CLASSROOM V11 : CHAPITRE 7


Ayanokôji VS Sakayanagi

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Traduction : Raitei
Correction : Raitei
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Après une longue période de préparation, le jour de l’examen spécial final des élèves de seconde était enfin arrivé. Selon les règles en vigueur, les chefs des classes perdantes étaient expulsés ou bien ils perdaient leur point de protection à la place, point qu’ils avaient gagné durant l’examen précédent. Même s’il n’y avait pas d’expulsions en soi, il était important de garder à l’esprit que les points de classe pouvaient clairement chuter ou au contraire, s’envoler. Le classement pouvait donc être complètement chamboulé à l’issue de l’examen.

Aujourd’hui, je veux que tu oublies toutes les notes et les conseils que je t’ai donnés.

Alors que j’attendais que le cours du matin commence, Horikita prit la parole à côté.

Horikita — Choisis les cinq événements que tu veux et ses participants.

Moi — Si je prends les choses en main et que je gâche tes plans, le reste de la classe ne sera-t-il pas incapable de s’adapter ?

Horikita — Je n’ai jamais dit à personne quel événement j’allais choisir ou auxquels ils participeraient. J’ai simplement dit que je prendrai  ces décisions de manière pragmatique en fonction de la situation, donc cela ne devrait pas être un problème.

En d’autres termes, elle m’avait préparé le terrain pour que je puisse concourir sans rencontrer de soucis.

Moi — Ne me blâme pas si les choses tournent mal.

Horikita — C’est un duel entre classes. Même si les chefs sont autorisés à intervenir, l’examen se résume essentiellement à la force de notre classe dans son ensemble. L’adversaire que nous affronterons est la classe A, dirigée par Sakayanagi-san. C’est l’adversaire le plus redoutable de notre année scolaire. Personne ne te blâmerait en cas de défaite.

Je jetai un regard en coin à Horikita et aussi au dernier message qu’elle m’avait envoyé la veille.

Il s’agissait d’un compte rendu de tout ce que la classe C avait fait pour se préparer à l’examen spécial ces deux dernières semaines. Il y avait des informations sur ce que chaque élève avait partagé dans les discussions de classe, les événements qu’ils avaient essayés et le niveau de pratique qu’ils avaient atteint.

Moi — Je ferai le maximum

En me levant de mon siège, prêt à aller faire ce que j’avais à faire, elle me laissa ces quelques mots.

Horikita — Les chances d’être choisi aux échecs sont de 7 sur 10. Une chance de 70% n’est pas faible.

Ces deux derniers jours, Horikita et moi avions joué plusieurs parties l’un contre l’autre.

Horikita — En fin de compte, je n’ai presque jamais gagné contre toi, alors que tu te retiens.

Il est vrai que le nombre de fois  où elle m’avait battu était très faible mais pendant cette courte période, les compétences d’Horikita aux échecs s’étaient considérablement améliorées.

Moi — Personne n’est plus fort que moi, même quand je me retiens. N’oublie pas ça.

Horikita — Tu as vraiment une grosse confiance en toi.

Après avoir terminé ma conversation avec Horikita, je partis pour aller accomplir mes fonctions de chef.

Les autres élèves stationnaient dans la salle de classe principale, attendant de recevoir les instructions de la salle polyvalente. Après l’annonce d’un événement, les participants devaient se changer et se rendre l’endroit désigné. Les détails de l’événement n’étaient pas communiqués. Ainsi, pour savoir ce qu’il s’était passé, il fallait attendre le retour des participants.

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Je me dirigeai vers le bâtiment spécial et me rendis à l’endroit désigné pour les chefs. Là, Sakayanagi et Ichinose, qui étaient arrivées avant moi, bavardaient. À première vue, nous n’étions pas encore autorisés à entrer dans la salle polyvalente.

Sakayanagi — Bonjour Ayanokôji-kun.

Ichinose — Salut, Ayanokôji-kun.

Elles me saluèrent toutes les deux en même temps. Je levai légèrement la main en réponse.

Sakayanagi — Il semble que nous ne soyons pas encore autorisés à entrer.

Ichinose — Ils nous ont dit de les prévenir une fois que nous serions tous les quatre arrivés.

C’est-à-dire que l’école cherchait à s’assurer que l’examen se déroule de manière équitable. Si on entrait dans la salle polyvalente avant les autres, on pouvait tâter le terrain avant tout le monde. Et comme il s’agissait d’un examen particulièrement spécial, il n’y avait pas lieu d’en faire trop lorsqu’il s’agissait de garantir l’équité.

Sakayanagi — Plus que Kaneda maintenant.

Ichinose — Yep.

Je jetai un coup d’œil à l’entrée. Bien qu’il n’y ait toujours pas de signe de Kaneda, il ne risquait pas d’être en retard.

Sakayanagi — En tout cas, tu as de la chance, Ichinose-san.

Ichinose — Eh ? Pourquoi ?

Sakayanagi — À l’heure actuelle, la classe D n’est pas si différente d’un nourrisson. Leurs chances de battre votre classe sont pratiquement inexistantes. Il ne vous reste plus qu’à voir combien de victoires vous pouvez accumuler. Si vous gagnez sept épreuves d’affilée, la classe B peut même dépasser la nôtre.

Ichinose — Oh non, il n’y a aucun moyen de savoir ce qui va se passer. Ils seront probablement désespérés, donc il faut rester sur ses gardes.

En voyant Ichinose s’armer de cette détermination, Sakayanagi laissa apparaître un sourire amusé. Cela incita Ichinose à s’exprimer de nouveau.

Ichinose — Hein ? J’ai dit quelque chose de bizarre ?

Sakayanagi — Non. Juste que tu t’exprimes comme si tu te tenais au sommet, prête à affronter n’importe qui. Au moins, j’aurais trouvé sa logique que tu sous-estimes la classe D vu comment tu as réussi à unifier te classe cette année.

Les paroles de Sakayanagi étaient légèrement mesquines. Cependant, Ichinose ne se laissa pas abattre.

Ichinose — La classe B est également venue ici avec une stratégie, prête à gagner. Nous ne perdrons pas facilement, surtout dans un examen comme celui-ci où l’unité et la coopération jouent un rôle si important.

Sakayanagi — Je vois. C’était assez malvenu de ma part.

Je regardais par la fenêtre voisine en écoutant leur conversation. Avec le mois d’avril qui approchait à grands pas, le temps fut clair et ensoleillé aujourd’hui. Il n’y avait pas un seul nuage dans le ciel. C’est ainsi qu’environ cinq minutes s’écoulèrent. Peu après, nous commençâmes à penser qu’il aurait peut-être du retard. Nous entendîmes enfin le faible bruit des pas qui s’approchaient depuis l’autre bout du couloir.

Sakayanagi — Eh bien, il n’est pas en retard finalement. Je suppose qu’il n’a pas abandonné et qu’il a gardé son sang-froid.

Sakayanagi fut amusée que Kaneda se présente au dernier moment possible. Ichinose semblait également se préparer à l’examen qui allait enfin commencer et nous prîmes chacun la liberté d’imaginer ce qui allait se passer. C’est ainsi que nous nous préparâmes à accueillir Kaneda afin d’entrer tous ensemble dans la salle polyvalente.

Cependant…

Une personne inattendue se présenta à sa place.

En voyant qui c’était, Ichinose ne put s’empêcher d’être abasourdie. Alors que Sakayanagi était tout aussi surprise qu’Ichinose, son expression amusée disparue aussitôt.

Ichinose — …Ryuuen-kun ? Pourquoi… Pourquoi es-tu ici… ?

Un sentiment d’agitation clair se répandit dans Ichinose. Non, ni Sakayanagi ni moi n’avions vu cela venir non plus.

Ryuuen — …Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Qu’est-ce qui te fait autant trembler ?

Ryuuen, l’ancien chef de la classe D, attira délibérément l’attention sur le tremblement d’Ichinose.

Ichinose — …Je vois… Je ne m’attendais pas à ce que cela arrive. Je m’étais convaincue à tort que les chefs de cet examen spécial seraient ceux d’entre nous qui avaient reçu des points de protection.

Sakayanagi fut la première à assembler les pièces du puzzle. En effet, Ryuuen était venu ici seul. Kaneda n’était pas avec lui.

