CLASSROOM V11 : CHAPITRE 3


Adversaires

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Traduction : Dogyuun
Correction : Raitei
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Pendant l’heure du déjeuner, les élèves de la classe C se mirent d’accord pour se réunir dans la salle de classe. Les élèves qui n’avaient pas ramené leur panier-repas avaient convenu de filer en acheter avant de revenir Faisant partie de ceux qui n’avaient pas ramené à manger, je quittai la salle de classe puis me dirigeai vers un endroit isolé avant de contacter deux personnes. Je pus joindre la première personne directement étant donné que je lui avais déjà envoyé un message au préalable.

Quant à la deuxième personne…

Après avoir fini, j’achetai rapidement mon déjeuner et je retournai en classe. À mon retour, il n’y avait que deux personnes qui n’étaient pas revenues La première personne était Kôenji Rokusuke, l’indomptable et l’autre était Hirata Yosuke. Hormis ces deux-là, les 37 élèves de la classe étaient présents.

 — Il semblerait que Hirata-kun ne participera pas.

 — Ouais…

Bien que certaines personnes montraient leur inquiétude, nous n’avions pas le temps de nous apitoyer sur notre sort. Objectivement, il était mieux pour tout le monde que nous discutions des préparatifs avec un maximum de gens réunis. Nous ne pouvions pas nous permettre de négliger des détails.

Sudou — Putain, il nous prend vraiment pour des cons ! Ce pélo se fiche de l’exam encore une fois !

Je pouvais comprendre pourquoi Sudou était au bord de l’explosion. Il y avait sûrement certains d’entre nous qui pensaient que Kôenji serait un peu plus sérieux cette fois, du moins en apparence. Mais la réalité fut bien cruelle. Ou plutôt, les êtres humains ne changeaient pas aussi facilement. Cela dit, je ne pense pas que ça durerait éternellement. Tôt ou tard, telle la foudre, un examen du même genre que le vote Positif et négatif ressurgira. À ce moment-là, Kôenji devra en assumer les conséquences.

Sudou — Qu’il aille se faire voir, on a qu’à commencer.

Horikita — Oublie-le. J’ai fait des photocopies du polycopié. Je vais vous les distribuer. Lisez-le attentivement pendant que vous mangez. On aura une conversation plus approfondie après les cours.

Maintenant que Hirata n’était plus que l’ombre de lui-même, Horikita n’avait d’autre choix qued’endosser le rôle de leader.

Horikita — Si vous avez une question, n’hésitez pas à venir me la poser pendant que nous sommes tous ensemble.

Horikita avait l’air d’avoir déjà lu et assimilé le polycopié.

1

Après la fin des cours…

Chabashira nous somma d’envoyer le chef dans le couloir avant de quitter la pièce. Hirata fut la première personne à se lever.

Nishimura — Euuh… Les événements… On va discu…

L’une des filles, Nishimura essaya tant bien que mal de l’interpeller Cependant, ces mots ne l’atteignirent pas étant donné qu’il continua son chemin en silence et quitta la pièce.

Nishimura — Hirata-kun…

Nishimura et plusieurs autres élèves furent pris de cours par son attitude. La seule exception fut Kôenji qui continuait de tapoter sur son téléphone comme si de rien était.

Wang — Euuh… Je vais au petit coin. Je reviens vite !

Ça devait être une excuse pour Mii-chan afin de rattraper Hirata.

Horikita — Étant donné qu’il ne sera pas d’une grande utilité, je suppose que je vais devoir m’y atteler.

Horikita prit l’initiative et se dirigea vers l’estrade.

Moi — Désolé mais je vais devoir y aller. Je dois accomplir mon devoir.

Horikita —  C’est ça, rends-toi dans la salle polyvalente pour le choix des adversaires. Si tu peux, choisit la classe D.

Moi — D’accord, mais n’en attends pas trop de moi.

Je quittai ensuite la salle de classe et marchai dans le couloir.

Mlle. Chabashira — Oh c’est toi cette fois Ayanokôji. Quand est-ce que le chef va se décider à sortir ?

En exprimant son exaspération par un soupir, Chabashira regarda dans la direction de Hirata et Mii-chan qui s’en étaient allés.

