CLASSROOM Y2 V6 CHAPITRE 5

Le deuxième festival sportif

(Horikita)

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Traduction : Lost
Correction : Kenshiro
Q-check : Nova, Raitei
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Ce matin, tous les élèves se rassemblèrent sur le terrain. J’observai la chose depuis les coulisses et sur la zone principale de l’événement, le président du Conseil des élèves, Nagumo, prononça le discours d’ouverture. Il y avait seulement une vingtaine de personnes parmi les invités présents mais les élèves semblaient tout de même mal à l’aise. J’essayai de me rapprocher. Le Conseil des élèves avait prévenu à l’avance au sujet des invités mais il y avait plus de monde que prévu notamment des personnes influentes de l’établissement ainsi du monde politique. Pour autant, il n’y avait aucun invité médiatisé car ces visages nous étaient inconnus. Mais le regard déterminé et leur costume ne laissait aucun doute quant à leur haute fonction.  Nous étions épiés par ces derniers comme des prisonniers.

Malgré tout, le président du Conseil des élèves, Nagumo, s’exprimait comme à son habitude, ne ressentant pas la pression. Son discours et son comportement n’avaient rien à envier à celui de mon frère. Avant de passer la parole aux enseignants, il y eut une vague d’applaudissement. Les professeurs furent une nouvelle fois tenus de veiller au bon déroulement de l’événement et la fin de leurs passages marqua le début du festival sportif. À partir de ce moment, les élèves étaient libres d’agir comme ils le souhaitaient.  Du moment que les règles étaient respectées, ils pouvaient participer à n’importe quelle épreuve.

Une fois inscrit, il fallait participer à l’épreuve ou bien payer deux points si nous voulions nous retirer. Il fut également rappelé que tous les élèves qui ne participaient pas ou qui avaient fini leurs épreuves, devaient se rendre dans des zones désignées pour regarder les autres épreuves. Tout élève surpris en train de bavarder, de se reposer ou de se balader dans une zone non désignée était disqualifié, se voyant perdre des points.

Avec la classe de Ryuuen-kun, nous établîmes une relation de coopération, procédant à des ajustements pour éviter autant que possible de nous croiser lors des épreuves individuelles. Concernant les épreuves par équipe, nous organisâmes les groupes de sorte à ce que chaque classe gagne une fois sur deux pour un partage équitable des gains. Nous décidâmes de limiter la participation des élèves en général pour les épreuves de groupes indépendamment de leur force afin d’éviter de retenir les meilleurs éléments comme Sudou-kun et Albert Yamada-kun dans une seule équipe pendant un long moment. L’accord comprenait également un contrat qui limitait le nombre de participations aux évènements dont l’inscription se faisait à l’avance. Ceci afin d’optimiser la gestion de nos forces humaines respectives.

Il n’y avait pas non plus d’inconvénient à s’allier avec des élèves de la classe d’Ichinose-san ou de Sakayanagi-san. Si cela était facteur de succès pour une épreuve, il était permis de former une équipe au cas par cas. J’avais ainsi rencontré Katsuragi de nombreuses fois pour éviter tout malentendus à ce propos. Bien que nous ne fussions pas inquiets pour le début du festival car bon nombre d’élèves s’étaient déjà inscrits à des épreuves, il était important de ne pas oublier d’avoir des réunions ponctuelles avec nos camarades de classe toutes les heures au maximum pour vérifier s’il y avait des problèmes ou des petits ajustements à faire. La première épreuve à laquelle j’allais participer était le sprint sur 100 mètres. Je n’avais pas besoin de me presser car le départ avait lieu dans 15 minutes mais j’arrivai tôt pour observer.

— Vas-y, Horikita, affronte-moi !

Ibuki-san s’approcha à toute allure à la fin du discours. Elle me fixa, essoufée.

Moi — Es-tu stupide ?

Ibuki —Hein ! ? Qu’est-ce qui y a ? T’as peur de perdre contre moi ?

Moi —Non !

Je démentis immédiatement.

Moi — Dans quelle épreuve vas-tu concourir ? Prends ton temps avant de répondre.

Ibuki — C’est le sprint sur 100m. J’espère que tu t’es bien inscrite !

Moi — Oui, avant toi d’ailleurs. Cela signifie que nous allons nous affronter dès le départ. Tu comptes faire quoi si tu t’essouffles avant notre sprint ? Nous avions déjà convenu de nous affronter dans cette épreuve alors tu aurais dû m’attendre à l’endroit désigné.

Je m’étais exprimé de manière intelligible afin qu’elle me comprenne bien.

Ibuki — Dans tous les cas ramène-toi !

Horikita — Tu n’as pas besoin de te répéter. Je vais participer.

Ibuki-san n’était pas un adversaire facile. L’année dernière, j’avais gagné le sprint de justesse. J’aurais vraiment aimé ne pas participer mais je lui étais aussi redevable.  Sans la coopération d’Ibuki, Kushida n’aurait peut-être pas fait son retour. Mais je ne pouvais pas me permettre non plus de perdre et je ne voulais pas non plus gagner de manière absurde. Ibuki-san n’aimait pas marcher à côté de moi, alors elle s’éloigna un peu et nous marchâmes jusqu’à l’entrée de l’épreuve. Une agréable sensation de tension s’accumula.

C’était une course entre filles de première exclusivement. Ibuki-san était la seule personne ici qui pouvait rivaliser avec moi mais il ne fallait pas voir cela comme de la chance. Avoir une situation aisée ici signifiait qu’il y avait des adversaires coriaces ailleurs dans d’autres épreuves.

1

Le 100 m, notre première épreuve à Ibuki et moi se termina par ma victoire après une lutte acharnée. Comme l’an dernier, cela ne s’était joué à rien.  Après avoir traversé la ligne d’arrivée, Ibuki-san tapa le sol avec regret et s’excusa en disant que c’était à cause de son essoufflement d’avant la course. C’était l’épreuve du saut en longueur qui m’attendait la prochaine fois avec Ibuki. Mais avant ça, j’en avais deux autres. L’épreuve suivante était la course d’obstacle et la troisième, le tir à la corde en équipe.

Au niveau des points, j’en avais obtenu cinq pour la première épreuve, dix pour la première place dans la course individuelle en obstacle, trois points pour le tir à la corde en équipe avec la troisième place et trois points pour les participations, soit un total de 21 points.  Nous pouvions dire que c’était un bon début. 

À 10h sonnait le deuxième round face à Ibuki-san. J’avais réussi à effectuer un saut de 5m79 ce qui n’était pas mauvais. C’était même un record personnel. Ibuki-san allait passer dans trois tours et elle ajustait sa respiration tout en regardant le tableau d’affichage. Il lui restait trois sauts. En obtenant la première place provisoire, j’étais près d’avoir encore un bon gain en points.

— Suzune ! Je t’ai enfin trouvée !

Alors que je regardais le participant suivant, j’entendis une voix m’appeler. En regardant en arrière, Sudou-kun courait vers nous, avec Onodera-san qui marchait derrière. C’était un duo en qui j’avais de grands espoirs pour ce festival sportif.

Moi — Vous semblez en forme tous les deux.

Onodera — Je suis très fière de Sudou-kun. Il a gagné ses trois premières épreuves. Il est vraiment en forme.

Sudou — Ouais peut-être mais Onodera, t’as également participé à deux épreuves et tu as remporté la première place dans les deux. Non ?

Onodera — J’ai eu de la chance.

Onodera, qui n’avait pas d’égal en natation, avait également démontré son talent en athlétisme.

Moi — Je ne te pensais pas aussi rapide avant. D’où vient cette énergie ?

C’était un sujet qui me préoccupait parce que je la voyais toujours pendant les cours d’éducation physique.

Onodera — Je n’aime pas vraiment courir, et je ne m’intéresse à rien d’autre qu’à la natation alors je sais pas si je m’y prend bien.

Moi — Ne t’inquiètes pas, je n’ai jamais été non plus fortiche sur les courses longues.

Onodera — C’est super fatigant de courir aussi vite longtemps.

Ils s’étaient donc entraînés ensemble tous les jours après la formation des équipes. Mais leur synchronisation marche mieux que prévu.

Sudou — Je voulais juste affronter Kôenji. Dans toutes mes épreuves, j’ai eu la première place à chaque fois. Je pense que je peux continuer !

Moi — Ce n’est pas la bonne manière de procéder. Que tu le veuilles ou non, Kôenji est dans notre équipe.

Sudou-kun et Kôenji-kun avaient tous deux le potentiel pour prendre la première place. Je comprenais leur envie de participer aux mêmes épreuves mais notre classe passait avant tout.

Sudou — Je sais. Je blague.

Onodera — je vais garder un œil sur lui t’inquiète pas.

Moi— Je vois. Je n’ai pas à m’inquiéter avec toi Onodera-san.

Onodera — Tu me surestimes…

Elle semblait mécontente, mais en la regardant directement elle détourna le regard, visiblement mal à l’aise.

Moi — Bon courage pour vos épreuves en binômes.

Sudou — Merci, je vais continuer ma série de victoires !

Sudou parlait de manière très confiante. Le dernier participant se tenait sur la ligne de départ. J’interrompis la conversation pour regarder Ibuki-san.

Sudou — On ferait mieux de la laisser se concentrer. On va se focaliser sur nos épreuves.

Onodera — Tu as raison. À plus tard, Horikita-san.

Moi — À plus tard.

Je leur jetai un coup d’œil, puis revins sur Ibuki-san qui avait commencé à courir. J’étais partagé entre le fait de vouloir sa défaite et la voir tout donner.

Ses capacités étaient vraiment proches des miennes. Autrement dit, il était possible qu’elle batte le record que j’avais établi. Ses mouvements, qui auraient dû être soumis à une forte pression constante, étaient agiles et gracieux. Elle sauta et piétina le sol avant de tomber en avant. Malgré la poussière sur le visage, ses yeux fixèrent sans attendre l’écran des résultats. 5m81, seulement 2cm de plus. Je dus admettre ma défaite.

Ibuki — J’ai réussi !

Ibuki-san, qui, dans un élan de bonheur, prit la pose, s’amusa comme une petite fille. Elle avait effectué un saut splendide dans une situation où tout le monde me voyait gagnante.

Ibuki — T’as vu ! J’ai gagné ! T’as perdu !

Je comprenais son bonheur mais cela m’irritait à l’intérieur.

Moi — Je suppose que c’est parce que tu as eu moins de résistance à l’air.