Sakayanagi — L’examen spécial ne peut même pas commencer sans les chefs. Si ce dernier est absent, quelqu’un d’autre devra naturellement le remplacer, n’est-ce pas ?

Une absence imprévue le jour même de l’examen était certainement quelque chose qui pouvait arriver. Il y avait probablement une sorte de système en place où une ou deux personnes étaient prêtes à remplacer le chef en cas de besoin. Et, bien sûr, le sous-chef prendrait la responsabilité si sa classe perdait l’examen.

Ichinose — Malgré cela, je n’ai jamais envisagé que tu pourrais te montrer, Ryuuen-kun.

Ryuuen — Hé bien, te connaissant, tu es le genre à te présenter même blessée ou fiévreuse voire à venir en rampant pour éviter que tes camarades ne soient expulsés.

Si une classe perdait l’examen, il n’y aurait aucun moyen d’empêcher l’expulsion du chef autre qu’avec un point de protection. Comme l’avait dit Sakayanagi, l’idée préconçue selon laquelle les personnes ayant des points de protection finiraient par devenir les chefs était une erreur critique.

Ichinose se racla nerveusement la gorge. Lorsque l’examen spécial a été annoncé pour la première fois, Ichinose avait naturellement dû être un peu prudente quant à l’identité des chefs adverses. Cependant, lorsque Kaneda s’était présenté comme chef lors de la nomination officielle, elle avait fini par écarter cette possibilité. Dans sa tête, le processus d’élimination s’était probablement déroulé sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle avait fini par conclure que l’examen spécial serait une compétition entre les élèves qui avaient mis la main sur des points de protection.

Ichinose — Il doit sûrement y avoir une sorte de pénalité pour que tu participes en tant que remplaçant, non ?

Ryuuen — Oui, Kaneda n’est pas autorisé à participer aux événements. Ce n’est pas si déraisonnable.

Ryuuen disait que cette sanction était quelque chose qu’il avait déjà pris en considération.

Ichinose — Tu as fait ça pour me déstabiliser ? Même si c’est le cas, n’est-ce pas un inconvénient pour toi que Kaneda-kun ne puisse pas participer ?

Bien que je ne connaissais pas toute l’étendue des capacités de Kaneda, il était très probablement un atout vital pour la classe D. Cela signifie qu’ils avaient mis au point un plan astucieux qui consistait à renoncer au potentiel de Kaneda. Inconsciemment, cela conduirait à se demander pourquoi. Quand avaient-ils décidé que Ryuuen deviendrait le représentant ? Si c’était le cas, cela signifiait-il que tout cela avait été planifié dès le départ ? Avec de telles questions en tête, Ichinose était probablement terriblement confuse.

Ryuuen — Oi, ne te méfie pas tant de moi, d’accord ? Je ne suis que leur sacrifice. Si ma classe perd, le chef sera expulsé. C’est l’occasion parfaite pour les gars de la classe D de me virer d’ici. C’est tout.

Ichinose — Alors, tu dis que tu vas y aller doucement avec moi ?

Ryuuen — Kuku. Ouais alors détends-toi et approche-toi.

Ryuuen lui tendit les bras en l’accueillant, mais il n’était pas question qu’Ichinose se laisse prendre au jeu.

Ichinose — Quand tu veux gagner, tu es du genre à recourir à tous les moyens possibles n’est-ce pas ?

Ryuuen — C’est normal, si je veux mettre toutes les chances de mon côté.

Ichinose — J’aurais aimé que tu évites les coups bas mais tu n’as pas de point de protection, tu es donc dos au mur. Je ne peux pas m’empêcher de penser que c’est un mauvais présage pour ma classe.

Ichinose est le type de personne qui préférait établir une relation de confiance dès le début pour se battre à la loyale. De ce fait, sa capacité à faire face à des imprévus n’était pas du tout un de ses points forts. Bien que cela ne soit pas un problème pour un adversaire moyen, c’était une tout autre histoire pour quelqu’un comme Ryuuen. Peut-être que le choc se propagerait bientôt d’Ichinose à l’ensemble de la classe B.

Tous les élèves de sa classe remarqueraient inévitablement Ryuuen comme leader et même si ce n’était pas le cas, Ishizaki et les autres le feraient sûrement savoir de toute façon. Dans ce cas, les autres membres de la classe B ne pourraient pas cacher leur détresse, tout comme Ichinose. En effet la nature imprévisible de Ryuuen était une cause d’inquiétude persistante, d’autant plus qu’il ne dirigeait plus sa classe.

Sakayanagi — Il semble que le combat entre les classes B et D va être assez intéressant finalement.

Mais ce n’était probablement pas aussi drôle pour Ichinose que pour Sakayanagi. Elle aurait vraiment dû prendre des mesures à l’époque où la classe D harcelait ses camarades de classe à plusieurs reprises. Si elle avait compris plus tôt que Ryuuen se cachait dans les coulisses, elle n’aurait probablement pas été aussi choquée.

Sakayanagi — Eh bien, puisque nous sommes tous là, allons-y ?

Avec Sakayanagi en tête, nous entrâmes dans la salle polyvalente. Il y avait un mur qui n’était pas là la dernière fois, divisant l’intérieur de la salle en deux moitiés distinctes. Pour un mur improvisé et temporaire, il semblait assez solide et insonorisé. Les quatre professeurs principaux responsables des seconde nous attendaient.

M. Mashima — Chefs de la classe B et de la D, veuillez venir par-là.

Selon les instructions de Mashima-sensei, Ryuuen et Ichinose partirent de l’autre côté du mur suivi par Chabashira. Ceux qui étaient en charge des classes A et C pour l’examen étaient Sakagami-sensei de la classe D et Hoshinomiya-sensei de la classe B. Les enseignants n’étaient pas chargés de surveiller l’examen pour leurs propres classes.

Mlle. Hoshinomiya — Le test commencera dans cinq minutes. Prenez ce temps pour vous préparer mentalement.

En nous laissant ce conseil, Hoshinomiya-sensei prit Sakagami-sensei à part pour avoir ce qui semblait être un dernier entretien sur les préparatifs de l’examen. Sakayanagi et moi passâmes quelques minutes ensemble, seuls.

Sakayanagi — Enfin… Le jour que j’attendais est enfin arrivé. Pour être honnête, je n’ai pas pu dormir la nuit dernière, et j’ai presque trop dormi ce matin.

Moi — Je ne me souviens pas t’avoir fait attendre si longtemps. C’est juste une coïncidence, notre rencontre ici.

Sakayanagi — Tu veux dire que si tu n’étais pas venu dans cette école, nous ne nous serions pas rencontrés ?

 Lorsque j’avais hoché la tête en réponse, elle rit et nia rapidement la chose.

Sakayanagi — Nos retrouvailles dans cette école n’étaient en effet qu’une simple coïncidence. Mais j’étais persuadée te croiser un jour. C’est notre destin après tout.

Moi — Le destin, hein ? Tu dis des choses assez abstraites.

Sakayanagi — Eh bien, je suis une jeune fille après tout.

Sakayanagi se mit à sourire tout en s’approchant lentement de moi avec sa canne à la main.

Sakayanagi — Si tu ne t’étais pas inscrit dans cette école, j’aurais simplement reporté cela d’environ trois ans. J’étais persuadée que je pouvais passer le temps sans précipiter les choses, en cachant au fond de moi mes sentiments. Mais, cela ne fonctionne tout simplement plus. Depuis que j’ai découvert que tu étais à ma portée, chaque jour qui passait me semblait si long. Il a été très difficile de maîtriser mon désir ardent de t’affronter. Voilà pourquoi je nage en plein rêve aujourd’hui.

Sakayanagi parla avec éloquence. Son souhait fut finalement exaucé.

Moi — N’as-tu pas peur de te réveiller de ton rêve ?

Une fois que notre combat aura eu lieu, il n’y aura pas de retour en arrière.

Sakayanagi — Toutes les bonnes choses ont une fin.

Elle ne semblait pas s’en soucier. La seule chose à laquelle elle pensait était qu’aujourd’hui était le jour où ses rêves allaient enfin se réaliser.

Sakayanagi — Normalement je t’aurais demandé de me ménager, mais…

Le regard qu’elle avait n’était pas celui qu’on attendait d’une jeune fille frêle. On aurait dit un chasseur qui poursuivait sa proie.

Sakayanagi — S’il te plaît, ne te retiens pas.

