CLASSROOM V11,5 : CHAPITRE 1


Cérémonie de fin d’année

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Traduction : Zuda, Nova
Correction : Raitei
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24 mars. Cérémonie de remise des diplômes.

Pour les terminale, ça allait être non seulement la fin de leur vie de lycéen, mais aussi le début d’un tout nouveau voyage dans lequel il allait embarquer. Pour les autres, c’était juste un événement comme un autre. Cependant, pour moi, c’était quelque chose qui valait le coup d’être observé.

Déjà, j’étais plutôt curieux de voir le résultat de la confrontation entre Horikita-senpai et Nagumo. Je n’avais toujours pas eu d’information sur l’issue de leur ultime bataille. Est-ce que Horikita-senpai avait finalement réussi à rester en classe A ? Ou alors Nagumo ou un autre avait réussi à l’en empêcher ?

J’aurai pu aller m’informer de tout ça hier, mais j’étais occupé par autre chose alors je n’étais pas sorti de ma chambre. Cependant, aujourd’hui, rien ne m’empêchait d’aller voir le résultat.

Que ce soit vu comme une cérémonie de remise de diplôme ou simplement de fin d’année scolaire, cela fit battre mon cœur, très certainement parce que c’était une première pour moi. L’heure approchait à grand pas. Après avoir vérifié que la porte de ma chambre était bien fermée, je me mis en route.

Yukimura — Salut

Keisei, qui était dans l’ascenseur avec moi, me salua et je lui répondis par un simple hochement de tête. Avec tous ces autres élèves d’autre classe tout autour de nous, nous ne nous dîmes pas grand-chose à part quelques banalités. Nous finîmes par sortir du dortoir ainsi, et c’est là Keisei put enfin dire ce qu’il avait sur le cœur.

Yukimura — On a travaillé si dur pour arriver en classe C, et il a fallu qu’on retombe là où l’on se trouvait au départ… Enfin bon, au moins, on n’a pas perdu autant que je me l’étais imaginé. 

Son murmure s’était rapidement dissipé dans ce ciel brillant et sans nuage. Cette débâcle de la classe C lors de l’examen final nous avait fait rétrograder en classe D. Même si cela avait beaucoup déprimé la majorité de nos camarade, vu que nous étions contre la classe A, c’était un résultat plus qu’évident. Comme j’avais en ma possession ce point de protection, j’avais dû tenir le rôle de leader pour cet examen, et du coup, je pris une grande partie de la partie de la responsabilité de cette défaite. Mais bon, tout le monde se disait que de toute manière notre défaite était inévitable alors on ne m’en tint pas spécialement rigueur. Au final, même si nous étions retournés en classe D, l’écart des points n’était pas si significatif.

Voici le classement général en cette fin de mois de Mars :

 Classe A (menée par Sakayanagi) : 1131 points

Classe B (menée par Ichinose) : 550 points

Classe C (menée par Horikita) : 347 points

Classe D (menée par Ryuuen) : 508 points

Le classement actuel de nos classes allait rester figé jusqu’à la fin du mois alors techniquement, nous étions encore en classe C pour le calcul de mois de mars. Mais nous allions inévitablement retomber en classe D le mois prochain, tandis que la classe de Ryuuen allait remonter en C, et être en parfaite position pour devenir la prochaine classe B très prochainement.

Enfin, pour l’instant la classe B restait devant, et si on en avait envie, on pouvait se dire qu’au final, Ichinose avait réussi à maintenir sa classe en classe B durant toute cette année. Mais si on regardait l’évolution des points depuis le départ, l’écart entre la classe B et celle d’en dessous n’avait fait que se réduire. Il n’y avait plus que 42 points d’écart avec la classe de Ryuuen.

Pourtant, Ichinose avait sur le papier la meilleure classe, unie et soudée, avec des élèves bien plus doués côté étude, tandis que ceux de la classe de Ryuuen paraissait pour la plupart semblables à des cancres.

 Cela rendait le résultat encore plus inquiétant et bon nombre d’élèves de la classe B devait avoir beaucoup de doutes et commencer à se remettre en question, leur leader en premier.

Tout ceci nous faisait voir notre situation bien différemment. La classe D bien qu’elle soit restée au final en dernière position, avait été celle qui avait le plus évolué au cours de cette année. Si l’on prenait les résultats du début de l’année, il n’y avait vraiment pas photo. En Avril dernier, toutes les classes étaient sur un pied d’égalité, avec 1000 points chacune. En y repensant, c’était à ce moment-là que nous avions nos meilleures chances, mais ceci, nous n’en étions pas encore conscients. Si bien qu’en à peine un mois, les résultats avaient basculé.

Classe A (menée par Sakayanagi) : 940 points

Classe B (menée par Ichinose) : 650 points

Classe C (menée par Ryuuen) : 490 points

Classe D (menée par Horikita) : 0 point

Ainsi, si on prenait ceci comme le vrai point de départ de cette compétition interclasse, la classe D avait réussi à gagner 347 points, ce qui était de loin le meilleur résultat de toutes les classes. C’était nous qui avions la meilleure dynamique, largement devant la classe A qui était deuxième de ce point de vue, avec un gain de 191 points. Si on arrivait à maintenir ce rythme, il n’était pas si invraisemblable que l’on devienne la classe pouvant rattraper la classe A.

Bien entendu, cela n’allait pas être si facile. Les autres classes avaient bien cela en tête, et ils nous prenaient maintenant au sérieux, ce qui allait rendre la tâche bien plus délicate que l’an dernier. Néanmoins, nous avions à présent d’énormes atouts par rapport à l’an dernier. Avec Horikita et Hirata en tant que chefs, ainsi que les progrès fulgurant de bon nombre d’élèves de la classe pouvant maintenant les épauler, rien ne nous était impossible.

Yukimura — Ne t’en fait pas, je pense que la grande majorité de nos camarades ne te blâme pas pour notre défaite. 

Il avait peut-être perçu un trouble chez moi, en tout cas, Keisei essaya de me rassurer, mais il eut l’effet inverse quand je remarquai un détail dans ce qu’il venait de me dire.

Moi — La grande majorité ? 

Voilà une tentative de réconfort bien maladroite. En gros, il venait de me faire remarquer que certaines personnes gardaient une dent contre moi.

Yukimura — Bien sûr… c’est pas vraiment de ta faute. Ce n’est pas comme si tu avais fait de grosses erreurs ou quelques choses comme ça. Mais il est si facile de se dire qu’avec quelqu’un d’un peu plus compétent que toi aux commandes, on aurait pu faire un peu mieux encore.

Autrement dit, la plupart trouvait que j’étais en partie responsable. Les humains étaient vraiment des créatures irrationnelles. Même si tout le monde avait donné son accord pour la décision, c’était assez courant qu’ensuite ils retournaient complètement leur veste en affirmant qu’ils savaient depuis le départ que tout ça était une bien mauvaise idée. En même temps, il était assez compréhensible qu’on songe que notre défaite contre la classe A était essentiellement dû à un écart très important entre les capacités des deux leaders.

Yukimura — Si jamais quelqu’un t’accuse de quoi que ce soit, souviens-toi que tu n’as vraiment rien à te reprocher. Tu étais notre seul recours possible, vu que tu étais le seul à avoir un point de protection… 

Moi — Tout le monde le sait bien, mais il y a aussi l’exemple de Ryuuen, qui montre qu’on aurait pu tenter de prendre des risques. »

En entendant le nom de Ryuuen, Keisei afficha un sourire amer, avant de secouer la tête.

Yukimura — Ce connard est spécial aussi. Je reconnais que son côté « je m’en foutiste, moi je fonce dans le tas », est juste une façade. En réalité il calcule très bien ses coups. C’est justement parce que sa présence était totalement inattendue vu qu’en plus il n’avait pas de point de protection, que la classe B s’est retrouvée dans une si mauvaise posture. 

En effet, tout cela faisait partie de sa stratégie soigneusement préparée, qui n’avait laissé aucune chance à la classe B.

Yukimura — … Kitoyaka, j’ai quelque chose que je voulais te demander.

Il prit un peu de temps avant de poursuivre, comme si ce qu’il avait à me demander était un peu délicat.

Yukimura — … Quand j’ai essayé d’impliquer Katsuragi dans nos plans, pourquoi est-ce que tu ne m’as pas déconcé ?

Pour vaincre la classe A, Keisei avait proposé à Horikita de rallier Katsuragi avec nous, vu qu’il avait été défait par Sakayanagi… Mais Horikita avait rejeté l’idée à cause de l’éventualité qu’il pourrait nous trahir, avec Sakayanagi pouvant se servir de tout ça. Malgré tout, Keisei n’avait pas accepté cette décision et avait essayé de lui-même de mener son plan à bien, et cela avait été un échec. Mais tout ça n’avait pas changé quoi que ce soit au cours de l’épreuve.

Moi — … ce n’est pas comme si cela nous avait porté préjudice au final, non ?

Mais ce n’était pas ça qui importait pour Keisei. Et je le savais bien, c’était pourquoi je rajoutais ceci pour le réconforter.

Moi — Katsuragi n’aime pas utiliser des coups fourrés. Si c’était avec Sakayanagi ou Ryuuen, cela aurait été une autre histoire, et il y a de fortes chances que tout cela se serait retourné contre nous.

Yukimura — Ah, de toute manière, j’ai tout avoué à Horikita. Je pense qu’il est normal que je prenne mes responsabilités pour ça.

Il semblait avoir accepté son échec, mais son ton restait amer.

Yukimura — Kitoyaka, tu penses que Katsuragi ne trahira jamais sa classe ?

Moi —  Non, Katsuragi pourrait très bien changer de camp. Tu ne crois pas ?

Yukimura —  Peut-être, qui sait…

Il y avait peut-être 50 % de chance que ça arrive ou 1 %, personne ne pouvait le savoir, et ce n’était pas vraiment le moment pour y penser.

Moi — En fait, si je ne t’ai pas dénoncé à Horikita, c’est tout simplement parce que je n’y ai pas du tout pensé. J’étais tellement préoccupé à propos de mon rôle de chef qui me tombait dessus que je ne pensais à rien d’autre. Dans un sens, c’est autant ma responsabilité que la tienne. Et même si tu avais réussi ton coup, j’aurais tout raté en n’en parlant pas à Horikita et le reste de la classe. Du coup, on est deux à être responsable. 

Maintenant qu’on avait reconnu tous les deux nôtre responsabilité, on pouvait laisser cette histoire derrière nous.

Yukimura — N’empêche, quand j’y pense, j’ai été super naïf. Je n’ai vraiment pas réfléchi au risque que cela comportait, sinon, je n’aurais jamais tenté le coup. 

Même si nous ne pouvions pas effacer le passé, nous pouvions toujours l’utiliser pour changer nos actions dans le futur. Il y avait tant à apprendre de nos erreurs.

Moi— Pour ce qui est de la naïveté, je suis aussi coupable. Parce que je n’ai rien dit du tout.

Yukimura — Je me sens mieux maintenant qu’on en a parlé tous les deux. Tout ça est arrivé parce que j’étais vraiment trop focalisé sur la victoire. Maintenant que la pression est retombée, je me rends compte de ma connerie et j’ai vraiment honte.

Pendant cette examen, la plupart des élèves avaient participé passivement. Keisei, lui, avait vraiment essayé de faire tout ce qu’il pouvait pour mener notre classe à la victoire. Même si son plan était plus que naïf, l’intention était quant à elle, vraiment louable.

Moi — Et Horikita, qu’est-ce qu’elle t’a dit quand tu lui as avoué tout ça ?

Yukimura — Elle ne m’a fait aucun reproche, malgré le fait qu’elle a bien compris que tout ça aurait très bien pu nous mener à notre perte. Elle m’a simplement dit que la prochaine fois que j’avais une idée, je devais absolument lui en parler, et elle m’a conseillé de ne pas trop me précipiter dans ces cas-là.

Il semblait que Horikita avait fait le même constat que moi. Les gens s’amélioraient grâce à leurs erreurs. Si on ne faisait que regarder les résultats et juger les gens uniquement là-dessus, on ne pouvait pas être un bon leader. Bien entendu, si par contre quelqu’un n’arrêtait pas de répéter toujours et encore les mêmes erreurs, là, un jour ou l’autre, il faudrait s’en débarrasser.

Yukimura — Pour être franc, je ne suis toujours pas sûr que Horikita mérite vraiment d’être le leader de la classe. Bien sûr, elle est intelligente et tout, mais peu importe ce qu’elle dit au fond, elle garde toujours cette attitude super condescendante envers les autres. Et c’est vraiment dur pour nos camarades de pouvoir accepter ça. 

Je ne pouvais pas rétorquer quoi que ce soit à ce qu’il pointait là. En tout cas, pas encore. Il était clair qu’elle n’avait toujours pas la trempe d’un vrai leader comme Hirata ou Ichinose.

Yukimura — Mais… c’est pareil pour moi. Je pensais que les capacités athlétiques ne valaient rien, et je regardais de haut tous ceux qui n’était pas intelligents. Nous ne sommes pas si différents, Horikita et moi. 

En effet, le Keisei du début d’année était bien comme ça, tout ça parce que dans les établissements scolaires normaux, c’était uniquement les capacités académiques qui étaient mis en avant. Mais ici, ce n’était pas le cas.

Moi — Le Keisei d’aujourd’hui et celui d’il y a un an sont vraiment bien différent. Tu as bien évolué en un an. 

Yukimura — Ah c’est sûr, le moi d’avant n’y reviendrait pas. Je pense toujours que l’intelligence est super important, mais les capacités physiques, l’aptitude à communiquer et à se faire des amis, tout ça, est au moins aussi important ou du moins nécessaire. Et Horikita aussi l’a compris. Elle a commencé aussi à lentement changer. Elle est beaucoup plus fiable qu’elle ne l’était auparavant, et c’est bien plus facile pour moi de lui faire confiance. 

Moi — Sans doute. 

Keisei ne faisait pas vraiment confiance à quiconque à part les personnes dans notre groupe. C’était pourquoi, ce qu’il venait de dire ici était un immense compliment envers Horikita. Celle-ci avait fini par se révéler à toute la classe et se faire accepter finalement. Non pas parce qu’ils avaient fini par reconnaître ses capacités de leadership ou son intelligence, mais parce qu’elle avait peu à peu fait tomber le mur qui entourait son cœur.

Yukimura — Bien sûr, ce n’est pas pour ça que je vais aveuglément obéir à tout ce qu’elle dira, hein. Si je trouve qu’elle prend une très mauvaise décision, je lui ferais savoir. C’est comme ça qu’il faut réagir, non ? 

Moi — Tout à fait.

Ne croire que ce que l’on trouvait vraisemblable et douter de ce qui nous paraissait suspect, voilà comment tout le monde devrait agir.

Peu importe combien elle nous semblait capable, elle n’en restait pas moins une simple lycéenne.

Elle fera de temps en temps des erreurs comme tout le monde. Et si durant ces moments-là, il y avait des gens pour les pointer, ça ne pouvait être que positif.

Dans notre classe, nous pouvions tous travailler ensemble, d’égal à égal, profitant du talent de chacun pour ainsi surmonter chaque problème.

Ce n’était pas une qualité que pouvait s’offrir les classes de Ryuuen ou de Sakayanagi.

Notre classe opérait de plus en plus à la manière de celle d’Ichinose. Il fallait utiliser ce point fort pour pouvoir réduire l’écart entre les autres classes et la nôtre.

1

Le gymnase.

Élèves comme professeurs s’y étaient rassemblés. Chacun regardait le discours de fin d’année avec enthousiasme. Toutes les figures majeures du lycée, même celles qu’on ne voyait que bien rarement était présentes.

C’était le jour où les élèves de terminale faisaient un gros pas en avant dans leur vie, vers un avenir totalement nouveau pour eux. Il y avait ceux qui allaient vers des études supérieures, ceux qui allait directement vers le monde du travail, et bien sûr aussi ceux qui n’avait rien trouvé de tout ça et avait échoué de trouver leur voie. Mais chacun d’entre eux avait terminé leur enfance et allait entrer à grand pas dans la société en tant qu’adulte.

Cela me faisait réfléchir. Quel serait ma place sur cette estrade dans 2 ans ? À quoi je penserai alors ? Je voulais croire que même après que l’on ait décidé la route qu’allait prendre notre vie, on pouvait toujours conserver tous ces évènements dans notre cœur. J’avais envie de croire que ce que l’on apprendrait ici resterait crucial dans notre vie autant que manger nous était vital.