S’il n’y avait pas de différence dans nos capacités, alors c’était la seule explication.

Ibuki — Résistance de quoi ?

Moi — Laisse tomber, ce n’est rien.

Ibuki — Sois pas une mauvaise perdante et admet simplement ta défaite.

Moi — Ce n’est pas le moment de s’extasier. Nous sommes à égalité.

Même si j’avais fait attention à mes mots, Ibuki-san avait un air abattu sur son visage avant que je ne le réalise.

Je ne regrettais pas vraiment d’avoir perdu la première place car je n’y pouvais rien et puis j’avais battu mon record personnel.

Ibuki — J’ai gagné ! J’ai gagné ! J’ai gagné !

…… Je n’arrivais toujours pas à y croire. J’avais l’impression que mon stress mental avait augmenté d’un seul coup.

Nous étions maintenant à égalité. Je voulais me rendre à notre troisième duel de la poutre en gymnastique sans attendre mais c’était après la pause déjeuner.


Pour l’heure, il y avait encore des épreuves par équipe de mon côté.

2

Le festival sportif commença ainsi sans Ayanokôji-kun. Le gymnase était équipé d’un tableau d’affichage électronique afin que les élèves puissent vérifier les résultats à tout moment. Au début du festival, la classe de Ryuuen-kun était en première place, mais peu de temps après, nous prîmes cette position en nous maintenant là jusqu’à maintenant.  La classe D était deuxième, la classe C troisième, et la classe A quatrième, ce qui était un classement idéal pour nous. Je m’attendais à ce qu’il en soit ainsi jusqu’à la fin, sans qu’il y ait de surprises. Comme il restait encore un peu de temps avant la prochaine épreuve avec Ibuki, je me rendis en zone spéciale pour observer le festival.

— Je salue ton dur labeur, Horikita-senpai.

Yagami de la classe 2nde B vint me parler.

Moi — Ta classe se porte bien, Yagami. Elle est très proche de la deuxième place maintenant.

Yagami — La tienne est première. Difficile de croire tes camarades et toi étiez en D l’an dernier.

Moi — C’est un compliment ou du sarcasme ?

Yagami — Non, je te respecte vraiment, mais pas autant que le président Nagumo.

Quand je me mis à regarder l’épreuve, le président Nagumo franchissait à ce moment-là, la ligne d’arrivée.

Yagami — Je viens de parler à des senpais de terminale, et ils m’ont dit que chaque année il prenait la première place.

Alors que les filles applaudissaient, les invités tournèrent leur attention vers le président du Conseil des élèves. Cependant, le président Nagumo quitta la scène avec une expression vide sur le visage, il avait dit aux filles qu’il voulait être seul.

Yagami — Il ne fait même plus semblant d’être heureux on dirait.

Moi — Qu’il gagne ou qu’il perde, l’obtention du diplôme en classe A lui est acquis. Ce n’est pas cela qui va lui donner le sourire.

Pour le président du Conseil des élèves qui occupait sans aucun doute une position solide, le classement du festival sportif ne signifiait pas grand-chose pour lui, mais il visait quand même la première place car il ne pouvait pas se permettre de se ménager devant les élèves et les invités.

Moi — Je vais aller parler avec le président du Conseil.

Yagami — Je vois. J’ai ma prochaine épreuve alors je te laisse.

Après avoir échangé quelques mots avec Yagami-Kun, je décidai d’approcher le président. Une autre fille de terminale s’entretenait avec lui. C’était Kiryuin-senpai, en terminale B. J’avais de temps en temps entendu des rumeurs sur elle durant mes interactions avec des élèves de terminale. Je savais aussi que c’était une très bonne élève grâce à l’OAA. Comme je ne voulais pas les interrompre, je décidai de simplement attendre le moment opportun…

Kiryuin — Félicitations pour ta cinquième victoire consécutive, Nagumo.

Nagumo — Qu’est-ce que tu fais là ?

Kiryuuin — Tu n’as pas besoin d’être aussi méchant avec moi. Je suis inquiète au vu de ton manque d’enthousiasme malgré la victoire. Pourtant beaucoup de personnes t’encouragent.

Nagumo — Ne me fais pas rire. Comment peux-tu dire que je me débrouille bien alors que c’est un jeu d’enfant ?

Kiryuuin — Tu aurais pu rassembler les plus faibles et les forcer à te laisser prendre la première place par exemple ce que tu n’as pas fait. Tes adversaires étaient loin d’être mauvais en tout cas.

Kiryuuin fit remarquer qu’il n’avait pas lésiné sur les moyens.

Kiryuuin — J’ai entendu une rumeur sur l’absence d’Ayanokôji. Ça expliquerait la raison de ton manque de motivation ?

Ayanokôji… Son nom apparaissait même là aussi. Le président Nagumo soupira silencieusement sans regarder une seule fois Kiryuuin-senpai.

Nagumo — Je pensais qu’il aurait pu combler ce manque mais il semble que je me sois trompé.

Kiryuuin — Pauvre de toi. Tu veux que je sois ton adversaire ?

C’était la première fois que le président Nagumo regardait de travers Kiryuuin-senpai. Mais quand il vit son visage souriant, il détourna de nouveau le regard.

Nagumo — Je ne vais pas accepter. Même si je le souhaite, il est inconcevable que tu joues à ce petit jeu. Je le sais.

Kiryuuin — Fufufu. Tu m’as eu.

Kiryuuin-senpai, haussant les épaules, s’approcha de lui et avoua.

Nagumo — Je n’ai plus qu’une seule épreuve à passer, et ensuite j’en aurai fini avec mes obligations. Après ça, j’ai l’intention de me détendre et de regarder les épreuves des autres depuis la zone désignée.

Kiryuuin — Je me doute. Tu devrais laisser les plus jeunes en dehors de ça. Tu as déjà pris le contrôle de tous les élèves de notre année et tu as réussi à sécuriser le diplôme en classe A tout en étant président du Conseil. Je pense que tu en as déjà assez fait. Je te suggère de passer ta fin d’année en douceur.

C’était comme un conseil de la part de Kiryuuin-senpai.

Nagumo — Qu’est-ce qu’il t’arrive ?  Ces six derniers mois je t’ai parlé beaucoup plus de fois qu’en deux ans. Tout ça depuis qu’Ayanokôji est impliqué.

Kiryuuin — Peut-être bien.

Nagumo — Je suis désolé, Kiryuuin. J’ai fini de jouer avec Ayanokôji sans même avoir besoin que tu me le dises. Il a choisi de ne pas m’affronter. Il n’y a aucune raison de s’en prendre à lui.


Kiryuuin — Ayanokôji ne sera plus aussi sûr qu’avant s’il perd une confrontation directe avec le président du conseil des élèves. Tu dois comprendre son désir de fuir. Il y a un bon côté à cela.

Le président Miyabi Nagumo voulait se battre avec Ayanokôji-kun ? Cela signifiait que lorsqu’il m’avait demandé de l’emmener dans son bureau, c’était pour l’affronter durant le festival sportif. Ça coïncidait également avec le message qu’il m’avait confié. Kiryuuin-senpai tourna légèrement son regard vers moi, mais elle détourna son regard sans rien dire.

Nagumo — Désolé pour l’attente, Suzune. Que veux-tu ?

Moi — J’allais poser la même question que Kiryuuin-senpai. En effet tu as gagné la première place mais tu n’avais pas l’air très heureux vu qu’Ayanokôji-kun ne participe pas au festival.

Nagumo — C’est en effet parce qu’il n’est pas là.

Ayanokôji-kun m’avait dit que ce n’était pas parce qu’il était malade mais que c’était sa stratégie pour empêcher Sakayanagi-san de participer. Le président Nagumo ne semblait pas au courant de ce fait, mais il était préférable de ne pas l’en informer.

Nagumo — Si tu es en pause déjeuner là, accorde-moi un peu de ton temps alors.

Je ne pouvais pas refuser une demande de sa part. Ainsi, peu de temps après, je finis par l’attendre, observant mon bento[1] sur le sol. Nous pouvions choisir ce que nous voulions et il y avait un vaste choix allant de repas légers tels que des sandwichs aux plats plus élaborés pour donner des forces comme du Katsudon. Il faut dire que j’étais toujours étonné par le degré de préparation de cet établissement. Qui plus est, nous étions autorisés à prendre des paniers-repas de manière illimitée à condition de pouvoir tout manger. La plupart des élèves n’en n’avaient pris qu’un, mais je remarquai que certains en avaient pris trois ou quatre comme des élèves de primaire ayant les yeux plus gros que le ventre. Il était absurde de s’empiffrer de la sorte alors qu’il y avait encore des épreuves l’après-midi.

Nagumo — Je suis désolé de t’avoir fait attendre.

Alors que je mangeais un peu, je fus abordé par le président Nagumo.

Moi — Ayant une épreuve bientôt, j’apprécierais que ce soit bref.

Nagumo — Ne t’en fais pas. C’est au sujet d’Ayanokôji. J’ai entendu dire qu’il était soudainement tombé malade.


Nous n’avions pas signalé son absence au préalable mais si le président du Nagumo se méfiait de lui, il fallait faire preuve de prudence.

Moi — Il m’a prévenu ce matin. Il s’est excusé car cela nous a fait perdre dix points mais je ne peux pas le forcer à venir s’il est malade.

J’étais la seule à connaître la vraie raison de son absence.

Nagumo — J’espère qu’il est vraiment malade.

Moi — Comment ça ?

À mon humble avis, il n’avait pas pu savoir si je mentais ou pas. Je me demandais en tout cas pourquoi il voulait se mesurer à lui.

Nagumo — Tu as entendu ce que j’ai dit à Kiryuuin. Peut-être qu’il ne voulait pas être humilié, alors il a décidé de faire semblant d’être malade

Moi — Ce n’est pas faux. Rien ne peut être certain.

Pour ne pas le provoquer, j’avais opté pour une réponse de la sorte.

Nagumo — Cela pourrait être un problème pour les première.

Moi — Je ne comprends pas.

Nagumo — Sa fuite aura des conséquences sur les autres. Il va falloir compenser.

Au lieu de répondre à ma question, il marmonna quelque chose. Il se leva doucement ensuite pour me saluer et partit déjeuner de son côté.

Moi — « Compenser ? » « Conséquences ? » Qu’est-ce que c’était au juste…

Il semblerait que tout le monde ait une haute estime d’Ayanokôji ce qui était très impressionnant.