Si je devais rivaliser avec elle sans enthousiasme, elle n’en serait pas du tout satisfaite. Je ne le faisais pas pour la rendre heureuse mais pour en terminer avec tout ça. Mais j’avais aussi des doutes quant à savoir si cet examen spécial serait suffisant pour la satisfaire. Puis, comme si elle avait lu dans mes pensées, Sakayanagi s’exprima de nouveau.

Sakayanagi — Je mentirais si je te disais que j’étais satisfaite à 100%. Cet examen spécial est bien trop insuffisant pour que nous puissions démontrer pleinement l’étendue de notre potentiel. Même si nous sommes tous deux chefs, notre capacité d’intervention est limitée.

L’école n’effectuerait jamais un examen déraisonnable dont le résultat dépendrait uniquement des actions des leaders. Sakayanagi disait que, tant qu’il y avait un résultat, l’inadéquation de l’examen était insignifiante.

Sakayanagi — Quoi qu’il en soit, si la capacité d’intervention du chef n’était pas limitée, nous nous heurterions à un autre problème. Je pense qu’il est important de prendre en considération ta situation également, Ayanokôji-kun. Tu ne veux pas que tes camarades de classe découvrent tes véritables capacités, n’est-ce pas ?

En effet, j’étais très reconnaissant de cette considération à son égard. Si le chef devait avoir une grande influence sur les résultats de chaque événement, j’aurais été un peu exposé.

Mlle. Hoshinomiya — Okiiii, l’examen va commencer d’une seconde à l’autre ~ Veuillez-vous asseoir~.

Lorsque les instructions de Hoshinomiya-sensei furent données, nous nous assîmes tous les deux en face de nos ordinateurs respectifs. Naturellement, nous ne pouvions pas voir le visage de l’autre avec les écrans d’ordinateur placés entre nous. Sur mon écran, il y avait les photos  de chaque élève de la classe C. Si on m’excluait, il y avait 38 photos au total. Une fois que le premier événement sélectionné fut annoncé, nous utilisions ces photos pour désigner les élèves que nous voulions voir participer. Ensuite, les dix événements de la classe C furent affichés à l’écran.

M. Sakagami — C’est moi, monsieur Sakagami, l’organisateur de cet examen spécial. Sans plus tarder, commençons le dernier examen de cette année. Veuillez sélectionner chacun de votre côté, les cinq épreuves que vous souhaitez voir se dérouler et appuyez sur « confirmer » lorsque vous avez terminé.

J’avais sélectionné les cinq événements que Horikita avait à l’esprit et j’appuyai sur « confirmer » immédiatement. En peu de temps, Sakayanagi  finit également de faire ses choix, et un total de dix événements furent affichés sur le grand écran dans la salle.

Pour les épreuves de la classe C, j’avais choisi le tir à l’arc, le basket-ball, le tennis de table, la dactylographie et le tennis. J’avais envisagé l’idée d’organiser une épreuve intéressante comme celle du pierre-papier-ciseau mais je préférai finalement ne pas la faire. J’avais écarté l’idée d’utiliser notre épreuve d’anglais car elle se retrouvait en même temps que l’épreuve d’anglais de la classe A. Malgré le fait que Hirata et Onodera s’étaient spécialisées dans le football et la natation, j’avais décidé de ne pas utiliser ces épreuves car elles seraient très probablement utiles dans une autre épreuve quelque part dans le futur.

De plus, ma stratégie consistait à ce que la classe C se concentre principalement sur les événements sportifs plutôt que sur les évènements académiques. Pour les événements de la classe A, Sakayanagi avait choisi les échecs, l’anglais, la littérature moderne, les mathématiques et le calcul mental. Il y avait eu ainsi dix événements au total. Elle avait choisi les trois événements que Katsuragi avait prédits, et les deux événements qu’il avait mentionnés en tant que finalistes avaient également été retenus. Il nous avait vraiment donné, à Keisei et à moi, une réponse parfaite. Mais cela ne changeait pas grand-chose, c’est pour ça que j’avais évité d’en parler à Horikita.

M. Sakagami — Nous allons procéder à un tirage au sort pour déterminer chacune des sept épreuves auxquelles vous allez participer.

Mlle. Hoshinomiya — C’est bien dommage Ayanokôji-kun~ que tu doives affronter quelqu’un comme Sakayanagi-san. Sensei est tellement désolée pour toi !

M. Sakagami — Hoshinomiya-sensei ! Vous connaissez les règles.

Mlle. Hoshinomiya — Oui, monsieur~ Désolé de parler à tort et à travers~

Après avoir été réprimandée par son collègue, Hoshinomiya-sensei baissa la tête pour s’excuser.

M. Sakagami — Le résultat du tirage sera affiché sur le grand écran au centre de la pièce, alors n’hésitez pas à y jeter un coup d’œil.

Pendant qu’il parlait, Sakagami-sensei se dirigeait vers le moniteur, où l’écran était passé à autre chose.  Il y avait une image en 3D qui présentait tous les événements choisis. Et puis, le premier évènement fut sélectionné.

Basket-ball

Participants obligatoires : 5

Durée : 20 minutes (avec une mi-temps de 4 minutes)
Règles : Les règles standard du Basket-ball s’appliquent.

Pouvoir du chef : Il est autorisé à effectuer une substitution à tout moment.

Il s’agissait d’un match à cinq contre cinq dans une épreuve choisie par la classe C. En d’autres termes, c’était un événement que nous ne pouvions absolument pas nous permettre de perdre.

Sakayanagi — Sakagami-sensei. Les élèves sont-ils libres de parler entre eux ?

M. Sakagami — Faites comme vous voulez, les règles ne disent rien à ce sujet.

Sakayanagi — C’est-à-dire que nous sommes libres de mener une guerre de mots ?

Sakayanagi déclara directement quelle était son intention, et pourtant Sakagami-sensei n’y voyait toujours pas de problème.

Mlle. Hoshinomiya — Uwaa~ Sakayanagi-san est impitoyable !

Hoshinomiya-sensei intervint de nouveau. Elle avait probablement interprété cela comme une autorisation complète de Sakayanagi de lancer un assaut sans merci contre moi.

M. Sakagami — Hoshinomiya-sensei !

Mlle. Hoshinomiya — Eep ! Je suis désolée ! Je ne m’exprimerai plus pour des trivialités !

Si les élèves étaient libres de parler, il semblait que les enseignants ne l’étaient pas. Hoshinomiya-sensei avait été réprimandé à maintes reprises.

Sakayanagi — Sans surprise, la classe C a fini par choisir un petit nombre d’événements sportifs. Mais je suppose que c’est parfaitement compréhensible compte tenu du nombre restreint de vos camarades de classe qui peuvent étudier efficacement. Sudô-kun est probablement aussi la figure centrale n’est-ce pas ? Après tout, c’est l’un des meilleurs joueurs de basket de cette école. Je pense que vous n’avez aucune chance contre nous si vous n’utilisez pas cet atout.

Sakayanagi avait sauté sur l’occasion de dire ce qu’elle pensait, cherchant à me faire participer à ses discussions, mais j’avais délibérément choisi de me taire. Si possible, je voulais éviter de me faire remarquer par Hoshinomiya-sensei et Sakagami-sensei.

Sakayanagi — Horikita-san, le vrai chef de la classe C, t’a-t-elle ordonné de ne pas me parler sauf en cas d’obligation ?

En voyant que je n’allais toujours pas répondre, elle continua.

Sakayanagi — Si c’est le cas, même si tu dis quelque chose, cela ne devrait pas avoir d’incidence sur tes sélections, tu sais ?

Sakayanagi était également bien consciente que je cherchais à limiter mes paroles lorsque nous étions devant les professeurs.

Moi — Horikita m’a prévenu de ne rien te dire d’excessif. Elle m’a dit que si je ne faisais pas attention à ce que je disais, je me laisserais prendre à un de tes tours et que les rôles seraient inversés.

Sakayanagi — Fufu. Ce n’est pas bien, Ayanokôji-kun. Tu m’as fourni des informations importantes. L’identité du cerveau qui te contrôle depuis l’ombre est quelque chose que tu aurais dû garder caché. Si tu avoues que c’est Horikita-san, tu sais que je pourrai en déduire des choses en me basant sur sa personnalité et son comportement, n’est-ce pas ?

Moi — Non, c’est… Ça ne veut pas nécessairement dire que c’est elle qui me donne des instructions.

