CLASSROOM V6 : CHAPITRE 2


Paperasse

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Traduction : Akai, Raitei, Nova
Correction : Nova
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Une atmosphère lourde se faisait ressentir dans la classe. L’ambiance n’était pas non plus si pesante, il y avait juste ce qu’il fallait de tension, disons. La première à briser le silence fut Chabashira-sensei, notre professeur principal.

Mlle. Chabashira — Regagnez vos places.

Alors qu’elle venait d’entrer dans la classe, la tension augmenta d’une traite et la salle de classe vira dans une ambiance solennelle, ce qui ne manqua pas de surprendre Chabashira-sensei

Mlle. Chabashira — Vous m’avez l’air bien calme. J’ai du mal à croire que vous faites partie de la classe D.

Ike — C’est parce qu’aujourd’hui, on aura les résultats des examens de mi trimestre.

Disait Ike avec un sourire nerveux. Chabashira-sensei répondit avec un sourire sournois.

Mlle. Chabashira — Tout à fait. Après tout vous risquez l’exclusion en cas d’échec des mi trimestres, je vous le répète afin que ce soit bien frais dans vos mémoires, c’est donc tout à fait normal de se sentir nerveux ! Néanmoins je constate que vous avez fait du chemin en termes d’état d’esprit, je suis ravie de vous voir grandir. 

Chabashira-sensei complimenta l’attitude nouvelle et encore jamais vue de ses élèves, ceci dit seul notre état d’esprit avait visiblement fait l’objet d’une amélioration. C’est ce que tentait de dire Chabashira-sensei.

Mlle. Chabashira — Cependant, il va maintenant vous falloir accepter les conséquences en cas d’échec. Je vais maintenant publier les résultats. Assurez-vous également que c’est bien votre note que vous observez, et non la ligne du dessous.

Ce rappel était important. En effet, une personne pensant avoir réussi et voyant qu’elle avait échoué était susceptible de contester ses notes avec violence, ce qui est purement sanctionné par l’école avec caméras à l’appui dans toutes les salles de classe.

Il semblerait que l’on puisse voir les résultats de tout le monde.

Mlle.Chabashira — Bien sûr, c’est l’une des règles de l’école.

Peu importait que l’élève souhaitait ou non voir ses notes dévoilées publiquement, les résultats de tous les élèves de la classe D furent postés sur le tableau noir. Il n’y a aucune confidentialité. Les résultats furent toujours montrés sans retenue, à la manière d’un rapport de performance d’un employé montré à toute l’entreprise afin que chacun puisse voir où il se situe dans le classement. Dans une pareille situation, l’attention est tournée vers ceux qui ont de bonnes ou mauvaises notes. Ceux qui ne peuvent tenir le rythme vont souffrir et devenir sujets à des pressions et des regards de leur entourage.

Mlle. Chabashira — Il faut considérer 40 comme une note de validation. Ceux qui seront en dessous seront exclus.

Le seuil pour valider les partiels de mi trimestre était quasiment le même que celui des précédents examens mais la situation était un peu différente.

Mlle. Chabashira — Les résultats qui vont être annoncés vont aussi refléter vos performances durant le festival sportif. En termes de résultats, ceux qui ont bien réussi le festival de sports et ont atteint des scores élevés vont avoir une note supérieure à 100 dans leurs partiels. La note en question est alors considérée comme un sans-faute.

Les dix élèves ayant eu la note la plus basse au festival de sports allaient recevoir une pénalité de 10 points dans leurs partiels de mi trimestre. Sotomura de la classe D, qui avait réalisé l’une des pires performances de toute les secondes, était l’une des personnes qui allait sans doute devoir souffrir de ces 10 points en moins dans chaque matière. Cela dit, les élèves qui n’avaient pas reçu de pénalité tels que Sudou et Ike avaient tout de même le visage crispé. Un système dans lequel l’expulsion était immédiate si une seule note n’était pas au-dessus du seuil attendu plaçait une lourde pression sur tous les élèves, qu’elle soit physique ou mentale.

Les élèves regardaient attentivement les notes qui s’affichaient petit à petit sur le tableau. Cependant, Horikita ne montrait aucun signe d’impatience pour voir les résultats.

Sudou — Oh !? Oh !? Non sérieux !?

Le classement allait dans l’ordre croissant. En d’autres termes, tout le monde s’attendait à ce que le premier nom soit celui de Sudou qui était bon dernier au premier trimestre aussi bien dans les partiels de mi trimestre que les examens finaux. Mais, cette fois-ci, le premier nom qui apparut fut celui de Haruki Yamauchi, accompagné de ses notes dans diverses matières. Le suivant était Ike Kanji, suivi par Inogashira, Satou et puis Sotomura. Sotomura avait tendance à se placer bas mais une telle chute dans le classement était sans aucun doute liée à la pénalité du festival sportif.

Yamauchi — C’est la crise là ! Pourquoi je suis bon dernier ?

Heureusement, il avait au-dessus de 40 points dans toutes les matières, sa note la plus basse étant de 43 points en Anglais. Sa moyenne n’atteignait même pas 50 points. À la réception de ces résultats, Yamauchi fut comme décédé l’espace d’un instant. Une certaine quantité de sueurs froides apparurent sur son visage et son cou. Les résultats de Sudou étaient encore plus surprenants. Jusqu’à aujourd’hui, il avait été constamment dernier. Mais avec cet examen, il avait grimpé de 12 places. Même si on ajoute à cela les points qu’il avait reçus au festival de sports, ses réussites étaient évidentes. Les regards étonnés de ses camarades en furent une preuve. Sa moyenne était de 57 points.

Sudou — J’ai dépassé mon record personnel de beaucoup en seulement une fois !!! Vous voyez ça ?! Je suis presque à 60 points !

Dès que Sudou vit ses résultats, il se mit à crier et à danser, tout excité.

Horikita — Cette moyenne ne vaut pas toute cette attention. Tu as été sauvé grâce au festival de sports ce qui est biaisé si tu veux mon avis.

Sudou — Ahhh bordel…

Sudou fut interrompu par les mots sévères de Horikita. Il retourna silencieusement à sa place, déçu. Il agissait comme un petit chien loyal en obéissant sans sourciller aux ordres de son maitre.

Moi — Sudou a marqué 57 points quand même… Les effets des révisions en groupe sont remarquables.

Même dans sa pire matière, l’anglais, Sudou avait eu un score de 52 points. J’avais entendu dire que Horikita avait de nouveau aidé dans les révisions de Sudou et des autres élèves au bord de l’échec. Je n’avais pas été invité à prendre part à ces révisions, ce qui était normal dans la mesure où, du point de vue des autres élèves, je n’apparaissais pas comme un individu particulièrement intelligent. De plus, Horikita elle-même était sceptique quant à mes capacités académiques.

Horikita — Il est vrai que les effets des révisions en groupe sont considérables, être préparé à un examen écrit étant toujours synonyme de victoire. Cependant, la réussite est cette fois-ci liée à d’autres facteurs. Ça nous a en effet beaucoup aidés d’avoir eu cette fois une épreuve écrite composée de questions relativement simples.

Moi — Peut-être.

Cet examen écrit était sans aucun doute plus simple que les examens donnés habituellement. D’après moi c’était parce que l’école avait mal jaugé la difficulté de l’examen. Partant de ce principe, Horikita ne sembla néanmoins pas se préoccuper le moins du monde des résultats de ce partiel et fut convaincue que son groupe d’étude était à l’origine de la réussite. À l’inverse, Yamauchi, qui avait fini dernier, semblait incapable de cacher sa frustration d’avoir perdu contre Sudou d’aussi loin. Horikita avait donné des cours à tous les élèves au bord du gouffre mais Sudou passa plus de temps supplémentaire avec elle et ce, même durant ses journées de repos. L’amour est un pouvoir terrifiant. Petit à petit, les capacités académiques de Sudou semblèrent s’être améliorées.

Horikita — Tu as obtenu une moyenne de 64 points. Que c’est ordinaire. Si tu arrêtais de faire l’idiot et que tu t’y mettais sérieusement.

Moi — C’était mon maximum.

Puisque j’avais tendance à obtenir environ 50 points, soudainement réussir à faire un sans-faute n’aurait fait que m’attirer d’autres problèmes. Il valait clairement mieux y aller progressivement. Cela dit, vu le bond que Sudou avait fait, une petite augmentation de mes notes allait sûrement passer inaperçue.

Horikita — Je sais que tu fais l’idiot, c’est impossible pour moi de prendre en compte ce que tu as à me dire à ce stade.

Moi — Je crois que tu n’as jamais pris en compte ce que j’avais à te dire.

Horikita — C’est vrai.

Et en plus elle ne s’en cachait même pas ! Cependant, bien que ce ne fussent que les examens de mi trimestre, les questions restèrent relativement simples donc un bon nombre d’élèves hauts placés dans la liste réalisèrent un sans-faute. Les autres classes avaient sûrement obtenu des notes très élevées aussi.

Mlle. Chabashira — Comme vous le voyez, le nombre de personnes exclues suite à l’échec de cet examen est de zéro. Tout le monde a réussi à valider sans difficulté.

Chabashira-sensei était directe quant à ses compliments envers les élèves. Cette fois-ci, elle ne semblait pas vouloir nous critiquer comme elle avait l’habitude de le faire. 

Sudou — C’est évident ! J’ai hâte de recevoir les points privés du mois prochain, sensei !

Il énonça cela avec une grande confiance en lui.  Chabashira-sensei lui répondit avec une certaine bienveillance, arborant un sourire.

Mlle. Chabashira — Il n’y a pas eu d’incidents durant ce festival donc attendez-vous à une bonne quantité de points privés en Novembre. Cela fait trois ans que j’enseigne ici et c’est la première fois qu’une classe D arrive aussi loin sans perdre un des leurs. Bien joué à vous.

Chabashira-sensei complimenta la classe. Elle ne nous avait jamais montré cette facette d’elle jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi plein d’élèves furent hésitants à accepter cette situation.

Me faire complimenter par vous me met mal à l’aise.