Moi — C’est moi le chef.

Mlle. Chabashira — Oh…

Nous nous dirigeâmes donc en direction du bâtiment spécial.

Moi — Ce n’est pas un peu loin pour un bâtiment ou l’on se contentera juste de choisir nos adversaires ?

Mlle. Chabashira — Nous parlerons en détails des modalités d’intervention du chef.

Il n’y avait presque personne aux alentours pendant que nous marchions. Par conséquent le bruit de nos pas était particulièrement retentissant.

Mlle. Chabashira — Tu t’es donné tant de mal pour obtenir un point de protection, tout ça pour te faire nommer commandant. Pauvre toi.

Moi — On ne m’a pas forcé. Je me suis porté volontaire.

Chabashira s’arrêta un moment.

Mlle. Chabashira — … Vraiment ?

Moi — Est-ce que ça pose problème ?

Mlle. Chabashira — Il me semblait pourtant que tu avais horreur d’attirer l’attention ?

Chabashira me posa la question.

Moi — C’est vrai mais il y a une différence entre être mis sous les feux des projecteurs de force ou bien de son propre gré.

Mlle. Chabashira — Je vois…  Tu dis que dans tous les cas, tu n’étais pas dans une position ou tu pouvais faire l’autruche.

Les élèves qui avaient gagné un point de protection étaient les meilleurs candidats pour être chef car il pouvait éviter l’expulsion. Était-il ainsi plus sage de se faire jeter à l’eau de force ou bien de se jeter à l’eau de son plein gré avec ses conditions ? J’avais fait mon choix.

Mlle. Chabashira — Quoi qu’il arrive, en devenant chef, tu endosses une énorme responsabilité. Si tu lésines sur les moyens, la classe C en paiera le prix.

Étant donné qu’il n’y avait personne aux alentours, Chabashira parla sans aucun filtre.

Moi — Est-ce une menace ?

Lorsque je dirigeai mon regard vers elle, elle afficha un léger sourire.

Mlle. Chabashira — Interprète ça comme bon te semble. Néanmoins, je regarderai Ayanokôji. Après tout ce qui est arrivé, j’aurais maintenant la possibilité de  voir de quel bois tu te chauffes.

Elle voulait à tout prix atteindre la classe A, Chabashira avait de grands espoirs en moi.

Moi — Je ne peux pas garantir que je gagnerai.

Mlle. Chabashira — Ah bon ? Désolée mais je ne te vois pas perdre.

Après cela, nous ne nous dîmes pas grand-chose sur le chemin de la pièce.

2

Nous arrivâmes dans la salle polyvalente qui se trouvait dans le bâtiment spécial, QG probable de l’examen spécial.

Mlle. Chabashira — Il semblerait que les autres chefs soient là.

La porte était déjà ouverte. Ainsi, je pouvais voir les professeurs principaux des autres classes, accompagnés d’un élève. Pour la classe A c’était Sakayanagi, la classe B Ichinose et la classe D, Kaneda.

Comme l’on pouvait s’y attendre, chacun d’entre nous possédait un point de protection. Il y avait également deux ordinateurs positionnés l’un en face de l’autre et tous deux connectés à un grand écran.

M. Mashima — Maintenant que tous les chefs sont là, nous allons pouvoir déterminer les affrontements. Vous allez tous prendre un papier et l’élève qui aura tiré le papier avec un cercle rouge pourra choisir son adversaire.

M. Mashima nous présenta une boite opaque et invita Sakayanagi à prendre un papier.

Sakayanagi — Comme l’on dit si bien : “Tout vient à point à qui sait attendre.” Et en l’occurrence ça ne me pose pas de problème d’être la dernière, si tu veux bien Ichinose-san.

Ichinose — Eh bien, ça ne me dérange alors allons-y !

Ichinose prit un papier en premier, suivi de la classe C puis de la classe D. Étant donné qu’ils n’étaient pas pliés, le tirage fut explicite. C’était la classe D de Kaneda qui avait obtenu le papier avec le cercle rouge.

Sakayanagi — Je suppose que je n’ai pas besoin de prendre un papier Mashima-sensei ?

Mashima-sensei prit le dernier papier de la boite et je n’avais pas besoin de préciser qu’il n’y avait pas de cercle rouge dessus.