Sakayanagi — Mais tu ne viens pas de l’avouer ?

En voyant Sakayanagi glousser, Hoshinomiya-sensei se tapa le front de sa paume de main lâchant « uh oh » de sa bouche. Sakagami-sensei fut  également surpris. Il se tenait là, secouant la tête, et regardait Sakayanagi m’arracher des informations trop facilement.

Moi — Non, j’ai juste dit que Horikita m’avait prévenu… Les instructions auraient pu venir de quelqu’un d’autre.

Sakayanagi — Auraient pu ? Dans une situation pareille, tu n’arriveras à rien si tu ne stipules pas clairement qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre, même si c’est un mensonge.

Non seulement Sakayanagi avait vu à travers ce que j’avais essayé de faire, mais elle avait même pris la parole pour me soutenir dans cette démarche. Cet échange a dû être plus que suffisant pour faire comprendre la différence de pouvoir écrasante entre nous deux. Maintenant que nous avions travaillé ensemble pour tromper les deux enseignants qui veillaient sur nous, l’examen spécial allait vraiment commencer.

Moi — Qu’est-ce que ça peut faire de toute façon ? La classe C s’est retrouvée face à cet examen après avoir soigneusement réfléchi aux stratégies que tu allais proposer Sakayanagi. Même si tu as réalisé que c’est Horikita qui nous a donné les instructions, c’est sur le terrain que ça va se jouer.

Sakayanagi — Mon Dieu, tu l’as admis si franchement. Mais depuis quand est-ce moi qui ai mis au point la stratégie de la classe A, exactement ? Tout comme toi, Ayanokôji-kun, j’ai autant d’esprits que de camarades de classe pour m’aider à prendre des décisions. Il ne t’est jamais venu à l’esprit que la classe A aurait également pu choisir de passer cet examen après avoir fait toutes sortes de simulations sur ce que la classe C pourrait faire ?

Moi — C’est…

Des dizaines de secondes s’étaient écoulées depuis que les professeurs lui avaient donné la permission de s’engager dans une guerre de mots avec moi. Incapable de rester debout et de regarder cela plus longtemps, Sakagami- sensei fit avancer les choses.

M. Sakagami — Le temps est limité. J’ai bien dit que vous étiez libres de vous parler mais ne négligez pas pour autant votre tâche.

Bien sûr, ma conversation avec Sakayanagi n’avait eu absolument aucun effet sur mon état mental. Les seuls qui s’inquiétaient ici étaient les enseignants. Pour moi, et aussi pour Sakayanagi, ce n’était rien d’autre qu’une conversation futile. Une fois que nous avions tous les deux fini de faire nos choix, la liste des élèves qui participaient à l’événement de basket avait été annoncée.

Les élèves de la classe C étaient Makida Susumu, Minami Setsuya, Ike Kanji, Hondô Ryotarô, et Onodera Kayano. Sudô ne figurait pas parmi eux. De plus, j’avais même inclus une fille dans notre liste. L’as de l’équipe était Makida. D’après Sudô, tant que Makida s’entraînerait pour cela, il devrait être suffisamment compétent pour réussir l’examen. De plus, bien que la véritable spécialité d’Onodera fût la natation, ses compétences en basket-ball ne semblaient pas si mauvaises. À première vue, Horikita avait décidé que la choisir était mieux pour l’équipe que de choisir un garçon qui n’avait aucune expérience. Quant à notre adversaire, la classe A avait choisi Machida Kôji, Toba Shigeru, Kamuro Masumi, Shimizu Naoki, et Kitô Hayato. Sakayanagi avait également mis une fille dans le coup.

D’après les informations que j’avais recueillies auprès de Hirata, Kei et Kushida, l’équipe que j’avais choisie devrait être plus que prête à remporter la victoire. Sakagami-sensei se tenait près de Sakayanagi, donc je ne pouvais pas voir son visage très clairement. Cependant, Hoshinomiya-sensei se tenait près de moi, et je pouvais facilement voir le sien. Au premier coup d’œil, je pouvais dire qu’elle avait des doutes sur les participants que j’avais choisis. Après tout, Sudô Ken, l’homme considéré comme l’atout principal de l’événement n’était pas présent. Bien sûr, c’était une stratégie que Horikita et le reste de la classe C avaient décidée, pas moi. Mais il en fallait plus pour surprendre Sakayanagi.

Sakayanagi — Tu cherches donc à gagner sans utiliser Sudô-kun, c’est ça ? Avec des réflexes comme les siens, il ne serait pas si rare qu’il réussisse aussi bien au tennis qu’au tennis de table. Dans tous les cas, rien qui me surprenne.

Avec Sudô en tête, nous aurions pu nous garantir la victoire en toute sécurité. En attendant, la classe A n’était pas très heureuse de voir l’épreuve de basket-ball sélectionnée vu que Sudô les effrayait. La conclusion logique pour la classe A était d’éviter de commettre l’erreur de gaspiller l’un de leurs élèves qualifiés pour l’épreuve de Basket vu que Sudô aurait facilement gagné. Une fois Sudô éliminé, La classe A aurait eu un boulevard devant elle.

C’est pour ça que la classe C avait intentionnellement pris la décision de ne pas utiliser Sudô ici. Nous voulions, dans la mesure du possible, préserver notre précieux potentiel pour une éventuelle autre épreuve sportive comme le tennis ou le tennis de table. Mais vu la composition de l’équipe alignée par Sakyanagi, elle avait vu à travers notre plan.

Sakayanagi — Au fait, qui est à l’origine de cette règle concernant l’intervention du chef ? Était-ce aussi l’idée d’Horikita-san ? Tu réalises que cela a complètement révélé votre plan ?

Moi — Désolé, mais je ne peux pas répondre.

Sakayanagi — Ah oui ? Alors je suppose qu’on ne peut rien y faire.

De l’autre côté du moniteur, nous avions observé les préparatifs de l’événement. Le match allait bientôt commencer. En attendant, la seule chose que nous pouvions faire était de nous asseoir et de regarder. Notre seule capacité d’intervention était de faire remplacer un joueur. Mais cette seule et unique décision pourrait faire la différence. Au son d’un sifflet, un match de basket de dix minutes commença Au début, même s’ils n’avaient pas Sudô dans l’équipe, la classe C était presque à égalité avec la classe A. Dès qu’une équipe marquait une avance, l’autre revenait et égalisait. C’était vraiment un match serré. Même les enseignants avaient été séduits par la bataille féroce qui se déroulait sur l’écran, sans savoir qui gagnerait exactement.

En tant que personne choisie pour remplacer Sudô, Makida n’était pas mal du tout. Même s’il n’était pas du tout aussi bon que Sudô, ses compétences supérieures à la moyenne lui avaient permis de bien jouer le rôle d’as de l’équipe. D’autre part, l’as de la classe A n’était autre que Kitô, qui s’était révélé être un adversaire de taille pour Makida à chaque course.

A la mi-temps, il n’y avait plus qu’un point d’écart. 12 à 11 pour la C.

Sakayanagi — Un match intéressant…

Il était difficile de dire quelle équipe aller gagner pendant la deuxième mi-temps et Sakayanagi n’avait toujours pas fait de changement durant cette mi-temps de 4 minutes. Même si la classe C menait d’un point, elle voulait encore en voir plus avant d’agir. J’avais cependant pris le clavier devant moi et sans la moindre hésitation, je demandai à Sudô d’échanger avec Ike.

Il était certainement vrai qu’au premier coup d’œil, les deux équipes semblaient être à égalité. Il n’y avait aucun moyen de savoir comment la suite allait se dérouler. J’avais lutté intérieurement pour savoir si je devais faire entrer Sudou ou pas pour cette deuxième mi-temps.

Sakayanagi — Fufu.

Sakayanagi fit un petit rire. Elle n’avait pas l’intention de me laisser  exploiter le potentiel de Sudô. En peu de temps, ce dernier arriva de l’autre côté du moniteur, échauffé et prêt à partir. Au vu de son expression grave, il aurait pu avoir des doutes quant au fait d’avoir été appelé maintenant mais il semblait qu’il avait réalisé la même chose que moi.

Sakayanagi — Les deux équipes sont à égalité. La classe C mène même. Ta décision de faire appel à Sudô n’est-elle pas un peu prématurée ?