Ceux qui n’avaient pas l’habitude de recevoir de compliments étaient d’autant plus gênés quand ils en recevaient de sa part. Horikita, toutefois, ne montrait aucun signe de complaisance. Elle aussi, bien sûr, se réjouissait que personne ne fut exclu mais elle se doutait bien que Chabashira-sensei n’allait pas finir sur des compliments. En fait, plus elle était gentille et plus les choses étaient étranges. Elle commença doucement à se déplacer tandis que sa queue de cheval se balançait, lui donnant un certain charme. Elle fit un tour dans la classe, passant doucement entre les rangées et les bureaux. Lorsqu’elle arriva devant le siège d’Ike, Chabashira-sensei s’arrêta et demanda :

Mlle. Chabashira — Tu as surmonté un examen sans difficulté, je vais donc te reposer la question, que penses-tu de cette école ? J’aimerais entendre ton avis.

Ike — Eh bien… c’est une bonne école. On peut prétendre à avoir beaucoup d’argent si tout se passe bien. La nourriture est délicieuse et les chambres sont belles.

Il poursuivit, en comptant sur ses doigts.

Ike — Il y’a du contenu multimédia à acheter, un cinéma et un karaoké. Et puis les filles sont mignonnes…

La dernière raison ne sembla pas avoir de rapport avec l’école.

Ike — Um… J’ai dit quelque chose de mal ?

Ne pouvant plus supporter son silence, Ike leva la tête pour regarder Chabashira-sensei et lui posa une question.

Mlle. Chabashira — Non. Du point de vue d’un élève, cette école fournit définitivement un cadre optimal. Même en tant que professeur, je trouve que l’école octroie une quantité d’avantages inimaginable à ses élèves. Nous sommes vraiment dans un environnement hors du commun.

Elle se déplaça de nouveau, passa la chaise de la dernière rangée et regarda dans ma direction. J’avais le sentiment qu’elle allait me poser une question devant toute la classe, ce que je voulais absolument éviter. Heureusement, mes prières se réalisèrent puisqu’elle s’arrêta devant le bureau d’Hirata à la place.

Mlle. Chabashira — Hirata, t’es-tu habitué à la vie sur ce campus ?

Hirata — Oui. Je me suis fait beaucoup d’amis en plus de pouvoir jouir d’une expérience de vie intéressante en ces lieux.

Hirata avait réussi à donner une réponse exemplaire et efficace. 

Mlle. Chabashira — L’idée de partir à cause d’une seule erreur ne te met pas mal à l’aise ?

Hirata — À chaque fois que le risque se présentera, je le surmonterai avec toute la classe.

Hirata, qui pensait toujours à ses camarades de classe, n’hésita pas dans sa réponse. Quand elle acheva de faire le tour des rangées, Chabashira-sensei retourna sur l’estrade. Elle semblait vouloir confirmer quelque chose mais j’avais du mal à savoir quoi. Si je devais deviner, je dirais qu’elle essayait de faire un point sur la morale et l’atmosphère de la classe. Était-ce pour déterminer si nous étions capables de surmonter les épreuves à venir ?

Mlle. Chabashira — Comme vous le savez tous, il y’aura un quiz sur 8 matières différentes la semaine prochaine pour votre examen final du trimestre. J’imagine que certains d’entre vous ont déjà commencé à réviser mais je vous le rappelle encore une fois.

Sudou — Eh !? Je commençais à peine à me détendre ! Encore un exam !?

La saison froide avait commencé et les élèves qui n’étaient pas adeptes des révisions n’allaient que souffrir davantage. En effet, en plus de la météo il y’avait un tas d’examens de prévus dans un laps de temps assez court.

Ike — Il reste qu’une semaine avant le quiz ?! On nous a rien dit !

Ike avait beau crier, les professeurs de chaque discipline nous avaient constamment prévenus de l’arrivée de ce quiz. Je ne pouvais m’empêcher de soupirer de son ignorance sur le sujet.

Mlle. Chabashira — Dire cela ne t’aidera pas, j’aimerais te dire le contraire mais c’est la vérité. De toute façon tu n’as pas à t’en faire Ike.

Chabashira-sensei sourit, comme si elle tendait une perche à Ike. Mais elle ne trompait plus personne, nous savions qu’elle n’agissait pas de bon cœur.

Ike — Vraiment sensei ? Je peux me laisser aller alors ? Booyah !

Apprendre…On avait au moins ça à faire. Chabashira-sensei détacha son regard d’Ike et continua.

Mlle. Chabashira — Pour commencer, le quiz va avoir 100 questions pour un total de 100 points mais la matière abordée dans ces quiz sera du niveau d’une personne en 4ème. En d’autres termes, le quiz nous aidera à déterminer si vous avez vos bases ou non. De plus, comme pour l’examen factice du premier trimestre, ce quiz n’influencera pas vos notes. Que vous ayez 0 ou 100, ça ne change rien. Ce quiz ne sert qu’à déterminer vos capacités actuelles.

Ike — Oh ! Ooooh ! Vraiment ? Ouaaaais !

Mlle. Chabashira — Cependant, je dois vous faire savoir que ce quiz n’est pas sans valeur. Pourquoi ? Parce que les résultats vont avoir beaucoup d’influence sur l’examen final qui approche à grand pas.

Avais-je besoin de préciser que c’était évident ? Le festival était terminé, ce qui signifiait que le prochain examen spécial ne devait pas tarder.

Sudou — Comment ça ? Expliquez-nous de façon simple !

Je comprenais la volonté de Sudou d’en savoir plus. Chabashira-sensei développait lentement les véritables enjeux de ce sujet afin d’attiser de l’anxiété dans la classe.

Mlle. Chabashira — Je vais faire un effort. L’école a stipulé que les résultats de ce quiz serviront à vous mettre en duo avec une autre personne de la classe pour l’examen final.

Hirata — En duo ?

Hirata exprimait des doutes sur ce mot qui paraissait étranger au contexte.

Mlle. Chabashira — Oui. La paire créée à partir du quiz va partager le même destin et les mêmes enjeux durant ces examens finaux. L’examen vaudra 100 points pour chacune des 8 matières et chacune d’elle aura 50 questions, pour un total de 400 questions. Cette fois-ci, il y aura également deux façons d’échouer à cet examen. La première est tout à fait classique, à savoir qu’ici toutes les matières auront un seuil minimum de 60 points. Autrement dit, si la note finale de votre paire est en dessous de 60 points, les deux membres se feront exclure de l’école. La somme totale des deux partenaires sera utilisée pour obtenir la note de la paire. Par exemple, si Ike et Hirata forment un duo, même si Ike a 0 sur un test, tant que Hirata obtient 60, ils ne seront pas expulsés.

Un cri d’étonnement sortit de la bouche d’un élève. Jusqu’ici tout semblait nous dire que l’enjeu était de se lier à un partenaire efficace. Cela dit, quelle était la seconde façon d’échouer ?  Chabashira-sensei ignora la réaction des élèves et enchaîna directement.

Mlle. Chabashira — Le nouveau critère que vous devez accomplir pour éviter l’expulsion est le score cumulatif requis. Même si vous obtenez une moyenne de 60 points pour les 8 matières, si votre score cumulatif est en dessous d’un certain seuil alors la paire sera exclue.

Hirata — Ce seuil est-il basé sur la collecte totale de points des deux membres de la paire ?

Mlle. Chabashira — En effet. Le score cumulatif sera déterminé par le score total des deux membres de la paire. L’école n’a pas encore déterminé le seuil minimum pour le score cumulatif mais, lors des années précédentes, il était aux alentours des 700 points.

Les deux membres de la paire allaient se partager leurs points et se faire exclure ensemble en cas de défaite. C’était ce qu’elle voulait dire par le même destin ? Pour 700 points, puisqu’il y’a un total de 16 sujets différents entre les deux personnes, il sera requis d’obtenir une moyenne de 43.75 points dans chaque sujet pour réussir. Ainsi, même des élèves bons en cours comme Horikita et Yukimura risquaient l’expulsion en fonction de la paire obtenue.

Hirata — Vous avez dit que l’école n’avait pas encore décidé du score cumulatif, pourquoi donc ?

Mlle. Chabashira — Ne sois pas si hâtif, Hirata. J’expliquerais la situation plus tard. L’examen final sera sur deux jours, soit 4 sujets par jour. Je vous ferais savoir l’ordre des sujets plus tard également. Si vous êtes absents à l’examen parce que vous êtes physiquement en mauvais état, l’école exigera un justificatif d’absence. S’il est confirmé que l’élève n’a pas eu d’autres alternatives, ses points seront déterminés à partir des résultats obtenus aux examens précédents. Cependant, si la raison de l’absence est considérée comme insuffisante, l’absent aura 0 à chaque examen manqué.

En d’autres termes, cet examen ne pouvait pas être évité. L’école était prête à aller jusqu’à vérifier notre condition physique.

Mlle. Chabashira — Cela dit, vous vous comportez de plus en plus comme de véritables élèves dignes de cet établissement. Dans le passé, vous auriez crié dès l’explication des règles de l’examen.

Ike — … Eh bien, j’ai commencé à prendre l’habitude. J’ai eu à faire face à tout un tas de choses jusqu’à maintenant.

Il y avait à peine de la surprise dans la réponse d’Ike. Il semblait plus confiant en ses capacités.

Mlle. Chabashira — Tu es plein de confiance, Ike. Il y’en a probablement d’autres dans le même cas que toi.  Je vous conseille à tous de ne pas penser avoir tout vu de cette école juste parce que vous avez réussi le premier trimestre de la première année.  Dans le futur, vous allez devoir faire face à des tas d’examens bien plus difficiles.

— S-s’il vous plaît ne dites pas des choses aussi horribles, sensei.

L’une des filles de notre classe fut apeurée par sa déclaration.

Mlle. Chabashira — C’est un fait, je n’y peux rien. Sachez tout de même que cette épreuve spéciale qu’on nomme « mélange de papiers » se termine habituellement avec une paire ou deux d’exclues par an en moyenne dans votre classe.

Jusqu’à cet instant, la classe avait été en quelque sorte optimiste mais désormais l’atmosphère était tendue. L’arrivée d’un nouvel examen spécial. Mais que voulait-elle dire par « mélange de papiers » ?

Mlle. Chabashira — Les paires qui n’atteignent pas le seuil seront exclues sans exception. Si vous pensez que mon discours n’est là que pour vous faire peur, allez demander à vos ainés. Vous avez probablement déjà noué quelques connexions avec eux à ce stade.

Pourtant, même si les règles de l’examen paraissaient horribles, n’était-il pas bizarre qu’en moyenne seulement une paire ou deux d’élèves aient été exclues les années précédentes ? L’examen pouvait potentiellement faire tellement plus de dégâts pourtant.