Quand il avait annoncé son absence, j’avais eu peur des conséquences mais en regardant la liste des élèves participant au festival sportif, le nom de Sakayanagi-san n’était pas présent.

Ayanokôji-kun avait donc réussi à stopper Sakayanagi-san je ne sais comment.

Les mauvais résultats de la classe A parlaient d’eux-mêmes. Cette mauvaise coordination était le prix de l’absence de leur chef.

C’était un peu malheureux, mais il le fallait. Tous les moyens étaient bons pour gagner.

3

Après une courte pause à midi, la deuxième partie du festival sportif avait débuté. Plus de la moitié des élèves avaient déjà effectué les cinq épreuves minimales et ceux qui étaient plus confiants dans leur capacité physique avaient entamé leur sixième et septième épreuves. Les élèves de la classe A Matoba et Shimizu, faisant office de leaders provisoires, luttaient contre Horikita et Ichinose tout en regardant de temps à autre l’organisation générale.

Matoba — La prochaine épreuve est celle de tennis de table en double dans le gymnase. Selon le rapport de Satonaka, il n’y a pas d’adversaires coriaces. Il y a deux places disponibles alors il faut en profiter.

Shimizu — Il nous faut des victoires pour ne pas finir en bas du classement.

L’absence de Sakayanagi avait démotivé de nombreux élèves de la classe mais pas au point non plus de les faire sombrer. Lorsqu’ils apprirent que le tournoi de tennis de table en double allait se terminer dans 10 minutes, ils renoncèrent à leur projet pour s’empresser de participer à la séance de tirs au but. Ishizaki, qui marchait dans la direction où ils allaient tous les deux, était un peu abattu et ne regardait pas devant lui.

Shimizu se déplaça vers la droite pour éviter la collision avec Ishizaki, mais ce dernier se déplaça également vers la gauche presque simultanément. Shimizu tenta de l’éviter, mais n’y parvint pas et leurs épaules s’entrechoqèrent. L’impact avait été deux fois plus fort que prévu ce qui avait créé un accident. Shimizu éleva la voix en disant que c’était un coup monté.

Ishizaki — Que…! Tu crois faire quoi là ?

Avant qu’il ne puisse le faire, Ishizaki cria et se précipita vers lui.

Ishizaki — T’es vraiment malade, j’ai failli tomber à cause de toi !

Shimizu de la classe A et Ishizaki de la classe D se regardèrent.

Shimizu — Tu es celui qui ne regardait pas devant !

Ishizaki — Quoi ? Tu joues la victime ?  T’as pas fait exprès de me rentrer dedans ?

Shimizu — C’est toi qui l’as fait exprès.

Ishizaki — Quoi ? Arrête de faire genre !

Shimizu essaya de demander de l’aide à Matoba.

Matoba — Oui. Tu ne regardais pas devant toi.

Ishizaki — Vous essayez de me la faire à l’envers en fait.

Shimizu — Pas du tout, c’est juste de ta faute, c’est tout !

Ishizaki — Ma faute ?

Shimizu — Tu étais trop occupé à parler pour regarder où tu marchais.

Ils continuaient leurs reproches mais Ishizaki ne montra aucune volonté de s’excuser. Le temps passait et Matoba, pressé, demanda à Shimizu de se calmer, convaincus qu’ils avaient raison.

Matoba — Laisse-le tranquille. En quoi ce mec est important ?

Shimizu — Mais il est taré !!

Matoba — Je comprends ce que tu ressens mais on a d’autres priorité là.

Shimizu — Tu as raison.

Matoba avait compris les sentiments de Shimizu, mais il lui avait aussi dit de ne pas oublier de participer aux épreuves et de les gagner. Shimizu hocha la tête à contrecœur et fixa Ishizaki alors qu’il s’éloignait.

Shimizu — Fais attention la prochaine fois !

Ishizaki — Ça fait mal.

Matoba — Comment ça ?

Alors qu’il essayait de passer, Ishizaki appuya soudainement sur son épaule gauche et murmura.

Ishizaki — J’étais tellement secoué que j’ai pas remarqué…Je me suis peut-être blessé.

Après avoir mis du temps à comprendre, ils finirent par tout réaliser. C’était un piège facile tendu par Ishizaki après tout. Les deux élèves de la classe A se regardèrent et les choses se gâtèrent ensuite.

Ryuuen — Hey, qu’est-ce qui se passe Ishizaki ?

Ishizaki — Ryuuen-san ! Écoute-moi ! Ces types se sont foutus de moi !

Dès que Ryuuen arriva, Ishizaki commença à se toucher l’épaule.

Shimizu — Ryuuen …Il manquait plus que lui… Je ne m’attendais pas à une méthode aussi simpliste.

Ryuuen — Hein ? De quoi tu parles ? Je suis seulement là parce qu’il y avait de l’agitation.

Shimizu — Arrête de plaisanter. Tu as un enregistrement.

Ryuuen — Un enregistrement ?! Mais c’est quoi votre problème en fait ? Même avec un casier judiciaire, une personne n’est pas pour autant tout le temps coupable. Et si ce gentil garçon ici avait été blessé par un de vos sales tours, ce serait quand même un gros problème.

Shimizu — Un gentil garçon ? C’est toi qui lui a dit de le faire, hein ? Je vais appeler un professeur

Ryuuen — Kuku. C’est vrai que le reflexe est d’aller voir un prof. Mais là c’est lui la victime ici. T’en fais pas Ishizaki, je vais pas lâcher.

Shimizu — Menteur !! Je suis la victime !

Matoba — Vous ne prenez même pas le festival au sérieux et c’est lui la victime ? Appelons un professeur oui !

Matoba, jugeant qu’ils n’avaient pas d’autres choix, dit à Shimizu d’aller chercher de l’aide ailleurs. Peu après, Shimizu revint avec une expression de mécontentement sur son visage.

Matoba — Qu’est-ce qu’il y a ? Où est le professeur ?

Shimizu — Uhh…

Avec Shimizu, il y avait seulement Masayoshi Hashimoto.

Hashimoto — J’ai vu Shimizu courir dans l’autre sens, alors je lui ai demandé de tout me raconter. Si tu appelles un prof, ça va causer encore plus de problèmes. S’il est considéré coupable, il peut être disqualifié du festival.

Shimizu — Mais !

Hashimoto — Je sais, je sais mais l’intention de Ryuuen est de rendre la confusion plus grande. Ne tombez pas dans son jeu !

Lui ordonnant de se détendre, Hashimoto posa sa main sur l’épaule de Shimizu.

Hashimoto — Je vais lui parler.

Matoba — D’accord. Allons-y.

Matoba, qui n’avait pas d’autre choix que de laisser Hashimoto régler les choses, observait de loin.

Hashimoto — Réglons ça de manière pacifique, Ryuuen.

Hashimoto, qui avait entendu l’histoire, s’approcha calmement au milieu de l’agitation.

Ryuuen — Quoi ? Ce sont eux qui ont commencé. On a accepté d’appeler un professeur et c’est leur volonté.

Hashimoto — Je comprends. Mais si tu ne te retires pas, nous ne pouvons pas nous retirer non plus. Ces deux-là sont notre force principale pour le festival. Ils nous ont rapporté beaucoup de points. Désolé de le dire, mais Ishizaki n’a pas leur niveau.

Peu importe comment on voyait les choses, Il était clair pour tout le monde que le Ryuuen profitait de la situation. Hashimoto profita de ce moment-là pour retenir Ryuuen.

Ryuuen — Ne fais pas le con. Ishizaki a travaillé très dur pour ce jour. Pour montrer qu’on pouvait se battre à armes égales avec ta classe.

Hashimoto — Quel mensonge.

Hashimoto, qui avait vu Ishizaki s’amuser à plusieurs reprises, ne put s’empêcher d’être dégoûté.

Hashimoto — Merde. Vous attaquez à la dernière minute, comme d’habitude.

Hashimoto savait qu’il ne pouvait pas participer à un vrai débat, mais il ne pouvait s’empêcher de se gratter la tête.

Hashimoto — Mais maintenant c’est clair, tu veux vraiment nous écraser. Tu es aussi celui qui a fait participer les meilleurs seconde à nos épreuves.

Très tôt, il avait remarqué que les élèves de seconde ayant d’excellentes aptitudes physiques participaient aux épreuves auxquelles il y avait les bons éléments de la 1ère A. Cela leur avait couté des points et ils avaient réalisé la chose un peu tard.

Hashimoto — Nous voulons absolument éviter la dernière place vu que la princesse est absente. Mais si cette histoire dure, elle sera inévitable pour nous. Disons qu’on est quittes.

Ryuuen — Quittes ?

L’attitude de Ryuuen, qui avait été relativement amicale jusqu’à présent, changea complètement et son sourire disparut.

Ryuuen — Je me fiche de ce qui se passe en classe A. Je suis en classe D. Je fais tout ce que je peux pour sortir du fond. Si tu penses que ce sera facile pour vous d’interférer, tu te mets le doigt dans l’oeil.

L’expression d’Hashimoto qui affichait un sourire, se figa un instant lorsqu’il fut attaqué.

Hashimoto — Alors, tu veux quoi ? Tu veux que je m’excuse ?

Ryuuen — Tu sais de quoi je parle. Je n’essaie pas de te soutirer de l’argent. Juste des excuses sincères. N’est-ce pas, Ishizaki ?

Ishizaki — Ça fait mal… La douleur dans mon bras a un peu diminué mais ouais ça devrait suffire.

Ce qui faisait le plus mal, c’était la perte de temps. Après avoir confirmé qu’aucune somme d’argent ne lui serait demandée, Hashimoto décida d’accepter la proposition.

Hashimoto — Je vais essayer de les convaincre, alors donne-moi du temps.

Ryuuen —Dépêches-toi. Nous avons une autre épreuve devant nous.

Cela faisait plus de cinq minutes que l’altercation avait commencé.

À ce moment-là il fut temps pour lui de s’excuser et pour eux d’aller au gymnase pour y arriver juste à temps.

Hashimoto — Vous avez entendu. Je sais que vous n’êtes pas convaincus, mais vous devriez vous excuser honnêtement.

Shimizu — Ne sois pas stupide. J’écoutais tranquillement parce que tu as dit que tu ferais quelque chose à ce sujet. Et maintenant je dois m’excuser ? C’est mort.

