CLASSROOM V11 : CHAPITRE 8


Classe B vs classe D

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Traduction : Raitei
Correction : Raitei

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Alors que les classes A et C étaient encore en train de faire corriger leurs tests de mathématiques pour leur troisième épreuve…L’issue du quatrième événement entre la classe B et la classe D avait déjà été décidée.

M. Mashima — Après avoir comptabilisé les résultats, la classe B a terminé avec 601 points, tandis que la classe D a terminé avec 409 points. La classe B remporte la quatrième épreuve.

Après avoir entendu Mashima annoncer les résultats, Ichinose poussa un soupir de soulagement. L’événement était un test académique que la classe B avait suggéré, il aurait donc été presque impossible pour eux de perdre.

Ryuuen — Tu as de chance, Ichinose. Enchaîner trois épreuves proposées par ta classe.

Ichinose —…Ouais.

Bien qu’il ait gagné, Ichinose était encore clairement désemparée, alors que le perdant, Ryuuen, semblait parfaitement calme. D’ailleurs, c’était tout naturel. Sur les quatre épreuves qui avaient été tirées au sort jusqu’à présent, trois avaient été proposées par la classe B. Cependant le score était à égalité avec deux victoires chacune entre la classe B et la classe D. Lors de la troisième épreuve, la classe B avait perdu à son propre jeu, l’épreuve de chimie. La raison de leur défaite était évidente.

Ichinose —…Sensei… Les élèves qui ont eu mal au ventre sont-ils revenus des toilettes ?

À la demande d’Ichinose, Mashima prit contact avec la classe pour vérifier la situation de la classe B.

M. Mashima —Non, deux d’entre eux ne sont pas encore revenus des toilettes et il semble que plusieurs autres commencent à se sentir mal maintenant.

Ichinose —Est-ce que c’est…

La raison pour laquelle la classe B avait perdu l’épreuve de chimie était qu’une partie de leur principale force de combat était tombée malade de façon inattendue.

Mais ce n’était pas la seule raison. La veille de l’examen, certains élèves de la classe B avaient eu un différend avec la classe D, ce qui avait également eu un impact. Bien qu’une plainte ait été déposée auprès de l’école, aucune des deux classes n’avait été pénalisée car il ne s’agissait que d’une simple dispute. Ces actions sournoises avaient sans doute été orchestrées par l’homme assis de l’autre côté de la table, Ryuuen. Ichinose avait pris quelques respirations profondes afin de retrouver son sang-froid.

Ichinose —…Haa…Ça ira…Ça va le faire !

Ichinose avait perdu sa présence d’esprit depuis sa défaite dans l’épreuve de chimie, mais elle commençait lentement à se reprendre. S’il était vrai que les problèmes continuaient à surgir les uns après les autres, les actions de Ryuuen étaient limitées. En tant que chef, il ne pouvait pas faire ce qu’elle ne pouvait pas faire non plus.

Ichinose tenta désespérément de regagner sa confiance en elle. Pour se dire que, tant qu’elle continuerait à se battre, sa classe ne perdrait pas.

Ryuuen — Chers profs, dépêchez-vous de faire débuter le cinquième événement. Ces crétins de la classe B n’ont même pas pu s’occuper de faire attention à eux le jour d’un examen alors pourquoi doit-on le payer ? Vous allez vraiment faire des concessions pour des gars aussi négligents ?

Mlle. Chabashira — Surveille ton langage Ryuuen !

Malgré l’avertissement de Chabashira pour son insolence, Ryuuen ne sembla pas s’en soucier. Il ne lâcha pas l’affaire.

Ryuuen — Si ça se trouve, ils ne sont pas aux chiottes et ils mettent au point une stratégie. En plus c’est vraiment louche que plusieurs personnes tombent malades en même temps. Tu joues à quoi Ichinose au juste ?

Ichinose — Je n’ai pas…

Ryuuen avait jeté ses soupçons sur l’équipe d’Ichinose même si cette dernière savait qu’elle n’était pas fautive. Mais comme elle ne pouvait réfuter…

Ryuuen — Quoi qu’il en soit, continuons.

Avec un sourire sur le visage, Ryuuen jeta un coup d’œil à Chabashira pour avoir confirmation.

Mlle. Chabashira — Ryuuen a raison sur ce point. Mashima-sensei, veuillez procéder au cinquième événement, si vous voulez bien.

Mashima commença le tirage au sort du cinquième événement.

Karate

Participants requis : 3

Durée : 10 minutes

Règles : Chaque match durera au maximum 3 minutes et devra se dérouler selon le style Sundome, à savoir les coups sans les contacts. Le perdant part, le gagnant reste (condition de tournoi).

Intervention du chef : Il peut à tout moment demander qu’un match (un seul) soit refait.

Ryuuen — Cool, c’est un de nos événements cette fois. Peu importe l’adversaire, nous serons intraitables !

Ryuuen choisit Suzuki Hidetoshi, Oda Takumi et Ishizaki Daichi pour ses trois participants. Les règles concernant l’intervention du chef étaient parfaites pour lui aussi, lui donnant la possibilité de demander une revanche au cas où un événement inattendu se produirait et que sa classe perdrait un des matchs.

