude que d’habitude.

Matsushita — Tu n’obtiendras rien de nous alors ne cherche pas.

Horikita — J’espère que c’est clair maintenant ?

Les deux filles fixèrent brusquement Hashimoto et Matsushita croisa le regard de Horikita.

Hashimoto — Je ne voulais rien dire par là. C’est juste que…

Le ton implicite de la déclaration dérangea tout le monde sauf moi.

Hashimoto — Oups, je me demande si j’ai dit quelque chose d’inutile.

Hashimoto sourit et regarda Sakayanagi pour la première fois comme s’il lui demandait si son petit jeu ne la dérangeait pas.

Matsushita — On dirait que tu as quelque chose à dire, Hashimoto-kun.

Matsushita, protégeant les trois filles, demanda cela d’une voix quelque peu irritée. Comme s’il attendait une réaction de la sorte, son expression s’illumina.

Hashimoto — Je suis juste inquiet pour votre classe, vous êtes des amis après tout. Il semble que vous avez eu une alliance avec Ryuuen lors du festival sportif, mais vous pensez vraiment pouvoir lui faire continuellement confiance ?

Matsushita — Où tu veux en venir ?

Hashimoto — Je me disais que vous alliez faire équipe avec Ryuuen de nouveau. Si vous voulez vous associer avec lui, faites attention.

Il s’exprimait comme une personne âgée mettant en garde des jeunes. Matsushita dut sentir les implications derrière ses mots. Elle tenta de lui demander s’il savait quelque chose à ce sujet, mais elle s’en tint là.

Matsushita — On est pressés. On n’a pas le temps de jouer à ce petit jeu, n’est-ce pas ?

Elle se tourna vers les filles et moi.

Horikita — Bien. Allons-y, ne perdons pas plus de temps.

Kamuro — Elle ne t’aime pas visiblement.

Kamuro dit cela de manière amusée malgré la mauvaise ambiance. Hashimoto laissa échapper un soupir délibéré.

Hashimoto — Peut-être bien. Je n’avais aucune arrière-pensée pourtant. Quoi qu’il en soit, bonne chance avec ça.

Sakayanagi ne dit rien et entra finalement dans la salle de classe que nous avions vue plus tôt.

Wang — C’était un peu effrayant…

Mii-chan, soulagée et se tapotant la poitrine, murmura cela Satô, debout à sa gauche.

Satô — Huh ? Oh, hum, ouais. Un petit peu.

Qu’elle l’ait entendue ou non, l’attitude de Satô n’était pas naturelle.

Wang — Quoi qu’il en soit, partons.

Horikita — Rien ne sort de l’ordinaire. Il fait semblant d’être de notre côté, mais il ne se privera pas pour nous poignarder dans le dos.

Matsushida — Peu importe le festival, qu’il soit culturel ou sportif, on est en compétition dans tous les cas. La classe de Sakayanagi tout comme la classe de Ryuuen, est une classe concurrente. Vous ne ferez jamais confiance à Ryuuen non ?

En restant ici, on risquerait grandement de les recroiser. Nous voulions tous éviter cela, alors nous décidâmes de chercher un autre endroit potentiel.

Maezono — Par rapport à ce qu’a dit Hashimoto plus tôt…

Dit-elle sèchement. Dans le processus de préparation du maid café, Horikita et moi avions informé seulement un seul membre de notre classe de l’accord avec Ryuuen à l’avance. Elles durent se sentir mal à l’aise après avoir appris la nouvelle.

Maezono — On va coopérer avec la classe de Ryuuen-kun pour le festival culturel ?

Horikita — Oui. Lors des préparatifs du festival sportif, nous avions discuté de la possibilité de nouer une autre alliance.

L’évènement des deux classes ne devait pas être similaire afin de ne pas se concurrencer et il fallait être en mesure d’échanger efficacement du personnel tout en laissant la possibilité de pouvoir suivre la progression de chaque stand. Même s’il ne s’agissait que d’arrangements mineurs, c’était pour éviter tout imprévu.

Maezono — Je ne m’en suis pas trop souciée pendant le festival sportif parce que ça s’était bien passé, mais quand Hashimoto a parlé, je n’ai pas pu m’empêcher de me sentir mal à l’aise…. Est-ce que tu es sûre que tu peux lui faire confiance ?

Horikita — Il est vrai qu’il est difficile de faire confiance à Ryuuen-kun. C’est pourquoi j’ai mis Katsuragi-kun entre nous deux. Je suis sûre que tout ira bien.

Maezono — Je veux te croire aussi. Mais Hashimoto-kun semble savoir quelque chose non ?

Matsushida : Oui, je l’ai senti aussi. Même s’il ne vous trahit pas, n’est-il pas concevable que la coopération ait fait l’objet d’une fuite ?

Horikita — Les seuls au courant sont Ayanokôji-kun et moi-même. Ensuite, il y a vous quatre, les organisatrices du maid café.  Katsuragi aurait pu en parler à des membres importants de sa classe, mais je n’en vois pas l’intérêt.

Horikita leur expliqua qu’il était improbable que l’information soit divulguée.

Moi — Je suis d’accord avec Horikita. Je ne pense pas qu’ils s’attendaient à cette alliance vu nos frictions lors du précédent festival sportif alors ils sont sur leurs gardes. Il y aura sûrement des interactions similaires dans le futur, mais il ne faut pas s’en inquiéter.

Avais-je dis avec désinvolture.

Maezono — Pas faux. Je comprends.

Maezono et Mii-chan hochèrent la tête, suivi de Matsushita et Satô. Ensuite, nous retournâmes dans la classe et nous nous réunîmes pour prendre une décision finale.

Horikita — Je pense que nous allons choisir l’emplacement avec un vote majoritaire parmi les membres ici présents. Est-ce que cela vous convient ?

Mii-chan — Et si les opinions sont également partagées ?

Horikita — Nous trouverons une solution alors. Essayons d’abord une fois. Pierre pour le RDC, papier pour le premier étage, et ciseaux pour le deuxième. D’accord ?

Mii-chan murmura ses pensées à voix basse, peut-être pour éviter toute confusion, puis regarda sa paume.

Horikita — C’est parti.

Nous six, dont moi, exprimâmes simultanément l’étage que nous désirions avec nos mains.  À première vue, la décision était claire. Le résultat fut quatre « pierres », deux « papiers », et zéro « ciseaux ».

Le deuxième étage fut éliminé en raison du temps et de l’effort nécessaire pour y aller. J’avais choisi le papier afin de réduire le coût initial, mais le RDC était clairement le meilleur niveau si on se basait sur la distance. L’autre papier était Matsushita. Dans tous les cas, il s’agissait d’un pas en avant puisque nous avions enfin convenu de quelque chose.

Horikita — Je vais nous inscrire tout de suite. Il y a encore beaucoup de classes qui attendent d’analyser la situation alors profitons-en.

En utilisant son téléphone portable, Horikita initia la demande.

Matsushita — On a fini du coup ?

Horikita — Non, j’ai quelque chose à vous dire d’abord. J’ai rassemblé des informations sur les maid café jusqu’à présent et l’objectif est clairement d’attirer la gent masculine. Il y a beaucoup de familles parmi les invités, mais beaucoup de clients masculins.

Horikita — Même s’il y a des femmes, elles seront clairement minoritaires.

C’était tout de même évident. Des recherches n’étaient pas nécessaires.

Horikita — J’ai vu qu’il existait des Butler café, autrement dit des cafés de majordomes, l’exact opposé. La cible est clairement de sexe féminin.

Matsushita et les autres, n’ayant peut-être jamais entendu parler de ça, furent surprises et impressionnées.

Horikita — Les maid et les butler sont donc deux grands concepts.

Matsushita — Tu en sais beaucoup, Horikita.

Horikita — Rassembler des informations était le minimum. J’espère en tout cas qu’elles vous serviront.

C’était clairement qualitatif.

Horikita — Alors, passons à autre sujet. La chose la plus indispensable est la propreté. Il faudra ainsi analyser tout en détail.

Chaque salle de classe du bâtiment spécial était utilisée de manière très différente par rapport aux salles de classe communes.

Horikita — Les sols, les murs, les plafonds et les chaises présentent également des dommages divers en raison de l’ancienneté J’aimerais que vous vérifiiez cela. C’est très important. Même si nous faisons un peu de nettoyage nous-mêmes, il y a certaines choses que nous ne pouvons pas couvrir. Plus c’est propre, plus nous serons présentables.

Tout le monde ici était d’accord. Les filles commencèrent à regarder autour de la classe. La préoccupation était désormais centrée sur l’aspect extérieur.

Moi — À propos des uniformes, je pense que nous ne devrions pas trop pousser vers l’érotisme.

Horikita — Eh ?! Qu’est-ce que tu as dit ?

Horikita eut l’air choqué.

Moi — Érotisme. L’éros et l’érotisme sont des éléments importants dans l’art depuis les temps anciens. Il est hors de question de montrer des sous-vêtements ou quoi que ce soit d’autre, mais il est important, cependant, de ne pas refuser l’espoir que cela puisse être visible.

Horikita ne fut probablement pas capable de comprendre ce point.

Horikita — Ayanokôji-kun… Tu m’as l’air bien informé dis-donc.

Moi — Je suis en charge du Maid café alors la moindre des choses est de m’informer. J’aimerais être aussi utile que possible.

Il était également rassurant de savoir qu’il y avait plusieurs élèves dans la classe qui connaissaient très bien ce genre de sujet.  Bien sûr, j’avais évité de mentionner que nous allions faire un maid café et j’abordai les élèves en montrant seulement de l’intérêt pour l’idée. C’était un peu pénible malgré tout dans la mesure où certains élèves pensaient à tort que j’étais un otaku. Ils m’offraient un degré inhabituel d’hospitalité et m’expliquaient plein de choses en disant que cela ne les dérangerait pas de ne rien recevoir en retour si cela pouvait augmenter le nombre de personnes partageant les mêmes idées.

Moi — Je peux continuer ?

