CLASSROOM Y2 V2 : CHAPITRE 3


L’été arrive. Bataille féroce en prévision

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Traduction : Nova
Correction : Raitei, Ayanokôji is the best
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La mi-juin approchait progressivement.

Il n’y avait pas eu de nouveaux examens spéciaux après celui d’avril, nous avions donc pu reprendre notre vie scolaire normale pendant un moment. L’élève de la White Room qui était censé me cibler n’avait pas non plus encore agi.

Jusqu’à présent, le seul évènement majeur était quand Amasawa était venue dans ma chambre. Autrement, rien de nouveau concernant mon expulsion. Mais il semblait que ça nous avait marqué plus qu’on ne le pensait puisque nous n’avions pas pu nous embrasser de nouveau. Peu importe que l’atmosphère était propice ou non, il y avait toujours quelque chose qui ressemblait à un mur invisible entre nous. Enfin, même si je voulais abattre ce mur pour progresser davantage dans notre relation, il n’y avait pas besoin de se précipiter. Avec le temps, Kei allait être capable d’enlever ce mur d’elle- même, passant ainsi naturellement à l’étape suivante : grandir.

En tant que lycéen, je menais une vie scolaire épanouie. Je ne pouvais pas dire l’inverse. D’autant que l’été se manifestait à grands pas. Comme chaque année, la température extérieure commençait lentement à augmenter. Par une journée ensoleillée, la température pouvait atteindre jusqu’à 30 degrés. Alors le printemps laissait officiellement place à l’été.

Ayant déjà passé une longue période à vivre une vie scolaire ordinaire, il y avait des sujets dont j’entendais souvent parler. L’un d’entre eux était le sujet répétitif de la saison préférée. Question au demeurant intéressante puisque des personnes qui sont nées et ayant grandi au même endroit ont des saisons préférées différentes.

Après avoir vécu le changement des quatre saisons dans cette école, je devais bien dire que j’attendais la saison chaude avec une certaine impatience. Si j’y réfléchissais, ma saison préférée était probablement l’été. C’est peut-être pour cela que le ciel bleu était si beau et éblouissant.

Nanase — Bonjour, Ayanokôji-senpai.

Alors que je marchais en regardant le ciel, je fus salué par une élève qui me semblait être Nanase Tsubasa, de la 2nde D. Elle avait l’air de se rendre en cours, toute seule. Du moins les élèves autour d’elle ne semblaient pas être ses amis.

Moi — Oh salut !

Puisqu’elle marchait devant moi, m’avait-elle vu par hasard en se retournant ou m’attendait-elle ?

Nanase — Y a-t-il quelque chose dans le ciel ?

Je n’avais pas remarqué la présence de Nanase car mon attention s’était portée sur le ciel bleu profond. Et c’est parce qu’elle l’avait remarqué qu’elle me posa cette question

Moi — Non, je regarde juste le ciel bleu. Nanase — Regarder le ciel bleu, hein ?

Nanase, qui marchait à mes côtés, suivit mon exemple et leva les yeux. Le ciel d’aujourd’hui était sans nuage, d’un bleu océan.

Nanase — Quelle belle journée.

Moi — Oui. Au fait, ça faisait un moment !

Bien que nous nous étions croisés, cela faisait un moment que l’on ne s’était pas parlés.

Nanase — Oui, nous ne nous sommes pas vus depuis environ un mois et demi.

Nanase et Hôsen avaient conjointement planifié de me faire expulser lors de l’examen précédent. Malgré cela, leur comportement à mon égard semblait inchangé. Un peu comme Amasawa.

Nanase — Je regrette toujours sincèrement ce qu’on a fait, Ayanokôji- senpai.

Nanase dit cela en regardant le ciel. Alors elle était plus préoccupée par ça que je ne l’imaginais ?

Nanase —Senpai, est-ce que tu me détestes ?

Moi — Je n’ai aucune raison de te détester. C’était pour l’examen spécial, n’est-ce pas ? Il n’y avait aucun moyen d’y échapper. En plus, j’ai vu comment tu as essayé de me protéger, Nanase.

Nanase, bien qu’alliée à Hôsen, s’était précipitée pour tenter de s’interposer face à lui malgré le danger qu’elle encourait. Je m’en souviens encore.

Moi — L’examen secret est terminé ? Car je n’ai pas le souvenir de t’avoir entendu parler d’une date limite.

Nanase —Non, l’examen tient encore. Sa date limite est le début du second semestre.

En d’autres termes, il restait encore un peu de temps. Sachant cela, l’inaction de Hôsen et Nanase semblait étrange.

Nanase — Tu te demandes certainement pourquoi je ne suis pas venue te voir depuis ?

Moi — Ce serait un mensonge si je disais que je n’y ai pas pensé. Je me demande toujours si tu ne manigances pas quelque chose derrière mon dos.

Nanase — À cause  de ce  qui  s’est passé la dernière  fois, je suis convaincue que même avec un plan bien pensé, cela pourrait ne pas fonctionner aussi facilement. Sans compter que, la première fois, nous avons pu jouer de l’effet de surprise.

Moi — Alors vous attendez qu’un senpai s’en charge ?

Nanase — Je ne sais pas comment, mais je pense qu’ils savent déjà que Hôsen-kun est passé à l’acte.

Moi — Comme ils ont vu quelqu’un du calibre de Hôsen échouer, ils ont probablement jugé que leurs efforts étaient inutiles sans une bonne préparation ? Dans ce cas, je suppose que ça a valu le coup de me blesser.

Nanase — Je ne sais pas si ça vaut ta main gauche, senpai.

Parmi les seconde, Hôsen Kazuomi, pour le meilleur ou pour le pire, était l’un de ces élèves qui ne passaient pas inaperçus. C’était peut-être une chance que Hôsen soit le premier à s’opposer à moi.

La question était cependant de savoir qui était exactement derrière cet examen spécial. J’aurais pu demander directement à Nanase mais… les quelques fois où je la regardais, elle détournait continuellement le regard. Et quand bien même je lui aurai posé la question, elle ne m’aurait sûrement pas répondu. Après tout, dans les trois autres classes, il y avait trois élèves en course pour mon expulsion et elle ne voulait pas les trahir. En fin de compte, Nanase avait parlé sans dénoncer personne histoire d’éviter d’éventuelles répercussions concernant la récompense

Nanase — Merci de me comprendre.

Comme j’étais resté silencieux, Nanase dit cela comme si elle lisait dans mes pensées. Comme nous nous dirigions vers l’établissement, je décidai de changer de sujet.

Moi — Tu sembles être à l’aise avec la vie dans cette école.

D’après la façon dont elle se comportait, il semblait qu’elle s’était débarrassée de la naïveté dont elle fit preuve à son arrivée et qu’elle s’intégrait bien.

Nanase — Oui. Je pense que les élèves de ma classe, y compris moi-

même, se sont habitués aux situations spéciales qui ne cessent de se produire ici. Bien que je ne sache pas ce que les élèves de la classe supérieure savent, nous, les élèves de seconde, avons réussi notre 2ème examen spécial à la fin du mois de mai.

Tout comme la façon dont nous, les 1ère, avions eu nos combats, les 2nde avaient également eu leurs propres batailles à mener.

Moi — Bien que je n’aie entendu parler de personne directement, j’ai entendu des rumeurs selon lesquelles quelqu’un est déjà parti.

Même nous, en première, avions eu vent qu’un élève avait été expulsé pendant ce dernier examen spécial.

Nanase — Ah. Donc tu es au courant ? Un garçon de la 2nde C a abandonné.

Après tout, cet élève avait disparu de la liste de l’OAA. Cependant, il s’agissait tout de même d’un élève avec un A en capacité académique, donc je suppose que ça devait être pour des raisons impérieuses.

Moi — Un départ fait toujours parler de lui dans cette école, tu sais.

Nanase — En ces lieux, les chaleureux camarades d’hier peuvent être les expulsés de demain. C’est pourquoi j’ai compris que chaque jour dans cette école devait être vécu sans regrets.

Même si, pour l’instant, il s’agissait juste de regarder et de laisser les autres se battre entre eux, il y avait bien un moment où la 2nde D allait faire face à des exclusions. Le pragmatisme de Nanase sera alors salutaire.

Toutefois, évoquer le sujet était un moyen de confirmer les points de classe des autres années. Or, je n’avais toujours aucune idée de qui s’en était bien sorti ou pas en seconde.

Moi — Comment s’est positionné ta classe dans les résultats de l’exam ?

Nanase — La fois précédente, nous sommes arrivés dernier, et même cette fois, nous n’avons obtenu que la troisième place. Bien que les classes A et B se soient battues avec acharnement, la différence de points entre les classes est très faible.

Malgré le fait d’avoir les classes A et B comme adversaires, leur classe n’était pas loin derrière. D’autre part, la principale raison pour laquelle la classe C était arrivée dernière est probablement parce qu’elle avait perdu un élève.

Moi — Hôsen s’est mieux comporté récemment ?

Nanase — Ce serait mentir de dire qu’il est devenu un ange. Mais, par exemple, il n’a réellement rien à voir avec le départ de cet élève. Il est totalement rivé sur toi, Ayanokôji-senpai.

Nanase, qui observait d’abord le ciel, me regarda pour la première fois, avec un sourire amer.

Nanase — C’est peut-être étrange dit comme ça, mais je pense que c’est grâce à toi. Je suppose qu’on pourrait dire qu’il prend une partie de l’énergie qu’il utilisait sur nous pour la recentrer vers vous, les 1ère. Récemment, il n’arrête pas de dire des choses comme « laisse-moi les 1ère, je vais me les faire ». C’est tout simplement fascinant.

C’était en effet une bonne chose pour un 2nde. Mais maintenant qu’elle le dit, alors le fait que Hôsen me fixait droit dans les yeux lorsque je passais devant son énorme silhouette n’était en fait qu’un signe de provocation.

Moi — Il y a encore une chance que l’on se batte contre vous tôt ou tard.

Bien que nous n’ayons eu qu’une seule chance de travailler avec eux jusqu’à présent, aussi longtemps que Nagumo allait jouer à ce petit jeu nous allions certainement nous rencontrer de nouveau.

Nanase — J’espère du moins que je pourrai passer ma vie scolaire ici sans aucun regret.

Moi — Ce serait bien.

Comme l’a dit Nanase, les amis avec lesquels on riait la veille pouvaient être amenés à faire leurs valises le lendemain. C’était le genre de chose qui pouvait arriver dans cette école. C’est pourquoi nous ne pouvions pas considérer chaque jour que nous vivons ici comme acquis, nous devions au contraire en tirer le meilleur parti.

Parce que chaque jour qui passait était un jour qui ne reviendrait jamais.

Nanase — Tu ne dois pas laisser de regrets derrière toi, Ayanokôji- senpai.

Ses mots semblaient suggérer qu’il ne me restait plus beaucoup de temps à l’école. Ses yeux brûlaient de détermination.

Moi — Bien sûr, je ferai de mon mieux pour ne pas laisser de regrets.

Après avoir entendu ma réponse, Nanase acquiesça avec force, apparemment satisfaite.

Nanase — Alors je vais prendre congé.

Ayant presque atteint le bâtiment de l’école, Nanase inclina la tête et s’en alla.

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Étant donné que les 2nde avaient passé leur 2ème examen spécial fin mai, il n’aurait pas été surprenant que notre examen spécial à nous, en 1ère, soit annoncé à tout moment. Il fallait se tenir prêt.

Et comme pour vérifier notre état de préparation, la vie de classe commença un peu différemment de d’habitude.

Mlle. Chabashira — On dirait que tout le monde est là, c’est bien.

Après avoir fait l’appel, Chabashira utilisa la tablette dans sa main pour montrer les images sur le moniteur. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour démarrer. Elle passa à un écran blanc, puis se retourna vers nous.

Mlle. Chabashira — Nous sommes ensemble depuis un moment maintenant, alors je suis sûre que vous savez de quoi je vais parler.

Un nouvel examen spécial était sur le point de commencer. Même si tout le monde y pensait, la confirmation par Chabashira était attendue. La plupart des élèves avaient les yeux rivés sur Chabashira et, après une courte pause, Chabashira rit légèrement

Mlle. Chabashira — C’est vrai que nous allons discuter de l’examen spécial. Mais pour maintenir le suspense un peu plus longtemps, je reprendrai le sujet plus tard. D’abord, parlons des vacances d’été.

Après avoir dit cela, Chabashira regarda sa tablette, puis une image apparut sur le moniteur. La première chose montrée était une photo d’un bateau de croisière de luxe.

Notre classe D avait des souvenirs d’un paquebot similaire.

Mlle. Chabashira — Maintenant, je vais vous expliquer ce qui va se passer

pendant les vacances d’été avant qu’elles ne commencent vraiment.

Pendant un moment, les élèves se sont regardés, comme s’ils essayaient d’exprimer leur joie intérieure avec des mots positifs.

Cependant, comme dit précédemment, la combinaison « bateau + vacances » réveilla d’autres souvenirs plus douloureux dans l’esprit des élèves. Ce n’était pas le genre de cette école de prendre soin de nous, après tout.

Alors que nous repensions à tout cela, le moniteur passa des images de l’extérieur et de l’intérieur du bateau. L’horaire était également affiché.

Mlle. Chabashira — Du 4 au 11 août, profitez de vos vacances d’été sur cette croisière de luxe pour un total de huit jours et sept nuits. Outre se faire plaisir avec de somptueux mets, vous ne serez pas en reste côté divertissement avec des pièces de théâtre par exemple. Et il n’y aura pas d’examen spécial pendant cette croisière !

En d’autres termes, on nous promettait de vraies et authentiques vacances d’une semaine. Les élèves fortement sceptiques se calmèrent un peu. Cependant, dès que ces images disparurent, ce sentiment de confiance s’en alla. C’était comme si on nous mettait une carotte sous le nez.

Mlle. Chabashira — Mais pour profiter pleinement de ce voyage en croisière, vous devez réussir le prochain examen spécial.

Juste après avoir les avoir fait rêver un petit moment, les élèves furent ramenés rapidement à la réalité.

Si auparavant nous gérions assez mal l’ascenseur émotionnel, cette fois c’était différent : les élèves changèrent instantanément d’état d’esprit pour devenir attentifs à la bataille à venir.

Mlle. Chabashira — On dirait que vous en avez fait du chemin !

Un sourire d’admiration apparut sur son visage.