De l’autre côté, Ichinose choisit Sumida Makoto, Watanabe Norihito et Yonezu Haruto. Lorsque les épreuves de la classe adverse furent annoncées, elle avait demandé à ces trois personnes de s’entraîner pour l’épreuve, mais ils avaient mis beaucoup de temps pour assimiler les règles au détriment de la pratique. En conséquence, la classe B subit deux pertes consécutives assez violentes. Même quand Ichinose essaya d’utiliser ses pouvoirs de chef pour demander une revanche, cela n’avait rien changé.

Le cinquième événement a été l’une des défaites les plus rapides et les plus décisives jusqu’à présent. À ce stade, la classe B n’avait plus de marge de manœuvre. Si elle perdait la prochaine épreuve, la sixième, elle perdrait l’ensemble de l’examen spécial.

Ryuuen — C’est drôle, n’est-ce pas, Ichinose ?

En attendant que le tirage au sort ne se termine, Ryuuen interpela Ichinose, qui se fit plus silencieuse.

Ryuuen — Lorsque tu as su que tu affrontais la classe D à l’époque, tu as dû te dire que tu avais de la chance. Que tu avais un avantage écrasant. Mais quand je te regarde là, j’ai l’impression que tout ce que tu peux faire, est prier le ciel pour être sauvée, kuku.

Les stratégies d’Ichinose n’étaient nullement mauvaises, mais il a fallu qu’un incident soudain se produise pour tout chambouler et les faire perdre sur leur terrain lors d’une épreuve. Si le prochain événement n’était pas le leur, c’était fini pour eux. C’est ainsi que le sixième événement fut annoncé.

Judo

 Participants requis : 1

Durée : 4 minutes (jusqu’à 3 matchs pour un total de 12 minutes)

Règles : Les règles standard du judo s’appliquent.

Intervention du chef : Le chef peut choisir d’invalider les résultats d’un match et demander une revanche.

Un événement en tête à tête. Pour la classe B, l’événement qui avait été choisi était le pire résultat possible imaginable. C’était la première fois qu’Ichinose avait vraiment la sensation d’être plongée dans les ténèbres.

Ryuuen — Kukuku. Judo ? Judo, hein ? Pour que ÇA soit choisi parmi toutes les épreuves. La chance ne te sourit pas au final, Ichinose.

Ichinose — Comment…

Ryuuen — Si les deux dernières épreuves avaient été les tiennes, ta classe aurait eu encore une chance de gagner !

Ryuuen choisit ainsi Yamada Albert sans hésitation. Tout comme dans l’épreuve de karaté précédente, les règles concernant l’intervention du chef étaient une assurance ultime qui garantissait qu’il ne perdrait pas.

Ryuuen — Même si l’adversaire est Albert, ne te laisse pas abattre. Le plus fort ne gagne pas toujours, donc il faut tenter.

Le résultat était déjà clair comme le jour. Il serait extrêmement difficile pour la classe B de battre un adversaire dont le physique et l’habileté dépassaient de loin les siens. C’était le seul événement auquel la classe B avait renoncé, où elle ne pouvait pas gagner quoi qu’il arrive. Ichinose devait choisir une seule personne, et elle n’avait que trente secondes pour décider. Mais maintenant, Ichinose ne pouvait même plus faire le choix de nommer quelqu’un.

Selon les règles, un élève était choisi au hasard si le chef ne faisait pas son choix à temps, mais après avoir considéré le danger de l’événement, Mashima  prononça directement l’issue du match.

M. Mashima — La classe B perd cet événement par défaut. Et cela marque la quatrième victoire de la classe D, faisant d’elle le vainqueur de cet examen spécial.

Avec cette déclaration clémente de Mashima, le résultat de la bataille entre la classe B et la classe D avait été gravé dans la roche.

1

Ici, remonte l’histoire au jour où l’examen spécial a été annoncé pour la première fois. Seul, Ishizaki poursuivit Ryuuen alors qu’il partait déjeuner. La classe D avait déjà décidé de faire de Kaneda son chef, mais ils avaient des difficultés à trouver les événements à choisir. La raison étant que personne en classe D n’était capable de proposer des idées originales. Des événements ordinaires, des règles ordinaires, des styles de combats ordinaires, ils n’avaient pu trouver que des idées simples et ordinaires auxquelles n’importe qui pouvait penser. S’ils ne pouvaient pas trouver mieux, leurs chances de gagner contre les *autres classes étaient en fait inexistantes. Soumettre dix événements banals était tout simplement la solution de facilité. Dans la classe D, l’opinion actuelle était qu’ils devaient éviter de se confronter à la classe A parce que leurs capacités étaient tout simplement trop écrasantes. De même, ils étaient arrivés à la conclusion qu’il pourrait être encore plus crucial d’éviter la classe B. Donc, naturellement, tout le monde voulait s’en prendre à la classe C hormis Ishizaki.

Ishizaki — Uhh─ T’as un moment, Ryuuen-san ?

Malgré ses craintes, Ishizaki vérifia les alentours pour s’assurer qu’il n’y avait pas d’autres seconde dans les parages avant d’appeler Ryuuen.

Ryuuen — Hm ?