Mlle. Chabashira — Pour finit, parlons des pénalités. Bien que je n’aie pas besoin de le préciser, tricher durant l’examen est interdit. Les tricheurs seront directement disqualifiés et exclus de l’école, eux et leur partenaire. Cette règle ne s’applique pas qu’à cet examen mais aussi aux partiels de mi trimestre et aux examens finaux de toute façon.

Tricher signifiait se faire virer de l’école. À première vue, cette sanction pouvait paraître sévère vu que dans un établissement lambda un élève aurait eu un zéro et puis basta, voire un avertissement ou une exclusion temporaire. Toutefois, puisque rater l’examen nous excluait de toute façon, il était inévitable que la triche ait les mêmes conséquences. L’intérêt de cet avertissement était d’empêcher les élèves d’avoir trop confiance en eux et de faire des erreurs. J’acceptais ça en tant que conseil de Chabashira-sensei.  Malgré tout, le problème de cet examen restait le système de duo.

Mlle. Chabashira — Une fois les résultats du quiz reçus, je vous informerai de la méthode des choix des paires.

Immédiatement après avoir entendu ça, j’avais rapidement pris mon stylo. La personne assise à côté de moi prit le sien presqu’en même temps et commença à noter les résultats de mi trimestre affichés sur le tableau.  Je jetai un coup d’œil à la situation avant de reposer mon stylo. J’avais tout de suite senti à quel point mes actions étaient inutiles.

Sudou — Après le quiz donc ? Si on est en duo avec la personne en dernière place, c’est mort quoi ?

Yamauchi — Ugh ! Je me fais humilier par Ken ! Je vais réviser et définitivement quitter cette dernière position !

Sudou — Arrête de blablater, ne crois pas que je compte m’arrêter là.

Yamauchi fut emporté par le regret alors qu’il s’affaissait sur son bureau, agonisant. Bien que Sudou lui aussi ne faisait que parler, tant que Horikita était là, il semblait prêt à réviser sans cesse. Pour cette raison ses paroles paraissaient en quelques sortes convaincantes. Enfin, ce n’était pas ce qui importait ici… L’école ne voulait pas nous dire comment les paires étaient formées, pour l’instant, ce qui voulait dire qu’il y’avait de grandes chances pour que quelque chose nous permette d’influer là-dessus. Nous étions certainement déjà plusieurs à nous être faits cette réflexion, y compris Horikita qui écrivait à côté de moi.

Mlle. Chabashira — Ah oui, dernière chose. L’école va vous demander de considérer l’examen final du trimestre dans une autre perspective également.

Hirata — Il y’a quelque chose en plus à faire ?

La classe étant quelque peu outrée, Hirata répondit pour résumer la situation.

Mlle. Chabashira — Oui. Pour commencer, nous allons vous demander de réfléchir et d’écrire vos propres questions. Les questions que vous allez écrire seront les questions de l’examen final de l’une des trois autres classes. Autrement dit, vous allez lancer une offensive, si je peux me permettre ce terme, contre une autre classe. La classe qui recevra votre attaque devra ainsi se défendre en répondant aux questions. L’école comparera ensuite les résultats des examens finaux des deux classes et celle qui gagne recevra 50 points de classe de la perdante.

En d’autres termes, la paire qui voulait éviter l’expulsion devait marquer 60 points dans tous les sujets et obtenir un score cumulatif total de 700 points. De plus, en tant que classe, elle devait atteindre un score global supérieur à la classe qu’elle allait affronter.

HIrata — Dépendant de la combinaison, est-il possible de créer un écart dans les points de classe ? Disons que la classe A attaque la classe B et la classe D attaque la classe A. Imaginons que la classe A réussisse à attaquer et défendre, ils auront un total de 100 points de classe. Mais si la classe A attaque la classe D et la classe D attaque la classe A, il y’aurait un échange de 50 points de classe seulement, n’est-ce pas ?

Mlle. Chabashira — Il y’a des règles claires sur ça. En cas de confrontation directe, le nombre de points de classe distribués passera à 100 donc ne vous en faîtes pas. C’est rare, mais si les résultats globaux de chaque classe finissent par être les mêmes, ça se conclut en une égalité. Dans ce cas, il n’y aura aucun changement sur les points de classe.

Yamauchi — On doit inventer des problèmes et écrire des questions pour les élèves des autres classes…C’est la première fois que j’entends ça. Comment ça va se passer si quelqu’un crée des questions impossibles à répondre ? Le test finira par devenir très difficile…

Ike — C’est clair ! Des trucs qu’on n’a jamais appris ou des questions pièges insensées ! Ça va être la mort !

Ike et les autres paraissaient vaincus.

Mlle. Chabashira — Bien sûr, cela se finira sûrement de cette manière si tout était laissé entre les mains des élèves. Pour cette raison, les questions que vous allez créer vont être strictement et équitablement vérifiées par les professeurs. S’il y’a des problèmes qui dépassent la matière apprise, ou des problèmes qui ne peuvent être résolus avec les éléments fournis, nous vous demanderons de la changer. À travers un système de révision constante des questions inacceptables, les questions finales crées seront équitables. Cela ne ressemblera en rien à la situation qui t’inquiète, Ike, ça te va comme explication ? 

Ike — Um, en quelque sorte…

C’était facile à dire, mais pas simple à faire.

Hirata — Faire 400 questions… on va avoir un emploi du temps serré.

Il restait environ un mois avant le début des examens. Une personne devait créer 10 à 15 questions par jour, enfin même plus que ça si on comptait le temps d’apporter des éléments de correction aux questions refusées par l’école. En ajoutant à ça les difficultés de la classe D, le mois prochain risquait d’être morne. Hirata avait l’air de comprendre ça et sembla avoir un peu perdu de son sang-froid.

Mlle. Chabashira — Si vos questions et vos réponses ne sont pas complétées à temps, des mesures de relais vont être implantées. Nos questions préconçues vont être utilisées après la deadline. Cela dit, notez que la difficulté des questions préparées par l’école sera plus basse.

La soi-disant mesure de relais sonnait bien mais signifiait en réalité admettre sa défaite. Nous devions créer les questions et des réponses à tout prix. En plus des cours, les leaders de chaque classe allaient devoir penser aux questions qu’ils allaient fournir aux autres classes. Ça allait vraisemblablement être un examen très difficile.

Mlle. Chabashira — Quant à la création des questions, vous êtes libre de consulter les élèves des autres classes et des autres années, utiliser internet, consulter vos professeurs ou décider entre vous. Il n’y a pas de limites particulières. Tant que ce sont des questions que l’école autorise, difficiles ou faciles, on ne se soucie pas du contenu.

Hirata — L’examen final que nous allons passer sera évidemment un examen créé par une autre classe, n’est-ce pas ?

Mlle. Chabashira — C’est ça. Vous vous demandez sûrement comment est choisie la classe qui va vous attaquer mais la méthode est simple. Un élève n’a qu’à nommer la classe désirée et je le signalerai à l’école. Quand il y’a plusieurs nominations pour la même classe, l’école appellera un arbitre pour effectuer un tirage au sort. À l’inverse, si une classe différente est choisie par les représentants de classes alors votre nomination sera de suite acceptée et vous écrirez vos questions pour cette classe. Je prendrai votre nomination la veille du quiz la semaine prochaine. Réfléchissez bien à votre décision d’ici là.

Durant un examen, on faisait généralement face à l’école mais cette fois-ci, ça allait être un un-contre-un avec une autre classe. Dans ce sens, des mécanismes complexes étaient impliqués dans l’examen, en plus du principe de points de l’épreuve en duo.

Mlle. Chabashira — Voilà les explications basiques du quiz et de l’examen final. À vous de réfléchir pour le reste.

Chabashira-sensei résuma ainsi les choses et la séance d’aujourd’hui prit fin.  

1

Horikita — Je vais commencer une réunion, Ayanokôji-kun. Tu peux demander à Hirata de venir ici ?

Horikita se leva et me demanda cela immédiatement après l’annonce de l’examen spécial.

Moi — D’accord.

Je répondis brièvement et me dirigea vers Hirata. Horikita alla vers Sudou en même temps. Il était vrai qu’il était important d’être sérieux, la classe D étant plus que jamais sous les feux des projecteurs désormais. Non seulement la classe D mais aussi moi-même, qui m’étais fait un nom avec la course de relais du festival. Cela allait sans aucun doute m’exposer à  Ryuuen ou Ichinose. Que devais-je faire à propos de ça ? Prendre mes distances avec Horikita ? Soudainement m’éloigner d’elle aurait paru encore plus suspect. Dans ce cas, devais-je attendre comme d’habitude que la situation passe ? Tant que j’étais autour d’Horikita, j’allais forcément être suspecté. Et puis cela ne me paraissait pas être une bonne idée, les autres ignorant mes vraies intentions et risquant de surinterpréter chacune de mes actions.

Il fallait donc tout d’abord rétablir les choses pour qu’elles soient comme au début de l’année. Horikita ne s’était faite que très peu d’amis depuis le début, il m’était donc bien difficile de l’éviter. Mais cela pouvait être amené à changer dans le futur, grâce à des gens comme Sudou mais aussi Hirata et Karuizawa avec qui les relations s’amélioraient bien. Une fois son cercle social plus étendu, je pourrai de nouveau me fondre dans le décor et m’éclipser discrètement. En réalité je voulais également me rapprocher d’elle, mais je n’avais pas l’intention de rester à la merci de Chabashira-sensei. J’essayais en effet de créer une force capable de diriger la classe et qui pourrait ainsi alléger ma responsabilité.

C’est ainsi que je voyais les choses en tout cas. En théorie Chabashira-sensei ne tenait pas spécialement à ce que ce soit moi qui fasse monter la D, tant que quelqu’un le faisait. Logiquement, donc, tout élève prêt à prendre cette responsabilité était susceptible de lui convenir. Quant au pourquoi elle n’avait pas hésité à me menacer pour atteindre la classe A, je n’étais pas intéressé par ses intentions. Tout ça pour dire qu’il n’était pas encore temps de me séparer de Horikita. Si j’arrêtais de diriger la classe D maintenant, celle-ci risquait perdre le contrôle et s’écrouler dans sa totalité. J’allais à la place attirer des gens vers Horikita afin de disparaître tranquillement. Ce qui importait était donc la procédure, suivie des préparations et des résultats.

Moi — Il arrive bientôt.

J’avais appelé Hirata qui parlait à un ami avant de retourner à ma place.