M. Mashima — Il semblerait qu’à force d’attendre, tu aies raté ta chance.

Sakayanagi — Je me le demande. Je ne pense pas que j’ai besoin de choisir mon adversaire afin d’obtenir la première place.

Ichinose — Ça me donne l’impression que la classe A peut se permettre de se la couler douce.

Sakayanagi — Oh, pas vraiment. Dans la mesure du possible, je préférais éviter d’affronter ta classe, Ichinose-san.

On pouvait légitimement se demander si elle disait cela par simple politesse ou bien si c’était une réponse franche et honnête.

M. Mashima — Peux-tu nous dire quelle classe tu as choisie ?

Suite à la remarque de Mashima, Kaneda hocha légèrement la tête. La classe D s’était probablement mise d’accord en amont sur l’adversaire qu’elle comptait choisir dans le cas où le tirage lui serait favorable.

Kaneda — Très bien, je n’hésiterai pas dans ce cas. La classe D affrontera… la classe B.

M. Mashima — Tu en es sûr ?

Kaneda — Oui.

Après avoir confirmé la décision de Kaneda, Mashima-sensei fit valider la chose sur papier.  Maintenant que l’on savait que la classe D allait affronter la classe B, nous savions que la classe C allait affronter la classe A.

Sakayanagi — J’étais persuadée que tu choisirais la classe C, pourquoi avoir choisi la classe B ?

Sakayanagi demanda cela à Kaneda, curieuse de connaître le raisonnement derrière.

Kaneda — Pour avoir un changement significatif, nous devons prendre autant de points que possible aux classes dans le haut du panier. Cela dit, nous préférons éviter d’avoir à vous confronter pour le moment.

La classe A était un adversaire de taille alors Kaneda opta pour la B.

Sakayanagi — Oh c’est donc cela. Vous nous épargnez bien des soucis. Nous n’aurions pas voulu affronter des adversaires aussi redoutables. La classe B est une plaie alors je vous souhaite mes vœux de victoire les plus sincères.

Sakayanagi lui montra sa gratitude en inclinant légèrement la tête. Mis à part cela, un brin de manigance avait mené aux circonstances actuelles. Bien sûr, le fait que Kaneda tire le bon papier n’était pas prévu, mais ce résultat était déterminé depuis le début peu importe qui prenait le bon papier. Un peu plus tôt, j’avais contacté Ichinose et Ishizaki en leur disant que je voulais affronter la classe A. Apparemment, Ichinose avait vraiment l’intention d’affronter la classe A mais elle céda parce qu’elle me devait une fière chandelle. Du côté dIshizaki et la classe D, ils comptaient déjà affronter la classe B alors il n’y a pas eu de vrai problème. Tout cela a été fait afin d’être sûr d’affronter Sakayanagi. Par contre ça aurait été problématique si j’avais pioché le bon papier. Étant donné que Horikita m’avait donné la consigne de choisir la classe D. J’aurais dû lui fournir une excuse en béton.

Néanmoins, j’avais une chance sur quatre de gagner alors pour être honnête c’était le dernier de mes soucis. Tout avait été manigancé depuis le début et je pense que ça n’avait pas échappé à Sakayanagi que des arrangements avaient été faits.

M. Mashima — Maintenant, je vais vous expliquer le système qui sera appliqué le jour de l’examen. Vous serez dans cette pièce et vous vous servirez du même type d’ordinateur que vous voyez ici. C’est de cette façon que vous assignerez les événements à vos camarades en temps réel.

Chabashira se dirigea vers l’ordinateur de gauche et connecta l’écran de l’ordinateur au grand écran. Pendant que Chabashira manipulait l’ordinateur, Mashima-sensei continuait son explication.

M. Mashima — Par exemple, vous voyez ici un catalogue qui répertorie tous les élèves de la classe A. En vous servant de la souris vous pourrez faire glisser le portrait de l’élève dans la case de l’événement dans lequel vous souhaitez qu’il participe. Si vous vous trompez ou bien que vous changez d’avis, il suffit de sortir le portait de la case. L’écran était aussi tactile.

Ichinose —  Waouh ! On dirait un jeu vidéo.