D’un simple coup d’œil des yeux sévères de Ryuuen, Ishizaki se figea comme une grenouille qui aurait été vue par un serpent. Mais malgré tout, il réussit à parler.

Ishizaki — T…Tu peux m’accorder un peu de ton temps ?

Ryuuen — Oh, alors tu es devenu assez grand pour t’opposer à moi ?

Ishizaki — N-non, c’est pas ça… !

Ryuuen — Kuku. Bon, peu importe. Tu es quasiment le leader de la classe D en ce moment.

Ryuuen avait l’impression de ne faire que prolonger l’inévitable en ce moment. Que ce n’était rien d’autre qu’un temps supplémentaire dans une école où il allait finir par être contraint de sortir, donc il tuait le temps comme il voulait. Les deux hommes avaient commencé à marcher dehors. Même si quelqu’un était témoin de leur passage, ça aurait été pris comme un banal appel de la part d’Ishizaki et non pour une prise de contact. Une fois sortis du bâtiment de l’école et arrivés dans une zone où il n’y avait personne, Ishizaki se mit rapidement à genoux.

Ishizaki — Ryuuen-san, s’il te plaît… prête ta force à la classe D pour cet exam !

Dès l’instant où Ishizaki fit sa demande, Ryuuen eut une idée précise de ce que voulait Ishizaki. Cependant, il n’en avait pas dit un mot. Il regarda juste Ishizaki prosterné sur le sol devant lui.

Ryuuen — Tu dis n’importe quoi, Ishizaki. Je me suis retiré. Je te l’ai déjà dit. Tu penses vraiment que je vais vous aider.

Ishizaki —  J…Je le sais. Mais vu la situation actuelle, on a aucune chance.

Ryuuen — Ouais, probablement.

Ryuuen ne nia pas la chose.

Après tout, il y avait déjà pensé. La classe D était largement inférieure aux autres classes en termes de capacité.

Ishizaki — Kaneda a pris le commandement, donc même si nous perdons, personne ne sera expulsé… Mais une défaite à ce stade signifie que nos points de classe seront pratiquement perdus !

Ryuuen — Conséquence logique si on perd 7 événements.

La classe D comptait actuellement 318 points de classe. Si elle perdait les sept matchs, elle redescendrait à 100 points au total. Bien que ce soit le pire scénario, ce n’était pas si improbable au vu de l’état de la classe.

Ryuuen — Tu veux que je sois le chef, mais qui voudrait ça ?

Ishizaki — C’est…

Pour que Ryuuen soit expulsé, il faudrait qu’il devienne le chef et que la classe D perde l’examen. Cependant, la classe devait subir une perte énorme en point à cause de l’expulsion d’une seule personne, et personne n’aurait été très désireux de faire ce compromis. Si jamais leurs points de classe devaient tomber à 0, il leur serait effectivement impossible d’atteindre un jour la classe A. Et pas seulement cela. Il serait presque impossible de vivre une vie stable dans cette école. Le résultat optimal de la classe D est la victoire. La seconde serait de perdre et de forcer l’expulsion de Ryuuen.

Il fallait à tout prix éviter de se faire écraser et de perdre leur seul point de protection en même temps. Ishizaki voulait absolument que la classe D gagne et ne pas faire expulser Ryuuen. Seul ce dernier était capable d’obtenir la victoire.

Ishizaki —…Alors on doit faire quoi ? Opter pour la classe C ?  

Dans des circonstances normales, Ishizaki aurait été tout à fait favorable au choix de la classe C, mais le problème était Ayanokôji. L’hésitation d’Ishizaki venait du fait qu’il était l’un des rares élèves à connaître la vraie nature de cet homme.

Ryuuen — Ne me demande pas mon avis comme ça. Qui a dit que j’allais coopérer ?

Pour Ishizaki, c’était tout ou rien, mais les propos de Ryuuen montraient clairement qu’il avait été trop imprudent. Mais même ainsi, il n’allait pas cesser de se prosterner. Il était prêt à continuer jusqu’au moment où Ryuuen partirait.

Ryuuen — Tu as raison de dire que la classe C n’est pas très unifiée. Ils ont un monstre comme Ayanokôji, mais en fin de compte, ce n’est qu’un seul gars. Tu pourrais même être tenté de penser que tu as une chance parce que c’est une compétition d’équipe… mais tu aurais tort.

Ishizaki — Quoi ?

Ryuuen, celui-là même qu’Ishizaki pensait n’avoir aucune chance de convaincre, décida de partager ses réflexions.

Ryuuen — Je ne sais pas comment nous choisissons notre adversaire, mais cette classe n’est pas une classe que je voudrais défier volontairement.

Ishizaki — M-mais autre qu’Ayanokôji…

Ryuuen — Ça n’a rien à voir avec ça, imbécile.

Ishizaki recula un peu.

Ryuuen — Même si la classe D est plein de crétins incompétents comme toi, nous avons encore les outils nécessaires pour réussir à notre manière. Mais la classe C n’est pas la meilleure option à envisager. Non, il n’y a qu’une seule classe qui soit suffisamment appropriée pour être notre adversaire.

Ishizaki — Laquelle ?

Ryuuen — La classe B.

Ryuuen nomma la classe sans même regarder Ishizaki en dessous de lui.

