CLASSROOM Y2 V4 : CHAPITRE 5


Avis divergents

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Traduction : Nova, Raitei
Correction : Raitei
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Neuvième jour sur l’île, le lendemain de la séparation de Nanase et Ayanokôji.

Alors qu’il formait un groupe de trois personnes, Hôsen, qui agissait seul depuis le premier jour, se prélassait dans une tente alors même qu’il avait connaissance de sa zone désignée depuis 7h du matin.

Aux alentours de 8 heures, une ombre s’approcha de lui.

— Bonjour, Hôsen-kun.

Hôsen — Ah ?

Nanase — C’est moi, Nanase.

Hôsen — J’ai reconnu ta voix ouais. Qu’est-ce que tu fous là ?

Nanase — Ai-je besoin d’une raison pour parler à mes camarades de groupe ?

Elle était tout à fait sérieuse, pourtant Hosen se mit à ricaner.

Hôsen — Ho vraiment ? Tu t’es pourtant bien amusée avec Ayanokôji. Et pour quel résultat ?

Nanase — Là n’était pas la question… 

Hôsen — Ha, tu l’as défié sans utiliser tes atouts féminins, pas vrai ?

Nanase — Mes atouts féminins… ?

Hôsen — Pourquoi utiliser son cerveau avec des seins pareils ?

Nanase — Eh bien, je ne vois pas tout à fait le rapport.

Hôsen — Alors ? T’es là juste pour faire coucou ?

Hôsen sortit sa tablette et fit de suite une recherche GPS. Il devait vérifier certaines choses dans la mesure où il ne savait pas si Nanase était une alliée. Cependant, il ne semblait pas avoir détecté de présence.

Nanase — J’ai échoué en essayant de faire expulser Ayanokôji-senpai par moi-même. J’ai donc pensé que je pouvais compter sur ton aide, Hôsen-kun. Si tu as plan, fais-le moi savoir.

Hôsen ne semblait guère convaincu par Nanase. Après tout, elle avait agi de son côté pour revenir bredouille.

Hôsen — Dégage, je vais le faire à ma façon.

Nanase — J’attendrai jusqu’à ce que tu changes d’avis.

Hôsen — Va dans la zone désignée. Au moins tu nous éviteras les sanctions.

Nanase ne montra aucune volonté de partir. Hôsen tenta de l’ignorer, en plissant les yeux. Environ dix minutes plus tard, Nanase appela de nouveau.

Nanase — Hôsen-kun.

Hôsen — T’es toujours là ? Tu perds ton temps bordel !

Nanase — On dirait que nous avons un visiteur.

Lorsque Hôsen ouvrit lentement les yeux, il remarqua une autre silhouette en plus de celle de Nanase.

Nanase — Hoizumi-kun.

Hôsen — T’es qui ? On se connait ?

Désigner quelqu’un sans même le nommer était assez impoli.

Katagiri — Bonjour… Je suis Katagiri de la classe C…

Hôsen — Connais pas !

Nanase — Je vais lui parler pour toi… Que se passe-t-il ?

Katagiri — Je dois donner quelque chose à Hôsen-kun.

Nanase — Quoi donc ?

Katagiri — Et bien…

Hôsen, qui écoutait avec indifférence, sortit de la tente pour voir ce qui se passait. Une fois debout, le contraste entre lui et le petit Katagiri était saisissant.

Hôsen — J’espère que c’est intéressant, sinon je te défonce !

Katagiri — Hmm… ça !

Fermant les yeux et tenant un talkie-walkie dans sa main, il trembla de peur.

Nanase — On dirait un talkie-walkie.

Katagiri — C’est bien ça. Pour pouvoir communiquer avec Utomiya et Tsubaki.

Katagiri dit cela tout en étant effrayé par Hôsen.

Hôsen — Hah. Vous envoyez une demi-portion pour me contacter ? À quoi vous jouez, Utomiya et Tsubaki…?

Pendant ce temps, il vérifia sur la tablette position d’Utomiya sur la carte.

Hôsen — Si vous voulez quelque chose parlez maintenant ou allez bien vous faire foutre !

Une réaction arriva finalement de l’autre côté du fil.

Utomiya…Je ne voulais pas te contacter. Mais il semblerait que je n’ai pas trop le choix pour mener à bien mon plan.

Hôsen — Un plan ? De quoi tu parles ?

UtomiyaTu as oublié de quoi on devait parler le 6ème jour ?

Hôsen — Si tu avais mentionné quelque chose à propos de s’entretenir en secret, j’ai dû zapper.

Regardant de côté, Hôsen écouta le talkie-walkie sans se détourner.

UtomiyaEn effet, oui.

Hôsen — Et donc ?

UtomiyaNous allons bientôt mettre en place une stratégie pour définitivement mettre les 2nde en sécurité.

Hôsen — Vraiment ?

Après avoir répondu de cette façon, Hôsen interrompit la voix d’Utomiya. Hâtivement, Nanase sortit la tablette de son sac à dos et afficha les 10 derniers groupes. Actuellement, quatre groupes de 2nde risquaient la sortie.

Nanase — Deux groupes de notre classe sont en danger.

Hôsen — Et qu’est-ce que tu veux que ça me foute ? Des merdes pareilles, personne les regrettera ! 

Nanase — Hôsen-kun, je trouve leur comportement très suspect.

Hôsen — Ferme ta gueule !

Hôsen, sachant la déduction de Nanase correcte, relança la discussion principale.

Hôsen — Bref, je ne sais pas de quoi tu parles, mais qu’est-ce que ça a à voir avec moi ?

Du point de vue de Nanase, tout était clair. Une sorte de négociation avait débuté, et elle concernait l’implication de Hôsen. Un point que l’autre partie n’avait pas encore abordé.

UtomiyaNe devons-nous pas nous entraider, entre 2nde ?

L’expression d’Utomiya n’était pas visible à cause du talkie-walkie. Cependant, Hôsen n’était pas aussi dupe qu’on le pensait.

Hôsen — Quelqu’un t’a dit ça ? C’est intéressant !

UtomiyaTu es libre de refuser. J’espérais qu’on puisse aboutir à un accord, mais je suppose qu’on peut se passer de toi !

Hôsen — Ok. Je refuse alors !

Tout en tenant le talkie-walkie, Hôsen attendait une réaction de l’autre côté.

UtomiyaHôsen.

Utomiya, frustré, prononça le nom de Hôsen. La réponse de ce dernier, toutefois, ne fut rien d’autre que le silence.

Utomiya — Bon, d’accord…

En théorie, Utomiya aurait dû insister bien d’avantage. Toutefois, il semblait relativement serein. Peut-être parce que quelqu’un d’autre tirait les ficelles ? 

Hôsen — Attends. Personne n’a dit que c’était mort.

UtomiyaQuoi ?

À l’autre bout du talkie-walkie, Utomiya semblait un peu nerveux. On pouvait dire qu’il n’avait pas prévu que l’appel aille si loin.

Hôsen — Si tu me demandes en te prosternant, peut-être que j’y réfléchirai !

UtomiyaNe sois pas stupide. Qui se prosternerait devant toi ?

Hôsen — Alors la discussion est close je suppose… Tsubaki.

Hôsen s’adressa à Tsubaki qui l’écoutait aux côtés d’Utomiya.

UtomiyaTu avais remarqué ? Ou tu as fait une recherche GPS ?

Hôsen — Je ne dépenserais pas de points sur quelque chose d’aussi évident. Je suis assez intelligent pour savoir ce dont cette petite salope est capable.

C’était un mensonge. C’était bien via la recherche GPS qu’il avait remarqué qu’Utomiya et Tsubaki partageaient la même localisation.

TsubakiOn dirait que je ne peux vraiment pas laisser Utomiya-kun tout seul.

Hôsen rit un peu en entendant l’échange entre Utomiya et Tsubaki.

Hôsen — Tu ne lui fais pas confiance ?

TsubakiDisons que tu nécessites quelques précautions supplémentaires.

Certes, les deux n’étaient pas en bon terme, mais Utomiya aurait certainement laissé ses émotions de côté.

Hôsen — Alors, il faut sauver les élèves de seconde non ?

TsubakiTu le sais déjà non ? Quatre des dix groupes à risque sont de 2nde, dont deux de la classe D. Si l’examen spécial se termine comme ça, les dégâts seront importants non seulement pour l’entièreté des 2nde mais aussi pour ta classe.

Il était quand même étrange que le dirigeant de la classe D ne se sente pas plus concerné que ça.

Hôsen — Je croyais que vous vouliez aider tout le monde, nan ?

TsubakiAvant ça…. Nanase-san est fiable, n’est-ce pas ?

Tsubaki évoquait Nanase pour la première fois. Une non réponse pouvait parfois être une réponse.

Hôsen — Il est vrai que je suis entouré de vieilles merdes dans cette classe. Mais bon, elles peuvent servir de temps en temps.

TsubakiOk, super. Je vais sauver les quatre groupes en danger et les autres pour qu’ils ne tombent pas dans les cinq derniers.

Hôsen — Tu parles, tu parles… Qu’est-ce qui me prouve que t’en es capable ? J’espère que t’es pas en train de me faire perdre mon temps.

TsubakiOui, tu as l’air vachement occupé là !

La réponse de Tsubaki indiquait que Hôsen était surveillé par GPS dès le début.

Hôsen — Juste pour le plaisir, je peux garder Katagiri ?

Le visage de Katagiri se décomposa, effrayé par les sautes d’humeur de Hôsen.

UtomiyaNe t’emporte pas, Hôsen, pense aux conséquences si tu poses la main sur lui.

TsubakiUtomiya, reste en dehors de ça pour l’instant.

Utomiya — Mais…

Ils commencèrent à se disputer de l’autre côté de la transmission, qui fut aussitôt interrompue.

Katagiri — Qu’est-ce que tu fais ?

Hôsen — Hé !

Katagiri s’éloigna lentement face à l’effroyable sourire de Hôsen

Hôsen — Aller, tu me fais chier, casse-toi !

Katagiri — Et le talkie-walkie ?

Hôsen — Je vais garder ça.

Katagiri — Mais…

Nanase — Katagiri-kun, je pense que tu devrais écouter Hôsen-kun.

Il n’était pas tout à fait sûr mais finit par être convaincu par Nanase. Le regard de Hôsen en disait long en plus de cela. Ainsi, Katagiri ne demanda pas son reste et se dépêcha de courir, jusqu’à légèrement trébucher.

Hôsen — Petite merde.

Nanase — Toujours dans l’excès.

Hôsen — C’est ma façon de faire. Tu le sais.

Après un tel échange entre les deux, une transmission arriva de Tsubaki.

Tsubaki Bon, on peut reprendre la conversation ?

Hôsen — Je veux bien, mais Katagiri a laissé son talkie-walkie et est allé quelque part…

TsubakiTu l’as menacé, n’est-ce pas ?

Hôsen — C’est difficile d’être outsider dans un combat qui est déjà décidé d’avance. Pas vrai, Tsubaki ?

TsubakiC’est vrai que je ne peux pas gagner si je suis prise de court. Mais ce n’est pas le cas ici.

Hôsen — Ici ?

Tsubaki Connecte tes neurones…

Hôsen rit nerveusement, ne semblant pas être ouvert à la plaisanterie.

Hôsen — Parle un peu mieux !

TsubakiIl existe un moyen de sauver les groupes qui sont tombés en bas du tableau. Pour ce faire, nous avons besoin du plus grand nombre de collaborateurs possible. Il semble que les terminale utilisent déjà une stratégie similaire, et l’aide de la 2nde D serait plus que nécessaire. 

Tsubaki, qui avait laissé Hôsen libre, lui demanda maintenant de l’aider.

Hôsen — Ok pour coopérer mais, en fait, j’ai quelque chose à faire.

Malgré le fait qu’il connaissait sa zone désignée, Hôsen ne bougeait pas depuis ce matin. Tsubaki et les autres savaient donc qu’il y avait peut-être autre chose.

TsubakiOccupé hein… Tu es après Ayanokôji ?

Hôsen —Oui. Alors ballec des déchets de ma classe qui doivent y passer.

Tsubaki — Et comment tu vas t’y prendre ? Son nom ne figure pas sur les dix derniers groupes. Or, en théorie, rejoindre un groupe quand on est seul est une condition sine qua none pour se maintenir.

Hôsen — Il semble que quelques élèves aient abandonné la semaine dernière, mais pour l’instant il y a toujours zéro groupe disqualifié. Vu que ça commence à devenir de plus en plus tendu, c’est sûr que des groupes vont lâcher d’ici la fin de la semaine.

UtomiyaC’est sûr. Certains d’entre eux ont atteint leurs limites de provisions.

Utomiya savait de quoi il parlait dans la mesure où lui et ses camarades avaient déjà aidé plusieurs fois un groupe de 2nde.

Tsubaki Si cinq groupes de 2nde sont éliminés, il sera pratiquement impossible de faire sortir Ayanokôji. Donc aider les autres 2nde mettrait toutes les chances de notre côté pour atteindre cet objectif.

Pour la première fois, le sourire de Hôsen s’effaça. Il commença à être sérieux.

Hôsen — Alors tu sauveras les seconde.  Eh bien, ça ne semble pas être une mauvaise stratégie. Je t’écoute, alors.

