CLASSROOM V9 : BONUS


Histoires courtes vol.9

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Traduction : Kyoshiro & Quentin
Correction : Raitei
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Le Premier Cadeau (Ichinose)

Je me suis secrètement rendue au centre commercial Keyaki cette nuit,  juste avant la fermeture.

Moi — Umm….. Je me demande lesquelles sont populaires.

Je flânais longtemps à l’intérieur de cette chocolaterie. Vu qu’il était déjà tard dans la soirée, il n’y avait pas d’autres élèves.

Moi — Il  n’y en a plus malheureusement. Je m’en doutais.

Il y aurait dû y avoir un rayon spécial Saint-Valentin dans cette boutique mais vu que c’était passé depuis plus de 10 jours, il semblerait que ce rayon avait été retiré.

Néanmoins, il y avait quand même beaucoup de chocolats en rayon, une large variété de types et de couleur. La fourchette de prix variait de plusieurs centaines à plusieurs milliers de yens ce qui était assez étonnant.

Même si la clientèle était principalement jeune, ils avaient dû en vendre une quantité considérable.

— Cherchez-vous des chocolats pour la Saint-Valentin ?

Moi — Ahh, en effet. Comment vous le savez ?

Alors que j’étais perdue dans mes pensées, un employé du magasin m’interpela.

 — C’est écrit sur votre visage. Que vous voulez en donner au garçon qui vous plaît.

Moi — Ehh ! C’est, euh, ce n’est pas le cas ! Mais je lui dois beaucoup ou peut-être devrais-je dire qu’il m’a sauvé… En guise de remerciement, je pensais lui offrir des chocolats.

Je n’ai jamais rien offert à personne auparavant. C’était le premier cadeau que j’offrais depuis ma naissance.

Le hasard a voulu que ce soit pour des chocolats de la Saint-Valentin.

Moi — Lesquels me recommanderiez-vous ?

— Ne devriez-vous pas opter pour celui que vous préférez ? Tout est question d’intuition.

L’intuition, hmm ? Oui sûrement.

Plutôt que de laisser quelqu’un d’autre décider pour moi, il était évident que le meilleur cadeau possible vienne de mes préférences.

Moi — Très bien, je vais prendre ceux-là.

— Merci de votre achat. Aimeriez-vous laisser un message ? Comme un “je t’aime” par exemple ?

Moi — Ça ira, ça ira !!!

Si je lui offrais son cadeau avec un message de ce genre, il serait sûrement perdu.

De toute manière, je ne le voyais même pas de cette façon-là.

En effet, je ne faisais qu’exprimer ma gratitude en lui achetant des chocolats, rien de plus.

Un jour spécial pour les élèves (Karuizawa)

Nous étions un 14 février, sous un ciel hivernal, je me rendis à cet endroit, non loin du dortoir. J’avais reçu une invitation par sms de la part de Kiyotaka. Je tentai désespérément de cacher mon rythme cardiaque toujours plus rapide à Kiyotaka pendant notre conversation. Après tout, je comptai lui offrir des chocolats. Ce n’était pas la première fois que j’en offrais depuis mon enfance mais à chaque fois où je laissais tomber ma garde, je pouvais sentir mon visage rougir.

Moi — Sais-tu quel jour nous sommes aujourd’hui ? Allez 5… 4… 3-

Afin de cacher mon embarras, je choisis de me moquer de lui avec une telle question.

Ayanokôji — …C’est une question plus facile que je ne l’imaginais. J’ai même l’impression qu’il y a un piège.

Moi — Ne réfléchis pas trop, donne-moi juste une réponse claire.

  J’avais juste besoin de paraître sereine. Tout allait bien se passer.

Ayanokôji — La Saint Val…

Moi — Ouais, ouais, ouais.

J’étais si embarrassée que ma réponse fut bancale. Je tapai ensuite la tête de Kiyotaka avec la boîte de chocolat.

Ayanokôji — Tu m’offres ça ?

Moi — Au départ, j’avais prévu de l’offrir à Yôsuke-kun, mais je n’ai plus aucune raison de le faire.