Hashimoto — Tu t’en fiches de gagner ? On peut être têtu, on peut être compétitif, on peut sauver ta fierté. Mais quand ça te fera perdre par une différence de cinq ou dix points, tu seras ok avec ça ?

Shimizu — Eh bien, c’est…

Hashimoto — La seule chose qui compte maintenant est que la classe gagne. Même si pour ça tu dois marcher sur une merde de chien et être mal à l’aise.

Hashimoto — Un mot d’excuse et tu retournes aux épreuves.

Shimizu — Merde, c’est bien parce c’est toi…

Shimizu se sentit très agacé et frustré, mais il se calma ensuite et accepta à contrecœur de le faire. Il alla s’excuser auprès d’Ishizaki.

Ishizaki — Attends Matoba. Tu es aussi coupable. Tu as dit que je faisais exprès.

Hashimoto — Matoba.

Matoba — D’accord…

Les deux se tinrent côte à côte et s’inclinèrent légèrement devant Ishizaki.

Shimizu — Nous sommes désolés… Ça ira ?

Les deux hommes essayèrent de partir la tête basse, mais Ishizaki les arrêta immédiatement.

Ishizaki — Ryuuen-san. Je n’ai pas l’impression qu’ils étaient sincères.

Ryuuen — C’est naturel. Ils t’ont craché des excuses en baissant la tête. Je n’ai pas l’impression non plus que c’était sincère.

Hashimoto — T’es sérieux, Ryuuen ? Bon, c’est assez.

Après avoir arrêté Matoba et Shimizu, Hashimoto décida que c’était la limite, qu’il n’y avait pas d’alternative à une intervention externe. Après une ou deux minutes, Hashimoto revint avec un professeur.

— Qu’est-ce qui se passe ici ?

Hashimoto — En fait…

Ishizaki — J’accepte vos excuses.

Hashimoto essaya de parler de la situation quand Ishizaki l’interrompit.

Ishizaki — Je suis vraiment désolé, Ryuuen-san. J’apprécie tous tes conseils mais disons que je n’ai reçu qu’une tape sur l’épaule. Je préfère être mature donc je vais accepter leurs excuses. Ils ont quand même fait l’effort de demander pardon.

— Si tout est réglé alors vous n’avez plus besoin de ma présence.

Le professeur essaya de comprendre la situation tandis que Ryuuen et les autres tentèrent de mettre fin à la discussion.

Hashimoto, qui avait amené un professeur pour les aider, était déconcerté par la situation. L’enseignant qui ne vit que cette situation en tira une conclusion.

— Vous avez bousculé Ishizaki et vous vous êtes excusé. Il a accepté, vos excuses, c’est ça ?

Ishizaki — Oui.

Shimizu essaya de parler, mais Hashimoto l’arrêta.

— C’est bien ce qu’il me semblait. Essayez juste de terminer ce festival sans causer de problèmes, d’accord ?

Hashimoto éloigna rapidement ses deux camarades de classe hors de la zone

vu qu’ils semblaient sur le point d’exploser de colère.

Ryuuen — Partir rapidement commeça alors que le professeur regarde.

Les deux hommes se retournèrent et jetèrent un coup d’œil à Ishizaki et Ryuuen à plusieurs reprises, mais ils disparurent finalement dans la foule en direction de l’entrée du gymnase.

Ryuuen et Ishizaki partirent également à ce moment-là.  Quand Hashimoto et ses camarades se trouvèrent seuls, il commença à se lamenter.

Hashimoto — On ne doit pas s’emporter comme ça en public et il faudrait éviter de le contrarier.

Hashimoto avait des frissons, mais il se mit à rire gaiement en le disant.

4

15h00. À moins d’une heure de la fin du festival sportif.

Nous entrâmes dans la phase finale du festival. Nous étions à la première place avec seulement 17 points d’écart qui nous sépareraient de la 1ère D et de sa deuxième place. La persévérance de l’équipe était au-delà de notre imagination et nous devrions supposer que la stratégie de Ryuuen-kun était en marche. Notre alliance fonctionnait bien mais si nous ne marquions pas pendant l’heure qui suivait, il y avait de fortes chances d’être surpris. Debout dans un coin du gymnase, j’observais les épreuves restantes, leurs règles et leurs horaires. Ibuki-san, qui n’avait même pas essayé de cacher sa frustration, s’approcha rapidement.

Ibuki — On est toujours en compétition !

Moi — Comment ça ? J’ai obtenu deux victoires sur nos trois épreuves.

Ibuki — Je n’ai pas pu participer !

Moi — C’est de ma faute si tu ne te montres pas à l’heure prévue ?

Ibuki — Uh ! Eh bien, c’est juste que j’ai eu un imprévu.

Pour l’épreuve des poutres, la fin des inscriptions était prévue à 13h30. Ibuki n’avait pas pu participer à l’épreuve car elle n’était pas arrivée à temps. J’avais réussi à participer et à obtenir trois points en obtenant la deuxième place.

Moi — Une absence est considérée comme une défaite. Tu aurais dû faire attention.

Ibuki — Y a une victoire, une défaite ! On n’en a pas encore fini !

Elle continuait à crier dans mon oreille et n’avait pas l’intention de reculer.

Moi — J’ai déjà participé à neuf épreuves au total. Il y aura une autre épreuve après si tu veux.

Ibuki — Ok ! Dis-moi à quelle épreuve tu veux participer.

Moi — Tu vas devoir vraiment le mériter si tu veux m’affronter encore.

Ibuki — …… !

Moi — Tu veux que l’on s’affronte encore non ?

Ibuki — Ouais

Ibuki-san me supplia en tremblant de colère comme si elle était sur le point de cracher des flammes.

Moi — D’accord on va faire ça alors, c’est bon tu es satisfaite ?

Ibuki — Oui, je le suis. Je me sens un peu mieux.

La situation changea d’un coup, devenant plus intense. Devais-je m’en tenir à notre plan initial ou viser encore plus haut ?

Ibuki — Bon, dis-moi, tu vas participer à quoi ?

Moi — Je me demande s’il est possible que tu te taises.

Ibuki — Je ne peux pas !

Elle répondit immédiatement, en serrant les poings comme pour provoquer. Je ne pouvais pas l’ignorer car cela ne ferait que rendre la situation plus problématique.

Moi — J’ai l’intention de participer au test navette[2].

Ibuki — La course où tu vas d’un point A à un point B jusqu’à déclarer forfait ?

C’était une course d’endurance où l’on faisait des allers-retours jusqu’à n’en plus pouvoir.

Ibuki — Je crois que je me souviens de l’avoir fait au collège. C’est parfait pour la belle.

En hochant la tête de manière satisfaisante, elle retourna vers l’entrée.

Ibuki — Qu’est-ce que tu fais ?

Moi — Si tu veux te joindre à eux, vas-y.

Ibuki — Non, tu vas te joindre à nous aussi, non ? À quoi bon si on n’est pas dans le même groupe.

Moi — Je l’envisage. Je n’ai pas encore décidé.

Ibuki — Quoi ?

Moi — Honnêtement, c’est en volley que j’aimerais en finir.

Ibuki — Au volley ? Mais c’est pour six personnes non ? Et comment tu comptes réunir autant de gens en si peu de temps ?

L’une des épreuves annoncées pour la journée était un concours mixte pour toutes les classes. J’avais décidé que réunir six personnes talentueuses au même endroit était un problème mais peut-être que les autres classes avaient réfléchi de la même manière et que les équipes allaient être plus faibles que prévue.

Moi — Il reste 10 min et il y a de la place pour trois équipes. Les équipes participantes ne semblent pas avoir beaucoup d’éléments forts. Si nous parvenons à gagner cette épreuve, cela vaudra la peine de renoncer à la course d’endurance. Dans une compétition par équipe où il n’y a pas d’autre choix que de faire équipe rapidement, cela dépend beaucoup des compétences des meilleurs élèves. Si on pouvait avoir un ou deux bons éléments, on aurait de bonnes chances de gagner.

Ibuki — Et pour ma demande alors ?

Moi — Je suis désolée, mais je vais devoir te demander de renoncer.

Ibuki-san était surprise et déçue. Je pensais qu’elle allait encore se mettre en colère, mais cela s’était transformé en déception et en résignation. Tout avait commencé parce qu’elle était arrivée en retard pour le troisième duel.

Ibuki — Je vais voir si je peux avoir une meilleure idée de ce qui se passe. Si c’est tout pour toi, alors…

Moi — Pourquoi ne participes-tu pas à cette épreuve de volley ?

Ibuki — Comme toi, j’ai besoin de cinq personnes pour participer. Et je n’ai aucun moyen de les obtenir. Je vais passer du coup.

Moi — Tu n’as pas d’amis.

Ibuki — C’est la même chose pour toi.

Moi — Je suis sûre que j’ai au moins des camarades qui seraient prêts à m’aider si je les appelle.

Ibuki — Je ne sais pas. Je voulais régler ça, mais je vais le garder pour une autre fois.

Je gagnai sur mon propre record, mais… d’accord.

Moi — Pourquoi ne pas aller au test navette comme prévu ?

Ibuki — Tout ce qui m’intéresse c’est de t’affronter. Aider la classe de Ryuuen, très peu pour moi.

Moi — C’est très pratique pour ma classe en fait car moins vous marquez de points, plus ma classe sera proche de la victoire.

Je pensais que c’était mieux de laisser tomber et de ne pas la provoquer. C’était ce que je pensais, mais pour une raison quelconque, Ibuki ne voulait pas quitter cet endroit.

Moi — Y a-t-il autre chose ?

Ibuki — S’il n’y a pas assez de monde pour le volley, tu comptes rejoindre le test navette, non ?

L’inscription se finissait à 14h20 pour le volley. Pour le test navette, 14h25.

Ibuki-san avait remarqué quelque chose que je n’avais pas osé mentionner.

Moi — Tu as dit quelque chose qui va au-delà de mes espérances. Je n’arrive pas à croire que tu aies utilisé ton cerveau.

Ibuki — La ferme. Je vais rester avec toi un peu plus longtemps.

Si le pire arrive et que je n’ai pas assez de participants, je devrai me contenter du test navette avec Ibuki-san ce qui n’était pas plus mal.  Je regardais autour de moi les filles de ma classe dans la zone spéciale pour voir si je pouvais trouver quelqu’un que je pouvais recruter. Mais ceux pratiquant du volley n’étaient pas faciles à trouver. J’avais remarqué qu’Ibuki-san, à côté de moi, avait fini par s’assoir tout en baillant. Son visage me disait que je devais abandonner et la rejoindre au test navette.