TsubakiComme je l’ai déjà dit, tous les terminale forment un bloc. Les meilleurs groupes absorbent les plus faibles. Ensuite, il faudrait essayer de faire en sorte d’empêcher les groupes de 1ère et de terminale d’atteindre leurs tâches.

Hôsen — C’est plus facile à dire qu’à faire. D’autant que je ne suis pas persuadé qu’on veuille vraiment aider les classes C et D.

TsubakiNe t’en fais pas pour ça, ça a plus ou moins été décidé avec les autres classes. Il ne manque donc plus que toi, Hôsen-kun.

La mobilisation générale n’attendait donc que la confirmation de la 2nde D.

Hôsen — C’est pas un mauvais deal, mais il n’y a aucune garantie que ça marche. Au mieux on limitera la casse. En utilisant la même stratégie que les senpai, une chose risquera de faire la différence : l’expérience.

Alors qu’il écoutait attentivement, Hôsen se repassait la stratégie de Tsubaki dans sa tête. Et ce dernier arriva la conclusion que réduire significativement l’écart allait être bien difficile.

Hôsen — Il ne sera peut-être pas possible de sauver tout le monde.

Tsubaki C’est drôle, tu n’avais pas dit que tu t’en foutais ?

Hôsen — Si toutes les classes utilisent la même stratégie, ça parait évident que le désavantage sera pour nous, les 2nde.

C’était en tout cas ce qu’avait également compris Hôsen.

Tsubaki Alors pourquoi ne pas agir au tout dernier moment ?

Cela précisait d’avantage le plan de Tsubaki

Tsubaki Il y a des senpai en solo. C’est ceux-là qu’il faut faire tomber.

Hôsen — Je vois, si cinq groupes individuels tombent, tout le monde en 2nde s’en tirerait.

TsubakiJe t’ai parlé d’agir au dernier moment… En fait, on avait initialement prévu de le faire les 8e et 10e jour de l’examen, mais il y a eu un petit imprévu.

Hôsen ne s’était pas présenté le sixième jour. La majeure partie du septième jour avait été gâchée par le mauvais temps, et Nanase avait dû se remettre de son affrontement avec Ayanokôji. Hôsen recolla les morceaux dans sa tête.

Hôsen — Alors crachez le morceau. Vous voulez que je fasse quoi ?

TsubakiLes organisateurs de cet examen nous ont dit que la violence n’était pas grave. Alors Hôsen-kun, va botter le train d’Ayanokôji-senpai.

Hôsen — Bah, c’est bien comme ça que ça devait finir hein !

Face à Ayanokôji, peut-être que la violence était la seule solution viable.

Nanase — Ayanokôji-senpai ne tient pas en place. Jusqu’à présent, Hôsen-kun n’a pas pu trouver d’ouvertures. Mais si l’occasion se présente…

Tsubaki — J’ai enquêté sur les capacités de combat des 2nde, Utomiya et toi compris. Et j’ai remarqué que nous étions globalement bien supérieurs.  Vous n’avez qu’à l’encercler et ce sera plié.

Hôsen — C’est bien ambitieux… Et genre Utomiya t’aide gratos ?

TsubakiLes personnes ayant coopéré recevront en échange 500 000 points. C’est un mal pour un bien histoire de se débarrasser définitivement d’Ayanokôji-senpai.

Ils en étaient donc venus à la conclusion de partager la récompense afin de mettre toutes les chances de leur côté. 

Utomiya Attends, Tsubaki. User de violence est quand même risqué. Tu penses que les gens vont le faire pour seulement un demi-million de points ?

Utomiya découvrait de nombreux détails en même temps que Hôsen. Le principe de ce talkie-walkie était d’enfoncer le bouton pour parler et de le relâcher pour couper la communication.

Or Tsubaki n’avait pas relâché le bouton au moment où Utomiya semblait s’interroger, comme si elle avait volontairement laissé sous-entendre que même Utomiya n’était pas au courant de tout le plan.

Tsubaki — C’est sûr qu’on ne peut pas en venir aux poings dès le départ. Mais contextualisons : la seconde partie de l’examen est super stressante, les gens sont à bout de nerf. C’est précisément dans ce genre de situation que les réactions peuvent être extrêmes. Pour cette raison, je pense qu’il serait approprié de te laisser le lead, Hôsen-kun. 

Tout cela semblait si évident dans la manière dont Tsubaki l’évoquait.

TsubakiBeaucoup de gens voudraient « passer à la vitesse supérieure », si tu vois ce que je veux dire. Mais il est difficile de se lancer à cause de la pression sociale. Il faut juste que quelqu’un leur ouvre la voie.

Et ce quelqu’un était Hôsen, selon elle.

Utomiya Je suis pas forcément fan de l’idée mais l’établissement est pas stupide et doit déjà avoir prévu ce genre de stratégies non ?

TsubakiDans la guerre, il y a des victoires et des défaites. En tant que personne qui a mis en place cette stratégie, j’en assumerai l’entière responsabilité en cas d’échec. 

UtomiyaAh ?

TsubakiJ’ai l’impression d’avoir déjà bien profité de cette école, donc si ça devait s’arrêter pour moi je n’aurais pas de regret. J’ai laissé des points à plusieurs de mes camarades de classe, au cas où.

Tsubaki évoquait non seulement la nécessité de planifier une stratégie mais aussi de penser à « l’après » si jamais tout ne se passait pas comme prévu.

Hôsen — Les gens prêts à sauter sont vraiment flippants, je vous jure !

Hôsen exclama des mots d’admiration à l’égard de Tsubaki, plus convaincante que jamais.

Tsubaki Enfin, du coup, Utomiya-kun, as-tu une objection ?

UtomiyaNon. Je me disais plutôt que nous n’avions pas intérêt à faire quelque chose à l’arrache. Si Ayanokôji-kun a 20 millions de points sur sa tête, ce n’est certainement pas pour rien. Je pense qu’il a été ciblé pour des raisons qui nous dépassent totalement. Mais utiliser les règles n’aura sûrement aucun effet sur lui… Alors bon, si tu es vraiment prête à en arriver là, je n’ai pas le droit de t’arrêter.

Utomiya n’était donc pas opposé à la violence, mais s’inquiétait plutôt de l’absence de stratégie viable. Si Tsubaki décidait d’en prendre l’entière responsabilité, les choses étaient différentes, d’autant si Hôsen et Utomiya ne faisaient qu’exécuter les ordres. Il existait certes un risque de sanction, mais il était peu probable que l’établissement prononce des dizaines d’expulsions.

Tsubaki Il doit être difficile d’amener un élève de terminale à quitter l’école de front. C’est pourquoi un examen comme celui-ci, où tout ne peut être entièrement contrôlé, est très utile.

UtomiyaJe vois. Tu veux dire que l’école fait exprès de pondre ce genre d’exams.

Hôsen ferma l’écran de la carte sur la tablette et passa en mode enregistrement.

Hôsen — Tu es celle qui a proposé tout le plan pour expulser Ayanokôji, Tsubaki.

TsubakiC’est exact.

Hôsen — Si on te suit, on risque aucune expulsion. Pas vrai ?

Tsubaki Je te le promets. Et j’en prendrai la responsabilité.

Après l’avoir écoutée, Hôsen termina l’enregistrement avec satisfaction.

TsubakiC’est bon, tu as une trace de mon témoignage ?

Hôsen sourit avec satisfaction aux paroles de Tsubaki.

Hôsen — Alors, on commence quand ?

TsubakiJe ne peux pas encore te le dire. Il ne faudrait pas que t’ailles tout balancer !

Hôsen — Tu ne peux pas me faire confiance ? Le secret, c’est bien, mais faudrait se faire confiance.

Tsubaki — Je ne t’aurais pas filé un talkie-walkie sinon, hein.

Le talkie-walkie dérobé à Katagiri était donc bien pour Hôsen, dès le départ.

Hôsen — Je vois.

TsubakiBon, on en reparlera, on se tient au jus. Donc quand je t’appelle, tu décroches, compris ? 

Et sur ces mots, Tsubaki raccrocha instantanément.

Hôsen — Elle a du caractère cette nana.

Tout en riant comme ça, Hôsen mit le talkie-walkie dans sa poche.

Nanase — Que vas-tu faire ?

Hôsen — Peu importe ce que je pense, ce n’est pas une mauvaise idée de suivre la stratégie de Tsubaki. Après tout j’avais l’intention d’écraser Ayanokôji, de toute façon.

Le plan de Tsubaki allait nécessiter des recherches GPS répétées, en plus de la prise de responsabilité et des récompenses. Il était donc vraiment dans son intérêt de participer.

Hôsen — Je vais faire la fête, et à la fin c’est Tsubaki qui va récupérer toute la merde !!!!

Nanase — Au contraire, cela ne te met pas la puce à l’oreille…? Il se pourrait bien qu’elle se serve de toi.  

Hôsen — On t’oblige pas à participer.

Nanase — Je vais aider.

Hôsen — Ah ?

Nanase — Je veux aussi protéger les seconde après tout. Je vais rester à tes côtés jusqu’à ce que Tsubaki-san nous livre de plus amples informations.

Hôsen lui fit un signe de tête, lui faisant comprendre qu’il acceptait volontiers, tout en arborant un sourire en coin.

1

Nous entamions le 13e jour d’examen. À 6h51, Utomiya retrouva Tsubaki qui regardait le ciel près de la tente.

Utomiya — A quoi penses-tu, Tsubaki ?

Tsubaki — Je me faisais une répétition dans ma tête.

Utomiya — C’est-à-dire ?

Tsubaki — Je pensais t’appeler avant que tout ne commence, mais… Je ne savais pas si c’était nécessaire.

Utomiya — C’est vrai.

Cela pouvait être leur dernière conversation, après tout.

Utomiya — Pourquoi est-ce qu’on ne communique pas via talkie-walkie tous les deux ?

Tsubaki — Tu ne peux jamais vraiment savoir ce que l’autre personne pense sans voir sa tête. T’as entendu ma conversation avec Hôsen, tu vois ce que je veux dire…

Utomiya — Je ne savais pas ce qu’il pensait, mais ça ne change rien au fait que je ne lui fais pas du tout confiance.

Tsubaki — T’es pas si différent de lui, hein.

Utomiya se détourna suite à cette attaque. 

Tsubaki — Utomiya-kun, tu es plus ou moins le seul à qui j’ai pu faire confiance depuis le début de l’année. Je voulais que tu écoutes directement la stratégie et que tu dises ce que tu en penses.

Tsubaki redevint inexpressive après un sourire qui lui donnait un peu d’autodérision. Elle disait qu’Utomiya était digne de confiance, mais elle devait toujours confirmer quelque chose.

Tsubaki — Et les préparatifs, au fait ?

Utomiya — J’ai fait une recherche GPS il y a un moment. Voilà la capture d’écran, regarde.

Tsubaki démarra ainsi la tablette et afficha l’image GPS. Le camp d’Ayanokôji se situait en E5. Les élèves de 2nde étaient en D4 et E6.

Utomiya — Ça sent plutôt bon par rapport à ton plan.

Tsubaki — On a l’avantage du terrain oui, disons.

Tsubaki regarda lentement Utomiya, mais se remit à observer l’écran. Une personne s’approcha.

Yagami — Tsubaki, on peut parler ?

C’est le leader de la classe B, Takuya Yagami, qui était dans le même groupe qu’Utomiya.

Yagami — Tout est prêt, alors on doit…

Tsubaki, semblant se douter de quelque chose, interrompit Yagami.

Tsubaki — En fait, il y a quelque chose que je dois savoir…

Utomiya — D’abord, j’aurais deux mots à dire à Yagami également.

Utomiya arrêta subitement Tsubaki qui essayait de parler à Yagami.

Yagami — Qu’est-ce qui se passe ?

Utomiya — Tu as soudainement disparu hier. T’étais où ?

Yagami — Je suis désolé, ma montre s’est cassée, et je suis allé au point de départ.

Ce faisant, il montra sa main gauche.

Utomiya — C’est la deuxième fois déjà.

Utomiya trouvait que quelque chose clochait.

Utomiya — Qu’est-ce que tu traficotes ?

Yagami — Voyons, Utomiya ! Je pense que tu ne devrais pas être aussi paranoïaque. D’autant que tu as également eu des problèmes avec la tienne également, il me semble.

Utomiya — Dans mon cas, c’était juste un pépin.

Yagami — Tout comme moi, donc.

Utomiya fixa Yagami qui arborait un sourire du début à la fin.

Tsubaki — Ne commencez pas à vous disputer. Vous n’êtes pas censés être amis ?

Utomiya — Je suis désolé. C’est le stress avant l’opération je suppose.

Yagami — J’ai dépassé les bornes, je m’excuse.

Utomiya — Sinon tu as passé la journée à changer ta montre ? Ou alors il y a autre chose ?

Yagami — J’ai préparé une petite surprise pour Tsubaki, pour l’opération d’aujourd’hui. 

Utomiya — Un cadeau ?

Yagami — Après tout, on se lance dans une stratégie pour chasser les élèves plus âgés… Mais sans aucune garantie que ça va marcher. 

Yagami plantait la graine du doute juste avant le début des hostilités. C’était Utomiya, aux côtés de Tsubaki, qui réagit avec hypersensibilité.

Utomiya — Qu’est-ce que tu dis ? Qu’on va se casser la gueule ? 

Tsubaki — Je suis bien sûr dans l’optique que ce sera un succès.