C’était bien entendu un mensonge. Je l’avais achetée juste avant que la boutique ne ferme alors je doute qu’on m’ait vu. J’avais quand même bien stressé.

Ayanokôji — C’était pour Hirata de base c’est ça ?

Moi — Oh, alors tu n’aimes pas ça ?

Ayanokôji — Non, je réfléchissais juste à combien de temps à l’avance tu t’étais préparée pour cette Saint-Valentin.

Il n’y avait aucun moyen qu’un mensonge aussi évident ne puisse fonctionner sur Kiyotaka mais c’était la seule option que j’avais. Si je lui disais que je l’avais acheté pour lui alors c’était comme avouer mes sentiments !

Moi — Je me prépare toujours soigneusement ! Même si j’avais déjà décidé de rompre avec lui depuis longtemps, il y avait encore une chance que je ne le fasse pas. Bref, y’a rien à attendre de quelqu’un d’aussi peu expérimenté que toi en matière de romance. Tu peux pas capter.

C’était précisément parce que je savais qu’il n’avait aucune expérience que j’avais pu m’en sortir. Mais encore, sans doute même que Kiyotaka aurait eu des attentes vu que nous étions le 14 février.

Moi — Je voulais juste que tu viennes me voir aujourd’hui en espérant que je te donne quelque chose comme ça.

C’est pourquoi je lui ai demandé ça.

Ayanokôji — Désolé, ça ne m’a pas traversé l’esprit.

Grrr…Il avait son habituel visage de marbre et mes propres mots me revinrent en pleine face. Malgré ce que je lui avais dit, il gardait son sang-froid.

Moi — As-tu obtenu quelque chose d’une autre fille ?

J’étais assez détendue pour entendre sa réponse.

Ayanokôji — Non, rien du tout.

En gros, cela voulait dire que j’étais la première fille du lycée à offrir des chocolats à Kiyotaka.

Moi — C’est tout toi ça, quelqu’un qui ne convient absolument pas aux autres.

Ayanokôji Mais ça te convient ? Si tu me donnes ça, cela voudra dire que je ne suis plus une cause perdue en amour.

Moi — Cela te rend d’autant plus pitoyable. Ça signifie simplement que tu n’auras pas d’autres choix que de te tourner vers moi pour ton salut.

Je souhaitais que cette journée se termine sans que personne d’autre ne soit au courant de ça.

Au moins pour le White Day[1], j’étais sûre de monopoliser Kiyotaka !

Je plaisantais bien sûr. J’avais beau être amoureuse, ce n’était pas non plus un simple White Day qui allait m’exciter quand même.

En fait si, j’étais en panique totale rien qu’à l’idée d’imaginer la situation…

Les intentions de Kamuro (Kamuro)

J’étais dans la chambre d’Ayanokôji pour une certaine raison.

Moi — Donne-moi quelque chose à boire, ça va durer.

Ayanokôji commença à préparer ma demande avec un regard mécontent.

Ayanokôji — Alors j’ai du thé ou bien du café.

Après avoir dit cela, il commença à le préparer. Je me sentais méfiante vu qu’il semblait sans défense mais Sakayanagi me demanda de garder un oeil sur lui.  Pour être honnête, je n’avais aucune idée de quoi il était capable.

Moi — Tu n’aurais pas du chocolat chaud plutôt ?

Ayanokôji — …Oui j’en ai aussi.

Moi — Je vais prendre ça alors.

Je prenais mes aises encore une fois pour le tester.

Ayanokôji — De quoi voulais-tu me parler ? S’il faisait trop froid dans le couloir, nous aurions pu parler dans le hall.

Moi — Il n’y aura personne pour nous déranger ici. Ta chambre était le meilleur endroit pour cela.

Ayanokôji — Que veux-tu dire par là ?

Moi — Est-ce ma présence qui te met mal à l’aise ?

Ayanokôji — C’est le contraire qui serait étrange. Une fille que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam, qui plus est une rivale de la classe A, s’invite dans ma chambre.

Moi — Hmm, ta réaction n’a rien à voir avec celle de Yamauchi.