Ce n’était pas comme si elle avait parlé des vacances pour nous narguer. Même si nous étions encore en classe D, elle voulait que nous prouvions que nous étions différents de la classe D d’il y a un an et que nous les méritions.

En enchaînant les épreuves, nous avions appris à nous préparer.

Horikita — Quand est-ce que l’examen spécial débute ?

Horikita, qui était assise au centre du premier rang, posa la question.

Mlle. Chabashira — Habituellement, dès que je vous en parle, les épreuves commencent le jour même où le lendemain. Mais malheureusement, cet examen spécial ne débutera pas avant l’été.

Donc, l’école allait utiliser les vacances d’été pour effectuer l’examen spécial après la fin du premier semestre. Mais pourquoi nous en parler dès maintenant ? Il restait encore plus d’un mois.

Quoi qu’il en soit, d’après le programme annoncé jusqu’à présent, qu’on le veuille ou non, il y avait un examen spécial qui arrivait. Au moment même où tout le monde pensait probablement la même chose, les mots de Chabashira vinrent confirmer nos craintes.

Mlle. Chabashira — Vous allez devoir participer à l’examen spécial de survie sur une île déserte et vous mesurer les uns aux autres.

Examen spécial, survie sur une île déserte… La bataille interclasse qui s’était déroulée pendant les vacances d’été de la 2nde était encore fraîche dans nos esprits. Chaque classe devait s’affronter en utilisant une quantité limitée de points de classe, l’objectif étant de deviner qui était le chef des autres classes et occuper des lieux stratégiques pour obtenir des points.

Yukimura — Nous devons encore faire ça cette année, hein…

Keisei, qui habituellement écoutait tranquillement les instructions des examens spéciaux, soupira comme s’il se remémorait tout cela.

À l’époque, garçons et filles de la classe D eurent une vive dispute. L’union de la classe avait vraiment été mise à l’épreuve.

Mlle. Chabashira — Vous vous êtes probablement tous souvenus de l’examen de survie sur l’île de l’année dernière. Mais l’examen de cette année est très différent du précédent. Il sera probablement plus difficile et impitoyable que tous les autres examens spéciaux que vous avez faits jusqu’ici. Bien sûr, à son tour, le nombre de points de classe et de points privés à la clé a considérablement augmenté.

Sur l’île déserte de l’an passé, nous pouvions librement choisir notre stratégie : économiser des points, ou vivre de façon plus « libre ». Aucune sanction n’était prévue en cas de mauvais résultat tant qu’aucune règle grave n’avait été violée. Dans quelle mesure cela allait être plus dur cette fois-ci ? Inutile de se dépêcher de penser à la réponse, car elle allait nous le dire bien assez vite.

Mlle. Chabashira — Tout d’abord, je vais commencer par expliquer le programme en détail. Il n’est pas nécessaire de prendre des notes car il sera consultable et téléchargeable sur vos téléphones et tablettes.

Chabashira donna ces instructions fit afficher le planning de l’examen spécial sur le moniteur.

La cérémonie de clôture marquant la fin du premier semestre avait lieu le

vendredi 16, et le calendrier indiquait que nous devions partir pour l’examen spécial trois jours plus tard. De plus, la durée de l’examen spécial était deux fois plus longue que la dernière fois, soit deux semaines.

Nishimura — Sensei, vu le planning, nos vacances seront courtes non ?

Nishimura lança cette question comme une flèche sortant d’un arc. Les vacances d’été duraient normalement environ 40 jours. Or, cette fois, même en comptant la croisière sur le bateau comme des vacances d’été, cela ne faisait que 24 jours. Il était compréhensible que les élèves expriment leur mécontentement.

Mlle. Chabashira — Malheureusement, il n’y aura pas de rattrapage de ce temps. Le raccourcissement des vacances d’été a été acté.

L’école renvoya cette flèche décochée de plein fouet.

Bien sûr, il était inévitable de recevoir quelques voix de désapprobation dans la mesure où les vacances sont sacrées pour des lycéens.

Mlle. Chabashira — Cependant, en guise de compensation, il y aura une semaine de voyage sur le bateau de croisière de luxe. On pourrait objectivement penser que cela vaut bien deux semaines de vacances sur le campus en termes de qualité. D’autant que ce sera intégralement du loisir.

Chabashira semblait vouloir nous encourager.

L’année dernière, nous étions également montés à bord d’un bateau de croisière de luxe mais n’avions eu que très peu de temps pour en profiter pleinement. Pour nous qui vivions dans le campus de l’école, le monde extérieur était à la fois nouveau et excitant. Même sur un bateau, donc un autre lieu fermé, le fait de changer un peu d’air pouvait en faire des vacances d’été ultimes. Les élèves qui avaient exprimé leur mécontentement semblaient avoir été plus ou moins convaincus par cela. Enfin, ce n’était pas comme si nous avions le choix d’accepter ou non cette situation.

Puis cette année, contrairement à l’année dernière, les élèves n’étaient pas fauchés niveau points privés. C’était aussi une raison importante pour laquelle c’était moins stressant cette fois.

Mlle. Chabashira — Bon, revenons maintenant au sujet qui vous préoccupe. Bien que vous ayez également eu un examen de survie de ce genre l’année dernière, on peut dire que la plus grande différence entre les deux est l’échelle. Tout d’abord, la durée de l’examen est de deux semaines, et la superficie de l’île déserte utilisée pour cet examen sera plus grande.

Pour rappel, une île en plein milieu de la mer filmée 24 heures sur 24 d’en haut par un drone.

Mlle. Chabashira — Mais, surtout, ce ne sont pas seulement les élèves de la même année mais tous les élèves toutes années confondues qui seront en compétition les uns contre les autres.

Effectivement, l’échelle était bien plus grande.

Mlle. Chabashira — Le nombre de personnes affrontées sera donc bien plus important.

Quel déroulement inattendu : toutes les années étaient impliquées dans cet examen de survie. On affrontait non seulement ses camarades de promotion mais aussi tous les autres élèves.

Hirata — Cela ne serait-il pas… extrêmement désavantageux pour les élèves de 2nde, et avantageux pour les terminale ?

Hirata, qui détestait l’inégalité, émit des doutes. Si le test impliquait de concourir avec les autres années scolaires, alors tout le monde devrait être sur un même pied d’égalité. Mais ce n’était pas le cas cette fois-ci. Ainsi, en se basant sur la différence d’âge, de capacité physique et d’expérience, un écart considérable pouvait apparaître.

Mlle. Chabashira — C’est une bonne remarque. Mais aucun examen ne

peut être équitable à 100 %. Par exemple, entre élèves de 1ère, il y a presque un an de différence entre les élèves qui sont nés en début et en fin d’année. Pourtant, vous êtes dans la même promo n’est-ce pas ?

Mais selon ce même raisonnement, cela voulait dire que certains élèves allaient éventuellement supporter un désavantage de près de 2 ans avec des élèves de la classe supérieure nés en début d’année.

Mlle. Chabashira — Il est naturel de vouloir aider les plus jeunes quand on est d’une année supérieure. Mais la quantité d’aide apportée est propre à chacun.

Il n’y avait aucun problème à demander si nécessaire, mais là ça revenait à aider son ennemi.

Mlle. Chabashira — Bien qu’il y ait plus ou moins d’écarts entre les années scolaires, tout le monde se bat selon les mêmes règles. Par conséquent, afin de combler les écarts entre les années scolaires, les élèves les plus jeunes recevront des récompenses plus élevées, et les pénalités correspondantes seront plus légères.

Donc les ainés risquent des sanctions plus sévères ? Un peu comme pendant l’examen spécial d’avril où les élèves devaient trouver des partenaires. Lors de cet examen, bien qu’il s’agisse de la même épreuve, la sanction pour les 1ère était l’expulsion, tandis que les 2nde ne risquaient qu’une perte de points privés. Il y avait un monde entre les deux sanctions, quand même.

Mlle. Chabashira — Sur ce, je vais poursuivre et je vais passer, cette fois, à l’explication d’une partie des règles de l’examen de survie.

Le mot « partie » poussa les élèves à se regarder les uns les autres.

Mlle. Chabashira — En d’autres termes, toutes les règles ne seront pas rendues publiques aujourd’hui.

Chabashira nous demanda d’écouter attentivement, puis afficha quelque chose

à l’écran. Sur l’écran, le mot « groupe » ressortait.

Mlle. Chabashira — Pour comprendre les règles de l’examen de survie, vous devez comprendre les groupes.

Il semblait que l’introduction à cet examen particulier était beaucoup plus longue que prévue. Cela semblait être proportionnel à la difficulté de l’examen qui nous attendait.

Mlle. Chabashira — L’examen spécial de survie aura une règle qui permet à un maximum de 6 personnes de former un grand groupe pour travailler les unes avec les autres. Ayez bien ça en tête : tant que les personnes avec qui vous vous formez sont de la même année, vous pouvez vous mettre avec n’importe qui de n’importe quelle classe.

Horikita — Ce qui veut dire… que les élèves de 1ère sont nos alliés… ?

Horikita, qui avait l’habitude de croire que toute personne n’appartenant pas à sa propre classe était un ennemi, se parlait à elle-même, sa voix faisant écho dans la classe. Chabashira avait dû l’entendre, mais elle continua sans répondre.

Horikita — Pendant la période allant d’aujourd’hui au vendredi 16 juillet inclus, soit environ quatre semaines, vous pourrez sélectionner jusqu’à deux élèves de 1ère de votre choix pour former un petit groupe de trois personnes maximum. Les petits groupes constituent la base des grands groupes. Cependant, même si j’ai dit que vous pouviez vous mettre avec qui vous vouliez, il existe tout de même des règles. Premièrement, comme je l’ai déjà dit, vous ne pourrez vous mettre qu’avec quelqu’un de votre année. Donc pas de seconde ou de terminale.

En d’autres termes, on pouvait s’associer à des élèves de la 1ère A ou de la classe 1ère C, par exemple. Un maximum de quatre personnes pouvait se trouver dans un petit groupe créé par les 2nde, contre trois pour les 1ère et les terminale. C’était probablement l’un des handicaps préparés pour équilibrer chaque année scolaire. Cette règle était clairement affichée sur l’écran.

Une situation dans laquelle toutes les classes travaillent ensemble pour former

le groupe le plus fort pour la compétition était alors très probable. Surtout avec la possibilité de se regrouper entre classes !

Enfin, c’était probablement ce que les autres années allaient faire, alors pour être compétitifs nous devions en faire autant.

Mlle. Chabashira — Ensuite, pour la proportion de garçons et de filles à l’examen suivant, lorsque les garçons et les filles forment un groupe mixte, la proportion de filles par rapport aux garçons doit être d’au moins 2/3.

Cela signifiait que les combinaisons « 2 garçons et 1 fille », ou « 1 garçon et 1 fille » n’étaient pas autorisées. Les combinaisons possibles des petits groupes furent alors affichées.

Il y avait sept combinaisons au total.

Horikita — Que se passe-t-il si une personne ne forme pas de groupe… Ou, du moins, si elle ne trouve pas de partenaires ?

Mlle. Chabashira — Comme indiqué dans la liste des combinaisons possibles, un groupe d’une personne peut être formé. Bien que les avantages soient réduits, aucun problème particulier ne se posera. Cela est dû au fait que le prochain examen spécial peut être effectué quelle que soit la taille du groupe. Si quelqu’un, garçon ou fille, veut relever le défi tout seul, c’est autorisé !

Même s’il n’y avait rien de mieux que d’avoir le plus de personnes possibles, une personne seule pouvait certainement s’en sortir sans problème.

Mlle. Chabashira — Même s’il est tentant de penser que tout seul ce sera plus facile, avoir des coéquipiers est plus que bénéfique. Outre le nombre, des privilèges spéciaux sont accordés aux groupes ayant plus de personnes. Par conséquent je ne vous recommanderais pas de tenter l’examen en solo, sauf si vous n’avez pas le choix.

Si quelqu’un pensait mieux gérer tout seul, alors c’était bien. Le souci était que ça risquait de déséquilibrer le nombre de personnes et donc contraindre ces dernières à former des groupes plus réduits, voire finir en solo, alors qu’elles n’en n’ont pas envie. Pour un élève moyen, pouvoir former un groupe de 3 était sûrement le minimum pour être serein.

Mlle. Chabashira — Il n’y a que des avantages à former un groupe. Mais, attention : une fois créé, impossible d’en changer, quelle que soit la raison.

Après avoir formé un groupe, il semble que ses membres allaient devoir rester ensemble jusqu’à la fin de l’examen spécial.

Hirata — Nous ne pouvons pas changer de groupe, mais vous avez parlé de groupes de 6 personnes plus tôt… Or, là, vous nous dites qu’on ne peut former que des groupes de 3. Je ne suis pas sûr d’avoir tout saisi.

Mlle. Chabashira — Très bonne observation, encore une fois. Après le début de l’examen spécial, les petits groupes seront autorisés à se réunir. 2 groupes de 3 personnes ou 3 groupes de 2 personnes ou même

6 loups solitaires pourraient former un grand groupe. Cependant, il faudra appliquer les mêmes quotas que dans les petits groupes. Ainsi, dans un grand groupe de 4 personnes ou plus, le pourcentage de filles dans le groupe doit être d’au moins 50%.

Dans le grand groupe on passait donc d‘une proportion de 2/3 à 50% de filles. Dans le cas de pareilles restrictions, peut-être que s’en tenir à de petits groupes d’une ou deux personnes pouvait être une bonne idée au départ.

Mlle. Chabashira — De là, vous pourriez être tentés de former vos

groupes après le début de l’examen spécial. Mais en pratique, ce n’est pas forcément si facile de prendre 6 personnes isolées et de les convaincre en aussi peu de temps de travailler ensemble. Vous pourriez donc avoir de grosses difficultés à former le groupe de vos rêves.

Bien qu’être en petit comité pouvait avoir des avantages, il ne fallait pas oublier qu’il s’agissait d’une épreuve de survie sur une île déserte. Ainsi, former un groupe de trois personnes au préalable était plus sûr.

Sans tenir compte des abandons, sur l’ensemble de l’année, chaque classe comptait 40 personnes, donc 160 élèves par an avec quatre classes. À raison de 6 personnes maximum par groupe, cela faisait au moins 81 groupes dans toute l’école au début de l’examen. Ce chiffre étant le minimum, en pratique il allait y avoir bien plus de grands groupes en compétition puisque tous n’allaient pas être composés de 6 personnes.