Horikita — Humm, oui, vas-y…

Personne ne voulait prendre la parole alors je fus autorisé à parler du statut de maid en tant que tel.  C’était important de bien connaître le rôle de domestique pour répondre aux attentes des clients.

Moi — J’ai également réfléchi à une stratégie de vente. En plus de fournir de la nourriture et des boissons, nous vendrons le droit de prendre des photos en usant d’un polaroid. Le prix serait de 800 points pour la photo d’une maid et de 1200 points pour être prise avec elle. Afin de réduire les coûts, j’avais suggéré au début d’utiliser une imprimante pour l’impression des photos après utilisation d’un smartphone, mais Chabashira-sensei m’a dit qu’il ne fallait pas brider la qualité pour de la quantité au risque de n’attirer personne. Ces photos authentiques pourraient être une source de revenu aussi bonne que la nourriture.

Matsushita — Mais il faut préparer un stock de pellicules conséquent. Et si jamais on ne l’écoule pas ?

Ayanokôji — Je suis optimiste quant à l’écoulement des stocks de pellicules. J’ai un plan bien sûr et les photos ne seront pas rendues publiques. Quant à la partie nourriture, Horikita s’occupe de gérer les garçons. Ils ont déjà commencé à monter les étalages pour le maid café.

Quand je finis de parler, Horikita toussa après un moment de silence.

Moi — La concurrence sera très élevée dans la restauration. Nous allons donc nous spécialiser dans des snacks à bas prix.

Matsushita — Ça ne nous fera pas gagner beaucoup d’argent, non ?

Moi — Le but est d’attirer les clients au maid café. Nous pouvons par exemple aussi distribuer des coupons de réduction sur les boissons.

Nous devions sensibiliser les gens à l’existence du maid café pour les inciter à venir dans le bâtiment spécial le moment venu. En bref, il s’agissait d’une stratégie publicitaire efficace.

2

Après la réunion, je partis en direction du centre commercial Keyaki.                                                                                                                                                                     Aujourd’hui, je comptais observer les prix des produits alimentaires. Cela comprenait les articles vendus dans le centre commercial et ceux disponibles sur Internet. Il était important d’être capable de préparer des aliments de haute qualité au prix le plus bas possible. Si j’avais invité Kei, le travail ce serait transformé en rencard alors il fallait rester seul aujourd’hui. Sur le chemin, je trouvai un garçon qui fixait une carte du bâtiment. J’étais un peu gêné par son visage plutôt sinistre, alors je décidai de lui parler.

Moi — Tu étais le centre d’attention aujourd’hui, Sudou.

Il se retourna, un peu surpris, comme s’il ne m’avait pas remarqué avant que je ne m’approche.

Sudou — Eh ? Oh Ayanokôji ? Comment ça ?

Moi — Je parle de l’examen de mi-trimestre.

Sudou — Oh, tu crois vraiment ? C’est cool à entendre vu les efforts. Je me suis donné faut dire. Je m’attendais à ces résultats.

Il avait donc même prévu qu’il aurait à peu près ces résultats.

Moi — Tu en as fait du chemin. Tu n’es plus le Sudou d’avant.

Sudou — Haha, c’est sûr. Je pense que mon ancien moi aurait gueulé : « C’est quoi ce bordel ?! À quoi ça sert d’étudier et de mémoriser des mots et des formules ? Va jouer au basket au lieu de perdre ton temps ! »

Sudou incarna ainsi son lui du passé. Je me sentis obligé de lui poser une question dans la foulée.

Moi — Si tu voyais le Sudou du passé là et qu’il te disait de ne pas perdre ton temps tu lui répondrais quoi au juste ?

Sudou — Hein ? Eh bien…

Il réfléchit un instant et puis s’exprima à nouveau.

Sudou — Si tu sais pas te souvenir de formules simples alors tu sers à quoi au juste ? Mieux vaut être un pro avec un cerveau.

C’était une réponse brillante et originale à la fois. L’ancien Sudou n’était pas quelqu’un qui misait tout sur le basket.

Moi — Tu aurais sûrement répondu que tu comptais devenir basketteur professionnel et que le reste pouvait attendre.

Sudou se mit à rire tout en se creusant les méninges.

Sudou — Honnêtement, ça devient de plus en plus dur alors j’essaie de tenir le coup. Mais une fois dans le bain, ça passe.

Sudou, qui s’était pourtant rattrapé de ses examens médiocres passés en faisant de gros efforts, semblait maintenant anxieux et impatient. En effet, il devait jusqu’à maintenant combler ses lacunes depuis la primaire. Maintenant qu’il avait le niveau moyen d’un élève de première, s’était-il rendu compte qu’il stagnait ? Bien que sa onzième place le plaçât au-dessus de la moyenne de la classe, je craignis que son élan ne s’arrêtât là. À partir de là, il ne s’agissait plus simplement d’augmenter le temps des révisions et de faire des efforts. Il fallait maintenant de la compréhension, de l’efficacité et du talent.

Sudou — Bref, tu voulais me voir pour quoi ?

Moi — Rien de particulier, j’étais juste un peu curieux. T’es pas au club aujourd’hui ?

Je voulais exactement savoir pourquoi Sudou se trouvait au centre commercial Keyaki à cette heure de la journée. Même si le festival culturel approchait, les activités du club avaient toujours lieu.

Sudou — J’ai dû m’absenter aujourd’hui.

Moi — C’est inhabituel.

À première vue, il ne semblait pas être malade.

Sudou — J’ai eu un problème…

Moi — Un problème ?

Sudou — Ces derniers temps ma vue a flanché.

Il dit cela en regarda au loin.

Sudou — J’ai toujours eu une vision au top depuis que je suis tout petit, mais là c’est devenu inquiétant.

Ainsi, Sudou ressentit les effets indésirables des études qui modifiaient son état physique et mental. Pour un athlète la vue est importante car elle affecte le jeu. Bien sûr, des lunettes ou des lentilles de contact peuvent largement compenser cela, mais rien ne vaut une vision claire.

Sudou — Je suis à la recherche d’un ophtalmo du coup. Comme j’en ai jamais eu besoin jusqu’à maintenant, je cherchais où y’en avait.

Moi — Tu as donc regardé la carte du campus. Si tu as l’impression que ta vue baisse, il y a de fortes chances qu’elle se détériore réellement.

Sudou — Même si ma vue va baisser dans le futur, je vais continuer à étudier mec ! Je respire le basket et je rêve de devenir pro, mais je commence à penser que j’ai peut-être d’autres options.

Moi — D’autres options ?

Sudou — Te moque pas, d’accord ?

Moi — Je ne le ferai pas.

Sudou — Je me dis que je voudrais continuer mes études. Même si le diplôme en classe A m’ouvre les portes du monde du sport, y’a aucune chance que je fasse carrière si je suis pas assez bon. Alors autant aller dans la fac de mon choix et faire de mon mieux.

Alors qu’il détestait étudier au départ… Quel changement majeur !

Moi — Tu comptes devenir pro après un diplôme à la fac ?

Sudou — T’as capté.

Jusqu’à présent, Sudou ne pensait qu’à se professionnaliser après le lycée. Maintenant l’université était devenue une piste sérieuse. Les choix allaient maintenant fleurir dans le futur pour lui.

Sudou — Ah.

Sudou remarqua quelque chose du coin de l’œil… Je tournai également mon regard vers et vit Akito et Haruka de dos.

Sudou — Ce n’est pas un rencard, hein ?

Moi — Je suppose que non.

De loin on pouvait avoir l’impression de voir un couple se promener. Mais nous savions tous en classe D pourquoi ces deux-là étaient ensemble.

Sudou — On peut vraiment les laisser tranquilles ?

Moi — Leur dire quelque chose ne mènerait à rien.

Sudou — C’est peut-être vrai, mais…

Sudou serra les poings et ses dents grincèrent.

Sudou — Je n’étais pas particulièrement proche de Sakura, mais je comprends ce qu’ils ressentent.

Sudou traînait tellement avec Yamauchi qu’on l’avait un jour appelé l’un des trois idiots aux côtés d’Ike. Cela doit être la raison pour laquelle l’exclusion de Yamauchi fut particulièrement douloureux pour lui.

Sudou — Mais j’imagine que ce n’est rien comparé à ce que j’étais à l’époque. J’avais pas les couilles pour me faire expulser à sa place.

Pour Haruka, il semblait que sa vie scolaire avait une valeur égale, voire inférieure à l’existence d’Airi.

Sudou — Si tu as le moindre problème, tu peux toujours m’en parler. Mais bon, je suis sûr que t’as pas besoin de mon aide, Ayanokôji.

Moi — Ce n’est pas vrai. S’il y a quelque chose, je n’hésiterai pas.

Sudou — Parfait mec. Je ferais mieux d’y aller, à plus tard Ayanokôji.

Je dis au revoir à Sudou et me dirigeai vers le supermarché.

3

Le lendemain matin, je retrouvai Kei en bas du dortoir.

Karuizawa — Désolé Kiyotaka, tu attendais ?

Moi —Pas vraiment. On y va alors ?

Kei, debout à côté, prit ma main sans hésiter. Nous commençâmes à marcher. Le fait de se tenir la main et de se tenir côte à côte comme cela n’était plus rare.

Karuizawa —Hier… Merci d’avoir veillé avec moi jusqu’à pas d’heure. Je suis très heureuse.

Kei me serra la main tout en rougissant un peu.

Moi —On aurait eu des problèmes si on s’était fait prendre.

Bien que le couvre-feu fût déjà dépassé, Kei resta dans ma chambre la nuit dernière. Heureusement, il n’y avait pas eu de témoins quand elle était partie alors nous ne risquions rien.

Karuizawa —Haha, ouais.

Pour une raison quelconque, elle semblait moins fragile. Était-il possible pour elle de changer autant en une demi-journée ?

Moi —Est-ce que ça fait mal ?

Karuizawa —Tu dois vraiment me demander ça ?

Moi —Je ne devrais pas ?

Karuizawa — Non, mais…comment dire, je pensais m’y habituer.

Bien qu’un peu gênée, Kei était ravie.

