CLASSROOM V11,5 : CHAPITRE 2


Rendez-vous avec Hiyori

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Traduction : Colonel Raclette
Correction : Erionnos, Raitei
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Une fois les cérémonies de diplômes et de clôture finies, les vacances de printemps purent enfin commencer. Les élèves, ayant déjà oublié toute forme de compétition interclasse, purent profiter d’une courte pause. Les élèves n’ayant pas obtenu leur diplôme n’eurent pas le droit de quitter le campus, mais ce ne fut pas particulièrement mal reçu grâce à l’existence du centre Commercial Keyaki. Pour les élèves ainsi que le personnel, il était indispensable.

Entrer dans les détails ne serait pas nécessaire, mais il y avait des cafés, des magasins d’électroménager, et même un karaoké. On ne manquait de rien. Et même s’il vous advenait de vouloir autre chose encore, il était autorisé de le commander en ligne après avoir reçu la permission.

Il était simple de vivre confortablement aussi longtemps que notre solde de points privés nous le permettait. Heureusement, aucun élève de seconde n’a encore eu à endurer la faim en raison d’un manque de points.

Mais de manière générale, même les élèves des classe D recevaient des dizaines de milliers de yens mensuellement, bien plus qu’un lycéen classique.

Cependant, il y avait toujours des élèves qui rencontraient des difficultés.

Et je suis l’un d’eux.

En raison de mon contrat avec ma camarade Kushida, j’eus pour obligation de lui remettre la moitié de mes points privés chaque mois. Même si j’avais mes propres intentions au début de ce contrat, la situation était en train de changer. Ce contrat avec Kushida, non, ma relation avec elle, tout allait se jouer durant ces vacances.

Devais-je procéder comme prévu ou me rabattre sur une autre option ?

Je n’étais plus le détenteur de ce choix de toute manière.

Les vacances venaient de commencer. Nullement besoin de paniquer.

J’enfilais une tenue décontractée et me préparais à sortir.

J’avais prévu de passer la majeure partie de mes vacances dans ma chambre à me relaxer, mais aujourd’hui je me devais de rencontrer une certaine personne.

Je croyais que celle-ci mettrait plus de temps à m’appeler, mais elle me donna tort. Après cela, je mis au courant une seconde personne.

Moi — Est-ce la confirmation finale ?

Comme c’était le premier jour des vacances de printemps, il a fallu que j’ajuste certaines choses dans mon agenda.

Le rendez-vous que j’avais aujourd’hui était extrêmement important. Mais ce n’était rien par rapport à celui qui allait se tenir à la fin des vacances.

1

En cette fin de mars, la température reprit sa courbe ascendante. Alors que nous approchions de la saison des cerisiers en fleur, ces floraisons typiques de notre pays semblaient envahir toute les discussions. Bien que je sois en avance, la personne avec qui j’avais rendez-vous m’avait devancé.

Hiyori — Salut, Ayanokôji-kun.

Je rejoignais Hiyori, pleine d’énergie, juste devant le centre commercial Keyaki.

Moi — Tu es en avance.

Hiyori — Je suis celle qui t’a fait venir, c’est normal.

Après avoir dit cela, Hiyori esquissa un léger sourire.

Hiyori — Excuse-moi de t’avoir invité sans prévenir plus tôt.

Moi — Je n’ai rien à faire pendant les vacances, pas de soucis.

Hiyori — Ils ont enfin ajouté de nouveaux livres à la bibliothèque hier.

Hiyori me montra ce qu’elle portait, laissant échapper un autre sourire. Il semblait que c’en était un encore plus brillant que les précédents. Hiyori Shiina de la classe C, une fille qui aimait les livres plus que quiconque.

Hiyori — Je voulais partager quelques informations avec toi, Ayanokôji-kun au plus vite.

Les livres de l’auteur que nous aimions tous les deux étaient difficiles à trouver à la supérette ou à la librairie du centre commercial. Et comme les versions numériques n’étaient pas disponibles, nous ne pouvions que seulement les emprunter à la bibliothèque.