Sudou — Moi aussi.

Sudou parti aux toilettes. Il fut le premier à quitter les lieux.

Horikita — Que penser de ce test ?

Horikita posa la question soudainement, avant que les gens ne se rassemblent.

Horikita — Il suffit d’écouter Chabashira-sensei pour le comprendre. Cet examen devrait être plus difficile que les précédents. Les résultats attendus pour éviter une exclusion sont simples à obtenir mais dans une optique de battre les autres classes on doit viser bien plus haut que ça. De plus, le système de paires est particulier. On rajoute à cela le fait que c’est une autre classe qui va faire l’examen pour nous et on se retrouve avec une difficulté doublée. Cela va être un sacré défi si on se retrouve avec une classe qui élabore des questions plus compliquées qu’elles ne devraient l’être à l’accoutumée. Et ne parlons même pas des tournures, fonction desquelles une personne peut aussi être induite en erreur !

— Oui… cette fois-ci il ne s’agit pas seulement d’anticiper les stratégies, ils vont également tester notre capacité à créer des problèmes. 

Il était impossible de réussir cet examen si on ne faisait que former les élèves qui avaient peur de l’échec, comme on l’avait fait avec les partiels de mi trimestre. Idéalement, il fallait identifier les faiblesses des autres classes mais il était peu probable de les voir se révéler si facilement. Cela dit, il restait plein de choses à faire qui étaient similaires à ce qu’on faisait durant les partiels de mi trimestre. En ce sens, l’examen pouvait être vu comme moins difficile que les examens spéciaux de l’été. Tout comme l’épreuve du festival de sport mesurait la force physique, ce test mesurait les connaissances académiques.

— Il faut profiter du moindre indice pour mener à bien les choses !

 Horikita — J’en suis consciente.

 Horikita répondit avec calme et poursuivit.

Horikita — Prêtez toujours attention aux faits et gestes des autres. Cette école adore laisser des indices un peu partout. Les éléments clés que nous devons retenir des explications de Chabashira-sensei sont le fait que les résultats des quiz ne vont pas affecter nos notes, le fait que le critère pour échouer l’examen n’est pas encore déterminé et enfin le fait que notre partenaire sera déterminé une fois le quiz terminé.

Je ne pouvais m’empêcher de sourire devant ce parfait résumé de la situation un brin charmant. Peu de temps après, Hirata se joignit à nous.

 Hirata — Merci d’avoir attendu. C’est pour discuter de nos plans pour l’examen final, c’est ça ?

Il appela Karuizawa par la suite. Elle nous regarda avec agacement, mais finit par répondre à sa requête et s’approcha de Horikita.

 Horikita — Je me suis dit qu’il ne fallait pas attendre pour en parler.

 Au début de l’année, tout le monde aurait été surpris de voir Horikita les appeler, mais maintenant qu’elle agissait comme la représentante de la classe, les élèves l’écoutaient naturellement.

 Horikita — Si cela vous va, j’aimerais commencer tout de suite.

Karuizawa — Quoi, ici ? C’est mort ! Puisqu’on ne va faire que parler, allons au Pallet. T’en penses quoi, Yôsuke ?

Karuizawa attrapa le bras de Hirata et le tira vers elle pour marquer sa présence. Quand je l’avais rencontrée pour la première fois, elle faisait également des choses comme ça et agissait comme une pourrie gâtée. Le Pallet au passage, était un café sur le campus. C’était un endroit animé ou plein d’élèves notamment de sexe féminin se rassemblaient pendant la pause déjeuner et après les cours. J’avais jeté un coup d’œil en direction de Karuizawa et nos regards s’étaient croisés. Je ne me rappelais pas avoir dit quoi que ce soit mais Karuizawa relâcha rapidement le bras de Hirata, tout en restant agacée.

Horikita — On ne sait pas d’où nous espionnent nos ennemis, mais… soit… Je suis d’accord.

 Il était plus simple pour Horikita de se déplacer avec le groupe plutôt que d’argumenter avec Karuizawa. Horikita ne l’avait pas remarqué mais cette partie de sa personnalité avait évolué, elle était devenue beaucoup plus consensuelle.

         — Dans ce cas, je peux me joindre à vous ?

 Celle qui demanda cela fut notre camarade de classe, Kushida Kikyo.

 Kushida — Si ça ne vous dérange pas bien sûr …?      

Karuizawa — Ouais. Kushida-san sait tout à propos de la classe. Et vu le type de de test qu’est cet exam final, j’aimerais entendre tout le monde s’exprimer là-dessus.

 Karuizawa répondit en premier pour dire que c’était OK pour elle. Alors, qu’allait faire Horikita ?

Horikita — Bien sûr, Kushida-san. J’allais finir par t’appeler dans tous les cas.

 Horikita accepta de suite après, comme si elle le faisait dans le but d’éviter une dispute avec Karuizawa.

Horikita — Vous pouvez partir en premier tous les trois ? Je vais ranger mes affaires d’abord et vous rejoindre juste après.

 Tous les trois acceptèrent et se dirigèrent vers le café.

         Moi — Ça te dérange pas qu’elle se joigne à nous ?

Kushida était un atout important pour la classe D, mais sa relation avec Horikita était compliquée. Je ne connaissais pas les détails de ce qui s’était passé entre elles mais j’avais du mal à imaginer Kushida ne pas saboter les plans de Horikita. De plus, la classe D avait connu une crise à cause de la trahison de Kushida.

Horikita — Cela aurait été bizarre de refuser, tu ne trouves pas ?

 Ce n’était pas faux mais Horikita avait-elle vraiment accepté la situation ?

 Sudou — Désolé de t’avoir fait attendre Suzune.

 Horikita — Ne t’en fais pas. Le lieu de la discussion a changé. Ils nous attendant au Pallet.

Sudou — Ah, bah d’accord. Désolé, je peux faire un tour rapide au club ? Je viens de me rappeler que mes ainés m’avaient demandé d’y être. Ça sera fini d’ici vingt ou trente minutes.

         Horikita — Ça me va. Viens me voir dès que tu as fini.

 Sudou sourit, attrapa son sac et partit de la classe en courant. Horikita, en retard pour la réunion, prit son sac. Je décidai de partir à mon tour.

         Moi — Dans ce cas je rentre chez moi. Bon courage !

Horikita — Attend un peu, tu es invité aussi. Après tout tu es un médiateur indispensable entre moi, Hirata-kun et Karuizawa-san. Je n’ai pas beaucoup d’influence sur eux actuellement.

Moi — …Je savais que tu dirais ça. Même si tu dis ne pas avoir beaucoup d’influence, je pense que tu peux contrôler la classe sans soucis jusqu’à un certain degré. De plus, l’examen final est une accumulation de ces différents quiz. Tu as réussi le test de mi- trimestre sans mon aide avec ton groupe d’étude.

 Elle avait géré toute la situation seule. Ces quiz ne sont au final qu’un cran au-dessus niveau difficulté.

Horikita — Si tu ne le vois que de ce point de vue, peut-être. Mais si Kushida fait partie du groupe, les règles changent légèrement. D’ailleurs il faut aussi que je te dise quelque chose. Je peux te demander de participer au moins à la discussion d’aujourd’hui ? N’es-tu pas du tout intéressé par la situation entre Kushida et moi ?

Cette question était bien placée. Lui répondre avec honnêteté était la meilleure chose à faire.

 Moi — Ce serait mentir que de dire que je ne suis pas intéressé.

 Elle traitait tout le monde dans la classe de la même façon, alors pourquoi était-elle hostile envers Horikita en particulier ? Pour moi, tout cela était bien mystérieux. J’étais vraiment curieux.

 Horikita — Si tu acceptes de participer au groupe de discussion d’aujourd’hui, je te dirais tout.

 Elle semblait avoir une raison précise pour mettre ça sur le tapis maintenant.

Horikita — Pour être franche, je ne veux pas faire tout un foin sur son passé mais je pense qu’il est nécessaire d’en parler avec toi en premier. Et puis cela pourrait m’aider aussi dans un sens.

 Moi — Pourquoi ne pas avoir voulu me parler de ta relation avec elle jusqu’à aujourd’hui ?

Horikita — Sur quoi tu te bases pour dire que je ne voulais pas t’en parler ?

 Moi — Il faut dire que tu n’as encore rien dit sur Kushida jusque-là et j’ai du mal à imaginer quelqu’un de solitaire comme toi être impliquée dans une relation aussi hostile. Ça a commencé quand cette histoire ?

Je jetai un coup d’œil à sa réaction. Elle était plus crispée que je ne le pensais.

 Horikita — Je ne peux pas t’en parler ici. Tu comprends ?

Bien que personne ne prêtait attention à notre conversation, il y’avait des yeux et des oreilles partout dans la classe.

Moi — … Je vois. J’imagine que je vais devoir t’accompagner alors.

 J’espérais juste que l’histoire en valait la peine vu l’effort que j’allais m’apprêter à faire. Une fois sortis du couloir et à distance de la foule, Horikita me chuchota.

         Horikita — Par quoi veux-tu que je commence ?

 Moi — Par le début. Tout ce que je sais c’est que vous ne vous entendez pas bien.

 Et le côté sombre de Kushida. Je voulais en savoir plus dessus. Cependant, j’avais fait exprès de ne pas en parler car je ne savais pas de quoi Horikita était au courant ou ce qu’elle avait prévu de me dire.

Horikita — D’abord laisse-moi te dire que je n’en sais pas tant que ça sur Kushida Kikyô. Où d’ailleurs vous êtes-vous rencontrés ?

 Je répondis honnêtement :

 Moi — Dans le bus.

Horikita — Exact. Tout comme toi, la première fois que j’ai vue Kushida-san c’était dans ce bus, le jour de la rentrée.

 Je me souvenais de cette histoire. Il y’avait une vieille dame qui devait rester debout car aucune place de libre. Kushida l’aida et chercha un passager qui voulait libérer sa place. On ne pouvait pas lui reprocher sa gentillesse mais, malheureusement, personne ne laissa sa place jusqu’à ce que Kushida fasse un effort supplémentaire pour convaincre quelqu’un. Moi non plus je n’avais aucune intention de la laisser alors cette situation m’avait marqué.

Moi — Sa haine envers toi avait dû commencer à ce moment-là… mais si c’était le cas, pas besoin de préciser que Kôenji, qui avait refusé de libérer sa place après une confrontation directe, aurait été une bien meilleure cible plutôt que toi qui ne faisait qu’observer la situation. Sans parler du fait qu’elle aurait dû me haïrégalement vu que j’étais à côté.