Karuizawa — D’une certaine manière, c’était ma première fois, donc je n’avais pas encore fait le tri dans mes pensées. Mais ça me rassure que tu aies ignoré le couvre-feu en restant avec moi tout ce temps.

C’est vrai, qui sait ce qui se serait passé si je n’avais pas été là.

Moi —Je vois.

Kei avait gravi une autre marche de l’escalier vers l’âge adulte après l’expérience d’hier. Avec un soutien derrière, elle avait réussi à tenir bon. C’était un grand progrès par rapport à la période où elle pensait ne plus pouvoir se tenir debout. Apprendre à se relever seule après une chute était important pour Kei. Elle était un cas particulier dont l’évolution ne se faisait pas aussi vite que les autres.

Satô — S…Salut, Kei-chan.

Dès que nous arrivâmes en classe, Satô, qui était arrivée tôt, repéra Kei et se précipita vers elle.

Karuizawa —Salut, Maya-chan.

Kei, m’adressant un regard, s’excusa et commença immédiatement à discuter avec Satô. Bien qu’un peu maladroites, elles entamèrent rapidement leur bavardage habituel. Elles étaient même plus amicales que d’habitude à mon sens. Cette bonne humeur ambiante affecta les autres filles. Même des élèves qui n’étaient habituellement pas impliquées plus que ça comme Shinohara et Mii-chan à cause de leurs soucis.

En tant que leader, Horikita commença peu à peu à montrer sa force en éveillant ses compétences pour unir la classe, mais il lui manquait encore quelque chose : La capacité à créer, attirer et unifier un petit groupe. Ce que savait faire Kei. Les préparatifs du festival semblaient bien se dérouler ce qui était important pour la cohésion de la classe, mais la nouvelle d’un incident susceptible de créer un problème majeur surgit soudainement.

Ike —Hey, c’est vrai que notre classe va avoir un maid café ?

Ike fit irruption dans la classe et cria la chose à tout le monde. Maezono se leva avec surprise car seule une poignée de personnes était censée être au courant. Les organisatrices Satô, Matsushita et Mii-chan, se regardèrent toutes. Seules certaines des filles faisant partie du projet et celles à qui on avait demandé de participer étaient au courant de l’existence du maid café. Horikita, chargée de gérer le festival fit ensuite son apparition. Elle avait entendu la question d’Ike sans afficher d’émotion particulière. Réagir de manière excessive reviendrait à révéler à tout le monde qu’ils allaient vraiment avoir un maid café, y compris les autres classes. Mais les trois filles autres avaient fortement réagi face à cette information qu’il n’avait pas pu inventer.

Maezono —Tu as entendu ça où, Ike-san ?

Ike — Où j’ai entendu ça ? Eh bien…

Ike, effrayé par le regard assassin de Maezono, s’étouffa avec ses mots.

Ike — À l’instant, dans le hall, Ishizaki, Suzuki… et Nomura, tous les trois en parlaient bien fort.

Maezono —Hé Horikita-san, qu’est-ce que ça veut dire ? C’est toujours censé être un secret, non ?

Matsushita, qui se souvint du contact d’Hashimoto, s’approcha de nous.

Horikita — En effet. Mais je suppose que j’étais naïve.

Il n’aurait pas été étonnant qu’Ishizaki et ses acolytes soient à l’origine de cela.

Maezono —Cela signifie que Ryuuen-kun nous a trahis ? Pourtant Horikita-san, tu as dit qu’il n’y avait pas à s’en faire.

Alors que Maezono affrontait Horikita avec colère, la porte de la classe s’ouvrit et Sudou entra, l’air un peu agité.

Sudou — Hey ! Ryuuen et les autres arrivent par ici.

Horikita —Je suppose que je vais devoir aller les accueillir. Veuillez rester à l’intérieur de la classe. Je veux un comportement digne.

Décidant que la conversation se compliquerait si une personne extérieure se joignait à elle, Horikita se leva de sa place et décida d’aller saluer Ryuuen dans le couloir.

Ryuuen — Oh, Suzune !  Tu ne sais pas à quel point tu m’as manqué.

Ryuuen ouvrit la voie avec Ishizaki, Albert et Kaneda qui suivaient derrière.

Horikita — Je me demandais ce que tu faisais ici avec des élèves aussi turbulents.

Ryuuen — J’ai quelque chose à te dire aujourd’hui. Hey, Ishizaki !

Ishizaki —O-oui.

Ishizaki regarda la salle, l’air légèrement nerveux. Les élèves à qui on avait dit de ne pas quitter la classe observaient également la scène peut-être par curiosité. Maezono en particulier lançait des regards noirs à Ryuuen.

Ryuuen — On dirait qu’ils ont tous compris.

Ryuuen, ayant senti les choses, répondit par un rire.

Horikita — Je suis honnêtement surprise. Tu aimes tant que ça, le fait d’être imprévisible ?

Ryuuen —Kuku, ce serait ennuyeux autrement, non ?

Ryuuen commença à expliquer les choses clairement pour qu’Ike et les autres, qui n’avaient pas saisi la situation, puissent comprendre.

Ryuuen — Sur proposition de Suzune, votre classe et moi avions formé une alliance lors du festival sportif. Et nous avions prévu d’unir nos forces en amont pour ce festival culturel également.

Pour être précis, c’était moi qui avais initié la demande de coopération pour le festival sportif, mais c’était un détail insignifiant ici. Horikita et Katsuragi avaient en tout cas accepter de coopérer par la suite.

Ryuuen —Nous devions nous assurer que les contenus de nos évènements n’entraient pas en conflit. Discuter des emplacements des stands, être en mesure de prêter et d’emprunter des élèves et d’en assurer le suivi si nécessaire. Ai-je tort ?

Kaneda — C’est exact. Nous avions prévu de faire un suivi avec tout le monde un peu plus tard. Mais nous avons appris hier que vous aviez commencé les démarches dans notre dos.

Kaneda sourit en ajoutant des détails.

Ryuuen — Vous aviez l’intention de nous trahir dès le début, mais vous l’avez caché jusqu’à aujourd’hui parce que vous attendiez que l’on choisisse notre emplacement. Je suis désolé, mais nous allons devoir renégocier pour coopérer.

Horikita —C’est une assez grosse demande pour un nouveau départ, n’est-ce pas ? Tu as découvert l’emplacement de notre évènement sans nous en faire part et même révélé la nature de ce qu’on allait présenter.

Ryuuen — Révéler ? Ishizaki et ses amis étaient juste en train de discuter entre eux. Il se trouve que votre classe et les autres surpris la conversation C’est assez impoli de leur part d’écouter, n’est-ce pas ?

Ma classe commença lentement à comprendre la situation.

Hirata — C’est vrai, Horikita-san ?

Yôsuke demanda cela car Horikita n’avait pas encore pris le temps d’informer le reste de la classe de la coopération.

Horikita —J’allais vous informer de tout ça une fois tout finalisé.

Le plan était presque au stade final, mais il fut chamboulé au dernier moment. Nos camarades de classe, y compris Yôsuke, furent informés par un scandale.

Horikita —Puis-je te demander ce que tu y gagnes en nous trahissant ? As-tu fait équipe avec Sakayanagi-san ou Ichinose-san ?

Ryuuen — Je vous ai aidé à détruire la classe A lors du festival sportif. Vous aviez tout gagné et goûté aux bonnes choses, n’est-ce pas ?

Nous avions tous les deux eu des victoires au festival sportif, mais avec une différence notable de 100 pc.

Horikita —Nous étions sur un pied d’égalité. Il en va de même pour la proposition du festival culturel.

Ryuuen — Mais en fin de compte, peu importe d’écraser la classe A ou non, si toi et les tiens s’y approchent. Ça ne nous fera pas gagner beaucoup de pc mais on compte bien gagner le festival culturel. Et pour ça, on va adopter le même concept que vous.

Maezono — Un maid café ?

C’était Maezono qui répondit au quart de tour au mot clé.

Ryuuen — Eh bien, je changerai un peu le concept, mais c’est quelque chose de similaire.

Ce n’était pas si important que l’évènement soit divulgué. Cependant, le fait de partir sur le même concept pouvait porter un coup fatal à la classe de Horikita et cela dut être compris par Maezono et les autres organisatrices. Leur but était donc de se hisser à la première place pour les 100 pc.

Horikita — Vous allez vraiment tout donner pour nous copier ? Je ne vois pas très bien le bénéfice que ta classe obtiendra.

Ryuuen — Certes, c’est plus risqué de se faire concurrence, mais et alors ? Nous avons un plan pour vous surpasser tous et arriver au sommet

Je ne comprenais pas la logique de Ryuuen de venir jusqu’ici pour nous le dire.

Ryuuen — Alors, ayons une compétition plus intense, Suzune.

Horikita — Une compétition plus intense ?

L’agitation commençait à devenir un peu plus forte, et même Kanzaki et d’autres élèves sans rapport avec nos deux classes entendirent la déclaration de guerre de Ryuuen. Hashimoto regardait cela d’un air quelque peu amusé, probablement parce qu’il avait appris la chose avant qu’on ne l’apprenne.

Ryuuen — Celui qui cumulera le plus de points recevra 5 millions de pp de l’autre classe. Ça ne rend pas le défi plus alléchant là ?

Horikita — Tu es sérieux ? Ce n’est pas très sain.

Ryuuen —Si tu veux mon avis, ce n’est que 5 millions de points.

On ne pouvait pas mobiliser des points de classe sans autorisation, mais les points privés appartenant à des particuliers pouvaient être utilisés librement.  Il s’agissait d’une petite compétition au sein d’une compétition entre les douze classes. Même si nous ne prenions pas la première place au festival culturel, gagner ces 5 millions de points privés pouvaient nous faire du bien.

Ryuuen — Eh bien, j’aurais préféré un combat plus tape à l’œil avec un adversaire différent, mais le président Nagumo s’est enfui en disant qu’il ne participerait pas au festival cette fois-ci. Bon, il ne s’est pas vraiment défilé, mais tant que nous ne trouverons pas d’adversaire digne, nous n’aurons pas d’autre choix que de vous affronter.