Ryuuen — Si tu veux gagner, la classe B est la seule option.

Une classe que tout le monde dans la classe D avaitvoulu éviter.

Ryuuen— Même un idiot peut être utile selon ce que vous en faites.

Avec cela, Ryuuen tourna le dos à Ishizaki et commença à partir.

Ishizaki — S’il te plait, attends ! Comment, on peut battre la B ?

Ishizaki se leva d’un bond et l’appela.

Ishizaki — Ryuuen-san ! Ryuuen-saaan !

Mais les cris d’Ishizaki ne l’empêchèrent pas de s’éloigner.

2

Comme il était celui qui avait été crédité pour avoir renversé Ryuuen, l’influence d’Ishizaki au sein de la classe D n’était pas vraiment faible. Cela ne signifiait pas pour autant qu’il n’y avait pas de problèmes. Celui qui aurait dû être expulsé lors de l’examen provisoire, Ryuuen, était encore là. La classe avait concentré ses votes de censure sur Manabe afin de la menacer un peu, mais elle avait  fini par être expulsée à la place. Naturellement, beaucoup d’élèves s’étaient sentis méfiants à ce sujet.

Bien sûr, la première question que tout le monde s’était posée était « Qui exactement a voté en si grand nombre pour Ryuuen ? » Quelqu’un de la classe D avait-il voté pour lui ? Ou, si c’était une autre classe, laquelle ? De nombreuses théories avaient été lancées à plusieurs reprises. En raison du degré élevé d’anonymat de l’examen spécial provisoire, il leur avait été impossible de trouver la réponse exacte.

En réalité, Ichinose de la classe B avait indirectement conclu un accord avec Ryuuen, offrant un grand nombre de votes de louange en échange de la réserve de points privés de Ryuuen. Bien que ce soit ce qui s’était passé, la classe B ne l’aurait jamais dit à personne. Comme Ichinose avait demandé de garder le secret, ses camarades de classe avaient obéi. La classe B l’aurait écoutée de toute façon, mais dans ce cas-là, cela faisait partie d’une stratégie visant à empêcher l’expulsion d’un de leurs camarades de classe, alors personne n’aurait voulu divulguer la chose.

La classe D était dans la paranoïa la plus totale. Cependant, certains d’entre eux connaissaient la vérité. Ishizaki et Ibuki avaient pris des mesures pour empêcher l’expulsion de Ryuuen, et Shiina Hiyori avait collaboré avec eux., Shiina joua ainsi un rôle crucial et utilisa les conseils qu’Ishizaki avait reçus de Ryuuen. Elle avait travaillé rigoureusement pour s’assurer que sa classe en venait à se comparer à la classe B. Lors d’une conversation privée avec Kaneda, elle l’avait subtilement guidé pour qu’il en vienne à la conclusion que la B était leur meilleur choix.

Cela ne signifiait pas pour autant que le problème était résolu.

Shiina elle-même était bien consciente que, sans aucun leadership, les chances de victoire de la classe D seraient minces si elle devait affronter la classe B en ce moment même. Elle savait que prendre du retard, même léger, conduirait à la défaite. Ainsi, le jour même, après la décision des jumelages de classes, Shiina immédiatement mit en œuvre un certain plan.

Ishizaki — Merde ! On fait quoi ?

Dans une pièce louée au salon de karaoké, Ishizaki exprima sa frustration.

Ibuki — J’sais pas. Pourquoi tu m’as fait venir ? C’est quoi ce groupe ?

Ibuki jeta un coup d’œil à Ishizaki avant de donner un regard tout aussi sévère à Shiina, qui était assise juste à côté de lui.

Hiyori — Hmm…C’est Ishizaki-kun et sa joyeuse bande d’amis ?

Ibuki s’affala sur sa chaise en fixant Shiina pour sa réponse stupide.

Ibuki — Haa… J’ai mal à la tête.

Hiyori — Vu que nous sommes les trois personnes qui connaissons le mieux la situation actuelle, je pense que nous pourrons trouver des idées en nous réunissant comme ça. Et comme on dit, Manjushri[1] parle pour trois.

Ishizaki — Quoi ? Manju chie ? pour trois ?

Ibuki — Tu l’as fait exprès hein ?!

Ishizaki — Ouch ! Arrête de me pincer la main comme ça poufiasse !!

Hiyori — Ah, Je savais qu’une réunion dans une salle de karaoké était la bonne décision. On peut mettre de l’ambiance au moins.

En voyant l’interaction entre Ibuki et Ishizaki, Shiina serra les mains de bonheur. Ibuki, cependant, était outrée.

Ibuki — Avoir une discussion avec un groupe de ce genre, c’est mort. Je me casse !

Hiyori — Ah, c’est problématique. Ryuuen-kun va venir.

Ibuki/Ishizaki — QUOI ?!!

Ishizaki et Ibuki furent synchros.

Hiyori — Ryuuen-kun est absolument essentiel pour gagner cet examen spécial. Après tout, il est le seul à avoir trouvé une brèche en classe B alors que tous les autres voulaient l’éviter.

Shiina avait déclenché une sacrée bombe. Elle ne semblait pas comprendre le poids de ses propres mots.