Mlle. Hoshinomiya — Totalement !

Ichinose et Hoshinomiya-sensei s’engagèrent dans une conversation réjouissante à côté.

M. Mashima — Il y a une limite de temps pour choisir les événements et c’est ce compte à rebours affiché qui vous le stipule.  Plus il y aura d’élèves nécessaires dans un événement et plus vous aurez de temps pour choisir. Attendez-vous à avoir environ trente secondes par élève.

Par conséquent, dans un événement nécessitant dix élèves, nous aurions à peu près 300 secondes pour prendre une décision.

M. Mashima — Si vous ne vous décidez pas avant le temps imparti, les trous seront remplis aléatoirement, gardez bien cela à l’esprit. Au contraire, si vous choisissez trop d’élèves, le surplus sera retiré aléatoirement également.

Autrement dit, il était strictement interdit de jouer les prolongations.

M. Mashima — Une fois qu’un événement débutera, il sera diffusé sur le grand écran.

Des images de shogi commencèrent à s’afficher sur le grand écran, similaire à ce qu’on pourrait voir à la télévision.

M. Mashima — Les règles qui stipulent la façon dont un chef peut intervenir dans un événement seront affichées sur votre écran après le début de l’événement.

L’image du grand écran changea pour afficher celle de l’ordinateur de gauche. Était affiché « À un moment durant l’épreuve, le chef peut mettre en pause le jeu de shogi et refaire un mouvement du joueur de son camp »

C’était probablement les règles auxquelles Mashima-sensei faisaient allusion.

M. Mashima — En tant que chef, vous pouvez intervenir quand vous voulez en cliquant sur la règle que vous voulez appliquer. Retenez bien ça aussi.

L’écran afficha à nouveau le match de shogi.

M. Mashima — Il ne sera pas autorisé de donner des instructions à vos camarades en vous servant du téléphone. Si vous envoyez un sms à votre camarade ayant le casque, notre système le détectera.

Ça veut dire qu’une machine lirait automatiquement nos messages après les avoir envoyés pour éviter que l’on divulgue des informations confidentielles.

En prenant le shogi par exemple, le chef peut intervenir une fois pour changer un coup, mais s’il est suffisamment habile, il pourrait donner deux ou même trois instructions à la place.

M. Mashima — Si un chef intervient de quelque manière que ce soit dans un événement sans que les règles ne l’autorisent, sa classe fera l’objet d’une disqualification et perdra l’événement.

C’était prévisible au vu du système mis en place.

Mashima —

M. Mashima — Pour chaque événement, une seule personne de chaque classe sera autorisée à porter un casque, même lors d’une épreuve collective. Vous devrez donc bien choisir.

Je n’attendais pas à recevoir autant d’informations mais il fallait se tenir prêt au moindre imprévu. Quand bien même nous pouvions décider entre nous de beaucoup de choses.

M. Mashima — Vous avez le droit d’intervenir quand vous voulez durant l’épreuve tant que vous y êtes autorisés.

Nous pouvions aussi réduire ou agrandir la taille de plein de choses sur l’écran, nous permettant ainsi de mieux nous focaliser sur les informations que nous voulions voir en particulier.

Cet examen spécial avait de quoi nous tenir occupés pendant un petit moment.

M. Mashima — J’en ai fini avec mes explications. Y a-t-il des questions ?

Mashima regarda rapidement aux alentours mais personne n’avait l’air de vouloir poser de question.

M. Mashima — Ce sera tout pour aujourd’hui, si vous voulez vérifier quelque chose, vous avez le droit de venir dans la salle polyvalente jusqu’à une semaine avant le début de l’examen spécial. Bien entendu vous devez être accompagné par un professeur. Tant que vous êtes accompagnés d’un professeur. Vous pouvez disposer.

Après cela les explications se finirent et nous partîmes.

3

Après être retourné au dortoir, j’envoyai un message à Horikita en lui disant quelle classe nous allions affronter puis je commençai à réfléchir à la manière dont je remplirai mes devoirs de chef. En y repensant, c’était la première fois que je prenais part à un examen de spécial frontalement.