M. Tsukishiro — A présent, je voudrais inviter ici l’élève qui s’est illustré après trois années de dur labeur lui ayant permis de pouvoir terminer en classe A.

Toute l’assemblée était plongée dans un profond silence.

M. Tsukishiro — J’ai nommé, le représentant de la classe A…

Est-ce que c’était le nom de Horikita Manabu ou un de ses camarades… ? Ça voudrait dire que le dernier examen n’avait finalement pas changé la donne.

La plupart des élèves et même des professeurs étaient venus juste pour ce moment, écoutant attentivement le nom qui allait sortir de la bouche du directeur. Car au final, si on s’inscrivait dans ce lycée, c’était dans le but de finir en classe A.

M. Tsukishiro — Horikita Manabu ! Je te prie de venir sur l’estrade. 

À présent, le cœur de Horikita avait dû être soulagé pour de bon. Malgré tous les coups fourrés qu’avaient dû lui tendre Nagumo, son frère avait finalement réussi à rester en classe A jusqu’au bout. Triomphant, il monta sur l’estrade, plongeant son regard dans les yeux de chacun.

Manabu — Merci. En ce beau jour de début de printemps où les cerisiers sont en fleur, nous avons la chance de pouvoir nous rassembler pour cette cérémonie. 

Il avait commencé son speech en montrant sa gratitude envers la cérémonie en elle-même. Et il poursuivit ensuite en racontant ce qu’il avait vécu durant ces trois années ici.

Manabu — Je me souviens encore parfaitement de mon premier jour dans cet établissement. J’ai tout de suite senti que l’atmosphère était différente ici. Alors que je portais le poids de me forger un avenir, je me suis promis de faire de ces trois années, des années importantes pour ma vie…

Je sentis une sorte de chaleur qui émanait de cette déclaration pourtant très classique. Horikita-senpai me sembla vraiment bien différent de ce président du Conseil des élèves qui nous avait tenu un discours l’an dernier, alors que c’était pourtant la même personne. Et alors que le calme régnait dans l’assemblée, je me rendis compte que ce n’était pas juste Horikita-senpai, mais l’ensemble des élèves de ce lycée qui avait changé durant cette année écoulée.

Manabu — Comparé à ceux que vous étiez l’an dernier, je peux voir du premier coup d’œil que vous avez tous bien évolué, en si peu de temps. 

Horikita-senpai poursuivit son discours, se connectant étrangement à mes pensées. L’an dernier, peu d’entre nous avait porté attention à ce qu’il disait. Tout simplement parce que la plupart d’entre nous ne pouvait le comprendre. Mais maintenant que nous avions expérimentés ce qu’il nous décrivait là, plus aucun de nous ne bavardait, tous portaient leur attention à ses paroles. Ainsi Horikita-senpai nous porta un regard apaisant.

Manabu — Aussi, pour ceux qui s’apprêtent à entrer en terminale, j’espère que vous pourriez guider les autres élèves qui s’apprêtent à suivre vos pas, en conservant l’esprit et la discipline que cet établissement nous enseigne. 

Après quelques minutes, son discours approcha de la fin.

Manabu — L’an prochain et les années qui suivront… La personne qui se tiendra ici comprendra forcément ce sentiment…

Quelqu’un qui donnera une réponse…

Autrement dit, le prochain leader qui aura mené sa classe en A. Pour ce qui était des élèves de première, à l’heure actuelle, nul doute que cela serait Nagumo. Pour nous les seconde, la bataille était toujours en cours. Serait-ce Horikita, Ichinose, Ryuuen ou Sakayanagi ? Ou peut-être une tout autre personne.

Le temps dans cette école passait si rapidement, mais ça n’était qu’un tiers de notre temps ici qui s’était écoulé. Beaucoup de chose allait encore changer, le nombre d’élève ici présent n’allait faire que décroître. Malgré tout, à la fin, le grand gagnant aller se tenir ici et faire un discours.

Très lentement, Horikita-senpai vint à la conclusion de son speech.

Manabu — Merci pour tout. Merci pour ces trois années.

Et après ça, la cérémonie de fin d’année enchaîna sur la prochaine étape.

2

Après que la fin des différents discours, nous, les élèves de seconde, partîmes les premiers. Nous retournâmes alors en classe. Après ça, tous les professeurs, ainsi que les parents, allaient participer à la cérémonie de gratitude et de remerciements. C’était l’occasion pour les élèves et leur parent de montrer leur reconnaissance envers les membres de l’équipe pédagogique qui les avaient guidés tout au long de ses trois années.

La plupart des élèves pouvaient retourner directement chez eux, mais ceux qui avaient leur club ou ceux qui étaient proches d’un des senpai de terminale, voulaient rester jusqu’à la fin de cet évènement. Certains allaient jusqu’à offrir des fleurs, d’autres, simplement montrer leur reconnaissance et ainsi de suite. C’était pareil dans leur comportement, chacun était différent. Certains étaient nerveux comme s’ils étaient mal à l’aise et qu’ils voulaient fuir, d’autres ne tenaient plus en place ou bien étaient parfaitement calme.

***

Mlle. Chabashira — Même si on peut parler de tout ça demain, profitons de ce moment pour faire un point sur l’année qui vient de s’écouler. 

Après que tout le monde se soit assis, voilà ce que Chabasira-sensei nous dit.

Mlle. Chabashira — Pour commencer, parlons de l’examen final…, je vais vous donner mon opinion sur votre confrontation avec la classe A. Franchement, j’ai été vraiment surprise par vos progrès, et je peux vous dire que c’est le cas aussi pour les autres professeurs. 

Malgré la défaite, elle nous félicita de manière assez inattendu. Elle qui d’habitude avait des mots durs à notre encontre.

Mlle. Chabashira — Dès votre arrivée dans cette école, chacun d’entre vous enchainiez erreur sur erreur. Vous vous êtes vraiment amélioré depuis, bravo…

Ike — Mais Sensei, au final on est retombé en classe D…. C’est vraiment pas bon comme résultat, non ? 

Dit-il, en affichant une certaine frustration dans le ton de sa voix.

Mlle. Chabashira — En effet, d’un côté, on pourrait dire que vous êtes retournés à la case départ… Mais ce serait occulter le fait que chacun d’entre vous êtes devenus bien meilleurs. Les résultats ne sont qu’un simple écart de points entre classe. En revanche, si l’on compare la capacité des élèves de chaque classe, vous pouvez faire jeu égal avec les autres. 

Sudou — Vous voir nous faire des compliments, ça fait bizarre. Ça ferait presque flipper. Ne me dites pas que vous avez des arrière-pensées ?

Ce n’était pas une réaction si étrange que ça. Peut-être que tout cela avait un rapport avec le futur examen spécial qui venait très prochainement.

Mlle. Chabashira — Il n’y a aucune raison d’avoir peur pourtant… Je le dis comme je le pense. Depuis 4 ans que je suis professeur ici, c’est la première fois que je vois une classe D qui a su être aussi prometteuse. 

Chabashira-sensei tapota sur le tableau pour avoir de nouveau notre attention avant de poursuivre.

Mlle. Chabashira — Même si la cérémonie de fin d’année est pour demain, souvenez-vous que les cours se poursuivent toujours aujourd’hui. 

Chabashira-sensei arrêta la discussion ici, et mis fin à la classe. Je ne savais pas combien de gens iraient voir un des élèves de terminal qu’il connaissait, mais je me posais surtout la question pour la fille assise à côté de moi. Elle était la sœur de cet élève qui non seulement avait servi le Conseil des élèves en tant que président pendant près de deux ans, mais aussi celui qui avait fait le discours pendant la remise des diplômes. Horikita regarda le tableau noir très longuement, plongée dans ses pensées. Même si je savais bien que si je touchais à ce serpent, il allait me mordre en retour, je tentai quand même ma chance.

Moi — Tu vas y aller ?

Horikita — De quoi tu parles au juste ?

Moi — De… ça devrait être évident pourtant.

Horikita — Tu me demandes si j’ai l’intention d’aller voir mon frère ? Si c’est ça, alors non, je n’en ai pas l’intention.

Alors qu’elle me répondit cela, son regard se tourna ailleurs. Ainsi elle ne comptait pas le voir, huh… ?

Moi — Tu as déjà eu l’occasion de lui parler ?

Horikita — Qu’est-ce que ça peut te faire ? Chacun a ses propres problèmes, tu devrais t’occuper des tiens ou de ceux de quelqu’un d’autre.

Mais en ce moment-même, il n’y avait que toi qui avait un problème.

Moi — Si tu rates le coche, tu n’auras certainement pas d’autre chance d’ici un bon moment. 

Horikita — C’est…

Bien que leur relation n’était plus autant glaciale que durant le début d’année, le fait qu’elle montre autant de réticence à l’idée d’aller lui dire au revoir montrait à quel point leur relation à la base était tendue depuis des années.

Moi — Je vais aller le voir. 

Horikita —  Hmm ? Tu vas aller voir mon frère ?

En effet, vu mon manque d’interaction avec les autres, c’était un fait plutôt surprenant pour elle.

Moi — Même si le courant a du mal à passer entre nous, c’est ma dernière occasion, alors voilà.

Lui dire un bonjour et au revoir ne pouvait pas faire de mal après tout.

Horikita — Est-ce q… 

Moi — Tu veux me demander quelque chose ? 

Horikita — Non, tu peux faire ce qui te chante après tout. 

Mon visage montrait clairement mes doutes sur la raison pour laquelle elle ne voulait pas aller le voir, mais je ne dis rien à haute voix.

Elle se leva.

Moi — Où est-ce que tu vas ?

Horikita — Tuer le temps quelque part. Je n’ai rien à faire de toute manière jusqu’à la fin de la remise de diplômes. Si tu comptes vraiment le voir, est-ce que tu pourrais m’attendre avant ça ?

Moi —  J’y réfléchirai. Combien de temps il te faut ?

Il semblerait qu’elle avait changé d’avis en cours de route.

Horikita — Je ne sais pas. Peut-être une heure, voire deux.

3

Nous étions la veille, le 23 mars, un jour avant la cérémonie de remise des diplômes. Le soir-même suivant la fin du dernier examen, j’avais appelé quelqu’un au téléphone.

— Bonjour… C’est Sakayanagi à l’appareil.

C’était une voix d’adulte, car la personne que j’avais appelée n’était pas Sakayanagi Arisu, mais son père. L’ancien directeur Sakayanagi, qui avait été mis à l’écart à cause d’un piège tendu par Tsukishiro n’avait certainement pas retenu mon numéro.

Moi — Désolé de vous déranger aussi tard dans la nuit, c’est Ayanokôji.

M. Sakayanagi — Eh ? Ayanokôji… ? Ah, Ayanokôji Kitoyaka, huh ?

À la manière dont il avait prononcé mon nom, il semblait que le directeur Sakayanagi avait compris qui j’étais et en fut très surpris. Il fallait que je lui dise tout de suite que je ne l’appelais pas pour lui faire une farce.

Moi — Désolé de vous appeler si subitement

M. Sakayanagi — Oh non, j’étais juste surpris, c’est tout. Comment as-tu eu mon numéro ? 

Moi — Je l’ai demandé à votre fille.

Juste après l’examen final, je l’avais demandé à Sakayanagi qui me l’avait alors donné de suite, sans me poser davantage de question.

Moi — Je me disais bien que vous le donneriez tout de même à votre fille.

Même s’il n’avait pas l’intention de prendre son parti, il avait quand même fait une entorse aux règles, car après tout, un père restait un père et peu importe son titre, il aimait sa fille. En tout cas, c’était ce que j’avais envisagé, mais la réponse du directeur Sakayanagi me montra que la réalité était tout autre.

M. Sakayanagi — Eh ? Arisu ? Pourtant, je ne lui ai jamais donné. Quand et où a-t-elle pu le trouver ? 

Au ton de sa voix qui donnait l’impression qu’il souriait de manière forcé, je pouvais dire qu’il ne semblait pas mentir.

Moi — Est-ce que le numéro du directeur est censé être secret ?

M. Sakayanagi — Bien entendu, même si tous les professeurs le connaissent, il doit y avoir des traces de ce numéro dans des archives accessibles uniquement à des personnes ayant les autorisations adéquates.

Dans ce cas, ce n’était pas bien compliqué de pouvoir obtenir ce numéro pour un élève. Il ne serait pas étonnant que Sakayanagi ait pu l’obtenir si elle en avait envie. Mais il y avait quelque chose qui m’étonnait toujours. Le directeur Sakayanagi était quelqu’un qui était si attaché à l’équité qu’il n’allait pas donner la moindre faveur à sa propre fille, aussi mignonne soit elle. Et dans ce cas, pourquoi avait-elle pris le soin de prendre son numéro ?

Sans doute pour simplement pouvoir lui parler, entre père et fille, mais dans ce cas, pourquoi ne l’avoir jamais utilisé ? Si ça se trouve, elle avait anticipé le fait que j’allais avoir des problèmes un jour. Maintenant, je comprenais mieux pourquoi elle avait l’air si contente quand je lui avais demandé le numéro.

M. Sakayanagi — Donc, pourquoi est-ce que tu m’appelles si soudainement ?

Plutôt que de se focaliser sur comment sa fille avait pu avoir son numéro, il sembla plutôt s’intéresser à moi.

Moi — Est-ce qu’il y a une règle qui interdit que je vous appelle ?

Je devais d’abord confirmer cela. Si c’était bien le cas, alors il aurait mieux valu que je mette fin à l’appel.

M. Sakayanagi — En fait, il n’y a aucune règle à ce sujet, alors tu peux continuer. Mais personnellement, je pense qu’il faudrait que cela ne tarde pas trop, alors entre dans le vif du sujet, veux-tu ? 

Moi — Directeur Sakayanagi, j’ai entendu dire que vous avez été mis à l’écart pour soupçon de fraude, est-ce bien vrai ?

M. Sakayanagi — Voilà une question bien directe, surtout de la part d’un simple élève. C’est assez inapproprié de demander ça au directeur, tu sais ?

Au final, il avait simplement évité la question. Mais c’était un sujet directement lié avec ce dont je voulais lui parler. Alors je décidais d’insister un peu.

Moi —  Si possible, pourriez-vous répondre à ma question ?

M. Sakayanagi — …Ayanokôji-kun, je ne sais pas ce que tu cherches, mais je ne peux pas répondre à ta question. Et je n’ai aucune raison de le faire. 

Moi — Parce qu’il serait inapproprié pour un élève de le savoir ?

M. Sakayanagi — Oui, tout cette histoire n’a rien à voir avec toi. 

En effet, son refus était bien naturel.

Moi — Je sais tout ça. Cependant, j’ai mes propres raisons.

La première chose à faire était de lui indiquer ma situation.

M. Sakayanagi — Bien que tu aies tes raisons pour demander cela, il n’en reste pas moins que tu es un élève de ce lycée. Même si c’était Arisu qui me le demanderait, ma réponse ne changerait pas. Tu comprends bien ?

Sa manière de tout expliciter sans laisser la moindre place pour une zone d’ombre montrait bien qu’il excellait dans l’art de la communication.

Moi — Bien sûr. Le rapport que j’ai avec vous est un simple rapport entre un élève et son directeur, il n’y a rien de plus que ça. Ça je l’ai bien assimilé.

Et ce n’était pas parce que la situation était particulière que ce fait là changerait.

M. Sakayanagi — Si tout cela est bien clair, arrêtons-nous-en là et faisons comme si cette appel n’avait pas eu lieu, veux-tu ?

Moi — Non, car si vous faites cela, il me sera impossible de pouvoir me débarrasser de cet intrus qui s’est infiltré dans cet établissement.

Avec ça, il devrait avoir compris la situation dans laquelle je me trouvais.

M. Sakayanagi — Tu es en train de dire qu’il y a un intrus dans ce lycée ?

Moi — Par intrus, je veux parler du futur directeur Tsukishiro.

J’allais directement dans le vif du sujet car y aller plus lentement ne servait à rien.

M. Sakayanagi — Qu’est-ce que M. Tsukishiro a fait ?

Le ton de la personne de l’autre côté du fil avait changé pendant un court instant. Et parce que cela était survenu après que le nom de Tsukishiro soit prononcé et que je me suis souvenu de la volonté d’impartialité du directeur Sakayanagi, une connexion se fit tout de suite dans mon esprit.

Moi — Durant l’examen final qui a eu lieu aujourd’hui-même et qui est censé permettre aux élèves de montrer leur capacité, M. Tsukishiro a utilisé son influence pour modifier le résultat de la compétition. Est-ce que vous étiez au courant de cela ?