Quand je dis cela, Ayanokôji me jeta un regard.

Moi — Tu veux en savoir plus n’est-ce pas ?

Ayanokôji — Absolument pas.

Moi — Ah bon ? Très bien, je ne parlerais pas de ça. De toute façon ça n’a aucune importance.

Pour l’instant, Yamauchi n’était pas pertinent. Les choses sérieuses allaient commencer maintenant.

Moi — Tu penses quoi du contenu de cette lettre ?

Une lettre qui affirmait qu’Ichinose Hinami est une criminelle.

Ayanokôji — Comment ça ?

Moi — Exactement ce que j’ai dit. Est-ce que tu penses que c’est une criminelle ?

Ayanokôji — Je ne sais pas et ça ne m’intéresse pas vraiment.

Moi — Même si tu t’en fiches, tu as quand même un avis sur la question non ? A ton avis, Ichinose est une bonne ou une mauvaise personne ?

Ayanokôji — On ne peut pas décréter qu’une personne est mauvaise parce que c’est une criminelle. De la même façon qu’on ne peut pas qualifier une personne de “bonne” parce qu’elle n’est pas une criminelle. 

J’essayais de le déstabiliser pour savoir si on pouvait vraiment se servir de lui ou non. C’était la mission qui m’avait été confiée.

Des camarades de classe fiables (Mii-chan)

Je demandai à Ayanokôji-kun des conseils concernant un certain sujet au coin d’un café. Mais je n’avais pas su prendre l’initiative et un long silence s’en était suivit. J’avais besoin d’agir. Ce sentiment prit le dessus. Je me sentais mal pour Ayanokôji-kun, qui perdait son temps avec moi…

Moi — Hey… Uh, c’est à propos de Hirata-kun…

J’ai en quelque sorte désespérément réussi à faire sortir ma voix. J’ai continué avant de finir par étouffer mes mots.

Moi — J’espérais que tu me dises certaines choses à son sujet.

Je pense que je me suis très mal exprimé mais je ne peux rien y faire. Parce que je ne peux pas lui dire directement que “je suis amoureuse d’Hirata-kun” après tout.

Ayanokôji — Tu sais je ne suis pas particulièrement proche de Hirata.

Même après m’avoir vu paniqué, le ton d’Ayanokoji-kun est resté le même que toujours.

Moi —  Alors pourquoi Hirata-kun m’a dit que tu étais la personne la plus fiable de la classe ?

Ayanokôji —  ah bon ?

L’impression que j’avais d’Ayanokôji-kun était étrange. Cela pouvait être rude de ma part mais je trouvais qu’il était comme le vent. J’avais du mal à lire dans ses pensées et il semblait un petit peu effrayant…Mais pas de la même manière qu’un Sudou-kun.

Ayanokôji — Oui, il m’avait dit qu’Ayanokôji-kun était la personne la plus fiable et la plus censée de la classe. Il a parlé en bien de toi.

Hirata-kun, qui est concerné par ses camarades plus que n’importe quiet qui garde un oeil sur eux rigoureusement, avait une haute estime de lui. Je n’avais jamais vu Hirata-kun parler d’un ami avec autant d’entrain auparavant, donc j’étais surprise. Je ne connaissais toujours pas la raison derrière tout ça.

Moi — Il y’a peu de temps, Hirata-kun et Karuizawa-san ont…cassé. Est-ce que tu es au courant ?

Ayanokôji — Bien sûr. Où veux-tu en venir ?

Ce n’était pas seulement la classe C, mais toute notre année scolaire qui était au courant.  Ce coup du sort qui frappa Hirata-kun et Karuizawa-san, personne ne s’y attendait, moi y compris. Mais je ne pouvais pas agir toute seule. Parce que je ne pouvais pas me déclarer en sachant très bien que je risquais d’être rejetée.

Moi — Eh bien…

Demandons quelques conseils à Ayonokôji-kun vu que Hirata-kun a confiance en lui. Je sais que je suis lâche mais pour pouvoir me déclarer, il fallait enfin agir.

Moi — Est-ce que tu sais si Hirata aime quelqu’un en ce moment ?