Horikita — Ne décide pas ça tout seul. Je ne vais pas accepter une proposition aussi risquée.

Ryuuen — Tu veux te défiler aussi ?

Horikita — Tu as rompu le contrat, tu l’as divulgué, puis tu oses maintenant émettre la volonté d’en refaire un. Je n’ai pas à accepter. Je peux enfin comprendre Katsuragi-kun dans le fait de vouloir éviter tout accord comprenant des pénalités.

Ryuuen — Tout ça n’a pas d’importance. N’as-tu pas confiance en tes capacités à gagner un combat contre moi ?

Horikita — Je n’ai pas dit cela.

Ryuuen — Ah oui ?

Horikita — Tu as fait ce que tu voulais jusqu’à présent, et même moi, je ne peux pas me murer dans le silence. Je vais certainement considérer ta proposition.

Ryuuen — Kukuku, j’attendrai ta réponse, Suzune.

Ayant peut-être terminé sa petite affaire, Ryuuen s’éloigna, semblant satisfait. Son groupe le suivit, écartant les élèves du couloir. Les élèves des autres classes qui avaient été spectateurs, commencèrent à s’approcher. Hashimoto, dont les yeux rencontrèrent les miens, sourit finement et haussa les épaules. C’était comme s’il voulait me montrer qu’il faisait équipe avec Ryuuen. Maintenant que tous les première étaient au courant du projet de maid café, y compris celui de Ryuuen, les choses allaient se corser. Je ne serais pas surpris que d’autres classes ayant envisagé la même idée, changeaient maintenant leurs plans. Nous ne pouvions plus reculer dans nos préparatifs.

Maezono — Qu’est-ce que tu vas faire, Horikita-san ? Nous sommes plutôt bien avancés dans le projet.

Matsushita — Ryuuen va vraiment faire un maid café ?

Maezono et les autres s’approchèrent de Horikita, laissant se déverser une partie de l’anxiété et de la frustration contenues jusque-là.

Horikita —C’est très probable. Cela n’a pas l’air d’une simple menace.

Hirata —Et si nous passions maintenant à un autre concept ?

Yôsuke suggéra la chose pour renverser la situation, mais…

Horikita — Nous ne pouvons pas faire ça. Une partie du budget est déjà investi.

Nous avions déjà commandé tout ce qui était possible pour les uniformes et le reste. Nous ne pouvions pas tout jeter, ce serait gaspiller de précieuses ressources. Il fallait maintenant changer notre manière de procéder à l’avenir afin de ne pas nous retrouver dans une situation aussi dangereuse.

Horikita —Nous n’avons pas d’autre choix que de transformer cette menace en opportunité. Il faut accepter sa proposition pour pouvoir gagner un maximum de points privés.

Cela, bien sûr, si les camarades de classe acceptaient ce défi. Car pour pouvoir donner une telle somme d’argent, il fallait que toute la classe se mobilise.

4

À l’exception de la classe de Horikita dont l’évènement fut exposé après un acte de trahison, nous n’avions aucune information sur les autres classes jusqu’au jour J. Cependant, plus l’événement était important, plus il fallait se préparer à l’avance. En fait, chacune des classes commençait à opérer régulièrement dans les endroits où elles devaient s’installer. Au milieu de tout cela, une information surprenante vint de la Terminale A menée par Miyabi Nagumo. La rumeur stipulait que sa classe avait louer un grand espace dans le gymnase pour établir un labyrinthe hanté, comme si elle n’avait pas l’intention de le cacher dès le départ. Ce n’était peut-être pas le plan de Nagumo, mais le consensus avait opté pour une liberté totale dans la réalisation de leur évènement, laissant penser aux autres que la victoire était secondaire. Rien qu’en regardant de loin les accessoires apportés, on pouvait voir qu’une quantité d’argent assez large fut investie.

Comme pour prouver qu’elle n’avait rien à cacher, la terminale A annonça une pré-ouverture hier. Ils permirent aux élèves qui le souhaitaient de faire l’expérience de leur évènement et commencèrent à solliciter des avis. Je pouvais sentir leur détermination à présenter un évènement de grande qualité aux invités le jour du festival. En tant que nouveau venu au concept de festival culturel, je voulais voir de mes propres yeux ce que les autres classes allaient mettre en place, quelle que soit la forme de la chose.

Après les cours je me rendis au gymnase pour participer à cette préouverture. Peut-être parce que cette dernière se déroula sur plusieurs jours, il n’y avait pas beaucoup d’élèves de seconde et de première ici pour un premier jour. Le gymnase, avec ses lumières tamisées, avait une atmosphère légèrement effrayante. Peu de temps après être entré dans la queue, j’entendis une voix familière.

Ichinose — C’est génial de la part du président. Je n’arrive pas à croire qu’il montre tout comme ça.

Kanzaki — C’est aussi un grand évènement alors pas facile de le garder caché. C’était une sage décision de divulguer l’information tôt pour s’entraîner.

Je jetai un bref coup d’œil en arrière et vis que les deux personnes qui s’approchaient de moi étaient Ichinose et Kanzaki.  Apparemment, comme moi, ils étaient venus faire du repérage.

Ichinose — Ah…

Alors qu’ils étaient sur le point de se placer dans la file, ma présence entra naturellement dans leur champ de vision. Ichinose fut la première à réagir, baissant la tête et détournant les yeux. Kanzaki jeta silencieusement un coup d’œil à Ichinose avant de s’insérer. Un silence gênant s’installait tandis que la queue n’avançait pas aussi vite que je l’aurais souhaité. Les terminale n’étaient probablement pas très bien organisés vu que c’était le premier jour.

Ichinose — Ah, j’avais oublié ! Désolée Kanzaki, je reviens !

C’était évidemment une excuse, mais Kanzaki hocha la tête sans broncher.

Kanzaki — Eh bien à plus tard.

Ichinose, toujours polie, me chuchota quelques mots avant de partir. Seuls Kanzaki et moi restâmes derrière, dans une atmosphère lourde. Même un élève qui ne connaissait rien de la situation était susceptible d’en comprendre un peu la raison. Surtout pour Kanzaki, la situation était très claire.

Moi — Comment ça va ?

Le visage de Kanzaki devint sinistre.

Kanzaki — Tu penses que je vais bien ?

Il n’y avait aucune chance que la classe d’Ichinose qui perdait lentement des points de classe puisse être sereine. Il vit cela comme une petite provocation en quelque sorte. J’inscrivis mon nom et reçus une explication des règles. Il s’agissait essentiellement du minimum de respect à afficher.

  • L’utilisation des téléphones portables est interdite à l’intérieur. Il doit rester en silencieux.
  • Pas de brouhaha
  • Ne restez pas à l’intérieur sans raison.
  • En gros, ne touchez pas le décor avec vos mains.

Le temps que je finisse de lire les règles, Kanzaki quitta la file et me tourna le dos. Il attendait probablement le retour d’Ichinose. Je ne savais pas quand elle allait revenir, mais j’avais le sentiment que cela allait être après mon départ. Après avoir signé le règlement et m’être éloigné de Kanzaki, j’entrai à l’intérieur. Les murs de la maison hantée étaient naturellement étroits et la visibilité, assez faible.

La lampe, qui semblait avoir été achetée dans un bazar, était enveloppée de ruban adhésif afin de probablement tamiser la lumière. Ces derniers temps, j’utilisais souvent Internet pour faire des recherches sur les festivals culturels, mais je me demandais s’il était possible de produire un évènement aussi quali. J’étais honnêtement surpris par les compétences des terminale ou plutôt, par celles de la terminale A. J’ignorai les fantômes et commençai à observer plus attentivement. Ce n’était pas surprenant, mais l’atmosphère lugubre provenait essentiellement des décorations et la plupart des parties importantes et effrayantes étaient faites à la main.

Des monstres au long cou surgissaient dès que des élèves passaient. Apeurés, ces derniers allaient se cacher. Je vis ensuite un guerrier qui sauta en tirant son épée. Il y avait encore quelques mises au point à effectuer, mais j’étais persuadé que le jour J, tout allait être au top. Même si c’était une thématique qui ne plaisait pas aux adultes, les maisons hantées attiraient généralement les familles et surtout les enfants.

Même si un prix élevé faisait fuir les gens, les parents avaient la main moins lourde pour faire plaisir à leurs enfants. Pour le maid café il faudra penser à ce facteur crucial. La moitié du temps s’était écoulé et j’arrivai à un panneau qui stipulait de prendre à gauche. Au moment où je prenais la direction demandée, une ombre entra dans mon champ de vision probablement pour tenter de m’effrayer.

 — Whoa ! Ah ah ah !?

J’étais censé crier à ce moment-là, mais c’est plutôt le « fantôme » qui sursauta avant de trébucher sur une marche devant moi et tomber. Je ne l’avais pas aidé pensant que cela faisait partie du jeu, mais quand je le vis à hurler à l’agonie, je compris que ce n’était pas du cinéma. Dans cette obscurité, ce n’était pas étonnant qu’un tel accident se produise…

— Aïe, aïe !

Il s’agissait d’Asahina Nazuna, une élève de terminale A.

Moi — Tout va bien, senpai ?

C’était une image effrayante dans le sens où tendre la main à un fantôme était quelque peu absurde

Asahina — Oh, merci.

Moi — De quel côté est la sortie ?

Apparemment incapable de se tenir debout toute seule, elle s’assit sur le sol. Je ne pouvais pas la laisser là, alors je décidai de lui donner un coup de main.

Asahina — Quoi ? La sortie ? Peut-être par ici… ou… par là… ?

Moi — Si tu es inquiète, faisons demi-tour.

Je me souvenais du chemin vers l’entrée, donc je devrais être capable de revenir rapidement avec un peu d’aide.

Asahina — Ne t’inquiète pas, fais confiance à ta senpai… !