Ibuki — Toi, qu’est-ce que tu viens de dire ?

Hiyori — Hein ? J’ai dit qu’il est le seul à…

Ibuki — Pas ça. Ce que tu as dit avant ! Il va venir ici ?

Hiyori — Ryuuen-kun ?

Ibuki regarda Ishizaki et inversement.

Ishizaki — S-sérieusement ? Ryuuen-san ? Ici ???

Hiyori — Oui. Je l’ai déjà invité.

Ibuki — Ça va être l’un des pires karaokés que j’ai jamais vu… mais, tu lui as parlé de nous ?

Hiyori — Je lui ai dit que vous seriez là tous les deux, bien sûr.

Ishizaki — Tu dis qu’il sait que nous sommes ici et qu’il va quand même venir…?

Ishizaki avait déjà tenté de faire coopérer Ryuuen et avait essuyé un refus, il était donc normal qu’il se méfie.

Ibuki — Je vais demander juste pour être sûr, mais à quelle heure ce type a-t-il dit qu’il allait venir ?

Hiyori — 16h.

Ibuki —…Hein ?

Ibuki jeta un coup d’œil à l’horloge sur le mur. Il était un peu plus de 17h05.

Hiyori — On dirait qu’il est juste un peu en retard.

Ibuki — Ça fait plus d’une demi-heure ! Ce n’est pas un retard là,  mais un lapin !

Hiyori — Calmez-vous et prenez un peu de ce soda au melon. Soyons patients, d’accord ?

Ibuki ignora complètement la canette de soda au melon que Shiina lui avait offerte.

Ibuki — J’ai pas le temps pour ça…

Alors qu’Ibuki était sur le point de se lever, Ishizaki l’arrêta

Ishizaki — J’attends. On sait jamais.

Ibuki — T’es attardé putain ! Il tiendra pas parole !

En fait, il était déjà très en retard. Peu enclin à s’impliquer dans cette affaire, Ibuki cracha des excuses superficielles et partit en direction de la porte. Mais cette fois, une main blanche et fine tendit la main et saisit Ibuki par le bras.

Hiyori — Attendons, Ibuki-san. Il n’en a peut-être pas l’air, mais Ryuuen-kun est une personne sérieuse tu sais.

Ibuki —…Qu’est-ce que tu crois savoir de lui ?

Hiyori — Je ne sais pas grand-chose. Honnêtement, je ne lui ai parlé que quelques fois.

Ibuki — Alors pourquoi ?

Hiyori — J’ai juste le sentiment qu’il l’est.

Ibuki — Donc, c’est sans fondement. Comme c’est niais.

Hiyori — On peut dire ça.

Shiina répondit avec un sourire innocent, déstabilisant Ibuki.

Hiyori — En plus, je m’amuse beaucoup à passer du temps avec vous deux. Tu ne veux pas rester ?

Ibuki —…Idiote.

Ibuki s’assit, exaspérée.

Ibuki — S’il ne se montre pas bientôt, je m’en vais, d’accord ?

Hiyori — Très bien.

3

Ibuki — Je n’en peux plus ! J’suis à ma limite !

Bien qu’Ibuki ait été plus que patiente, il était maintenant un peu plus de 20 heures. Elle était plus qu’irritée. Le mot « en retard » ne s’appliquait même plus pour elle et elle finit par se lever.

Ishizaki— Oho. Tu n’as chanté que dix chansons, non ?

Hiyori — Tu n’as pas encore atteint ta limite, Ibuki-san !

Ibuki — J’ai dépassé mes limites il y a longtemps ! J’en ai marre !

Hiyori  — Faisons de notre mieux pour aller tous plus loin encore !

Ibuki — Je plaisante pas !

Ishizaki — Bordel t’es relou à la fin. T’en as pas marre d’être tout le temps sur les nefs ?

Ibuki — Etre à côté de toi fatiguerait n’importe qui.

Ishizaki tendit la main pour essayer d’arrêter Ibuki, mais elle la secoua et  commença à partir. Cependant, au moment où elle se mit à saisir la poignée, la porte s’ouvrit toute seule.

Ryuuen — Sérieusement ? Vous avez vraiment attendu ici en pensant que je finirais par me montrer ?

Un homme, Ryuuen, entra dans la pièce avec un sourire sur le visage. Comme par reflexe, Ishizaki et Ibuki se retrouvèrent figés. Ils ne pensaient pas qu’il viendrait vraiment.

Hiyori — Tu es en retard, Ryuuen-kun.

Ryuuen — Tu dis ça, mais on dirait que tu t’amuses bien.

Hiyori — Oui. Je n’ai jamais été au karaoké avant. Je passe un bon moment.

Ryuuen — Alors je vais tous vous laisser tranquilles. Amuse-toi bien, Ibuki. Désolé de vous avoir tous dérangés.

Ryuuen ricana en essayant de fermer la porte derrière lui, mais Ibuki l’arrêta.

Ibuki — Je te botte le cul si tu me laisses dans cette soirée claquée !

Ryuuen — Kuku. Comme c’est effrayant.

Ryuuen fut ensuite accompagné dans la pièce par Ibuki. Ce dernier demanda à Ishizaki de lui commander de l’eau pétillante, puis, il s’assit et commença à jouer avec son téléphone sans rien dire.