Tsubaki elle-même intervint finalement, d’un ton sec.

Yagami — Bien sûr, la stratégie de Tsubaki est vraiment géniale. Même une fourmi ne pourrait pas s’échapper. Après tout, tous les 2nde s’allient pour ne donner que le meilleur. Je ne doute donc pas de notre réussite. Mais nous sommes jamais trop prudents, non ? 

Tsubaki écouta en silence, tandis que Yagami poursuivait

Yagami — Loin de moi l’idée de saper le moral, mais voici mon point de vue.

Tsubaki réfléchit en son for intérieur à comment elle allait réagir aux propos de Yagami.

Yagami — Je suppose que Tsubaki-san va chercher à plusieurs reprises Ayanokôji via le GPS. Mais ça va coûter pas mal de points…

Tsubaki — Nous disposons également de tablettes de rechange.

Yahami — Ce n’est pas là où je veux en venir.

Tsubaki — Je ne sais pas où est la zone désignée d’Ayanokôji-senpai, donc je ne peux pas prédire ses mouvements.

Comme s’il était satisfait de la réponse de Tsubaki, Yagami acquiesça

Yagami — Voilà. Va-t-il aller vers une zone désignée conformément à sa route ? Ou nous fuir et ainsi brouiller les pistes ? Il me paraît important de le suivre tout en tirant certaines conclusions stratégiques.

Tsubaki — C’est pourquoi j’ai plusieurs tablettes prêtes pour la recherche GPS aussi souvent que possible.

Yagami — En chemin, j’ai pris le temps de me renseigner pour savoir si je pouvais aider. Et j’ai appris qu’Ayanokôji-senpai suivait la route 12.

Les cheveux de Tsubaki, agités par le vent, semblèrent s’arrêter d’un coup. La réaction d’Utomiya ne se fit pas attendre.

Utomiya — As-tu des preuves ? 

Yagami — C’est cette tablette qui le dit, je ne le sors pas de mon chapeau.

En disant cela, Yagami sortit une tablette.

Utomiya — Qu’est-ce que c’est ?

Yagami — Je l’ai empruntée à un groupe de camarades de classe. Et il se trouve que le propriétaire de cette tablette suit la même route qu’Ayanokôji-senpai

Utomiya — En donc, avec ça, tu peux savoir où Ayanokôji risque de se diriger sans décalage.

Yagami confirma d’un hochement de tête.  Si la zone désignée d’Ayanokôji était la même que celle d’un de ses camarades, il allait être facile de le suivre.

Utomiya — Encore une fois, tu es vraiment sûr que ton pote et Ayanokôji ont les mêmes routes ?

Face à Utomiya semblant quelque peu décontenancé, Yagami continua à parler à Tsubaki.

Tsubaki — Comment tu l’as su ?

Yagami — J’ai utilisé la recherche GPS à plusieurs reprises pour identifier la tablette

Sans réfléchir, Tsubaki avait tout compris.

Tsubaki — Pas mal, ce coup d’avance…

Yagami, qui pensait surprendre un peu Tsubaki, avait été surpris.

Tsubaki — Alors je te serais reconnaissant de nous prêter cette tablette. Si ça peut m’empêcher de m’endetter sur 20 ans en points privés. Ça te va ?

Yagami — Ta victoire serait la mienne aussi, Tsubaki-san. Au nom des élèves de 2nde, le groupe d’Utomiya-kun a lutté. Toutefois atteindre le podium devient plus compliqué et changer de méthode est nécessaire.

Leur réunion témoignait du fait qu’ils n’avaient pas atteint l’accomplissement souhaité. D’autant que s’ils voulaient vraiment viser la 1ère place, il allait leur falloir agir très rapidement. Yagami poursuivit.

Utomiya — De toute façon, si tu n’acceptes pas, tu perds cette garantie.

Yagami — Comment ça ?

Utomiya — La première priorité est de traquer Ayanokôji-senpai selon la stratégie de Tsubaki-san et de le forcer à battre en retraite. Cependant, elle peut se solder par un échec pour une raison ou une autre. Par exemple, un jour, Ayanokôji a eu des interactions inattendues. Je ne peux pas attaquer là où d’autres peuvent voir.

Yagami — Je n’ai pas cette préoccupation. Depuis le huitième jour, j’agis essentiellement seul.

Utomiya — Mais nous sommes le treizième jour, et les choses ont changé.

Yagami — En cas d’échec, nous passerons à une méthode classique d’obtenir toutes les zones désignées et un meilleur score. Le 14, il y aura trois zones désignées, c’est là que nous agirons.

Utomiya — Donc je vais chopper des pénalités tout seul, pour tout préparer ?

Yagami — Il faut savoir ce qu’on veut. La route d’Ayanokôji-senpai comprenait la zone aléatoire D4, plutôt excentrée de là où il était, et la quatrième zone désignée était D2.  Nous avons la confirmation qu’il avait manqué deux zones afin de privilégier des tâches.

Tsubaki — Encore 5 fois et ce sera pas moins de 28 points….. C’est non négligeable !

Il ne restait que deux jours. Perdre 28 points pendant cette période promettait d’être assez difficile psychologiquement. Utomiya réalisa l’ampleur de la stratégie que Yagami avait en tête.

Yagami — Ayanokôji-senpai est toujours seul. On ne sait pas combien de points il a, mais ce ne doit pas être tant que ça. En s’y prenant bien avec la localisation GPS, il y a vraiment moyen de le couler.

Utomiya — Oui, vu comme ça…

Yagami — Si on arrive à se débarrasser d’Ayanokôji-senpai comme ça, si on divisait le butin ?  Je récupère 5 millions de points et Tsubaki 10 millions. Les 5 millions de points restants seraient ajoutés au groupe en échec. Ce n’est pas une mauvaise idée, tu ne crois pas, Tsubaki ?

Contrairement à Utomiya, qui était profondément surpris par la proposition de Yagami, Tsubaki répondit avec un certain dédain.

Utomiya — Tsubaki, je pense que ce serait pas mal pour toi.

Une fois de plus, il dit à Tsubaki de suivre la suggestion de Yagami.

Tsubaki — Eh bien, vu que t’as une tablette qui reprend la route d’Ayanokôji-senpai, je ne vois pas pourquoi je refuserais. Mais…

Cependant, Tsubaki montra sa tablette, une tablette de rechange et une troisième tablette.

Yagami — Pourquoi toutes ces tablettes ?

Tsubaki — Mêmes routes que Ayanokôji-senpai.

Yagami — J’en perds mes mots.

Yagami n’avait pas besoin de faire plus de recherches, Tsubaki avait déjà tout ce dont elle avait besoin.

Yagami— Tsubaki-san ne rigole vraiment pas, elle avait également pensé à ça…

Utomiya — Alors pourquoi tu ne l’as pas dit ?

Tsubaki — Je devais confirmer. Je pensais laisser tomber cette méthode, mais il allait croire que nous étions sur la bonne piste. 

Yagami — Si c’est le cas, je ne peux plus exiger 5 millions de points… Je me contenterai de regarder de loin alors !

Tsubaki — Merci, honnêtement moins j’ai de personnes suspectes autour de moi et mieux mon plan marchera. 

Yagami accepta sans broncher les paroles crues de Tsubaki, non sans cacher sa déception. Après que Yagami s’éloigna, Utomiya prit la parole.

Utomiya — Tsubaki, on risque vraiment notre place ?

Tsubaki — Si on l’emporte alors non. Mais dans le cas le moins optimiste, on risque en effet d’être les seuls à devoir faire nos valises en 2nde.

Utomiya — S’ils arrivent à identifier le groupe mis en cause, plusieurs têtes risquent de tomber.

En imaginant le retrait des seuls élèves de 2nde, l’expression d’Utomiya se durcit.

Tsubaki — Mais en fait, il y a très peu de chances que ça se passe comme ça. Une personne peut prendre pour tout le monde. Aucun établissement ne peut expulser 20 élèves d’un coup.

Utomiya — Là est le problème. Tu vas vraiment être blâmée pour tout ?

Tsubaki — Dès que l’examen spécial a été révélé, j’étais celle qui a suggéré de préparer quelque chose pour faire virer Ayanokôji-senpai. Tu n’as fait que jouer le jeu avec moi, n’est-ce pas, Utomiya-kun ?

Utomiya — C’est vrai, mais…

Utomiya se souvient de l’examen dans lequel il avait fait équipe avec un élève de 1ère. Cet examen spécial permettait d’obtenir 20 millions de points à la condition d’expulser Ayanokôji. Utomiya, qui avait initialement exprimé son mécontentement à l’égard de l’examen spécial, était plus ou moins resté passif. Cependant, Tsubaki réussit à convaincre Utomiya de rejoindre le groupe.

 D’autant que ce dernier avait bien compris ce que cette somme pouvait représenter pour l’ascension de la classe C.  Lorsqu’Utomiya avait demandé à Tsubaki quel genre de ruse elle allait utiliser pour obtenir son expulsion, Tsubaki avait immédiatement répondu : faire équipe avec Ayanokôji pour l’examen spécial et se sacrifier, faisant alors transmettre 20 millions de points à son collaborateur Utomiya. Tsubaki insistait auprès d’Utomiya pour que ces points soient utilisés pour le bien de classe C.

Utomiya — Quand tu m’as approché avec ce plan, tu m’as fait comprendre que ton départ était éventuellement une option. Sans rentrer dans les détails. 

Tsubaki — Tu es curieux, pas vrai ?

Utomiya — Je trouve ça très étrange en tout cas. De risquer sa place à ce point.

Tsubaki — Eh bien, j’admets que la classe C est plus confortable que je ne le pensais. C’est pourquoi j’ai pensé que si je devais quitter le lycée, je ferais quelque chose pour ma classe avant.

Tsubaki répondit, mais toujours sans entrer dans le vif du sujet. Utomiya posa d’autres questions, notamment par rapport aux règles, et changea d’attitude, tournant son regard vers la forêt.

Utomiya — Il n’y a donc pas de temps à perdre. Je vais y aller, je suis sûr de pouvoir faire quelque chose contre Ayanokôji.

Tsubaki — Je ne suis pas sûre. Utomiya-kun, tu es une personne indispensable dans la classe C. Si tu agis de façon imprudente il se pourrait que tu prennes les mêmes sanctions que moi.

Utomiya — Certes. Mais nous parlons d’Ayanokôji, 20 millions de points. Même Hôsen n’a pas réussi à en venir à bout tout seul, alors je suppose que nous devons utiliser toutes les forces en présence.

Tsubaki — Oui, vu sous cet angle.

Malgré cela, Tsubaki continua d’émettre quelques réserves.

Utomiya — …Ok. Je vais regarder son combat de près

Tsubaki — Hé, Utomiya-kun…

Tsubaki appela Utomiya de dos alors qu’il tentait de s’éloigner.

Utomiya — Qu’est-ce qui se passe ?

Tsubaki — Tu as l’air quand même plutôt fort. Mais où as-tu appris à te battre ? T’es quand même pas un ancien délinquant ?

Utomiya — Je pense que cette information ne sera pas utile, ne parlons pas plus que nécessaire.

Tsubaki — C’est vrai. Mais juste pour être certaine : tu ne m’as rien caché, hein ?

Utomiya — Rien caché non. Je n’ai juste aucune autre utilité que de me battre…

Tsubaki — Eh bien… Ainsi soit-il !

Puis, à 7h, la journée débuta. Tenant le talkie-walkie dans une main et la tablette dans l’autre, Tsubaki ouvrit la bouche. La destination d’Ayanokôji indiquée sur la tablette était C3.

Tsubaki — Attention à tous les groupes, la zone désignée où la cible se dirige est C3, le groupe en D4 restera où il est, et le groupe en E6 commencera à se diriger vers le nord et l’immobilisera. Si vous tombez sur lui, pas de contact physique sans mon accord.

Tsubaki donna ses instructions et finit tranquillement par raccrocher.

Tsubaki — Une fois qu’on en aura terminé avec Ayanokôji-senpai, peut-être avant que l’école ne découvre que nous sommes impliqués, je m’occuperai si possible de quelques groupes solitaires de 1ère et de terminale.

Tsubaki était en train de transmettre ses dernières consignes avant le début des opérations.

2

Je remarquai quelque chose d’étrange lorsque la zone désignée C3 fut annoncée à 7h matin. Ces derniers jours, les recherches GPS étaient devenues régulières, notamment pour tenter de trouver le cerveau de l’opération. Parmi eux, je remarquai que les trois candidats potentiels, Utomiya, Tsubaki et Yagami s’étaient regroupés. Utomiya et Yagami faisaient partie de la même équipe de base, ce n’était donc pas surprenant, mais la présence de Tsubaki était inquiétante. De plus, je ne voyais pas d’autres membres de leur groupe dans le secteur. Je me souvenais de ce que Nanase m’avait dit l’autre jour. C’était aujourd’hui que les seconde allaient commencer leur attaque. Leurs différents groupes étaient logiquement dispersés sur l’île, mais en vérifiant cet après-midi, de nombreuses équipes avaient changé de position par rapport à hier. Certaines se rassemblèrent en D4 et dans les environs de E6, se rapprochant de ma position.

Moi — Ils se mettent en marche à ce que je vois.