Il fallait faire le premier pas pour surmonter cette lâcheté.

Je ne pouvais pas me regarder dans un miroir, mais je sentais que mon visage devenait tout rouge.

Les préparatifs de Sakayanagi (Sakayanagi)

Nous étions le 7 Février. C’était la période où je me divertissais encore avec le jouet qu’était Ichinose-san. Après que les cours se soient terminés, je me levai calmement de ma chaise avec ma fidèle canne à la main. Dans la classe, j’attirais toujours l’attention quand je marchais aux alentours car cette canne était une nécessité absolue pour moi. Mais être incapable d’être discrète pouvait quelque fois être un frein.

Kamuro — ça va aujourd’hui ?

Masumi-san…Elle était toujours aussi mélancolique.

Moi — Je pense que je vais prendre contact avec lui aujourd’hui.

Je ne l’ai pas nommé exprès mais devait savoir à qui je faisais référence.

Kamuro — Ahh…Yamauchi, n’est-ce pas ? Peut-on vraiment laisser Ichinose comme ça ?

Moi — Disons qu’il y a deux personnes que tu méprises juste devant toi. Si tu pouvais seulement te débarrasser que de l’une d’entre elles, que ferais-tu, Masumi-san ? Tu te débarrasserais de celle que tu haïs le plus non ?

Kamuro — Et bien… Je suppose.

Moi — C’est ma réponse.

Pour l’instant, plutôt qu’Ichinose-san, Yamauchi-kun me faisait plus vibrer. Je n’avais pas dis cela à voix haute, mais j’étais sûr que Masumi-san comprenait

Kamuro — Ahh, je vois. Je vais rentrer dans ce cas.

Moi — Va. Comme toujours, j’apprécie tes efforts.”

N’ayant reçu aucun ordre de ma part, Masumi-san quitta immédiatement la classe. En route vers la C, je repérai un élève seul qui marchait dans ma direction. D’ordinaire, il était toujours suivi de plusieurs par ses sbires mais plus maintenant. Il n’était plus que l’ombre de lui-même désormais.

Moi — Salutations, Ryuuen-kun

Quand je l’interpelai, il me regarda avec ses yeux féroces habituels. Pour être honnête, j’aurais aimé l’appeler « mon dragon » mais si je l’avais fait, nous n’aurions pas eu une conversation alors j’évitai de le provoquer inutilement et m’arrêtai calmement.

Après s’être fait détrôner de son rôle deleader, j’en avais déduis plusieurs théories mais elles n’étaient plus nécessaires. Depuis qu’il avait quitté le devant de la scène, je pouvais me permettre de le laisser de côté. Il ne fallait pas rejeter celui qui venait et ne pas poursuivre celui qui part. Bien entendu, c’était une histoire différente quand cela concernait Ayanokôji-kun. Qu’il n’avait aucune intention de se battre ou non, il devait être un sacrifice pour le bien de ma fierté.

Moi — Es-tu prêt pour l’examen de fin d’année ?

Ryuuen — Et moi qui me demandais ce que tu allais dire. Je n’ai aucune intention d’avoir une discussion lambda avec toi.

Moi — Je t’en prie, ne dis pas ça. N’est-ce pas difficile d’étudier tout seul ? Si tu le désires, pourquoi ne pas préparer le test avec nous?

Je fis une proposition qu’il n’allait jamais accepter.

Ryuuen — Tu penses vraiment pouvoir me provoquer avec un truc pareil ?

Il avait interprété mes bonnes intentions comme de la malveillance. Ryuuen-kun commença à s’approcher de moi de façon menaçante.

Ryuuen — Donc tu me laisses seul pour jouer avec Ichinose ?

Les rumeurs avaient donc atteint ses oreilles.

Moi  — Elle est actuellement assaillie par des rumeurs qu’un anonyme répand.

Ryuuen-kun continua de me fixer comme s’il se fichait éperdument de la situation. J’avais donc vraiment le champ libre.

Moi — Si elle était comme toi, constamment critiquée, elle n’aurait pas été blessée à ce point.