Mlle. Chabashira — Bon, je sais aussi que le fait de vous demander de former des groupes, comme ça, pourrait vous laisser perplexes. Après tout, si vous ne connaissez pas le contenu de l’examen, vous ne serez pas en mesure de cibler les personnes dont vous avez besoin.

Vraisemblablement, tout le monde pensait de cette façon. Chabashira poursuivit.

Mlle. Chabashira — Je ne peux pas vous dire le contenu du prochain examen. Cependant, je vais au moins évoquer les capacités utiles.

Après avoir dit cela, elle regarda les élèves qui arboraient des expressions raides.

Mlle. Chabashira — Lors de l’examen de l’île déserte de l’année dernière, certains élèves ont pu être frustrés de ne pas pouvoir faire usage de leurs capacités. Cette année, il en sera autrement puisque toutes les qualités seront requises : bonne capacité académique, bonne capacité physique, réflexion, communication… Sans parler de vos talents personnels.

Comme d’habitude, être seulement bon en cours et en sport n’était plus suffisant. Donc, de façon générale, plus quelqu’un était polyvalent, plus il avait d’avantages.

À première vue, il était difficile de voir le lien entre une île inhabitée et les études. Mais un exemple tout bête me le fit comprendre : la nourriture pouvait, éventuellement, n’être obtenue qu’en répondant correctement à des questions. Typiquement, dans ce genre de situation, un groupe uniquement composé de personnes athlétiques serait dans le pétrin.

Mlle. Chabashira — Bien qu’il soit important de choisir des personnes avec qui vous vous entendez bien, vos résultats à cet examen ne dépendront que du niveau général de votre groupe. Ainsi ne négligez pas les talents lors de votre recherche de partenaires.

Pour résumer : les élèves ayant les indices de capacités les plus élevés allaient être les plus utiles, mais se mettre avec des gens proches était tout de même une bonne idée. Nous ne connaissions pas le contenu de l’examen, et il était possible qu’un travail d’équipe efficace puisse faire toute la différence.

Mlle. Chabashira — Avoir 6 paires de bras et 6 cerveaux par groupe est un gros plus, comme je l’ai dit. Mais c’est surtout un avantage par rapport aux modalités d’abandon. Par exemple, comparez deux situations : Hirata passe l’examen en solo, et dans un autre cas, il se met avec Sudou et Hondô.

Après que Chabashira ait fini de taper quelque chose sur la tablette, l’image sur l’écran changea. Étaient affichés deux groupes : un groupe de un, avec le nom de Hirata et un groupe de trois incluant Hirata. Les bordures de chaque nom étaient colorées en bleu.

Mlle. Chabashira — Supposons que pendant l’examen spécial, Hirata soit victime d’une sorte d’accident et ne puisse pas continuer. Bien sûr, s’il participait seul, son groupe serait immédiatement disqualifié et paierait les pénalités.

Le cadran portant le nom de Hirata dans le groupe solo devint rouge, indiquant

sa disqualification.

Mlle. Chabashira — D’un autre côté, que se passerait-il si Hirata abandonnait dans le groupe de trois… ?

Bien que le nom de Hirata devint rouge, les noms des deux autres membres du groupe restèrent bleus.

Mlle. Chabashira — Alors que Hirata sera disqualifié et renvoyé sur le bateau, les deux autres membres pourront  continuer  l’examen sans problème. Et si ce groupe persévère jusqu’à la toute fin et ob- tient la première place, Hirata, en tant que membre du groupe, sera également considéré comme ayant terminé à la première place.

En d’autres termes, même s’il y avait des abandons, tout allait bien tant que le groupe survivait ? En gros, avoir moins de personnes dans un groupe paraissait tout de suite moins intéressant.

Mlle. Chabashira — Peu importe le nombre de personnes qui abandonnent au milieu de l’examen, le groupe peut continuer à fonctionner sans problème jusqu’à ce que la dernière personne abandonne. Pour faire simple, plus il y a de personnes dans un groupe, plus il a de chances de survivre.

C’était bien ce que je pensais.

Peu importe les capacités d’un élève, personne n’était à l’abri d’un accident ou d’être malade, par exemple. Ainsi, former un groupe de six personnes était une condition essentielle à la victoire.

Mlle. Chabashira — Maintenant que vous connaissez l’importance des groupes, je vais aborder les récompenses.

Le moment était venu de mesurer l’importance de cet examen.

D’après ce qui était montré à l’écran, les récompenses en points de classe et en points privés étaient assez conséquentes. Le classement des classes pouvait se  retrouver  totalement  chamboulé  si  les  trois  premières  places  étaient occupées par la même classe. Mails il y avait plusieurs choses bizarres à noter.

Mlle. Chabashira — Voici donc la liste des récompenses pour cette fois. Dans la mesure où vous ne pourrez pas vous mettre avec quelqu’un d’une autre année, cette fois, vous et les autres années serez bien évidemment en concurrence. Cependant, les récompenses et les pénalités seront distribuées par groupe et par classe. En d’autres termes, si un groupe composé uniquement d’élèves de la classe D obtient la première place, les récompenses pour la première place seront entièrement données à la classe D. En revanche, si un groupe composé d’élèves des quatre classes obtenait la première place, les récompenses seraient divisées à parts égales entre les quatre classes. Ainsi, par

exemple, un groupe composé des meilleurs élèves de chaque classe

pourrait avoir plus de chances de gagner, mais cela aurait moins de chose d’avoir un impact sur le classement général.

Oui, dans un pareil scénario, les 300 points de classe seraient simplement divisés de manière égale entre les quatre classes. Ce qui ne changerait pas grand-chose globalement. Non, de toute façon, à ce stade actuel où nous ne pouvions former que de petits groupes de trois personnes maximum, il était peu probable qu’une classe se joigne à nous.

Mlle. Chabashira — Et comme vous avez pu le voir, la colossale récompense totale de 600 points de classe pour les trois premiers groupes sera collectée de manière égale sur les points de classe des années des trois derniers groupes placés. Par exemple, si le groupe classé premier est un groupe de première et que le groupe classé dernier est un groupe de 2nde, la récompense sera prélevée de manière égale sur les points de classe de chaque classe de 2nde. De même entre le groupe placé en deuxième position et l’avant-dernier, ainsi que le groupe placé en troisième position et l’avant avant-dernier groupe.

En d’autres termes, cela risquait de devenir une situation où des années différentes se volent littéralement des points de classe.

Mlle. Chabashira — Ensuite, à titre de comparaison, je vais expliquer ce qui se passera dans le cas où les groupes du haut et du bas sont de la même année. Dans cette situation, il y aura un arrangement spécial. Les classes du dernier groupe placé devront payer 100 points chacune aux classes du premier groupe, tandis que les classes de l’avant-dernier groupe devront payer 66 points chacune, et l’avant-dernier groupe 33 points chacune. Si une classe gagne seule la première place, elle recevra 300 points, mais si cette classe a aussi un élève seul dans un groupe en dernière place, 100 points seront déduits et elle n’obtiendra alors que 200 points.

Les points qu’un groupe mixte de quatre classes recevrait s’il gagnait sont de 75 points par classe.

Même si une classe a un groupe en 1ère place, si un groupe contenant des

élèves de sa classe arrive en dernière place, la classe serait toujours perdante.

Mlle. Chabashira — De plus, si les points de classe prélevés n’atteignent pas le montant de la récompense, l’école comblera la différence. Cette règle s’applique également aux prélèvements entre années.

Donc les récompenses étaient tout de même garanties, même si une classe était insolvable.

Mlle. Chabashira — De plus, si un groupe composé de quatre classes termine dernier, le nombre de points de classe à prélever sera légèrement réduit. Les 1re, 2e et 3e dernières places seront réduites respectivement à 75, 50 et 25 points de classe, ce qui représente, là encore, une charge égale.

Une sorte de bonus car travailler ensemble dans cet examen allait se révéler compliqué ?

Mlle. Chabashira — Il y aura, bien sûr, des pénalités pour les groupes placés en bas du classement. Outre les points de classe dont nous venons de parler, les élèves des 5 derniers groupes seront expulsés.

Tout le monde retint son souffle.

Alors 5 groupes, jusqu’à 30 personnes, pourraient être expulsées.

Ike — Et si ça arrivait avec que des élèves de la 1ère D…

Mlle. Chabashira — Alors, dans le pire des cas, la classe D serait réduite à 9 personnes. Mais ce serait extrêmement étonnant, tout de même. D’autant qu’il y aura la possibilité de payer 6 millions de points privés pour sauver un groupe. Ce montant se partage entre membres du groupe : ainsi, pour un groupe de 6, cela fait 1 millions chacun.

Alors il y avait un moyen de s’en sortir, si jamais.

Mlle. Chabashira — Après le début de l’examen, vous ne pourrez pas

emprunter ou prêter des points les uns aux autres. Par conséquent, il est nécessaire de conserver suffisamment de points pour se sauver de la pénalité sur son propre téléphone avant de monter à bord du bateau.

La possibilité de s’entraider après n’existant pas, il semblait donc nécessaire de réunir des points à l’avance avant que l’examen spécial ne commence.

Hirataa — Dans le groupe pénalisé, il peut y avoir des élèves qui peuvent payer et d’autres qui ne le peuvent pas. S’il y a ne serait-ce qu’une seule personne insolvable, que se passera-t-il ?

Mlle. Chabashira — Ne t’inquiète pas pour ça, même si 5 des 6 élèves n’ont plus de point, l’autre élève qui en a assez peut sauver sa peau s’il a les points.

Alors donc il n’y avait pas à s’inquiéter que les autres nous entraînent dans leur chute.

Mlle. Chabashira — Y a-t-il des questions ?

Celle qui leva la main maintenant n’était autre que Horikita, qui était assise juste en face de Chabashira.

Horikita — Former un groupe avec des élèves d’autres classes divise la récompense en parts égales entre les classes. Cette règle n’aurait-elle pas pour conséquence d’inciter les personnes à ne choisir que des gens de sa propre classe ?

Horikita se disait que travailler dur pour survivre et remporter la victoire juste pour que les points de classe soient répartis équitablement entre les classes n’était sûrement pas très utile.

Mlle. Chabashira — Si tu décides qu’il n’y a aucun avantage à cela, alors tu peux simplement former des groupes avec des élèves de ta propre classe. C’est tout.

Chabashira répliqua en nous disant de trouver par nous-mêmes ce qu’il faut

faire. Il n’existait pas de solution objectivement correcte à ce problème. Mais ce qui était certain, c’est que si l’on voulait monopoliser les récompenses et que l’on créait des groupes avec uniquement ses camarades de classe, les groupes allaient être obligés de se livrer à des batailles difficiles et certains pourraient même encourir le risque d’expulsion. D’un autre côté, augmenter le nombre de classes dans un groupe diminuait la récompense elle-même, mais ouvrait la porte à des groupes plus larges et permettait de contrôler le risque de pénalité. Bien sûr, cela pouvait aussi créer d’autres risques.

Former des groupes pour survivre sur l’île déserte… Voici un résumé des informations que Chabashira nous avait données.

  • Tout d’abord, nous devions tenir jusqu’à deux semaines sur l’île.
  • En raison de la variété des capacités nécessaires, les groupes ayant une force globale plus élevée avaient un avantage, mais l’unité de l’équipe ne devait pas être ignorée.
  • Les meilleurs groupes allaient recevoir des récompenses spéciales telles que des points de classe, des points privés, des points de protection. Mais les points de classe seraient divisés de manière égale par le nombre de classes dans les groupes
  • Les groupes devaient être formés de 1 à 6 personnes, et plus il y avait de personnes, plus c’était avantageux notamment à cause des risques d’élimination/abandon.
  • Les groupes les plus faibles étaient exposés à des pénalités, y compris l’expulsion.
  • Dans le respect des règles, on pouvait former librement des petits groupes dans son année. Jusqu’à 3 personnes).
  • Former des grands groupes pendant l’examen n’allait pas être facile.

C’était l’essentiel, mais tout ça ne donnait toujours pas une vision exhaustive de l’examen.

Mlle. Chabashira — Je vous ai donné à tous une explication fastidieuse jusqu’à présent. Je vais aborder le dernier morceau.

Chabashira prit une inspiration et poursuivit.

Mlle. Chabashira — Regardez donc l’écran.

Le moniteur changea d’écran, affichant 8 éléments.

Aperçu des cartes de base

Début d’examen : Au début de l’examen, les points utilisables sont multipliés par 1,5.

Bonus : Le propriétaire de cette carte obtient deux fois plus de points privés de récompenses.

Réduction : En cas de pénalité, réduit de moitié le nombre de points privés à payer. Uniquement valable pour le titulaire de la carte.

Rente : Désigne un groupe au début de l’examen. Celui qui tire cette carte reçoit en prime la moitié des points privés gagnés par le groupe désigné. Le fait de rejoindre le dit-groupe annule l’effet de la carte.

Carence : Si le propriétaire de cette carte doit être éliminé pour des soucis de santé, donne à cette personne un jour de grâce pour se rétablir. Non valable si l’élimination est due à une transgression des règles par l’élève.

Aperçu des cartes spéciales

Membre supplémentaire : Le propriétaire de cette carte peut rejoindre un groupe en tant que 7ème personne. Cette carte peut être utilisée une fois que l’examen commence, et le ratio requis de garçons et de filles ne s’appliquera pas.

Nullité : En cas de pénalité, réduit le nombre de points privés à payer à 0. Valable uniquement pour le titulaire de la carte.

Quitte ou double : Obtient le droit d’obtenir 1,5 fois plus de points de classe grâce aux récompenses de l’examen spécial. Cependant, le groupe sera pénalisé s’il n’entre pas dans les 30 % supérieurs. L’école fournira les points de classe supplémentaires pour les récompenses.

Ike — Quoi, qu’est-ce que c’est ?

Mlle. Chabashira — Ce sont des modalités qui peuvent affecter l’examen de survie. Tout le monde recevra une carte. Tu aurais pu comprendre en lisant qu’il s’agissait majoritairement de bonus.

Il s’agissait d’une gamme de 8 types de cartes au total, allant des cartes qui permettraient d’obtenir un avantage lors de l’examen spécial aux cartes conçues pour la défense. Ces dernières étaient utiles pour se protéger, mais certains pourraient considérer de tirer ce genre de cartes comme un échec. La carte la plus délicate était probablement la « Quitte ou double », qui contenait le seul inconvénient. Elle permettait certes de maximiser les récompenses, mais se placer dans les 30 % supérieurs n’était pas garanti du tout.