Elle éleva la voix de douleur essayant de faire passer ça pour un cri pour me faire peur, mais je n’étais pas dupe. Il valait mieux la suivre plutôt que de perdre du temps à tâtonner jusqu’à la sortie en partant de zéro. Après un peu d’hésitation et quelques cris de terreur de mes camarades de classe, j’atteignis la sortie avec ma senpai effrayée en la tenant par l’épaule. J’avais l’intention de m’éloigner immédiatement, laissant Asahina à l’accueil, mais en raison de la préouverture, il ne semblait pas y avoir de terminale disponibles pour l’aider.

Asahina — Ne t’inquiète pas pour moi. Merci, Ayanokôji-kun. Je suis sûre que j’irai mieux après un peu de repos.

Je m’accroupis pour vérifier sa cheville.

Asahina — Woah, qu’est-ce que tu fais ?

Moi — Laisse-moi voir.

Asahina — Oh, hum, bien sûr…

Il était trop tôt pour dire que c’était juste une simple torsion car cela commença à gonfler. Si elle ne se soignait pas correctement, ça pouvait avoir des répercussions par la suite.

Moi — Je pense que tu devrais aller à l’infirmerie. Tu ne vas pas pouvoir rester debout pour guider les gens.

Asahina — Ouais… Je pense que je vais faire ça.

Elle essaya de se lever et de marcher seule, mais quand elle réalisa que la douleur ne lui permettait pas de le faire, elle modifia sa posture pour se tenir uniquement sur sa jambe gauche. Cependant, à chaque fois qu’elle faisait un petit saut, l’impact venait sur sa jambe droite, ce qui lui donnait une expression amère et angoissée.

Moi — Je vais te donner un coup de main.

Asahina — Ugh… mais…

J’étais sûr que son hésitation était en partie due à la gêne, mais il semblait y avoir également une autre raison.

Moi — Tu as peur que Nagumo nous voie ?

Asahina — Comment as-tu deviné… ?

Moi — Eh bien, j’avais juste une intuition.

Asahina — S’il te voit avec quelqu’un de sa classe cela pourrait te causer des ennuis. Je veux éviter ça.

On dirait qu’elle s’inquiétait plus de moi que d’elle-même.

Moi — Il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Je suis sûr que le président Nagumo ne me prend plus au sérieux.

Asahina — Tu crois ?

Moi — Je pense qu’il a réalisé qu’il était trop autoritaire.

Je décidai de donner un coup de main à Asahina et de l’emmener à l’infirmerie.

Asahina — Merci.

Elle était toujours dans son costume ce qui rendait la situation absurde, mais nous ne pouvions rien y faire. Je lui prêtai mon épaule et nous arrivâmes à l’infirmerie après quelques regards curieux. Le médecin l’assit immédiatement sur le lit pour lui donner un traitement. Asahina reçut l’ordre d’attendre un peu avant de partir. Comme j’étais sur le point de m’en aller, elle m’appela.

Asahina — Dis-moi. Ta classe a subi un revers n’est-ce pas ?

Manquant ma chance de partir, je me retournai pour lui répondre.

Moi — Tu parles de la fuite d’info sur notre maid café ?

Asahina — Oui.

À cause de Ryuuen, tout le campus apprit l’existence de notre événement gardé secret jusque-là. C’était clairement un désavantage pour nous

Moi — La classe de Ryuuen a également décidé de faire un maid café.

Cette concurrence soudaine allait rendre la situation encore plus difficile dans la mesure où nous devrons nous battre pour la même clientèle.

Moi — J’espère que d’autres classes ne copieront pas le concept.

Asahina — Effectivement s’il y avait 3 ou 4 maid café, la clientèle serait clairement divisée.

C’était effectivement un grand risque. Il n’était pas impossible pour nous d’élaborer une stratégie pour vaincre une seule classe, mais pour plusieurs, c’était une autre histoire au vu de toutes les ressources à mobiliser. Peu après, le médecin apporta des bandages et d’autres choses pour la traiter. L’intervention fut rapide et le médecin lui dit qu’il lui fallait quelques jours de repos avant qu’elle ne puisse remarcher normalement. Lorsqu’il devint clair qu’il n’y aurait aucun problème pour sa participation au festival, Asahina laissa simultanément échapper un soupir de soulagement ainsi qu’un gémissement de douleur.

Asahina — Dieu merci. Je ne voulais pas causer des ennuis à la classe.

Moi — Ce n’est pas comme si ce festival allait avoir un impact. Pourquoi s’en inquiéter ?

Terminer dernier ne causait aucune perte de points de classe.

Asahina — Certes mais il n’y a rien de mieux que d’avoir beaucoup de points de classe. Pas mal de nos camarades aurait voulu que Miyabi prenne ce festival au sérieux.

Asahina poursuivit en baissant les yeux.

Asahina — Les points de classe sont importants pour les points privés. Et puis beaucoup de terminale veulent en obtenir un maximum avant l’obtention du diplôme.

En raison des lois mises en place par Nagumo, il était tout à fait naturel que certains veuillent obtenir le plus de points privés possible pour être transférés en classe A avant la fin. Et puis la classe A ne pouvait se retirer de le lutte interclasses. Elle se devait de participer.

Asahina — Au cas où tu poserais la question, Nagumo a précisé qu’il allait laisser les autres classes s’affronter. Un heureux élu sera ensuite choisi dans la classe gagnante.

Ainsi cela diminuait les plaintes des trois autres classes à l’égard de la classe A, mais ça ne les mettait pas non plus dans la poche. Pour les étouffer complètement il fallait toujours afficher cette volonté de creuser l’écart pour leur faire perdre l’espoir de remonter.

Asahina — Tu sais sur le fait que Miyabi t’ignore maintenant.

Moi — Oui ?

Asahina — Je le pensais au début, mais je n’en suis pas si sûre.

Moi — Pourquoi ça ?

Asahina — Il n’y a pas vraiment eu de vainqueur entre toi et lui.

Moi — C’est vrai.

Il n’y a jamais eu d’affrontement final entre nous.

Asahina — Si c’est le cas alors je ne pense pas que ce soit fini.

Moi — Je n’ai pas l’intention de me battre contre lui.

C’était simplement une perte de temps.

Asahina — À mon avis ça importe peu. Il ne s’agit plus entièrement de toi, Ayanokôji-kun. Miyabi pourrait commencer à cibler des proches.

Ayant eu Nagumo à ses côtés au cours des trois dernières années, Asahina pouvait clairement le comprendre.

Moi — Comme l’ancien président du Conseil Horikita. Nagumo aime la compétition, n’est-ce pas ?

Asahina — Euh, ça c’est sûr.

Moi — Est-ce que Nagumo a déjà été clairement battu par quelqu’un ou quelque chose ? A-t-il déjà été freiné au moins une fois ?

Enfin on pouvait le deviner en regardant l’attitude de Nagumo jusqu’à présent.

Asahina — Miyabi n’a jamais buté sur quoi que ce soit, du moins pas à ma connaissance.

Les camarades de classe de Nagumo avaient une confiance inébranlable en lui.

Ayanokôji — C’est une évidence pour tout le monde que le président du Conseil Nagumo excelle. S’il n’était pas compétent, il lui serait impossible d’obtenir un OAA pareil ou de devenir président.

Il y avait pléthore de domaines où les manœuvres politiques seules ne suffisaient pas.

Asahina — Ce gars aime être le numéro un. C’est pourquoi il s’est battu pour être le premier dans ce campus. Il a même réussi à devenir le président du Conseil. C’est vraiment un homme de parole.

Moi — Peut-être mais pour moi ce n’est pas l’élève le plus fort si on venait à me poser la question.

Asahina — Comment ça ? Il n’a jamais perdu contre quelqu’un ici.

Asahina fut surprise par mes paroles.

Moi — Je pense que c’est parce qu’il n’a jamais eu de bons adversaires.

Il n’était pas faible, mais il ne faisait aucun doute que ses adversaires l’étaient.

Moi — Je pense que son plus grand malheur est qu’il n’a pas eu quelqu’un ayant la même voire plus de détermination que lui.

Asahina — Tu veux dire qu’il n’avait pas eu de bon rival ?

Moi — C’est exact.

Face à des élèves de rang inférieur, Nagumo put atteindre la première place sans trop d’efforts. Il avait peut-être commencé en deuxième ou troisième position, mais il avait rapidement fini premier jusqu’à creuser l’écart seul. En regardant derrière après avoir terminé sa course, il a vu que personne ne le poursuivait. Tous avaient fini par marcher ou abandonner parce qu’ils étaient incapables de le rattraper. Il y avait peut-être des personnes aussi talentueuses que lui comme Kiryuuin, leur manque d’intérêt les mettaient au même niveau que les autres. De simples cailloux sur la route. Le fait qu’il n’ait pas goûté à une âpre lutte jusque-là en plus de la frustration d’avoir été évincé par moi dès le départ, était la raison de la vision des choses erronée de Nagumo. Le fait qu’il lançait d’étranges tactiques contre moi n’était pas dû à un quelconque sentiment de défaite ou d’infériorité. C’était uniquement pour me mettre sur le devant de la scène. Quand il me provoqua en duel pour le festival sportif, il ne pensait pas perdre. Bien sûr, il ne savait pas tout de moi, mais même s’il avait vu de près toute ma force, il ne doutait pas de sa victoire. Il était juste de dire que Nagumo Miyabi n’avait jamais connu la défaite.

Asahina — J’aimerais qu’on puisse arrêter de se battre dans ce lycée.

Moi — Ah bon ?