Ryuuen — Qu’est-ce que tu me veux ?

Moi — Je voulais juste discuter avec toi. Je n’aurais pas dû ?

Ryuuen — Une discussion, hein? Alors je vais jouer le jeu avec toi et te poser une question également.

Moi — Comme c’est intéressant. Qu’est-ce que ça peut bien être ?

Cette réaction inattendue de Ryuuen-kun m’avait plu. Je me demande quel genre de question il allait me poser.

Ryuuen — Je vous vole une large quantité de points privés à votre bande d’incompétents chaque mois grâce à mon contrat avec Katsuragi. Comment tu gères ça ?

Ce n’était pas inattendu, mais au moins c’était une question amusante.

Moi — Cela ne nous affecte pas significativement. Pour la classe A, subvenir à tes besoins ne comporte aucun risque pour nous. Tu es seul après tout. Te faire expulser ne nous serait donc d’aucune utilité. D’ailleurs, tant que ce contrat avec toi restera intact, Katsuragi-kun ne fera jamais de retour en force.

Ryuuen — Kuku.

Pour la première fois, Ryuuen-kun rit

Ryuuen — De penser que tu aurais peur des petits poissons comme Katsuragi.

Moi — Il est facile de traiter avec des ennemis extérieurs, mais traiter avec un allié peut être gênant en cas d’erreur. C’est un excellent pion tant qu’il garde la tête baissée et se laisse utiliser.

Cela ne voulait pas dire qu’il avait peur d’être visé par moi. Il essayait simplement de me provoquer. Obtenir ce genre de réaction de la part de Ryuuen-kun était précisément la raison pour laquelle je finissais toujours par lui parler.

Moi — Fais de ton mieux pour économiser jusqu’à 20 millions de points tant que tu le peux.

S’il pouvait s’échapper vers la zone de sécurité, au moins une partie de sa fierté resterait intacte.

Ryuuen — C’est ce que je ferai.

Moi — Ryuuen-kun, puis-je aussi te poser une question ?

Ryuuen — Si tu veux savoir à quoi ressemble un homme, je peux te le montrer n’importe quand, tu sais ?

J’étais plutôt contente de cette provocation. C’était à son image.

Moi — Tu n’as pas besoin de me l’apprendre. Moi aussi, j’ai mes propres critères de beauté. Mais serai-je ton type de fille ?

Lorsque je me faisais poignarder, je faisais de même en retour.

Moi — Je n’ai aucun problème à me contenter de produits de mauvaise qualité vois-tu.

En touchant une épine, on se pique. Quoi qu’il en soit, il avait beau être ce qu’il est, il avait encore du répondant.

Ryuuen — Si tu as fini, je m’en vais.

Même si c’est quelqu’un dont je devais me méfier contrairement à Katsuragi-kun ou Ichinose-san, il avait vraiment perdu les crocs. Mais c’était un ennemi et donc un fardeau de moins pour moi. Je pouvais me concentrer uniquement sur ce que désirais mon coeur, Ayanokôji-kun.

Moi — Dans ce cas, je prends congé aussi.

Il était déjà parti. Après avoir quitté Ryuuen-kun, je repris ma route en destination de la classe C. Il ne fallait pas que ma proie s’échappe parce je jouais ailleurs.

Moi — Excusez-moi.

Je dis cela tout en observant l’intérieur de la classe.

Moi — Est-ce que Yamauchi Haruki-kun est là ?

La réponse fut immédiate de la personne elle-même.

Yamauchi — Euh…c’est moi… Tu as besoin de quelque chose ?

Yamauchi-kun me regarda confus. Il ne semblait pas être sur ses gardes.

Moi — Cela te dérangerait de m’accorder quelques minutes de ton temps ?

Yamauchi — N-non, ça ne me dérangerait pas…

Etait-il à ce point idiot ? Quoi qu’il en soit je lui avais préparé un ticket.

Moi — …Ce n’est pas l’endroit opportun pour s’entretenir alors je t’attendrai dans le couloir près des escaliers.