Mlle. Chabashira — Chaque élève recevra une de ces huit cartes au hasard. Les cartes seront distribuées demain matin. Jusqu’à ce que l’examen spécial ne commence, vous pourrez échanger la carte que vous recevrez mais uniquement entre élèves d’une même année. Tout le monde peut vérifier qui détient quelle carte dans l’OAA. Vous pouvez même vendre une carte, ou alors en acheter plusieurs. Toutefois, les effets des mêmes cartes ne se cumulent pas, donc il n’y a absolument aucun intérêt à obtenir deux cartes identiques.

Mlle. Chabashira — De plus, les trois cartes spéciales seront distribuées au hasard et chaque année scolaire ne recevra qu’une seule de chaque type. Par conséquent, il est possible qu’une classe se retrouve par hasard avec les trois cartes spéciales. Ce sera tout.

Des explications concernant les instructions de l’examen de survie sur une île inhabitée, et des récompenses et pénalités. Et puis des explications concernant la distribution d’objets connus sous le nom de cartes. À ce stade, nous avions enfin fini d’écouter le long aperçu de l’examen de survie.

Mlle. Chabashira — Certains d’entre vous n’auront peut-être pas tout compris maintenant. Toutefois, avant la pause déjeuner, un manuel sera automatiquement envoyé sur la tablette de chacun. L’occasion pour vous de vous documenter plus en profondeur.

Juste au moment où Chabashira termina ses explications, la sonnerie retentit et le premier cours se termina.

Mlle. Chabashira — Vous aurez tout le temps de mettre au point vos stratégies pour vos groupes.

Sur ce conseil, Chabashira quitta la classe. Les élèves se rassemblèrent après cela.

Dans ces circonstances, Kôenji, qui était assis à ma gauche sur un siège vide, quitta son bureau et sortit. Bien que cela ressemble à son comportement égoïste habituel avec lequel nous étions devenus très familiers, il marchait plus vite que d’habitude. Je trouvais que le comportement de Kôenji était un peu étrange et je décidai donc de le suivre.

Pour ne pas me faire remarquer, j’essayais d’éliminer le bruit de mes pas et d’être le plus discret possible. Cela dit, nous n’étions pas sur une île déserte, il y avait moins de cachettes. Toutefois, les gens normaux ne passent généralement pas leur vie à se méfier d’être suivis. Supposons qu’un amateur suive un autre amateur, même en cas de faux-pas il ne se fera probablement pas remarquer.

Peu de temps après, je pus entendre Chabashira et Kôenji non loin. Je retins mon souffle et branchai mes antennes.

Mlle. Chabashira — Alors, de quoi voulais-tu parler, Kôenji ?

Kôenji — Je pense juste que vous n’avez pas expliqué un point crucial.

Chabashira, qui se tenait vraisemblablement face à face avec Kôenji, attendait sa question.

Mlle. Chabashira — Un point crucial ?

Kôenji — Si une personne qui passe l’examen spécial seule tombe malade dès le début, que se passe-t-il alors ?

Mlle. Chabashira — Et moi qui m’interrogeais sur ce que tu allais me demander. Comme c’est ennuyeux.

Bien que je ne puisse pas la voir, Chabashira rit de manière assez cocasse.

Mlle. Chabashira — Tu t’es retiré de l’examen l’année dernière en prétex- tant une maladie, n’est-ce pas ? Malheureusement, cela ne fonctionnera pas cette année. Tu seras pénalisé sans aucun traitement spécial. En d’autres termes, tu devras payer 6 millions de points privés. D’après ce que tu as en main, c’est impossible.

Kôenji — Fufu, c’est vrai. Je suis une personne avare et insatiable, alors c’est assez troublant.

Alors même cette fois, Kôenji semblait avoir prévu de se retirer comme d’habitude. Mais il n’y avait aucun moyen pour un participant solo à cette épreuve de s’échapper comme ça.

Mlle. Chabashira — Alors qu’est-ce que tu vas faire ? Te faire enfin expulser mais en homme libre ?

Kôenji — Vraiment, je me demande ce que je devrais faire ? Vous pouvez

y aller, madame !

Kôenji semblait être satisfait de la réponse de Chabashira, alors il lui demanda de partir. En un instant, le bruit de ses pas s’éloigna de plus en plus jusqu’à disparaître. Kôenj allait probablement en faire de même aussi, donc inutile de rester. Du moins c’est ce que je me disais mais…

Kôenji — Au fait, qui est en train de m’espionner là ?

Kôenji m’avait remarqué. Je pouvais le dire rien qu’à la direction dans laquelle il regardait, c’est-à-dire la mienne.

Kôenji — Tu sors quand tu veux.

Il n’avait pas dit ça sur un coup de tête. Il était aussi vif qu’un animal… Bien que j’aurais pu retourner dans la salle de classe sans montrer mon visage, je décidai de lui faire face directement.

Kôenji — Ho mais c’est le petit Ayanokôji ! Qu’est-ce que tu me veux ?

Sans même un soupçon de surprise, il me désigna. Plus qu’il ne l’avait prédit, c’était comme s’il ne se souciait tout simplement pas de savoir qui c’était.

Moi — Horikita m’a dit de garder un œil sur tes actions. « Nous ne savons pas comment Kôenji agira », a-t-elle dit.

Kôenji — Hmm.

Kôenji se dirigea lentement vers moi, ses yeux m’évaluant.

Kôenji — Tu sembles être doué pour te cacher. Mais je n’arrive pas à lire en toi, petit Ayanokôji. Donc je ne me fierai pas à tes paroles.

Moi — Je ne me souviens pas que tu pouvais faire confiance à quelqu’un.

Kôenji — Fufufu, c’est vrai. Je n’ai confiance en personne, sauf en moi-

même. C’est plutôt que je ne m’intéresse à personne d’autre.

Kôenji, qui s’était approché, s’était arrêté de marcher pendant un moment.

Kôenji — Et tu ne fais pas exception à cette règle, Ayanokôji.

C’est vrai qu’alors que j’avais obtenu la note parfaite en mathématiques, Kôenji avait quitté la classe sans la moindre expression sur le visage. Et ce n’était pas une espèce de remise à plus tard. Je ne voyais pas un seul mensonge dans les paroles de Kôenji.

Moi — Que vas-tu faire à cet examen spécial ?

Kôenji — Oui… En parlant de ça, je peux rejoindre ton groupe ?

Je ne m’attendais pas à cette proposition. Après il était vrai qu’il lui fallait juste trouver quelqu’un, n’importe qui, pour se retirer après le début de l’examen.

Moi — Désolé, mais je vais devoir refuser. Je n’ai pas le luxe d’accepter quelqu’un qui va nous lâcher dès le début.

Kôenji — Fufufu, tant pis !

Moi — Mais tu es sûr de toi là ? Même si tu trouves un groupe que tu peux rejoindre, tu finiras par devoir mettre ton destin dans les mains d’autres personnes.

Kôenji — C’est vrai, si j’abandonne en ne faisant rien !

Kôenji fit de nouveau un pas, en avançant.

Kôenji — Que dois-je faire ? Je vais y réfléchir soigneusement jusqu’à ce que l’examen commence officiellement.

En laissant derrière lui ces mots, Kôenji retourna dans la salle de classe.

2

Hirata — Encore un examen spécial sur une île déserte. Même si bon, je m’y attendais.

Horikita — Je me disais que c’était possible, et c’est vraiment arrivé !

De retour dans la classe, je vis que le bla-bla sur l’examen spécial post- explications de Chabashira avait déjà débuté ! Tout le monde, Yôsuke inclus, s’était rassemblé autour du siège de Horikita au premier rang, faisant le point sur la situation actuelle.

Kôenji était également retourné à son siège, regardant son miroir comme d’habitude, s’en délectant.

Horikita — La partie la plus importante de cet examen est que, bien qu’il y ait certaines conditions, nous pouvons former des groupes avec n’importe qui de la même année sans limite.

C’était une nouvelle règle qui n’avait jamais existé dans les examens spéciaux jusqu’à présent. Et au final, l’apparition d’une telle règle dépassait notre entendement.

Sudou — Et la distribution des points de classe lorsque tu gagnes, c’est comment ? J’ai pas trop compris le charabia de la prof mais en gros il y a peu ou pas d’avantages à se regrouper avec d’autres classes, nan ?

Exactement. Les pensées de Sudou étaient d’une évidence absolue. Cet examen spécial n’était pas seulement une compétition entre les années, mais aussi une bataille entre les classes de la même année. Former des groupes composés de membres de sa propre classe uniquement était le seul moyen de réussir efficacement cet examen.

Malgré cela, l’école avait préparé quelques règles intéressantes.

Se regrouper avec des élèves forts de l’année scolaire permettait d’accéder plus facilement aux récompenses supérieures, faible risque et faible récompense. D’un autre côté, se regrouper avec seulement des membres de la même classe présentait une opportunité à haut risque mais à haute récompense.

La situation idéale était de former des groupes de 2 ou 3 personnes de sa classe, puis de se regrouper en plus grands groupes plus tard.

Cependant, former de grands groupes après le début de l’examen spécial n’allait pas être facile. S’il n’y avait pas eu de garantie de pouvoir former librement un groupe avant, le danger d’échouer aurait été exponentiellement plus élevé. Malgré cela, il était également vrai que cet examen spécial était plus destructeur que ceux qui l’avaient précédé. Si une classe obtenait les trois premières places, elle recevrait 600 points de classe. Si la classe 1ère D atteignait cet objectif, cela aurait été un billet express pour la classe 1ère B.

Horikita — Mais si nous ne comptons que sur notre classe, nous passerons à côté des talents disponibles dans les autres. De plus, si notre classe est la seule à rester endogame pendant que les autres classes s’unissent, le pire scénario serait que seule la classe D prenne du retard à mesure que l’écart se creuse.

Cela aurait été idéal de ne gagner qu’avec la classe D, mais au bout du compte, ce n’était qu’une pensée naïve. Si une classe choisissait de se débrouiller par elle-même, elle risquait d’être prise pour cible par les trois autres classes travaillant ensemble. Perdre pour cette classe signifiait finir au fond du trou.

Horikita — Cela peut valoir le coup d’essayer, quitte à ne pas finir dans le top 3. Néanmoins, si au contraire l’essentiel de nos groupes finit en queue de classement alors nous nous exposons à des expulsions. En d’autres termes, si nous ne sommes pas sûrs de nous… Non, si nous ne pouvons pas être certains de la victoire, alors nous devrons simplement former des groupes de 6 avec les autres classes.

Un examen spécial comme celui-ci, dans lequel les autres classes étaient à la

fois camarades et ennemis, allait être encore plus délicat que tout ce qui avait précédé.

Hirata — Vu comme ça, ne serait-ce pas aussi une bonne stratégie de former des groupes avec les élèves des autres classes dès le départ ? Cependant, il n’y a aucune garantie que nous soyons les bienvenus. Après tout, quand bien même une personne peut avoir compris l’intérêt de travailler avec d’autres classes, je pense que les gens chercheront dans la mesure du possible à éviter de former des groupes mixtes. Surtout avec la D.

Et donc, en partant du principe qu’il fallait former des groupes, dans quelle direction devions-nous commencer à manœuvrer ? Répondre à cette question allait nous permettre de démarrer.

Horikita — Comment vont agir Sakayanagi, Ryuuen et Ichinose ? Hmm…

Pour décider de notre stratégie, Horikita se basa sur les paroles de Yôsuke pour s’adresser à tout le monde.

Horikita — La classe A, qui était en position de tête, ne sera probablement pas troublée par l’alliance des autres classes. Le groupe qui gagne n’a pas d’importance, tant que l’écart entre les points des classes ne se réduit pas beaucoup. Au contraire, les trois autres classes qui placées en dessous d’eux, ce qui nous inclut, aimeraient réduire cet écart.

Sudou — Alors tu penses quoi d’une alliance entre les trois classes ? Entre les classes B à D, pour empêcher toute nouvelle extension de l’écart entre la classe A et nous. Pouvoir aussi réduire cet écart avec la classe A ne serait pas mal.

Sudou, qui écoutait la conversation, avait eu une plutôt bonne idée : unir nos forces contre un ennemi commun, pour assiéger ensemble la classe A.

Horikita — « L’ennemi de mon ennemi est mon ami », c’est ce que tu

veux dire. Ce n’est pas une mauvaise idée d’isoler la classe A. Ichinose acceptera probablement cette proposition.

Hirata — Mais si nous proposons d’isoler la classe A, nous devons nous préparer à des représailles. Connaissant Sakayanagi, il est juste de dire qu’elle utiliserait impitoyablement ses ressources pour s’occuper même de nous, la classe la plus basse.

Normalement, l’énergie de la classe A était en théorie concentrée sur la B. Mais, comme le souligna Yôsuke, Sakayanagi avait tendance à ne jamais laisser ses proies s’échapper une fois qu’elle les avait ciblées.

Hirata — Nous devons quand même nous rapprocher discrètement des classes supérieures dès que possible.

Horikita — Même si les trois classes devaient s’allier, il est préférable que ce ne soit pas nous qui fassions cette proposition.

Ce faisant, c’étaient les auteurs de la proposition qui risquaient d’affronter la colère de Sakayanagi.

Plus facile à dire qu’à faire.

Le plus gênant dans cet examen spécial, c’est que rester uniquement au sein de sa classe ne pouvait pas résoudre tous les problèmes. Peu importe l’intensité de la discussion, on n’arriverait à rien. Si nous ne pouvions pas saisir ce que les classes B et C pensaient réellement, si aucune directive unifiée n’était mise en place, alors cela ne rimait à rien.

Et quand bien même il était question de discussions, cela allait se révéler plus difficile que prévu. Ichinose mis à part, il était par exemple difficile d’imaginer que Ryuuen accepte volontiers. Si Sakayanagi prenait connaissance de cette information, elle n’allait pas rester les bras croisés.

Horikita — Il semble difficile de prendre une décision ainsi…

Même s’il y avait plus d’un mois pour former les groupes, il ne valait mieux

pas trop attendre le dernier moment au risque de rater le train.