Pour être franc, si c’était un duel, je me voyais mal perdre. Cependant, c’était une bataille dans laquelle je devais gérer l’ensemble de la classe. J’étais restreint par les capacités de mes camarades. Avec une armée d’enfants, même un grand stratège tel que Sun Tzu n’aurait aucune chance contre des adultes.

Bien que l’habileté du chef pour intervenir dans les différents événements était la clé de la victoire, Il me manquait de tout de même une ressource fondamentale pour concourir. C’est-à-dire, une vision d’ensemble du potentiel des élèves de la classe C. Qu’est-ce que tout le monde aime ou déteste ? Quelles sont leurs forces, leurs faiblesses ?

Sans une compréhension des pièces du puzzle, les portes de la victoire resteraient à jamais fermées. En outre, pour ce qui était du réseautage ou bien du leadership, je faisais pâle figure par rapport au reste de la classe. Actuellement, je ne savais même pas ce que Shinohara ou bien Onodera aimaient manger.

Par quoi est-ce que je devais commencer ? La réponse était évidente, je devais rentrer en contact avec une personne qui connaissait la classe comme sa poche. Bien que c’était simple en apparence, mes options étaient limitées. Il n’y avait que trois qui personnes qui remplissaient ces critères : Kei, Hirata et Kushida. Dans un monde idéal, j’aurais voulu les consulter tous les trois. Cependant, étant donné les circonstances actuelles, la seule personne disposée à m’aider était kei.

Hirata était loin d’être sur pied et la réputation de Kushida avait pris un sacré coup pendant l’exam précédent. Même si elle ne le montrait pas, elle était probablement remontée contre Horikita. Je suppose qu’elle se méfiait encore plus de moi à présent. Vers 18h, alors que le soleil se couchait ma sonnette retentit. Je déverrouillai la porte aussitôt et l’invitai dans ma chambre.

Karuizawa — … Heyo.

Le mystérieux visiteur n’était autre que Karuizawa Kei, qui avait encore son uniforme scolaire.

Moi — Tu reviens juste du cours ?

Karuizawa — Ouais, parce que contrairement à toi j’ai pas mal de potes. C’est moi la star aujourd’hui, tu vois.

Ses dires étaient quelque peu étrange. Elle se tourna dans ma direction.

Moi — La star ? Comment ça ?

Voyant que je ne comprenais pas là où elle voulait en venir, Kei détourna le regard avec un air quelque peu irrité.

Karuizawa — Laisse tomber, c’est rien. Enfin bref, c’est pas chelou de m’appeler à cette heure ? C’est pas toi qui disais qu’il fallait faire gaffe et que ce serait un problème si on se faisait surprendre ?

Elle regarda avec malaise les alentours.

Moi — Ne t’inquiète pas. Après tout ce qui est arrivé, je ne pense pas que ce soit vraiment nécessaire.

Karuizawa — Tu dis ça parce qu’on s’est fait cramer par Hashimoto pas vrai ? Et cet ainé aussi…

Moi — En quelque sorte.

Karuizawa — Notre relation deviendra de plus en plus visible, tu le sais ça ? Ça te va ?

Moi — Non ça ne me dérange pas vraiment.

Ma réponse éclair rassura Kei qui fit un soupir de soulagement.

Karuizawa — Dans ce cas, ça va alors.

C’est vrai qu’il aurait été plus facile d’entreprendre des actions si personne n’était au courant de ma relation avec Kei. Cependant la situation changeait peu à peu.  En outre, il serait plus facile pour Kei d’agir librement en tant qu’espion à partir de maintenant.

Karuizawa — Mais genre… toi et moi tu vois…Un garçon et une fille de la même classe. Y aura forcément des rumeurs à propos de nous non ?

Est-ce qu’elle a toujours été le genre de personne à se soucier de ce genre choses ?

Moi — Je suis le chef de cet examen et toi tu es une figure centrale de cette classe. Ce n’est pas déroutant de nous voir ensemble.

Afin de la rassurer et de la mettre en confiance, j’en rajoutai une couche.

Karuizawa — Hmm, bah, je suppose que t’as raison…

Il y avait encore quelque chose qui semblait la tracasser.

Karuizawa — D’ailleurs pourquoi as-tu accepté le rôle de chef ? Tu n’es pas le genre de mec à se désigner juste parce qu’il a obtenu un point de protection non ?