Et c’est ainsi que je réussis à inviter Yamauchi-kun. Le paradis ou l’enfer ? Ce ticket menait dans ces deux endroits. Il était libre de choisir lequel il préférait.

Un petit être (Ayanokôji)

Cet évènement se déroula après l’examen de fin de trimestre, avant que les résultats ne tombent. Mon plan était de passer par la supérette avant de rentrer dans ma chambre. Après que la dernière heure de cours soit terminée, sur mon chemin, je vis une connaissance de dos. C’était Ichinose accompagnée de deux camarades de classe. Selon le sujet de conversation, leur rythme de marche pouvait diminuer ce qui rendait simple le fait de les dépasser. Évidemment, je n’allais pas élever la voix pour engager la conversation avec elles. Ichinose seule n’aurait pas été un problème, mais je n’avais pas eu de conversations décentes avec les autres filles auparavant. C’était plus simple pour moi de les éviter vu qu’Ichinose était capable de m’interpeler. Je n’avais rien à faire en particulier mais j’allais mettre plus de temps que prévu avant de rentrer dans ma chambre.  

J’entendis soudainement les pas légers de quelqu’un qui courait derrière moi. Cette personne qui était passée derrière moi appela Ichinose pour aller se joindre à elle. Les trois filles devant moi se retournèrent et Ichinose me repéra naturellement. Elle vit probablement à quel point j’étais mal à l’aise vu le sourire qu’elle me lança. Mais très prévenante, elle se contenta de ça et ne fit rien de plus. Ichinose et son groupe recommencèrent à parler de nouveau, comme si rien n’était arrivé.

Moi — Donc…Supérette ensuite…

J’observai Ichinose et ses amies partir puis, après avoir acheté tout ce qui était nécessaire, je sortis. Cela devait faire seulement 2-3 minutes, mais je ne pouvais plus voir Ichinose et son groupe dorénavant. Je pouvais rentrer à la maison maintenant. Sur la route du dortoir, on m’interpela.

 — Ici, ici Ayanokôji-kun !

J’entendis une voix. Je jetai un coup d’œil rapide et vis un mouvement de la main. Parmi les arbres se tenait à une certaine distance de la route Ichinose.

Moi — Qu’est-ce que tu fais par ici ?

Ichinose — Peut-être que tu devrais venir me rejoindre ici non ?

Elle afficha un sourire comme celui d’un enfant faisant une blague, comme pour me tester. Puisqu’elle me pressa de faire la chose, je me rapprochai d’elle. Même après être arrivé à ses côtés, rien n’avait changé non plus.

Moi — Il y a un problème ?

Ichinose — Hmm? Non, peut-être pas après tout.

Ne comprenant pas, j’inclinais ma tête pour m’excuser et Ichinose ricana légèrement.

Ichinose — je voulais parler avec toi un petit peu, je pense.

Moi — Ok mais…ici ?

Ichinose — Oui ici ! Allez, assis assis ! En restant là, personne ne nous verra.

Elle avait peut-être raison mais… C’était la mi-hiver et il faisait froid.

Ichinose — J’essayais d’être prévenante à ma façon tu sais? Je pensais que tu ne voulais pas parler entouré par les autres filles.

Il semblerait qu’elle avait réussi à déduire cela de mon expression de tout à l’heure. On ne pouvait vraiment rien lui cacher. Quoi qu’il en soit, voulant faire avancer la conversation je m’assis également. Penser qu’un jour viendrait où je serais assis ici comme ça…Les arbres nous couvraient vraiment bien en plus. Et puis on se tenait à une certaine distance de la route principale, donc si nous parlions tranquillement, peu de gens le remarqueraient.

Ichinose — T’as pas froid ?

Moi — Ça va, ca va.

Ichinose se mit à rire.

Ichinose — Hé, comment s’est déroulé ton examen de fin de trimestre ?

Moi — Pas mal. L’ensemble de la classe aussi je pense.

Ichinose — Je vois. Tant mieux. Vu que c’est bientôt la fin de l’année, ça aurait été dommage que quelqu’un se fasse expulser.