Même si l’île était vaste, il allait être difficile d’esquiver continuellement si l’ennemi avait l’intention d’utiliser la recherche GPS à fond. Comme Nanase et moi avions la même route, je pouvais être sûr qu’ils étaient au courant de mes zones désignées. Je devais tout simplement éviter d’aller en C3, mais je risquais la pénalité pour avoir manqué 3 zones désignées d’affilée. Lors de la journée d’hier, j’en avais raté deux. Je me demandais jusqu’où je pouvais chuter au classement si je ratais toutes les zones désignées restantes jusqu’à la fin de l’examen, à savoir, sept. Je ne savais pas si pour les deux premières fois, ils comptaient agir, mais force est de constater que leur dispositif était intimidant pour m’imposer la prudence.

Moi — On dirait que tu sais un minimum te battre.

En effet, les groupes ne s’étaient pas déplacés en pleine nuit ou très tôt le matin pour me cerner. En effet, si leur leader avait agi la nuit, il aurait été difficile de me traquer à cause du peu de visibilité, peu importe le nombre de recherches GPS effectuées. Le matin tôt, les zones désignées n’étaient pas encore annoncées.

Il y avait ainsi plus de gens pour me traquer que je ne le pensais. J’avais à l’esprit la possibilité que l’on envoi des talents comme Hôsen, mais ça avait dépassé mes attentes. D’ailleurs, la position de Hôsen était en D4 comme hier soir. S’il se dirigeait vers la zone désignée, on pouvait se rencontrer.

Si je me faisais attaquer en zone désignée, l’établissement aurait probablement couvert les seconde et mon existence aurait été encore plus exposée au public.  Je ne voulais pas qu’on émette plus de soupçons à mon égard que ce soit au niveau des élèves ou des professeurs.

Ainsi même si je me dirigeais près d’une tâche où la sécurité était garantie par un professeur, ce n’était pas un choix judicieux que de se retrouver piégé là-bas avec bon nombre de personnes d’années diverses. Je devais en effet aussi composer avec les terminales contrôlées par Nagumo, qui étaient aussi des ennemis.

Je pouvais aussi fuir jusqu’à épuiser les seconde pour les faire abandonner. C’était en tout cas une option à envisager. Lorsque je finis de nettoyer la tente, je fis une recherche GPS dix minutes plus tard et vis le signal d’un groupe de seconde s’approcher de moi.

Les mots de Nanase retentirent en écho « s’ils te trouvent, tu seras leur proie ». La personne qui dirigeait cette stratégie n’avait pas peur de quitter l’établissement. Si le cerveau était tout à fait prêt à assumer cette responsabilité alors il fallait éviter autant que possible les combats directs. Il était donc probable que je rate les quatre zones désignées aujourd’hui. Le total monterait à six zones manquées d’affilée.

Dans un endroit entouré par la rivière et les montagnes, il était difficile de dire quelle était la sortie la plus judicieuse. Il était tentant de passer par les montagnes, mais le trajet allait être délicat. Il valait mieux quitter la zone par le sud même si j’avais plus de risques de croiser des ennemis. Peut-être que si je décidais de ne pas atteindre la zone désignée, le groupe s’éloignera de lui-même.

Je pris quelque chose dans mon sac à dos et partis.

3

Yagami — Comment ça se passe, Tsubaki ?

A 8h, si tout se passait comme prévu, un groupe de seconde entrerait en contact avec Ayanokôji. Yagami qui était inquiet qu’aucun rapport ne soit parvenu depuis le talkie-walkie, posa la question.

Tsubaki — Pas de panique, jusqu’à présent tout se passe comme prévu.

Yagami — Ça me rassure.

Ayanokôji fit un bon détour afin de ne pas être attrapé par le groupe à l’approche. Il ne savait pas combien de temps cela allait durer, mais il était clair qu’ils utilisaient régulièrement la recherche GPS. Il valait mieux pour lui qu’il les sème un moment. Tsubaki avait bien l’intention d’utiliser la violence, mais l’idéal pour elle était de le soumettre sans l’utiliser. Dans tous les cas, elle n’avait rien à perdre et dans le pire des scénarios, elle pouvait en finir en forçant la traque jusqu’à l’encercler. Ayanokôji avait ainsi profité du fait qu’elle n’avait pas opté pour une option agressive pour s’échapper.

Tsubaki consomma sans hésiter les points qu’ils avaient accumulés en activant la recherche GPS toutes les 10 minutes. Elle n’avait pas gagné tous les points durant ces 12 derniers jours pour gagner l’examen jusqu’à hier, mais pour les utiliser pour cet instant précis. Il était 9h passé et nous entrâmes dans la 3ème phase de la traque contre Ayanokôji. La tablette indiqua que la zone désignée se trouvait cette fois en D2. Ayanokôji, qui avait fui jusqu’en C6 jusque-là, aurait eu du mal à atteindre la zone désignée, même s’il n’avait pas été attaqué.

Deux groupes continuaient la traque. Même une recherche toutes les dix minutes était suffisante pour comprendre l’itinéraire d’Ayanokôji Kiyotaka. En continuant comme ça, il allait atteindre le nord en C5 puis B4. Par conséquent, des instructions furent données pour que les trois groupes restants se rassemblent en C4. Après avoir jugé qu’il était bon d’observer un peu la situation, Tsubaki fit une pause d’une heure dans ses recherches GPS. Après 11h, elle fit le point sur la situation. Elle vit qu’Ayanokôji essayait effectivement de passer entre B4 et C5. Les deux groupes en traque se mirent à entrer en B5.

Tsubaki — Je ne te laisserai pas t’échapper.

Elle donna l’ordre à ceux rassemblés en C4 d’aller à la rencontre d’Ayanokôji en bas de la montagne en B4. L’objectif était de le bloquer avant qu’il ne fuît pour de bon en B3. Tsubaki reprit ainsi ses recherches toutes les dix minutes, car le contact pouvait être éminent. Comme prévu par Tsubaki, Ayanokôji se dirigeait vers le nord en B4 pour échapper à ses poursuivants. Ainsi, les trois groupes étaient sur le chemin depuis C4 pour aller à sa rencontre.

Yagami — Je peux avoir un moment, Tsubaki ?

Tsubaki — …… Qu’est-ce qu’il y a ?

Yagami, qui utilisait également la tablette, détourna le regard de cette dernière.

Yagami — Pour coincer Ayanokôji-senpai, il ne serait pas plus judicieux d’avoir des instructions plus détaillées ? C’est un peu laborieux là.

Tsubaki — Quel forceur…

Tsubaki décida de l’ignorer en murmurant ces mots. Il aura fallu 30 minutes pour que les problèmes surviennent, car les trois groupes qui avaient reçu l’ordre de se rendre en B4 depuis C4 avaient à peine bougé. Que tout le monde soit bloqué en même temps montrait qu’il y avait un problème majeur. C’est ainsi qu’elle décida de passer à une recherche GPS toutes les cinq minutes.

Tsubaki — C’était sûr en fait !

Ayanokôji était sur le point de passer en B3 alors que les trois groupes n’avaient toujours pas quitté C4. Si rien n’était fait, il risquait de fuir en C3.

Tsubaki — Qu’est-ce qu’il se passe ? Je répète, qu’est-ce qu’il se passe ?

Tsubaki utilisa son talkie-walkie, mais il n’y eut pas de réponse.

Tsubaki — C’est étrange.

Tsubaki sentit que ce n’était pas une coïncidence.

Yagami — Qu’y a-t-il, Tsubaki-san ?

Yagami vit l’expression faciale sinistre de Tsubaki et regarda la tablette de cette dernière par réflexe.

Yagami — Tu peux expliquer la situation ?

Tsubaki — Trois des cinq groupes que nous avons envoyés ont cessé de bouger. Ils ont tous croisé la route d’élèves de première.

Sur une île déserte avec plus de 400 personnes, il n’était pas rare que plusieurs groupes se croisent. Pour cette raison, Tsubaki n’avait pas prêté attention à eux jusqu’à présent.

Tsubaki — Je répète, qu’est-ce qu’il se passe ?

Tsubaki appela de nouveau avec son talkie-walkie, mais elle n’obtenu aucune réponse.

Yagami — C’est peut-être une coïncidence non ? Entre les zones désignées et les tâches, il y a de nombreux groupes qui sont constamment en mouvement. Pourquoi supposer le pire scénario ?

Tsubaki — Du coup c’est une coïncidence si les trois groupes sont bloqués par des premières ?

Yagami — Je comprends, mais…

Tsubaki actualisa encore les signaux GPS toutes les cinq minutes tout en réprimant sa colère.

Tsubaki — Ils commencent enfin à bouger, mais ils sont lents.  Un groupe de première est resté.

Pendant ce temps, Ayanokôji se déplaçait en B3 en approchant C3. Tsubaki n’avait eu d’autre choix que de compter sur les deux groupes mobiles qui traquaient Ayanokôji depuis le début, mais quand elle pensa à eux, elle vit qu’ils avaient aussi arrêté de bouger. Il y avait aussi des première devant eux.

Tsubaki — On dirait bien que les première couvrent les arrières d’Ayanokôji. Comment ça se fait ?

Yagami prit la liberté de toucher la tablette et essaya de vérifier les détails.

Tsubaki — Hé, enlève tes mains de là !

Yagami — Quoi ?

Tsubaki — Je t’autorise à être ici parce que tu es l’un des nôtres, mais je ne me souviens pas t’avoir permis de la toucher sans permission.

Yagami fit un pas en arrière, fixant le regard intense de Tsubaki.

Yagami — Je comprends bien, mais j’aimerais donner mon avis si possible. Il ne faudrait pas vérifier l’identité de ces première ?

Tsubaki — Tu crois que je n’y avais pas pensé ?

Tsubaki, qui avait l’intention de le faire, demanda l’identification de leur adversaire. Cependant, les groupes d’élèves de première étaient plutôt mixtes.

Yagami — On dirait bien qu’ils n’ont pas de chef sur le terrain. Et leurs groupes sont trop hétérogènes pour voir si une classe en particulier est impliquée.

Tsubaki — Tu sous-entends que tous les première se sont unifiés pour couvrir Ayanokôji ?

Yagami avait vu juste, mais Tsubaki se retrouva bloquée intérieurement. Pourquoi n’avait-elle pas pensé que toutes les classes de première s’uniraient pour protéger Ayanokôji ?

Tsubaki — En fait…

Une conclusion logique se fit entendre.

Tsubaki — Ces cinq groupes de première ne doivent même pas comprendre pourquoi ils ont été chargés de nous arrêter si on se fie à ce qui a été dit sur le terrain par nos camarades.

Yagami — Tu penses qu’ils coopèrent sans être informés ?

Tsubaki — C’est bien possible. On a pu leur dire qu’ils devaient interférer avec les mouvements des seconde pour protéger un élève de première.

Il jeta un coup d’œil à l’historique de recherche GPS aujourd’hui. Il défila l’écran pour vérifier les déplacements des première et au vu de leurs mouvements, ils avaient l’air de savoir que les seconde allaient attaquer aujourd’hui.

Yagami — Il ne reste que deux jours avant la fin. Pas étonnant qu’ils soient sur leur garde. Ils doivent savoir que la tête d’Ayanokôji-senpai est mise à prix. On doit continuer l’attaque, car les élèves de première année ne pourront pas éternellement le protéger.

En effet, à deux jours de la fin, ils allaient à un moment devoir se focaliser sur l’examen pour gagner des points.

Tsubaki — Certes.

Yagami — Ce qui m’inquiète, c’est que c’est trop bien coordonné de leur part. C’est quand même une prouesse de bloquer cinq groupes.

Yagami mit la main sur le menton pour réfléchir à cette remarque.

Tsubaki — Tu ne comprends toujours pas ?

Yagami — Tu penses qu’il y a une éminence grise qui se cache derrière ?

Tsubaki acquiesça et déplia une carte de l’île entière. Quelque part, il y avait une personne comme elle qui supervisait tout avec précision.

Yagami — Il faut suspendre l’opération du coup.

Tsubaki — Pourquoi ?

Yagami — Forcer plus longtemps la chose ne mènera à rien.

Tsubaki — Nos cinq groupes ne peuvent plus avancer et alors ?

Yagami — Justement alors il vaut mieux arrêter tout non ?

Tsubaki — Mais c’est très bien comme ça.

Yagami — Hein ?

Elle avait prévu ça depuis le début. Elle était contente d’avoir été enfin bloquée.

Tsubaki — Il ne faut pas se fier uniquement à ce que l’on voit.

Yagami — Comment ça ?

Tsubaki — Leur chef a peut-être remarqué les cinq groupes que nous avons déplacés hier soir.

Yagami — Je vois. Donc tu as fait des recherches GPS nocturnes.

Tsubaki — Cet examen est important pour les première. Comme nous avons cinq groupes, ils ont essayé d’en proposer le même nombre sans en faire plus. Auquel cas, ils auraient négligé l’examen.

Yagami — Ils peuvent avoir un ou deux groupes en réserve non ?

Tsubaki — C’est possible. Mais de ce que je vois, il n’y a que cinq groupes de première avec des mouvements irréguliers. Peut-être sont-ils assez confiants pour gérer avec ce nombre. Au final, c’est ce qui va leur couter cher.

Tsubaki prit le talkie-walkie et envoya d’autres instructions.

Tsubaki — Maintenant qu’il n’y a plus personne pour interférer, on a le champ libre.

Yagami — Comment ça ? Il n’y a aucun groupe dans les environs qui peut se déplacer….