J’appréciais pouvoir parler de mes lectures avec quelqu’un d’autre.

Moi — Il y a plus de monde que prévu.

Les tables du café étaient remplies d’élèves. C’était assez prévisible, étant donné qu’on était en plein dans les vacances de printemps. Que le café soit plein ou non dépendait de l’heure de la journée. Heureusement, il semblait encore y avoir des sièges restants au comptoir, alors on se dirigea là-bas ensemble.

Hiyori — On ne s’est jamais rencontrés comme ça pendant les vacances, c’est plutôt agréable.

C’était vrai que nous ne nous étions jamais rencontrés durant les vacances, donc c’était une occasion rare, de voir Hiyori en dehors de son uniforme scolaire.

Moi — C’est vrai.

Alors que l’on discutait l’un avec l’autre, une atmosphère assez paisible prit place.

Hiyori — Ne perdons pas plus de temps… J’ai apporté quelques livres, tu veux y jeter un coup d’œil ?

D’un grand enthousiasme elle se mit à les sortir de son sac tout en disant cela.

Soudain, elle s’arrêta et leva la tête comme si elle venait de se souvenir de quelque chose.

Hiyori — Oh, c’est vrai, avant de parler de livre, on peut parler d’une autre chose ?

Juste au moment où elle allait continuer, une voix forte venue de derrière attira mon attention.

  • Tellement relou… Comme prévu, il y a beaucoup de monde. Est-ce qu’il reste des places ?

Une voix familière se fit entendre à proximité, se plaignant de la foule dans le café.

  • On peut prendre ces sièges ?
  • Yep, c’est bon.

Après un petit moment, ces deux élèves prirent leurs places à côté de moi. Je me retournai pour voir de qui il s’agissait, et il s’est avéré que c’était mes camarades de classe, Ike et Shinohara. Ils étaient occupés à parler de tout et de rien, ils ne m’avaient donc pas remarqué et ils continuèrent leur conversation. Après un court moment, je remarquai qu’ils commençaient à se rapprocher de plus en plus, et cela semblait continuer.

Hiyori — C’est… Ike et Shinohara, n’est-ce pas ?

Hiyori n’était pas assez proche pour chuchoter, mais parlait à voix basse, de sorte que cela soit impossible pour eux de nous entendre.

Moi — Tu as l’air de les connaître.

Hiyori — Une année s’est déjà écoulée, donc je connais beaucoup de gens d’autres classes.

Les yeux de Hiyori brillaient, elle semblait fière d’elle. Pour une raison quelconque, nous nous étions tus et avions écouté la conversation entre Ike et Shinohara.

Ike — Notre revenu mensuel de points privés a donc chuté d’environ 30 000 points.

Shinohara — C’est pas comme si on pouvait y faire grand-chose. Avec la classe A comme adversaire, on n’a aucune chance.

Ike — Peut-être bien. Mais on sera de retour en classe D le mois prochain, ça craint…

Comme s’il venait de se souvenir que nous avions perdu l’examen de fin d’année, Ike se gratta la tête.

Ike — Mais tu connais la raison de notre défaite, nan ?

Shinohara — Quoi, c’est la faute de qui ?

Sur le moment, j’ai cru qu’ils allaient parler de moi et du fait que ma position de chef avait condamné la classe toute entière, mais…

Ike — C’est moi, c’est de ma faute.

Ike fit une déclaration surprenante qui laissa Shinohara stupéfaite.

Ike — Non, je suis sérieux, je pense avoir été un poids pour la classe. Pour être tout à fait franc, on aurait peut-être eu une chance si la classe était unifiée. La classe A est forte, mais nous avons obtenu un très bon résultat contre eux.

Shinohara — Eh bien, c’est vrai, mais de t’entendre dire ça, c’est vraiment surprenant, Ike.

Ike — Ne m’appelle pas par mon nom de famille, Shinohara.