Je ne voulais pas non plus dire qu’elle m’appréciait mais un tel degré d’hostilité ne se montrait qu’envers Horikita.

 Horikita — Je ne connaissais pas Kushida-san à l’époque. Non, plutôt je ne me souvenais pas la connaître

Moi — Ça veut dire que vous vous êtes déjà rencontrées avant l’épisode du bus ?

Horikita — Eh bien, elle et moi sommes du même collège. Cette école était dans une préfecture totalement différente et, vu la particularité de notre lycée, elle ne s’imaginait sûrement pas tomber sur quelqu’un du collège ici.

         Moi — Je vois…

 D’un seul coup, beaucoup de choses s’expliquèrent.  Bien avant que je ne les rencontre, un lien entre Horikita et Kushida préexistait. Je comprenais désormais pourquoi je n’arrivais pas à cerner leur situation plus tôt.

Horikita — J’y ai pensé dès notre première session de révisions en groupe, au premier trimestre. Mon collège était grand et comportait plus de 1000 élèves, je ne me souviens pas avoir été dans sa classe.

 Cela ne m’aurait pas surpris d’apprendre que Horikita agissait de la même manière au collège. Elle n’avait sûrement fait aucun ami et consacrait tout son temps à ses études.

Moi — Quelle genre d’élève était Kushida au collège ? 

Elle n’avait sûrement aucun ami et se consacrait entièrement aux cours.

Moi — Quel genre de personne était Kushida au collège ?

Le sujet étant assez sensible, nous avions jugé bon de faire un petit détour avant de nous rendre au Pallet, la zone autour étant toujours bondée. 

Horikita — Comme je l’ai dit, nous n’avions aucune interaction. Mais je peux tout de même dire qu’elle était déjà la Kushida que l’on peut voir ici, à savoir la fille populaire et avenante avec les autres. C’était tout simplement le centre de sa classe. Quand j’y repense elle ne faisait pas partie du Conseil des élèves, mais elle avait certainement dû recevoir des propositions. 

Il est vrai que si elle avait eu une pareille fonction, Kushida aurait certainement laissé un souvenir plus impérissable à Horikita. Si j’en croyais toutefois cette dernière, Kushida portait déjà ce masque de la fille parfaite au collège.  Je me demandais vraiment ce qui pouvait unir ces deux-là car, à première vue, elles menaient à cette époque des vies bien séparées.

Moi — Je ne crois pas qu’elle te déteste car elle n’arrive pas à se rapprocher de toi.

Oui, il y avait certainement autre chose. Même Kushida n’avait sûrement que faire d’être amie avec toute la Terre entière, une personne de plus ou de moins ne changeait rien.

Horikita — Il y a bien quelque chose mais je ne suis sûre de rien. Seule Kushida connait toute la vérité…

Horikita avait compris là où je voulais en venir et se mit à parler plus sérieusement. 

Horikita — Fin février, la fin de l’année scolaire approchant, quelque chose de curieux était arrivé. 

Moi La grippe, bien entendu ?

Horikita — Le bruit courait qu’une fille avait littéralement fait imploser toute sa classe. On racontait que c’était terrible, que la convivialité avait laissé place à une atmosphère lourde et que c’était resté ainsi jusqu’à la fin du collège.  La classe ne retrouva jamais son ambiance originelle.

Moi — Je n’ai même pas besoin de demander son nom, pas vrai ?

Horikita En effet, c’était Kushida elle-même. Toutefois c’est là où mes connaissances s’arrêtent, l’école ayant bien fait son travail en voilant un maximum ces évènements étant donné que sa réputation ainsi que la carrière des professeurs étaient en jeu. Malgré tout cela, les élèves se parlaient et les rumeurs se propageaient inévitablement. 

Moi Et tu te souviens de quoi que ce soit, même une rumeur ?

J’essayais de me faire une petite idée de l’ampleur de l’affaire. Horikita semblait fouiller parmi ses souvenirs. 

Horikita — Les gens de ma classe parlaient d’une salle de classe totalement vandalisée. Le mobilier avait été retrouvé sens dessus dessous et des écritures calomnieuses décoraient les tables ainsi que le tableau.

Moi — Des écritures violentes… Kushida était-elle persécutée ?

Horikita — C’est là où commençaient à se contredire les rumeurs, celles-ci la dépeignant tantôt comme la victime tantôt comme un bourreau. Certains parlaient même d’actes de violence inouïs, mais on n’en savait vraiment pas plus.

En gros il était difficile de démêler le vrai du faux.

Horikita — Mais, d’un seul coup, nous n’avions plus jamais entendu parler de cette histoire. Une classe était en souffrance mais tout le monde devait faire comme si rien ne s’était passé.

Il y avait dû avoir de fortes pressions sur les élèves afin de les faire taire. 

Moi — Au final tu n’es pas beaucoup plus avancée que moi. Mais je ne peux pas t’en vouloir je suppose, ce genre d’histoires ne devait pas vraiment t’intéresser.

Horikita — Tout à fait, en plus j’étais happée par les examens d’entrée pour ce lycée alors je n’ai pas trop prêté attention à tout ce Bazard. Il fallait dire que je devais maintenir mon super niveau, même si je savais bien que mes notes étaient impeccables pour rentrer ici.

Sa confiance en elle n’avait pas du tout été impactée par le climat au sein de son école. Dans un sens ça ne me surprenait vraiment pas d’elle !

Enfin, pour en revenir à nos moutons, Kushida avait fait quelque chose qui avait complètement détruit sa classe. Du peu que je venais d’en entendre c’était assez grave pour la poursuivre toute sa vie, jusqu’à ses recherches d’emploi. Je ne voyais vraiment pas la Kushida que je connaissais faire ça, c’était dingue. Mais si ces rumeurs étaient fondées ?  Il semblait plutôt logique qu’elles étaient de nature à menacer la place de Kushida au sein du lycée. Toute personne au fait de la vérité constituait donc une véritable menace.

Moi — Pour recoller les morceaux, il y a eu incident causé par Kushida, tu n’en connais pas les tenants et aboutissants mais, elle, est certainement persuadée du contraire. Vu que vous étiez dans le même collège, elle se dit que tu sais tout et te considère comme une gêne. 

Horikita — Pour le coup elle n’a pas tout à fait tort, après tout je suis bien au courant que c’est elle qui est derrière tout ça.

Horikita lâcha un gros soupir. Je compris peu à peu la situation délicate dans laquelle elle se trouvait. En gros, tout cela était parti d’une peur de Kushida qui s’imaginait que Horikita était au courant de tout. Kushida voulait à tout prix cacher son passé aux autres et était certainement prête à tout pour cela. Horikita aurait même pu lui dire qu’elle ne savait rien à propos de cette histoire que Kushida ne l’aurait sûrement tout simplement pas cru.  Le simple fait d’ailleurs de dire « je n’en sais pas autant que tu le crois » n’est-il pas un demi-aveu ? N’était-ce pas la preuve, finalement, que Kushida avait bien des raisons de craindre Horikita rien qu’à cause de ce peu d’informations dont cette dernière disposait ?

Moi — Mais tout ça reste encore flou…

Horikita — Tu penses à l’incident lui-même ?

Moi — Bien entendu. Ça arrive tous les quatre matins une classe qui sombre dans le chaos alors que tout allait pour le mieux ?  

Horikita hocha la tête pour répondre par la négative.

Horikita — Kushida était l’élément déclencheur, c’est elle qui a rendu cette situation possible. Qu’a-t-il pu se passer pour qu’elle aille aussi loin, sérieusement ?

Une simple affaire de harcèlement scolaire n’aurait pas pu prendre ces proportions. En effet, dans cette situation on veut surtout se débarrasser des harceleurs, s’attaquer à toute une classe ne semble pas cohérent. 

Moi — C’est ce que je pense aussi. Je n’ose pas imaginer quelles étaient ses motivations.

Même si l’implosion de la classe D n’aurait pas été pour me déplaire, il fallait bien constater que Kushida ne pouvait pas y arriver si facilement.

Moi — Cet objectif nécessite l’utilisation d’armes de destruction massive.

Horikita — Oui…

Bien entendu nous ne faisions pas ici référence à des armes classiques mais plutôt à des méthodes chirurgicales pour arriver à faire une chose pareille.

Horikita — Si tu voulais mettre la classe au plus bas, comment est-ce que tu t’y prendrais ?

Moi — Je suis désolé de répondre par une autre question, mais je pense qu’on gagnera du temps. Quels sont les principaux atouts de Kushida ? Essaye d’y réfléchir ! 

Horikita — Je l’ai sûrement déjà dit mais je pense que la violence est l’arme la plus puissante qu’il soit. Peu importe qu’une personne soit savante, charismatique… au final la simple violence peut l’écraser. Envoyer tout le monde à l’hôpital peut être la solution la plus radicale pour briser une classe.

C’était assez extrême mais, dans un sens, ce n’était pas faux.

Moi —  Oui, certes, mais à part la violence ? Je ne vois pas Kushida procéder de cette manière, enfin franchement ça m’étonnerait beaucoup.

Si ça avait vraiment été la façon de faire de Kushida, l’école n’aurait pas pu cacher toutes les conséquences d’atteintes physiques et les journalistes auraient déjà submergé leur collège. L’affaire serait forcément sortie du cadre scolaire pour arriver devant la police et les tribunaux.

Moi — Et si ce n’était pas quelque chose de spécialement violent mais qui pouvait, au fond, faire aussi mal ?

Horikita Tu as quelque chose en tête ?

Moi — Si j’étais à sa place, je pense que…

Horikita — Une petite minute…

Horikita m’interrompit soudainement et ajouta, après une courte réflexion :

 Horikita — J’aurais dit « l’autorité » mais c’est difficile d’appliquer ce concept à la vie étudiante…

Elle ne semblait vraiment pas convaincue par ce qu’elle disait.

Horikita — L’autorité est vraiment une arme redoutable, mais dans ce cas précis je ne vois pas ce que ça apporterait. Même le président du Conseil des élèves ne pourrait pas semer la zizanie dans une classe. 

Moi — Alors c’est quoi ? Qu’est-ce qui peut être utilisé pour détruire une classe entière ?  