Moi — J’ai juste pensé que je devais nous garantir la victoire.

Sakayanagi — C’est un premier match assez important, je comprends ce que tu ressens. Après tout, il n’y a aucun moyen d’être sûr que le tennis ou le tennis de table sera choisi après ça. Il n’y a aucune raison de garder Sudô-kun s’il n’y a pas d’événement qui puisse exploiter à fond son potentiel.

Moi — Ne devrais-tu pas aussi effectuer un remplacement ?

Sakayanagi — Pas besoin. J’ai choisi une équipe gagnante dès le début.

Kitô, qui avait marqué Makida, était passé au marquage Sudô.

Depuis la salle de classe principale, Sudô aurait dû regarder tout le match depuis le début. De plus, il avait déjà dû remarquer la différence de leurs capacités. Après la pause de 4 minutes, la deuxième mi-temps du match avait commencé. Kitô s’en sortait bien contre Sudō, et ses mouvements étaient environ deux fois plus brusques qu’auparavant.

Sudou — Je le savais… ! Salaud, alors tu te retenais, hein !?

On pouvait entendre l’hystérie de Sudô à travers le moniteur.

J’avais compris dès le début que la classe A se retenait afin de faire traîner Sudô sur le terrain. Cependant, il n’y avait aucun moyen de savoir quelle part de leur potentiel ils avaient caché. Il fallait l’entrée de Sudô pour le savoir.

Kitô s’était battu avec acharnement, mais Sudô était toujours un niveau au- dessus de lui. Il s’était débarrassé de la défense de Kitô et avait pénétré de force dans le camp adverse. Afin de l’arrêter, toute l’équipe A tenta désespérément de freiner son avancée. Même si Sudô     avait une tête et des épaules au-dessus du reste, les joueurs de la classe A semblaient toujours être au-dessus de ses coéquipiers. Le score était de 17 à 13. Alors que la différence de points s’était creusée, au lieu de ralentir, les mouvements de l’équipe adverse avaient progressivement commencé à s’accélérer.

Sudou — Oi Kitô, fils de p*te, tu caches bien ton jeu !

Kitô —  Pas du tout. Nous ne sommes que des amateurs.

Sudou — Menteur !

Kitô — Pourquoi je mentirais ? On ne s’exerce que depuis moins d’une semaine. On dirait que tu as beaucoup confiance en tes talents de basketteur, mais tu n’es pas si impressionnant que ça au final.

Sudou — Enfoiré !

Il n’y avait pas de public donc nous pouvions un petit peu entendre. Le fait d’affronter des supposés amateurs avait rendu Sudou un peu fébrile.

Sakayanagi — Fufu, c’était un mensonge. Kitô-kun est un joueur de basket expérimenté.

Le fait que Kitô provoque Sudô comme cela faisait très probablement partie du plan de Sakayanagi.

Sakayanagi — Avec cette mentalité, Sudô-kun s’effondrera inévitablement. Quelle que soit la supériorité réelle de sa technique, si l’esprit est encore immature, cela donnera l’occasion à quelqu’un de le surclasser.

Kitô semblait être très doué pour le basket. Il avait intentionnellement caché ses capacités et avait joué à un niveau de jeu égal à celui des élèves de la classe C pendant la première moitié du match. Son but était de faire un retour sur le terrain une fois que Sudô était entré et de voler la victoire. Et, si cela ne marchait pas, il aurait tout fait pour briser sa concentration.

La stratégie en deux temps de Sakayanagi avait complètement troué la nôtre.

Sakayanagi — Mon équipe rattrapera la tienne assez vite.

Kitô a envoyé le ballon de basket directement dans le panier. Le score était maintenant de 17 à 15. La classe A mettait définitivement la pression.

La perte de concentration de Sudô avait en effet eu un gros impact. Cependant…

Moi — Tu as dit que l’esprit de Sudô est encore immature, mais… Est-ce toujours le cas ?

Sakayanagi — Que veux-tu dire ?

Sudô avait beaucoup mûri durant cette année. Maintenant, sa volonté ne s’effriterait pas à cause de quelque chose comme ça. Il savait que Horikita ne se soucierait pas de savoir s’il était cool pendant le match. Cela ne viendrait que pour avoir porté son équipe à la victoire.

Sudou — Oraa !

Kitô — Nngh !?

Bien que le ton de sa voix fut rude, la fluidité de son jeu était revenue. Il avait dépassé Kitô et s’était dirigé vers le panier. Personne n’avait pu l’arrêter. Il termina sa course sur le terrain par un dunk. Il avait repris enfin ses esprits.

Sudou — Heh… Je me suis un peu chauffé là, mais… il n’y a pas moyen que tu me battes.

Même si Kitô était un joueur habile et qu’il faisait preuve de sang-froid, Sudô était facilement un cran ou deux au-dessus de lui.

Sakayanagi — Je vois. Il a donc mûri entre temps.

Après cela, l’esprit de Sudō ne vacilla plus, et il dirigea l’équipe avec brio jusqu’à la fin.

Finalement, le coup de sifflet retentit. C’était la fin du match.

Sudou — Oh oui ! Je l’ai fait Suzune !

Sudô prit une pose triomphale. Il avait l’air si excité qu’on aurait pu croire qu’il venait de gagner un tournoi de basket. Ce n’était qu’une victoire, mais son enthousiasme était bien mérité compte tenu de tout ce qu’il venait d’accomplir.

Sakayanagi — Je pensais que nous avions une chance, mais ses compétences étaient vraiment à un tout autre niveau après tout.

Apparemment, Sakayanagi s’était sérieusement fixée pour objectif de remporter la victoire, avec ou sans Sudô sur le terrain.

Le score final était de 24 à 16. La première épreuve s’était terminée par une splendide victoire de la classe C.

Mlle. Hoshinomiya — Qui aurait cru que la classe C gagnerait en premier ! La vie est pleine de surprise.

Hoshinomiya-sensei se parlait à elle-même visiblement impressionnée par ce qui s’était passé.

Malgré notre victoire, nous avions perdu l’un de nos plus grands atouts.

C’était une épreuve qui nous obligeait à gagner vu qu’il était sur le terrain. Perdre ici avec lui aurait été une déroute totale pour notre classe.

2

Le moment est venu pour eux de choisir le deuxième événement. Le résultat du tirage fut le suivant :

『Dactylographie』

Participants obligatoires : 1

Durée : 30 minutes

Règles : Un concours de rapidité et de précision sur trois formats différents de compétences de dactylographie : Vocabulaire, courts passages et essai.

Pouvoir du chef : Il est autorisé à signaler au participant une erreur qu’il a commise pendant l’épreuve.

Une fois de plus, l’événement était l’un de ceux que la classe C avait imaginé. Il s’agissait d’une compétition en face à face.

Apparemment, la chance du tirage au sort était de notre côté.

L’épreuve avait été proposée par le Doc, qui, parmi tous les élèves de notre classe, était le plus compétent dans le domaine des ordinateurs.

En fait, sa vitesse de frappe était inégalée parmi tous les membres de la classe C. Sa vitesse était incontestablement rapide, même si on la comparait à la moyenne nationale. Mais cela ne voulait pas dire que tout se passerait parfaitement bien. La raison principale en était que nous n’avions aucun  moyen de savoir combien d’élèves de la classe A étaient compétents pour taper sur le clavier et dans quelle mesure ils l’étaient vraiment. Nous n’avions pas d’autre choix que de faire confiance au Doc. Cela étant dit, il y avait quand même une raison pour laquelle il avait été choisi pour ce projet.

Sakayanagi — La classe C a choisi un autre événement intéressant. Bien qu’à première vue cela puisse ressembler à un jeu, la dactylographie est l’une des compétences les plus fondamentales dans le monde des technologies de l’information. On pourrait même aller jusqu’à dire qu’elle est essentielle. Je suppose qu’il est tout à fait naturel que l’école accepte une épreuve pareille.

Concernant les compétences académiques, la classe A avait un avantage majeur. Il fallait donc éviter ce genre d’épreuves au maximum.