Shinohara — Tu me le fais aussi, donc ça compense.

Bien qu’ils aient parfois parlé de sujets banals, ils en revenaient à faire un bilan de ce qui s’était passé à la fin de l’année.

Ike — L’année prochaine, je veux vraiment fournir plus d’effort. Tant pour les cours que pour le sport.

Shinohara — Sérieux ? Je ne pense pas que tu vas réussir à tenir.

Ike — Ça ne sera surement pas parfait, mais j’en ai vraiment envie.

Il semblait vraiment avoir longuement réfléchi à cette déclaration.

Shinohara — Je suis curieuse, pourquoi ?

Ike — A cause de Ken et Haruki.

Jusqu’à récemment, un trio d’amis connus sous le nom des “trois idiots” était dans notre classe. Je me souvenais qu’au tout début de l’année, quand je venais d’arriver dans cette école, j’étais assez proche de ce petit groupe, mais je les ai laissés peu de temps après. Enfin, la version correcte des faits serait que j’en ai été expulsé.

Ike — Ce mec, Ken, n’est manifestement pas fait pour ça, il a pas étudié comme un ouf récemment ? Il écouté en classe maintenant ! Je pensais juste qu’il faisait semblant, mais il est-il vraiment devenu quelqu’un avec ne serait-ce qu’un demi-cerveau ?

Shinohara — Ses notes se sont aussi améliorées.

Ike — Ouais. Ses notes sont carrément meilleures et il est déjà incroyable en sport. Je sais que je ne peux pas gagner contre lui dans aucune catégorie.

Shinohara — Tes notes n’étaient pas meilleures au début ?

Si on en venait à comparer Ike au Sudou actuel, que ce soit académiquement ou physiquement, Sudou avait le dessus.

Ike — Ce mec… Il va probablement devenir encore plus fort l’année prochaine.

D’un côté, il était heureux de l’évolution de son ami, mais de l’autre, il avait peur d’être laissé pour compte. Et la principale raison de cette peur était…

Ike — Si je continue comme ça, le prochain candidat à l’expulsion, ce sera moi.

Shinohara — Ike…

Plus les notes étaient basses, plus le risque d’être expulsé était grand. Et après avoir vu ce qui était arrivé à Yamauchi, il avait subitement réalisé qu’il était le prochain.

Ike — Je ne rigole pas, ça ne me ressemble pas de dire des choses comme ça.

Shinohara — T’as raison de dire ça, et puis… Je suis dans la même situation.

Shinohara n’était pas une personne avec d’excellentes notes, ni une personne de grand mérite. Bien que leur genre soit différent, ils avaient tous deux un statut similaire.

Shinohara — Je ne ris pas des gars qui veulent s’améliorer.

Shinohara hocha la tête avec résolution en disant ceci.

Shinohara — Je travaillerai plus dure l’année prochaine. Je ne perdrai pas contre toi !

Ike — Je n’ai même pas peur de perdre contre toi.

On pouvait dire que la relation entre Ike et Shinohara avait bien progressé. A l’avenir, ils pourraient même inciter d’autres élèves à travailler plus. Quand quelqu’un va de l’avant, d’autres suivent. Il était important de profiter de cette relation constructive.

Ike — Regarde, Shinohara.

Shinohara — Hmm ?

Ike, qui était assis à côté de moi, se mit soudainement à changer de ton.

Ike — C’est…regarde…j’ai quelque chose à te dire…Tu veux bien m’écouter ?

Shinohara — Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi t’es si sérieux ?

Ike — Err, comment je pourrais le dire… Notre relation en ce moment est un peu comme des amis qui se disputent constamment, mais… umm…

Hiyori et moi, nous nous étions regardés. C’était précisément parce que ce n’était pas nos affaires qu’on avait mieux compris ce que signifiaient ces mots. Peut-être qu’un nouveau couple allait naître ici. C’était le développement le plus prévisible en se basant sur les événements actuels.