Horikita — Ce n’est pas spécifique à Kushida, mais l’arme qui pourrait être utilisée par tout le monde pourrait être le « mensonge ». Les humains sont des menteurs chevronnés après tout. Et un mensonge, selon son utilisation, peut littéralement faire aussi mal qu’un coup de poignard. 

Cela paraît aberrant et, pourtant, nous mentons deux à trois fois par jour d’après certaines statistiques. En fait la définition du mensonge est large, ça va du « je suis claqué », « j’ai la crève », à « je n’ai pas lu ton message » ou « tout va bien ». J’ai presque envie de dire que beaucoup de formulations laissent une part de mensonge.

Moi — Les mensonges… oui, peut-être bien.

 Les mensonges sont redoutables. Bien placés, ils peuvent tuer quelqu’un.

Moi — Reprenons. « Violence » et « mensonges » sont les deux armes que tu as proposées. Cela te suffirait-il pour suicider la classe D ?  

Horikita — Je ne crois pas non. En se basant sur un plan purement physique, il est évident que certaines personnes poseraient problème. Je me vois mal vaincre des gros bras comme Sudou ou encore Kôenji dans un combat à la loyale, entre autres. De plus il faut aussi composer avec des gens comme toi dont la force est assez incertaine. Tu me diras, je peux préparer des armes et attaquer dans le noir par surprise, mais si je peux le faire alors d’autres développeront également des stratégies et je ne serais pas plus avancée. 

Horikita semblait avoir pris ma question très au sérieux et se retournait le problème dans sa tête pour en tirer les meilleures stratégies.

Moi — Tu as raison. La violence semble certes la solution la plus évidente, toutefois la mettre en œuvre peut se révéler plus ou moins difficile en pratique selon les cas.

Horikita — Concernant le mensonge, je ne pense pas que cela me conviendrait non plus. Je veux dire, c’est bien contraignant de jouer un rôle en permanence, surtout que sur ce terrain beaucoup de gens sont très forts aussi.

Horikita a visualisé différentes situations mais n’a finalement pas pu répondre à ma question.

Moi — Si l’on se limitait à l’une ou l’autre de ces stratégies, je ne pense pas que Kushida ait les capacités pour être violente. Autrement dit, logiquement, c’est le mensonge qu’elle aurait utilisé.

Horikita — Oui…

Moi — Mais mentir sur toute la ligne, est-ce vraiment à sa portée ?

Horikita — Bizarrement, j’ai un doute.  En tout cas de mon point de vue ça paraît vraiment impossible.

On peut menacer une personne ou deux comme ça. Mais toute une classe, ça c’est une autre paire de manche. 

Moi —Est-ce que Kushida peut particulièrement bien manipuler ces deux armes ? Ou bien…

Elle avait sûrement autre chose. Ce qui est sûr, c’est que les moyens dont elle disposait étaient de nature à détruire toute la classe. En tout cas c’était forcément elle l’instigatrice des incidents déroulés dans son collège : pourquoi être si hostile envers Horikita si elle n’avait rien à se reprocher ? 

Horikita — Dans tous les cas, Kushida m’a fait savoir directement qu’elle se débarrasserait de toute personne qui aurait connaissance de son passé. Pour cela, elle n’hésiterait pas à faire des alliances avec des personnes comme Katsuragi, Sakayanagi ou encore Ichinose. D’ailleurs elle ne s’est pas gênée pour faire des carabistouilles avec Ryuuen juste pour me faire tomber. En fait peu importe la situation de la classe D, elle ne sera satisfaite que lorsque je serai partie.

Moi — C’est flippant… Donc elle serait prête à refaire la même chose juste pour cacher son passé ? Ironique.

Horikita — Je n’ai absolument aucun doute là-dessus.

Puisqu’elle avait osé dire ça à Horikita, je suppose qu’il fallait prendre les menaces de Kushida très au sérieux. Cette dernière avait insisté pour rejoindre notre petit comité à Hirata, Horikita et moi, mais maintenant que j’y repensais ce n’était certainement pas pour notre bien mais plutôt pour mieux nous surveiller, voire nous espionner. Mais pouvions-nous la mettre de côté comme ça ? Il fallait malgré tout sauvegarder les apparences, après tout elle restait très appréciée des autres élèves de la classe alors l’exclure serait sûrement très mal perçu par l’opinion général et risquerait de se retourner contre nous.

Moi — Laisse-moi te demander une chose, Horikita. Que comptes-tu faire avec Kushida ?

Horikita — C’est une très bonne question… J’ai deux choix pour l’instant : lui dire « je ne sais rien, je ne connais pas les détails de ces évènements », ou « je ne dirai rien à personne, sois tranquille ».

Moi — Comme si elle allait s’en contenter, ça ne lui offre aucune garantie. D’ailleurs, lui dire l’une ou l’autre de tes phrases lui confirmerait que tu sais quelque chose, et cela pourrait lui suffire à te considérer comme une menace. 

Horikita m’avait confié sa situation, et j’aurais mis ma main à couper que Kushida s’en doutait. Ainsi devais-je être considéré comme faisant partie de sa liste de personnes à « abattre » ?

Horikita — Je suppose que nous n’avons d’autre choix que de directement lui en toucher deux mots, non ?

Moi — Oui, tu as raison… Pour l’instant, la seule chose que nous pouvons faire est de compter sur sa tolérance.

S’il était certain que ça allait calmer Kushida dans un premier temps, sur le long terme je n’étais pas sûr que de simples mots allaient lui suffire. 

Horikita — Arrêtons alors de nous torturer l’esprit avec ça, pour l’instant !

Moi — Je pense au contraire que tu devrais prendre ça très au sérieux. Je veux dire, dans le but de monter en classe A, il faudra prendre d’urgence une grande décision : persuader Kushida ou, le cas échéant, s’en débarrasser.

Horikita me lança un regard noir à la seconde où je prononçais ces mots.

 Horikita — Tu veux dire… faire renvoyer Kushida de l’école ?

Sans directement confirmer que c’était bien là où je voulais en venir, j’acquiesçai par un signe de la tête. L’arroseur arrosé, c’était ma tactique. Horikita me fixa avec mépris.

Horikita — Je ne m’attendais pas à te voir proposer quelque chose comme ça. N’était-ce pas toi qui m’avait convaincue de sauver Sudou ? Et après coup j’ai compris pourquoi. J’ai compris que chaque élève avait des qualités, que les laisser se vautrer dans leur fange était bien plus simple mais que, en contrepartie, la classe serait privée de leurs points forts. Sudou en est d’ailleurs un bon exemple vu comment il nous a sauvés pendant le festival sportif, d’autant que scolairement il a beaucoup progressé.  Alors pourquoi, d’un seul coup ?

Alors Horikita, qui avait un tel mépris des autres, était capable d’évolution et de remise en question. C’était comme si elle avait arrêté de vivre dans son petit monde, j’étais vraiment très surpris ! Néanmoins, elle faisait ici preuve de grande naïveté. Tout d’abord je n’étais pas tout à fait sûr de sa capacité à convaincre Kushida, mademoiselle n’étant pas la meilleure personne sur le plan diplomatique. Mais, en plus, il fallait aussi souligner qu’elle n’était pas tout à fait étrangère aux progrès de Sudou… donc les situations n’étaient absolument pas comparables, le cas Sudou était un peu biaisé. 

Moi — Les deux situations n’ont rien à voir. Entre faire du soutien scolaire et essayer de se protéger d’une autre élève, il y a une marge. D’ailleurs je pensais vraiment que vous aviez un passé commun, une histoire commune, je n’imaginais pas que la haine de Kushida était aussi unilatérale. Bien entendu que sur le principe tu as raison, d’ailleurs je suis vraiment fier de toi pour avoir changé à ce point, mais là ce n’est pas aussi simple. En effet, aussi longtemps que tu seras dans cette école, Kushida se mettre en travers de ta route, menaçant ainsi la classe D et l’intégrité de l’établissement. Es-tu sûre que tu ne vas pas le regretter plus tard si tu n’agis pas ?

Horikita ne semblait pas le moins du monde perturbée par ce que je venais de dire. Au contraire, ses sourcils relevés montraient qu’elle avait l’air d’autant plus confortée dans ses positions.

Horikita — Elle est très douée. Elle a un talent fou pour rassembler les gens et, d’autre part, cerner leurs qualités. Inutile de dire que si on pouvait l’avoir dans la poche, elle serait d’une aide considérable pour la classe D.

Il était sûr que nous pouvions aller très loin avec une personne comme elle au service de la classe D. Sur le papier, Kushida était un atout précieux. Mais en pratique ?  

Horikita — Au final c’est à moi de gérer ça, je ne peux pas l’abandonner comme ça. Je vais donc essayer de la persuader.

Alors elle comptait vraiment emprunter cette route épineuse pour le bien de la classe ? Il était clair que sa position était irrévocable.

Moi — Très bien je comprends. Sache que tu peux tout de même compter sur moi, je suivrai ça de près.

Tu sembles si déterminée… ça me donne également envie de croire qu’il y a moyen de s’entendre, tous ensemble.

Je me demande si Horikita va réitérer l’exploit de Sudou avec Kushida ?

Horikita — Je ne te demandais pas de l’aide, ce n’est pas à toi de t’occuper de cette histoire.

Moi — Oh oui, ne t’en fais pas, je n’ai pas envie d’être embarqué dans cette affaire non plus.  

Nous avions parlé un long moment, nous avions presque fait un tour complet du campus. Nous n’allions pas tarder à arriver dans la zone du Pallet.

Horikita — Si je t’ai parlé de tout ça c’est surtout parce que j’ai confiance en ton sens de la discrétion et parce que je pensais qu’on serait sur la même longueur d’onde.

Moi — Désolé, on dirait bien que je t’ai déçue.

Oui, nous avions fini par diverger à la fin.

Horikita — Maintenant que je tu as eu droit à des infos croustillantes, j’aimerais que tu répondes à une question…

Moi — Quel genre de question ?

Horikita marqua un arrêt et me regarda avec la même expression ferme qu’au début de la discussion. Il semblait donc qu’elle ne m’avait pas vu uniquement pour me parler de Kushida.

Horikita — Après le festival sportif… qu’est-ce que tu as fait à Ryuuen ?

Moi — Hmm…

Me poser cette question comme ça… Horikita avait sûrement dû se retourner la situation dans tous les sens afin de savoir ce que Ryuuen manigançait. En réalité moi-même je ne le savais pas, mais si les choses se déroulaient telles que je le pensais je pouvais lui donner un commencement de réponse.