Comme je m’y attendais, elle savait comment je fonctionnais, ou plutôt, elle connait une partie de mon mode de fonctionnement.

Moi — Sentiments personnels mis à part, j’avais besoin de montrer patte blanche à la classe. Yamauchi vient juste de se faire expulser, tout le monde est encore parano. Me porter volontaire était la meilleure option.

Karuizawa — C’est tout ?

Moi — C’est tout.

Karuizawa — Si j’étais toi, j’aurais refusé quoiqu’il arrive.

C’était impressionnant d’avoir le luxe d’en être arrivé à un point où personne ne lui reprocherait de ne pas utiliser son point de protection pour la classe. Cela aurait probablement marché pour elle mais pour pas moi.

Moi — Changeons de sujet. Qu’en est-il de l’état interne de la classe ?

Karuizawa — Euh l’état interne ? Alors je ne sais même pas par quoi commencer. D’abord, je ne suis pas au courant de tout ok ? Surtout par rapport aux mecs où j’ai aucune info.

Moi — Ça me va. Si possible, j’aimerais consulter Hirata et Kushida plus tard.

Ce n’était qu’un espoir, rien de plus. Un espoir. Pour l’instant, on ne pouvait pas savoir s’ils allaient accepter de me parler.

Karuizawa – Bien sûr, tu sauras quasiment tout sur la classe si tu parles à ces ceux-là, mais genre…

Kei effectua une pause puis croisa les bras.

Karuizawa — Kushida-san mis à part, tu crois pas que c’est presque impossible de parler à Yosuke-kun ? On dirait qu’il a complètement perdu espoir.

Moi — Tu t’inquiètes pour lui ?

Karuizawa — Ouais, fin’ personne dans la classe C n’aime le voir comme ça.

La classe C était sans Hirata nous plaçait en situation dangereuse. En effet, sans lui, la classe manquait de stabilité dans son ensemble.

Moi — Dans tous les cas, je vais t’écouter en premier.

Karuizawa — Ça va être chaud de dire tout ce que je sais, pose-moi des questions et j’y réponds, ok ?

Je posai ainsi des questions à propos de chacune des filles de la classe et pus mémoriser toutes les informations pertinentes concernant les filles de la classe C.

4

Karuizawa — Je pense avoir tout dit.

En un peu moins de dix minutes, j’obtins toutes les informations nécessaires.

Karuizawa — Hé. T’es sûr que tu veux pas prendre de notes ? Tu sais que même si tu me supplies à genoux, ce sera niet ?

Moi — Ça ira.

Karuizawa — Tu sous-entends que t’as tout retenu ?

Moi — Ouais plus ou moins.

Karuizawa — Wahou. Tu m’épates.

Kei me fit des éloges, mais la façon dont c’était formulé donnait l’impression qu’elle ne le pensait pas.

Karuizawa — Enfin bref, notre adversaire cette fois c’est la classe A n’est-ce pas ? Ça va être chaud même pour toi non ?

Moi — Je ne suis pas vraiment celui qui sera en avant. Ça dépendra surtout de toi et de la classe. Ce n’est pas parce que je peux intervenir en tant que chef que je pourrai vous sortir d’une situation tendue. C’est plutôt moi qui devrait demander si ça ira de ton côté.

Karuizawa — M-moi ? J… euh…

Elle essaya de dire quelque chose mais les mots avaient l’air comme coincés dans sa gorge.

Karuizawa — … Tu pourrais t’arranger pour pas que je participe ?

Moi — Ça ne dépend pas de moi. En fonction des actions de la classe A, tu pourrais même avoir à participer deux fois.

Karuizawa — Non, non, non hors de question. Je suis nulle en cours, encore plus en sport !

Elle secoua la tête frénétiquement, insistant sur le fait qu’elle ne voulait pas être forcée à participer.

Karuizawa — Si c’est toi, Kiyotaka, je suis sûr que tu peux battre Sakayanagi-san !

En disant cela elle me regarda avec le pouce levé. Elle ne voulait pas participer pour éviter toute responsabilité en cas d’échec je suppose. Cependant, même Kei ne connaissait pas l’étendue de mes capacités.