Ike — Veux-tu…

        Shinohara — Ah !

Shinohara l’interrompit bruyamment juste au moment où Ike était sur le point de le dire. Bien que ce soit un espace ouvert, le campus était un endroit assez petit. Peu importe où nous sommes, il y aura toujours quelqu’un pour nous remarquer. Shinohara, qui jusque-là n’avait d’yeux que pour Ike, remarqua finalement notre présence. Ike tourna la tête vers nous et sursauta en croisant mon regard.

Ike — Ahh, Ayanokôji !

Étant donné qu’il était sur le point de faire sa déclaration, sa réaction n’avait cette fois-ci rien d’exagéré.

Ike — Qu’est-ce que tu… Qu’est-ce que tu fais là ?

Moi — Quoi ?… Je ne peux pas être au café ? Il y a un problème ?

Ike — Même s’il n’y a pas de mal à ce que tu sois ici, tu aurais dû au moins me dire bonjour ! Tu n’as rien dit mec, t’es trop sournois.

Non, dans cette situation, le saluer aurait empiré les choses. Il m’a même traité de sournois… Nous étions pourtant les premiers ici.

Ike — T’as écouté notre conversation ?

Moi — De quoi vous parliez ?

Je renversai la situation en posant moi-même les questions. Ike, pris au dépourvu détourna son regard.

Ike — R-rien.

Shinohara, qui nous écoutait, changea de sujet.

Shinohara — Hmm, Est-ce que toi et Hiyori êtes en rencard ?

Il semblerait que je n’étais pas seul à user de ce genre de tactiques. Bien évidemment, après nous avoir vus tous les deux seuls en train de boire du café, une telle question n’était pas une surprise.

Moi — Ce n’est pas le cas. Et vous ?

Shinohara — Non, non je n’ai pas ce genre de relation avec Ike.

Shinohara rejeta rapidement cette idée… Ike intervint rapidement, n’appréciant pas la tournure que prenait la discussion.

Ike — Oui, oui, Ayanokôji, ne te méprends pas, ok ? Qui voudrait sortir avec quelqu’un d’aussi moche qu’elle.

Shinohara — Huhh ?? Qui est le moche ici ?

Ike — C’est toi, évidemment !

Non, non, non, pourquoi se disputaient-ils maintenant ? Les deux se levèrent et ruinèrent l’ambiance jusqu’ici calme et sereine du café. Se fixant du regard, ils continuèrent.

Ike — Argh…! Tu me gonfles.

Shinohara — C’est ma réplique. C’est moi qui ai pris du temps de mes vacances pour toi !

Ike — Hein ? J’avais rien d’autre à faire, alors je t’ai demandée de venir.

Shinohara — Quoi ? C’est regrettable…

Je pensais que les deux finiraient par s’asseoir mais d’une manière ou d’une autre, je fini par les perdre de vue alors qu’ils continuaient de se disputer. On était si proche de la naissance d’un nouveau couple, mais il y avait eu un retournement de situation.

Hiyori — On n’a pas besoin de s’en inquiéter… non ?

Hiyori était également légèrement affecté par la façon dont la situation venait de changer subitement et le fit remarquer doucement.

Moi — Je sais pas…

Ils ne pouvaient que se blâmer eux-mêmes d’avoir eu la malchance de s’asseoir à côté d’un camarade de classe. Espérons juste qu’ils vont se réconcilier et continuer à développer leur relation.

Moi — Qu’est-ce que tu voulais me dire ?

Hiyori — Oh ça, oui, oui. C’est quelque peu aventureux et un peu similaire à ce qu’ils disaient à l’instant.

Similaire ? Je fus un peu surpris. Était-ce lié à la façon dont Ike avait fait sa déclaration ? De telles pensées traversèrent mon esprit, mais elles furent immédiatement démenties.

Hiyori — J’ai quelque chose à te demander au sujet de l’examen de fin d’année.