Ibuki —…Du coup ?

Ibuki l’interrogea, l’exhortant à parler.

Ryuuen — Comment ça, « du coup ? »

Ibuki — Tu nous as fait poireauter super longtemps pour rien dire ?

Ryuuen — J’étais juste venu voir si vous perdiez encore votre temps à m’attendre ici.

Il prit une gorgée de l’eau pétillante qu’Ishizaki avait commandée pour lui.

Ryuuen — C’est tout ce qu’il y a à faire.

Ibuki — Shiina m’a obligée à rester ici, j’ai perdu patience là !

Ryuuen — Et c’est ma faute ?

Ibuki — Ouais ! C’est évident.

En tapant du poing sur la table, Ibuki montra sa colère.

Ishizaki — O-oi, calme-toi Ibuki. provoquer Ryuuen-san ne te fera aucun bien.

Ibuki — Bordel, tu vas faire le chien pendant combien de temps encore ?

Ishizaki — Je… j’ai déjà décidé de suivre Ryuuen-san.

Ibuki — Et dire que tu détestais être son toutou avant.

Ishizaki — Arrête avec tes conneries !

Pendant qu’ils se disputaient, Shiina choisit une nouvelle chanson.

Ibuki — Au final, on a tiré la classe B parce que ce crétin a été séduit par tes belles paroles.

Ryuuen — On dirait bien.

Ishizaki se recroquevilla. S’ils avaient suivi le consensus de classe, ils auraient choisi la classe C. C’était la seule classe qu’ils pensaient pouvoir vaincre. Cependant, les actions d’Ishizaki avaient changé les choses, et ils n’avaient pas la moindre idée de la manière dont ils allaient gagner.

Ibuki — Ce bouffon écoute tout ce qui sort de ta bouche. Alors tu es en partie responsable.

Ryuuen — Kuku, je ne te blâmerai pas. J’ai dit quelque chose de stupide.

Avec un sourire, Ryuuen commença à s’ouvrir.

Ryuuen — Tu te souviens de ce que j’ai fait en début d’année avec la B ?

Ibuki —…Tu avais essayé de tester l’unité de leur classe non ?

Sur instruction de Ryuuen, il avait entamé un conflit avec la classe B où il a essayé de les faire se disputer. Pour vérifier le potentiel de chaque classe, il avait intentionnellement allumé un feu. Cela s’était passé à l’époque où Sudô s’était battu et où il avait secrètement pris contact avec Katsuragi.

Ryuuen — Tu te souviens du résultat ?

Ibuki — Cela n’a eu aucun effet. La classe B s’est très vite unifiée.

Ryuuen — Ouais. Ces gars ont plus de cohésion et d’unité que n’importe quelle autre classe.

Ibuki — N’est-ce pas pour ça qu’on aurait dû éviter d’affronter la classe B dans une compétition par équipe comme dans cet exam ?

Ishizaki — Je suis d’accord avec Ibuki. Ça va être chaud d’aller contre Ichinose et son armée d’admirateurs.

Ibuki et Ishizaki partageaient tous deux cette opinion.

Ryuuen — Shiina, quel est ton point de vue sur la classe B ?

Hiyori — Voyons voir… Comme Ibuki-san et Ishizaki-kun l’ont dit, la classe B est effectivement unie. Toutes leurs capacités sont également supérieures à la moyenne. C’est assez enviable  cette harmonie, mais… on pourrait dire que c’est tout ce qu’ils ont vraiment pour eux. Ils ne sont pas particulièrement menaçants.

Après l’analyse de Shiina, Ibuki fit un commentaire discret.

Ibuki — La douceur de ton visage contraste avec tes mots violents.

Après avoir entendu l’avis de tous, Ryuuen donna sa propre évaluation de la classe B.

Ryuuen — Si vous me demandez, leur plus grand défaut est Ichinose… Ils n’ont pas de chef.

Ibuki — Je capte pas là. Ichinose est leur chef.

Ryuuen — Entre Ichinose et Kanzaki, aucun des deux n’est un leader né. Ils sont plus aptes à soutenir un leader, qu’a l’être. Au lieu de confier la direction à quelqu’un comme elle, il aurait été mieux d’avoir quelqu’un comme Suzune ou Katsuragi. C’est la raison pour laquelle notre classe D pourrie a une chance de gagner.

Ibuki — Ok mais la classe D est en dessous de la moyenne dans presque tous les domaines. C’est le pire adversaire possible.

Ryuuen — En fait, peu importe la classe en face, on a très peu de chance de gagner.

Ishizaki —…Est-ce qu’on craint vraiment autant ?

Si Ishizaki a été complètement abasourdi, ni Ryuuen ni Shiina ne furent très touchées par sa réaction.

Ryuuen — Mais…

Ryuuen souleva son verre d’eau pétillante vide et regarda  Ibuki et les autres à travers lui.

Ryuuen  — Avec un peu de ruse, nos faibles chances seront plus proches de 50 %. Et selon la situation, elles pourraient augmenter encore plus.