Karuizawa — Surtout que personne ne s’attend à ce que tu battes la classe A. Ça ne rend pas les choses plus facile.

Moi — Ouais, je suppose.

Tout est facile quand personne n’attend rien de toi.

Karuizawa — Dooonc… C’était tout ce dont tu voulais me parler ? Pourtant tu as insisté pour que l’on se rencontre en personne.

Les yeux de Kei criaient “si ce n’était que ça on aurait pu en parler au téléphone.”

Moi — Certaines choses sont plus faciles à comprendre en face à face.

Kei se figea encore plus.Ce n’était pas la réponse à laquelle elle s’attendait.

Karuizawa — Humph, on a l’air d’avoir fini. Alors…je vais filer, ok ?

Elle pensait plus rien tirer de moi, même en laissant des indices à ce stade.

Moi — Je te contacte s’il y a du nouveau.

Karuizawa — …C’est ça, à plus.

Il semblerait qu’elle s’attendait à quelque chose depuis le début mais elle avait l’air d’avoir abandonné l’idée de m’en parler. J’imagine qu’elle allait rester têtue jusqu’au bout et ne pas mettre le sujet sur le tapis. Ça aurait été bien plus simple pour moi si elle avait évoqué le sujet d’elle-même.

Moi — Attend une minute. J’ai une dernière chose à te dire.

Je me levais et me dirigeai vers mon tiroir. Avant qu’elle n’arrive, j’avais caché un truc pour ne pas qu’elle le remarque en rentrant.

Karuizawa — Qu’est-ce que c’est… Si t’as quelque chose à dire t’aurais dû le faire depuis le début !

Moi — Aujourd’hui c’est ton anniversaire n’est-ce pas ?

Karuizawa — Hein sérieux ? Tétais au courant ?

J’ouvris le tiroir et sorti le « truc » en question que j’avais commandé dans un des magasins du campus. Je me l’étais fait livrer emballé.

Moi — Je te taquinais.

Karuizawa — O-ouais fin’ bon, arrête de faire des trucs comme ça. Si t’as un cadeau, t’aurais dû me le donner depuis le début ok ? J’ai déjà eu plein de truc cool de mes amis alors ça intérêt à être au niveau pour compenser le déplacement.

Pendant qu’elle me parlait, elle tendit le bras pour recevoir le cadeau ne voulant pas me regarder dans les yeux. Voyant Kei agir ainsi, j’arrêtai mon mouvement.

Moi — Du coup mon cadeau ne te fait ni chaud ni froid ?

Karuizawa — P… pas vraiment.

Moi — Dans ce cas, je suppose que je peux le reprendre.

Karuizawa — H-hein ?!?! Ça se fait pas de changer d’avis. Quand on décide d’offrir un truc, on l’offre !

Je ne comprenais pas sa réponse.

Moi — Ça compte aussi pour le White Day.

Karuizawa — T’es donc ce genre de mec, tu donnes tout le même jour pour ne pas te prendre la tête ?

Kei exprima son exaspération par un soupir puis prit le cadeau. Un regarda suspicieux apparu sur son visage lorsqu’elle le prit dans ses mains. Après tout, c’était une toute petite boite carrée sans oublier que ça ne pesait pas très lourd.

Karuizawa — Y a vraiment quelque chose à l’intérieur ?

Moi — Je n’aurais pas eu le courage de te donner une boite vide.

Je pouvais déjà imaginer sa grande colère si j’avais ça.

Karuizawa — Alors ça ne te dérange pas si je m’en assure, hmm ?

Kei parla comme un officier de police interrogeant un suspect, et commença à vérifier le contenu de la boite. Elle vit à la fin un bout métallique qui scintillait d’un éclat doré brillant.

Karuizawa — Qu… qu’est-ce que c’est !?

Elle était surprise alors que tout le monde aurait ce que c’était.

Moi — C’est un collier.

Karuizawa — Merci je le sais ça ! Mais ce cadeau, c’est genre… trop !

Moi — Trop ?

Karuizawa — Fin’ j’sais pas, des potes s’offrent pas des colliers

Dit-elle, mais… J’inclinai la tête, incapable de savoir là où elle voulait en venir. Mais elle ne chercha pas une réponse de ma part. Plutôt, elle voulait dire quelque chose d’autre.