Ike et Shinohara avaient effectivement parlé de l’examen de fin d’année.

Moi — Que veux-tu me demander ?

Hiyori — Excuse-moi si je me trompe, mais je ne vais pas passer par quatre chemins. Est-ce que c’est toi qui a fait changer Ryuuen ?

Hiyori me regardait avec des yeux emplis de curiosité et sans trace de malice. Depuis notre rencontre, elle avait toujours eu des intuitions aiguisées.

Moi — Normalement, je t’aurais demandé ce que tu entends par là.

Faire semblant de n’avoir rien à voir avec tout cela était ma meilleure porte de sortie. La raison pour laquelle je n’avais pas fait ça, était ses yeux plein de conviction.

Hiyori — Oui. Mais, puisque c’est à toi que je demande, je ne pense pas avoir besoin d’élaborer pour que tu comprennes.

Changer Ryuuen. De manière générale, la plupart des gens se perdraient dans la confusion en entendant de telles suppositions. Tandis que d’autres, comprendraient immédiatement de quoi il était question. Le point commun de cette minorité était soit leur lucidité, soit leur implication dans cette affaire.

Moi — Pourquoi penses-tu ça ?

Je lui demandais quel était son raisonnement au lieu de le nier. J’avais besoin d’une réponse claire pour comprendre pourquoi elle croyait que c’était le cas.

Hiyori — Je viens juste d’assembler les pièces du puzzle. Ryuuen avait toujours ciblé votre classe. Mais il a subitement quitté sa position de leader. Apparemment, cela était dû au fait que Ishizaki l’avait battu, mais peu importe combien de fois j’y réfléchis, cela semble toujours être une sorte de couverture. Après avoir contacté les proches de Ryuuen, Ishizaki, Ibuki, et même Ryuuen lui-même, j’en suis devenue sûre.

Hiyori semblait avoir beaucoup opéré dans mon dos. Et à cause de ça, elle commença à douter de la prétendue révolution d’Ishizaki.

Hiyori — Si jamais ma question te dérange, je m’en excuse. Mais j’ai été nerveuse toute la journée à l’idée d’enfin te dire ce que je savais. Et aussi parce que j’ai peur que mon implication ne t’énerve. Peu importe où est la vérité, rien qu’un coup d’œil permet de me dire que tu ne veux pas en parler.

Moi — Donc tu as quand même décidé d’en parler malgré le fait que tu saches dans quoi tu mets les pieds ?

Ce sujet était bien différent des superficialités que j’avais l’habitude d’aborder avec elle. Cette discussion semblait être le fruit de réflexions mûrement réfléchies.

Hiyori — Si on ne peut plus être amis après cela… Je le regretterai. Si je ne peux plus te parler comme ça, je regretterai définitivement ce que je viens de faire.

Si c’était le cas, elle aurait dû garder ça pour elle. Mais, malgré cela, elle a quand même dit ce qu’elle a dit.

Hiyori — Je m’étais dit que si je n’avais pas approfondi la question, notre relation n’aurait jamais pu se développer.

Moi — Quel genre de développement ?

Après avoir entendu cette question, Hiyori entrouvrit sa bouche, comme surprise par ses propres mots.

Hiyori — Oui… Je ne suis pas vraiment sûre ce que je suis en train de dire.

En disant cela, Hiyori eut une expression perplexe.

Hiyori — Puis-je te demander autre chose ? As-tu entendu parlé de l’affrontement entre ma classe et la B ?

Moi — Je ne connais que les résultats.

Hiyori changea alors de sujet et se mit à m’expliquer comment ils avaient obtenu la victoire face à Ichinose.

Moi — Je vois. C’est très osé et dangereux en soi.

Hiyori — C’est vrai, le style de combat de Ryuuen soulève de nombreuses questions. Mais ce fut un mal nécessaire pour que notre classe soit promue. Penses-tu que c’est une approche trop fourbe ?

Moi — Je ne vais pas nier cela au moins.