Moi — La Classe B ne devrait pas avoir de souci à ce niveau non ? Vous vous trouvez toujours dans les meilleurs pour les examens écrit.

Ichinose — Évidemment ma propre classe est importante pour moi, mais c’est la même chose pour toutes les autres classes.

Elle ne voulait perdre personne. Pas même ses rivaux, c’est ce qu’elle disait. En général on disait ça de façon hypocrite car moins de rivaux il y a, plus on avait à y gagner mais Ichinose était peut-être une exception. Elle ne voulait pas quelqu’un se fasse exclure, du fond de son cœur mais cela ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas les pieds sur terre. Dans le cas où il y avait un examen où une personne de sa classe et d’une autre devaient abandonner, elle irait sans aucun doute au secours du membre de sa classe.

Ichinose — À quoi tu penses ?

Moi — Rien de… spécial…Me faut du temps avant de réaliser que je suis en train de te parler ici.

Un garçon et une fille se cachant dans l’ombre des arbres tout en ayant une conversation à voix basse…Ce serait étrange de ne pas avoir d’arrières-pensées. Mais c’était d’Ichinose dont il était question alors je ravalais mes réflexions.

Ichinose — D’ailleurs, Ayanokôji-kun, Tokyo ?

Moi — Eh ?

Ichinose — Tu sais, ce lycée a beaucoup d’élèves venant du centre de Tokyo mais il y a également des élèves de l’extérieur.

Vraiment ? Je ne savais pas.

Moi — Bien, au centre de la ville je pense…

Ichinose — Tu penses ? Un des 23 arrondissements ?

Moi— Eh bien, oui.

Ichinose — Quel collège ?

Moi — C’est un secret.

Ichinose — Ah, peut-être que c’était de trop ? Je suis désolée si je t’ai offensé.

Peut-être pensait-elle que j’étais l’un de ces élèves victimes d’intimidation qui dans le passé. D’où son excuse.

Moi — Non ça va. C’est juste que mes camarades de classe m’ont recommandé de ne pas trop en dire.

Ichinose — Ah, je vois. Le simple fait de savoir de quelle école quelqu’un vient donne trop d’informations peut-être.

Elle n’avait pas l’air de comprendre donc elle arriva à s’en convaincre elle-même d’une façon ou d‘une autre. Cela m’arrangeait que les classes de ce lycée soient en compétition. Ça me rendait heureux même.

Ichinose — À propos Ayanokôji-kun, cela fait un moment depuis notre première rencontre non ? C’est pourquoi, eh bien…Je voulais avoir une conversation entre amis comme ça.

Moi — Non, c’est bon ça va. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui sociabilisent avec moi donc je suis juste un peu perdu.

Ichinose — Vraiment?

Moi — Je suis fondamentalement cette existence glauque dans ma classe après tout. Non, peut-être que je suis vraiment taciturne en fait.

Je dis cela de manière négative, mais il ne semblait pas qu’Ichinose pensait à moi de cette manière.

Ichinose — Plutôt que taciturne, n’es-tu pas juste calme ? Ou stoïque peut-être ?

Moi — C’est peut-être vrai si tu cherches des termes positifs. C’est plus sympa en tout cas de me voir comme ça.

Ichinose — C’est vrai ! Tu ne donnes pas l’impression en tout cas que tu es de la même année que nous. T’as une aura de senpai.

Il semblerait qu’elle me félicitait. Ça fait plaisir, je suppose.

Ichinose — Au fait, ça irait si je venais traîner dans ta chambre plus tard ?

Moi — Eh? A-ah, bien sûr…

C’était si soudain, comme une flèche qui venait de se loger. Voilà pourquoi j’avais sursauté.

Ichinose — Je me demande vraiment comment est ta chambre en fait. Bon, c’est une promesse alors !

Ainsi, Ichinose et moi fîmes cette promesse dans un coin près des arbres, le long de la route.


[1] Jour inventé au Japon qui se déroule 1 mois après la St-Valentin où les hommes sont censés acheter un cadeau plus onéreux aux femmes qui leur ont offert des chocolats. Ça peut aussi être considéré comme une confirmation de réponse à des sentiments.

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