Karuizawa — Et tu sais quoi encore ? Ça me va même pas si bien que ça, On dirait un cœur !

Visiblement, mon cadeau d’anniversaire n’était pas si bon que ça.

Karuizawa — Mais c’est vraiment un cœur en fait !

La forme du collier la rendait particulièrement mécontente, vu à quel point elle avait insisté sur ce point. Son visage avait légèrement rougi pendant qu’elle se plaignait. Tout le monde aurait été blessé après avoir entendu ça, même moi. Après tout, le but d’un cadeau était de faire plaisir.

Karuizawa — Ça a couté cher ?

Moi — Le prix n’était pas dérisoire. Ça a couté environ 20 000 yen.

Karuizawa — ving mil… Pourquoi être allé si loin ?

Moi — Pourquoi ?

Kei me regarda, son visage rougissait de plus en plus. Au vu de la situation, je suppose que je devais lui dire la vérité.

Moi — Pour être honnête. Je n’ai jamais offert un cadeau d’anniversaire à une fille auparavant. Alors, j’ai décidé de faire des recherches sur le net pour commencer. Je suis tombé sur un gros site web, Rakkan Ichiba et il recommandait un collier. Ils ont même dit que ça ferait fureur chez les lycéennes.

Je me souvenais encore de la page qui stipulait être un spécialiste des relations. J’avais décidé de l’acheter parce le prix était raisonnable pour le White Day et l’anniversaire en même temps.

Karuizawa — Juste wow.

Pour une certaine raison, Kei me regarda et se crispa. Je me suis dit que j’avais peut-être un peu merdé pour le coup cette fois.

Karuizawa — T’es super intelligent mais un parfait idiot pour ce genre de choses. On dirait que t’es né hier. Déjà, même si ça dit que ça plairait aux lycéennes, pour ce genre d’accessoires, les filles préfèrent les choisir. Mais bon au moins tu ne m’as pas donné une bague ou un objet ou tu aurais eu besoin de mesure. Je te donne 10/100 ok ?

Je m’étais donné tant de mal pour acheter ce cadeau onéreux, tout ça pour avoir une note catastrophique. J’avais encore beaucoup a apprendre visiblement. J’avais choisi ce cadeau avec les meilleures intentions du monde, mais bon, cela n’avait pas payé.

Moi — Et si je t’avais donné une boite de macarons ?

Karuizawa — Ta note serait montée à 15 sur 100 ?

Donc une simple boite de macaron aurait été meilleure qu’un collier à 20 000 yen.

Moi — Je ne pense pas que je puisse me le faire rembourser après l’avoir ouvert mais si tu ne le veux pas, laisse-le ici. Si tu veux, je t’offrirai une boite de macaron ou quelque chose du genre dans les prochains jours.

Je lui avais offert une alternative, regrettant mon manque de préparation et de recherches. Après tout, un cadeau à 15 points rendrait Kei plus heureux qu’un cadeau à 10 points.

Du moins, c’est-ce que je pensais.

Karuizawa —

Kei fixa le collier pendant un moment avant de me regarder.

Et pourtant, malgré ce que j’avais dit, elle le mit autour de son cou.

Elle demanda à utiliser mon miroir pendant un moment puis s’observa dedans.

Karuizawa — Hmmm…. Comme je m’y attendais, le cœur fait un peu gamin… Mais étant donné que j’ai un corps magnifique, j’imagine que ça m’ira comme un gant.

J’avais beau ne pas comprendre de quoi elle parlait, je la vis très sérieuse.

Kei prit un moment pour observer comment lui irait le collier sous tous les angles avant de hocher la tête in satisfaction.

J’avais cru qu’elle allait me le rendre après l’avoir essayé. En fait, elle avait remis le collier dans sa boite, boite qu’elle plaça dans son sac.

Karuizawa — C’est la première fois que tu donnes un cadeau à une fille n’est-ce pas ? Je vais te faire une fleur et l’accepter, juste pour cette fois.

Moi — … Ouais, ça me va.

Ce n’est pas comme si j’avais quelqu’un d’autre à qui l’offrir de toute manière.

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