Asahina — J’espère juste que rien ne m’arrivera…

Ce festival montra de manière flagrante le changement de comportement de Nagumo indirectement transmis au public. Pour les gens, il semblerait ce dernier se soit calmé, mais en réalité ce n’était que le calme avant la tempête. Il comptait prendre des mesures contre moi et d’autres et n’allait peut-être pas s’arrêter à l’expulsion d’une ou deux personnes. C’était le prix à payer pour l’avoir ignoré. C’était comme si j’avais laissé une bombe grossir de plus en plus. Une explosion d’une telle ampleur ne pouvait que causer des dégâts énormes. Je me souvins des paroles de Horikita Manabu, « Les méthodes de Nagumo rendent beaucoup de gens malheureux. »

C’était à moitié vrai. Bien sûr, je ne niais pas que j’avais joué un rôle dans son malheur, mais mon plan initial était juste de le déstabiliser. Il faut dire qu’il concevait les choses autrement. Sans ses méthodes, des élèves qui n’auraient jamais pu prétendre à la classe A ont pu avoir cette chance et ce qu’ils soient en seconde, première ou terminale. Ainsi certains eurent la possibilité d’avoir des billets de transfert de classe bien que dans des quantités limitées. Si le système avait été mis en place l’an dernier, sans nul doute aurais-je montré plus d’intérêt à Nagumo.

Moi — Je commence à m’intéresser au président du Conseil.

Asahina — Ai-je bien entendu ?

Moi — Mhm.

Un intérêt que je n’avais jamais ressenti auparavant, pas même une fois, jaillit des profondeurs de mon être.

Asahina — Je savais que tu étais bizarre.

Après avoir baissé son regard sur sa jambe bandée, Asahina eut un petit rire.

Moi — Notre rencontre est peut-être le fruit du hasard, mais le fait est que Nagumo et moi devons-nous faire face.

En y repensant, ma venue hasardeuse ici a également joué un rôle important dans ma prise de contact avec Asahina car je fus capable de formuler une conclusion après avoir discuté avec elle. Certes nous n’avons aucun contrôle sur le destin, mais il y avait un toujours une petite marge de contrôle dans ces successions de coïncidences. Ces dernières pouvaient selon le point de vue impacter la forme d’une conversation. Asahina Nazuna et son amulette, les diverses rencontres et Nagumo Miyabi, ce n’était pas un mauvais parcours. Tout comme le succès qui pouvait nous attendre après une série d’expériences ratées.

5

Laissant Asahina à l’infirmerie, je retournai au gymnase pour voir Kanzaki, qui m’intriguait, et Ichinose, qui devait être de retour. Si je me faisais trop remarquer, je risquais de me retrouver dans la même situation, alors je m’éloignai de l’entrée. Le fait que je ne voyais pas Kanzaki dans la file d’attente me fit demander s’il était à l’intérieur ou s’il était déjà parti. Mais il était clair qu’il attendait le retour d’Ichinose. Il y eut un peu de panique lorsqu’Asahina s’était blessée donc Kanzaki pouvait être encore dans le secteur. J’avais mis 15 minutes à revenir de l’infirmerie alors je n’aurais pas été surpris qu’Ichinose soit encore à l’intérieur s’il avait été dans les parages, à moins qu’elle ne soit revenue immédiatement après.

Tout en faisant des observations, je décidai de prêter attention aux visages des élèves qui quittaient le gymnase. Quelques minutes plus tard, Kanzaki apparut lentement par la porte de sortie. Mais ce qui me surprit le plus était le fait qu’Ichinose n’était pas avec lui. Il ne semblait pas se préoccuper de ce qui se trouvait derrière lui. Pensant qu’il allait juste s’éloigner, il se retourna et me vit. Il s’approcha alors de moi après m’avoir fixé pendant quelques secondes.

Kanzaki —Tu es de retour. Ça ne devait pas être trop grave.

Si cela avait été le cas, je ne serais pas revenu aussi vite effectivement.

Kanzaki —Tu te demandes pourquoi Ichinose n’est pas là ?

Moi — Pour être honnête, un peu.

Kanzaki —Je lui ai dit de ne pas venir car je m’inquiétais de la possibilité de te croiser en revenant de l’infirmerie. De plus, il reste encore quelques jours pour la préouverture.

Ichinose avait en effet le temps d’assister à l’évènement de son côté. Dans une certaine mesure, leur classe avait l’air bien avancée dans leurs préparatifs. Ce n’était peut-être qu’une formalité pour elle de venir voir cet évènement.

Kanzaki — Je veux continuer là où nous nous sommes arrêtés plus tôt. Ta classe semble bien se porter.

Il était clair qu’il faisait référence à la série d’évènements allant de l’examen de l’île déserte à l’examen du consensus, et si on remontait un peu plus loin, au début de notre année de première.

Moi — Nous ne sommes en aucun cas en sécurité. Contrairement à votre classe, nous avons eu un expulsé et puis des défauts que les points de classe ne montrent pas.

Kanzaki —Vous n’êtes pas les seuls à avoir des défauts cachés, mais si on se focalise sur les faits, vous avez clairement remonté la pente.

Plutôt que de l’envie, c’était l’opinion honnête de Kanzaki.

Kanzaki —Votre classe peut dorénavant se frotter à celle de Sakayanagi.

Une chose qui me frappa, c’était l’évaluation quelque peu pessimiste de Kanzaki sur sa propre classe.

Moi — Tu as déjà abandonné ta lutte pour la classe A.

Kanzaki —En effet.

Kanzaki répondit par l’affirmative. Il n’était pas difficile de le comprendre. La classe d’Ichinose n’était pas un cas désespéré dans la mesure où elle ne risquait pas de perdre beaucoup de points pour des retards, des absences ou des problèmes de comportement et autres. Il s’agissait d’un groupe sérieux qui ne perdait presque jamais de points de classe et qui faisait rarement des erreurs majeures lors des examens spéciaux. Mais en même temps, leur classe n’avait pas eu l’occasion de creuser l’écart non plus.

Kanzaki — Personne n’a remarqué que la classe s’enfonce lentement. Ce serait encore mignon si mes camarades faisaient semblant de ne pas remarquer la chose, mais ils sont clairement inconscients.

Moi — Tu es donc le seul à avoir cette opinion.

Kanzaki —C’était le cas jusqu’à il y a peu, mais ça ne sert à rien de se rebeller seul.

Moi — Tu veux dire que tu as abandonné l’idée de les faire changer d’avis ?

Kanzaki — Notre classe n’atteindra jamais le sommet.

Kanzaki fut on ne peut plus clair.

Kanzaki —Si la possibilité a été réduite à zéro, la seule chose qui reste à faire est de trouver un autre moyen. Si nous devons couler de toute façon, nous devrions donner à autant de personnes que possible une chance de s’échapper.

Moi — Donc, tu vas changer de classe après avoir accumulé 20 millions de points ?

Kanzaki — Parce que le président Nagumo Miyabi a réellement mis cela en place et que cela s’est avéré efficace. Concentrer les points privés sur Ichinose, c’est ce que nous avons fait. Si nous exécutons ce plan jusqu’au bout, nous pouvons faire passer au moins deux ou trois personnes en classe A. De plus, l’existence des tickets de transfert de classe a été révélée pour la première fois au festival sportif. Bien sûr, il ne sera pas facile d’en acquérir, mais l’augmentation des options est un facteur véritablement réjouissant.

Moi — Pourquoi me dis-tu tout cela ?

Kanzaki —Je ne sais pas vraiment non plus.

C’était une réponse peu caractéristique. Kanzaki s’arrêta un moment et commença à chercher une meilleure réponse.

Kanzaki — Je n’avais peut-être pas d’endroit pour me confier.

Dans la vie quotidienne, un problème était partagé entre les proches de l’élève, qu’ils soient ou non dans la même classe afin de trouver une solution. Mais dans notre cas, la seule solution était de renoncer à monter en classe A et d’effectuer un transfert dans une autre classe. S’il devait révéler le problème, nul doute que cela ne ferait que semer la discorde.

Kanzaki — Tu es la seule personne que je croyais capable de me comprendre.

Je vois. Il pensait que j’étais le meilleur exutoire pour exprimer ses émotions négatives. Bien sûr, ce n’était pas la seule raison. Il semble qu’il ait aussi du ressentiment envers moi, qui ai une forte influence sur Ichinose.

Kanzaki —Je me fiche de ce qui s’est passé entre toi et Ichinose ou du type de relation que vous avez. Ta mauvaise influence l’a empêché d’être lucide pour observer la maison hantée ce qui est un problème majeur.

Moi — C’est un peu dur quand tu le dis comme ça.

Kanzaki —Tu dois me pardonner. Je suis sûr que tu comprends à quel point c’est frustrant.

Kanzaki leva alors la main et me dit qu’il partait. Le dos du stratège de classe qui avait renoncé à gagner semblait d’une taille plus petite que d’habitude. C’était un peu sauvage de le rappeler ici, mais à ce moment-là je ne pus pas laisser Kanzaki rentrer chez lui dans cet état.

Moi — Il faudra qu’on parle de l’avenir un moment.

Kanzaki —Et pourquoi pas maintenant ? J’ai tout mon temps pour en parler.

Moi — Je suis désolé, mais pour l’instant je dois observer un peu les terminale. De plus, nous ne pourrons pas avancer si nous commençons à en parler maintenant.

Pour discuter de l’avenir, il fallait une autre pièce du puzzle.

Kanzaki —Si c’est le cas, eh bien, d’accord. Appelle-moi quand tu veux.

6

En ce vendredi, j’arrivai dans un endroit que je n’avais pas l’habitude de fréquenter afin de rencontrer un certain élève. Après avoir frappé, j’ouvris la porte de la salle du Conseil. Pendant un instant, Nagumo Miyabi eut l’air surpris. Il semblait seul aujourd’hui comme Asahina l’avait stipulé. Même pour lui, mon arrivée dut être inattendue. Je me demandai s’il m’avait observé il y a quelques minutes, car je pouvais voir son téléphone portable dans sa main gauche. J’étais sûr d’être un visiteur indésirable pour lui, mais il ne me repoussa pas. Bien au contraire, il m’incita à entrer.

Moi —Je me permets de rentrer.

La porte menant à la pièce se referma avec un claquement. Il y eut ensuite un petit silence.

Nagumo —Je t’ai attendu car Nazuna a insisté pour te laisser du temps, mais je ne vais pas présumer de quoi que ce soit. Alors, tu es ici pour le Conseil ou pour moi ?

Moi —Je ne me préoccupe pas du Conseil. C’est vraiment pour te parler personnellement.