Horikita — Ce serait d’une grande aide si une autre classe faisait une proposition similaire…

Les élèves de la classe D avaient beaucoup de mal à le faire.

Hirata  —  Le  simple  fait  d’essayer  de  réfléchir  par  nous-mêmes  à l’organisation des groupes est assez compliqué.

Outre la formation cruciale des groupes, il y avait d’autres éléments importants : les cartes avec divers effets. Le lendemain, l’école allait donner à chaque élève une carte unique qui ne pourrait pas être transférée entre camarades de classe. De plus, les cartes faisant une fois l’objet d’un transfert ne pouvaient pas être remises dans les mains de leur propriétaire initial. En d’autres termes, on ne pouvait les échanger, les acheter ou les vendre qu’avec des élèves extérieurs à sa classe.

Horikita — Je pense que la plupart des gens vont agir demain. Ne serait- ce que pour cette histoire de cartes.

Hirata — Oui. Rassembler les cartes efficaces dans les groupes est également un point essentiel à prendre en compte.

Le lendemain, le démarchage débuta. Bien sûr, la situation des classes, y compris de la classe D, allait connaître d’importants changements.

3

Après les cours, les téléphones portables des élèves qui avaient d’excellentes capacités scolaires ou physiques sonnèrent en même temps. Horikita s’approchait de moi alors qu’elle observait tout ça de ses yeux.

Horikita — On dirait que tout le monde est au taquet. Après tout, il est naturel de vouloir intégrer les élèves exceptionnels dans son groupe.

Quelles que soient les stratégies de la classe à laquelle tu appartiens, le premier à faire son coup ne perdrait rien.

Moi — Personne ne t’a appelé, Horikita ? Horikita — Il faut croire que non.

Moi — Je vois. Après tout, il n’y a que très peu de personnes qui ont tes coordonnées.

Horikita — Tu le savais déjà, et pourtant tu as délibérément posé cette question. Quelle indélicatesse ! Et toi alors, « M. Maths » ? Ton téléphone portable est étonnamment silencieux.

Horikita me retourna la question, alors je jetai un œil à mon téléphone qui n’avait pas encore émis de son.

Moi — Malheureusement, ma batterie est morte. Je ne l’ai pas chargée depuis deux ou trois jours.

Horikita — Je suppose que c’est ce qui arrive quand on se sert moins de son téléphone.

Même si je voulais nier, elle n’avait pas tort. On charge beaucoup moins son téléphone quand on s’en sert moins souvent !

Moi — Ne dois-tu pas faire plus attention aux autres ? Ce sera vraiment gênant pour la suite s’ils forment des groupes à la hâte maintenant.

Horikita — Je leur ai déjà donné des instructions sur ce qu’ils doivent faire. Je l’ai résumé d’une manière facile à comprendre et je l’ai envoyé à tout le monde. Mais tu ne l’as probablement pas remarqué, puisque ta batterie était à plat.

Pendant que Horikita disait cela, elle tourna l’écran de son téléphone portable vers moi.

Horikita : Je m’adresse à vous tous. Ne formez pas de groupe avant que la classe D ne parvienne à des accords concrets.

Horikita : Si vraiment vous voulez choisir un groupe, contactez moi, Horikita.

Il semblait qu’elle avait anticipé cette situation, et mis en place un règlement minimum.

Moi — Sauf qu’en pratique tu en demandes beaucoup, car cette question dépend finalement du jugement personnel de chacun.

Avec qui se regrouper ou non, c’était en effet une question de choix personnel. Il n’était pas raisonnable de former un groupe avec des personnes qui ne correspondaient pas à sa personnalité par exemple. Même si les quatre classes travaillaient ensemble, il n’existait pas de combinaison idéale de groupes où personne ne risquait l’expulsion.

Pour cette raison, elle ne pouvait faire que quelques suggestions.

J’avais toujours mon chargeur de téléphone sur moi, alors je le branchai et quittai mon siège, car il y avait peut-être des élèves dans la classe qui écoutaient notre conversation.

Horikita — Y a-t-il eu des communications de la part d’Ichinose ? Il ne serait pas étrange qu’elle propose un plan d’entraide général.

Moi — Il ne semble pas y avoir encore de contact de sa part. Ni la classe A ni la classe B n’ont fait de propositions. Si les 1ère le voulaient, je pense qu’on en aurait eu vent à ce stade.

Si les gens s’associaient sans permission en fonction de leurs propres préférences, la coopération allait devenir difficile. S’il n’y avait pas de plans pour une discussion pacifique dès le début, cela allait finir en affrontement général. Si Horikita voulait établir une relation de coopération entre les classes, elle devait prendre des mesures préventives dès le début.

Horikita n’avait pas montré de signes particuliers de mécontentement lorsque je quittai mon siège. Elle me suivit plutôt, comme si elle avait encore quelque chose à dire.

Après être entrée dans le couloir et avoir confirmé qu’il n’y avait personne, elle s’adressa de nouveau à moi.

Horikita — Pour cet examen, peux-tu obtenir la 1ère place tout seul ?

Moi — C’est trop risqué. La seule chose que nous savons pour l’instant, c’est que c’est un examen spécial de survie sur une île.

Horikita — Je me demandais si toi, qui a obtenu une note parfaite en maths, avait même besoin d’un groupe.

Quel genre de raisonnement était-ce ? On aurait dit qu’elle essayait de se persuader de quelque chose.

Horikita — Si nous arrivons en première place, notre classe D gagnera des points à coup sûr. Nous pouvons laisser les 2nde et les terminale se battre pour la 2ème et 3ème place. C’est mieux que de laisser d’autres 1ère l’obtenir.

Plus facile à dire qu’à faire.

Moi — Si c’est le cas, nous n’aurions alors qu’à former d’autres groupes

pour simplement éviter les abandons.

Créer des groupes forts pour gagner revenait à créer des groupes faibles, inévitablement.

Moi — Mais tout le monde ne peut pas se permettre de payer les points privés nécessaires pour éviter l’expulsion.

Horikita — Oui. Pour les élèves qui sont un peu inquiets, j’aimerais collecter autant de points privés que possible. Mais si l’élève qui me prête des points recevait la sanction d’expulsion, ce serait terrible.

Il n’y a rien de plus futile que d’aider quelqu’un à réussir tout en échouant soi- même.

Moi — Si tu ne veux pas cela, alors tu ne peux demander qu’aux élèves ayant un surplus de points.

Cela pouvait fonctionner, mais ces élèves étaient une minorité.

Moi — Bien qu’une méthode qui n’entraînerait aucun abandon existe, je ne suis pas sûr qu’il y ait des volontaires.

Horikita — Le plan pour se retirer intentionnellement dès le début ?

Il semblait que Horikita avait déjà remarqué une faille dans cet examen. Selon les règles, seuls les 5 premiers groupes à se retirer risquaient l’expulsion. Dans ce cas, si nous préparions intentionnellement 5 groupes sacrifiés et les laissions se retirer, le reste des élèves n’aurait pas à s’inquiéter de se faire expulser. Cependant, pour faire cela, il fallait préparer un total de 30 millions de points privés, sans parler du fait que les années des trois premiers groupes prendraient des points de classe aux années des trois derniers groupes. Même si les groupes étaient dans la même classe, les récompenses seraient légèrement diminuées. Cela n’avait aucun avantage du tout. Le fait que les trois groupes du haut et les trois groupes du bas soient liés entre eux pouvait être un signe que l’école tentait d’empêcher cette configuration.

Moi — Je suppose que c’est à nous de faire de notre mieux pour gagner l’examen.

Horikita — C’est vrai. Je pourrai te consulter à nouveau ?

Horikita, qui s’était arrêtée de marcher, me demanda cela.

Moi — Tant que c’est dans mes cordes ! Horikita — Super, merci.

Il semblait que Horikita avait quelque chose à dire à quelqu’un, car elle retourna dans la salle de classe.

Je regardai son dos pendant qu’elle partait, et je décidai de me diriger vers la sortie.

4

J’étais en train de passer du couloir à la sortie.

Ishizaki — Yo !

La personne qui me salua alors que je regardais l’écran noir de mon téléphone avant qu’il ne s’allume, était un élève de la classe 1ère B, Ishizaki Daichi. Il souriait jusqu’aux dents. Les nouvelles étaient donc réjouissantes pour lui ?

Ishizaki — J’ai essayé de te contacter sur ton tél, mais je n’ai pas eu de réponse.

Moi — Désolé, il se trouve que je suis à plat !

Ishizaki — C’est rien ! Donne-moi juste quelques minutes, ok ?

Moi — C’est pour me faire un sale coup ?

Ishizaki — Quel humour ! Est-ce qu’un gars qui peut t’intimider existe vraiment dans cette école ?

Ishizaki répondit également sur le ton de l’humour.

Ishizaki — Ne me dis pas que tu es occupé après ça ? Moi — Non, j’allais rentrer.

Ishizaki — Vraiment ? Alors il n’y a pas de problème. Viens avec moi !

Avec un sourire qui ne me laissait aucune chance de parler, Ishizaki me fit signe de la main et s’avança.

Comme d’habitude, je ne voulais pas trop attirer l’attention ici donc je me mis à le suivre. Après tout, je n’avais rien d’autre à faire.

Mais   alors   que   je   tournais,   un   mur   incroyablement   grand   apparut

soudainement devant mes yeux. Non, ce n’était pas un mur. C’était le camarade de classe d’Ishizaki, Yamada Albert.

Il portait des lunettes de soleil et posa sa main droite impressionnante sur mon épaule.

Albert — Salut.

Moi — Salut.

Je n’étais pas vraiment sûr de ce qui se passait, alors je lui répondis timidement avec le même mot. Mais qu’est-ce qu’il se passait ? Je croyais en rire mais en fait je n’étais peut-être pas si loin de la réalité.

Hiyori — Salut, Ayanokôji-kun.

À côté du géant Albert se dessina la silhouette de Hiyori.

Moi — Quelle réunion improbable !

Hiyori — Peut-être bien.

Je pensais que Ryuuen allait aussi être de la partie, mais cela ne semblait pas être le cas.

Hiyori — Ce n’est pas une bonne idée de parler ici, allons ailleurs.

Moi — Aller ? Aller où ?

Ishizaki — Bah… ouais, j’y ai pas encore pensé.

Ishizaki frotta son index gauche sous son nez, en riant de façon penaude.

Moi — Je le sens pas trop là, alors je peux partir ?

Peu importe comment je voyais les choses, j’avais un sentiment de malaise, alors je tentais le coup.

Ishizaki — Qu’est-ce qu’il y a, tu es libre, non ? Je ne te laisserai pas repartir.

Moi — C’est comme ça hein… Hé ?

Albert, qui se tenait derrière moi, m’attrapa avec son immense force et me serra fermement. Puis, Hiyori en fit de même avec mon bras sur sa poitrine. Ensemble, les deux m’avaient capturé.

Ishizaki — Désolé, Ayanokôji-kun, mais nous ne te laisserons pas t’échapper.

Moi — Huh… ?

En fin de compte, c’était de l’intimidation, pure et simple.

…Cette blague était déjà allée trop loin.

De toute façon, il semblait que ces trois-là allaient m’emmener loin d’ici.

Hiyori — Nous devrions bouger, Ishizaki-kun. Ishizaki — Oui. Alors, où aller ?

Hiyori — Hmm, alors… pourquoi pas dans ta chambre ?

Hiyori suggéra cela avec désinvolture.

Ishizaki — Huh ? M…Ma… Non, non, c’est un peu… ! Jamais, jamais !

Quand Ishizaki entendit que sa chambre avait été suggérée, il refusa catégoriquement.

Hiyori — Qu’est-ce qui ne va pas ?

Ishizaki — C’est, c’est… parce que, il y a plusieurs raisons. Même si tu me l’as demandé, tu as dit ça complètement à l’improviste…

Hiyori — Ça ne nous dérangerait pas que ta chambre soit un peu en désordre, n’est-ce pas ?

Albert, à qui on demanda son avis, hocha lentement la tête. Il comprenait le japonais alors ? Ce qui était logique, il devait sûrement l’utiliser pour les cours et les examens. Mais je voulais l’entendre parler japonais de vive voix.

Ishizaki — Pas seulement un peu, en fait… Il n’y a nulle part où poser ton pied ! Waooouh, je…j’vais m’afficher !

Hiyori — Ne t’inquiète pas. Si besoin je jeux te filer un coup de main.

Ishizaki — Nononono ! Les mouchoirs et les trucs, je ne peux pas laisser une fille les nettoyer !

Il ne put pas s’empêcher de lâcher le véritable problème.

Hiyori — Des mouchoirs… ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Hiyori pencha la tête en signe de confusion, se demandant de quoi il pouvait bien parler.

Ishizaki — De toute façon, ma chambre est un peu… ! Oui, c’est ça, allons dans la chambre d’Albert !

Ishizaki changea de sujet en panique.

Ishizaki — La chambre d’Albert est géniale pas vrai ? Pas vrai ??

Ishizaki suggéra la chose comme s’il fuyait quelque chose.

Albert — OK.

Il comprenait donc le japonais après tout. Albert donna son approbation avec une brève réponse. Après cela, il commença à bouger en me portant.

Moi — Mais… Est-ce qu’on va me porter pendant tout le trajet comme ça ?

Hiyori — Ne t’en fais pas. Yamada-kun est très fort.

Ce n’était pas le problème en fait. J’avais juste l’impression que nous ne passions pas trop inaperçus.

Hiyori — Pas de soucis. D’une certaine façon, c’est une sorte de message pour ceux qui nous regardent.

Après avoir dit cela, Hiyori, souriant gentiment comme d’habitude, marcha devant nous, ouvrant la voie.

Ishizaki — Je vois, comme prévu de la part de Shiina ! Excellente idée, excellente idée !

Que voulaient-ils faire en m’emmenant ? Avec cette question en tête, on me traina au dortoir.

5

C’était la première fois que je visitais la chambre d’Albert.

Bien qu’il ait un physique et une taille plus importants, sa chambre était une chambre standard. Cependant, chaque chambre avait ses spécificités, et celle- ci n’échappait pas à la règle.

Un grand drapeau américain et un drapeau japonais ornaient le centre de la pièce. Et ce n’était pas tout, des drapeaux d’innombrables pays, comme ceux de la Chine, de l’Italie et de certains pays africains, bien que de petite taille, décoraient l’un des murs. Ils n’étaient pas seulement faits de papier imprimé, mais de tissu, ce qui donnait une petite idée de sa passion.