Tsubaki — Je te l’ai dit. Il ne faut pas se fier seulement à ce que l’on voit.

Après avoir donné les instructions, Tsubaki pensa à la situation.

Tsubaki — Ayanokôji avait prévu le coup ? Ce n’est pas possible de pouvoir unifier de manière aussi coordonnée toutes les classes en si peu de temps…

Ce fut un murmure inaudible même pour Yagami qui se tenait à côté d’elle. Lorsque Tsubaki réfléchit, elle avait tendance à parler dans sa barbe de sorte qu’on ne l’entende pas. Peu importait le silence, parler à voix haute libérerait l’esprit selon elle. À titre d’analogie, c’était comme sortir un par un les vêtements d’une armoire en désordre et de les y remettre, pour les ranger.

Tsubaki — Mais il a forcément contacté quelqu’un pour lui demander de l’aide. Ça veut dire qu’il avait pris ses précautions depuis le début.

Yagami — Quoi, tu as dit quelque chose ?

Tsubaki — Ce n’est rien, ne t’inquiète pas.

Était-ce parce qu’elle avait chuchoté un peu fort, le bruit de son marmonnement vint cette fois aux oreilles de Yagami aussi.

Tsubaki avait répondu avec un air dépité et baissa les yeux pour se focaliser sur la tablette.

4

Regardant la mer éblouissante et brillante comme un diamant, Sakayanagi prit une gorgée d’eau. Pas tant parce qu’elle avait soif, mais parce qu’elle voulait s’hydrater les lèvres. Il était 7h05 du matin, l’heure où Tsubaki allait mettre son plan en action.

Sakayanagi — Ils semblent être enfin en mouvement.

Les yeux rivés sur sa tablette, Sakayanagi énonça les instructions, talkie-walkie à la main. Elle avait continué à appliquer la recherche GPS les nuits des 10 e, 11e et 12e jours. Il fallait analyser les déplacements en dehors des horaires d’examen afin de contrer efficacement l’attaque adverse.

Sakayanagi — On dirait que la phase d’attente est terminée. Bien, commençons.

 — C’est très bien tout ça, mais il n’y a aucune garantie que l’on se rencontre même si on se retrouve au sein de la même zone.

Une voix indifférente se fit entendre à travers le talkie-walkie. C’était Tsukasaki de la 1ère A qui demandait l’intérêt de perdre du temps d’aller interférer avec des seconde alors qu’il y avait les zones désignées à atteindre aujourd’hui.

Sakayanagi — Après ces douze jours, l’île a laissé progressivement des zones de plus en plus praticables. Sais-tu pourquoi ?

Tsukasaki — C’est parce qu’il y a beaucoup de passages non ?

Sakayanagi — Exact. Les élèves et les professeurs se déplacent sans arrêt. Ne penses-tu pas qu’il est possible d’établir des itinéraires types ?

Bien que les changements étaient légers, de nombreuses routes montraient clairement des signes de passage à cause de la pluie qui avait formé de la boue.

Sakayanagi — Et puis il n’est pas difficile de trouver sa cible quand on sait où l’on va.

Tsukasaki — On a l’impression que tu vois tout alors que tu n’es même pas sur le terrain.

Elle n’avait que sa tablette, mais Sakayanagi pouvait voir l’île en trois dimensions en effectuant une projection réaliste dans son esprit. Elle simulait le terrain et les personnes jusqu’à tenter de capturer la silhouette de celui ou celle qui dessine le tableau. Sakayanagi passa ensuite un certain temps à regarder la mer, et, après une demi-heure, retourna à sa tablette.

Sakayanagi — Eh bien, il y a très peu de signaux qui ne se dirigent pas vers des zones désignées ou des tâches.

À partir de ce constat, on réduisait la liste des suspects en ne prenant en compte que les élèves de seconde. Et pour finir, on cherchait le signal GPS qui n’avait pas bougé du tout depuis le début du test à 7h parmi eux.

Sakayanagi — Takuya Yagami-kun, Riku Utomiya-kun, et Sakurako Tsubaki-san.  Qui est mon adversaire ? Ou bien est-ce les trois ?

Elle ricana tout en plissant les yeux. Sakayanagi commença à penser à la personne qui lui avait apporté ce divertissement. C’était il y a trois jours aux alentours de minuit, lors du 10e jour. Le groupe de Takemoto avait contacté Sakayanagi par talkie-walkie

Sakayanagi — Que se passe-t-il pour m’appeler à cette heure. Tu as des ennuis ?

Sakayanagi pensa qu’il y avait eu un incident, mais ce n’était pas le cas.

TakemotoNon, ce n’est pas ça. En fait, Ayanokôji veut te parler.

Sakayanagi — Ayanokôji-kun.

Ce nom inattendu réveilla la conscience de Sakayanagi, engourdie jusque-là.

TakemotoJe lui suis redevable, alors j’aimerais que tu puisses discuter avec lui comme il l’a demandé.

Sakayanagi — Bien entendu. Tu peux me le passer.

TakemotoAttends une minute.

Après une période de silence….

AyanokôjiSakayanagi

Sakayanagi — Belle soirée, Ayanokôji-kun ?

Sakayanagi le salua de manière décontractée. On en aurait presque oublié qu’ils étaient au beau milieu d’une île déserte.

AyanokôjiIl semble que les première coopèrent bien.

Sakayanagi — Oui, j’ai pu contacter Ryuuen-kun et Horikita-san. Nous progressons en douceur. Je n’ai pas tous les détails, mais Takemoto-kun a bien fait le relais.

AyanokôjiTon groupe a fait également de grands progrès. Il est à la cinquième place. Le top 3 est clairement possible.

Sakayanagi — Certes mais ce n’est pas non plus garanti.

AyanokôjiJe vois.

Sakayanagi — Tu as vu Ichinose-san ?

AyanokôjiNon, je ne l’ai pas vue depuis le début de l’examen. Pourquoi ?

Sakayanagi — J’ai reçu un appel stipulant qu’elle agissait bizarrement. Elle fait cavalier seul depuis quelques jours ce qui m’inquiète…

Il s’agit d’un examen spécial très lourd. Il était normal de tomber malade ou de déprimer.

Sakayanagi — Alors, en quoi puis-je t’aider ?

AyanokôjiIl y a une chose que je veux te demander, Sakayanagi.

Sakayanagi — N’hésite pas à me demander ce que tu veux. J’ai une dette envers toi pour avoir aidé l’un de mes camarades.      

AyanokôjiC’est à propos de la White Room.

Sakayanagi — Je sens que ton histoire va être intéressante.

Ayanokôji lui expliqua que Nanase était l’un des sbires envoyés par Tsukishiro, elle qui connaissait le vrai visage du directeur intérimaire. Il lui révéla aussi qu’il y avait une élève de la White Room, Ichika Amasawa. On pouvait sentir la déception de Sakayanagi, ayant manqué une occasion de s’amuser.

AyanokôjiAprès rien n’est confirmé.

Sakayanagi — Alors tu veux que j’élimine cette Amasawa Ichika ?

AyanokôjiNon, non…

Ayanokôji fut dérouté par Sakayanagi. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle dise ça.

Ayanokôji— En fait, il y a quelque chose encore de plus gros.

Ayanokôji révéla à Sakayanagi la prime de Tsukishiro. Sakayanagi était la seule élève de première à connaître Ayanokôji depuis son plus jeune âge, et ce, dans les moindres détails. Mais la raison pour laquelle il n’avait pas parlé de ce genre de chose auparavant était parce que Sakayanagi n’était pas une alliée. Normalement dans cet établissement, chaque classe est un ennemi déclaré jusqu’au diplôme. Pour gagner, il y avait une possibilité que Sakayanagi utilise la faction White Room pour son intérêt. Cependant, il avait jugé qu’elle ne ferait pas ça puisqu’il était souvent en contact avec elle. C’était en tout cas un risque à prendre s’il voulait renverser la situation.

Sakayanagi — Si j’ai bien compris, bientôt, les seconde vont prendre des mesures contre toi Ayanokôji-kun ?

AyanokôjiOui. Et j’aimerais que tu t’en occupes.

Sakayanagi — Ça m’étonnerait qu’ils arrivent à t’avoir quand même.

Ayanokôji— Les seconde vont me forcer à entraver mes mouvements pour les zones désignées ou les tâches, car le moyen le plus efficace de se débarrasser de moi est d’exploiter le fait que je sois seul.

Peu importe le nombre de personnes, Sakayanagi pensait qu’il n’était pas difficile pour Ayanokôji de se débarrasser d’eux s’il s’y mettait sérieusement. Mais ce n’est pas exactement ce qu’il voulait.

Sakayanagi — Tu veux éviter de te faire remarquer au sein de tous les élèves de seconde. Je ne sais pas si ça me rend heureuse ou triste.

AyanokôjiJe suis sûr que tu es heureuse de l’entendre. De plus, il est possible que Tsukishiro agisse alors je veux me concentrer sur lui.

Sakayanagi — Je comprends.

AyanokôjiJe sais que je t’en demande beaucoup.

Sakayanagi — Pour maintenir une surveillance constante, il faudra souvent recourir à une recherche GPS.

Je n’avais d’autre choix que de compter sur elle pour ça.

Sakayanagi — Ne t’en fais pas, je connais tous les scores de nos groupes.

AyanokôjiJe vois. Tu gères vraiment bien ta classe.

Sakayanagi — Il est très important de connaître la situation de chaque groupe. Je sais que certains ne pourront jamais atteindre le top 10 alors même en utilisant des points pour la recherche GPS, ça ne changera pas.

C’était une stratégie qui ne pouvait être exécutée qu’avec le contrôle parfait de Sakayanagi sur sa classe et la fidélité de celle d’Ichinose. Ainsi, le coût d’acquisition des talkies-walkies était bien rentabilisé.

Sakayanagi — Tout ce que je dois faire, c’est barrer la route des seconde.

AyanokôjiTu es sûre que ça le fera ?

Sakayanagi — Si c’était juste pour t’aider à te déplacer, ça aurait été ennuyant, mais je vais tirer profit de tout ça.

AyanokôjiComment ça ?

Sakayanagi — Disons que tu m’en devras une, car la dette de Takemoto ne suffira pas au vu de tout ce que je vais devoir mettre en œuvre.

AyanokôjiÇa fait du mal à entendre, mais marché conclu.

Sakayanagi — C’est décidé alors. Je vais m’atteler aux préparatifs.

Ayanokôji Je peux t’emprunter ce talkie-walkie ?

Sakayanagi — J’allais te le prêter de toute manière. Il est plus facile de faire avancer les choses si nous restons en contact. Tu peux le donner avant à Takemoto pour que je lui explique la situation ? Je lui dirai ensuite de te le donner.

Sakayanagi s’était souvenue de cette nuit du dixième jour, et sourit comme si c’était un merveilleux souvenir. Sur la tablette, les cinq groupes que Sakayanagi avait envoyés avaient bloqué la route des cinq groupes de seconde.

Sakayanagi — Bien, maintenant que nous avons arrêté tous ces groupes suspects, nous allons essayer d’identifier la personne qui a planifié cette attaque.

Talki-walkie à la main, Sakayanagi prit contact avec les élèves de la classe A.

5

Yagami — Hé, Tsubaki…

Tsubaki — Il y a autre chose ?

Yagami — Je ne sais pas quelles options il te reste, mais tu aurais dû donner des instructions détaillées aux cinq groupes dans le cas où une telle chose se produisait. On aurait pu éviter qu’ils se fassent encercler par les première.

Il y avait un total de cinq groupes de seconde pour cette mission sur cette vaste île déserte. En principe il aurait été difficile de tous les retenir même en ayant prévu le coup. C’est pourquoi Yagami déclara que c’était une erreur stratégique pour les cinq groupes d’avoir été arrêté aussi si facilement.

Yagami — Tu aurais pu inventer une excuse. Comme quoi tu as paniqué parce que les première étaient impliqués. Si tu m’avais consulté avant, tu…

Tsubaki — Tu prétends que j’ai été négligente ?

Yagami — Si tu le comprends comme ça alors oui.

Tsubaki répondit tout en observant un Yagami mécontent.

Tsubaki — Maintenant que c’est fini, je vais te le dire. C’est en fait le contraire. Ce n’est pas nous qui avons été attrapés

Yagami — Le contraire ?

Tsubaki — C’est moi qui les ai piégés.

Yagami — Désolé mais…je ne comprends pas très bien.

Tsubaki — Même si les cinq groupes envoyés pour faire expulser Ayanokôji-senpai étaient devant lui, si ce dernier a une meilleure capacité physique que ses poursuivants, il aurait été capable de s’échapper dans tous les cas, n’est-ce pas ? Selon la rumeur, il serait aussi fort que Hôsen-kun. Il n’était en aucun cas ma cible depuis le début. 

Alors que Tsubaki s’exprimait, Yagami baissa la tête.

Yagami — Ça veut dire que depuis le début tu étais partie du principe qu’ils n’étaient pas capables de le vaincre Cette stratégie n’a aucun sens.

Tsubaki — La première chose est de découvrir à quoi pense Ayanokôji- senpai, ce qu’il aime et n’aime pas.

Elle appuya sur la tablette avec son index et continua l’explication.

Tsubaki — Il voulait à tout prix éviter tout contact avec un élève ainsi quitte à rater ses zones désignées. Il est évident qu’il cherche à ne pas se faire remarquer. Il est même prêt à prendre des pénalités.