M. Sakayanagi — Je n’ai jamais rien entendu de tel. Alors comme ça, il est intervenu lors d’un examen ? Qu’est-ce qu’il s’est passé plus précisément ? 

Le directeur Sakayanagi semblait vraiment ne pas être au courant de tout ça, en tout cas, il avait là une réaction qui collait parfaitement à cette possibilité.

Moi — Vous vous trouvez suspecté de fraude, et comme par hasard, M. Tsukishiro est nommé à votre place et se permet de modifier le résultat d’un examen. Quelqu’un pourrait penser que ce concours de circonstance est assez suspec quand on sait que vous êtes attaché à l’impartialité.

Après que j’eus dit ceci, le directeur Sakayanagi sembla prendre un peu de temps pour réfléchir. Bien que tout ceci soit lié à la White room, je n’en restai pas moins un élève, et donc n’étais pas vraiment quelqu’un avec qui il devrait parler de ces affaires d’adultes. Mais vu que tout ce qui était arrivé était lié à moi, cela devrait changer la donne. Cependant, il devait être au courant de tout ça depuis le départ. Mais tant qu’il n’y avait aucun dégât visible, il ne pouvait se permettre de prendre aucune mesure.

M. Sakayanagi — Pourquoi M. Tsukishiro ferait une telle chose ? C’était déjà quelqu’un de très influent. Il n’aurait aucune raison de prendre quelqu’un comme moi pour cible. Venir dans ce lycée pour intervenir lors d’un examen ? Je ne vois pas l’intérêt derrière tout ça. 

C’était la confirmation dont j’avais besoin. Cette confirmation de si oui ou non il était prêt à me partager des informations d’égal à égal.

Moi — L’objectif de Tsukishiro est de me faire expulser d’ici. C’est l’unique raison de sa présence ici. 

M. Sakayanagi — S’il n’y a aucune preuve de ça, je ne peux rien faire d’autre qu’en douter. 

Moi — Je le sais bien, mais je n’ai pas vraiment le temps pour essayer de vous convaincre. Car cette personne est prête à tout pour atteindre son but, que ce soit par des moyens détournés ou non. 

Tout allait dépendre de combien le directeur Sakayanagi connaissait mon père. S’il n’était pas plus familier que ça avec lui, alors il ne serait pas capable de bien saisir. Mais après la dernière conversation que l’on avait eue, je pouvais supposer le contraire. Il devait bien savoir de quoi il était capable.

M. Sakayanagi — Tu veux dire que Sensei… je veux dire, ton père essaye de te récupérer en l’utilisant ?

Voilà le fait sur lequel on pouvait se reposer pour nous donner une raison à communiquer. Et maintenant qu’il l’avait lui-même établi, on pouvait entrer dans les choses sérieuses.

M. Sakayanagi — Tu as dit que M. Tsukishiro était intervenu durant l’examen de tout à l’heure. Mais est-ce qu’il y a eu des effets visibles à tout ça ?

Bien entendu, le directeur Sakayanagi ne savait rien de ce qu’il s’était passé. Si tel avait été le cas, nul doute qu’il aurait essayé d’intervenir de son côté.

Moi — Je vais tout expliquer en détail. 

A la fin de l’examen, Tsukishiro avait pris le contrôle de l’ordinateur qui commandait chacun de mes coups, pour pouvoir modifier mes instructions à sa guise. Tout ça dans le but de me faire perdre mon point de protection.

Même si ça n’avait changé le cours que d’une seule partie dans l’examen, cela avait bouleversé le résultat final. Avec une victoire en plus, notre classe se serait frayée un chemin vers le haut du classement au lieu de retomber en classe D.

Après lui avoir expliqué tout ça, les réticences du directeur Sakayanagi s’estompèrent totalement car Tsukishiro était prêt à faire tout cela rien que pour expulser un élève. Et cela n’allait certainement pas s’arrêter là d’ailleurs. Il aurait pu remettre en cause tout ce que je disais mais il connaissait bien mon père.

M. Sakayanagi — J’ai du mal à croire que ton père mette tout ça en œuvre juste pour t’expulser d’ici. Je savais qu’ils allaient mettre en place tout un nouveau système, mais je ne pensais pas que tout ça n’était que dans le but de te récupérer. 

Officiellement, tout ça a été mis en place pour le bien de tous les élèves et pour apporter des mesures novatrices à l’établissement. Mais au final, ce n’était en effet qu’un moyen comme un autre de m’expulser.

M. Sakayanagi — Tu me dis que ton père va être prêt à tout pour t’expulser ? Je comprends pourquoi tu m’as contacté. Pour un simple élève comme toi, tu n’as aucune chance. Tu as donc besoin de mon aide ?

Moi — Plus ou moins.

J’étais bien obligé de l’admettre. Il me fallait combattre le feu par le feu. Ces problèmes au sein même de la hiérarchie de l’école ne pouvaient être réglés que par quelqu’un y appartenant également. Aussi, c’était quelqu’un qui pouvait facilement entrer en contact avec le nouveau directeur.

M. Sakayanagi — Mais avant ça, j’ai besoin de confirmer quelque chose. 

Moi — Je vous écoute. 

Peu importe si je pouvais répondre à sa question ou non, je m’étais préparé à pouvoir le satisfaire du mieux possible.

M. Sakayanagi — Contre M. Tsukishiro, tu n’as aucune chance. C’est pourquoi tu as pris la peine de me contacter. Ta situation doit être critique mais tu parais pourtant incroyablement calme. 

Je voyais là où il voulait en venir.

M. Sakayanagi — Peut-être que tu te méprends sur ce point, alors je vais te l’expliquer tout de suite, mais je n’ai plus la position ni la capacité pour pouvoir réaliser ce que tu souhaiterais. 

Le directeur Sakayanagi ne pouvait controler Tsukishiro. Et si je l’appelai pour qu’il réalise ça, alors je faisais erreur.

M. Sakayanagi — En ce moment même, comme j’ai l’impression que tu le sais déjà, je dois me dépêtrer d’une affaire où je suis accusé de fraude, et je ne suis pas certain de pouvoir m’en tirer si facilement. Si jamais tu en attends trop de moi, ça risque de compliquer les choses encore plus, que ce soit pour toi ou pour moi. 

Il avait délibérément marqué la dernière partie de cette phrase.

Moi — En effet, tout ça aurait été un problème, si je vous aurais appelé pour avoir de l’aide. 

M. Sakayanagi — Que veux-tu dire ? 

Moi — Jusque-là, mon objectif avait toujours été de vivre une vie tranquille sans trop attirer l’attention, et ce, dès le moment où je m’étais inscrit ici. 

Passé trois années ici comme un élève ordinaire, c’était ce que je voulais expérimenter du plus profond de mon cœur.

Moi — Pour la première fois de ma vie, j’avais mes propres objectifs et j’essayais de les réaliser. 

M. Sakayanagi — Oui, je le sais bien et c’est d’ailleurs pourquoi j’avais accepté ton inscription ici. 

Même si je ne savais pas concrètement comment tout ceci s’était goupillé, au final, j’étais là grâce à tout ça et je lui en étais reconnaissant.

Moi — Cependant, si je laisse ce nouveau directeur là où il est, je n’aurais aucune garantie que ce que j’ai obtenu puisse continuer. 

Nul doute que Tsukishiro allait utiliser des moyens que lui permettait sa position et que je ne pouvais même pas anticiper. Et des simples mesures de ma part ne pourraient pas contrer une personne qui avait autant de cartes dans son jeu. Autrement dit, vu ce que j’avais à ma disposition en ce moment même, j’avais perdu d’avance.

M. Sakayanagi — Et donc c’est pour ça que tu es venu me demander mon aide, non ? 

Moi — Je ne vous ai pas contacté pour que vous arrêtiez Tsukishiro. Par contre, j’ai besoin d’une assurance dans le cas où de grands troubles arriveraient au sein du lycée. Vu que l’adversaire compte bien utiliser des méthodes déloyales alors je vais devoir faire de même. Je…[…].

M. Sakayanagi — Si tu m’as appelé, c’est donc simplement pour ça… 

Moi — Oui, lorsqu’un évènement inattendu surviendra dans cette école, j’aurais besoin d’une figure importante derrière moi. 

Je ne demandais donc pas une aide pour pouvoir mettre hors-jeu Tsukishiro, mais juste de quoi diminuer son pouvoir d’influence, pour qu’il n’y ait pas de fâcheuses conséquences qui me tombent dessus quand j’aurai réussi à me débarrasser de lui.

C’était un peu comme si je m’apprêtais à utiliser un couteau face à un agresseur pour le poignarder volontairement et que j’avais juste besoin d’un témoin qui pouvait certifier que ce n’était que de la légitime défense.

L’aide de quelqu’un faisant partie de l’administration de l’école me serait indispensable à ce moment-là. Le directeur Sakayanagi serait même ma carte maîtresse quand tout cela arrivera.

Mais ce n’était pas vraiment une aide que je demandais, mais plutôt un échange de bon procédé. Si l’accusation de fraude menée par Tsukishiro était balayée, nul doute que la position du directeur Sakayanagi au sein de l’école serait rétablie. Ainsi les deux parties étaient gagnant.

Mais il restait encore certaines hésitations de son côté à placer autant d’espoir dans ce qui était à ses yeux un simple enfant, alors je devais encore éliminer un de ses doutes.

M. Sakayanagi — Mais tu peux vraiment arrêter M. Tsukishiro ? Cela semble pourtant impossible pour un simple élève. 

Moi — C’est vrai que la position de proviseur lui donne un énorme avantage. Lui ne serait pas contraint de partir après avoir échoué à un simple examen, ce qui est une différence énorme par rapport à ma situation. 

On pouvait aussi ajouter à cela qu’il n’allait sans doute jamais attaquer lui-même directement, ce qui diminuait encore plus les chances pour moi de pouvoir lancer une contre-attaque en arrivant à montrer une fraude de sa part.

Moi — Vu que je ne peux pas attaquer le premier, je vais tout simplement surveiller ce qu’il est en train de faire, puis j’aviserai. 

M. Sakayanagi — Mais es-tu vraiment sûr de pouvoir survivre à l’une de ses attaques ?

Moi — Je dois mettre en place quelques petites choses pour ça. Déjà, il faut que j’étende mon réseau de personnes susceptibles d’accomplir le travail de terrain dont j’aurais besoin. Ensuite, il me faudra profiter de sa principale faiblesse, à savoir que le temps joue contre lui. Et ainsi je pourrais facilement me débarrasser de sa personne.

Si Tsukishiro était biensous les ordres de cette existence problématique alors il n’avait pas beaucoup de temps devant lui pour pouvoir exécuter ses plans. S’il n’arrivait qu’à m’expulser d’ici un ou deux ans, ce serait complètement futile. Pour pouvoir avoir une vraie victoire, la grande bataille devrait avoir lieu juste après les vacances de printemps, en avril. Si jamais je gagnais, cela suffirait à le mettre dos au mur. Et dans ce cas, il fallait s’attendre à ce qu’il prenne des mesures radicales. Et quand ce moment viendra, j’avais déjà fait le nécessaire pour pouvoir me débarrasser une fois pour toute de lui.

M. Sakayanagi — Je ne pense pas que ce soit quelque chose que devrait dire un élève à propos d’un membre éminent du corps administratif de son lycée. Si ça avait été quelqu’un d’autre, une bonne réprimande aurait été une réponse appropriée, mais vu qu’il s’agit du fils de Sensei, d’une certaine manière je l’accepte très bien. 

Moi — Face à quelqu’un qui mérite le respect qu’on doit lui accorder, j’aurais adopté une attitude adéquate. Mais ici, on parle d’une personne qui ne se gêne pas d’intervenir dans une compétition entre élèves dont les affaires ne le concernent pas.

Le directeur Sakayanagi n’eut rien à redire à ça.

M. Sakayanagi — Soit, mais comment comptes-tu concrètement l’arrêter ? 

Moi — Avant tout, j’aurais besoin de quelqu’un faisant partie du staff de l’école, qui voudrait bien coopérer dans cette lutte contre Tsukishiro. Si l’on pouvait le surveiller de près, alors on pourrait entraver quelque peu sa liberté et l’empêcher de pouvoir agir aussi facilement à sa guise comme il vient de le faire. 

C’était essentiel pour pouvoir contrecarrer ses plans. Je n’avais pas besoin de quelqu’un de spécialement haut placé, juste quelqu’un d’assez déterminé pour s’opposer à lui suffirait.

M. Sakayanagi — Oui, c’est assez évident. Je doute qu’il existe un moyen de le contrecarrer sans ça.

Le directeur Sakayanagi avait parfaitement compris où je voulais en venir. Mon problème c’était que je n’avais aucune idée de ce qui se passait dans les coulisses de l’école. À qui on pouvait faire confiance, et à qui il ne fallait pas se fier. Y avait-il quelqu’un avec un minimum de sens de l’équité qui ne prendrait pas partie pour Tsukishiro. Ce choix allait être crucial et je n’avais aucune donnée pour pouvoir le prendre. Par contre, ce n’était pas le cas pour le directeur Sakayanagi, qui semblait bien songeur à l’autre bout du fil. Lui savait à qui confier notre destin à tous les deux.

M. Sakayanagi — Est-ce que tu sais pour Chabashira-sensei ? Je lui avais demandé de prendre soin de toi.

Moi — Oui, elle semblait au courant pour ma situation.

M. Sakayanagi —  Oui, et vu que ton cas est assez incroyable, c’est déjà un très bon point pour commencer.

En effet, mais savoir si elle était utilisable ou non était une tout autre histoire.

Moi — C’est vrai qu’on ne peut pas ignorer l’option de quelqu’un qui est déjà au courant pour moi. Il est vrai qu’il serait difficile d’expliquer mon cas à une personne sans que cela ne paraisse être un canular inventé de toute pièce. Si on arrivait à mettre Chabashira-sensei de notre côté, elle pourrait toujours nous servir d’intermédiaire pour pouvoir confirmer mes dires et ainsi, je paraîtrais plus crédible.

M. Sakayanagi — Effectivement, dans ce cas, Mashima-sensei, le responsable de la classe A me semble la personne idéale. Ça risque en effet d’être un peu délicat au début, mais si tu arrives à lui faire comprendre la vérité, alors il s’opposera de lui-même à Tsukishiro. C’est quelqu’un qui pense avant tout à l’intérêt des élèves en premier lieu. Je peux t’assurer qu’il suivra toujours ses propres convictions. 

S’il n’y avait pas d’autre recours, ça ne me gênait pas trop. Savoir qu’il y avait un professeur juste à côté avec ce profil m’allait parfaitement.

M. Sakayanagi — J’ai beaucoup d’estime pour Chabashira-sensei et lui. Je pense qu’ils feront des alliés de poids.

Moi — Je vois. Donc je n’ai plus qu’à parler à Chabashira-sensei en premier, puis je ferais en sorte qu’elle prépare le terrain pour que tout se passe bien avec Mashima-sensei, c’est bien ça ?

M. Sakayanagi — Ce ne sera pas si simple. Il y a des gens un peu partout, et des caméras de surveillance dans toutes l’école. Il faut d’abord que tu réfléchisses bien au lieu et au moment du rendez-vous. 

Tsukishiro ne pouvait pas me surveiller 24 heures sur 24 et 7 jour sur 7, mais malgré tout, il devait avoir mis en place un système pour l’alerter si je faisais quelque chose de suspect. Si jamais il découvrait que je m’étais entretenu avec Mashima-sensei, nul doute que cela attirerait son attention.

Moi — Dans ce cas, est-ce que vous avez des suggestions à me donner ? 

Après tout, vu que c’était celui qui connaissait mieux cet établissement, c’était lui le plus à même à savoir comment procéder.

M. Sakayanagi — Si tu as l’intention d’agir le plus tôt possible, alors voici ce que tu devrais faire. Après la cérémonie de fin d’année, tous les professeurs et les élèves de terminale vont se retrouver ensemble, et la tradition veut que le directeur doit présider les festivités. Autrement dit, M. Tsukishiro sera forcé d’y participer. Tu auras donc le champ libre. Qu’il le veuille ou non, il ne peut échapper à ses devoirs.

Moi — Cela veut dire qu’il aura des problèmes si jamais il néglige son rôle de directeur ?

M. Sakayanagi — Tout à fait. 

Pour avoir plus de marge de manœuvre, Tsukishiro était contraint de se montrer plus efficace que M. Sakayanagi. Voilà une autre de ses faiblesses.

Moi — Est-ce que les professeurs de seconde doivent y participer aussi ? 