Après avoir dit cela, il s’assit plus profondément sur sa chaise et posa le téléphone portable qu’il tenait dans la main sur le bureau

Nagumo —Eh bien, dans ce cas, je ne peux que te féliciter d’avoir montré ton visage devant moi, tu ne penses pas, Ayanokôji ?

Moi —Je pense que tu fais référence au festival sportif, mais être malade n’est-il pas un motif d’absence valable ?

Nagumo —Ne me raconte pas de la merde. Je t’ai aperçu au centre commercial Keyaki le lendemain et tu avais l’air en forme.

Moi —Je n’ai eu besoin que d’un jour.

Nagumo —C’est un mensonge éhonté.

Moi —Peut-être.

Je n’essayai pas de l’embrouiller, mais Nagumo semblait comprendre qu’il était inutile de continuer à creuser.

Nagumo — Que ce soit vrai ou non, ça ne m’intéresse plus vraiment. Quoi qu’il en soit, dis-moi la raison de ta venue ici.

Il n’essayait même pas de cacher le fait qu’il voulait rapidement mettre un terme à la discussion. Cependant, une attitude aussi transparente était aussi la preuve qu’il cachait ses véritables sentiments.

Moi —Je peux m’asseoir ? Je pense que ça va être un peu long.

Nagumo —Tu as déjà dit que tu ne voulais plus avoir affaire à moi le président du Conseil. Si je le voulais, je pourrais t’ignorer pour toujours.

En tant que président, Nagumo était prêt à écouter tout le monde, même quelqu’un qu’il n’aimait pas. Il n’avait pas tort dans son raisonnement.

Moi —Si tu ne veux pas m’écouter, je partirai.

Si Nagumo n’avait que faire de me parler alors je n’aurais eu d’autre choix que de partir. Mais je sentais que son intérêt pour moi n’avait pas complètement disparu au fond de lui alors c’était une autre histoire. J’étais même sûr de moi sinon je ne serais pas venu ici. Après un petit silence, Nagumo m’ordonna de m’asseoir. Je plaçai ma chaise et m’assis de manière à ce que nous puissions nous faire face.

Nagumo —Désolé, je n’ai rien à te servir.

Moi —Pas de problème.

Je pus dire à la façon dont il me regardait qu’il n’allait pas s’excuser pour autre chose.  La seule chose qui devait l’obséder était le pourquoi de ma venue ici après si longtemps.

Moi —Je n’aurais jamais cru que la terminale A ferait une préouverture. N’est-ce pas désavantager ta classe ?

Nagumo —J’ai ouïe dire qu’une classe stupide a laissé son évènement être révélé.

Moi —C’est petit. J’ai ouïe dire aussi que Ryuuen a également rendu une petite visite au président du Conseil Nagumo.

Nagumo —Il tentait de me faire mettre en jeu des dizaines de millions de points avec lui.

Moi —J’ai entendu dire que tu avais refusé.

Nagumo — Oui, eh bien, notre petit jeu est terminé et ma vie de lycéen aussi. Ce festival culturel ne vaut donc plus rien pour moi alors à quoi bon donner des instructions ?  Que les gens profitent de se faire des souvenirs durant ces derniers mois.

Il voulait donc que leur évènement soit digne d’un lycée normal. Il ne se souciait ni du classement ni des plaintes des autres classes.

Moi —Mais des dizaines de millions ? Même si sa classe venait à se rassembler, il n’aurait pas assez.

La classe de Ryuuen avait des revenus élevés, mais dépensait beaucoup en contrepartie. Elle n’avait pas les poches bien remplies.

Nagumo — Il m’a dit qu’il me donnerait le droit d’expulser les élèves que je veux, lui y compris.

Ryuuen allait utiliser les élèves eux-mêmes comme garantie pour les fonds qu’il ne pouvait pas fournir.

Nagumo —L’an passé j’aurais probablement accepté son offre. Même si nous avions un an d’écart, il aurait été intéressant que nous jouions pour l’expulsion.

Il avait ainsi perdu son enthousiasme et son intérêt pour l’établissement.

Nagumo —Si tu veux te mesurer à moi, tu peux faire ce que tu veux.

Moi —Je vois. Mais tu sais qu’il y aura des plaintes.

Nagumo —Personne ne le peut car s’ils le font, ils compromettront leur chance d’être transféré en A. Quand le festival approchera, je ferai, ou plutôt le Conseil fera une proposition intéressante pour donner un coup de pouce à une classe qui a du mal.

Moi —Je vois. Tu y as beaucoup réfléchi, n’est-ce pas ?

Nagumo —Eh bien, je suis le président du Conseil, après tout.

Après cette réponse clichéee, Nagumo expira un soupir et insista.

Nagumo — Dis-moi ce que tu es venu chercher ici.

Moi —Tout ce que je désire c’est avoir une conversation avec le président du Conseil. Rien d’autre.

Nagumo —Je ne te crois pas.

Moi —Ah bon ? Je suis en fait un peu surpris par mes propres actions. Jusqu’à présent, j’avais essayé de garder mes distances avec toi.

Nagumo —En effet.

Cependant, il ne comprenait pas la raison profonde de cette attitude.

Moi —Tu sais pourquoi ?

Nagumo — Je ne sais pas. Je suis sûr que ce n’est pas parce que tu as peur de moi.

Moi —Contrairement au précédent président Horikita Manabu, tu attires les regards. Tu es trop sur le devant de la scène pour qu’une personne discrète comme moi puisse t’affronter en toute tranquillité.

Nagumo — Bien sûr. Mais ce n’est qu’une façade, n’est-ce pas ?

Nagumo écarta légèrement le faux-semblant de respect et m’exhorta à révéler mes véritables intentions.

Moi —Je n’étais pas intéressé du coup.

C’était un peu exagéré, mais c’était ce que je pensais honnêtement. Tout en reconnaissant un certain niveau de compétence chez lui. C’était pour cela que je ne pensais pas devoir m’impliquer dans ce que Nagumo faisait…

Nagumo —Si quelqu’un d’autre avait dit ce que tu viens de sortir, je me serais sûrement emporté.

Moi —Je n’avais pas réalisé que c’était impoli.

Nagumo — Non, tu n’as pas besoin de t’excuser. Si tu te sens comme ça, c’est ton problème. C’est moi qui t’ai fait dire ce que tu pensais.

Mais il ajouta rapidement.

Nagumo —Mais quand même, si ce n’était pas toi qui avais dit ça, je suis sûr que je l’aurais fait changer d’avis tout de suite.

Il n’hésiterait pas à piéger son interlocuteur pour l’emmener sur son terrain pour le forcer à s’intéresser à lui. Nagumo en était capable.

Moi —Ton mandat de président arrivera bientôt à son terme et tu seras diplômé en classe A. Je pensais attendre la chose tranquillement.

Nagumo —Et tu vois les choses autrement maintenant ?

Moi —J’ai changé d’avis oui. J’ai senti que je pouvais t’affronter directement voilà pourquoi je suis ici.

Il n’y avait pas besoin d’équilibre des pouvoirs, de flatterie, de fausse joie ou de colère. Il valait mieux pour l’avenir que je dise ce que j’avais sur le cœur. Je continuais à expliquer la raison principale de ma présence.

Moi —J’ai une proposition pour toi. Enfin, j’aimerais te lancer un défi.

Il ne devait pas s’attendre à une telle déclaration.

Nagumo — Je ne suis pas convaincu, ça ne te ressemble pas.

Ce n’était pas suffisant pour convaincre Nagumo.

Nagumo —Je ne sais pas quand exactement ce changement d’avis est arrivé, mais c’est trop tard. Tu as raté la dernière chance que je t’ai donnée au festival sportif. Si je retourne la chose contre toi, je vais stipuler que je ne suis pas intéressé non plus.

Moi —Tu en as le droit bien sûr.

Nagumo — Oui. Après avoir laissé passer trois opportunités, tu me demandes maintenant d’accepter. Impossible que je réponde favorablement.

Nagumo ne changea pas de position et continua à ne montrer aucune retenue.

Nagumo —Tu étais comme par hasard malade alors que je sais bien que c’était un mensonge et puis je n’ai pas oublié ce qu’il s’est passé sur l’île.

Moi —Alors tu veux me retourner le coup ?

Si Nagumo pouvait me frapper dans les tripes ici, je pourrais lui faire oublier cet incident. Mais je ne pensais pas que cela suffirait pour être convainquant. En tout cas pas pour Nagumo Miyabi.

Nagumo — Tu n’es pas drôle, Ayanokôji. Ce ne serait jamais le même K.O. Et puis nous n’avons pas la même valeur.

Naturellement, il n’y avait pas de place pour ma proposition. Il était évident qu’il y avait au moins cette différence entre nous deux. L’un était un élève ordinaire de la première B tandis que l’autre était le leader de la terminale A et le président du Conseil. La différence entre ce dont nous étions capables était si grande que même une comparaison était inacceptable.

Nagumo —Eh bien, je vais mettre cette proposition de côté car il est inutile d’en parler maintenant, mais comprends ceci Ayanokôji. J’ai le droit de te défier, mais toi tu n’en as pas le droit.

Moi —Je comprends, mais à quoi bon laisser de côté alors que je suis ici devant toi en étant cette fois fin prêt ? C’est si difficile que ça à accepter ?

J’avais intentionnellement coupé le bout de mes doigts pour que le sang qui coule attire ce loup assoiffé. Mais il ne mordait pas facilement. Il n’était plus ce provocateur téméraire d’avant. S’il ne m’avait pas considéré comme un ennemi, il aurait déjà eu ses crocs au bout de mes doigts. Il ne le réalisa peut-être pas, mais sa méfiance était la preuve qu’il me considérait toujours comme son ennemi.

Nagumo — Tu es vraiment étrange. Tu ne montres aucun signe de timidité lorsqu’il s’agit de moi. Non, ce n’est pas seulement contre moi. Tu le faisais aussi avec Horikita-senpai.

Nagumo regarda par la fenêtre comme s’il se souvenait de l’époque de Horikita Manabu. Son désir initial était de le combattre. Cet objectif n’avait pas pu être réalisé et il ne le sera jamais, peu importe le substitut derrière.