Même si ce n’était pas vraiment louable, cela apporta quand même la victoire à leur classe. Des gens comme ça sont nécessaires en société. D’ailleurs, pour combattre d’une manière méprisée par tout le monde, une force mentale considérable est requise pour rester debout. Paradoxalement, la fourberie de leur combat le rend louable.

Hiyori — C’est juste que cette approche est similaire à la traversée d’un pont très dangereux. La classe B avait ses soupçons. Cependant, je ne pense pas qu’ils puissent trouver des preuves concrètes puisque nous nous sommes faufilés autour des caméras de surveillance installées partout.

Cette école était équipée de nombreuses caméras de surveillance. Il n’y avait pas que les bâtiments scolaires, mais aussi le centre commercial Keyaki ainsi que ses environs étaient également sous surveillance. Mais cela ne s’appliquait pas partout. Les toilettes, dortoirs, et les salles de karaoké n’avaient bien sûr aucune caméra. Si la classe B avait eu des doutes sur ce qui s’est passé lors de l’examen précédent, elle aurait déjà enquêté. Cependant, ils n’auraient probablement rien trouvé d’utile et il aurait été assez dur d’enquêter davantage.

Hiyori — Ce fut cinq magnifiques victoires, donc on peut considérer cela   comme une stratégie parfaite.

Moi — Magnifiques ? Je ne pense pas. En fait, je dirais plus tôt qu’il serait pertinent de qualifier cette stratégie de sous-optimale.

Hiyori — Qu’est-ce que tu veux dire ? Qu’il était possible d’obtenir six victoires ou plus ?

Hiyori — Cinq victoires est déjà un bon score. En fait, je pense que nous avons été trop gourmands. Etant donné que Ryuuen a dû opter pour cette stratégie très risquée afin d’obtenir ces cinq victoires.

Hiyori passa en revue et analysa sa classe lors du dernier examen… Puis elle entama un récit sur leur victoire.

Hiyori — Ce fut une bonne chose d’exercer une pression constante sur les élèves de la classe B, mais cibler leur corps pour les affaiblir était une mauvaise décision. Même la classe B qui comptait pourtant tant d’élèves de bon cœur, ne pouvait encaisser une telle chose.

Après avoir entendu cela, je me mis à partager les pensées de Hiyori. Je savais qu’elle et moi vivions une vie complètement différente. Notre existence ne devait avoir rien en commun. Il y avait cependant des similitudes dans nos idées et nos raisonnements. Et c’est pour ces raisons que les doutes surgirent.

Moi — Donc avant que Ryuuen n’utilise sa stratégie, tu étais déjà au courant, et tu n’as pas essayé de l’en empêcher ?

Hiyori — Penses-tu vraiment qu’il écoute ce que je dis ?

Comparé à Ishizaki ou Ibuki, une suggestion de Hiyori aurait probablement plus de valeur, mais elle ne serait probablement pas écoutée de toute façon. Il y avait peu de chance qu’il l’écoute, il serait plus du genre à se moquer de ses suggestions.

Moi — Hmm, c’est vrai. Alors, comment penses-tu pouvoir stopper Ryuuen ?

Je voulais connaître les raisons de ses agissements. Peut-être que Hiyori l’avait déjà compris intuitivement. Cela expliquerait pourquoi elle a pris les devants aujourd’hui.

Hiyori — Via quelqu’un du même calibre… Non, grâce aux critiques de quelqu’un d’encore plus fort que lui.

Ryuuen ne suivrait les conseils de personne. Cependant, si ce conseil venait de quelqu’un qu’il avait reconnu, alors c’était une autre affaire. C’est donc là que cette histoire commençait à me concerner.

Moi — Hiyori, tu peux lui faire passer un message ?