Yagami — Même si c’est pour de l’analyse, ça ne justifie pas de se faire attraper.

Tsubaki — Il faut voir plus loin que ça. On sait maintenant quel groupe a essayé de protéger Ayanokôji-senpai par exemple.

En entendant ces mots, Yagami s’exprima.

Yagami — La seule chose que nous devons éviter est de nous mettre des bâtons dans les roues les uns les autres. La seule personne capable d’éliminer Ayanokôji-Senpai hormis Utomiya-kun, est Hôsen-kun…

Réalisant enfin l’objectif de Tsubaki, Yagami tenta de retrouver Hôsen par GPS. Cependant, il n’y avait aucun signal de lui nulle part.

Tsubaki — « Il ne faut pas se fier uniquement à ce que l’on voit ». C’est ce que je voulais dire par là.

C’est ainsi que l’explication avec Tsubaki prit fin. Sans plus tourner autour du pot.

Yagami — Laisse-moi te poser une dernière question. Si Hôsen-kun n’avait pas coopéré, cette opération aurait été possible ?

Tsubaki — Hmm, disons que nous avons décidé de mener à bien cette opération parce que nous étions absolument certains que Hôsen-kun serait de la partie même s’il aime se la jouer loup solitaire. S’il avait refusé, j’aurais simplement laissé Utomiya- kun partir. Dans tous les cas, je me suis assurée que toutes les conditions soient réunies pour ce tête-à-tête. Il ne leur reste plus qu’à s’affronter peu importe l’issue.

Ayanokôji, qui se trouve seul dans son groupe, n’aura d’autre choix que de se faire exclure.

6

Un garçon grand et imposant, surtout pour un lycéen, courait vigoureusement dans la forêt. Son seul objectif : vaincre Ayanokôji Kiyotaka, un élève de 1ère D. La violence n’était clairement pas de mise, encore moins logique pour de telles épreuves, mais contrairement au campus, cette île déserte n’était pas remplie de caméras de surveillance. Il n’y en avait aucune pour ainsi dire. Il était également impossible de vérifier des faits avec une simple montre.

L’attaque envers Ayanokôji fut pensée par Sakurako Tsubaki. Depuis le début il n’était pas intéressé par ce genre de choses, mais s’il a coopéré c’est parce qu’il n’était pas facile de trouver une seule personne au beau milieu d’une immense île déserte. Il fallait des recherches GPS répétées pour y parvenir, et si quelqu’un se mettait en travers du chemin, ces recherches n’auraient servi à rien. Ainsi il avait besoin d’une personne pour faire en sorte qu’aucun n’obstacle ne survienne. C’est pourquoi Hôsen fit semblant de suivre les instructions de Tsubaki, car en réalité, il voulait se servir d’elle pour trouver Ayanokôji sans effort et sans que personne ne s’interpose. Lorsque la distance jusqu’à Ayanokôji fut presque à portée de main, Hôsen jeta le talkie-walkie.

C’était ainsi le signe qu’il ne suivait plus les directives de Tsubaki. Il sortit sa propre tablette et effectua une recherche GPS pour l’assaut final. Ayanokôji Kiyotaka se trouvait en face, à environ 300m. Parmi les seconde le traquant, il était le plus proche. Il ne restait ainsi que quelques minutes avant le combat ce qui ne manqua pas de combler de joie Hôsen.

Cependant…

Comme pour couper la ruée vers l’or de Hôsen, un signal GPS apparu. Pensant que ce n’était qu’une coïncidence, Hôsen n’essaya pas de voir à qui il appartenait et continua d’avancer, réussissant à capturer Ayanokôji dans son champ de vision.

Hôsen — Je t’ai trouvé, Ayanokôji-senpai !

Ayanokôji vit Hôsen crier avec excitation et se retourna.

Ayanokôji — Hôsen.

Ayanokôji observa calmement Hôsen et s’arrêta de marcher.

Ayanokôji — Je me doutais que ce moment finirait par arriver.

Hôsen — Je pensais que tu serais venu me voir plus tôt. Tu es bien calme en tout cas pour quelqu’un qui redoutait ce moment.

Ayanokôji — Je ne l’ai pas fait, car je préfère ne pas être gêné.

Hôsen — Je sais que Nanase est venue te prévenir d’ailleurs.

Ayanokôji — Je vois. Tu as fait en sorte que Nanase me prévienne de l’attaque un jour avant le jour J pour avoir le temps de te préparer.

Hôsen — Ce n’est pas le genre de tactique que j’aime, mais c’est efficace.

Hôsen cria tandis que ses deux poings s’entrechoquèrent. Dans moins de dix secondes, un vrai combat allait éclater.

— Ça va être difficile, Hôsen.

Hôsen — Oh ?

Dans ce lieu où l’on s’attendait à un tête-à-tête, un homme se tenait debout.

Hôsen — Tire-toi. Tu gênes !

L’homme attendait comme s’il avait anticipé l’apparition de Hôsen. Ayanokôji établit un léger contact visuel avec le nouvel arrivant et disparut plus profondément dans la forêt. Hôsen voulait le poursuivre immédiatement, mais il était difficile d’ignorer la personne en face de lui.

Hôsen — Qu’est-ce que tu fous là Ryuuen ?!

Ryuuen —C’est toi qui n’as rien à foutre ici. N’inverse pas les rôles.

Aux mots de Ryuuen, Hôsen comprit immédiatement ce qui se passait.

Hôsen — Huh ? On s’est donc fait avoir.

Hôsen fit un sourire amusé.

Hôsen — Alors ce n’est pas un hasard si les autres sont retenus.

Les groupes qui avaient été envoyés par Tsubaki pour traquer Ayanokôji ne bougeaient plus et leurs signaux GPS se chevauchaient avec celui des première. Tout comme Tsubaki qui contrôlait les seconde, il y avait aussi une tête pensante derrière les première.

Hôsen — C’est toi qui es derrière tout ça ? Non…

Si Ryuuen était aux commandes, une tablette et un talkie-walkie auraient été essentiels. Cependant il ne vit pas Ryuuen porter de sac à dos. De plus, il aurait été difficile pour quelqu’un qui se battait au front de diriger plus d’un groupe.

Ryuuen — C’est bon, t’as fini de réfléchir ?

Hôsen — Mêle-toi de tes affaires !

Il avait compris ce qui se tramait, mais il ne savait pas pourquoi Ryuuen faisait partie des individus voulant empêcher Ayanokôji d’être expulsé.

Hôsen — Ça doit être lié à moi j’imagine.

Avec un petit sourire, Ryuuen commença à marcher lentement vers Hôsen.

Ryuuen — Vois-tu j’ai pas mal à faire et j’ai les poches vides. Si je dois agir en mercenaire alors je le ferai.

Hôsen — T’as besoin de thunes ? Tu penses vraiment pouvoir m’arrêter ?

Ryuuen — Tu penses que je ne peux pas ?

À une courte distance l’un à l’autre, les deux eurent un rire sinistre. C’est Ryuuen qui fit le premier pas. Sans quitter Hôsen des yeux, il dirigea son poing gauche vers Hôsen. La différence de puissance et d’endurance à cause du physique était évidente alors il visa le menton.

Hôsen — Whoa, c’est une main gauche plutôt audacieuse que t’as là.

Bien qu’il n’eût pas l’initiative, Hôsen, était déjà en position de combat, ne baissant passa garde. Il attrapa légèrement le poing gauche de Ryuuen devant sa poitrine et ouvrit la bouche pour sourire.

Ryuuen — Bordel, quelle sale haleine tu as le gorille.

Hôsen — Arrête de faire le mec et montre-moi ce que tu vaux pour un première si tu veux bien.

Dès qu’il relâcha son poing gauche, il attrapa immédiatement son bras et le tira en arrière. Hôsen         fit alors un coup de boule à Ryuuen.

Ryuuen — Aah !

Ryuuen tituba à cause du coup inattendu qui secoua violemment son cerveau. Non pas que Ryuuen n’ait pas traversé beaucoup d’épreuves.

En fait, il avait l’habitude d’être toujours en première ligne des combats et de se battre beaucoup plus que le délinquant lambda.  En revanche, Hôsen,       avait eu plus de combats à son actif.

Ryuuen — ORAAAAA !

Incapable d’esquiver, Ryuuen fut frappé par un coup de pied frontal dans l’abdomen. Il tomba au sol avec force, à la merci de Hôsen, mais ce dernier fit un grand sourire et ne bougea pas de sa position.

Hôsen — Tu ne fais qu’aboyer depuis dix secondes. Tu fais pitié.

Ryuuen — Ha…..t’es un rocher bordel. Un putain de sale gorille en pierre.

Immédiatement après s’être levé, Ryuuen provoqua Hôsen à nouveau. En entendant cela, Hôsen se gratta légèrement la nuque, un peu surpris.

Hôsen — Je pense que j’en attendais trop. T’es pas si bon en fait.

Ryuuen — Je ne pense pas que tu trouveras quelqu’un d’autre pour te satisfaire.

Hôsen — Si, il y a Ayanokôji. Je dois me charger de lui.

Ryuuen — Hein ?

En entendant les paroles de Hôsen, le sourire persistant de Ryuuen disparut.

Ryuuen — Quoi, tu sais aussi quelque chose, Hôsen ?

Hôsen — Savoir quoi ? Tu essaies vraiment de faire comme si de rien était ?

Ryuuen — Je sais que peu de gens savent ce qu’il y a entre nous, mais je ne savais pas qu’on avait ça en commun.

Ils se lancèrent tous les deux dans un dialogue pour se sonder.

Ryuuen — Pour la première fois, je m’intéresse à toi, Hôsen. Quand et où as-tu combattu avec lui. Qui a gagné ?

Hôsen — Alors tu es aussi obsédé par Ayanokôji, Ryuuen ?

La principale raison pour laquelle Ryuuen était toujours dans cet établissement était pour se venger d’Ayanokôji. Il ne permettait pas à ce dernier de perdre contre quiconque, peu importe la situation, même face à des brutes comme Hôsen dont la force était extraordinaire pour un lycéen.

Hôsen se mit à renifler du nez en sentant la tension mêlée à l’intention meurtrière.

Hôsen — Ne t’inquiète pas, je n’en ai pas fini avec lui.  En fait, je n’ai même pas commencé.

Il bougea sa tête de gauche à droite, faisant craquer ses os alors qu’il s’approchait de Ryuuen.

Hôsen — Je n’ai jamais vu personne arrêter un de mes coups de poing aussi facilement. Et je ne pense pas que je verrai un jour quelqu’un qui ne souffre pas après avoir été poignardé par un couteau.

Les mots « couteau » et « poignardé » déclenchèrent aussitôt un souvenir dans l’esprit de Ryuuen. Il se rappela qu’Ayanokôji avait la main bandée pendant un certain temps, et qu’il avait une cicatrice.

Ryuuen — En tout cas, tu t’es bien amusé sans moi à ce que je vois.

Ryuuen reçut deux coups de poings, mais la lueur dans son regard ne changea pas du tout tandis qu’il fixait Hôsen. Ne voulant pas baisser sa garde face à une situation aussi effrayante, Hôsen avait maintenu la pression. Il a toujours mené une vie de lutte ne faisant montre d’aucun orgueil ou d’aucune insouciance. Il était toujours prêt à se battre, surtout face à un ennemi comme Ryuuen, qui avait une certaine notoriété sur le campus.

Il donna un coup de pied à terre pour se propulser et, avec une rapidité impressionnante pour quelqu’un de son physique, s’approcha de Ryuuen à toute vitesse. Il brisa sa garde alors que ce dernier s’apprêtait à défendre son visage, et lui enfonça son poing dans la figure.

Le coup était si fort que le nez se serait cassé s’il ne s’était pas protégé avec son avant-bras à temps. Dès qu’il se releva, Ryuuen s’écrasa de nouveau au sol. Après avoir vu ça, n’importe qui aurait été convaincu de la différence entre Ryuuen et Hôsen. Ryuuen leva sans attendre le haut de son corps, mais comme si l’on avait prévu ce moment, il fut surpris par un puissant coup de pied au visage ce qui le fit basculer violemment en arrière.

Hôsen — Tu ne fais que dormir et te réveiller depuis tout à l’heure.

Alors que le combat n’avait commencé que depuis une minute, il semblait évident pour tout le monde l’identité du vainqueur.

Ryuuen — Enfoiré…

Hôsen — Ha ha ! C’est ce que je pensais, Ryuuen ! Tu ne vaux que ça.

Hôsen hurla de joie. Il y avait une différence notable entre les deux depuis le début. Et pourtant, la volonté de Ryuuen de se battre ne montrait aucun signe de rupture. 80% des personnes contre lesquelles Hôsen s’étaient battu auraient déjà été brisé mentalement en un seul coup. 10% feraient une démonstration de bravoure et les autres 10 % finiraient par tomber après le deuxième ou troisième coup. Malgré tout, le Ryuuen amoché en face de lui n’avait pas du tout flanché. Dans cet échange mental, Ryuuen avait une longueur d’avance.

Ryuuen — Tu prends ton pied, mais tu penses vraiment avoir gagné ?

Malgré la douleur, Ryuuen releva le haut de son corps sans perdre son sourire.

Hôsen — Ne me fais pas rire. Tu crois qu’on joue dans la même cour ?