Nagumo — Si je devais jouer à un jeu avec toi, que ferais-tu ? C’est presque le troisième trimestre de l’année. Nous avons passé la moitié du second trimestre et comme tu le sais probablement, j’ai donné les pleins pouvoirs à mes camarades pour qu’ils gèrent les ventes du festival culturel. Je ne peux plus revenir en arrière. D’autre part, même si j’attends le prochain examen spécial, il n’y a aucune garantie qu’il y aura une compétition entre toutes les années.

Nous pouvions nous en remettre à la chance et attendre, mais ce ne serait pas très réaliste.

Nagumo —Et puis tu es bien conscient de la difficulté d’avoir un duel sérieux alors que nous ne sommes pas dans la même année. Tu l’as bien vu avec l’ancien président du Conseil non ?

Le festival sportif de l’année dernière, les camps d’entraînement, etc… Nagumo Miyabi était inflexible sur sa volonté de rivaliser avec Horikita Manabu. Peu importe la forme que cela prenait, peu importe les conditions, il se forçait à combattre pour avoir une démarcation claire. Cependant, Manabu esquiva les provocations de Nagumo et n’impliqua pas les autres dans leur combat.

Nagumo —Et surtout, à quel point doit-on faire des efforts pour s’adapter ? À cause de toi l’an passé, ce duel avec  Horikita-senpai n’avait pas eu lieu.

Dans ce sens aussi, Nagumo avait des reproches à me faire.

Moi —Écoute ce que je vais te dire et réfléchis à ma proposition.

Sur ce, Nagumo s’enfonça plus profondément dans la chaise pour corriger un peu sa posture. Bien que beaucoup des examens spéciaux que l’école donnait étaient inconnus, nous avions plusieurs modèles pour nous y préparer. Car quelle que soit la forme de l’affrontement, il y avait toujours une certaine méthodologie à exécuter. Lorsque je finis de tout relater, Nagumo resta silencieux et semblait plongé dans ses pensées.

Moi —Je ne sais pas si nous pouvons réaliser une correspondance parfaite à 100%, mais je pense que cela peut devenir une réalité.

Nagumo —En effet. Mais penses-tu vraiment que nous pouvons mettre en œuvre le plan dont tu parles ?

Moi —Je suis sûr que notre président peut déjà envisager la situation. Je suis sûr que tu les as observés jour après jour, non ? Si c’est le cas, il est impossible que tu ne connaisses pas les détails.

Nagumo — Je vois. J’avais prévu de te secouer à ce moment-là, mais au lieu de t’énerver, tu as décidé d’en profiter.

Moi —Vas-tu accepter ma proposition ?

Nous discutâmes pendant un temps un peu trop long à mon goût, mais ce fut nécessaire pour les négociations.

Nagumo — Je serais heureux d’accepter ta proposition, mais…

La réponse était positive, mais…

Nagumo — Quel est ton véritable objectif ?

Moi —Tu doutes encore ? Je veux juste me mesurer à toi.

Nagumo —Je ne le crois pas une seule seconde.

Comme s’il était convaincu, il répondit sans hésiter. J’étais quelque peu satisfait, mais je décidai d’attendre les prochains mots de Nagumo.

Nagumo —Très bien, dis-moi quel est le problème principal. Je réfléchirai ensuite à l’acceptation ou non.

Il me laissa passer à l’autre sujet principal sans hésiter.

Moi —J’ai une faveur à te demander vu que tu es le président.

Je donnai une explication basée sur le contenu de la demande et son développement spécifique. Après avoir écouté, il s’assit profondément dans son fauteuil qu’il avait depuis un an.

Nagumo —Je comprends ce que tu me dis. Mais ce n’est pas basé sur ton envie de te mesurer à moi. Tu as évoqué l’idée d’un match parce que tu n’avais pas d’autre choix que d’avoir le contrôle de la situation, j’ai tort ?

Moi —Disons que c’est à moitié faux. Il est vrai que j’ai changé de point de vue sur toi alors voilà pourquoi je veux me battre, mais il est vrai aussi que ça me dérange.

Nagumo —Tu es au moins honnête.

Moi —C’est pourquoi je veux que tu acceptes ma proposition.

Nagumo — La bonne blague. Tu es vraiment effronté.

Moi —Je ne vais pas le nier.

Nagumo —Tu crois que je vais te donner ce que tu veux ?

Moi —Si tu refuses alors on pourra s’oublier une bonne fois pour toute. Que tu prennes ou non en otage un de mes camarades, je l’ignorerai autant que toi.

Nagumo — J’en doute fort. Peut-être pour quelqu’un avec qui tu n’as pas d’attaches, mais ignoreras-tu Karuizawa Kei ?

Là, Nagumo essaya de m’influencer en mentionnant Kei.

Moi —Peu importe.

Le sourire de Nagumo disparut après ma réponse rapide.

Nagumo — Tu le penses donc vraiment…

Moi —Je ne suis pas ni omniscient ni omnipotent. Je ne peux pas protéger tout le monde 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an, que ce soit Kei ou d’autres camarades. En tant que président du Conseil élèves, tu as un pouvoir hors-norme dans cette école et le contrôle d’un grand nombre d’élèves. Il n’est pas difficile pour toi de faire expulser quelqu’un.

Bien sûr, il y avait un prix à payer important, mais je m’en fichais.

Moi —Peu importe qui tu expulseras, je ne ferai plus un geste.

Ce n’était pas une tactique. C’était de la pure sincérité, c’était pourquoi le sourire de Nagumo disparut naturellement.

Nagumo —Si je veux donc t’écraser, ce que je souhaite profondément, je n’ai pas d’autre choix que d’accepter ta proposition actuelle.

Moi —Bien sûr, tu peux l’ignorer et obtenir ton diplôme tranquillement.

Nagumo — Mais n’auras-tu pas des ennuis si je ne t’aide pas ?

Moi —J’ai déjà élaboré d’autres plans.

Oui, il n’était plus nécessaire d’argumenter plus. L’envie de me battre contre lui était la raison pour laquelle je voulais avoir cette discussion même si ce n’était qu’à moitié. Le verdict allait maintenant bientôt tomber.

Nagumo — D’accord, je te crois sur parole, Ayanokôji. Mon diplôme de la classe A est de toute façon en poche. Ce n’est pas une mauvaise idée de finir ma scolarité en jouant avec toi.

Nagumo ne pensait pas une seconde qu’il allait perdre, il ne pouvait même pas l’imaginer. C’était l’assurance débordante d’un homme qui gagnait toujours.

Moi —Merci beaucoup.

Nagumo —Mais tu es sûr de vouloir faire ça ? Si je fais ce que tu suggères, alors… peu importe comment ça se passe, des gens seront blessés.

Moi —Bien sûr. De toute façon, tu aurais été impliqué quoi qu’il arrive.

Nagumo réagit fortement à mes mots.

Nagumo — Tu…

Alors que j’étais sur le point de partir, Nagumo se leva et s’approcha de moi.

Nagumo — Tu étais au courant ?

Moi —Même si nous étions éloignés, je t’ai observé. J’avais une idée de ce que tu ferais après ça.

Même s’il disait qu’il n’avait plus l’intention de se battre, il avait toujours au fond de lui cette envie. Voilà pourquoi j’avais agi maintenant avant que la situation ne s’envenime.

Nagumo — Donc tu dis que ce n’est pas seulement Karuizawa, mais aussi Honami…

Moi —Comme je l’ai dit, c’est la même chose, peu importe qui c’est. Que ce soit l’expulsion de Kei, le fait de jouer avec Ichinose, Horikita, ou n’importe qui d’autre. Il serait sage de ne pas penser que tu puisses m’influencer de la sorte.

Lui qui riait sournoisement jusque-là, eut rapidement une expression sérieuse.

Nagumo — Je retire mon commentaire sur le fait de s’amuser. Tu es le seul que Horikita-senpai ait reconnu. J’ai pu m’en assurer.

Moi —C’est bon à entendre. Alors, je te laisse.

Nagumo — Hé !

Moi —Oui ?

Nagumo — J’admets que j’ai du mal à lire en toi. Je comprends aussi que ta négociation est venue à point nommé. Alors, laisse-moi entendre au moins tes vrais sentiments pour une fois. Si j’avais été sérieux dans mon intention d’expulser Karuizawa, serais-tu resté là à regarder ?

Moi —Pour Kei non en tout cas, car la perte d’un camarade aurait eu un impact négatif pour le groupe. J’aurais résisté autant que possible quel que soit l’élève de la classe.

Nagumo — Ce n’est pas une réponse. Je me fiche du groupe. Tu ne ressentirais rien si Karuizawa, censée être spéciale pour toi, venait à disparaitre ?

Je regardai en arrière. Normalement, la réponse devrait être évidente. Je ne faisais que bluffer et essayer de cacher aux autres ce que je ressentais vraiment. J’allais justement dire quelque chose de ce genre. Mais j’avais le sentiment que ce n’était pas la meilleure réponse pour Nagumo.

Moi —Si elle venait à disparaitre alors soit, c’est comme ça. En fait, ça m’aurait été d’une grande aide car tu m’aurais facilité le nettoyage.

Nagumo — Tu as vraiment une case en moins, Ayanokôji.

C’était la première fois que je voyais Nagumo contrarié, ou plutôt, marmonnant son opinion sur quelque chose qu’il ne comprenait pas bien.

Moi —Je t’appellerai plus tard.

Je fermai tranquillement la porte et quittai la salle du Conseil des élèves.

Nagumo me prit pour un fou, mais pour moi c’était le contraire. Ceux qui prennent de mauvaises décisions sous le dictat de l’émotion sont ceux qui ont des cases en moins. Que la personne soit étrangère ou proche.

Lorsque l’on échoue ou que l’on abandonne, c’est la fin.

La priorité absolue est toujours de se protéger.

C’est la réponse immuable.


[1] Ippon (一本) est le plus haut score qu’un martialiste peut atteindre dans un combat en tournoi au Japon.

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