Moi — Disons que j’ai donné un léger coup de pied à la fin pour calmer Ryuuen.

Horikita — En enregistrant la conversation qu’il avait eue avec ses sbires de la classe C, par exemple ?

Je ne pus qu’acquiescer.

Horikita — Obtenir un enregistrement de la stratégie d’une autre classe n’est pas à la portée de n’importe qui, je suis très curieuse de savoir comment tu t’y es pris… Ryuuen avait évoqué la possibilité d’un espion en classe C, te serais-tu donc déjà rapproché de cette personne ? 

Horikita n’était bien entendu pas au courant de l’altercation entre Karuizawa et Manabe de la classe C sur le bateau.

Moi — J’ai voulu mettre toutes les chances de notre côté, obtenir cette enregistrement était dans ce but.

Horikita — Puis, plus globalement, pouvons-nous parler de tes stratégies qui reposent toujours sur le fait que je vais merder quelque part ? La preuve étant que tu es toujours là à couvrir mes arrières. Je ne vais pas te demander comment tu fais car cela reviendrait peut-être à trop rentrer dans ton intimité, et on m’a interdit de le faire. Néanmoins, la situation était catastrophique alors, si tu n’avais rien fait, on serait sûrement… Bref, c’était vraiment bien joué, merci !

Moi — Tout ce manège pour dire ça !

Être remercié, et par Horikita ? C’était décidément un jour à marquer d’une pierre blanche.

Moi — Enfin, j’essaye seulement de faire ma part, rien de plus.

Horikita — Mais, juste comme ça, tu n’as pas peur de passer ainsi à l’action ? Car ce qui s’est passé va définitivement confirmer à Ryuuen que quelqu’un en classe D tire les ficelles en douce. Et il y a de grandes chances que tu sois sur sa liste de suspects. Je pense que tes paisibles jours risquent d’être menacés.

Horikita disait vrai, les choses avaient pris une tournure assez… inattendue.  Entre Mlle. Chabashira qui était impliquée avec cet homme et Sakayanagi qui connaissait mon passé, rien n’allait plus être de tout repos mais rien n’était encore sûr. Qui sait, Horikita allait peut-être devenir une pièce maîtresse de cette classe ? Il fallait absolument que je retrouve une situation stable. Horikita me regarda avec un air pensif comme si elle se demandait à quoi je pensais. Elle attendait une réponse de ma part.

Moi — Oh heu…attends

Horikita — Tu as réfléchis je ne sais combien de temps et tu trouves le moyen de ne rien répondre. Je commence de moins en moins à te comprendre humainement parlant.

Moi — Tu ne me comprenais pas depuis le début de toute manière.

Horikita — Pas faux.

Dans tous les cas, Horikita n’avait pour l’instant pas le luxe de se concentrer sur Ryuuen ou moi. Il lui fallait en effet d’abord neutraliser le poison qu’avait subtilement injecté Kushida dans la classe D.

2

Karuizawa — Ah, sérieux, on t’attendait depuis tout à l’heure. J’espère que tu vas t’excuser pour ça !

Aussitôt arrivés au Pallet, Karuizawa fixa Horikita sévèrement et commença à se plaindre

Horikita — On va commencer sans plus tarder vu que Hirata-kun doit aller à son club après.

Karuizawa — Wow, tu m’as ignorée ? Enfin ça ne m’étonne pas de toi.

Horikita ignora Karuizawa et s’assit.

Karuizawa — Tu t’excuses même pas en plus.

Avec nous deux maintenant présents, le groupe fut constitué d’Hirata, Karuizawa, Kushida et de Sudou. Il ne restait en effet plus qu’une heure avant les activités de club à 16:30. Le plus anxieux d’entre nous fut Hirata étant donné qu’il faisait partie du club de foot mais il semblait calme et gardait toujours le sourire aux lèvres. Il avait l’air d’avoir attendu avec impatience cette réunion vu comment ses yeux brillaient. Après que Horikita ait pris place sans commander ne serait-ce qu’une petite boisson, elle commença à s’exprimer.

Horikita — Commençons par parler du quiz.

Hirata — Doit-on vraiment se focaliser sur ça ? Vu tous les examens que l’on va enchaîner, ça va pas être évident de tenir le rythme surtout qu’il n’a pas d’influence sur nos notes.

Entre les mi-exams, les quiz et les partiels finaux, le temps était précieux pour ceux qui avaient du mal à suivre en cours.

Horikita — Je ne compte forcer personne à étudier pour ces quiz mais je suis sûre que ces derniers n’ont pas été élaborés juste pour vérifier notre niveau. On vient de terminer les mi-examens après tout.

Hirata — C’est peut-être parce que les questions des mi-exams étaient plutôt simples.

Horikita — Donc tu insinues que la difficulté du quiz sera supérieure ? Ce serait illogique de la part de l’établissement.

Des quiz plus difficiles contrevenaient à l’essence même des mi examens. C’était comme mettre la charrue avant les bœufs.

Hirata — Donc le quiz aurait un intérêt autre que de jauger notre niveau ?

Karuizawa — Hein, quoi ? Comment ça, Yôsuke-kun ?

N’ayant pas prêté attention au discours de Horikita, il fallut qu’Hirata réfléchisse sur le sujet pour qu’elle se sente concernée.

Horikita — Si le quiz ne sert pas à jauger notre niveau alors il servira à sélectionner les duos pour l’examen final.

Sudou eu une expression sérieuse tandis qu’il écoutait la conversation.

Horikita — Tu suis Sudou ?

Sudou — …à peu près…

Il avait l’air de n’avoir rien compris mais la discussion continua.

Horikita — Il y a forcément des paramètres cachés dans ce quiz pour déterminer les paires. Si on arrive à comprendre le système, on aura un avantage pour l’examen final.

Sudou — Comment ça, Ayanokôji ?

Sudou s’adressa à moi en chuchotant plutôt que de demander à Horikita directement afin de ne pas l’interrompre.

Moi — En gros, maitriser le fonctionnement du quiz est la première condition pour réussir l’examen final.

Sudou — Ah ! C’est ce que je pensais aussi !

Les yeux de Sudō s’illuminèrent brillamment. Il mentait de façon éhontée. En tout cas, Horikita avait vu juste, le quiz déterminait les paires et il y avait forcément un système pour effectuer ce tri. L’école avait spécifié nous fournir des précisions  après les résultats du quiz afin d’éviter aux élèves de spéculer. Quoi qu’il en soit, je ne pouvais rien faire d’autre qu’observer Horikita parler.

Karuizawa — Genre si deux personnes ont eu le même résultat au quiz, elles seront mises ensemble ?

Karuizawa avait bien compris la situation et donna un bon exemple.

Sudou — Ou ceux qui ont répondu pareil aux mêmes questions.

Sudō fit tout pour se creuser la tête afin de montrer son implication.

Horikita — Aucune possibilité ne peut être écartée de toute manière vu que tout est flou pour le moment.

Hirata sembla avoir des doutes sur la réponse de Horikita. Son sourire disparu et il prit une expression sérieuse.

Hirata — J’ai quelque chose à dire sur le système de tri.

Horikita — Je suis curieuse de t’entendre.

Horikita accueillit la chose avec bienveillance et se tint prête à l’écouter.

Hirata — Je pense que l’on peut obtenir des réponses à ce sujet facilement avec nos ainés vu qu’ils ont dû avoir le même type de quiz. C’est peut-être ce que les profs cherchent à éviter qu’on fasse.

Kushida qui écoutait jusque-là en silence intervint et montra son accord.

Kushida — Je suis aussi curieuse à ce propos. Avec mon réseau, je peux facilement poser la question à des élèves d’années supérieures.

Vu que nous n’avions eu aucune indication à ce sujet, cela ne devait pas être interdit par le règlement ou bien cela nous aurait été notifié spécifiquement.

Karuizawa — Yōsuke-kun a eu une bonne idée, comme d’habitude.

Horikita lança un regard noir à Karuizawa, qui complimenta Hirata, avant de finir par croiser les bras et de se faire une raison.

Horikita — Je nesais pas si on peut dire qu’il a eu une brillante idée mais l’établissement ne devrait pas s’opposer au fait que nous voulions en apprendre plus sur le système de tri. Je dirais même qu’il nous incite à le faire si on lit entre les lignes.

Sudou — Comment ça Suzune ? Explique-toi.

Sudou se triturait tellement le cerveau que sa tête fumait. Il n’arrivait plus à réfléchir.

Hirata — Tu penses que trouver le système de tri ne suffit pas et que l’examen commencera réellement une fois celui-ci déterminé ? Si c’est le cas alors les résultats peuvent être désastreux si on rate le coche.

Hirata imagina le pire avec la moitié de la classe exclue.

Horikita — Certes, comme le dit Hirata-kun, même si c’est hypothétique, il parait primordial de connaître le système de tri si nous voulons éviter un résultat catastrophique mais, qu’elle l’ait fait par gentillesse ou non, Chabashira-sensei nous a dit que c’était la première fois qu’une classe D arrivait si loin sans exclusion. Et puis elle a stipulé qu’une ou deux paires en moyenne était chaque année exclue à cause de cet examen, ne trouvez-vous pas ça étrange ?

Sudou — Je capte rien du tout.

Sudou finit par abandonner et se frappa la tête contre la table.

Karuizawa — J’ai plus ou moins compris Horikita-san. Tu essaies de nous dire qu’il n’y a pas de menaces sérieuses qui pèsent sur l’examen final même si l’on ne détermine pas le système de tri c’est ça ?

Horikita — C’est bien ça.

Karuizawa — Sur quoi tu te bases pour dire ça ?

Karuizawa demanda cela à Horikita avec une attitude confiante.

Horikita — Ces examens finaux vont se dérouler en duo et la moyenne de classe sera la même peu importe les paires formées. Si on considère que les questions préparées pour l’examen final par une autre classe seront difficiles, il est évident que si nos duos sont déséquilibrés, les conséquences seront fâcheuses.

Karuizawa — En effet, je pense que ce serait clairement négatif si deux élèves mauvais en cours formaient un duo.

Hirata — Vu que nous avons peur de ce scénario, il faut absolument que l’on comprenne comment les duos sont formés.