Sakayanagi — Chacun a une ou deux choses pour lesquelles il est bon. Cependant, lorsqu’il s’agit de rivaliser sur ces points, il est difficile pour quiconque de dire s’il est absolument meilleur que quelqu’un d’autre. Il semble que quelqu’un dans votre classe ait une grande confiance en ses capacités de dactylographie/

D’une manière générale, la plupart des élèves ayant des aptitudes particulières ont également le potentiel pour réussir dans une autre épreuve, comme Onodera que nous avions choisi pour le basket-ball, même si elle est spécialisée dans la natation. Mais en affectant un élève comme le Doc, qui n’était bon que dans ce domaine individuel, on optimisait grandement les choses… C’était le seul moment où Sotomura Hideo pouvait briller.

Sakayanagi, en revanche, avait choisi Yoshida Kenta, un élève dont je ne savais pratiquement rien.

Pour cet événement, nous avions essayé de limiter autant que possible la capacité d’intervention du chef.

Notre stratégie consistait à laisser le Doc faire son travail sans donner à Sakayanagi la possibilité de s’en mêler.

Le résultat de l’événement devait être jugé par une application informatique préparée au préalable par l’école.

Les résultats furent…

M. Sakagami — Classe C, Sotomura Hideo : 90 points. Classe A, Yoshida Kenta, 83 Points. La classe C gagne.

Une fois le test terminé, Sakagami-sensei annonça les résultats. La différence entre les deux n’était que de 7 points. Mais le fait d’avoir gagné ne serait-ce qu’un seul point était quand même une victoire. Nous avions eu chaud.

Sakayanagi — Même si ce n’est que de très peu, il semble que nous n’ayons pas encore réussi à gagner. Les choses ne vont vraiment pas être aussi simples, n’est-ce pas ?

Le fait que la classe A perde deux fois de suite a été un développement inattendu, mais d’une certaine manière, c’était inévitable.

Après tout, les deux épreuves avaient été sélectionnées par la classe C et Sakayanagi n’aurait donc pas pu faire grand-chose pour y remédier.

3

Ainsi, la classe C avait remporté les deux premières épreuves. Jusqu’à présent, la chance était de notre côté, et tous les projets de Horikita se réalisaient à merveille. Il restait 8 événements à choisir pour le tirage au sort. Il aurait été formidable de continuer à avoir les épreuves proposées par la classe C, mais…

Épreuve d’anglais


Participants obligatoires : 8
 Durée : 50 minutes
Règles : L’examen s’inscrira dans le cadre du programme d’anglais de seconde. La victoire sera décidée en fonction de la classe ayant obtenu le meilleur score global.
Pouvoir du chef : Il peut répondre à une seule question à la place d’un des participants.

Le troisième événement était un test écrit, quelque chose que redoutions mais cela allait arriver tôt ou tard. Le point essentiel de cet examen spécial était de trouver comment gagner dans une épreuve proposée par l’adversaire. Si nous parvenions à remporter cet événement, nous aurions un avantage bien plus grand qu’une simple victoire.

En commençant par Mii-chan, j’avais trouvé une liste d’élèves qui maîtrisaient l’anglais. Mais c’était frustrant de ne pas encore pouvoir utiliser des atouts solides comme Horikita et Keisei. La classe A avait suggéré trois tests écrits différents, l’anglais, les mathématiques et la littérature moderne, il m’était donc difficile de répartir équitablement ceux d’entre nous qui avaient de meilleures aptitudes scolaires.

Horikita avait esquissé deux stratégies différentes dans les notes qu’elle avait réalisées au cas où deux épreuves écrites seraient choisies.

La première consistait à viser les deux victoires en répartissant équitablement les élèves compétents entre les deux épreuves. La seconde était de perdre délibérément l’une des épreuves et de consacrer nos ressources à essayer de gagner l’autre. Sakayanagi avait rapidement choisi ses huit participants, mais je pris un temps de plus pour réfléchir à mes options.

Sakayanagi — C’est la première fois que tu prends le temps de réfléchir. Il semble que Horikita-san vous ait laissé plus d’une option.

Il n’y avait aucune garantie qu’un autre test serait choisi plus tard, mais il n’y avait pas non plus de garantie que nous pourrions gagner maintenant. Mais le plus frustrant, c’est que la classe C avait tendance à  moins bien performer en anglais. En d’autres termes, je devais choisir entre les deux stratégies. Devais-je équilibrer les deux équipes et viser les deux victoires ? Ou est-ce que je sacrifiais cette épreuve ?

Sakayanagi — Vas-tu renoncer à l’épreuve d’anglais ? Ou… peut-être vas-tu choisir de te battre et d’épuiser toutes tes forces ici ?

Elle luttait pour contenir son excitation mais je n’avais pas peur de perdre ici.

Sakayanagi — Je lis en toi, Ayanokôji-kun. Tu crains que nous ayons anticipé le fait que vous pourriez choisir d’abandonner le test d’anglais et, par conséquent, préserver vos meilleurs éléments pour les tests ultérieurs, n’est-ce pas ? Après tout, si nous devions affronter une équipe mauvaise ici, cela vous donnerait une chance de gagner plus tard. Mais ce n’est pas si facile de renoncer à cette hein ?

Après réflexion, je pris la décision de renoncer.

Sakayanagi — D’après les tendances mondiales récentes, il semblerait que les filles ont tendance à obtenir de meilleurs résultats que les garçons dans diverses matières, dont l’anglais. Mais bien sûr, il ne s’agit là que de tendances. Ce n’était qu’une remarque comme ça.

Sakayanagi prit la parole une dernière fois alors que j’étais sur le point de prendre ma décision quant à la personne à inclure dans l’événement. Elle cherchait à faire pression sur moi en me fournissant des informations inutiles. En tout cas, la classe A ne pouvait pas se permettre de perdre à l’examen d’anglais. Elle allait sans doute choisir plusieurs éléments fortiches pour l’épreuve.

Une fois que nous avions fini de choisir les participants, leurs noms s’affichèrent sur le grand écran. Les huit personnes inscrites dans la classe C étaient Okiya Kyōsuke, Minami Hakuo, Karuizawa Kei, Satô Maya, Shinohara Satsuki, Inokashira Kokoro, Sonoda Chiyo et Ichihashi Ruri. Tous ces élèves  n’étaient pas nécessaires pour les événements qui allaient se dérouler plus tard.

Les huit personnes inscrites dans la classe A étaient Satonaka Satoru, Sugio Hiroshi, Tsukaji Shihori, Tanihara Mao, Motodoi Chikako, Fukuyama Shinobu, Rokkaku Momoe et Nakajima Riko. Bien qu’ils n’aient pas été les meilleures options dont disposait Sakayanagi, ce groupe était tout de même assez solide. Elle avait ainsi exploité la tendance qu’elle venait de mentionner, puisque six de ses huit sélectionnés sont des filles.

Sakayanagi — Tu as donc choisi d’abandonner l’anglais et de te concentrer sur la suite. Une décision raisonnable.

Comme on pouvait s’y attendre, elle avait une très bonne compréhension des capacités académiques de la classe C. Même si nous avions le pouvoir d’intervenir pour une seule question, la plupart du temps, la seule chose que nous pouvions faire était de rester assis à regarder. À un certain moment, nous avons pu passer d’une feuille de réponse à l’autre en temps réel. Grâce à mon intervention, j’avais aidé un de mes camarades de classe à répondre à une question avec laquelle la plupart des élèves semblaient avoir des difficultés. Cependant, l’impact que cela a pu avoir a été négligeable. Au mieux, cela n’aurait amélioré notre score que de quelques points. Après avoir terminé, les professeurs avaient recueilli leurs feuilles de réponses et avaient immédiatement commencé à les noter. Les résultats n’avaient pas tardé à arriver. Le résultat du test était basé sur les scores cumulés des huit participants.

M. Sakagami — La classe C a obtenu un total de 443 points, tandis que la classe A en a obtenu 651. Par conséquent, la classe A gagné.

Comme prévu, la différence entre les deux scores était écrasante.

Sakayanagi — Nous n’avons obtenu qu’une moyenne d’environ 81%. Si tu avais choisi d’aller jusqu’au bout au lieu d’abandonner, vous auriez peut-être pu gagner cette fois-ci.

Comme l’avait dit Sakayanagi, nous aurions pu effectivement eu l’occasion de profiter de leur faible moyenne, mais les choses n’étaient pas aussi simples.

Il valait probablement mieux éviter de considérer cela comme une victoire. Le courage de Sakayanagi de s’accrocher à ses élèves les plus doués sans avoir peur de perdre trois événements d’affilée était tout simplement admirable. Alors que la classe A se voyait remettre sa première victoire, la quatrième épreuve fut annoncée.