Ryuuen sortit une feuille de papier pliée et la donna à Shiina. Il y avait écrit les noms de dix événements différents, dont cinq avaient été marqués comme favoris pour les événements qu’ils allaient effectivement choisir. Alors que Shiina lisait le texte, Ibuki et Ishizaki se penchèrent tous sur le côté pour y jeter un coup d’œil.

Ryuuen — Quand le moment sera venu, on défoncera cet exam.

Ishizaki — Attends, mais ce sont tous d…

Ryuuen — C’est exact. Ces événements sont entièrement basés sur la force brute. Faire plier l’adversaire comme il se doit.

Dix épreuves physiquement exigeantes, dont le karaté, le judo, le taekwondo, le kendo et la lutte.

Ishizaki — Ok. C’est vrai qu’il y a plusieurs personnes dans notre classe qui sont solides comme Albert, Komiya, et Kondô. Ibuki aussi… mais on n’est pas tous bons en combat.

Ishizaki disait que, même si les élèves les plus forts pouvaient remporter la victoire dans une ou deux épreuves, il n’y avait aucun moyen de savoir comment se dérouleraient les autres.

Ibuki — Ouais. La classe B a plein de gens athlétiques. Ce serait différent si on pouvait les faire participer à des compétitions individuelles, mais on doit aussi faire des épreuves d’équipe.

Ibuki partageait l’incertitude d’Ishizaki. Même s’ils devaient tout laisser à la chance du tirage au sort, il n’y avait aucune garantie qu’ils gagneraient toutes les épreuves. Cependant, ce n’eut pas l’air de déranger Ryuuen plus que ça.

Ryuuen — Et alors ?

Ibuki — Eh ?

Ryuuen — Oublie ces conneries du nombre de participations requises. On s’en fout.

Alors qu’Ishizaki avait du mal à saisir les intentions de Ryuuen, Shiina comprit immédiatement.

Hiyori — Je vois, alors c’est comme ça qu’il faut voir les choses ? Peu importe le nombre de participants à un événement, tout dépend des règles. Si nous établissons des règles éliminatoires conformément aux conditions de tournoi, nous pouvons gagner avec une seule personne.

Ryuuen — Exact. Disons que nous avons fait une épreuve de judo à dix contre dix. Le seul fait d’avoir Albert serait plus que suffisant.

Ibuki — Mais… l’école autoriserait ce type de règles ?

Ryuuen — Il serait impossible d’utiliser ces règles dans un test écrit ou dans un jeu de ballon. Mais dans les tournois de sports de combat comme le karaté et le judo, ce sont des règles basiques. L’établissement ne pourrait pas s’y opposer. Pour des événements comme le karaté, cela devrait aller tant que nous utilisons les règles du Sundome sans contact afin de réduire le danger. Même si l’administration rejette un ou deux événements parce qu’ils sont trop dangereux, cela ne devrait pas poser de problème si nous pouvons en faire passer au moins cinq dans  le processus.

Ishizaki — On peut le faire ! Avec ça,  c’est possible Ryuuen-san !!

Une fois tout le puzzle assemblé, une lueur d’espoir se glissa dans les yeux d’Ishizaki. Cependant, Ibuki avait encore des doutes.

Ibuki — C’est vrai qu’on peut gagner nos propres épreuves, mais… et si on manque chance et qu’on se retrouve avec que des événements de la B ?

Ryuuen — Il y a 50% de chances, tu ne peux pas t’en contenter ?

Ibuki —…Si tu veux que je coopère, j’ai besoin que tu garantisses la victoire.

Ryuuen — Kuku, bien sûr. J’ai un plan.

En se basant sur leurs capacités, la classe D n’était même pas en mesure de penser à gagner les événements que la classe B proposerait à l’heure  actuelle. Ryuuen affirma cependant avoir un plan pour les affronter sur leur terrain.

Ryuuen — Vous êtes d’accord pour le mettre en place ?

Peu à peu, Ibuki commença à comprendre la situation.

Ibuki — Fauter pour gagner.

Ryuuen sourit.

Ryuuen — Vous allez vous en prendre à certains de ces gars de la classe B, jour après jour, jusqu’à l’examen. Au début, tout ce que vous avez à faire, c’est de les suivre partout. Ils remarqueront tôt ou tard ce que nous faisons.

Ibuki — Mais tu penses vraiment que ça va les stresser ?

Ryuuen — La classe B va probablement se moquer de nous, qualifiant nos actions d’enfantines. Tant que nous ne leur faisons pas vraiment de mal, ils choisiront simplement de laisser tomber. C’est le genre de personne qu’est Ichinose. Au final, elle ne remarquera même pas ce que nous préparons.

Ibuki —…Ce que nous préparons ?

Ryuuen — De toute façon, c’est juste le plan pour la première semaine. Dès que les dix événements seront annoncés, nous commencerons à faire monter la pression. N’importe quelle petite chose fera l’affaire. Prendre leur place à la cafétéria, les regarder de haut, les accuser d’être bruyants. Tous les coups sont permis pour les faire rager, mais n’en faites pas trop. Vous connaissez les personnes parfaites pour faire ça, n’est-ce pas ?

Ryuuen disait qu’ils devaient inclure les personnes qui étaient aptes à combattre en cas d’altercation.