Horikita — Oui, nous devons absolument comprendre comment ça marche et, comme l’a suggéré Hirata, nous devrons ensuite éviter ce scénario. Cependant, Chabashira-sensei a indiqué que, lors années précédentes, seul un ou deux duos étaient exclus. Vous ne trouvez pas cela un peu bizarre ? En théorie le bilan devrait être bien plus lourd que ça pour les classes D.

Hirata — …Je vois. C’est en effet que ce Chabashira-sensei a dit.

Karuizawa — Yôsuke-kun, explique-moi. Je suis un peu perdue là.

Hirata — Hmm…comment dire ? Déjà essaie d’oublier d’élucider ce système de tri. Suppose qu’on a fait ce quiz maintenant, à ton avis, que se passerait-il ?

Karuizawa — Bah, ce serait mauvais non ? Si de mauvais élèves tombent ensemble, il y aurait beaucoup d’exclus.

Hirata — On est d’accord. Malgré tout, en classe D, seul un ou deux duos en moyenne fait face à une exclusion chaque année.

Sudou — C’est grave chelou ouais.

Sudou sembla avoir saisi la chose.

Hirata — Cela prouve clairement que le système prévoit de créer des duos équilibrés.

Après une conversation en profondeur, nous arrivâmes enfin à tirer de bonnes conclusions.

Horikita — Ainsi, un élève avec les moins bons résultats à ce quiz sera placé avec celui qui aura les meilleurs résultats. Supposons que j’obtienne un score de 100 et Sudou un score de 0 à ce quiz, nous serions donc en duo selon le système. Avec ça, on sera en mesure d’évaluer mieux les choses que les autres classes.

Karuizawa comprit mais de nouveaux problèmes émergèrent.

Karuizawa — Je vois. Mais ça signifie que les élèves près de la moyenne sont ceux qui risquent le plus de choses.

Horikita —  Oui, plus on se rapprochera de la moyenne de classe et plus le test sera dangereux pour nous.

Il était donc question d’établir des duos équilibrés. Or les élèves moyens risquaient de finir avec un élève aussi moyen qu’eux pour un examen final risquant d’être ardu. Il nous était donc nécessaire d’évaluer les aptitudes académiques de chacun des élèves de la classe avec précision. Consulter nos camarades et préparer des contremesures pourra aider à pallier ce problème.

Horikita — Si on confirme la chose avec plusieurs ainés alors nous aurons déjà résolu la première étape. Hirata-kun, Kushida-san, je peux vous charger de faire confirmer la chose avec des ainés ?

Kushida — Compte sur moi !

Hirata — Je vais voir ça avec des ainés du club de foot.

Les deux furent d’accord. Notre stratégie avait déjà commencé à se mettre en place.

Karuizawa — J’ai une question.

Horikita — Je t’écoute.

Même devant le visage suspicieux de Karuizawa, Horikita garda son calme.

Karuizawa — Vu que ce sont des duos qui se forment, que se passe-t-il si une classe est en nombre impair ?

Horikita — C’est une question intéressante mais cela ne sert à rien d’y penser maintenant. Au moment de la rentrée, chaque classe a été en nombre pair. Vu que personne n’a été exclu depuis, la question ne se pose même pas. Cependant si cela n’avait pas été le cas, j’imagine que l’élève qui se serait retrouvé seul aurait été dans une situation très rude.

Kushida — Ce serait quand même rageant de se faire exclure à cause d’une situation comme ça.

Kushida devait penser que l’école aurait été moins intransigeante.

Horikita — Je reste persuadée qu’une classe se retrouvant avec un nombre impair doit en porter la responsabilité jusqu’au bout.

Durant l’île déserte et le festival, les pénalités furent sévères pour ceux qui ne participaient pas. Horikita avait raison, la moindre exclusion pouvait nous être fatale pour de futurs examens. Nous ne pouvions donc abandonner personne.

Horikita — Est-ce que j’ai répondu à ta question ?

Karuizawa — En quelque sorte. C’était une perte de temps que d’essayer de comprendre.

Après sa réponse, nous passâmes à l’étape d’après.

Horikita — Dès que ce sera confirmé par les ainés, nous pourrons réfléchir au problème suivant. Mais quelque chose me turlupine depuis un petit moment : quelle classe attaquer pour l’examen final ? Pour moi, je ne vois pas d’autre classe que la C.

Avant de recueillir l’avis d’autrui, elle exprima le sien et commença à l’étayer.

Horikita — Au vu du classement général, il est évident que la classe C est inférieure à la classe A et B sur des compétences purement académiques.

C’était correct en surface. En effet, affronter une classe forte académiquement parlant n’était pas en notre faveur. Mais Hirata ne sembla pas tout à fait de cet avis.

Hirata — Je suis d’accord avec toi Horikita-san. Cependant, la classe A et B en feront de même. Si plusieurs classes se mettent à attaquer la classe C en stipulant que c’est la cible la plus facile, on pourrait finir par être dans une sale situation. Regardez.

Hirata écrivit sur son carnet les différents scénarios.

A attaque D → Pas de conflits → Cible D.

B attaque C → tirage au sort favorable → Cible C.

C attaque B → Pas de conflits → Cible B

D attaque C → tirage au sort défavorable → Cible A.

Hirata — J’ai imaginé le pire mais ce dernier scénario est possible

Karuizawa — Finir par attaquer la classe A en perdant un tirage au sort pour attaquer la classe C nous mettrait clairement dans le mal.

Horikita — Il est vrai que d’autres classes peuvent viser la classe C mais nous n’avons aucune raison de ne pas le faire à cause de ça. De toute manière le risque en vaut la chandelle.

Malgré le risque de perdre au tirage au sort, Horikita campa sur ses positions.

Moi — Existe-t-il un écart notable entre les compétences académiques de la classe A et B ?  Je suis aussi curieux de nous comparer à la classe C.

J’essayais de poser une simple question.

Hirita — Il est évident que la classe A est la meilleure mais je doute qu’elle écrase la B. En revanche l’écart entre la B et la C doit être considérable, je vais enquêter !

On connaissait plus ou moins nos compétences mais pas celles des autres classes. Nous ne pouvions que nous baser sur l’augmentation des points de classe mais ce n’était en aucun cas une source fiable car des facteurs non académiques étaient aussi responsables de cette augmentation. Peut-être que si l’établissement ne nous avait pas fait part du niveau des autres élèves c’était en prévision d’un examen comme celui-ci. Si ça se trouve, la classe B était même plus studieuse que la classe A et les attaquer aurait été encore plus désastreux qu’attaquer la A. Après avoir fini ma réflexion, je regardais la personne assise à côté de Horikita. Cette dernière commença au même moment à lui parler.

Horikita — Tu es bien calme, Sudou-kun. Tu es du genre à te plaindre.

Sudou — Je pige rien alors me plaindre servirait à rien à part vous gêner.

Après cette intervention, nous retînmes tous notre respiration en silence.

Sudou — Quoi ? J’ai dit un truc de bizarre ?

Horikita — Disons que je ne m’attendais pas à cette réponse de ta part. Tu m’as surprise. Qu’est-ce que tu penses de cette situation ?

Elle pensait probablement que Sudou allait comme à son habitude interrompre la conversation en jactant mais elle fut surprise par sa maturité au point qu’elle passa d’une expression de surprise à une expression douce.

Sudou — Et bien, un truc dont je suis sûr, c’est qu’on va devoir écraser nos adversaires un par un non ? On sera pas la classe A du jour au lendemain donc je pense que le bon plan est d’attaquer la classe C.

Horikita — En effet, attaquer la classe C semble l’option la plus sûre en terme de résultat, en cas de victoire on réduirait drastiquement l’écart entre nos deux classes.

Moi — Je vois où vous voulez en venir mais ce serait bien de laisser la A attaquer la C non ? Ce serait une défaite garantie pour cette dernière et ça contribuerait à la faire couler, ce qui serait bon pour nous.

Horikita — Cela dépend de notre objectif pour cet examen. Mais il semblerait au moins que nous soyons accordés sur notre cible, la classe C.

Dans le but de saboter la classe C, la laisser affronter la classe A ou B aurait été la marche à suivre. Néanmoins cela risquait de se révéler inutile si nous-mêmes, la classe D, ne gagnions pas. Or nous avions plus de chances de l’emporter face à un adversaire plus faible… C’était sûrement ce que Horikita devait penser.

Moi — Puisque tout le monde semble d’accord avec Horikita, je vous suis !

Puisque je voulais me faire le plus discret possible, je m’étais contenté de parler sans rentrer dans le concret, formulant des hypothèses par-ci par-là. 

Horikita — Merci, il semble que nous pouvons donc passer à la vitesse supérieure !

Tout le monde ayant réussi à se mettre d’accord, nous nous séparions vers 16h. Hirata et Sudou partirent de leur côté pour participer à leurs activités de clubs, Karuizawa suivant Hirata en direction du terrain de foot. Seul restions Horikita et moi, face à Kushida.

Kushida — Sur ce, je vais aller voir les premières et terminales pour glaner ces fameuses informations sur le quiz.

Horikita — Ça marche. Merci !

Kushida se retira aussitôt après ces paroles. 

Horikita — Alors qu’est-ce que tu comptes faire ?

Moi — Il ne devrait pas y avoir de problème si je vous laisser gérer Hirata et toi. De ce que j’ai vu c’était propre ! Tes pleine de confiance en toi hein ?

Horikita — Oui et non. Disons que si on veut réussir cet examen final il va nous falloir avoir deux coups d’avance.

Moi — Oui, en gros si toute la classe ne fait pas d’effort pour travailler sérieusement il n’y aura aucune issue. Mais, d’une certaine manière, il n’est pas non plus nécessaire que la classe améliore grandement ses capacités, le tout étant de faire en sorte que tout le monde s’équilibre. Si nécessaire je peux adapter mon score et faire équipe avec quelqu’un dans le besoin. 

Horikita — Je peux compter sur toi là-dessus ?

Moi — S’il le faut je peux aussi participer aux séances de révisions, mais ne compte pas sur moi pour aider.

Horikita — Après tout tu comptes toujours continuer à faire l’imbécile.

Moi — Non, j’énonçais juste des faits.

Ce n’était pas si mal comme compromis pour l’instant. Enfin c’était ce que je me disais mais Horikita ne comptait pas en rester là.

Horikita — Laisse-moi y réfléchir. Tu es aussi un membre de notre classe et j’aimerais beaucoup que tu participes, pour ton bien comme celui de la classe !

Moi — …D’accord, on verra.

Je fis de mon mieux pour changer de sujet.


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