M. Sakayanagi — Cette célébration est censée durer 90 minutes, mais ça ne pose absolument pas de problème si un professeur ou deux s’éclipse 20-30 minutes avant la fin. C’est normal de partir plus tôt, à part pour le directeur et les professeurs de terminale. Pour ce qui est du lieu, le hall d’accueil sera parfait, vu qu’il n’y a pas de caméra là-bas. 

Et de plus, il n’y aura rien d’étonnant qu’un élève et un professeur s’y retrouve, tandis que ça ne serait pas du tout le cas si je les faisais venir dans une chambre.

Moi — Je n’ai aucune objection à cette proposition. 

M. Sakayanagi — Très bien. Je vais brièvement parler de tout ça à Chabashira-sensei, mais c’est à toi de décider de ce que tu leur diras exactement pendant votre entrevue. Si tu n’arrives pas à les convaincre, alors le mieux serait de tout abandonner. 

Moi — Ça ne posera pas de problème. 

Vu que c’était le directeur Sakayanagi lui-même qui allait nous mettre en contact, les convaincre après ça n’allait pas être difficile. J’avais réussi à obtenir une aide bien plus importante que je ne l’avais espérée.

Moi — Très bien, merci pour tout, et désolé de vous avoir dérangé aussi tardivement. 

M. Sakayanagi — Pas de soucis. Ah, oui, est-ce que je peux te demander quelque chose d’assez inapproprié ? 

Moi — Inapproprié ?

M. Sakayanagi — Je suis ravi que tu sois venu dans cet école et que tu puisses y vivre ton rêve de lycéen normal, mais as-tu déjà réfléchi à ce que tu veux faire plus tard ? Comme par exemple, le travail que tu veux effectuer ou bien là où tu voudrais aller ?

Moi — Je ne sais pas jusqu’où vous allez comprendre ma réponse, mais mon destin est déjà scellé. 

M. Sakayanagi — Ce qui veut dire…

Moi — Après mes trois années passées ici, je retournerai à la White Room et pour y devenir le nouveau chef. Cette personne m’a entraîné toutes ces années pour ça. 

Dès le moment où j’allais quitter les murs de cet établissement, la protection qu’ils me conféraient disparaitrait. Peu importe où j’irai, il s’en prendra alors à moi en utilisant tous les moyens à sa disposition.

M. Sakayanagi — Tu as donc accepté ce destin… et malgré tout, tu es venu ici.

Moi — Et c’est aussi la raison pour laquelle je veux protéger ces précieuses trois années. 

En des termes plus triviaux, j’étais juste dans ma phase rebelle. Je désobéissais à mon père pour faire ce que je voulais.

M. Sakayanagi — J’espère que ce passage ici deviendra un moment mémorable dans ta vie. 

Moi — Merci, je le souhaite aussi. 

Après avoir raccroché, je me sentis soulagé.

Bien que je ne savais pas jusqu’où je pouvais lui faire confiance, je savais qu’il n’était pas du côté de Tsukishiro.

De plus, sa fille faisait partie de la même promotion que moi, et ça allait être un de mes avantages dans le futur.

Très certainement.

4

C’était la conclusion de ma conversation avec le directeur Sakayanagi, hier soir. Et maintenant, j’étais en train de me rendre dans le hall d’accueil. J’étais devant la porte et me demandais si j’étais le premier arrivé ou non.

Moi — Excusez-moi.

Après avoir toqué à la porte, je rentrai dans la salle d’accueil et Chabashira-sensei me salua. Elle se tenait debout devant la fenêtre et me regarda.

Mlle. Chabashira — Tu es bien en avance, Ayanokôji. Il reste bien 10 minutes avant l’heure du rendez-vous.

Chabashira-sensei me fixait, épiant bien comment j’allais lui répondre. Je pouvais plus ou moins imaginer ce qu’elle devait avoir en tête quand le directeur Sakayanagi lui avait parlé de la situation.

Moi — Ce n’est pas vraiment beaucoup en avance. Et vous êtes bien plus en avance que moi. 

Le sofa était inoccupé, mais aucun de nous deux ne dénia s’y asseoir.

Moi — Où est Mashima-sensei ? 

Mlle. Chabashira — J’ai déjà eu un petit entretien avec lui, mais il n’aurait pas été très prudent que l’on arrive ici en même temps. C’est un coup très osé que tu fais là, Ayanokôji. Je pensais que tu voulais vivre une vie bien tranquille pourtant. 

Moi — Vous avez beau dire ça, mais vous êtes celle qui a voulu y mettre un terme en premier lieu. 

Avant que Mashima-sensei n’arrive, j’allais jouer un peu avec Chabashira-sensei.

Mlle. Chabashira — Peu importe les circonstances, ce n’est jamais comme ça qu’un élève doit parler à son professeur. Tu vas avoir besoin de corriger ton attitude. 

Moi — Pourtant je trouve plutôt que mon attitude est appropriée, considérant que ce vous avez fait par le passé n’était pas vraiment ce qu’un professeur pouvait se permettre de faire non plus. 

Chabashira-sensei qui voulait absolument que la classe D arrive à se hisser en A, était allée jusqu’à me menacer pour y arriver. Depuis, j’avais toujours ressenti un sentiment de méfiance… non, de dégoût, vis à vis d’elle.

Chabashira-sensei détourna son regard, semblant un peu honteuse. Si elle n’avait pas essayé de m’utiliser de manière aussi éhontée, mais qu’elle s’y serait pris de façon plus détournée, peut-être que j’aurais eu un peu plus de respect pour elle. Mais son désir d’atteindre la classe A était trop fort. Non, en fait peu importe, elle n’aurait jamais pu me persuader de changer d’attitude. Car depuis un an, ma situation avait radicalement changé.

Mlle. Chabashira — Je sais que tu me détestes, alors pourquoi avoir fait appel à moi, Ayanokôji ? 

Voilà pourquoi elle se sentait si mal à l’aise. Mais elle n’était qu’un moyen pour moi d’avoir Mashima-sensei dans ma main. Après, il était vrai aussi que j’aurai pu le faire sans elle, mais pourquoi diminuer mes chances ? Aimer et détester quelqu’un n’avait rien à voir avec le fait de gagner ou perdre.

Cependant je ne trouvais pas utile de répondre à son interrogation.

Moi — Il est certain que je ne vous porte pas dans mon estime. 

Mlle. Chabashira — En effet… 

Moi —  Jusqu’où vous a-t-il expliqué la situation ?

Mlle. Chabashira — Juste que nous étions censés te retrouver ici à cette heure, pour parler d’une chose très importante. Il m’a demandé de t’aider.

Donc elle ne savait rien pour Tsukishiro, huh… Le directeur Sakayanagi voulait vraiment me laisser libre de choisir de faire les choses comme je l’entendais.

Mlle. Chabashira — Donc, qu’est-ce que tu nous veux au juste ? 

Moi — Ça sera pour quand Mashima-sensei sera là. Je n’ai pas envie de devoir me répéter deux fois. 

Mlle. Chabashira — Je ne sais pas ce qu’il en est, mais si tu veux que je coopère avec toi, tu ne devrais pas plutôt surveiller un peu plus ton attitude ? 

Elle semblait vouloir me montrer qu’elle n’était pas prête à obéir bien docilement.

Mlle. Chabashira — En tant que professeur, j’obéis aux instructions du directeur Sakayanagi, mais ces ordres ne sont pas non plus absolus. Est-ce que tu saisis ce que cela signifie ? 

Moi — Vous détestez tant que ça mon attitude ? 

Mlle. Chabashira — Oh que oui. Tu es peut-être excellent mais tu n’en restes pas moins un simple élève de seconde. Et même si c’était une confrontation entre classes, tu as été battu par Sakayanagi à l’examen final. Il semblerait que tu n’es pas cette extraordinaire capacité que j’espérais de toi, finalement. 

Oh je vois, je l’avais donc déçu.

Mlle. Chabashira — Si tu avais ces capacités que j’espérais, là encore, j’aurai pu tolérer cette attitude. Cependant, si c’est tout ce dont tu es capable, c’est une tout autre histoire. 

Bien que Chabashira-sensei était tenue par ses devoirs en tant que professeur, elle n’allait pas contre son gré aller au-delà de ses devoirs. Ainsi, si elle allait m’aider ou non allait dépendre de ce que j’allais dire ensuite. Elle pourrait même rejoindre le côté de Tsukishiro si ça ne lui convenait pas. Lui rappeler qu’elle n’avait plus aucun moyen de me contrôler serait contre-productif on dirait, huh.

Moi — Je comprends, je vais donc changer d’attitude, Chabashira-sensei. 

Mlle. Chabashira — Quoi ? 

Elle ne s’attendait visiblement pas que je me montre plus complaisant rien qu’avec la petite résistance qu’elle m’avait montrée. D’ailleurs, elle ne semblait pas vraiment m’avoir cru et devait penser que je voulais juste changer de sujet. Mais l’idée qu’on pouvait m’amadouer devait s’être un peu ancré dans son esprit tout de même. Il ne me restait plus qu’à dire les mots magiques qu’étaient « la possibilité de gagner » et le tour était joué.

Moi — J’ai changé d’avis. À partir d’avril, je vais sérieusement viser la classe A. 

Mlle. Chabashira — C’est une plaisanterie ? Entre ça et l’organisation de cette entretien, qu’est-ce que tu mijotes ?

Moi — C’est la stricte vérité. J’ai prévu qu’en fin de cette année, nous passerions en classe C. Vu la différence de point, je ne peux garantir d’arriver en A tout de suite. Par contre arriver en classe B prochainement est une possibilité. 

C’était ce qu’elle désirait le plus au monde. De passer de la classe D à la classe A. C’était quelque chose qui n’était jamais arrivé, et j’étais le seul ticket qui lui donnait une chance de pouvoir réaliser ce miracle.

Mlle. Chabashira — Tu as beau le dire, rien ne garantit que tu vas tenir ta parole.

Moi — C’est vrai… mais est-ce que vous laisseriez tomber cette unique carte qui vous donne encore une chance de votre main ?

Qu’importe que la carte soit vraie ou fausse, c’était déjà mieux qu’une main sans rien.

Mlle. Chabashira — Je te l’ai pourtant dit tout à l’heure. Tu as perdu dans le dernier examn, 3 à 4 certes, mais une défaite reste une défaite, et peu importe que le facteur chance a été important dans celui-là, je ne tolérerai aucune excuse. 

A nouveau, elle me redit la même chose que tout à l’heure, en appuyant encore davantage sur la dernière partie.

Mlle. Chabashira — « Peu importe qui est en face de moi, peu importe le test, je vais vous montrer que je peux vaincre. » Il semblerait que j’avais trop d’attente envers toi la dernière fois, quand je t’ai entendu dire ça.

Elle voulait vraiment pouvoir croire à cette belle histoire, il semblerait. Parfait.

Moi — Justement, au cours de cet entretien, vous aurez l’occasion de voir la vérité sur tout ça. 

Mlle. Chabashira — La vérité ?

Moi — Vous n’aurez juste qu’à m’écouter jusqu’au bout, et si ce que je vous dis ne vous plaît pas, libre à vous faire ce qui vous chante. 

Et avant que Chabashira-sensei n’eut le temps de pouvoir répondre, un coup très sec à la porte l’interrompit.

Mlle. Chabashira — Entrez…

Aussitôt, Mashima-sensei entra à son tour dans la salle d’accueil.

Mlle. Chabashira — Je vois que tout le monde est déjà là. 

Et juste après lui.

Sakayanagi — Yahallo.

Une élève de la classe A, Sakayanagi Arisu. Elle l’avait suivi. Voilà une invitée bien inattendue. Je ne me souvenais pas qu’elle devait faire partie de cette histoire, ni que Mashima-sensei prendrait l’initiative de l’inviter.

Sakayanagi — Je suis de la classe A, donc si l’on me voit avec Mashima-sensei, ça ne devrait pas poser de problème, non ?

Il n’y avait pas besoin de le préciser, mais Sakayanagi avait dû simplement suivre Mashima-sensei de son propre chef.

M. Mashima — J’ai reçu une notification de la part de Chabashira-sensei. Et Sakayanagi m’a dit qu’elle était liée à tout ça. Elle est donc venue aussi.  

Le directeur Sakayanagi avait très certainement contacté sa fille après notre appel, pour confirmer que j’avais eu son numéro grâce à elle. Mais cela n’expliquait pas pourquoi elle serait liée à ce qu’on allait discuter ici. Était-elle là sous les ordres de quelqu’un ou par simple curiosité ? Il y avait 9 chances sur 10 que ce soit la deuxième possibilité.

Moi — Aucun souci. Cela fait partie des possibilités que j’avais envisagées.

Sakayanagi opina de la tête avec un léger sourire.

Alors, sans même un regard vers Chabashira, Mashima ferma la porte. Il semblerait de son côté, Chabashira n’arrivait pas à comprendre ce que Sakayanagi faisait ici, et c’était la même chose du côté de Mashima. Mais peu importe. Toutes les personnes qui devaient être là, étaient réunies dans la même pièce, alors je devais bien profiter des quelques minutes qui m’étais accordées.

M. Mashima — Ayanokôji… Apparemment, tu as quelque chose à nous dire, huh ? Et c’est le directeur Sakayanagi en personne qui nous a fait passer le message, en plus de nous dire de nous éclipser de la cérémonie pour ça. Alors tout ça doit être très important je suppose. Qu’est-ce que ça veut dire ? 

Moi —  Justement, entrons tout de suite dans le vif du sujet.

Je les invitai tout d’abord à s’asseoir. Mashima céda sa place à Sakayanagi, ce qui était bien normal vu son handicap mais c’était surtout un moyen pour Mashima de rester debout les bras croisés, pour m’indiquer qu’il n’était pas là pour m’obéir au doigt et à l’œil. Qu’il finisse par s’asseoir ou non dépendrait du contenu de la discussion qu’il allait y avoir.

Tous les trois me fixèrent. Le temps m’était compté. Je voulais parler sans détour, mais je n’étais pas certain qu’ils puissent comprendre si je procédais ainsi. Le plus simple était de commencer par parler de Tsukishiro.

Moi — Si je vous ai demandé de venir ici, c’est pour vous parler de quelque chose d’important. Cela concerne M. Tsukishiro.

M. Mashima — Que veux-tu dire exactement ?

Il ne me laissa pas poursuivre plus loin, en m’interrompant ici, l’air un peu confus. En effet, ce n’était pas étonnant qu’en entendant cela d’un simple lycéen, il ait eu une telle réaction. Chabashira non plus ne semblait pas pouvoir suivre la conversation bien tranquillement. Sakayanagi qui n’aurait pas dû être présente, était la seule à me regarder bien sagement, en me souriant malicieusement. C’était là l’image typique qu’on se faisait de Sakayanagi.

Moi — Les récents évènements sont en train de bousculer le lycée dans son ensemble et on ne peut plus se permettre de l’ignorer. Pour pouvoir rétablir la situation, j’espère que je pourrais compter sur vous deux pour m’aider, tout en gardant tout ceci confidentiel.

M. Mashima — Je pensais que c’était pour quelque chose d’important. Est-ce que tout ceci n’est qu’une blague, Chabashira-sensei ? 

Mlle. Chabashira — Je n’avais aucune intention de me moquer de toi. Est-ce que tu m’as pris pour Hoshinomiya-sensei ?

M. Mashima — Tu as beau dire ça mais je ne vois pas en quoi tout ceci n’est pas une grosse mascarade. Désolé, mais je dois vous laisser, j’ai une cérémonie qui m’attends.

Il ne semblait pas avoir du temps pour écouter les délires d’un simple lycéen.

Mlle. Chabashira-sensei —  C’est ça que tu voulais, Ayanokôji ?

Moi — Je ne sais pas. Même si vous me demandez de l’expliquer, je ne pourrais pas répondre. Comme je m’apprêtais à vous le dire, j’ai juste préparé cette réunion sous les ordres du directeur Sakayanagi. J’ai tout autant besoin d’autres explications pour savoir ce qu’il en est vraiment. 

Les deux professeurs me regardaient avec suspicion, mais je poursuivis mon explication comme si de rien était.

Moi — Si je vous disais que je suis la raison pour laquelle M. Tsukishiro a remplacé M. Sakayanagi, après avoir été suspecté pour fraude ?

M. Mashima — Quoi ? 

Même en allant directement au cœur du sujet, cela ne rendait pas la tâche plus facile. Cela n’avait fait que rendre les doutes de Mashima plus grand.