Amasawa — Oh ? N’est-ce pas Ibuki-senpai et Horikita-senpai ? Vous avez travaillé dur on dirait, félicitations.

Amasawa-san, une élève de seconde, s’approcha de nous. À ce moment-là, Ibuki-san, qui était assise, se leva et la fixa.

Amasawa — Mon dieu ! Tu as l’air vraiment effrayante. Peut-être que c’est le jour de tes règles ? hahaha

Amasawa-san la taquina. Mais Ibuki-san ne semblait pas entendre la moitié de ce qu’elle disait.

Ibuki — Si t’as du temps à perdre alors je vais t’occuper.

Amasawa — En y réfléchissant, je n’ai pas pu vous affronter aujourd’hui. Nous n’avons pas eu la chance de jouer ensemble vu que nous sommes dans des classes différentes. Vous devriez abandonner l’idée au risque de perdre.

Ibuki — Te fous pas d’moi !! Tu devrais t’estimer heureuse de pas être tombée sur moi.

Amasawa — Optimiste comme toujours. Au fait, qu’est-ce que vous faites ici toutes les deux ? Si vous n’êtes pas ici pour participer à l’épreuve, ne me dites pas que vous veniez m’applaudir ?

Ibuki — Tu devrais participer au test navette, Amasawa. On pourra s’affronter comme ça.

Amasawa — Vous aviez prévu de participer au test navette ?

Kushida — Je t’ai enfin trouvée.

Pendant que nous parlions, Kushida-san arriva. Je pensais qu’elle voulait me voir, mais elle ne m’avait même pas regardée, se focalisant sur Amasawa-san.

Amasawa — Je savais que j’étais suivie mais je ne pensais pas que c’était toi senpai. Qu’est-ce qu’il y a ? Je t’écoute si tu veux, si ça ne te dérange pas d’être avec Horikita-senpai bien entendu.

Kushida — Horikita-san ?! Je ne t’avais même pas vue.

Elle semblait tellement concentrée sur Amasawa-san qu’elle n’avait pas remarqué ma présence.

Amasawa — Oh, désolée, Kushida-senpai. On dirait que toutes mes coéquipières sont là, alors je ferais mieux d’y aller.

Dans la direction qu’elle avait indiquée, il y avait Nanase-san, une élève de seconde, et quatre filles inconnues.

Amasawa — Je suis venue au gymnase pour l’épreuve de volley. C’est ma première fois.

Amasawa-san prévoyait donc de participer à l’épreuve de volley-ball. Après tout, si nous regardions la situation des équipes participantes, les élèves de seconde étaient également sur le coup.

Amasawa — À plus tard. Faites de votre mieux pour le test navette !

Après être venue d’elle-même pour nous dire de ce qu’elle voulait, Amasawa-san retrouva son groupe.

Ibuki — Elle va faire du volley.

Ibuki-san disait cela en fixant son dos.

Moi — En effet

Ibuki — Alors je vais participer aussi. De toute façon, tu ne peux pas avoir cinq membres sans moi.

Moi — Quoi ?

Ibuki — Je dis que je vais jouer aussi. Je déteste coopérer avec toi, mais c’est l’occasion de la faire redescendre.

Si Ibuki était prête à nous aider, alors cela valait le coup, mais…

Moi — Ne décide pas seule. Je n’ai pas encore dit que je te mettrais dans mon équipe.

Ibuki — Quoi ? Tu ne te rends pas compte que tu n’as personne à part moi ?

Moi — Les épreuves par équipes ont la même répartition de points. N’est-il pas naturel de vouloir combler les lacunes avec sa propre classe plutôt qu’avec des élèves d’autres classes ?

Même si je gagnais des points, la classe d’Ibuki-san était à la deuxième place. Autrement dit, la différence de points n’allait pas se creuser.

Ibuki — Je m’en moque. Tant que je peux voir le visage frustré d’Amasawa, c’est tout ce qui m’importe.

Moi — Tout dépend du reste de l’équipe. Nous devons avoir un pourcentage élevé de ma classe.

Kushida — Alors pourquoi ne pas me laisser vous rejoindre ?

Kushida-san, qui regardait le dos d’Amasawa-san, se proposa sans changer l’intensité de son regard.

Moi — Qu’est-ce que tu veux dire, Kushida-san ? Je ne pense pas que tu aies changé d’avis et que tu sois prête à nous aider maintenant.

Je dis ce que je pensais franchement et Kushida-san ne nia pas la chose. Cependant, je m’inquiétais de l’importance qu’elle accordait à Amasawa-san.

Kushida — J’ai un compte à régler avec Amasawa-san.

Moi — Avec Amasawa-san… ?

Ibuki — Toi aussi ?

Kushida — Je ne vous dirai pas pourquoi, mais je suis prête à vous donner un coup de main pour lui régler son compte.

Moi — Tu es la bienvenue alors. Tu es un atout pour notre classe.

« L’ennemi de mon ennemi est mon ami » comme le veut l’expression. Les alliés arrivaient ainsi de manière innatendue.

Moi — Mais elle sera certainement un adversaire redoutable.

Kushida — Je le sais déjà.

Ibuki-san avait déjà commencé à s’échauffer et prenait son rythme. Amasawa-san riait bizarrement en observant la situation de loin. Ibuki et moi avions fait l’expérience directe de la force d’Amasawa-san mais les capacités physiques concernant les autres membres m’étaient inconnues. En me rappelant des chiffres de l’OAA, je savais que la capacité physique de Nanase-san était relativement élevée, mais les autres ne m’impressionnaient pas. J’étais sûre que je pouvais me souvenir des noms des élèves proches ou ayant un niveau d’aptitude A alors les quatre autres filles devaient être de niveau B ou moins. Le plus embêtant était qu’il nous manquait encore trois personnes. Analyser ses adversaires alors que nous n’avions pas rempli les conditions d’admission était quelque peu délicat.

Kushida — Quelles sont les conditions pour les trois personnes restantes ? Tu veux éviter la classe de Ryuuen-kun, c’est tout ?

Moi — Oui, c’est ça. Bien sûr, je veux le plus grand nombre possible de camarades de notre classe. Mais la priorité est la capacité physique.

Kushida — D’accord, donne-moi une minute.

Après avoir dit cela, Kushida-san partit chercher des joueuses.

Ibuki — D’accord, qu’est-ce qu’elle va faire au juste ? Je ne pensais pas qu’elle allait nous aider aussi facilement.

Ibuki et moi étions curieuses de la suivre. Elle alla parler à Rokkaku-san, de la classe de Sakayanagi. Après avoir discuté un moment, elles allèrent voir ensuite Fukuyama-san, de la même classe. Et finalement, elles allèrent dans la zone spéciale là où se trouvaient les élèves qui encourageaient.

Moi — Je suis presque sûre que c’est Himeno-san de la classe d’Ichinose-san.

Il leur fallut quelques dizaines de secondes pour converser toutes les quatre.

Deux élèves de la classe A et une de la classe C. Kushida-san revint avec les trois personnes.

Kushida — Himeno-san a dit qu’elle allait nous rejoindre. Elle n’est pas très bonne au volley mais elle a accepté qu’on la remplace au besoin.

Elle avait parlé à Himeno-san avec son calme habituel, ce qu’elle ne fit jamais avec moi. Mais je fus particulièrement surprise par le fait que deux élèves de la classe A étaient prêtes à nous aider.

Rokkaku — Nous sommes motivées car notre classe est sur le point de de perdre. Et même si nous ne gagnons pas, nous voulons au moins apporter notre contribution.

Les deux élèves se regardèrent et hochèrent la tête. Elles voulaient être créditées parce qu’elles étaient dans la classe A, qui se trouvait en bas du tableau. En voyant au travers de cette psychologie, Kushida-san était capable de repérer les élèves talentueux instantanément. Certes, elles ne se souvenaient pas spécifiquement de leurs performances dans l’OAA mais puisqu’elle était amie avec Fukuyama-san et Rokkaku-san, elle avait une bonne idée de leur aptitude physique.

Moi — C’est une chose que tu ne pourras jamais réussir, Ibuki-san.

Ibuki — Tais-toi. Ce n’est pas comme si tu avais trouvé quelqu’un.

Moi — Il y avait cinq ou six filles dans le gymnase que je pensais pouvoir appeler.

Je pensais que c’était probablement le mieux que nous puissions faire avec les membres que nous eûmes à ce moment-là. Dans tous les cas, nous avions nos six membres.

Nous étions de classes diverses mais il était largement préférable de gagner cette épreuve et d’obtenir dix points que de participer au test navette pour n’obtenir que deux ou trois points.

Il y avait aussi un autre avantage pour nous. Même si nous perdions, cela n’allait pas impacter le classement général.

Les deux meilleurs éléments étaient Ibuki et moi.

Kushida-san, Rokkaku-san et Fukuyama-san restaient des valeurs sûres.

Himeno-san était la plus faible d’entre nous, mais nous avions de quoi compenser ses faiblesses.

5

Nous gagnâmes le premier tour sans aucune difficulté. Nanase-san avait prit l’avantage dans le jeu tant pour l’équipe adverse que ce soit en attaque qu’en défense.

Moi — Nanase était une inconnue pour moi, mais elle n’est vraiment pas mauvaise.

Il était possible qu’elle n’ait pas tout donné exprès mais d’après ce que je voyais, cela ne semblait pas être le cas. L’équipe était meilleure que des plots offensivement et défensivement mais ce n’était pas une menace non plus. Cependant, la situation commença à changer un peu à partir du milieu du match. Les yeux d’Ibuki-san, qui avaient été quelque peu distraits, commencèrent à tourner sérieusement. En moins de dix minutes de jeu, Amasawa-san s’était nettement amélioré. Elle avait une grande capacité d’adaptation et un sens qui ne pouvait pas s’expliquer simplement par le fait d’avoir de grandes aptitudes physiques. Dès qu’Amasawa-san avait commencé à montrer un peu de cela, Nanase-san décida de mettre le ballon en touche pour mettre un terme au match.

Ibuki — On va les affronter ensuite. Peut-être qu’elle fera mieux d’ici là.

Moi — Néanmoins, elles n’ont joué que quelques matchs et n’ont pas une grande expérience. Nous pouvons gagner.