Ibuki — Est-ce… Est-ce que ça veut dire que tu veux que je me batte avec eux ?

Ryuuen — Notre objectif est simplement d’interagir davantage avec eux. Ne pensez même pas à les menacer ou à les combattre à ce stade. Nous garderons ça comme un atout que nous pourrons utiliser contre eux à la toute fin.

Il fallait que tout ce qu’ils faisaient soit aussi abstrait que possible. S’ils se mettaient à causer trop de problèmes, l’établissement pouvait intervenir.

Ryuuen — La partie la plus importante de tout ça est l’information. Dans toutes nos interactions avec eux, nous leur volons des informations et nous avons une longueur d’avance pour savoir quels événements ils vont choisir le jour de l’examen. Il est naturel qu’ils parviennent assez tôt à une sorte de consensus sur leurs cinq événements si on les pousse à bout. Ensuite, un idiot discutera de ces événements par mail ou dans un chat de groupe. Vous feriez la même chose non ?

Ibuki— O-oui. On a aussi essayé de trouver un bon moment pour discuter des événements à proposer.

Ryuuen — Voilà. Même si leurs lèvres sont scellées, leurs téléphones seront laissés sans défense. Après tout, ils pensent probablement qu’il est impossible que quelqu’un les fouille sans autorisation. Et leur politique se consolidera à l’approche de l’examen. Nous pourrions même être en mesure de savoir qui participera à chaque épreuve.

Ibuki — C’est facile à dire et tout, mais… est-ce que ça va vraiment se passer aussi bien ?

Ryuuen — Nous ne compterons pas sur la chance, je vous guiderai dans les détails. Tout partira avec le bordel que nous allons commencer avec eux demain. Nous prendrons d’autres mesures que le simple vol d’informations. Comme l’utilisation de ça !

Ibuki  — Qu’est-ce que… c’est un laxatif ?

Ryuuen — Il s’agit d’un laxatif à action lente qui commence à faire effet après 48 heures. Si on parvient à en faire prendre un à certains d’entre eux, ils se pourraient qu’ils ne se sentent pas très bien le jour de l’examen.

Ibuki— M…Mais c’est contraire aux règles !! Et si ça se savait !?

Ryuuen — Qui s’en soucie ?

Ibuki — …!

Ryuuen — Tu crois franchement que je suis du genre à me plier aux règles ?

Ibuki — Haa… Je me souviens maintenant. C’est vrai que t’es le genre de gars qui ferait tout pour gagner.

Ryuuen — Si quelque chose arrive, j’en prends l’entière responsabilité. C’est aussi simple que ça.

Quelle que soit la sanction que l’école pourrait lui infliger, Ryuuen s’en fichait bien. Même si la classe finissait par en subir les conséquences, elle recevrait de toute façon une défaite cuisante alors il valait mieux tenter.

Ibuki — Tu dis juste ça parce que tu t’en fiches d’être viré.

Ishizaki — Tout à l’heure, quand tu as dit que tu garderais la force brute pour la toute fin, ça veut dire que tu e prêt à utiliser la force si les choses tournaient mal ?

Ryuuen — Ouais. C’est assez typique des bagarres de petits merdeux qui se foutent sur la gueule pour un oui ou pour un non. Ce ne serait pas si mal non plus si certaines des personnes qu’ils prévoient d’utiliser dans leurs événements se battaient avec certains de nos camarades incompétents. De cette façon, nous aurions un avantage le jour de l’examen, n’est-ce pas ?

Maintenant qu’il était impliqué, Ryuuen n’allait certainement pas laisser la classe B respirer.

Ryuuen — Je deviendrai le chef le jour de l’examen. Il sera important de faire perdre son sang-froid à Ichinose aussi.

Hiyori — Tu es vraiment sans pitié.

Ryuuen — Je prends ça comme un compliment. Donnons-leur un avant-goût de ce que la classe D est capable, d’accord ?

Ishizaki — O-ouais !!!

Ibuki — Bordel, vous êtes bruyants !

Ibuki poussa un soupir, épuisée par le désordre ambiant dans lequel tout cela s’était transformé. Elle avait aussi découvert qu’elle ne détestait pas le plan en question ce qui l’avait mis mal à l’aise. Ryuuen se pencha sur le canapé et ferma les yeux. Il n’avait normalement plus aucune attache avec cette école. Du moins, c’était le cas au début, mais maintenant qu’il était là, quelque chose en lui avait commencé à changer un peu. Ayanokôji Kiyotaka.

Depuis sa défaite contre lui, il se sentait frustré à l’idée de partir. En devenant le chef et en se mettant dans une situation où il était au pied du mur, il cherchait à confirmer si oui ou non cette frustration signifiait qu’il voulait une revanche avec Ayanokôji. S’il n’avait pas vraiment d’attache durable avec cet établissement, il pouvait simplement sélectionner des personnes au hasard pour les événements et perdre l’examen exprès. Mais… s’il avait encore des regrets… s’il ressentait un véritable désir croissant d’affronter à nouveau Ayanokôji, il trouverait alors un moyen de survivre coûte que coûte. Il voulait en avoir le cœur net.


[1]  Bodhisattva qui représente la sagesse dans la mythologie bouddhiste.

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