M. Mashima — Ça n’a pas de sens, en quoi tu serais lié à tout ça ?

En effet, cette interrogation était naturel. Il était inimaginable qu’un simple élève puisse ainsi bouleverser la hiérarchie de toute une institution. Sans doute valait-il mieux commencer par leur raconter ce qui était arrivé lors du dernier examen.

Moi — Laissez-moi vous expliquer ce qu’il est arrivé.

Mais avant que je n’eus le temps, Sakayanagi me coupa pour intervenir en levant la main.

Sakayanagi —  Je m’excuse mais ça ira si c’est moi qui explique ? 

Sakayanagi semblait avoir anticipé ce qui était en train de se passer et avait proposé d’expliquer tout ça elle-même.

M. Mashima — Sakayanagi, tu es en train de dire que tu sais ce qui est en train de se passer ?

Sakayanagi — Je suis désolée pour cette inconvenance, mais en effet, je comprends un peu mieux la situation que vous chers professeurs.

Il semblerait qu’elle avait décidé d’intervenir car il était plus simple et rapide que ce soit un intermédiaire qui explique la situation que le principal concerné. Je lui donnai alors mon feu vert en hochant la tête et Sakayanagi tourna son attention vers Mashima.

M. Mashima — Es-tu en train de dire que tu sais tout ça de la bouche du directeur.

Sakayanagi — Non, c’est simplement toutes les informations que j’ai pues récolter çà et là. Ayanokôji et moi… hmmm, comment dire… Pour faire simple, nous sommes des amis d’enfance.

Elle avait dit ça très joyeusement. Bien que je ne savais pas vraiment comment nos deux professeurs allaient le prendre, je pouvais dire tout du moins qu’ils en furent surpris.

Mlle. Chabashira — Je n’aurais jamais imaginé ça.

Sakayanagi expliqua alors un peu plus en détail ce qu’elle voulait dire par là.

Sakayanagi — C’est le terme le plus proche de la réalité. Mais ce n’est pas là l’important. Laissez-moi vous expliquer ce qui est arrivé durant le dernier examen. Comme vous le savez, la confrontation entre lui et moi fut déterminante pour le résultat du classement final.

M. Mashima — Et donc ?

Bien entendu, nos deux professeurs attendaient plus de précisions.

Sakayanagi — Et si je vous disais que quelqu’un avait interféré dans notre duel et avait changé le résultat de notre match, bouleversant ainsni le résultat final de cette épreuve ? Est-ce que cela serait pris au sérieux ?

M. Mashima — Les examens suivent des règles bien strictes. Il n’est pas possible qu’il y ait ce genre de problème.

Sakayanagi — Pourquoi affirmez-vous que ce test a été tenu en suivant bien toutes les règles. Aucun d’entre vous deux n’étaient là pourtant, non ?

Les professeurs ne pouvaient être assignés à la surveillance des matchs de leur classe. Ainsi, ça avait été les professeurs des classes d’Ichinose et de Ryuuen qui avait supervisé notre duel. Ils n’avaient ainsi tous deux aucun moyen de savoir si tout c’était passé dans les règles.

Sakayanagi — J’étais celle qui aurait dû perdre la partie d’échec, Ayanokôji aurait dû en être le vainqueur. 

Mlle. Chabashira — Ayanokôji aurait gagné ? Pourtant, j’ai bien vu les résultats et j’ai aussi bien vu ce qu’il s’était passé durant la partie. 

Si elle savait tout ça, c’était parce que cette défaite signifiait la chute de sa classe en D, voilà pourquoi elle avait été si attentive au résultat.

Sakayanagi — Vous ne comprenez toujours pas ?

Sakayanagi avait utilisé cette question pour les titiller.

M. Mashima — Qu’est-ce que tu es en train d’insinuer ? Que le directeur Tsukishiro aurait manipulé les résultats de cette partie d’échec ? Pourtant Sakagami-sensei et Hoshinomiya-sensei était tous deux présent pour la surveillance et n’ont reporté aucune irrégularité. 

Sakayanagi — Ce qui a été altéré, ce n’est pas le résultat en lui-même, mais le déroulement de l’épreuve. Et cela a été fait de façon à ce qu’en regardant la partie, on ne voit rien de suspect. Les instructions validées par la machine n’ont tout simplement pas été celles entrées par Ayanokôji. Elles ont été modifiées de l’extérieur et tout le monde n’y a vu que du feu. 

« Cette fois-ci, est-ce que vous avez bien saisi ? », était ce que leur avait demandé Sakayanagi explicitement. Et cela avait au moins réussi à briser leur réticence initiale.

Mashima avait pour la première fois un point d’interrogation qui s’affichait sur son visage. Le doute avait commencé à s’installer et faisait son petit bonhomme de chemin.

Sakayanagi — Il est bien étrange que pour une simple partie d’échec, on mette en place un si gros dispositif, non ? Mais tout cela devient bien normal si l’on suppose que le directeur Tsukishiro avait mis tout ça en place pour pouvoir modifier le cours de la partie comme il le voulait.

Sakayanagi avait mélangé les faits avec quelques bluffs pour en faire un très alléchant cocktail. Elle donnait vraiment l’impression de dire là une vérité évidente, alors qu’elle n’avait aucune preuve de ses dires. En tout cas, cela avait dû paraître comme tel pour nos deux professeurs. Et elle l’avait dit en des phrases si brèves qu’elles ne leur laissaient pas le temps de pouvoir digérer tout ça.

Sakayanagi — Seul son dernier coup qui lui a été fatal a été modifié et ainsi, Horikita-san l’a appliqué sans s’apercevoir de rien. En revanche, si elle avait pu jouer celui qu’Ayanokôji avait vraiment eu en tête, j’aurais perdu. Est-ce que vous comprenez maintenant ? La raison de tout ça ?

Comme si elle s’amusait de leur capacité à comprendre, Sakayanagi souriait.

M. Mashima — Tu insinues que le directeur Tsukishiro aurait manipulé les instructions du dernier coup ?

Mlle. Chabashira — Pour pouvoir faire perdre le point de protection d’Ayanokôji, car son véritable objectif serait de le faire renvoyer ?

Il y eut un court moment durant lequel les deux professeurs se turent. Puis Mashima-sensei comme reprenant ses esprits me demanda.

M. Mashima — Tu confirmes ce que vient de dire Sakayanagi, Ayanokôji ?

Moi — Tout s’est bien déroulé comme elle l’a expliqué. 

M. Mashima — Je dois admettre que ce que vous dites là est plausible. Et vu que j’ai été son professeur pendant près d’un an, je comprends dans une certaine mesure la personnalité de Sakayanagi et sa façon de penser. Si elle aurait voulu perdre délibérément contre toi pour une quelconque raison, elle aurait choisi une tout autre stratégie pour le faire.

En effet, en tant que leader de la classe A, ce ne serait pas dans son intérêt d’associer sa figure personnelle dans une défaite, et d’un autre côté, si elle voulait ma victoire pour des raisons personnelles, il y avait bien d’autre moyen pour ça, bien plus conventionnels.

Mlle. Chabashira — Cependant, à part vos propres dires, il n’y a aucun moyen de prouver ces irrégularités, n’est-ce pas ? Et tout ça est bien trop farfelu pour s’en contenter. Qu’est-ce que tu en penses ?

Chabashira demanda l’opinion de Mashima qui avait écouté attentivement.

M. Mashima — Peu importe ce que moi j’en pense, l’important c’est que tout ceci serait bien difficile à faire accepter à qui que ce soit.

Mlle. Chabashira — Moi, personnellement, je pense qu’il y a un fond de vérité dans ce qu’ils disent. Cela coïncide bien avec le fait que depuis la venue du directeur Tsukishiro, il se passe des choses bien étranges.

M. Mashima — Si tu penses cela uniquement à cause d’un pressentiment alors je n’ai même pas à considérer la chose. C’est du même niveau que d’avoir la foi dans les chances de victoire de ta classe.

Il avait répondu bien froidement à Chabashira malgré notre présence à tous les deux. Puis il se tourna vers nous.

M. Mashima — Est-ce que vous avez des preuves ?

Moi — Si je dis que nous avons entendu tout ça de la bouche de Tsukishiro lui-même, est-ce que vous nous croiriez ?

M. Mashima — Évidemment que non.

Ça rendait en fait tout cette histoire encore plus invraisemblable. Pourquoi quelqu’un qui agirait en prenant soin de ne laisser aucune preuve commettrait une telle imprudence ? De toute manière, si on interrogeait l’intéressé, il nierait tout en bloc, et cela, tout le monde ici le savait bien.

M. Mashima — Et il est surtout incroyable que le directeur Tsukishiro mette tout ça en place uniquement pour faire renvoyer un simple élève.

Moi — Effectivement.

M. Mashima — Je n’ai pas envie de douter de la bonne foi de mes élèves, et je suis bien certain qu’ils ne sont pas assez stupides pour mentir bêtement. Mais sans preuve… 

Ainsi, il nous déclarait qu’il n’était pas prêt à agir sans preuve, huh.

M. Mashima — Dis-moi, Ayanokôji…qui es-tu exactement ?

Que le directeur Sakayanagi était accusé subitement de fraude, et que le directeur Tsukishiro le remplace si subitement, et que tout ça soit manigancé pour me faire expulser… Que le centre d’intérêt se porte alors sur mon identité était la suite logique des choses. Devais-je lui répondre moi-même ou laisser quelqu’un d’autre lui expliquer ?

M. Mashima — Est-ce que tu sais ?

Il se tourna vers Chabashira-sensei qui avait très étrangement bien voulu croire qu’il y avait un fond de vérité dans nos dires. Et il se doutait que cela venait forcément de quelque chose de plus substantiel qu’un simple instinct.

Mlle. Chabashira — Pour être honnête, je ne peux pas dire que je sais grand-chose de lui.

Elle se tourna vers moi en me regardant froidement, mais je ne fis comme si de rien était. Il n’y avait aucun mal à ce que Mashima apprenne un peu d’informations superficielles sur moi.

Mlle. Chabashira — J’ai regardé les résultats des examens d’entrée d’Ayanokôji, et il a eu 50 à tous les sujets, ce qui est très certainement bien particulier, tu en conviendras.

M. Mashima — 50 partout, hm ? Tu veux dire qu’il a fait exprès d’avoir un tel résultat, c’est bien ça ?

Mlle. Chabashira — Si tu cherches à enquêter un peu plus sur lui, tu t’en rendras compte.

M. Mashima — Hmm, intrigant, en effet. Mais à part le fait qu’il cherche délibérément à baisser son niveau académique, cela n’a rien de bien extraordinaire. N’importe quelle élève avec de bonnes capacités pourrait y parvenir s’il le voulait. C’est juste vouloir le faire qui est par contre bien étrange.

Mlle. Chabashira — Il faut ajouter à cela que lorsque Ayanokôji a été admis ici, le directeur Sakayanagi m’a personnellement demandé de le surveiller, car c’était un élève très spécial. 

M. Mashima — Vraiment, il a dit ça ? Et c’est pour ça que tu le crois ?

Mlle. Chabashira — Plus exactement, il m’a confié la tâche de lui rapporter tout inconvenance à l’encontre de Ayanokôji.  De ce que j’en sais, son père est quelqu’un de très influent et il ne voulait pas qu’il entre dans cette école en premier lieu. Le directeur Sakayanagi a dû user de divers recours assez pour pouvoir le faire admettre ici.

M. Mashima — Donc tu es entré ici sans l’accord de ton père ? Il semblerait que le directeur Sakayanagi avait lui aussi des idées en tête pour utiliser de telles méthodes.

Sakayanagi — Mon père et le sien sont de lointaines connaissances. Voilà pourquoi il a décidé d’agir, par inquiétude pour la voie qu’on avait tracé pour Ayanokôji. Cependant, c’est là que les problèmes ont commencé. M. Tsukishiro a manigancé l’éviction de mon père en fabriquant de fausses preuves contre lui. Il espère maintenant expulser Ayanokôji.

Voilà tout ce que Mashima-sensei avait besoin de comprendre.

M. Mashima — Le père était contre que son fils entre dans ce lycée, alors il a envoyé M. Tsukishiro ici…

Par ce biais, il comprenait à quel type d’individu il avait à faire. Car il fallait une certaine autorité et influence pour pouvoir mettre tout ça en œuvre.

M. Mashima — Il n’avait pourtant pas besoin d’en faire autant. Il aurait suffi qu’il vienne s’en plaindre à l’école elle-même. 

Mlle. Chabashira — C’est ce qu’il avait déjà fait. Il a déjà eu un entretien entre lui, le directeur Sakayanagi et Ayanokôji il y a quelques temps. 

M. Mashima — Son père a donc déjà eu recours à cette voie ?

Moi — « Oui. Comme l’a dit Chabashira-sensei, j’ai parlé avec le directeur Sakayanagi et mon père. Vous pouvez même le vérifier par vous-même, les caméras de surveillance ont dû tout enregistrer.

M. Mashima — Et pourtant tu es toujours là. Est-ce que ça veut dire que le directeur Sakayanagi a refusé sa demande ?

Mlle. Chabashira — Oui.

Mashima voulait absolument une confirmation, ce que lui donna Chabashira.

Mlle. Chabashira — Ce n’est pas si étonnant. Après tout, le directeur Sakayanagi tient plus que tout à respecter la volonté des élèves. Mais par contre, que cela a eu pour conséquence que le directeur Tsukishiro prenne les commandes ici, juste dans le but de de faire expulser Ayanokôji, ça allait au-delà de ce que je m’imaginais.

Sakayanagi — Ce qui n’est pas si étonnant, par contre, c’est que vous ayez si peu conscience de la situation actuelle. 

Sakayanagi n’avait pu s’empêcher de rebondir sur ce que disait Chabashira.

Mlle. Chabashira —  Et toi en revanche, tu sembles bien confiante sur le fait de parfaitement la saisir.

Sakayanagi — En effet, après tout, je connais bien mieux Ayanokôji que vous, Chabashira-sensei.

Elle affichait là son si caractéristique air de supériorité.

Sakayanagi — Voyez comment je suis simplement venue ici, sans la moindre invitation, sans pour autant que cela ne le dérange nullement.

Présentant des faits incontestables, Sakayanagi semblait jubiler.

M. Mashima — Finalement, j’ai pu percevoir le tableau dans son ensemble. Tout n’est pas clair, mais au moins je comprends bien la partie du père qui veut récupérer son fils. Ceci, je peux l’accepter comme un fait.

Mashima avait compris ce qu’on lui avait expliqué, mais ne pouvait pas encore l’accepter dans son entièreté.

M. Mashima — Mais bien que je ne connaisse pas jusqu’où va l’influence du père d’Ayanokôji, je ne vois pas trop pourquoi il en viendrait jusque-là pour le faire renvoyer. Ça semble tout à fait grotesque. 

Sakayanagi — Parce que Ayanokôji possède un talent exceptionnel comparé à la norme. 

M. Mashima — J’ai jeté un œil au résultat du dernier examen d’Ayanokôji. Avec sa capacité de calcul, de rapidité de réflexion ou aux échecs, il est clair qu’il fait partie de l’élite. Mais il y a bien d’autres élèves de sa trempe ici, alors je ne vois pas en quoi ça ferait de lui quelqu’un de si exceptionnel.

Sakayanagi — Mashima-sensei, je ne vais pas rejeter votre manière de procéder pour juger de la véracité de nos dires, mais est-ce que vous avez déjà essayé de chercher une meilleure explication aux derniers évènements qui ont eu lieu ? Tout d’abord, mon père qui porte une attention toute particulière à Ayanokôji, et ensuite M. Tsukishiro qui vient le remplacer et essaye de manœuvrer pour le faire expulser. Quelle autre raison voyez-vous pour expliquer ces faits ?

Les bras croisés, Mashima-sensei avait fermé les yeux.

Mlle. Chabashira —Mashima-sensei, tu as dû aussi avoir la même conclusion. Tu pourras toujours chercher les preuves qu’il te faut plus tard.

Après un petit moment, il ouvrit les yeux et nous regarda tous les trois.

M. Mashima — Comme je l’ai dit, je veux bien croire qu’un père a envie de récupérer son fils. Le reste est bien trop farfelu à mes yeux. Et pour le premier point, je ne vois pas en quoi cela me concernerait. Du coup, s’il n’y a que ça, je n’ai plus rien à faire ici. 

Cependant, au lieu de partir, c’était comme s’il attendait quelque chose.

M. Mashima — Tu n’as pas l’intention de tout me dire, huh ? 

Il semblait avoir compris que je n’avais pas l’intention de tout dire. Et de toute manière, il serait bien plus gênant pour moi qu’ils sachent tous la vérité.