Bien qu’il fût dangereux d’être trop optimiste, le contrôle et l’équilibre de Nanase-san leur fit gagner le match sans qu’Amasawa-san ne touche le ballon. Quand ce fut le nôtre, nous gagnâmes aussi et vers 15h40, nous arrivâmes en finale. Lors du festival sportif, il y avait de nombreux points qui différaient des règles officielles et le volley-ball ne faisait pas exception. Il n’y avait pas de rotation sur le service et tout joueur pouvait servir. L’équipe qui arrivait à dix points ou celle qui en avait le plus en dix minutes, gagnait. Si le temps s’écoule et que le score est nul, le vainqueur du tour aura droit au service et le match devra se finir avec un point d’écart.

Ibuki — Je suppose que c’est l’heure de ta défaite.

Amasawa —Ibuki-senpai, une victoire au volley te satisfait à ce point ?

Ibuki — Je vais te battre au volley. Ensuite dans un combat !

Amasawa — Héhéhé. C’est une bonne manière de voir les choses.

Elles ne se saluèrent pas et attendirent le signal pour commencer et donner le meilleur d’elles. L’existence d’Amasawa-san était étrange mais c’était Nanase-san qui me perturbait le plus car elle représentait la plus grande menace.

Ibuki — Comme dans le dernier match, je vais commencer à attaquer. Je vais les frapper à cet endroit.

C’était ce que déclara Ibuki-san, encore plus enthousiaste qu’avant. Bien que son contrôle soit un peu difficile, il était difficile de contester le pouvoir destructeur de ses tirs parfaits. Au début de la finale, Ibuki-san lâcha son service et prit le premier point.

Malgré notre élan, elles comblèrent vite l’écart avec un smash de Nanase qui reprit le point. Nous savions que cela allait être un match serré, mais nous avions une légère avance de 4-2 après la première mi-temps. Comme j’avais pu le constater, Nanase-san était capable de rivaliser avec Ibuki-san et moi., Ibuki-san était vraiment une bonne joueuse ce qui nous donnait ce léger avantage.

Mais la situation changea après. Il restait moins de cinq minutes et le match était intense. Après s’être préparée en trois étapes, Ibuki-san sauta et lança le ballon. Amasawa-san, qui avait marqué de nombreux points auparavant, se précipita de l’autre côté du filet pour bloquer le tir. Non, elle prit cet élan pour contre-attaquer et réussi à renvoyer la balle pour marquer le point.

Amasawa — C’est dommage, n’est-ce pas, Ibuki-senpai ? Nanase-chan, quel est le nom de ce que je viens de faire ?

Nanase — Un contre il me semble. Je n’y connais pas grand-chose.

Amasawa — J’ai déjà analysé ton style d’attaque, donc tu es grillée.

Ibuki — Me fais pas rire ! La prochaine fois, j’y arriverai !

Horikita — Calme-toi. Tu n’as été arrêtée qu’une fois par chance.

Ibuki — Merde. La prochaine fois, passe-moi la balle.

Le score était de 5-3 et c’était à notre tour de servir. En raison de la règle selon laquelle nous devions viser en diagonale, nous ne pouvions pas nous permettre de viser autrement au risque de perdre un point. Cette fois, je devais bien défendre pour passer le ballon à Ibuki-san.

Ibuki — Cette fois je vais t’écraser !

Elle changea de rythme et fit deux pas, sauta et fit son meilleur smash de la journée. Les deux élèves de seconde qui sautèrent pour bloquer le ballon ne purent pas le toucher et la balle partit en ligne droite sur le sol. Mais Amasawa surgit comme si elle savait que la balle allait arriver à cet endroit et sa réception fut nette pour renvoyer la balle dans les airs. Alors que ses cheveux dorés flottaient, Nanase-san sauta en l’air et lâcha un smash vers Himeno-san.

Kushida-san courut devant Himeno-san qui était tendue et immobile en essayant de recevoir le ballon, mais ne put pas contrôler l’élan ce qui leur donna le point. L’équipe de seconde commença à rattraper son retard et dans la dernière phase du match, nous fûmes de nouveau au coude-à-coude. Six à six, avec un peu plus de deux minutes à jouer, et à ce rythme, le match pouvait bien se terminer avant la fin du temps imparti.

Ibuki — Je l’aurai la prochaine fois !

Après avoir été bloquée deux fois par Amasawa-san, Ibuki-san resta déterminée à faire une autre tentative. Je demandai également à mes coéquipières de lui passer le ballon et le jeu reprit. Après un échange, Amasawa-san sauta vers la balle pour la première fois afin de smasher.

Ibuki — Je ne te laisserai pas faire !

Ibuki-san sauta par-dessus le filet, mais juste après, je vis Nanase-san derrière Amasawa-san.

Amasawa — Quel dommage senpai !

Amasawa-san sourit de manière effrontée. Depuis le début, c’était Nanase-san qui allait conclure l’action. Prise par surprise, Ibuki-san tendit la main, mais elle n’arriva pas à toucher le ballon qui se dirigeait vers le coin du terrain. Kushida-san fit cependant une superbe réception glissée.

Kushida — Ibuki-san !

L’attention se retourna vers Ibuki-san et les seconde se précipitèrent pour défendre. Amasawa-san attendait l’attaque d’Ibuki-san, détendue.

Ibuki — ?!

J’essayai de forcer une situation, mais je ne trouvai pas de direction ou Ibuki pouvait frapper. Après tout Ibuki-san était celle qui avait le plus de force dans les smashs alors je serrai les dents et lui fis la passe. Je pris en compte la détermination d’Ibuki et libérai toute l’énergie que j’avais économisée. Après avoir passé le bloc d’Amasawa-san, elle fit un smash vers Nanase, qui s’était tenue prête. La fatigue se fit ressentir et elle ne put réceptionner correctement, se résignant à voir le ballon sortir. Nous menions 7 à 6 ce qui nous donnait un avantage vu que la fin du temps imparti approchait. Dans la dernière ligne droite du match, quand il ne restait qu’une minute, ce fut à nous de servir. Nous avions ainsi un avantage psychologique.

Amasawa — Eh bien, il est temps d’être sérieux.

Amasawa-san laissa entendre qu’elle n’était pas à son maximum jusqu’à maintenant. Nanase suivit le service d’Ibuki et le reçut parfaitement. Le ballon, après avoir perdu son élan, s’éleva dans les airs. Nous le regardions tous.

Amasawa — La cible est… !

Le ballon s’approcha de moi à une vitesse incroyable, comme une fusée. Malgré mes réflexes, je fus trop lente pour réagir et au moment où j’essayai d’atteindre le ballon, la distance entre moi et ce dernier fut trop grande pour que je puisse le toucher. Le ballon s’écrasa violemment ce qui raisonna dans le gymnase.

— Out !

Heureusement, je n’avais pas touché le ballon ce qui nous donna le point. Il faut dire qu’il était à une moitié de ballon derrière la ligne blanche du terrain.

Amasawa — Désolée d’avoir perdu le point Nanase-chan. C’est assez difficile d’avoir un contrôle parfait.

Nanase — Merci pour ton aide. Ton smash était splendide.

Alors que nous tirions notre chapeau à Amasawa au vu de ses capacités exceptionnelles et son sens du jeu, pour nous, c’était la victoire, avec une différence de deux points. Le coup de sifflet retentit et Nanase-san, qui fit le service, grimaça de surprise. Amasawa-san, sur le point de frapper la balle dans les mains de notre bloc défensif, finit par atterrir les bras en l’air.

Amasawa — Dommage. Ça commençait à devenir intéressant.

Il n’y avait pas le moindre soupçon de regret sur son visage et Amasawa-san salua la performance de son équipe. Après une rapide discussion avec Nanase-san, je quittai le gymnase. Malgré leur défaite, elles obtinrent également des points pour leur deuxième place.

Ibuki — Je trouve cette victoire fade. Je n’ai pas l’impression d’avoir vraiment gagné.

Moi — La pression était beaucoup plus forte sur la fin. Avec plus de temps, les choses se seraient passées autrement. Je préfère ne pas y penser.

Nous étions censées gagner et nous sentir bien, mais nous nous retrouvâmes avec une gêne. Malgré tout, il s’agissait d’une belle victoire et d’une fin appropriée à un festival sportif très animé.

Je remarquai également qu’il y avait un certain nombre de personnes dans les tribunes qui applaudissaient.

6

La fin du festival était proche. Le gymnase était inhabituellement animé et les finales de chaque épreuve avaient commencé un peu partout.

Onodera — C’est presque l’heure du match, non Sudou ? tu es prêt ?

Lors de ce festival, Sudou et Onodera, avaient participé à de nombreuses épreuves en binôme et lors de leur dixième épreuve, ils atteignirent la finale du tennis double mixte.

Sudou — Oui.

Onodera poursuivit, se sentant mal à l’aise face à cette réponse brève.

Onodera — D’ailleurs, tu ne trouves pas qu’on forme une bonne paire ? On a gagné nos quatre épreuves en binôme. Je suis sûre qu’on a surpris tous nos camarades.

Lors des deux matchs, ils avaient affronté une paire de la même année et un binôme de terminale. Le duo Sudou-Onodera avait tout de même gagné sans problème et maintenant, ils étaient déjà à cinq victoires consécutives. En outre, Sudou avait remporté neuf courses d’affilée, y compris lors des épreuves individuelles. Il était donc sur le point de remporter sa dixième victoire de suite. Onodera, quant à elle, n’avait pas terminé en tête des neuf épreuves, mais conserva son titre de championne des lieux. Les mots d’Onodera furent accueillis par un hochement de tête, mais le regard de Sudou était ailleurs.

Onodera — Tu es inquiet à cause des seconde ? Tu n’as fait que les observer toute la journée.

Sudou — Hein ?

Onodera — Ce n’est pas Hôsen ? Il est tellement imposant et il a une aura incroyable. On ne dirait pas un seconde. Mais j’ai le sentiment que ce n’est pas la seule chose pour toi Sudou-kun. Qu’est-ce qui te tracasse ?

Sudou — C’est rien. Ne t’inquiète pas pour ça.