Hôsen attrapa le col de Ryuuen et le souleva.

Hôsen — Sans tes sbires, tu n’es rien.

Ryuuen — Gagner un duel ne suffit pas de nos jours. L’opinion sur nous deux des gens au lycée ne changera pas, peu importe l’issue du duel.

Lui jetant la réalité crue au visage, Ryuuen tenta de convaincre Hôsen.

Hôsen — On dirait que tu essaies d’éviter la confrontation directe. J’en ai les larmes aux yeux. Mais cet effort est vain.

L’intervention n’était pas complètement inutile, mais elle n’était pas assez efficace pour faire des dégâts à Hôsen qui ne jurait que par les coups, sa spécialité. Ryuuen, toujours saisi par le col, tourna sa main gauche pour jeter une poignée de terre dans les yeux de Hôsen.

Hôsen — Ah !

Malgré l’attaque surprise, Hôsen bloqua le jet avec son autre main, libre.

Hôsen — C’est si gentil !

Ryuuen — T’as vu ?!

Cette fois, il agita sa main droite pour jeter encore du sable sur Hôsen.

Hôsen — Fallait pas !

Hôsen utilisa son bras pour éviter le sable. Il avait remarqué ses poings fermés dès le moment où il l’avait soulevé.

Hôsen — Il est normal que les faibles tombent dans un combat.

Cette fois, un jab[1] de Hôsen vint rapidement se loger sur la joue droite de Ryuuen. Un coup de poing porté sur la vitesse plutôt que sur la puissance. Il enchaina ainsi à gauche puis à droite encore tel un boxeur qui martelait ses poings sur un sac de frappe. Alors qu’il recevait de puissants chocs qui le rendait presque inconscient, les yeux de Ryuuen percèrent momentanément les pupilles de Hôsen. Immédiatement. La vision de Hôsen vacilla un instant en voyant Ryuuen tomber comme s’il allait s’envoler.

Ryuuen — …

Ryuuen dont le corps s’était contracté par les coups assassins de Hôsen, laissa échapper un coup de pied circulaire juste avant de s’effondrer. Seule la forme de la silhouette de Hôsen, légèrement floue, était visible. Hôsen, qui n’avait pas l’intention d’encaisser un seul coup, se sentit frustré. Ainsi il attrapa la mèche de Ryuuen avec sa main gauche.

Hôsen — Ça te va de crever comme une merde, eh ? Je vais te buter !

Avant que Ryuuen ne puisse mettre son bras pour se protéger, il donna des coups de poing du droit à plusieurs reprises dans son abdomen.

Hôsen — Personne ne peut me battre dans un combat !!

Après le septième coup, une alerte retentit sur la montre de Ryuuen.

Hôsen — Hahaha ! Tu fais le mec calme, mais ton corps est à bout. Ta montre est plus directe que toi à ce que je vois.

Elle s’était déclenchée, car son rythme cardiaque faiblissait.

Ryuuen — Hey le gorille… Sache que je suis fier de ce combat.

Hôsen, qui vit le compliment comme une capitulation, laissa retomber sa mèche avec un sourire triomphant. Incapable de rester debout, Ryuuen s’effondra sur le sol. L’alerte résonna dans toute la forêt.

Hôsen — L’alerte est en train de se déclencher. Tu devrais assumer avoir atteint tes limites non ? Pas la peine de faire le mec.

Ryuuen — A…Arrête de délirer. La montre est juste cassée non ?

Ryuuen regarde sa montre et se mit à rire. Il était clair pour tout le monde que les dégâts étaient importants. Emporté par un sentiment de malaise en regardant Ryuuen, Hôsen cracha sur ses pieds.

Hôsen — Franchement Ryuuen, j’ai rien apprécié. Je suis déçu.

Ryuuen — Attends, tu crois avoir gagné ?

Hôsen — Ah ?

Ryuuen — À quel moment j’ai dit que j’avais perdu ?

Hôsen ne s’attendait pas à une telle réplique de sa part. Alors que sa domination était manifeste, les yeux de Ryuuen étaient toujours vifs.

Hôsen — Je veux bien admettre que tu as une belle force mentale, mais tu ne la garderas pas indéfiniment.

Les humains étaient vulnérables à la douleur. Même s’ils encaissaient bien, il y avait une limite à la résistance à un enchainement de coups violents comme ceux de Hôsen. C’est clairement une question de combien de coups encore il pouvait encaisser. Ryuuen était à la merci de Hôsen et même si la deuxième alerte retentissait, il n’allait pas se retenir. Alors que Hôsen continuait ses coups, la montre de Ryuuen se mit à lancer une alerte d’urgence. Si elle était laissée ainsi pendant plus de 5 minutes, le personnel médical ainsi que des enseignants pouvaient intervenir.

Hôsen — Ton corps lui au moins est sincère. Accepte ta situation.

Ryuuen — Oh…c’est une douleur agréablement étourdissante……

Malgré tout, il se leva avec un rire étrange sans regarder sa montre une seule fois. Pour la première fois, Hôsen comprit que la puissance mentale de Ryuuen était authentique.

Hôsen — Qu’est-ce qui tourne pas rond chez toi ? Tu peux même pas te lever, pourquoi tu t’obstines ? Tu gagnes quoi à jouer au con ?

Il porta sa montre bruyante à l’oreille afin de rester conscient.

Hôsen — Tu t’accroches encore ? Hah, tu devrais laisser l’alerte.

Hôsen pensa que Ryuuen allait éteindre l’alerte d’urgence, mais il n’en fit rien. Il ne fit qu’abaisser son bras pour mettre ses mains dans les poches.

Ryuuen — Le jeu n’est pas encore terminé.

Hôsen — T’es taré ou quoi ? Tu veux rameuter les profs ? T’as envie d’abandonner à ce point ?

Ryuuen — Si c’est le cas, tu feras de même ?

Ryuuen comptait sur l’établissement pour juger la situation. En effet, ce dernier pouvait faire attester de l’agression manifeste de Hôsen. Hôsen reçut un léger coup de pied au menton, mais cela lui fit peu de dégâts.

Hôsen — Tu vas jouer à la victime juste parce que tu peux pas rivaliser avec moi ? T’es tellement pathétique, Ryuuen.

On pouvait dire que la situation s’était retournée, mais il en fallait plus pour effrayer Hôsen. Lui qui voulait soumettre Ayanokôji au début par la violence, voulait maintenant seulement en finir avec Ryuuen.

Ryuuen — Si t’as peur d’une victime comme moi, abandonne alors.

Hôsen — Tu rêves.

Hôsen avança à nouveau malgré la situation.

Hôsen — Je suis intraçable. Je peux te buter avant leur arrivée.

Il fallait au moins 30 minutes pour arriver.

Ryuuen — Kuku, j’ai hâte de voir ça.

Ryuuen salua le sang-froid de Hôsen, qui ne fut pas intimidé par la menace. Il ne chercha même pas à sortir sa main de la poche.

Hôsen — Bon vu que tu ne tiens pas à lâcher, il est temps d’aller dodo.

Kazuomi Hôsen serra son poing droit, ne voulant pas perdre plus de temps. Ryuuen sortit les deux mains de ses poches, également serrées.

Hôsen — Tu crois franchement que ton petit tour va marcher ?

Hôsen savait instinctivement que Ryuuen avait quelque chose, mais ça ne l’arrêtait pas. Pour briser son esprit, il envoya un direct du droit dans le corps de Ryuuen. Voyant cela, ce dernier le saisit de face, toujours les poings fermés. Hôsen tenta de casser sa grippe avec son bras, mais tout de suite après…

Hôsen — Whoaaahh !

Deux ombres surgirent de l’angle mort des arbres et se tinrent derrière Hôsen.

Hôsen — Quoi ──── !

Il n’était pas étonnant que Hôsen soit surpris, car lors de sa recherche GPS de tout à l’heure, il n’y avait qu’Ayanokôji et Ryuuen. Mais il y avait bien deux personnes qui avaient attendu le moment opportun sortant de nulle part pour se saisir des bras de Hôsen. Non seulement il y avait Ishizaki, mais aussi Albert, qui avait un corps semblable à celui Hôsen. Ce dernier ne pouvait pas résister malgré ses capacités. Albert tenait son bras droit, le dominant tandis qu’Ishizaki tenait son bras gauche.

Hôsen — Merde !!

Il se débattit désespérément, mais il était difficile de se débarrasser de ces deux-là, même si Hôsen avait un physique exceptionnel ! L’instant d’après, Hôsen incendia du regard Ryuuen, qui eut un rire moqueur tout en ouvrant ses poings.

Ryuuen — C’est simple. Si on casse sa montre, le signal se perd.

Ainsi dès le début Ishizaki et Albert étaient là avec Ryuuen. Hôsen était parti du principe que c’était un duel alors il se fit piéger en beauté.

Hôsen — Du coup c’est du trois contre un, c’est ça ?

Ryuuen — Tu te plains trop pour un gorille. T’en fais pas, ton exécution est sur le point de commencer.

Il ferma ses deux poings de nouveau et enchaina les coups en alternant droite et gauche sur le visage de Hôsen sans hésitation. Il répéta sans cesse la chose jusqu’à ce que ses genoux touchent le sol. Hôsen continuait les complaintes tout en soutenant ses genoux tremblants, mais Ryuuen n’arrêtait pas. Le genou de Hôsen ne résista pas et ce dernier tomba un peu plus. Ryuuen se saisit ensuite de la tête de Hôsen avec ses deux mains et donna un coup de genou dans le nez

Hôsen — Guh… !

Avec un son presque inaudible, Hôsen tomba au sol pour la première fois. Ryuuen fit un signe du regard pour que chacun d’eux s’empare de ses bras comme lorsqu’il était debout.

Ryuuen — Les gorilles doivent être maitrisés, tu ne crois pas ? Faut dire que tu t’es bien défoulé sur moi.

Tout en se brossant les cheveux, Ryuuen se plaça sur Hôsen.

Hôsen — T’as vraiment aucune race, enfoiré.

Ryuuen — Comment ça ?

Hôsen — Oui, t’es une petite merde qui a besoin de l’aide des autres !

Ryuuen — Kuku, me fais pas rire. Je ne suis pas assez stupide pour me battre seul contre un gorille.

Ayant dit cela, Ryuuen ricana de plus belle et arma son poing. Sans hésiter, il frappa violemment la joue de Hôsen.

Ryuuen — Oh, t’inquiète pas, Hôsen. Je ne te demanderai ni de pleurer, ni de t’excuser. Rien ne m’arrêtera.

Même sans défense, Hôsen résistait encore. Il se débattait avec rage. Albert et Ishizaki avaient du mal à le maintenir.

Hôsen — Bordel ! Lâchez-moi enfoirés !

Ryuuen — Calme-toi. On ne fait que commencer, n’est-ce pas ? Je vais juste te refaire le portrait. Tu vas bien kiffer, crois-moi.

Il abattit son poing de plus belle, mais Hôsen continuait de se débattre.

Hôsen — C’est sûr que tu te vanteras pas de ce combat.

Tant physiquement que mentalement, Hôsen montra qu’il était le roi de ce monde en un seul combat. Il aurait probablement réussi à gérer en un contre un officiel depuis le début ce dont se doutait Ryuuen. C’est aussi la preuve que la force humaine de Hôsen Kazuomi était reconnue par ce dernier.

Cependant, dans une bataille, une seule décision pouvait changer le cours des choses. Il suffisait d’un coup, d’une chute pour passer du jour à la nuit. Il a fallu un moment d’insouciance et d’orgueil pour que la situation se renverse. C’est ainsi que Ryuuen enchainait ses coups. Les forces de Hôsen commençaient peu à peu le quitter.

Ryuuen — Mon bras commence à faire mal, c’est chiant.

Il retira son poing rouge en riant.

Hôsen — Ha, ha …… enfoiré ……

Il essaya encore une fois d’échapper à Albert en utilisant son bras dominant, le droit, mais ne réussit pas.

Hôsen — Si je m’attendais à ce que tu aies un subordonné pareil…

Il regarda Albert dont il n’arrivait pas à se défaire.

Hôsen— Hé, mon gars… Pourquoi tu suis un mec comme Ryuuen ?

En termes de force, il était clair qu’Albert en avait plus que Ryuuen.

Ryuuen — C’est vrai qu’Albert est quelqu’un que je ne pourrais pas battre même si je lui tenais tête une ou deux fois.

Hôsen — Alors pourquoi ?

Ryuuen — Tu ne comprends toujours pas, Hôsen ?  Il n’y a pas que les individus à la force monstrueuse qui arrivent au sommet.

Même avec  cette  explication, Hôsen, qui avait toujours combattu seul, n’arrivait pas à comprendre.

Ryuuen — Kuku. Disons que c’est par amitié.

Albert n’aimait pas les querelles inutiles et avait décidé que la meilleure façon de garder la classe unie était d’avoir Ryuuen comme leader. C’est pourquoi il n’hésita pas à donner un coup de main, même s’il devait parfois se salir les mains. Il était capable de temporairement nuire à ses amis si c’était les ordres, mais il croyait dur comme fer que c’était pour le bien de la classe sur le long terme. De nature, c’était un homme au grand cœur qui n’aimait pas la violence.

Hôsen — Ne crois pas que tu as gagné avec ça, Ryuuen !