  Épreuve de Math

Participants obligatoires : 7

Durée : 50 minutes

Règles : L’examen s’inscrira dans le cadre du programme de mathématiques de seconde. La victoire sera décidée en fonction de la classe ayant obtenu la meilleure note globale.

Pouvoir du chef : Il peut répondre à une seule question à la place d’un des participants.

C’était donc une autre épreuve académique.

Sakayanagi — On dirait que ton choix a porté ses fruits. Tu devras sans aucun doute faire tout ton possible cette fois-ci. Ou… peut-être comptes-tu attendre l’examen de littérature moderne ?

Dans cette situation, il était préférable de ne pas parier sur le test de littérature moderne. J’avais plutôt choisi d’utiliser toute la capacité académique dont disposait la classe C.

Sakayanagi — J’ai dit tout à l’heure que les filles ont tendance à avoir de meilleurs résultats en anglais, mais pour les mathématiques, c’est le contraire. Apparemment, les garçons ont tendance à mieux réussir que les filles. C’est fascinant, n’est-ce pas ?

Quelles que soient les idées qu’elle essayait d’ancrer en moi, cela n’allait pas m’influencer. J’avais choisi Hirata Yôsuke, Yukimura Teruhiko, Ishikura Kayoko, Wang Mei-Yu, Azuma Sana, Kushida Kikyô, et Nishimura Ryôko. C’était l’alignement à sept le plus fort que je pouvais faire de la classe C. Quant à nos adversaires, la classe A avait choisi Matoba Shinji, Shimazaki Ikkei, Morishige Takurô, Tsukasaki Taiga, Ishida Yûsuke, Yamamura Miki, et Nishikawa Ryûko.

Il s’agissait pour la plupart de garçons dont les capacités  étaient égales, voire supérieures, à celles des élèvesqu’elle avait présentés précédemment. Il s’agissait d’un concours complet dans lequel nous avions présenté nos meilleurs candidats, Horikita et Kôenji non compris.

Peu de temps après, l’épreuve commença. Contradéroute d’avant, il n’y a eu pratiquement aucune erreur cette fois avec Yuirement à la kimura Teruhiko a.k.a Keisei qui prit la première place. Nishimura était le plus faible du groupe et je l’avais aidé pour une question mais cela n’allait pas changer grand-chose car Sakayanagi avait fait de même en aidant un de ses camarades.

Notre intervention n’était que décorative. Une fois l’épreuve é terminée, les enseignants commencèrent à corriger aussitôt. Étant donné que c’était un événement proposé par la classe A, si nous parvenions à gagner, nos chances globales augmenteraient de manière exponentielle. Nous pourrions ainsi dès la cinquième épreuve avoir la possibilité de gagner.

M. Sakagami — Eh bien, je vais maintenant annoncer les résultats de l’épreuve de mathématiques. Classe C : 631 points.

Notre score moyen pour chaque élève  était d’environ 90%, un résultat très impressionnant. Cependant, si les questions du test n’étaient pas très difficiles, il y avait d’autres sujets de préoccupation.

M. Sakagami — Et pour la classe A… 655 points. La classe A gagne.

Sakagami-sensei avait fait état des deux scores cumulés, révélant que nous avions perdu l’épreuve par une mince et étroite marge de seulement 24 points.

Sakayanagi — C’était dangereusement proche. Tous les élèves de la classe C ont dû beaucoup étudier. Si tu avais choisi Horikita-san et Kôenji-kun, tu aurais peut-être gagné, tu ne crois pas ?

Moi —…Peut-être bien.

Il était regrettable de perdre ici. Si j’avais inclus à la fois Horikita et Kôenji, il est vrai que nous aurions pu gagner. Mais même dans ce cas, cela n’aurait pas été une garantie non plus. En outre, nous étions maintenant confrontés à la réalité suivante : si le test de littérature moderne était le suivant, nous serions presque automatiquement perdants.

La classe C n’avait tout simplement plus personne au niveau académique pour concurrencer une équipe de la classe A.

Avec cela, le bonus que nous avions n’existait plus. Nos deux classes étaient à égalité.

4

C’est ainsi que commença le tirage au sort du cinquième événement.

Calcul mental flash*[1]

Participants obligatoires : 2

Durée : 30 minutes

Règles : La victoire sera décidée par l’élève qui aura obtenu la première place en termes de vitesse et de précision en utilisant le calcul mental de type boulier.

Pouvoir du chef : Il peut modifier la réponse à une question de son choix.

C’était le troisième événement consécutif qui avait été proposé par la classe A. Cela aurait dû être une tournure défavorable pour nous, mais cet événement particulier était une exception à la règle. Keisei se sentait probablement très heureux en ce moment. Après tout, c’était l’événement que Katsuragi avait promis d’y aller mollo.

Cependant, il était encore trop tôt pour faire la fête. Si Katsuragi n’est pas choisi, nos chances de victoire disparaitraient.

Sakayanagi — Encore un de nos événements. Nous ne pouvons absolument pas nous permettre de perdre.

Sans tenir compte du bavardage de Sakayanagi, je suivis la stratégie élaborée par Horikita, en choisissant Kôenji Rokusuke et Matsushita Chiaki. Entre les deux, je fis porter le casque à Matsushita. Le donner à Kôenji aurait été une perte de temps de toute manière. Il ne m’aurait pas écouté.  La décision de Horikita d’assigner Kôenji pour participer à cette épreuve était probablement la bonne. Au lieu de se baser sur la classe qui avait obtenu la meilleure note globale, la victoire était donnée à la classe de l’élève qui obtient la première place. Il y avait une chance que Kôenji réponde à nos attentes et remporte la victoire. Mais, au cas où il ne prendrait pas l’événement au sérieux, Matsushita était là comme remplaçant. Il avait l’esprit vif pour les maths, donc le plan avait de l’utiliser dans une épreuve mathématique de toute manière. Même si nous avions utilisé Matsushita dans l’exam d’avant cela ne signifiait pas que nous aurions pu gagner alors l’avoir ici était une chance pour nous.

Les élèves choisis par Sakayanagi étaient Katsuragi Kôhei et Tamiya Emi. D’après les informations que Katsuragi nous avait communiquées, les capacités de Tamiya n’étaient pas si impressionnantes. Pour preuve, c’est Katsuragi qui portait le casque pour la classe A.

M. Sakagami — Il y aura dix questions au total. Bien que les questions deviennent progressivement plus difficiles, les points attribués pour les avoir posées correctement augmenteront également. En cas d’égalité pour la première place, l’épreuve sera prolongée jusqu’à ce que l’un d’entre vous se trompe.

A l’avenir, les numéros de chacune des questions seraient affichés sur l’écran. Comme le chef ne pouvait intervenir pour une seule question, il était fort probable que nous le faisons à la fin. Alors que l’événement était sur le point de commencer, Kôenji se mit à croiser les bras et à fermer les yeux.

Kôenji — …Alors c’est le retour du bâton ?

Il resta comme ça tout le long du début de l’examen spécial. Pour la première question, différents nombres à un chiffre clignotèrent à l’écran trois fois en l’espace de cinq secondes pour chaque. Il s’agissait d’une question de niveau de difficulté 10, le niveau le plus bas.

6…9…1

 La réponse était 16.

Cette première question était un problème que n’importe qui était capable de résoudre. Après la disparition des chiffres, les élèves furent invités à noter leurs réponses. Matsushita avait répondu correctement sans faire beaucoup d’efforts, mais Kôenji avait laissé sa feuille de réponse vierge. C’était pourtant logique, compte tenu du fait qu’il n’avait même pas pris la peine de regarder les chiffres affichés à l’écran. À ce stade, il semblait que nous n’avions pas d’autre choix que de compter sur le fait que Katsuragi fasse une erreur comme il l’avait promis.

Sakayanagi — Fufu. C’est vraiment un phénomène.

Même si Sakayanagi ne pouvait pas voir avec quoi il avait répondu, elle pouvait dire, rien qu’en le regardant, qu’il n’avait rien répondu.

Sakayanagi — Cependant, puisque Matsushita-san semble être celui sur lequel tu comptes, ce n’est pas un problème n’est-ce pas ?