Ishizaki — Albert est un fanatique du drapeau. Tu es surpris, hein ?

Ishizaki était probablement déjà venu dans sa chambre, c’est pourquoi il put nous le dire sans être plus étonné que ça.

Moi — Cela semble être le cas, en effet.

Après m’avoir libéré, Albert m’incita gentiment à m’asseoir. Une fois que je confirmai que nous étions tous assis, j’entrepris de leur demander ce qu’ils voulaient.

Moi — Alors, qu’est-ce que vous voulez tous les trois ?

Les trois se regardèrent dans les yeux. Pour une raison quelconque, ils avaient tous de grands sourires sur le visage. Puis, Ishizaki, en tant que représentant, me dit.

Ishizaki — Allons droit au but, voici ma proposition….. Formons un groupe pour le prochain examen spécial !

Comme prévu, il s’agissait de l’examen spécial.

Moi — Former… un groupe ? Peux-tu me donner plus de détails ? Ishizaki — Plus de détails ? C’est tout ce qu’il y a à dire.

Moi — Tu devrais être plus précis non ? Je ne sais même pas avec lequel d’entre vous cette offre tient.

Le nombre de personnes présentes ici était de quatre, ce qui était un de plus que ce que les règles autorisaient. De plus, comme Hiyori était une fille, elle ne pouvait pas être considérée comme coéquipière en raison de la règle de la proportion des sexes, ce qui signifiait probablement que je devais me grouper avec Ishizaki et Albert. Mais s’il ne donnait pas de précisions claires à ce sujet, je ne pouvais pas en avoir la moindre idée.

Ishizaki — Avec qui tu veux. Ça peut être moi, Albert, Shiina, n’importe qui en fait. L’essentiel est que tu fasses équipe avec quelqu’un de notre classe.

Quelle proposition noble et effrontée. En un sens, c’était le genre de proposition qui ne pouvait être faite que parce que c’était Ishizaki qui la proposait.

Moi — En gros, tu veux que je fasse partie d’un groupe avec deux personnes de ta classe ?

Ishizaki — Exact. Et ensuite, lorsque l’examen commencera, tu combineras ton groupe avec un autre groupe de trois personnes de la classe B, ce qui fera un groupe parfait de six personnes. Avec cinq personnes de notre classe, et toi étant le sixième, Ayanakôji, visons la première place !

Bien qu’une telle proposition puisse émouvoir aux larmes, il était urgent d’y réfléchir d’abord.

Moi — Hiyori, as-tu bien expliqué les règles de l’examen à Ishizaki ?

Hiyori — Non, pas vraiment. Hiyori donna une réponse franche.

Hiyori — Probablement une certaine flemme de le reprendre et de le corriger toutes les 5 secondes. J’ai donc jugé qu’il était mieux de ne pas l’interrompre dans sa lancée !

Mieux ? Certainement pas. En effet, 5 secondes après le début de la conversation, il semblait déjà qu’Ishizaki n’avait manifestement pas compris les règles de l’examen…

Moi — Bien que j’aie de nombreuses questions, je vais me limiter à deux… Non, trois questions. Tout d’abord, après le début de l’examen spécial, il n’y a aucune garantie que tu puisses facilement former ton grand groupe idéal.

En fait, notre professeur de classe nous avait déjà dit que ce ne serait pas une chose facile.

Moi — Si c’était si simple de former de grands groupes, il serait inutile de forcer les élèves à former des groupes de trois un mois avant.

C’est précisément parce qu’il est difficile de former un grand groupe pendant l’examen qu’on nous avait donné la liberté de former des équipes plus petites dès maintenant.

Ishizaki — Ah ouais ?

Ishizaki semblait complètement déconcerté, avec une expression incrédule. Il inclina la tête vers Hiyori comme s’il avait besoin qu’elle lui explique.

Hiyori — En gros, selon la situation, nous n’aurons peut-être pas le choix.

Ishizaki — Hé mais je capte rien là !

Hiyori — Pendant l’examen, il se peut qu’il y ait certaines conditions que nous devions remplir pour combiner des groupes. C’est de cela que je parle.

Ishizaki — Mais genre lesquelles ?

Si nous l’avions su, nous n’aurions pas été là à réfléchir là-dessus.

Hiyori — Nous ne connaissons pas les détails. À en juger par l’explication de l’école, il ne fait aucun doute que former des groupes sera plus casse- tête que nous le pensons.

Ishizaki — Mais… Même s’il y a des conditions, nous devons nous préparer en partant du principe que nous pourrons former nos groupes, n’est-ce pas ?

Hiyori — Eh bien, si tu le dis comme ça, c’est vrai.

Ishizaki — Alors on est bons. Pour l’examen, il suffit de suivre ma proposition et de faire comme si. On avisera ensuite !

C’était plutôt impressionnant la façon dont il était si terre à terre. Hiyori écouta également la proposition d’Ishizaki avec beaucoup d’intérêt.

Ishizaki — Ça ne sert à rien de s’inquiéter de choses que je ne comprends pas.

Était-ce là le charme unique d’Ishizaki Daichi ? Moi — Bien alors… mon deuxième point.

Puisqu’il semble que je n’ai pas réussi à lui faire comprendre le premier point, je passai au suivant.

Moi — À part moi, à qui d’autre as-tu parlé ? Ou à qui d’autre aviez-vous l’intention de parler ?

Ishizaki — On n’a parlé à personne, et on n’a pas l’intention de le faire. D’accord ?

Les deux autres hochèrent la tête en accord avec la déclaration d’Ishizaki.

Moi — Donc seulement moi. Pourquoi ça ?

Ishizaki — Eh bien, bien sûr qu’il n’y a que toi. Je pense que tu es tout aussi puissant que Ryuuen… Nan, si je devais dire, c’est parce que je pense maintenant que tu es encore meilleur que lui. Tu es très fort au combat, et ton agilité mentale est même reconnue par lui. De plus, lors de l’examen du printemps, tu as obtenu une note parfaite en maths. C’était vraiment incroyable. Le groupe qui a Ayanokôji a l’examen en poche. Je ne vois donc aucune raison pour nous de ne pas t’inviter.

Hiyori — C’était un grand éloge, Ayanokôji-kun, mais mon opinion est la même.

Albert acquiesça également, sans hésiter.

Au départ, j’avais dit que je voulais poser trois questions, mais j’en avais désormais une quatrième… C’était de savoir dans quelle proportion Albert comprenait le japonais et à quel point il était à l’aise avec. Bien que je ne l’aie pas vu en classe, je pense qu’il est toujours en cours d’apprentissage.

En bref, ils n’avaient pas hésité à dire qu’ils me voulaient.

Moi — Enfin… Qu’est-ce que j’y gagne ? Si je suppose que les premières places sont prises par la classe B, alors il n’y a que vous qui en profitez.

Même si les points de classe étaient répartis équitablement, il y allait avoir une énorme différence dans le nombre de points privés que je pouvais obtenir par rapport à leur classe qui comptait la majorité des membres.

Ishizaki — Bien sûr que t’y gagnes gros ! Si on atteint la classe A, on te

filera 20 millions de points pour venir dans notre classe, Ayanokôji. Qu’en dis-tu ?

Après avoir répondu avec confiance, Ishizaki continua.

Ishizaki — En gros on t’ajoute une autre possibilité : atteindre la classe A ou nous aider à le faire pour qu’on t’y fasse venir. De cette façon, tu as 50 % de chances d’obtenir un diplôme de classe A. Qu’est-ce que tu en dis ?

Il présenta cette proposition avec un sourire fier sur le visage.

Toutefois, ce raisonnement aurait été vrai si les quatre classes avaient les mêmes chances de monter en classe A. Cependant, étant donné que chaque classe différait par divers facteurs tels que les capacités et les points, il était impossible de calculer la probabilité exacte qu’une classe monte en A.

Bien sûr, il ne faisait aucun doute qu’avoir une autre classe vers laquelle je pouvais passer quand je le voulais était un gros avantage.

Moi — Hiyori et Albert sont du même avis ? Hiyori — Oui. Nous serions ravis de t’avoir. Albert— OUI.

Les deux suivirent la proposition d’Ishizaki tout en sachant qu’elle était absurde. Est-ce que c’était ce qui se passait ? Néanmoins, avant d’accepter cette proposition absurde, je devais aller au fond des choses. Je posai donc l’ultime question.

Moi — Est-ce Ryuuen qui a décidé de m’inviter ? Ou est-ce que c’est une décision entre vous ?

Ishizaki, qui avait répondu avec facilité jusqu’à présent, eut soudainement une expression tendue pour la première fois.

Ishizaki — C’est ma propre décision. Ryuuen n’en sait rien.

Il semblait donc qu’Ishizaki avait pensé et décidé de ce plan lui-même. Je m’en doutais, mais c’était vraiment imprudent. Maintenant je pouvais comprendre pourquoi Ibuki, qui traînait normalement avec eux, n’avait pas été conviée.

Alors les partisans d’Ishizaki sont Albert et Hiyori ?

Moi — As-tu pensé à ce qui se passerait si Ryuuen découvrait tout ça ?

Ishizaki — Je n’y ai jamais pensé ! Pas besoin de s’attarder là-dessus ! Quand même… Je suis prêt pour ça.

Bien qu’Ishizaki soit légèrement effrayé, il fit de son mieux pour afficher un visage courageux.

Ishizaki — Le règlement nous autorise à former des groupes avec des élèves de la même année, n’est-ce pas ? Alors j’avais pensé qu’Ayanokôji était absolument nécessaire pour former la meilleure équipe. Y a quoi de mal à ça ?

C’était vrai. Tant que former un groupe au sein de sa propre classe n’était pas leur politique, Ryuuen n’avait aucune raison d’être mécontent des actions d’Ishizaki.

Ishizaki — Le point clé de cet examen spécial est d’empêcher les points de classe des élèves de 1ère d’être aspirés par les autres. Donc viser le podium. Et pour ça, Ayanokôji est indispensable.

Hiyori — C’est vrai.

Moi — Quoi qu’il en soit, même s’il y a encore de nombreux aspects de ce plan qui me préoccupent… Je vois où tu veux en venir.

Ishizaki — Alors tu vas rejoindre notre groupe ?

Moi — Même si dans l’absolu je me dis « pourquoi pas », je ne peux pas

dire oui pour le moment. Ishizaki — P-pourquoi ?

Hiyori — C’est parce qu’il doit s’occuper de sa propre classe, n’est-ce pas ?

Même si Hiyori soutenait le plan d’Ishizaki, elle avait compris pourquoi j’avais refusé sans même avoir à me le demander.

Hiyori — De plus, je pense que les conditions que nous lui avons proposées sont également faibles.

Ishizaki — Faibles… ? Tu dis que 20 millions de points c’est pas assez ?

Hiyori — Non, pas ça. C’est une somme astronomique.. Mais en fait, la seule chose que nous lui donnons vraiment, c’est le droit de passer dans notre classe, non ?

Ishizaki — Mais on peut pas simplement donner 20 millions et le laisser passer dans la classe de Sakayanagi.

Si j’avais le droit d’utiliser librement une telle somme, j’aurais naturellement choisi la classe A finale, quelle qu’elle soit. La classe B n’en profiterait alors tout simplement pas.

Hiyori — De plus, Ishizaki-kun a dit que tout irait bien si Ayanokôji-kun se joignait à quelqu’un de la classe B, mais il y a aussi un problème avec ça. Survivre sur l’île déserte ne sera pas l’affaire d’une seule personne. Si tu vises vraiment la première place, il vaut mieux avoir une équipe solide tout autour.

Hiyori, qui avait surtout écouté tranquillement le déroulement de la discussion avant cela, soulevait maintenant les défauts du plan d’Ishizaki les uns après les autres.

Et,  à  chaque  correction,  Ishizaki  commença  à  paniquer,  son  front  étant

visiblement trempé de sueur.

Ishizaki — Alors n’importe qui serait parfait !

Hiyori — Si c’était à moi de choisir le petit groupe Hmm. Ryuuen-kun, Kaneda-kun et Ayanokôji-kun, ces trois-là. Ce n’est pas grave si Kaneda-kun est remplacé par Yamada-kun, mais Ryuuen-kun est indispensable.

Il n’y avait que quelques personnes en 1ère qui étaient assez audacieuses pour créer des tactiques sortant du sentier des règles. Le fait qu’il soit le seul de sa classe à être resté en retrait lors de l’examen de l’île de l’année dernière, et qu’il soit passé inaperçu jusqu’à la dernière minute, témoignait de ses capacités et de sa valeur. Les autres choix auraient été Kaneda qui possédait de grandes capacités académiques ou Albert qui était fier de sa poigne de fer.

En effet, pour maximiser les chances, il était nécessaire d’avoir deux de ces trois-là.

Ishizaki — Ne sois pas ridicule ! Tu crois que Ryuuen-kun sera d’accord ? Hiyori — Je ne pense pas, non.

Ishizaki — Exactement !

Hiyori — De même pour Kaneda-kun, qui est fidèle à Ryuuen-kun et ne prendrait pas part à une stratégie dont il n’est pas sûr.

Ishizaki — Alors, qu’est-ce qu’on fait ?

Hiyori — À ce stade, je suppose que l’on ne peut rien y faire. Ishizaki — Eh bah… C’est galère là…

Ishizaki croisa les bras en se creusant la tête, mais ne trouvera rien sur le moment.

Hiyori — Nous avons réussi à te transmettre nos pensées, et surtout celles d’Ishizaki, alors nous devrions nous en contenter pour le moment.

On dirait que c’était l’objectif d’Hiyori depuis le début. Elle savait que former un groupe avec moi ne serait pas facile, c’est pourquoi elle avait jugé qu’il valait mieux me montrer simplement leur intention d’en former un, pour le moment. Albert avait peut-être aussi compris que c’était une tentative téméraire, et il tapota doucement l’épaule d’Ishizaki.

Ishizaki — Je comprends. Eh bien, si c’est le cas, on en reste là pour l’instant.

Bien qu’à contrecœur, Ishizaki accepta après les avoir écoutés tous les deux.

Moi — Je ne sais pas si je peux faire ce que tu veux, mais je vais y réfléchir. D’accord ?

Dans cette situation, j’avais jugé que c’était la meilleure réponse. Cela dit, je ne prévoyais pas de former un groupe avec qui que ce soit pour le moment. C’était à cause de Tsukishiro et de l’élève de la White Room qui rôdait en 2nde.