Ryuuen — Je comprends ta frustration. Tu ne pensais pas perdre comme ça. Mais pour moi, la manière importe peu. Le dernier debout gagne.

Pour Ryuuen, qui n’avait pas l’intention de faire un combat à la loyale depuis le début, la provocation de Hôsen n’avait aucun sens. Il l’avait plutôt pris comme un cri de douleur d’un homme vaincu ce qui renforça son plaisir.

Hôsen — Putain…

Après avoir été frappé des dizaines de fois, Hôsen atteignait sa limite. Même si plus personne ne le retenait, il était bien trop amoché pour vaincre Ryuuen.

Hôsen — Sache que, …… même si je te concède la victoire ici… la prochaine fois que je te vois, je te buterai sans hésiter.

Ryuuen — Je me fous de la vengeance d’un gorille, mais si tu comptes le faire alors fait le bien. Gagner n’est pas aussi simple. Même si tu es en tête, si tu finis par être neutralisé, tu perds et puis c’est tout.

Hôsen — Qu’est-ce que tu… !

Le coup direct de Ryuuen frappe la joue de Hôsen et le fit perdre conscience. La conscience de Hôsen s’envola finalement.  Ryuuen se leva lentement.

Ryuuen — Huh. …… c’était un combat bien difficile.

Tout en ayant du sang qui coulait de son poing, Ryuuen leva les yeux au ciel et eut un soupir d’épuisement.

Ryuuen — Ce type est vraiment un monstre.

Ishizaki — Heureusement que tu n’as pas été fou pour un face à face.

Albert acquiesça à ces mots.

Ryuuen — Vous avez galéré aussi. Je le sais bien.

C’était dire la férocité de cet affrontement. Ryuuen leur fut reconnaissant.

Ishizaki — Non, non, non ! On n’a rien fait de spécial ! Pas vrai Albert ?!

Ni Ishizaki ni Albert n’eurent de blessures externes majeures… Ryuuen voulait ne pas davantage les impliquer, car si le nombre de suspects augmentait, cela n’allait pas arranger leur affaire.

Ryuuen — Vous devriez y aller. Les professeurs peuvent arriver d’une minute à l’autre.

Un certain temps s’était écoulé depuis que l’alerte d’urgence de Ryuuen avait retenti.

Ishizaki — Et toi Ryuuen-san… ?

Ryuuen — Eh bien vu mon état, même si je voulais continuer, on ne me laisserait pas continuer facilement.

Les blessures infligées par Hôsen étaient assez graves.

Ryuuen — Je vais quitter l’examen avec Hôsen.

Ishizaki — Tu es sûr de ça ?

Ryuuen — J’ai confié tout ce qu’il fallait à Katsuragi. Mais le top 3 va être difficile à faire tomber.

S’il laissait Hôsen ici, il y avait une possibilité qu’il se dirige vers Ayanokôji. Et Ryuuen, celui qui l’avait mis K.O., ne pouvait pas disparaître s’il voulait éviter toute suspicion. Qu’ils se retirent ensemble était la solution la plus viable.

Ishizaki — … C’est vraiment regrettable.

Ishizaki regrettait que leur groupe, à la cinquième place hier, avait maintenant de minces chances d’aller plus loin.

Ryuuen — Il n’y a rien de regrettable.

Ryuuen rit légèrement comme s’il se souvenait de quelque chose. Sans en connaître la raison, Ishizaki et Albert se regardèrent.

Ryuuen — Je vous le dirai bientôt. Partez.

Pour que leur groupe survive, Albert et Ishizaki ne devait pas se retirer de l’examen. Pour ça, ils devaient aller changer leur montre cassée et rejoindre aussi vite que possible les autres membres. Tandis qu’ils se mirent à courir pour rejoindre la zone de l’embarcadère, Ryuuen s’assit sur le corps de Hôsen, encore inconscient, comme s’il s’agissait d’un vulgaire banc.

7

Tsubaki — Merci pour le rapport. Tu peux disposer.

Tsubaki, qui reçut un rapport via talkie-walkie mit tranquillement fin à l’appel.

Yagami — Ça ne s’est pas passé comme prévu n’est-ce pas ?

En analysant l’expression de Tsubaki, Yagami posa cette question

Tsubaki — Il semblerait que des professeurs l’ont transporté au point de départ. Il se serait battu avec un certain Ryuuen de la classe de 1ère B et ils sont tous les deux gravement blessés. C’était de toute manière suspect, car Ayanokôji-senpai était toujours libre de ses mouvements.

En effet, si Hôsen avait réussi son tête-à-tête, le signal GPS d’Ayanokôji aurait été fixe.

Tsubaki — Je ne connais pas grand-chose de cette personne, mais il a réussi à arrêter Hôsen-kun.

Tsubaki, se pinça les lèvres à cause de l’échec du plan qu’elle n’avait pas envisagé. En effet, les zones désignées d’Ayanokôji étaient C3 et D2. Tout se déroulait à la perfection pour qu’il se fasse cerner par Hôsen-kun dans le secteur. Cependant, l’attirer dans cet endroit avait également donné du temps à l’adversaire pour se préparer.

Yagami — Tu cherches toujours l’expulsion d’Ayanokôji, n’est-ce pas ? Si on veut que les élèves de seconde s’en sortent, il faut écraser les groupes solitaires. Si tu as d’autres idées, fais-le-moi savoir.

Yagami la pressa, mais Tsubaki détourna le regard et murmure avec intérêt.

Tsubaki — Je ne pense pas qu’il soit dans notre intérêt de continuer à se mettre en danger. Si des élèves de seconde tombent ici alors c’est qu’ils étaient voués à disparaître. Pas la peine de prendre des risques.

Yagami — …… Donc tu vas t’arrêter ici ?

Tsubaki — Il y a quelque chose qui me tracasse. Peut-être qu’il a été décidé dès le début que mon plan ne fonctionnerait pas.

Yagami — Qu’est-ce que tu veux dire ?

Tsubaki — Il y’a une prime sur la tête d’Ayanokôji-senpai qui tourne de manière restreinte. Qui plus est, il est très prudent. Ce plan était voué à l’échec depuis le départ, car je ne fais confiance à personne.

Tsubaki était plus ennuyé par ça que par le fait d’avoir perdu.

Tsubaki — C’est frustrant d’avoir été seule dans ce projet…

Elle était déçue, se disant qu’elle aurait pu faire bien mieux. Quand elle lâcha l’écran de la tablette, elle remarqua quelque chose.

Tsubaki — Huh ?

Tsubaki vit qu’Utomiya n’était pas présent.

Yagami — Qu’est-ce qu’il y a ?

Tsubaki — Où est Utomiya ?

Quand elle dit ça, Yagami fit semblant d’avoir remarqué son absence.

Yagami — Ça va faire bientôt 30 minutes…

C’était parce que Tsubaki était concentrée sur sa stratégie en faisant face à l’ennemi qu’elle n’avait pas fait attention à sa disparition sur la tablette. Perturbée, Tsubaki chercha l’emplacement d’Utomiya il y a dix minutes sur la carte. Il était à environ 400 mètres au sud-ouest de l’endroit où elle se tenait.

Tsubaki — Mais qu’est-ce qu’il se passe ? Que fais-tu bon sang ?

Il n’y avait qu’un seul signal GPS près d’elle, et le nom était celui de Hayato Kitô, en 1ère A. Dès qu’elle vit le nom, Tsubaki prit le talkie-walkie.

8

Un garçon de grande taille courait dans la forêt malgré la mauvaise visibilité. La cible de ce grand gaillard était le camp où se trouvait Sakurako Tsubaki, Takuya Yagami et Utomiya Riku. Sakayanagi lui avait confié la tâche de démasquer la personne qui était en charge du plan. Alors que Kitô courrait et qu’il essayait de garder le camp dans son champ de vision, il découvrit une silhouette devant ses yeux.  Un individu bloqua sa route, le fixant du regard. Kitô n’avait pas reconnu le visage de la personne, mais il reconnut immédiatement qu’il ne s’agissait pas d’un allié. Il essaya de changer de cap tant qu’il y avait de la distance, mais l’autre personne se mit encore sur le chemin. Reconnaissant qu’il s’agît d’un ennemi, Kitô s’arrêta et lui fit face.

Utomiya — Qu’est-ce que tu fais ici ?

Utomiya eut un ton sévère, oubliant qu’il s’adressait à un garçon plus âgé.

Utomiya — Tu es Kitô Hayato-senpai, en 1ère A, si je ne me trompe pas ?

Il se calma un peu, tentant de faire preuve de respect. A l’origine, Kitô faisait partie de la liste des groupes solitaires, donc Utomiya se souvenait de lui, mais son nom fut ensuite rayé de la liste, car il intégra un grand groupe. Mais pour ne pas paraître suspect, il fit semblant de ne pas trop le connaître.

Kitô — Je suis pressé.

Kitô tenta d’esquiver Utomiya, mais ce dernier l’attrapa par l’épaule et l’arrêta.

Kitô —…… qu’est-ce que…

Kitô, agacé par son comportement, lui lança un regard furieux, mais Utomiya lui lança aussi un regard acéré.

Utomiya — Je suis désolé, mais je ne vais pas te laisser passer.

Kitô — Quoi ?

Le poing d’Utomiya allait se loger dans Kitô. Ce dernier fronça les sourcils et évita calmement le coup. Il se tint ensuite à distance.

Kitô — Qu’est-ce que tu fais ?

Utomiya tendit la main et l’attrapa par le col.

Utomiya — Je te le dis. Je ne te laisserai pas passer.

Kitô — Quel est ton nom ?

Utomiya — 2nde C, Utomiya

La venue de Kitô ici fut ordonnée par Sakayanagi afin de chercher le commanditaire de l’opération. Il comprit qu’Utomiya n’était pas la cible. Utomiya avait aussi deviné que Hayato suivait les ordres de quelqu’un.

Utomiya — Qui t’a ordonné de venir ici ?

Kitô ne montra aucun signe de coopération.

Utomiya — Je ne montrerai aucune pitié même si tu es un senpai.

À ces mots, les yeux de Kitô brillèrent et ses bras épais pointèrent vers le cou d’Utomiya.Utomiya resta à distance et échappa à l’attaque de Kitô sans difficulté. Cependant, en raison de son esquive rapide, le talkie-walkie dans sa poche tomba aux pieds de Kitô.

Utomiya — Oh merde …… !

Il se précipita en avant, mais le positionnement de Kitô l’empêcha d’aller le prendre. Il fallait utiliser la force. Il se regardèrent pendant un moment jusqu’à ce que l’un d’eux brise le silence.

Tsubaki Utomiya-kun ? Que fais-tu ?

La voix de Tsubaki s’échappa du talkie-walkie qui avait roulé sur le sol.

Utomiya — Merde…

Utomiya claqua sa langue et fixa le talkie-walkie qu’il avait laissé tomber.

TsubakiTu n’as pas suivi mes instructions ?

Même sans réponse, Tsubaki continua de parler. Utomiya cherchait une occasion de bondir, mais Kitô lui fit signe de se calmer en montrant l’une de ses mains. Il prit le talkie-walkie et le glissa doucement en direction d’Utomiya.

Utomiya — Pourquoi tu fais ça ?

Toute la fureur d’Utomiya s’échappa de par cette action inattendue.

Kitô — L’objectif a été atteint.

Comme il n’y avait aucune raison de se battre, il ramassa ses affaires et partit. Il entendit la voix de Tsubaki via le talkie-walkie et décida que c’était le cerveau de l’assaut. Le dos de Kitô commença à s’éloigner, le laissant sans défense.

TsubakiSi tu m’entends, Utomiya-kun, calme-toi. C’est une mauvaise idée de combattre Kitô-senpai maintenant.

Kitô disparut en regardant le talkie-walkie pendant un moment sans répondre

Utomiya —… C’est moi.

Une fois seul, il répondit.

TsubakiTu es en sécurité ? Et Kitô-senpai ?

Utomiya — Il vient de partir.

TsubakiPourquoi ferais-tu une chose pareille ? Tu cherches l’expulsion ou quoi ? Ou essaies-tu de garder les première loin de moi ?

Utomiya — Désolé, je ne voulais pas que des infos fuitent. Je voulais les empêcher de t’approcher.

TsubakiJe ne peux pas te blâmer, mais à quoi tu pensais au juste ?

Après un bref silence, il s’exclama.

Utomiya — J’ai vraiment agi de mon propre chef.

Peut-être que c’était une réponse ennuyeuse. Elle resta silencieuse un moment.

TsubakiSi tu es en mesure de bouger alors reviens.

Utomiya — Très bien.

Après avoir terminé la communication, Utomiya regarda la tablette. Puis, quand il reprit le talkie-walkie, il changea le code pour communiquer de nouveau.

Utomiya — Je me suis débarrassé de ce cinglé de première. Il doit être heureux d’avoir l’info qu’il voulait. Il pense que Tsubaki est derrière.

— Comme prévu de ta part, Utomiya-kun.

Utomiya — Alors, comment s’est déroulé le plan Tsubaki ?

— Ça a échoué comme prévu. Même si Ayanokôji-senpai a préféré rester passif, c’était une stratégie dépassée qui n’aurait jamais marché de toute manière.

Sans prolonger plus longtemps, Utomiya éteignit le talkie-walkie après avoir stipulé qu’il coupait la conversation.


[1] Direct du bras avant.

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