L’équipe de Hôsen venait de remporter une victoire écrasante et leur adversaire en finale avait déjà été désigné. Sudou regardait Hôsen pendant qu’il parlait à Onodera. Jusqu’à présent, il avait participé aux épreuves bien concentré mais il était clair qu’il était maintenant très contrarié. Ils avaient coopéré ensemble pendant la majeure partie de la préparation du festival et pas seulement aujourd’hui. Du déjeuner en passant par le trajet du matin, ils étaient tout le temps -ensemble. Grâce à cela, elle avait obtenu la capacité de pouvoir lire les expressions faciales de Sudou. Malgré ses qualités athlétiques, il avait ses défauts. Il avait une personnalité très forte et il perdait facilement son sang-froid. C’était peut-être ennuyant mais il fallait apprendre à vivre avec.

— La finale va maintenant être jouée. Soyez prêts.

Alors qu’ils s’asseyaient pour se reposer, un membre du personnel s’approcha.

Onodera — Bon, il faut une victoire rapide pour être sur un bon mouv’ !

Alors que Sudou se mit à crier de détermination, Onodera se vida la tête.

Sudou — Même si c’est Hôsen, il n’y aura pas de soucis.

Onodera — Oui !

Sudou dit cela pour motiver Onodera, ils ramassèrent leurs raquettes.

Leurs camarades de classe commencèrent à venir dans le gymnase les uns après les autres pour les soutenir. Les invités étaient également très intéressés par la finale, si bien que les gens s’arrêtaient sur leur chemin.

Sudou — Oui, c’est un mélange de tension et de joie.

Il n’y avait pas d’inquiétude à avoir. C’était toujours comme cela quand deux athlètes du même niveau s’affrontaient dans les compétitions sportives. Mais…

Hôsen — Je ne pensais pas t’affronter en finale, Sudou-senpai.

Sudou — Hôsen.

L’atmosphère changea lorsque Hôsen s’adressa à Sudou.

Hôsen — J’espère que tu ne penses pas vraiment que tu peux me battre au tennis, hein ? Je vais vous réduire en pièces, ne t’en fais pas.

Le match commença avec une limite de temps. Pour gagner un set, ils devaient marquer 4 points. Et pour gagner le match, ils devaient gagner deux des trois sets.  Concernant les services, ils ne seront pas au tour par tour mais iront du côté de celui qui a perdu le point, une règle spéciale pour les jeux de courte durée. Il n’y avait pas besoin d’un changement de service au sein d’une équipe ni de changement de joueur. Le match commença par une attaque de Hôsen. Ces balles partaient à une vitesse hallucinante ce qui contrastaient avec le service médiocre de Sudou. En moins d’une minute, ils étaient à 40-0[3]

Onodera — C’est une blague. C’est trop rapide. Il a forcément de l’expérience !

La panique d’Onodera était compréhensible car la balle de Hôsen se plantait sur le terrain à une vitesse effrayante.

Hôsen — Ça va Sudou ? On dirait que tu n’es pas à la hauteur.

Sudou — Putain !

Sudou serra fort la raquette et tenta de la faire claquer au sol.

Onodera — Sudou-kun, arrête !

Sudou — …. !

Onodera — Tu sais que tu fais toujours des erreurs quand tu t’emportes.

Sudou — Tsk, mais !

N’ayant personne sur qui se défouler, Sudou se retrouva soudainement stressé.

Hôsen, qui regardait de l’autre côté du filet, se moqua de lui.

Hôsen — Je ne peux pas te dire pourquoi tu n’arrives pas à renvoyer mes balles mais tu ne bouges clairement pas aussi bien qu’avant.

Il fit remarquer qu’il était tellement concentré sur lui que ses mouvements étaient devenus plus lents.

Onodera — Je ne peux pas te faire confiance pour servir Sudou-kun.

Avec la balle en main, Onodera fit signe à Sudou de défendre et d’oublier le service. Elle frappa la balle avec une netteté à laquelle on ne s’attendait pas de la part d’une fille sans expérience au tennis. Hôsen se précipita rapidement vers la balle et enclencha une magnifique frappe en manipulant la raquette comme s’il ne faisait qu’un.

Sudou tendit le bras, mais n’avait pu frapper qu’avec le bord de la raquette. L’équipe de seconde s’empara du premier set sans que Sudou et Onodera ne puisse marquer.

Hôsen — Tu n’es pas dangereux Sudou. Ça te va bien d’être un perdant.

Comparé à Hôsen, qui appréciait beaucoup le jeu, la fille de son binôme ne pouvait pas cacher son expression de peur sur son visage. Hôsen avait joué presque entièrement le set seul, donc c’était vraiment un deux contre un. Dans le deuxième set, on s’attendait à ce que l’attaque unilatérale de Hôsen continue, mais cela prit une tournure surprenante. Les balles de Hôsen manquaient d’élan contrairement au set précédent et Onodera s’adapta, s’avançant et frappant en retour. Juste quand il semblait commencer à se fatiguer, le bras de Hôsen pivota rapidement.

Le coup fut aussi rapide et puissant qu’une balle. La balle se dirigea directement vers Onodera, qui gardait la tête, comme si elle était visée. L’éraflure sur sa joue fit grimacer son visage de douleur et elle laissa involontairement tomber sa raquette au sol, surprise et effrayée.

Sudou — Enfoiré, tu l’as fait exprès !

Hôsen — Ah ? Au tennis, il est naturel de viser près du corps de l’adversaire. Si tu lâches la balle trop loin, ils la renvoient. Tu n’y connais rien ? C’était juste une balle et vous en faites tous déjà un foin.

Sudou — Putain !

Hôsen s’affirma fièrement. Onodera se dépêcha de ramasser la raquette.

Onodera — C’est bon. Ça m’a juste un peu effleuré. De plus, comme il le dit, le tennis se joue comme ça.

Hôsen — Mais bon c’est un festival sportif. Pas comme si vous étiez des joueurs de tennis.

Sudou se plaignit et était frustré même s’il n’avait rien d’un joueur expérimenté. Sudou servit de nouveau mais la balle fut déviée. La deuxième fois, il fit un coup plus sûr en visant à l’intérieur du terrain mais ce fut capté facilement par Hôsen. L’élan n’était pas si fort et Onodera, qui avait rattrapé la balle, la retourna proprement avec sa raquette. Après deux ou trois autres échanges, Onodera s’avança de nouveau et renvoya le tir. Hôsen, qui avait réduit la distance, balança son bras vers le bas et fit rebondir la balle en arrière.

Onodera, incapable de balancer sa raquette, se crispa quand elle fut frappée de nouveau une balle rapide et dure. La balle la frôla. Sudou s’accrocha et renvoya la balle sur le terrain opposé, mais Hôsen grâce à ses revers implacables ne visaient que les zones proches d’Onodera. Hôsen semblait n’avoir aucune pitié. Le round se solda ensuite par un 40-30 en faveur de la paire Sudou-Onodera. Cette dernière se remit péniblement sur ses pieds, mais elle fut secouée par la balle qui lui revint en pleine figure. Elle se tordit la jambe gauche et tomba au sol.

Sudou — Onodera !

Sudou couvrit Onodera qui ne put se relever, et renvoya la balle à Hôsen. La balle de Sudou atterrit directement sur le terrain et l’équipe de Sudou finit par remporter le point et ainsi le deuxième set. Cependant, il ne pouvait pas être satisfait de cela. Il laissa exploser sa colère.

Sudou — Ça suffit ! Tu ne peux même pas jouer à la régulière !

Hôsen — Combien de fois dois-je te le dire ? C’est de ta faute si tu es mauvais. T’es juste une merde.

Onodera — C’est inutile, Sudou-kun, je te le répète.

Onodera, allongée sur le sol, ne pouvait pas se lever et apaisa Sudou.

Sudou — Je sais très bien ! Mais je ne peux pas le laisser faire.

Onodera — Je suis sûre que les arbitres se méfient de quelque chose mais ton comportement n’aide pas non plus.

Il était clair que Hôsen avait déjà gagné le match de tennis et maintenant il était plus intéressé par le fait de tourmenter Sudou que par la victoire. L’objectif était d’instiller la peur à Onodera et de l’inciter à faire une erreur pour se blesser.

Onodera — Quoi qu’il en soit, reste calme, Sudou-kun.

Malgré la douleur, Onodera le réprimanda avec des mots doux mais forts. Sudou, dont l’esprit était encore brûlant, ne put toujours pas le supporter et fixa Hôsen. Mais lorsqu’il vit Onodera froncer les sourcils de douleur, il se rappela sa priorité. Il se dépêcha de soigner la cheville tordue d’Onodera blessée.

Onodera — Je suis désolée. Je ne peux pas jouer. Mais il nous reste encore un set à jouer. Ça ne va pas être une partie de plaisir.

Hôsen bâilla et les regarda brièvement avant de se tourner vers sa partenaire.

Sudou — Cet enfoiré, il t’a blessée exprès, pour nous harceler jusqu’à la dernière minute…

Sudou regarda la jambe gauche d’Onodera et sembla inquiet.

Sudou — Tu vas bien ?

Onodera — Ouais, je vais me débrouiller. Mais je suis tellement minable. J’avais tellement peur de la balle que je l’ai évitée et j’ai fini par tomber et me faire mal au pied.

Elle rit d’elle-même et tapota son pied bandé.

Sudou — Ce n’est pas impossible de le battre. Il me fait chier à mort, mais il est bon.

Sudou était terrifié par les puissants revers qu’il pouvait lancer avec sa force physique supérieure. À moins d’être un joueur de tennis expérimenté ou un joueur de club, on ne pouvait pas se débarrasser de la peur immédiatement.

Onodera — Je… j’avais une haute estime pour toi depuis le début. Tant mieux si je suis blessée. Ça m’a permis de me calmer un peu.

Sudou — Tu as un gros mental. Tu m’appréciais à ce point ?

Onodera — Ouaip. Mais bon, t’étais aussi l’ennemi public numéro un de la classe. Faut dire que ce n’était pas facile de discuter avec toi.

Sudou — Euh…

Onodera — Les gens t’ont critiqué à cause de ton mauvais comportement et de tes mauvaises notes mais j’ai une haute estime pour les gens qui font des efforts dans leur club. Sudou-kun, tu as du talent mais tu as également travaillé dur, n’est-ce pas ?

Sudou — Je n’avais aucune idée que tu pensais à moi comme ça.

Onodera — C’est normal. Après les activités de clubs, je passais parfois devant le gymnase. Je jetai un coup d’œil pour voir s’il y avait quelqu’un et tu étais toujours là. Tu nettoyais et rangeais aussi avant de partir.

Sudou — Quoi, tu m’as vu faire tout ça ? C’est assez embarrassant.