Le premier semestre était presque terminé. Il était hors de question qu’ils continuent à repousser l’échéance et me laissent vivre comme bon me semble, comme ça. Je craignais que le prochain examen spécial soit l’épreuve de force finale entre moi et Tsukishiro.

En d’autres termes, il risquait de passer à l’acte quoiqu’il arrive. Si je formais un groupe, d’autres personnes allaient probablement être impliquées. Si cela arrivait vraiment, je devais m’assurer d’être le seul à abandonner et donc éviter les dommages collatéraux.

Je les laissai alors, tout en réaffirmant cette conviction au fond de moi.

6

Le  lendemain  matin,  après  m’être  préparé  pour  l’école,  j’allumai  mon téléphone.

L’établissement m’avait envoyé un avis par le biais de ma messagerie personnelle, m’informant que j’avais reçu la carte « Quitte ou double ».

Moi — Je n’aurais jamais pensé recevoir une carte spéciale…

Alors que je pensais avoir enfin dépassé tous les regards étranges que j’avais reçus en raison de mon score parfait au test de mathématiques, je finis par recevoir cette carte. Cela dit, c’était une arme à double tranchant, car le fort effet de cette carte signifiait qu’il y avait une possibilité que j’attire à nouveau l’attention. Même s’il était sûr, et souhaitable, d’échanger cette carte avec un élève dans le besoin, la force incertaine qu’elle procurait signifiait que je devais bien faire attention à qui je l’échangeais. Après tout, cela pouvait me retomber dessus si le groupe auquel je l’échange finissait par remporter la première place.

Il est possible que Tsukishiro m’ait donné la carte afin de forcer mon expulsion. Mais étant donné que la carte pouvait être échangée, c’était un peu léger pour faire pression sur moi. Je pense donc que c’était une simple coïncidence. Les deux cartes spéciales restantes, « Membre supplémentaire » et « Nullité » avaient été respectivement attribuées à Asakura Mako, de la classe C, et à Yano Koharu, de la classe A. C’était probablement une chance qu’elles aient été séparées comme ça, du moins dans une certaine mesure.

Je quittai le dortoir plus tôt que d’habitude, en réfléchissant à ce que je devais faire à partir de maintenant.

Puis, je tombai sur Shinohara dans l’ascenseur.

Moi — Salut.

Shinohara — Coucou.

Bien que nous soyons dans la même classe, nous ne nous connaissions pas très bien, alors aucun de nous n’avait dit autre chose. Juste un simple salut pendant que nous prenions l’ascenseur jusqu’au hall.

Le trajet dans l’ascenseur passa en un clin d’œil. Une fois au premier étage, j’appuyai sur le bouton de la porte pour laisser Shinohara descendre de l’ascenseur en premier.

Ike, qui avait l’habitude de venir à l’école relativement tard, attendait dans le hall lorsque nous arrivâmes. Il regarda vers nous nerveusement. Je pensais qu’il attendait simplement Sudou, mais cela ne semblait pas être le cas.

Au début, il salua simplement. Shinohara l’observa alors qu’elle sortait du hall. Mais après un moment, il se mit à la suivre.

Je ralentis alors intentionnellement mon rythme, gardant juste assez de distance pour m’assurer de ne pas les gêner.

Ike — Salut, Shinohara. Shinohara — Qu’est-ce qu’il y a ?

Une fois à l’extérieur du hall, je pus entendre leur conversation, bien que faiblement.

Ike — Euh, ça a un rapport avec ça. Tu sais, les groupes pour ce nouvel examen… As-tu déjà parlé à quelqu’un pour faire un groupe ?

Shinohara — Non, pas encore… Pourquoi tu demandes ça ? Ike — Rien. Comme ça, c’est tout.

Shinohara — Oh, vraiment ? Et toi ? Tu seras avec Sudou-kun et Hondô- kun de toute façon, non ?

Ike — Désolé. C’est sûr que c’est cool d’être avec eux. Shinohara — Probablement, hein~.

Shinohara rit, presque comme si elle se moquait de lui, mais Ike ne semblait pas s’en soucier. Ike semblait avoir quelque chose à dire, mais avait du mal à trouver les bons mots.

Ike — Mais, bon, ces gars peuvent se débrouiller seuls, tu sais… en plus, comme Ken est plutôt fort, je pense qu’ils ont plus qu’assez de puissance avec juste lui dans le groupe.

Shinohara — Je suppose.

Même si la réaction de Shinohara était un peu indifférente, elle ne semblait pas détester parler avec Ike.

Ike — Comment dire. Je devrais pouvoir t’être utile… Donc, si tu te sens troublée… euh, je peux former un groupe avec toi ?

Shinohara — Sérieux ? Regarde-toi, t’es super confiant.

Ike — Tu l’as vu l’année dernière, non ? Je suis un boy-scout, alors j’aime à penser que je suis plutôt utile pour un exam comme ça.

Il faisait de son mieux pour vendre à Shinohara l’idée qu’elle pouvait tirer parti de ses compétences de survie. Pour résumer, il semblait qu’il voulait juste une raison de se mettre avec elle.

Shinohara — Eh bien, je suppose que je peux l’envisager, mais… Tu es sûr de vouloir être dans le même groupe que moi ?

Ike — Ah, hé, ne te méprends pas. Tu vois, tu fais partie des personnes qui risquent d’être expulsées, n’est-ce pas ? C’est pourquoi je suis gentil ici et je propose de faire quelques sacrifices pour te protéger !

Incapable de parler honnêtement, Ike laissa échapper des mots qu’il allait

sûrement regretter ensuite.

Shinohara — Huh !? Sacrifier quoi ? Je n’ai pas demandé ça !

Bien sûr qu’après s’être fait dire quelque chose comme ça, il n’y avait aucune chance que Shinohara accepte bien gentiment. L’ambiance entre eux commençait à changer.

Kushida — Ah, bonjour, Ike-kun, es-tu libre en ce moment ?

Au moment où l’atmosphère était lourde, Kushida arriva par derrière et a appe- la Ike. Il détourna son regard de Shinohara et agita sa main avec excitation.

Ike — Je suppose que oui !

Avec cela, Ike quitta Shinohara et s’approcha de Kushida. Shinohara regarda simplement ce qui se passait avec un regard un peu froid dans les yeux.

Kushida — En fait, Kobashi-san de la classe C a dit qu’elle voulait t’inviter dans son groupe, Ike-kun. Il semble qu’elle est dans le coin. Pourrais-tu aller en discuter avec elle ?

Ike — Sérieusement ? Allons-y, allons-y ! J’y vais tout de suite !

En apprenant qu’il était invité par une fille, Ike devint extrêmement excité.

Kushida — Ah, mais tout à l’heure, tu semblais parler de ça avec Shinohara-san… Est-ce que ça ira ?

Kushida regarda Shinohara pour confirmer qu’elle était d’accord avec ça.

Shinohara — Non, c’est bon, il me gonfle. Prends-le. Ike — C’est toi qui me gonfle !

Ils semblaient prêts à se sauter à la gorge. Malgré le fait qu’il était le principal

fautif ici, Ike partit avec Kushida l’air agacé. Shinohara s’arrêta de marcher, arborant un regard un peu solitaire sur son visage en les regardant partir. Je finis par arriver au niveau où elle se tenait et passai donc devant. Après tout, Ike était le genre à s’emporter trop facilement. Il était si excité de recevoir une invitation d’une fille qu’il finit par négliger quelque chose d’important.

— Satsuki.

Soudain, j’entendis un élève appeler le nom de Shinohara par derrière. Je n’avais pas pu m’empêcher de regarder, me demandant qui c’était.

Shinohara — Ah, Komiya-kun… Bonjour.

L’élève n’était autre que Komiya Kyogo de la 1ère B.

Komiya — Qu’est-ce qui ne va pas ? Est-ce que tu pleures ? Shinohara — Eh ? P-pourquoi tu demandes ça ?

Komiya — Eh bien, parce que tes yeux sont rouges.

Shinohara — Ah, tu as grillé hein ? Non, en vrai je viens de recevoir quelque chose dans les yeux… Oww.

Elle faisait semblant pour garder la face.

Shinohara — Au fait, Sudou-kun m’a dit que tu allais devenir un membre régulier de l’équipe de basket ?

Komiya — Oui, ça fait un moment !

Shinohara — Tu t’entraînes toujours jusque tard dans la nuit, alors je mentirais si je disais que tu ne le mérites pas.

Comme  Shinohara  s’était  arrêtée  de  marcher,  je  m’étais  progressivement éloigné des deux, jusqu’à ce que finalement, je ne puisse plus les entendre.

7

Horikita — Tu as tiré cette carte spéciale. Mais quelle malchance ! Je suis sûr que tu attires à nouveau l’attention.

À peine entrée dans la classe ce matin-là, Horikita s’approcha de moi en disant cela.

Moi — J’en suis le premier bouleversé, tu te doutes.

Horikita — Il aurait été bien que nous puissions échanger nos cartes librement au sein de la classe. Aucun élève qui n’est pas sûr de gagner ne voudrait de la carte « Quitte ou double ». Hélas c’est impossible.

Horikita avait tiré la carte “Réduction”. Bien que la carte soit utile en cas de pénalité, elle était franchement bof pour les élèves visant le sommet.

Horikita — Cela étant, tu n’as pas d’autre choix que d’être dans les 30 % supérieurs, et peut-être même de monter sur le podium, n’est-ce pas ?

Moi — Tu dis ça comme si ça n’avait rien à voir avec toi. En tant que camarade de classe, pourrais-tu t’inquiéter un peu plus pour moi ?

Horikita — Si tu veux vraiment compter sur moi, je te donnerai un coup de main volontiers.

Horikita devenait lentement effrontée, ou plutôt plus difficile à gérer qu’avant. Ce regard exaspérant qui semblait dire « Que veux-tu ? » ne me donnait pas envie de compter sur elle.

Moi — Je suis désolé, mais si je trouve quelqu’un qui veut me l’acheter, je n’hésiterai pas.

Horikita — Ce que tu décides de faire ne dépend que de toi. La carte «

Quitte ou double » n’affecte pas seulement la personne qui la détient mais tout son groupe, alors trouve rapidement un acheteur !

J’avais bien l’impression qu’elle était un peu sarcastique.

Horikita — Pour info, c’est du second degré. Moi — Je me doute…

Horikita — Pour toutes les fois où tu t’es payé ma tête jusqu’à présent ! Moi — Je ne me souviens pas être allé jusque-là…

Cette carte était une chose gênante à avoir, mais elle pouvait aussi servir de protection, en quelque sorte. En effet, je m’attendais à ce que moins d’élèves demandent à se regrouper avec moi sans y réfléchir. Dans le pire des cas, j’allais être obligé de passer cet examen tout seul.

Horikita — Puisque c’est toi, je peux le prendre comme si tu pouvais te débrouiller tout seul ?

Je pouvais compter sur Horikita, mais étant la meneuse de la classe elle allait forcément être sollicitée par d’autres élèves qui allaient avoir bien plus besoin d’elle. Si je peux un peu alléger sa charge.

Moi — Bien, je ferai de mon mieux.

Sur ces mots, je regagnai mon siège. Pendant que je cherchais qui avait tiré quelle carte j’entendis Ike, qui était arrivé en retard en classe, élever la voix.

Ike — Huh ? Tu as, euh… trouvé quelqu’un avec qui te grouper ?! Shinohara — Oui, ça te pose un problème ?

Shinohara semblait avoir décidé d’un groupe pendant l’absence d’Ike.

Son partenaire devait sûrement être…

Ike — Mais je t’ai invité y a tout juste à l’instant ! De toute façon, il est interdit de former un groupe sans la permission de Horikita !

Shinohara — Interdit de quoi ? Je n’ai pas encore confirmé officiellement. Mais je vais le faire aujourd’hui.

Ike — Qu…

Shinohara — Et de quoi tu parles, en disant que tu m’as invité. Qui est celui qui s’est excité pour ensuite se barrer ?

Ike — Ah, non c’est pas ça ! Je les ai même refusés pour être avec toi ! Shinohara — Refuser, sérieux ? Vraiment, t’es irrécupérable !

Ike — Groupe… Avec qui as-tu décidé de te grouper ? Shinohara — Qu’est-ce que ça a à voir avec toi ?

Ike — Rien, je suis juste curieux, d’accord ?

Shinohara — Komiya-san de la classe B. Il m’a invitée juste après que l’examen spécial ait commencé hier.

C’était donc Komiya. Ils avaient dû en parler pendant qu’ils venaient à l’école ensemble.

Ike — Ah ? Komiya ? Komiya, c’est le crâneur de l’équipe de basket, non

? Je le crois pas !

Quelque part au fond de lui, Ike avait dû prendre avec arrogance le fait que Shinohara fasse partie de son groupe comme acquis.

Shinohara — Ce mec n’est pas un « crâneur » comme tu dis, et j’ai promis de le retrouver au café après les cours pour en discuter.

Après avoir dit cela, Shinohara se détourna d’Ike. Pour les élèves de la classe qui écoutaient la conversation, cela ne pouvait pas être pris comme autre chose qu’une extension de leurs disputes habituelles.

Une fois la fin de journée, Shionhara quitta la classe tôt, comme elle l’avait mentionné plus tôt. Ike la laissa tranquillement partir, mais il quitta ensuite la classe rapidement avec un regard déterminé, comme s’il s’était décidé sur quelque chose.

Hirata — Tu aurais une minute ?

Yôsuke avait vu toute la scène, et après le départ d’Ike, il s’était approché de moi. Peut-être pour éviter d’être entendu, il voulait parler dans le couloir, et j’obéis à ses souhaits.

Hirata — À propos d’Ike, je ne pense pas que ce soit trop bien de le laisser seul comme ça.

Moi — Oui. Il est peut-être un peu arrogant, mais les connaissances et l’expérience d’Ike seront utiles pour cet examen de survie. Il est possible que cet incident avec Shinohara l’empêche d’être pleinement dedans.

Hirata — Oui. En voyant ça, je m’inquiète aussi de ce qui se passera s’il regarde la discussion entre Shinohara et Komiya vu son état.

Yôsuke avait de l’appréhension, et je comprenais ses inquiétudes. D’autant que ce n’était pas une bonne idée d’entrer en conflit avec la classe B en ce moment.