Moi — Oui, de toute manière, ce n’était pas comme si c’était très utile pour la suite.

Si je devais leur expliquer pour la White room, ça n’aiderait pas à avancer, pire, cela ajouterait encore plus de confusion. Surtout chez quelqu’un comme Mashima qui se basait principalement sur le bon sens pour orienter ses actions.

M. Mashima — Et si je refuse de coopérer ?

Moi — Pas de problème, je n’ai pas vraiment l’intention d’insister, même s’il me sera difficile de pouvoir venir à bout du directeur Tsukishiro. Il est si simple pour lui de pouvoir tricher durant les examens sans que je puisse y faire grand-chose, que ce soit pendant un examen ou dans une autre situation.

Maintenant, la suite allait dépendre de si j’avais bien jugé de quel genre de personne était Mashima.

M. Mashima — Es-tu en train de me tester, Ayanokôji ? Très bien, dans ce cas, tout ce que je peux te dire, c’est que pour les prochains examens, je veillerais personnellement à ce qu’il n’y ait aucune irrégularité, que ce soit de la part du directeur Tsukishiro ou d’un autre tiers.

Finalement, il avait bien pris mon parti. Par contre, ce n’était pas encore bien clair pour la personne à côté de lui.

Mlle. Chabashira — Mashima-sensei, tu te rends bien compte que ce ne sera pas une mince affaire ? Même s’il était vrai que le directeur Tsukishiro a fait une entorse aux règles pour une quelconque raison, il se pourrait bien que l’on se fasse renvoyer si l’on ne prend pas assez de précaution. 

Ce n’était pas un choix à faire à la légère, voilà ce dont elle voulait s’assurer qu’il ait bien compris avant de se lancer elle aussi. S’opposer à Tsukishiro, peu importe la forme et les raisons, c’était risquer leur place en tant que professeur.

M. Mashima — Bien entendu, je ne crois pas un mot de ce qu’il a dit. Mais si tricherie il y a, cela doit être sévèrement puni, c’est aussi simple que ça. J’ai le devoir de faire respecter les règles du lycée, voilà tout. 

Mlle. Chabashira — Mais Mashima-sensei, tu n’as pas non plus besoin de t’investir personnellement dans un nouveau problème aussi épineux. Tu as déjà subi une réduction de salaire pour ce que tu as fait lors du dernier examen…  

Tout ceci avait eu l’air de piquer la curiosité de Sakayanagi, car elle se permit d’intervenir.

Sakayanagi — Une réduction de salaire ? Qu’est-ce que vous avez fait exactement ? 

M. Mashima — Ce n’est pas une histoire qui te concerne. 

Moi — Est-ce que cela a un rapport avec la confrontation entre les classes B et D ? Dans plus ou moins longtemps, on finira bien par avoir plus de détails sur cette affaire, et si tout cela a un rapport avec une fraude de la part du directeur Tsukishiro, il vaut mieux l’apprendre le plus tôt possible.

Mlle. Chabashira — Non, cela n’a rien avoir avec ce dont tu as parlé.

Elle avait répondu à la place de Mashima qui ne semblait pas décidé à vouloir parler. En tout cas, jusqu’à ce moment.

M. Mashima — Très bien, je vais vous le dire… Pour la confrontation entre la classe B et la classe D, la dernière épreuve était un match de judo. Cette épreuve était proposée bien évidemment par la classe D, avec Yamada Albert en tant que combattant. Alors qu’Ichinose avait perdu toute confiance dans ses chances de victoires, elle fut incapable de choisir quelqu’un pour combattre.

Mlle. Chabashira — Il semble en effet qu’aucun élève de seconde ne puisse battre un tel élève au judo de toute manière.

M. Mashima — Il n’empêche qu’Ichinose se devait de choisir quelqu’un. Or au final, on a choisi totalement aléatoirement, ce qui est fort fâcheux. Vous vous doutez de comment et pourquoi ? 

Si jamais le temps pour choisir les participants aux épreuves était dépassé, alors un élève aléatoire parmi ceux qui n’avait pas encore participé à aucune épreuve été désigné d’office. Cela voulait dire qu’une fille aurait très bien pu devoir s’y coller.

M. Mashima — Bien sûr, il n’y aurait pas eu de problème s’ils avaient admis tout de suite la défaite. Mais c’était de la classe B dont on parle. Aucun d’entre eux ne se serait rendu sans combattre, tout ça pour épauler Ichinose. 

Et de l’autre côté, on avait Albert qui n’aurait pas hésité à utiliser toute sa force, peu importe qui il avait en face. Voilà le gros problème bien fâcheux dont il parlait.

Mlle. Chabashira — Voilà pourquoi Mashima-sensei a pris la décision d’accorder la victoire à la classe D, sans même que le combat n’ait lieu. Mais le directeur Tsukishiro n’a pas semblé apprécié cette décision.

M. Mashima — Peu importe. Que ça soit un danger pour des élèves, ou une tricherie quelconque, je l’arrêterai. Ce n’est rien d’autre que mon devoir. C’est ainsi que j’enseigne les choses à mes élèves. 

Et voilà pourquoi il ne regrettait rien, même si c’était sa vie qui s’en voyait bouleversé.

Moi — Il semblerait que l’on ne puisse pas vous arrêter, huh…

M. Mashima — Ma détermination est déjà forgée depuis longtemps, en effet. Et ce depuis le jour où j’ai décidé d’être professeur.

C’était une chose bien facile à dire, et bien plus difficile à réaliser, mais il semblait que je pouvais lui faire un minimum confiance là-dessus.

Mlle. Chabashira — Tomonari…non…Mashima-sensei, c’est ce que tu veux vraiment ? Alors je ne t’arrêterai pas.

Sakayanagi — Peut-on dire que la négociation a été une réussite ?

Elle me souffla ceci d’un air satisfait, alors que j’hochai la tête pour confirmer. Chabashira quant à elle, choisit de s’en aller, vu son collègue avait statué.

Mlle. Chabashira — Vu que Mashima-sensei a l’air d’être bien décidé, alors je vais juste l’aider de mon côté, voilà tout. Est-ce que ça te va, Ayanokôji ?

Moi — Ça me va… tant que j’ai l’un de vous deux de mon côté.

Mlle. Chabashira — Je suppose que cet entretien, est terminé ? Je ne dirais rien à personne, il en va de soi.

Moi —  Bien sûr.

Moins il y avait de professeurs au courant, moins il y avait de chance que mes actions ne fuitent. Et si c’était le cas, alors il était certain que Tsukishiro renforcerait encore davantage sa vigilance.

Sakayanagi — Et moi aussi, tu pourras me compter parmi tes alliées. 

M. Mashima — Sakayanagi, même si tu es une connaissance d’Ayanokôji, tu auras des problèmes si tu lui donnes un traitement de faveur. 

Sakayanagi — Qu’est-ce que vous racontez ? Bien entendu que je vais le traiter différemment des autres ? C’est mon droit, voilà tout. 

M. Mashima — Ton droit ? 

Sakayanagi — Tout à fait. Bien que le contexte est une compétition entre classe, il y a bien d’autres circonstances qui s’y ajoutent aussi. Les relations, qu’elles soient ceux de deux amis, deux amants ou de pires ennemis, tout cela peut influer sur la volonté de suivre ou non l’intérêt de sa propre classe. Ces liens peuvent permettre de franchir les barrières entre classes bien facilement, vous savez ? Après tout, n’est-ce pas le cas pour le lycée… non… la société dans son ensemble ?

Sakayanagi semblait très attachée à argumenter sur le droit d’avoir quelqu’un de spécial, pour qui les règles ne comptaient pas.

Sakayanagi — Même si je laissais toutes les personnes de la classe A mourir pour sauver Ayanokôji, nul ne pourra me blâmer pour ça, même les professeurs. Ceux à blâmer sont les victimes elles-mêmes, qui n’aurait jamais dû se laisser trahir comme ça.

Mashima n’avait rien à réfuter à ce qu’elle disait là, par contre ce n’était pas pour autant qu’il n’avait rien à objecter.

M. Mashima — Mais ce genre de traitement spécial n’est peut-être pas ce qu’il souhaite.

Sakayanagi — Que voulez-vous dire ?

Moi — Jusqu’au renvoi du directeur Tsukishiro, je vais me contenter d’observer, mais après, ça sera une toute autre histoire. Si jamais la classe A se met en travers du chemin de la classe D, je n’hésiterai pas à la détruire, sans aucune pitié. 

Sakayanagi — Vraiment ? J’ai hâte de voir ça !! 

Mashima-sensei sembla cette fois-ci accepter la détermination de son élève.

M. Mashima — Je me doute de la réponse, mais pour être tout à fait sûr, il n’y a aucune preuve d’une quelconque irrégularité commise par le directeur Tsukishiro, n’est-ce pas ?

Moi — Si elle a existé, elle a été effacée depuis. En chercher une serait une perte de temps à mon avis. 

M. Mashima — Si c’est le cas, alors tout ce qu’il reste à faire, c’est d’attendre au prochain examen.

Nos professeurs savaient bien mieux que nous quel genre d’épreuve nous allions avoir à faire en première. Ils étaient donc les mieux placés pour savoir quoi faire pour contrer Tsukishiro.

M. Mashima — ça va faire plus de 30 minutes que nous sommes là, et il ne serait pas bon si l’on remarque que l’on s’est absentés trop longtemps. Vous deux, sortez les premiers, et nous partirons chacun à notre tour, chacun de son côté.

Moi — Très bien.

Sakayanagi et moi sortîmes et marchâmes côte à côte dans le couloir.

Sakayanagi — C’était une manœuvre bien risquée mais c’est grandement positif que d’avoir réussi à avoir Mashima-sensei dans notre poche. En tant que responsable des seconde, il est celui qui est le plus proche du directeur. 

Moi — Même si ça ne le stoppe pas, rien que le fait de pouvoir un peu le contraindre serait déjà un résultat amplement suffisant. 

Sakayanagi — En revanche, ce sens de la justice est une sacrée faiblesse. C’est là le gros désavantage que de devoir l’utiliser.

Moi — Oui, même si d’un côté, cela peut être utile, dans bien des cas, ça le rend totalement inutilisable.

Sakayanagi — S’il se retrouve trop impliqué, Mashima-sensei se fera très certainement renvoyé. De toute manière, au vu de son caractère, ce n’était qu’une question de temps.

A en croire son visage, elle semblait très contente en disant ça.

Moi — Tu as l’air heureuse. 

Sakayanagi — Oui. Si je suis venue, c’est parce que je pensais que ça serait très drôle. Je t’ai ennuyé ? 

Elle m’avoua tout ça, sans aucune gêne.

Moi — Non, et puisque ça n’a fait qu’augmenter les chances de mettre Mashima-sensei à mon service, je ne peux que t’en remercier.

Sakayanagi — Très bien, c’est parfait alors. 

Elle tourna son visage vers moi, et me sourit de plus belle. Néanmoins, ce sourire-là était différent de celui de tout à l’heure. Il était empli de haine.

Sakayanagi — Cette fois-ci, je ne laisserai personne nous déranger au cours d’une de nos confrontations. 

Elle était vraiment en colère contre ce que Tsukishiro avait fait. Après cela, elle jura de mettre celui-ci à terre et ne retrouvera la paix qu’à son renvoi.

Sakayanagi — L’ennemi qui se pavane devant nos yeux se montre vraiment négligent, et nous devrions nous en débarrasser le plus vite possible.

Aux yeux de Tsukishiro, nous n’étions que de simples lycéens. Peu importe ce qu’on entreprenait, cela ne l’affectait en rien. Si c’était vraiment comme ça qu’il pensait, alors il commettrait immanquablement des erreurs.

Sakayanagi — Ayanokôji, jusqu’au beau jour où il sera renvoyé, laisse-moi travailler avec toi sur ce projet, veux-tu ? 

Moi — Merci pour ton aide.

Que je puisse lui faire confiance ou non, n’était plus une question. Après les quelques interactions que j’avais eues avec elle, je commençais à bien la cerner.

5

Après leur départ, Mashima exprima son opinion à Chabashira.

M. Mashima —  Je n’arrive pas à y croire

Mlle. Chabashira — Et moi donc, Mashima-sensei. Mais ce qu’Ayanokôji-kun a dit était vrai.

M. Mashima —  Interférer avec le fonctionnement interne de l’établissement, tout cela pour un seul élève ?

S’exclama Mashima-sensei. Peu importe combien de personnes autour de lui auraient témoigné, cela aurait toujours été difficile à croire.

Mlle. Chabashira — Tu as observé Ayanokôji depuis un an, Chabashira-sensei, alors qu’est-ce que tu en penses ?

Mlle. Chabashira — C’est une question difficile.

Comme ils ne pouvaient pas rester longtemps, ils quittèrent la salle une minute après le départ d’Ayanokôji et de Sakayanagi.

Mlle. Chabashira — À première vue, il ressemble à un lycéen normal, des plus banals.

Les autres professeurs des autres classes le voyaient sûrement ainsi. C’est à peine s’ils pouvaient mettre un visage sur son nom. 

Mlle. Chabashira — Mais il est double face, c’est déconcertant. Ces yeux qui voient à travers tout, ce ne sont pas les yeux d’un enfant.

M. Mashima —  Quand même…  

Mlle. Chabashira — Oui. Une élève de 2nde qui a déjà atteint ce niveau…

M. Mashima —  Bien que je ne sois professeur que depuis quelques années, j’ai vu beaucoup de types d’élèves. Si nous nous concentrons sur les deux dernières années, Horikita Manabu et Nagumo Miyabi sont ceux qui ne sont pas passés inaperçus.  

Mlle. Chabashira —  C’est vrai.

Ces deux élèves combinaient l’excellence académique et sportif, sans équivalent parmi leurs pairs, ainsi qu’une rare capacité de leadership en plus de cela.

M. Mashima —  En les comparant à ces deux-là, les 2nde de cette année m’ont donné l’impression d’être loin de ce niveau. Bien sûr, certains peuvent les égaler sur certains points, mais pas sur tout en même temps. Dans l’ensemble, quelle est, selon toi, l’étendue des capacités d’Ayanokôji ?

Mlle. Chabashira — Ma réponse aura-t-elle un impact sur ce que tu feras dans le futur ?

M. Mashima —  Non, pas du tout. Quel que soit le type d’élève qu’est Ayanokôji, je ne permettrai pas au directeur par intérim Tsukishiro de faire ce qu’il veut. C’est juste par curiosité.

Mlle. Chabashira — La curiosité… C’est inhabituel pour toi. Enfin, pour te répondre, j’essaie encore de le découvrir moi-même.

Chabashira était aussi l’une des personnes qui voulait en savoir plus sur Ayanokôji. C’était vrai qu’elle ne pouvait donc pas apporter de réponse satisfaisante.  

M. Mashima —  C’est vraiment une question difficile.

Mashima, à contrecœur, croisa les bras.

 M. Mashima —  À l’origine, les professeurs devaient maintenir une certaine distance avec les élèves. Former des relations aussi étroites n’est pas la meilleure chose à faire.

Mlle. Chabashira — Et pourtant. Il nous faut nous débarrasser du directeur par intérim Tsukishiro le plus rapidement possible.

M. Mashima —  Mais après l’avoir éliminé, est-ce que ça va vraiment être la fin de tout ça ?

Mlle. Chabashira — Qu’est-ce que tu veux dire ?

M. Mashima —  Même si nous exposons le directeur intérimaire, il n’y a aucune garantie qu’il n’y aura pas une autre personne envoyée par la suite. Dans ce cas, la situation d’Ayanokôji va continuellement nous mettre dans le pétrin… Selon la situation, même l’école elle-même pourrait en souffrir.

Mashima exprima ses craintes. Bien sûr, même après avoir dit cela, il ne voulait pas abandonner les élèves.

M. Mashima —  La façon dont cette situation se déroule, c’est comme si je m’enfonçais de plus en plus dans les sables mouvants. Cela me fait peur.

Mlle. Chabashira — Oui.

Si cela continuait, les autres élèves risquaient aussi d’en pâtir.  Et c’était quelque chose que les professeurs se devaient d’empêcher par tous les moyens.  

 M. Mashima —  Mais j’espère avoir tort…

Les deux enseignants imaginaient ce qui pouvait se passer dans le futur et prièrent pour que ce ne soient que des craintes sans fondement.