Onodera — Mais, comme je le pensais, tu ne seras jamais vraiment apprécié si les choses continuent comme ça.

Sudou — Hein ?!

Onodera — Tu as toujours tendance à trop t’énerver. Si tu ne changes pas, un jour tu auras encore plus de problèmes.

Sudou — C’est…

Onodera — Je pense que tu dois surmonter ton tempérament.

Sudou — je sais, mais…

Onodera — En sport, en étant frustré, tu fais beaucoup d’erreurs, non ?

Sudou — Eh bien, … ouais. Le taux de réussite des tirs, par exemple, peut être extrêmement faible.

Onodera — Lorsque je suis frustrée, j’essaie désespérément d’améliorer mon temps, mais je finis par ralentir, et ce n’est généralement pas très bon.

Sudou — C’est la même chose pour toi Onodera ?

Onodera — Lorsque j’ai perdu un match important, j’étais tellement frustrée et déçue que j’avais oublié de me changer. J’étais devenue complètement folle. Je m’étais même blessée à la main à telle point que j’ai mis du temps avant de m’en remettre.

Elle se remémora avec tendresse son passé et tira un peu la langue, honteuse.

Onodera — J’ai réalisé alors qu’il ne servait à rien d’être en colère, et que c’était contre-productif.

Sudou — Comment tu as réussi à gérer tes émotions ?

Onodera — C’est parce que mon senpai de club m’a appris la magie.

Sudou — Ma…Magie ?!

Onodera — Oui. Je vais te l’apprendre aussi, Sudou-kun. C’est une magie qui t’aidera à réprimer ta colère.

Sudou — Comment tu fais ça ?

Onodera — On dit que le pic de colère est en fait très court : quelques secondes au maximum. Alors quand je veux crier, je crie une fois dans ma tête, puis je prends une profonde respiration et je compte jusqu’à dix.

Sudou — Alors tu dis …… que je devrais attendre dix secondes avant de me fâcher, c’est ça ?

Onodera — Oui. Je suis sûre que ça fera une différence. Tu devrais essayer.

Sudou — Je vois…

Malgré son scepticisme, Sudou se souvint de la scène comme si c’était gravé dans son esprit.

Onodera — Je voulais travailler avec toi parce que j’apprécie tes efforts. Ne trahis pas mes attentes.

Sudou — Onodera…

Une fois ses blessures pansées, Onodera vérifia son état et se leva.

Onodera — Je vais bien. Ce set décidera de l’issue du match. On perd ou on gagne, pas le choix.

Sudou — Oui…

Le troisième set commença. La jambe gauche d’Onodera n’était plus apte et ses mouvements étaient lents, mais Hôsen continua de l’attaquer sans relâche. Même s’il allait trop loin et perdait des points, il ne faisait aucun geste pour s’arrêter.

L’équipe de Sudou menait 40-15. Hôsen, qui aurait mis fin au match s’il avait laissé la balle passer, lança une autre balle rapide en direction Onodera. Cette fois, elle ne put pas l’esquiver et la balle la frappa au bras droit. Onodera s’accroupit sur place en souffrant.

Sudou — C’est pas comme ça qu’on joue, fils de pute !

Sudou était tellement en colère que son sang bouillonnait. Mais c’est alors qu’il se souvint des mots d’Onodera plus tôt.  Il fixa Hôsen, qui le provoquait sans cesse et cria avec hargne dans sa tête. Dix secondes de colère. Il fallait tenir seulement dix secondes. Il compta : 1, 2, 3…et prit une profonde inspiration pour se calmer. 8… 9… 10… Les insultes qui auraient dû être dirigées vers Hôsen restèrent bloquées au fond de sa gorge. Bien sûr, toute la frustration n’avait pas entièrement disparu mais il avait réussi à voir la situation de manière plus calme et objective.

Les yeux méfiants des arbitres… Le regard d’Onodera…. Un match qui se devait d’être gagné. Le temps qui s’écoulait…. S’il se précipitait à nouveau sur Hôsen, il allait naturellement être repoussé.

Sudou — Onodera, tu crois en ma force ?

Onodera — Bien sûr que oui. Si je ne croyais pas en ça, on ne jouerait pas ensemble.

Après avoir repris son souffle, Sudou lança la balle en l’air et fit le meilleur service de la journée. Sans perdre de temps, Hôsen put renvoyer la balle et à partir de ce moment-là, ce fut une bataille d’échanges entre Sudou et Hôsen. Les deux joueurs continuèrent à échanger des coups puissants, mais Sudou, qui avait perdu patience, ne fit pas un retour en douceur et renvoya la balle en plein dans le terrain adverse.

Sudou — Aaaaaaaahhhhhhhhhhhhh ! !!

Sans relâcher sa prise sur la raquette, Sudou poussa un cri qui résonna dans tout le gymnase.

Sudou — On l’a fait !

Malgré l’avance écrasante, Hôsen gémit jusqu’à la fin du match et était frustré d’avoir perdu le match, il frappa sa raquette sur le court et celle-ci se brisa en deux.

Sudou — J’ai gagné, Onodera ! Grâce à toi.

Sudou était si excité qu’il courut vers Onodera et la serra dans ses bras pour partager son excitation.

Onodera — Quoi ? Uh…Attends

Onodera paniqua, ne réalisant pas ce qu’il se passait.

Onodera — Hé, ça fait mal, ça fait mal, Sudou-kun !

Son étreinte forte entraîna des petits cris de douleur de la part d’Onodera ce qui aida Sudou à reprendre ses esprits.

Sudou — Désolé.

Probablement heureux d’avoir pu réprimer sa colère face à la victoire, Sudou afficha son plus grand sourire de la journée.

Onodera — Félicitations pour la victoire, Sudou-kun.

Sudou — Oh. Merci, Onodera, sans ton aide, on aurait perdu ce match à coup sûr.

Onodera — Je ne pense pas. Désolée de t’avoir traîné vers le bas…

Sudou — Je ne veux pas dire que c’est une bonne chose que tu aies été blessée mais quand tu l’as été et que j’ai perdu mon sang-froid, j’ai cru que tout était fini. Tu m’as ramené à la raison.

Onodera — Je vois. Alors, Sudou-kun, tu trouves qu’on forme une bonne paire ?

Sudou — Oui. C’était franchement facile de bosser avec toi. Je pouvais vraiment te faire confiance. T’es la meilleure. Ah, j’aurais aimé que Suzune puisse voir ma réussite !

Le nombre d’invités et d’élèves augmenta et il n’était pas facile de trouver Horikita.

Onodera — Suzune, hein…

Sudou — Ah ? Où ? Où est-elle ?!?

Onodera — Ah désolée, j’ai pris quelqu’un d’autre pour elle.

Sudou — Ah ouais ? Peut-être que je la trouverais dehors…

Onodera —Allons manger un morceau ensemble la prochaine fois après les activités du club.

Sudou — Eh ? Ça me va, mais plus important encore, aide-moi à chercher Suzune. Suzune, t’es où ?!

Onodera — Hahaha, tu peux rêver pour avoir de l’aide.

Hôsen — Hé, Sudou. Ne te laisse pas emporter juste parce t’as gagné un vieux match comme ça. Si je m’étais pas retenu, j’aurais gagné.

Malgré le fait que le match était terminé, Hôsen l’approcha avec dédain.

Sudou — Je vais jouer avec toi, alors ramène-toi !

Onodera — Hé, toi…

Onodera était sur le point de charger Hôsen, mais Sudou la retint discrètement.

Sudou — J’ai un compte à régler avec ce gars alors t’en mêle pas.

Onodera — Mais !

Sudou rit en comprenant le désir d’Onodera de le protéger contre les ennuis. Puis il se tourna vers Hôsen.

Sudou — Je suis désolé mais je ne vais pas te laisser me provoquer.

Hôsen — Oh ? Tu ne vas pas t’en sortir aussi facilement, connard. À partir de maintenant, tu vas être mon sac de frappe.

Sudou — Je t’ai dit que je ne jouerai pas à ton jeu !

En réponse au refus de Sudou de le faire, Housen appuya soudainement sur son épaule et frappa son abdomen avec son poing droit. Sudou tomba soudainement à genoux à cause de son puissant coup de poing.

Onodera — Sudou-kun !

Cependant, Sudou contrôla Onodera avec ses mains et se releva lentement.

Un professeur se précipita, mais Sudou lui dit qu’il ne lui avait rien fait et l’avait juste tiré en arrière.

Sudou — Tu sais… Je… Je savais déjà que tu étais un combattant puissant. Je ne peux pas me plaindre parce que c’était ma faute à l’époque mais si tu veux aller plus loin là, je vais devoir appeler un prof !

Hôsen — T’es pathétique. Et dire que tu voulais en découdre il y a  peu.

Sudou — Peut-être. Onodera. Allons-y

Onodera — Oui.

Hôsen — Quel fragile ! Ne te mets plus jamais en travers de mon chemin.

Quand il lui dit ça, Sudou se sentit quelque peu réconforté. S’il ne s’impliquait plus alors il n’y aurait pas d’autres problèmes. Il découvrit que les choses pouvaient avoir un bon dénouement même quand on ne s’emportait pas.

Sudou — Je devrais être reconnaissant envers Hôsen. Le voir agir comme ça m’a fait réaliser. Je ne peux pas bien l’expliquer, mais quand j’ai essayé ta méthode plus tôt, j’ai eu un déclic. Pourquoi j’étais en colère comme ça tout ce temps ?  Comme si j’étais possédé tu vois.

Sudou était reconnaissant pour les dix victoires consécutives, mais surtout pour la tenue de ce festival sportif et pour Onodera.


[1] Panier-repas

[2] Le test navette de Luc Léger est une de course à pied avec bips qui permet d’évaluer l’endurance de quelqu’un. On lui demande de faire des allers-retours sur une piste de 20m par exemple jusqu’à épuisement. À chaque bip de la bande, le candidat doit se trouver à une extrémité de la piste. Les bips s’accélèrent toutes les minutes avec une vitesse de 0,5 km/h. Ainsi, si le sujet n’atteint pas la bande avant le bip, il est éliminé. Ce genre de tests se faisaient en E.P.S en primaire et/ou collège.

[3] Pour marquer chaque point dans un set, il faut gagner un round de quatres étapes. Partons du principe que l’adversaire ne marque pas alors que marquez. Le premier minipoint vous donne 15-0, 30-0 puis 40-0. Si vous marquez encore, vous gagnez le round et donc un point entier.

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