Pendant que Sakayanagi parlait, l’événement continuait à se dérouler devant nous. Au moment où ils arrivèrent aux troisième et quatrième questions, le nombre de chiffres était passé à deux et le nombre de tours à six. Matsushita ne se laissa pas distraire conter et répondit correctement à chaque question. Cependant, la difficulté grandissait d’un cran à chaque fois.  La question cinq était des nombres à 3 chiffres en 6 tours sur 5 secondes, et la question six en avait encore plus avec des nombres à 3 chiffres en 8 tours sur 5 secondes.

Matsushita était à bout de nerfs alors qu’elle essayait de calculer les chiffres dans sa tête. Les réponses qu’elle avait réussi à arracher étaient correctes jusqu’à la sixième question, où elle a eu du mal à suivre. Mais, elle ne pouvait pas aller plus loin. La question suivante, la question sept, comportait des nombres à 3 chiffres en 12 tours sur 4,5 secondes. La question huit comportait des nombres à trois chiffres en 15 tours sur 3,5 secondes. Au moment où ils arrivèrent à la neuvième question, il s’agissait de nombres à 3 chiffres en 15 tours sur 2,5 secondes.

Mlle. Hoshinomiya — C’est quand même très difficile !

Tout comme les élèves, Hoshinomiya-sensei était naturellement à bout de nerfs en voyant les questions qu’ils recevaient.

M. Sakagami — Le niveau de difficulté est peut-être un peu trop élevé…

Sakagami-sensei était d’accord, ne connaissant pas non plus la réponse. Bien que les réponses de Matsushita aient été correctes jusqu’à la sixième question, à partir de la septième question, ce n’était plus le cas. De plus, Kôenji n’avait toujours pas donné de réponse à une seule question. À ce stade, même s’il avait réussi à répondre correctement à la dernière question, il avait déjà dépassé le point de non-retour. Naturellement, j’avais déjà mémorisé les réponses aux neuf questions, et Sakayanagi avait probablement fait de même. Le chef n’était autorisé à modifier la réponse du participant qu’à l’une des questions. Le plan était donc le suivant : si je ne pouvais pas résoudre la dixième question, je choisirais la neuvième. Et si je ne pouvais pas résoudre la neuvième, j’allais le faire avec la huitième. Tout dépendait de Katsuragi.

La dixième et dernière question venait de commencer. Il s’agissait de numéros à 3 chiffres en 15 tours sur 1,6 secondes. Un par un, les 15 chiffres clignotèrent sur l’écran en une succession rapide. Il y eut un grand silence.

Que ce soit Katsuragi, Matsushita ou Tamiya, aucun d’entre eux avait réussi à prendre son stylo. Ils restèrent tous assis là, muets et stupéfaits par la question qui venait de leur échapper. Sakayanagi avait fait savoir aux enseignants qu’elle voulait intervenir et, bien sûr, j’avais fait de même.

Mlle. Hoshinomiya — Eh… ? Rappelez-vous : plus la question est tardive, plus le score est élevé.

Naturellement, la question à laquelle j’avais répondu était la dernière, la question 10. Matsushita avait obéi à mes instructions et écrivit la réponse que je lui avais donnée. Elle ne connaissait pas elle-même la réponse, elle n’avait donc aucune raison de refuser celle que je lui avais donnée.

Kôenji  — Fufufu. C’est un jeu très intéressant. Je n’avais jamais essayé ça avant.

Kôenji, l’homme auquel Sakayanagi et moi avions déjà cessé de prêter attention, avait apparemment ouvert les yeux à nouveau à un moment donné. Avec un sourire amusé, Kôenji jeta un coup d’œil à la caméra de surveillance qui nous avait permis de suivre l’événement.

Sakayanagi — Quelle question as-tu choisi Ayanokôji-kun ? J’ai choisi la dixième avec une réponse de 7619.

La réponse que j’avais donnée à Matsushita était…

Moi — Idem

Apparemment, Sakayanagi avait également réussi à résoudre la dernière question.

Sakayanagi — En termes d’intervention, il semble que nous étions à égalité. En d’autres termes, cela s’est réduit à un face-à-face entre Katsuragi-kun et Matsushita-san.

Alors que les professeurs rassemblaient les feuilles de réponses de chacun, l’homme qui n’avait pas répondu à une seule question avait de nouveau ouvert la bouche.

Kôenji — La réponse à la dernière question était 7619 c’est ça ?

Sakayanagi — Comme c’est surprenant. Il a raison.

En entendant la réponse de Kôenji, Sakayanagi applaudit, le félicitant pour son travail. Les professeurs s’empressèrent de compter les points. Si Katsuragi avait obtenu la septième, huitième ou neuvième question correcte, la classe C avait perdu. Mais d’un autre côté, s’il avait obtenu moins de six questions correctes c’était la victoire.

M. Sakagami — Après avoir compté les résultats, avec huit questions correctes sur dix, la première place revient à Katsuragi Kôhei. La classe A gagne.

Nous avions voulu prendre le dessus en remportant la cinquième épreuve, mais la victoire sourit à Katsuragi. L’annonce de Sakagami-sensei marqua la fin du cinquième événement.

Sakayanagi — C’est assez regrettable, Ayanokôji-kun.

Moi — Essayer de convaincre Katsuragi était-il une erreur ?

Sakayanagi — Certes, il m’en veut. Ce n’était pas non plus une erreur d’essayer de profiter de lui. Mais, pensais-tu vraiment que j’allais ignorer une telle faille si facilement ?

Même si je ne pouvais pas voir Sakayanagi, je savais qu’elle souriait.

Sakayanagi — Je lui ai dit à l’avance que, s’il me trahissait, j’expulserais davantage d’élèves sérieux et travailleurs de notre classe. Malgré son apparence, il se soucie beaucoup de ses amis. Ce n’est pas le genre de personne qui sacrifierait les gens autour de lui à cause d’une rancune égoïste.

Sakayanagi le connaissait depuis bien plus longtemps que moi. Elle avait fait très bien état de ses forces et ses faiblesses.

Sakayanagi — Faire face à la défaite alors que tu pensais gagner. Cela a dû être un coup dur pour le moral. Es-tu inquiet maintenant ?

Moi — Qui sait

Sakayanagi — Katsuragi-kun n’était pas de ton côté, mais ce n’est pas la seule chose qui a mal tourné pour toi. Si Kôenji-kun avait pris l’événement au sérieux dès le début, il aurait pu obtenir un score parfait. Vous auriez pu gagner.

Moi — Ce n’est que de la spéculation. Avoir un pouvoir que l’on ne peut pas contrôler est la même chose que de ne pas en avoir du tout.

Tout comme on ne pouvait pas compter sur les élèves qui n’avaient pas de compétences particulières, de capacités académiques ou sportives, les élèves qui n’étaient pas prêts à prendre les choses au sérieux ne pouvaient pas l’être non plus.

Du moins, c’est ce qui s’est passé pour cet examen. Bien sûr, notre incapacité à persuader Kôenji d’agir avait également été un problème de notre côté. Avec cela, le score était de deux victoires et trois défaites. La classe C se trouvait au bord d’une falaise.

Sakayanagi — Il ne reste plus que deux événements. C’est vraiment dommage.

Je pouvais entendre Sakayanagi pousser un soupir, voulant profiter du moment le plus longtemps possible.

Sakayanagi — Maintenant que nous en sommes arrivés là, les victoires, les pertes, tout cela s trivial.

Moi — Si c’est le cas, ce serait bien que tu me laisses gagner.

Sakayanagi — J’ai bien peur de ne pas pouvoir le faire. C’est une compétition sérieuse, après tout.

Alors que Sakagami-sensei s’exprimait, le tirage au sort de la sixième épreuve commença. À ce stade, si on obtenait un autre événement suggéré par la classe A, nous serions très certainement perdants.


[1] Des chiffres apparaissent à l’écran et  l’élève doit en calculer la somme. Plus le niveau de difficulté augmente et plus les chiffres sont grands et nombreux et l’affichage, rapide. Par exemple (chiffres au hasard) si on dit niveau  nombre à 3 chiffres, tour 2, 2,5 secondes : 542 qui s’affiche en 2,5 s puis 478 qui s’affiche en 2,5s. Le résultat est 542+478. Autre exemple, si on dit nombre à 2 chiffres, tour 3, 3 secondes : 45 qui s’affiche en 3s puis 60 qui s’affiche en 3s puis 24 qui s’affiche en 3s. Le résultat est 45+60+24.

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