6

Après avoir passé le reste du temps à suivre la fin de la conversation avec les professeurs et Sakayanagi, je retournai au gymnase

Bientôt, les terminale au centre de cette grande cérémonie allait quitter ce lycée.  Les gens autour de moi attendaient avec impatience leur arrivée. À mesure que ce temps approchait, l’anxiété des 2nde et des 1ère semblait augmenter.

Certaines des terminale partaient directement après la cérémonie de remise des diplômes, mais peut-être que certains restaient, voulant faire quelques dernières petites choses ici.

Combien de personnes étaient présentes au total ? D’après ce que j’ai pu voir, il y avait environ 100 personnes.  Il y avait une personne que j’ai reconnue, qui se tenait à une petite distance du groupe principal.

Moi — Tu es vraiment venue.

Je saluais Horikita, qui se tenait au milieu de la foule en attente, mais n’ait eu droit qu’à un regard soutenu en guise de retour.

Horikita —  …Qu’est-ce qu’il y a de mal à ça ?

Moi — Rien, je suis juste impressionné.

Horikita —  Impressionné ? Je ne sais pas ce que tu veux dire par là.

Moi — Je me disais que l’ancienne toi ne serait pas venue.

Horikita semblait un peu mécontente de mes éloges.

Horikita —  Vraiment ? Je n’ai pas changé d’un iota. Je suis toujours moi.

Elle nia son changement.  La peur de se remettre en question ? Non, elle n’était juste pas prête à l’admettre devant les autres.  

Quelques instants après, la cérémonie prit fin. C’était officiellement terminé.

C’était maintenant la dernière chance pour les diplômés de communiquer officiellement avec les autres élèves. Après la fin de l’évènement, une première vague de terminale sortit. La plupart d’entre eux étaient heureux, mais certains ne souriaient pas. Était-ce à cause de la solitude qu’ils ressentaient après avoir quitté l’école, ou de l’échec de ne pas avoir été diplômés de la classe A ? Si c’était ce dernier cas, alors il était bizarre que la plupart des élèves ne soient pas en détresse. Même, en regardant bien, je pouvais bien voir qu’il y avait aussi des élèves en dehors de la classe A qui avaient des expressions de joie.

Moi —  Qu’est-ce que tu en penses ?

J’ai demandé à Horikita son avis sur la situation.

Horikita —  Même si le raccourci vers leurs rêves a été coupé, ils peuvent encore utiliser leur propre force pour le réaliser en passant par les chemins conventionnels. Tant qu’ils en ont les capacités, c’est possible.

La vie continuait, quoi.  C’est-à-dire que beaucoup d’élèves avaient fait face à la réalité et avaient sûrement pensé à un plan B.  En regardant ça sous un autre angle, on pouvait se dire déjà que les trois années qu’ils ont passées étaient déjà très impressionnantes.

Certains terminale étaient retournés dans leurs dortoirs sans dire un mot mais la majorité d’entre eux étaient restés.

Les traces de ces trois années que les étudiants avaient endurées ici étaient maintenant aussi visibles que des cicatrices. L’ancien président du Conseil des élèves, Horikita Manabu, était toujours là. Personne ne s’était encore réuni autour de lui, ce devait donc être une bonne occasion pour que Horikita l’approche. Au fond de son cœur, Horikita se réjouissait de cette opportunité, et pourtant elle ne faisait pas un seul pas.

Moi — Tu devrais y aller.

Horikita — Je sais.

Je n’avais pas besoin de le lui dire. Horikita n’était là que parce qu’elle voulait parler avec son frère. Mais son corps ne voulait pas bouger.  Pendant son moment d’incertitude, de plus en plus d’élèves se rapprochèrent de Manabu.

Rien n’allait bouger alors je me décidai d’intervenir. Je poussai alors l’hésitante Horikita.  

 Horikita — Attends… Attends une minute…

 Moi — Utilise tes privilèges en tant que sœur.

Bien que je l’aie exhortée à plusieurs reprises, Horikita insista.

 Horikita —  Ce serait bizarre si je me trouve à ses côtés maintenant.

 Moi — Même si tu te mêles aux autres élèves, ce ne sera pas bizarre.

 Horikita —  C’est vraiment bizarre. Je n’aurai pas l’air à ma place. 

Horikita évalua négativement la situation actuelle. Cela m’avait rappelé nos débuts ici. Je me souvenais qu’elle regardait son grand frère distant pendant qu’il faisait un discours aux 2nde. Même si elle était devenue lentement plus mature au cours de l’année, son noyau était resté inchangé. Cumuler de l’expérience est utile, mais il y a des parties qui sont toujours difficiles à changer. C’était l’expression timide de son visage qui me fit penser à tout cela…

Horikita —  Mais ne te méprends pas, je n’ai pas peur.  Trois ans… Je voulais juste voir la conclusion de ces trois brillantes années.  

Moi — Je vois.

Elle voulait dire qu’elle n’allait pas se contenter d’une petite discussion avec son frère.  Pas mal.

Quelques autres étudiants de 1ère coururent vers l’aîné Horikita.

 Moi — Ton frère est assez populaire.

Il était le président du Conseil des élèves et celui qui était toujours resté en classe A. Bien sûr qu’il était populaire.

Au début, je pensais qu’il n’était pas très proche des 2nde, alors je n’aurais jamais pensé que tant d’étudiants de mon année étaient partis le voir.  Le cercle autour de lui a commencé à s’agrandir, entouré d’autres diplômés.  De temps en temps, il souriait et s’ouvrait doucement à la jeune génération.

Mais à la fin, je vis une expression légèrement différente.  Je sentis l’atmosphère soulagée de la forte pression qui pesait sur lui. À côté de moi, c’était comme si Horikita essayait de graver ce spectacle dans sa mémoire, le regardant sans cligner des yeux. Et puis, un garçon apparut à côté de son frère, l’actuel président du Conseil des élèves, Nagumo Miyabi de la 1ère A. Ce dernier fut immédiatement suivi du vice-président Kiriyama, des secrétaires Mizowaki et Tonokawa, ainsi que d’Asahina Nazuna. Le rendu était plutôt iconique.

Nagumo — Félicitations pour ton diplôme, Horikita-senpai.

Nagumo, en faisant un compliment sincère, aborda Manabu avec un sourire.

Ce dernier salua Nagumo sans aucune hésitation.

Nagumo — Ahhhh, tu mérites vraiment d’être appelé mon senpai. A la fin, je n’ai toujours pas pu te nuire.  

Manabu —  Non, ce n’est pas vrai. Jusqu’au bout, rien n’était joué. Si je devais donner une raison, je dirais que ton échec était dû au fait que nous ne sommes pas dans la même année scolaire. Peu importe combien tu t’es interposé, à la fin, tu n’étais qu’un outsider.

Peu importe à quel point il voulait se battre, il ne pouvait pas trop influer sur les notes. Il ne pouvait pas participer directement aux examens, ce qu’il pouvait faire était donc très limité. Toutefois, peut-être que des méthodes à la Ryuuen auraient marché. Cependant, cela ne semblait finalement pas son genre.  

 Nagumo — Oui. Ah…….., pourquoi suis-je né un an plus tard que toi ?

Il n’était pas mécontent, mais juste déçu de ne pas être de la même année.

 Nagumo — Est-ce que je peux te serrer la main une dernière fois ?

Manabu —  Bien sûr, je n’ai aucune raison de refuser.

Manabu accepta volontiers et ils se serrèrent la main.

Un bref et agréable silence s’instaura. Tous deux présidents du Conseil des élèves, ils pouvaient communiquer et se comprendre dans certaines situations sans utiliser de mots.

Manabu — Tu as encore une longue année devant toi. Assure-toi de passer le reste de ton temps ici à quelque chose qui te satisfera.

Conseils de son senpai. Et dans ces mots, il montra qu’il ne se souciait plus vraiment de la direction que Nagumo allait prendre ; en d’autres termes, il lui avait donné la permission de faire ce qui lui plaisait.

Nagumo — Mhmm. Après que tu sois parti, dans cette courte période où je serai le senpai, je ferai tout ce qu’il faut. Je ferai de cette école une méritocratie basée sur les capacités de chacun. Parce que je suis préparé et déterminé à l’accomplir.

Le frère d’Horkita accepta son discours ouvertement, en hochant la tête.

Manabu — Tu as dit que tu regrettais de ne pas avoir un an de plus. Je ressens un peu la même chose. C’est dommage que je ne puisse pas voir ce que tu vas faire à cette école. Si je pouvais voir de près ce que tu vas créer, je te comprendrais sûrement mieux.

Nagumo — Je n’en serai pas si sûr. Je ne pense pas que ce serait vraiment compatible avec ce que tu voulais.

Un apôtre du règlement de l’école contre un qui voulait le mettre à mort.  Comme leurs idéologies étaient totalement différentes, une confrontation entre eux était inévitable.

Nagumo — Aussi, cela n’aura pas d’importance si tu ne peux pas le voir toi-même. Tu n’as pas ta sœur en 2nde ?

En disant ça, Nagumo semblait se concentrer sur l’endroit où je me trouvais, un peu plus loin du reste des gens, et commença à fixer Horikita. Même si ce n’était qu’un léger changement, le langage corporel de Manabu devint un peu plus nerveux.

Nagumo — Tant que ta sœur est là, elle peut m’aider à te faire passer le mot. Une fois les deux diplômes obtenus, les frère et sœur se retrouveront inévitablement un jour ou l’autre.

Ce qu’il voulait dire, c’était que Manabu allait toujours avoir un moyen de savoir ce que l’école allait devenir.

 Manabu — Peut-être.

Cela dit, la forte poignée de main du frère de Horikita et de Nagumo se termina, et leurs mains se délièrent en même temps que leurs destins.

 Manabu — Merci beaucoup.

 Nagumo — De même.

L’ancien président du Conseil des élèves, Horikita, et l’actuel président du Conseil des élèves, Nagumo.  Un lourd rideau d’une douceur inattendue tomba sur l’atmosphère.

Peut-être parce qu’il ne voulait pas déranger les autres élèves, Nagumo prit ses distances avec le frère de Horikita. Bien que la combinaison des deux présidents du Conseil des élèves était excitante, elle pouvait prendre un peu trop de place et compliquer le fait pour les autres de s’approcher.

Nagumo se dirigea plutôt vers Horikita, qui observait de loin. Asahina Nazuna, une camarade de 1èreA,  était également avec lui. Les autres membres du Conseil des élèves étaient probablement partis voir les autres diplômés.

Nagumo — Tu as entendu ce que je viens de dire ? S’il te plaît, profite de ce que je vais faire l’année prochaine. Je me souviens que ton nom était…

 Horikita —  Horikita Suzune.

La voix de Horikita était nerveuse.  Si c’était la Horikita habituelle, elle n’aurait pas été secouée comme ça. C’était probablement le résultat de la conversation entre lui et son frère. Nagumo sembla apprécier sa réaction et se retourna. Après tout, l’ancien président du Conseil des élèves, Manabu, était dans les parages. Ignorant les risques, il avait continuellement défié différents adversaires. 

Et désormais, il était entouré de ses camarades de classe, acceptant leur cadeau, un bouquet de fin d’études.

Nagumo — Suzune, ton frère est une personne vraiment extraordinaire. Tu devrais être fière d’être sa sœur.

Après la parole de louange, il dirigea de nouveau son regard sur Horikita Suzune.

Horikita —  Oui, j’en suis fière.

Face aux yeux qui avaient tourné leur attention vers elle, Horikita répondit avec force.

Nagumo — Si tu as quelque chose à me demander, je te répondrai. Parce que je suis de bonne humeur aujourd’hui…

Horikita —  Alors je ne me retiendrai pas.

Horikita posa alors une question à Nagumo.

Horikita — Tu ne le regrettes pas ?

Nagumo — Regretter ?

Horikita —  Parce que je ne vois aucun regret dans tes yeux.

Cela devait faire référence à la poignée de main et au dialogue entre ces deux personnes à l’instant. Il semblait sincèrement heureux pour l’aîné Horikita qui sortait de la classe A. Cependant, leur relation ne pouvait pas être décrite comme une simple relation entre deux présidents de Conseil des élèves. Après tout, Nagumo s’en prenait constamment à Manabu dans l’espoir de le faire chuter de classe. Bien évidemment que la sœur émettait quelques réserves envers Nagumo qui était si hostile à son frère. C’était pour cette raison qu’elle semblait si troublée par les louanges honnêtes que Nagumo avait faites à Manabu. Mais ce dernier répondit.  

Nagumo — Je ne pense pas pouvoir battre Horikita-senpai aussi facilement. C’est plutôt un adversaire invincible, non ?

Horikita —  Eh bien… C’est vrai.

Asahina — Donc tu admets pleinement que tu as perdu contre Horikita-senpai.

Miyabi jeta doucement son regard vers Asahina qui s’interposait.

 Nagumo — Perdu ? Pourquoi dis-tu que j’ai perdu, Nazuna ?

Asahina — Hmm ? Horikita-senpai est diplômé de la classe A, alors ça ne veut pas dire que tu as perdu ?

Asahina n’avait pas besoin de répondre à la question par une autre question, mais c’est ainsi qu’elle répondit. Quant à ce qu’elle disait, Nagumo lui montra immédiatement les failles dans son raisonnement.

Nagumo — En effet, si tu ne regardes que le résultat, je n’ai pas empêché Senpai de sortir de la classe A. Mais quel est le rapport avec le fait de perdre ?

Asahina — Cela ne sera-t-il pas considéré comme un échec… ? Du moins, c’est ce que je pense, ai-je tort ?

Asahina regarda vers Horikita, qui se tenait à côté d’elle, pour avoir la confirmation. Horikita ne répondit pas et écouta plutôt la justification de Nagumo.

Nagumo — Je voulais certainement le défier dans un combat. Mais ce n’était pas pour savoir qui gagnerait et qui perdrait. Même si Horikita-senpai était vraiment dans la classe B, mon évaluation fondamentale de lui n’aurait pas changé. Les forces de cette personne ne peuvent pas être déterminées par la position de sa classe.

Asahina ne semblait toujours pas comprendre ce dont parlait Nagumo.

Nagumo — Tu ne comprends toujours pas ? Alors je vais te poser la question suivante. Est-ce que cet incident a fait baisser ton évaluation de moi ? Je suis toujours un élève de la classe A ainsi que le président du Conseil des élèves. Y a-t-il quelque chose en moi qui montre que je suis un raté ?

Asahina — Non, mais…

Nagumo — On ne peut pas distinguer qui gagne et qui perd dans un conflit de personnes dans des classes séparées.

Il n’était pas difficile de comprendre ce qu’il voulait dire. Mais, même en sachant qu’il ne pouvait pas l’affronter directement, Nagumo continua à défier Horikita.

 Nagumo — Je voulais juste son approbation… sa reconnaissance. C’est pourquoi j’ai continuellement attaqué senpai.

À en juger par le regard que portait Horikita Manabu sur Nagumo, il reconnaissait définitivement sa force. Non, il avait reconnu la force de Nagumo dès le début, il n’avait pas la même façon de voir les choses. Peut-être que Nagumo voulait-il que Manabu reconnaisse sa méthode ?

Asahina — Telle une jeune fille proclamant son amour finalement !  

Nagumo — Peut-être. Je me suis déjà renseigné sur ce que Horikita-senpai va faire à l’avenir, et je vais lui courir après.

Il n’y avait pas un soupçon de remords ou de regrets dans l’expression de Nagumo. Est-ce qu’il a apprécié de se mesurer à Manabu jusqu’à la fin ?

Asahina — Même après la remise des diplômes ? Vraiment ? Même le chemin que tu prends dans la vie doit être le même que celui de Horikita-senpai ?

Nagumo — Oui, du moins c’est l’objectif du moi actuel.

 Asahina — Ah~ Tu aimes vraiment Horikita-senpai.

Nagumo — Je n’ai pas de rivaux en 1ère, et bien sûr, ni en 2nde. Je n’ai plus qu’une seule chose à faire dans cette école. C’est-à-dire transformer directement le système et rendre cette école ennuyeuse plus intéressante.

La moitié du temps de Nagumo Miyabi comme président du Conseil des élèves était déjà écoulée.  Cependant, à ce jour, rien de nouveau n’avait été mis en place. Après que Manabu ait obtenu son diplôme et que Nagumo passe en terminale, il allait enfin commencer à agir. Quant à l’avenir, il était encore impossible de le prévoir.

 Nagumo — À ce propos, cette année, je n’ai toujours pas pu t’évaluer, Ayanokôji.

L’attention de Nagumo se tourna finalement vers moi. D’après son regard, il semblait que j’étais l’intrus par rapport à la fratrie Horikita.