J’ai décidé de ne pas lui répondre directement. Parce que je pensais qu’il n’y en avait pas besoin. C’était déjà assez. Si c’était un autre élève, c’était une autre histoire, mais Hiyori n’était pas le genre de personne à utiliser cette situation pour tenter de me rendre la vie difficile. Car elle comprenait qu’il y avait une raison pour laquelle Ryuuen, m’ayant reconnu comme le chef de la classe D,  ne m’ait pas dénoncé publiquement.

Hiyori — Quel est-il ?

Hiyori, avec son attitude immuable, me regarda gentiment.

Moi — Dit à Ryuuen que si ça avait été moi, j’aurais pu sécuriser plus de 5 victoires, en usant d’une meilleure stratégie. S’il te plaît, fais-lui passer ça.

Hiyori — Ok, compris. J’ai mémorisé ton message et je le lui transmettrai.

Comme si elle exprimait sa gratitude, elle enlaça ses mains, ferma les yeux et me sourit. Il semblait qu’en plus d’Ishizaki et Ibuki, Ryuuen avait d’autres bons alliés.

Si Hiyori était capable de contrôler facilement ces 3 personnes et d’éviter qu’ils partent vrille, alors elle deviendrait un adversaire encore plus dangereux. C’est ainsi qu’elle mit fin à notre discussion sur l’examen de fin d’année.

Hiyori — Donc…

Normalement, on se serait déjà séparés, mais la chose la plus importante venait après tout ça.

Hiyori — Si quelque chose attire ton attention, n’hésite pas à le prendre et à le lire.

Elle ouvrit son sac à nouveau et sortit les livres. C’est d’ailleurs ce qu’on était venu faire au départ.

Moi — Je peux ? Même s’ils sont empruntés à ton nom ?

Hiyori — J’ai déjà reçu la permission d’un professeur. Bien que ça ne soit pas l’idéal, ça va tant que je les rends à temps.

Parce que Hiyori était une élève excellente qui allait toujours à la bibliothèque, il n’était que très peu surprenant qu’elle reçoive un traitement de faveur. Après avoir discuté de tout ce qu’il y avait à savoir sur les livres, nous nous dîmes au revoir laissant sur la table du café nos tasses de thé vides.

Moi — Il semblerait que je vais devoir changer mon évaluation à son propos.

Jusqu’à aujourd’hui, je ne l’ai considéré que comme une étudiante lambda. Voir même une amie avec des centres d’intérêts communs si je poussais la réflexion plus loin. Peu de temps après le départ de Hiyori, j’allais rencontrer Kei, qui était aussi au centre commercial Keyaki.

Karuizawa — Qu’est-ce que tu veux ?

Kei, qui était apparue devant moi, avait l’air plutôt mécontente.

Moi — Et si on allait s’asseoir d’abord ?

Je lui avais innocemment demandé de s’asseoir sur la même chaise que Hiyori mais elle refusa après y avoir jeté un coup d’œil, la regardant avec dégoût.

Karuizawa — Des rumeurs sur nous circuleront si on nous voyait assis ensemble en train de prendre un verre.

Elle dit cela en regardant au loin. Même si un tiers regardait cette scène, on n’avait pas vraiment l’air de parler.

Moi — Il y a un problème avec ces rumeurs ?

Karuizawa — C’est un énorme problème ! Même si tu parles juste un peu avec un garçon, les rumeurs commencent à circuler immédiatement, tu devrais le savoir ? Tu ne comprends pas du tout la situation.

Dit simplement, c’était précisément ce que je faisais, interagir avec désinvolture avec le sexe opposé.

Karuizawa — Donc, qu’est-ce que tu veux ?

Moi — Désolé j’ai oublié. Je te recontacterai quand je m’en rappellerai.

J’avais déjà fini ce que je voulais faire avec Kei.

Karuizawa — C’est quoi le problème ? C’est n’importe quoi, Je rentre !

Après avoir soupiré d’incompréhension, Kei se retourna. Je la regardais s’éloigner au loin sans essayer de l’arrêter. Il n’était pas difficile de comprendre la cause de sa mauvaise humeur. Parce que je l’avais délibérément secouée.

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