Moi — Il n’y a rien sur moi qui mérite une enquête.

Du fait que j’avais l’attention de Horikita-senpai, il avait senti qu’il y avait peut-être un lien sous-jacent entre nous. Mais, comme il s’agissait peut-être d’une coïncidence, il n’y avait pas encore assez de choses pour l’intéresser. Mais comme Nagumo semblait toujours suspicieux, il n’y avait aucune raison de le provoquer.

Nagumo — Mais en avril prochain, quand cette école sera devenue une véritable méritocratie, tu devras te battre que tu le veuilles ou non.

Avec la remise des diplômes du frère d’Horikita, l’école allait entièrement être sous le contrôle de Nagumo. Il était difficile de dire quelle était l’influence du Conseil des élèves sur l’école elle-même, mais vu la confiance de Nagumo, de gros changements étaient sûrement à prévoir.

 Horikita —  Donc tu dis que la compétition entre les élèves ne se limitera plus seulement à la lutte des classes ?

Horikita posa une question, apparemment inquiète de ce que Nagumo disait.

Horikita —  Si tu es capable de l’appliquer, alors ce ne serait pas trop mal, mais ça m’étonnerait. L’école ne le permettra pas.

Nagumo haussa les épaules et soupira.

Nagumo — Mais je peux changer le système de l’école, ce qui me permettra d’avoir plus de pouvoir et de changer l’école elle-même. Que les élèves excellents restent dans les meilleures classes, c’est quelque chose qui devrait aller de soi, n’est-ce pas ?

Jusqu’à ce moment, Horikita n’était ni d’accord ni en désaccord, mais l’écoutait tranquillement.

Nagumo — À part ça, j’ai aussi proposé à l’école de mélanger les élèves, toutes années confondues, dans certains examens. Si l’école le permet, il ne serait pas impossible de se battre contre moi.

Bien sûr, du point de vue de Nagumo, je n’étais pas considéré comme quelqu’un d’important. Mais quand bien même, j’avais l’impression qu’il mesurait instinctivement ma force en ce moment.

Asahina — Ah, on dirait qu’il est temps d’y aller hein ? Tu ne veux pas dire au revoir à certains élèves de la classe supérieure ? Ils vont bientôt partir.

Nagumo —  Oui, on aura tout le temps de discuter cette année !  

Et ainsi Nagumo et Asahina marchèrent vers les terminale et loin de Horikita.

 Horikita —  Haa… c’est pénible de parler avec cette personne.

Moi — C’est le président du Conseil des élèves, après tout.

Bien qu’il n’y ait eu qu’une différence d’un an, il semblait être hors de portée.

 Horikita —  J’y retourne. J’ai fait tout ce que j’aurais dû faire.

À la fin, elle semblait avoir renoncé à essayer de parler avec son frère.

 Moi — Vraiment ? Il part demain tu sais.

 Horikita —  Ça… tu n’avais pas besoin de me le dire…

Face à ce dilemme, Horkita se retira.  L’arrêter de force n’était pas une option, alors j’avais choisi de la surveiller pendant qu’elle partait.

Horikita —   Et toi ?

Moi —  Ah, je veux toujours rester ici un moment.

Horikita —   Oh…Alors à plus tard.

Bien que Horikita soit curieuse de savoir ce que je faisais, elle repartit sans ajouter un mot. Je décidai d’observer la situation avec Horokita Manabu et les autres terminale. Je n’étais pas particulièrement intéressé mais je voulais juste graver cette scène dans mes yeux. En même temps, je ne pouvais pas m’empêcher d’imaginer ce que j’allais être dans 2 ans, mais nul ne pouvait savoir.  

L’atmosphère était agréable pendant un court moment, mais ensuite ils commencèrent à partir les uns après les autres.  

Après que Manabu ait dit au revoir à tout le monde, il me remarqua et vint.  

Manabu — Tu es encore là ?

Il devait comprendre que je ne m’intégrais pas bien dans ce genre d’ambiance.

 Manabu — Tu m’attendais ?

Moi — Oui.

Je n’avais parlé à personne d’autre en terminale, donc il devait bien s’en douter.

Moi —  C’est peut-être la dernière fois que je te parle. Quand vas-tu partir ?

J’avais décidé de me dépêcher et de me renseigner sur le plus important d’abord. Parce que s’il devait quitter l’école immédiatement après, je devais le dire à Horikita.

Manabu — Le 31 à midi. Je prends le bus de 12h30.

Donc, une semaine plus tard. Même si ce n’était pas aujourd’hui, il ne restait pas beaucoup de temps.

Manabu — On dirait que Suzune est repartie.

Moi —  Le point culminant de tes 3 ans d’école. Elle l’a gravé dans sa mémoire et est partie.

Nous jetions tous les deux un coup d’œil en direction du dortoir. Bien sûr, Horikita était déjà partie depuis longtemps.

Manabu — Vraiment ?

Je ne pouvais pas lire ses émotions à partir de l’expression de son visage. Mais si les deux ne faisaient rien, cette situation pouvait se terminer sans qu’ils ne se rencontrent, ne serait-ce qu’une fois. Je ne pensais pas qu’elle allait avoir si peur

Manabu — Si possible, fais passer le message à Suzune. Je l’attendrai le 31 à midi près de l’entrée principale.

Moi — N’est-il pas préférable que tu lui dises toi-même ? En y allant maintenant tu peux la rattraper je pense.

Cela aurait été bien plus simple.

Manabu — Même si c’est le cas, elle ne sera peut-être pas très réceptive. C’est pourquoi j’espère que tu pourras lui transmettre le message.

Moi — Cela pourrait être contre-productif. Si je lui dis, elle pourrait ne pas venir.

Elle était si têtue.

Manabu — C’est le choix de Suzune si c’est le cas.

Moi — Peux-tu vraiment me laisser faire ?

Après que je l’eus averti à plusieurs reprises, il répondit sans hésiter.

Manabu —  Oui, c’est mon dernier mot.  

Il n’y avait donc aucune raison de refuser. Tant que ce n’était pas moi qui en prenait la responsabilité. D’ailleurs, peut-être qu’il y avait une chance qu’elle accepte… Ce qui n’aurait été que bénéfique pour leur relation.  

Manabu — Je voulais te parler davantage, mais j’ai un rendez-vous après.

Il semble qu’il était convié ailleurs. Aujourd’hui, il voulait juste oublier la question de sa sœur et passer du temps comme un étudiant ordinaire.

Manabu — De plus, tu n’es pas du genre à t’engager dans de longues conversations sans intérêt, n’est-ce pas ?

Moi — C’est vrai.

Peu importe le déclin de sa popularité, l’ancien président du Conseil des élèves était toujours présent dans les réunions et les situations sociales.

 Manabu — Si possible, le 31, j’espère que tu viendras me dire au revoir.

 Moi — Je ne suis pas doué pour parler devant les autres.

Manabu — Ne t’inquiète pas. Je n’ai pas l’intention d’appeler quelqu’un d’autre que Suzune et toi.

Comme ce n’était plus un problème, j’acquiesçai gentiment.

 Manabu — Je suis désolé.

Laissant derrière lui ce seul mot, Horikita Manabu partit. Je n’avais donc plus rien à faire ici.  J’imagine que je devais y retourner alors.

Hirata — Ayanokôji-kun. Si c’est possible, on rentre ensemble ?  

Soudain, Hirata me parla. À l’instant, il était en train de parler à des terminale.

 Moi — Tu as fini de ton côté ?

 Hirata — Oui, bien que la cérémonie de remise des diplômes ait eu lieu aujourd’hui, beaucoup de ceux qui ont terminé leurs études resteront sur le campus encore quelques jours. J’ai entendu dire que certains élèves de 2nde organisent une fête d’adieu pour eux.

Comme c’était Hirata, il avait dû recevoir plusieurs invitations à ces occasions.

Les élèves de terminale pouvaient rester jusqu’au 5 avril au plus tard.

Bien sûr, les élèves qui avaient prévu de partir plus tôt étaient également autorisés à quitter le campus.

Comme le temps qui leur restait était limité, ils se préparaient à la fin de leur vie lycéenne.

Je n’avais aucune raison de refuser après tout, je le suivis donc.

7

Je me promenai avec Hirata, et après être passé devant l’épicerie, Hirata me jeta un regard. Puis, comme si rien ne s’était passé, il se tourna à nouveau dans l’autre direction. Hirata avait répété cette action plusieurs fois au cours des dernières minutes. C’était comme si Hirata attendait une occasion de commencer une conversation. Peu après, Hirata se décida et se mit à parler.

 Hirata — En fait-Ayanokôji-kun, je veux te dire quelque chose.

Dit Hirata avec hésitation.  Pendant un instant, j’avais cru qu’il allait parler de l’examen de fin d’année, mais en fait ça avait l’air d’autre chose.

 Moi — Ah oui ? Qu’est-ce qu’il y a ?

 Hirata — Oui… Eh bien, un truc dont je veux vraiment parler avec toi.

Après avoir réfléchi, Hirata l’admit.

 Moi — Bon, je ne sais pas si je pourrai t’aider, mais je ferai de mon mieux.

Le fait que Hirata avait besoin de moi n’avait rien de mal. C’était juste que je ne pouvais pas prévoir le sujet de la discussion. Bien qu’il ait été déprimé lorsque Yamauchi avait abandonné, cette question avait déjà été résolue. Même s’il culpabilisait sûrement encore un peu, il pouvait gérer.  

 Hirata — Tu pourrais trouver cela inattendu de ma part…

À partir de cette phrase, Hirata continua.

 Hirata — J’ai juste l’impression que je ne peux plus m’occuper de relations et d’amour… je ne suis pas sûr de moi.

C’était un début inattendu. Je ne pensais pas que Hirata viendrait me consulter pour ça.  

 Moi — Tu n’es pas sûr ?

Nous devions d’abord mettre les choses au clair. Je le laissai poursuivre.

Hirata —  Je pense que je n’ai peut-être jamais aimé une fille de ma vie…

Hirata avoua, embarrassé.

Moi — Alors tu dis que tu n’es jamais sorti avec personne avant ?

 Hirata — À part l’accord avec Karuizawa, jamais.

Ce n’était peut-être pas si étonnant, mais un peu quand même. Hirata avait l’air si à l’aise avec tout le monde, filles comme garçons, que j’avais pensé qu’il avait connu l’amour au moins une ou deux fois dans sa vie. Même si on ne pouvait pas vraiment compter la relation entre Hirata et Kei qui était juste pour la protéger.

Moi — Et tu n’as jamais aimé une fille avant ? Même maintenant ?

Hirata —  Oui…

Bien que l’un de ses mérites ait été de pouvoir traiter tout le monde de manière équitable, y compris les filles, cela restait un peu incroyable.

 Moi — Alors qu’en est-il de la situation avec Mii-chan ?

Mii-chan espérait vraiment progresser dans sa relation avec Hirata, en montrant clairement ses sentiments pour lui.

 Hirata — Je ne me vois pas dans une relation avec elle, mais je ne peux pas lui dire ça.

Mii-chan disait qu’elle voulait commencer par être son amie. Après, bien sûr, elle se réjouissait intérieurement de la possibilité qu’ils deviennent amants. Mais comme Hirata n’avait pas ce désir, cela allait être compliqué. Et comme s’éviter promettait d’être compliqué, il valait mieux faire quelque chose. Voilà donc la situation et la source de l’incertitude dont Hirata voulait me parler.

Moi — Je pense qu’il vaut mieux lui dire franchement. Mais je comprends que c’est plus facile à dire qu’à faire.

Lui faire comprendre sans la blesser était une chose difficile à réaliser.

Hirata — Nous avons donc à nouveau des points de vue divergents. Je m’y attendais un peu.

Moi — Oui.

C’est à cause de sa bienveillance légendaire qu’il était toujours impliqué dans des situations comme celle-ci.

Moi — Après tout, c’est juste la situation actuelle. Peut-être que ça évoluera ?

L’amour, c’était tellement imprévisible. Ce sentiment pouvait germer tranquillement à tout moment. … Du moins, c’est ce que je pensais.

Hirata — Bien sûr, je ne sais pas si c’est une possibilité. Mais…

Cependant, Hirata ne voulait pas que sa relation avec Mii-chan progresse davantage. Que ce soit l’apparence ou la personnalité, Mii-chan avait sûrement toutes les qualités. Hirata ne pouvait être mécontent de rien.  Mais bien sûr, l’amour ce n’est pas si simple.

Hirata — Je peux t’affirmer que… je n’aurai pas ce genre de sentiments, même à l’avenir.

Même s’il n’était pas tout à fait sûr, Hirata était catégorique.  Ainsi, il ne me restait qu’une chose à dire.

Moi — C’est mieux de lui dire, parce que Mii-chan a toujours l’espoir que sa relation avec toi puisse évoluer.

Je le regardai droit dans les yeux. Si la réponse à cette question était gardée pour lui, Mii-chan continuerait d’attendre. Il était donc préférable de mettre les choses au clair le plus tôt possible.  Si Mii-chan continuait à aimer Hirata même après cela, cela n’aurait plus été de son ressort. Mais Hirata évita mon regard.

Hirata — Même… si, cela lui fait du mal ?

Moi — Avoir la réponse mais choisir de la retarder ne ferait que causer plus de dégâts, n’est-ce pas ?

Je regardai une fois de plus Hirata dans les yeux et lui dis cela. Après que nos regards se croisèrent, il détourna rapidement son regard ailleurs.

 Hirata — Oui, oui, c’est vrai, c’est vrai…

Il fit deux ou trois fois un signe de tête comme s’il se réprimandait lui-même.

Et puis il arriva à une conclusion.

Hirata — Merci d’avoir parlé de ça avec moi, Ayanokôji-kun. J’ai maintenant le courage d’admettre que, dans cette situation, garder cela pour moi afin d’éviter de la blesser, c’est comme s’enfuir.

Il semblait avoir trouvé la réponse avec succès.

 Moi — Es-tu donc capable de lui expliquer clairement ce que tu penses ?  

Hirata — Bien que je ne sache pas si c’est le meilleur choix, c’est toujours mieux que de la laisser espérer pour rien.

Il envisagea les deux approches. Il était silencieux, ses pensées se reflétaient sur son visage. Ilcomprit que la seconde option était meilleure pour le bien de Mii-chan, et il n’était donc plus en conflit. L’ancien Hirata se serait torturé l’esprit longtemps. Une fois ses soucis résolus, il sembla encore vouloir dire un truc.

 Moi — Qu’est-ce que c’est ?

 Hirata — Oh, euh… Maintenant… je peux t’appeler Kiyotaka-kun ?

Moi — Hein ?

Je me demandais ce qu’il allait dire, mais cela s’avéra très inattendu

Hirata — Bien sûr, si t’es ok, tu peux aussi m’appeler par mon prénom.

Était-ce un pas en avant pour notre amitié ? Mon amitié avec Hirata avait encore progressé maintenant, tout comme avec Keisei, Akito, Haruki et Airi.

 Moi — Pourquoi pas, si c’est ce que tu veux.

En voyant que j’étais d’accord, Hirata sourit du fond du cœur.

 Hirata — Vraiment ? Est-ce que je peux vraiment ?

Moi — Tu veux dire m’appeler par mon prénom ? Tu n’as pas d’expérience avec ce genre de choses, Hira… Yôsuke ?

Bien que de mémoire, Hirata utilisait généralement des noms de famille pour s’adresser à la fois aux garçons et aux filles, appeler les gens par leur prénom n’était pas une chose inhabituelle.

Hirata — Eh bien, avant que ça n’arrive, il n’était pas rare que j’appelle les gens par leur prénom.

Il parlait de cet incident, au collège, quand son ami avait été victime d’intimidation et avait tenté de mettre fin à ses jours.

.

Hirata — Depuis lors… j’ai toujours eu peur de me rapprocher des gens. À la fois proche de tous mais intime avec personne.

Cela faisait deux ans depuis, et il semblait que Hirata n’avait utilisé que des noms de famille pour s’adresser aux autres. En parlant de cela, Hirata traitait tout le monde de la même façon. Tellement qu’il n’avait même pas osé nommer Yamauchi alors que toute la classe était unanime pour le sortir. Décidément, Hirata en avait fait du chemin, peut-être bien plus que les autres élèves.

 Hirata — C’est pourquoi je te remercie… Kiyotaka-kun.

Son regard arrêtait enfin de me fuir. Ce regard exprimait tout ce qu’il ressentait à ce moment-là.

 Moi — Je suis flatté, vraiment.

Ainsi j’acceptai de bon cœur.

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