Hirata — J’aimerais aller voir ce qui se passe. Si tu es d’accord, peux-tu m’accompagner ? Je ne pense pas qu’Ike-kun m’apprécie beaucoup.

Si on devait parler de ça, eh bien, Ike ne m’aimait pas non plus. Cela dit, il était normal que Yôsuke se sente mal à l’aise.

Moi — Shinohara a dit qu’elle allait rencontrer Komiya au café, n’est-ce

pas ?

Hirata — Oui. On va voir ce qui se passe, au cas où ? Moi — Allons-y.

Je décidai de vérifier la situation au café du centre commercial Keyaki avec Yôsuke. Pendant que nous étions en chemin, nous avions aussi parlé un peu de la composition des petits groupes.

Hirata — Je voulais recommander un plan où toutes les 1ère s’entraident et luttent contre les autres, mais on dirait qu’aucune des autres classes n’en voudrait. C’est comme si chaque classe essayait de former son groupe idéal. Un plan pareil aurait pour effet d’éviter la moindre expulsion chez nous, mais ça nous coûterait assez cher mine de rien.

J’en avais discuté avec Horikita la veille. Le fait de se retirer délibérément des examens empêchait toute expulsion par la suite. Mais les classes qui mettaient en œuvre ce plan allaient devoir supporter de lourdes pertes quoi qu’il arrive. Et pour être honnête, c’était un peu irréaliste de s’attendre à ce que toute la classe partage ce fardeau. C’est pourquoi, même après une journée entière, aucun élève n’avait fait une telle suggestion idéaliste.

Moi — Il semble que nous soyons obligés de jouer le jeu et d’y aller à fond sur la composition des groupes.

Hirata — Oui…

Moi — Tu as dû être invité par pas mal de gens, Yôsuke ?

Yosuke était populaire auprès des garçons et des filles, et était excellent dans tous les domaines, alors il est impossible que personne  ne l’ait encore contacté.

Hirata — Personnellement, j’aimerais sélectionner 2 personnes de la

classe D pour former un groupe. Au lieu de viser les premières places, je préfère me battre pour ne pas être pénalisé.

Ce sont les élèves de la Classe D qu’il doit protéger, pas les autres classes. C’était sa façon, logique, de penser. C’est d’autant plus fascinant que ça venait d’un élève fort et charismatique, là où un élève moins bon aurait bien eu du mal à être à l’initiative d’une pareille stratégie.

Hirata — Est-ce que Sakura-san va bien ?

Yôsuke s’inquiétait pour Airi, qui faisait partie de mon groupe d’amis et était la dernière en termes de capacités.

Moi — Pour l’instant, elle va former un groupe avec Akito et Haruka.

Hirata — Miyake-kun a de bonnes capacités physiques, donc je pense que le groupe est bien équilibré.

Bien que Keisei ait été laissé de côté, il était intéressant pour les autres classes de par ses excellentes capacités académiques. Un groupe où des membres pouvaient couvrir ses mauvaises capacités physiques aurait été formidable.

Cependant, pendant que nous poursuivions Ike, un problème apparut : nous étions suivis. Cette personne avait fait de gros efforts pour masquer sa présence avant, mais désormais elle semblait prête à sortir de l’ombre.

Ike marchait droit vers le centre commercial Keyaki. Ensuite, c’était moi et Yôsuke, et après cela, il y avait la personne qui nous suivait. Cet état de double harcèlement continua comme ça. L’ignorer était très facile, mais tout de même… C’était légèrement incommodant.

Alors que nous approchions du centre commercial Keyaki, je m’arrêtai dans mon élan.

Moi — Désolé, Yôsuke, mais tu peux aller devant ?

Hirata — Qu’est-ce qu’il y a ?

Moi — Je me suis souvenu de quelque chose dont je dois m’occuper. Je pense que je serai de retour dans environ 10 minutes.

Hirata — Très bien, je t’appelle si quelque chose arrive entre temps.

Sans poser de questions, Yôsuke disparut dans le centre commercial Keyaki.

Peu de temps après, l’élève qui nous suivait prit cela comme un signal et s’approcha.

C’était une camarade de classe, Chiaki Matsushita.

Matsushita — Tu n’as pas l’air très surpris. Tu m’as remarquée dès le début ?

Moi — Je ne montre simplement pas de surprise dans mon expression.

Était-ce la première fois depuis les vacances de printemps que je parlais à Matsushita seul, comme ça ? Non, seuls ou pas, on ne s’était pas parlé depuis.

Matsushita — De quoi parlais-tu avec Hirata-kun ? D’Ike-kun ? Ou de l’examen de survie sur l’île déserte ?

Matsushita, qui se tenait à mes côtés, leva la tête en jugeant la situation.

Moi — Est-ce que ça te regarde, Matsushita ?

Matsushita — Il ne s’agit pas tant de moi que de nous. Ayanokôji-kun, tu es essentiel pour notre ascension en classe A.

Elle semblait avoir une haute opinion de moi, mais quel était son objectif ? Intelligente comme elle était, elle aurait dû savoir qu’essayer de me flatter ne marcherait pas.Mais elle ne m’avait sûrement pas approché maintenant sans raison.

Matsushita — Ne sois pas si sur la défensive, je t’ai approché parce que j’avais quelque chose à te dire aujourd’hui. Le plus vite possible.

Moi — Quelque chose que tu dois me dire ?

Matsushita — La carte «Quitte ou double» est un objet avec un effet très puissant. Mais il est difficile de l’utiliser. Si tu as des problèmes, j’aimerais t’aider, Ayanokôji-kun. Qu’en dis-tu ?

Mettant de côté mes pensées et opinions sur la question, elle exprima qu’elle était prête à m’aider à tout moment car elle était de mon côté. Elle semblait être un peu gênée par mon absence de réponse.

Matsushita — Je suppose que tu ne répondras pas à moins que je ne le dise directement.

Ce n’était pas comme si j’essayais d’être méchant mais je ne voulais pas être forcé de discuter alors qu’il y avait du monde. C’était après les cours et nous pouvions voir bon nombre d’élèves dans les environs. Matsushita avait dû s’en rendre compte aussi, alors sans attendre de réponse, elle commença à parler.

Matsushita — Tu dois rester dans le haut du classement pour éviter la pénalité, alors il est difficile pour toi de trouver des gens qui se regrouperont avec toi, n’est-ce pas ? Je voulais donc que tu puisses compter sur moi si tu as des problèmes.

Après avoir répondu, comme si elle avait oublié de dire quelque chose d’important, elle ajouta.

Matsushita — Bien sûr, pendant l’examen, je suivrai entièrement tes instructions.

Cela semblait être pour ça qu’elle était allée jusqu’à me suivre.

Moi — Même si je suis heureux que tu veuilles m’aider, si nous n’arrivons pas à atteindre les 30 % supérieurs, tu seras pénalisé. Tu connais les risques, n’est-ce pas ?

Matsushita — Je le sais. C’est pourquoi je pense qu’il est important que je coopère avec toi pour t’aider.

Je ne doutais pas de sa bonne foi, mais le fond du problème était ailleurs. Tout en réprimant mon envie de me dépêcher et d’aller voir Yôsuke, je me tournai vers Matsushita qui marchait à côté de moi.

Moi — As-tu jugé que tes chances de survie sont les plus élevées si tu te regroupes avec moi ?

Normalement, un groupe qui avait la carte« Quitte ou double» avait plus de chances d’être expulsé. Néanmoins, Matsushita a proposé de m’aider, malgré le danger. La pure bonne volonté ne pouvait pas l’expliquer.

Matsushita —…Alors j’ai été exposée ?

Matsushita plissa les yeux et sourit.

Matsushita — Je ne pense pas qu’il serait difficile de rester dans les rangs supérieurs si c’était toi. Même si nous ne finissons pas sur le podium, nous atteindrons forcément les 30% supérieurs. Ce serait plus dangereux si je faisais passer mes amis en premier et si je formais un groupe moins bon avec eux.

C’est donc ce que Matsushita voulait vraiment dire. Elle m’avait pesé contre ses

autres options pour former un groupe et m’avait choisi.

Matsushita  —  Je  pensais  que  tu  serais  plus  enthousiaste  que  ça, Ayanokôji-kun !

J’avais au moins pu cerner ses intentions. Et je suis flatté de sa proposition, mais je n’avais pas l’intention de donner une réponse ici et maintenant de toute façon. Que ce soit Matsushita ou quelqu’un d’autre.

Moi — Je ne déciderai pas de mon groupe, du moins pas ce mois-ci.

Matsushita — Tu veux dire que tu veux attendre et voir comment les choses se passent ?

Moi — Après tout, j’aimerais voir comment les autres classes évoluent.

Je lui donnai le facteur le plus important. Mais la partie qui m’importait était différente de celle qui importait aux élèves ordinaires. L’examen spécial sur l’île déserte demandait beaucoup de préparation et il était absolument inconcevable que Tsukishiro n’ait rien prévu. Après tout, un mois et demi s’était écoulé depuis le dernier examen spécial et il n’avait pas donné signe de vie. Jour après jour, nous nous éloignions d’avril, date à laquelle il avait prévu de m’expulser de cette école. À cause des actions arbitraires de l’élève de la White Room, les rouages étaient enclenchés. Encore une fois, je ne devais pas prendre cette étape à la légère au risque de mettre en danger mes coéquipiers. Matsushita ne pouvait pas le comprendre. Si elle était entraînée dans cette histoire, je ne donnais pas cher de sa peau.

Matsushita — Il semble que je n’obtiendrai pas de réponse satisfaisante maintenant. Je vois, réfléchis-y un peu.

Peut-être qu’elle n’avait pas l’intention de négocier tant que ça. Elle me fit donc un signe de la main pour me dire au revoir.

Matsushita — Au fait, voici mes coordonnées !

Apparemment préparée à l’avance, elle me tendit un papier.

Matsushita — Voilà, j’ai dit ce que je voulais dire.

Ayant conclu la conversation sans perdre de temps, Matsushita se retourna et commença à marcher vers le dortoir.

Moi  —  Eh  bien,  ça  ne  fait  certainement  pas  de  mal  d’avoir  les coordonnées d’une autre fille. Je suppose ?

Je ne savais pas trop si j’allais répondre à ses attentes, toutefois. Enfin, peu importe. Je me mis à retrouver Yôsuke dans le centre commercial.

Moi — Quelle est la situation ?

Hirata — Je ne pense pas que ce soit la catastrophe non plus, mais…

En suivant le regard de Yôsuke, je repérai Shinohara et Komiya qui parlaient et riaient dans le café. Un peu plus loin, je repérai également Ike, qui nous tournait le dos en les observant tranquillement, déprimé.

Hirata — Que devons-nous faire ?

Moi — Restons spectateurs tant que Ike ne montre clairement aucun signe de furie. L’interpeller sans réfléchir pourrait être contre-productif.

Yôsuke hocha la tête en signe d’accord.

Moi — Je me demande pourquoi il a invité Shinohara. Si nous ne sommes pas sûrs de cela, nous ne pouvons pas prendre de mesures.

Hirata — En même temps, je vais réfléchir à la meilleure personne avec laquelle Ike pourrait se grouper s’il ne peut pas se mettre avec Shinohara.

Moi — Oui, s’il te plaît !

Nous avions convenu de recueillir des informations chacun de notre côté

8

Après avoir quitté Yôsuke, j’appelai Ishizaki, de la classe de Komiya d’ailleurs, et lui demandai de le rencontrer. Comme je pensais qu’il était encore à l’école, je décidai de partir directement le voir.

Ishizaki — Yo ! Tu penses enfin à te regrouper avec nous ?

Il dit cela avec enthousiasme, un sourire éclatant sur le visage.

Moi — Désolé, c’est encore en cours de réflexion. Je suis ici pour autre chose aujourd’hui.

Ishizaki eut l’air légèrement troublé en entendant ces mots, mais se reprit rapidement.

Ishizaki — Alors, de quoi tu voulais discuter avec moi ?

Je voulais discuter de mon problème avec lui tout de suite, mais une fille s’approchait d’Ishizaki. C’était Nishino Takeko de la classe 1ère B.

Nishino — Quand tu disais « quelque chose », tu parlais d’une réunion avec Ayanokôji-kun ?

Ishizaki — Hé, je t’ai dit de ne pas me suivre, Nishino ?! Désolé pour ça, Ayanokôji.

Après s’être excusé auprès de moi, Ishizaki exhorta Nishino d’aller au centre commercial Keyaki en premier. Cependant, Nishino ne l’écouta pas et s’approcha de moi.

Nishino — Tu es plutôt proche d’Ishizaki. C’est une surprise.

Nishino  m’observai  alors  qu’elle  s’adressait  directement  à  Ishizaki  sans

honorifique.

Ishizaki — Hé, tu ne m’as pas du tout écoutée ! T’étonne pas d’être paumée !

Moi — « Paumée » ?

Ishizaki — Ah non, c’est juste que cette fille est isolée dans notre classe en ce moment. C’est un peu un problème.

Nishino — Isolée ? Je m’en fous.

En parlant d’isolement, Ibuki était aussi un loup solitaire, et Nishino semblait être du même genre.

Ishizaki — Bref, tu peux partir ? Nishino — Non.

Ishizaki — Non ? Tu as dit non ? Cette nana putain… Désolé, Ayanokôji, attends une minute. Je vais me débarrasser d’elle tout de suite.

Nishino — Mais je suis curieux de savoir pourquoi toi et Ayanokôji-kun vous vous rencontrez secrètement, Ishizaki.

Bien que je n’aie jamais parlé à Nishino, elle semblait être du genre à dire ce qu’elle pensait sans hésiter. Et les gens comme elle se faisaient facilement des ennemis. Cependant, il était naturel qu’elle soit incrédule en nous voyant nous réunir secrètement. La chasser sans donner d’explication pouvait se retourner contre nous, alors je décidai d’intervenir.

Moi — On s’est rapproché en faisant parti du même groupe pendant l’examen du camp d’entraînement !

Je lui racontai d’abord comment notre relation actuelle avait évolué de cette façon, puis j’abordai le sujet de notre future discussion.

Moi — J’ai contacté Ishizaki car je voulais lui poser quelques questions sur Komiya de ta classe. J’ai décidé de le rencontrer ici car cette conversation ne doit pas être entendue par les autres.

Nishino — À cause de Komiya-kun ? Qu’est-ce qui se passe ?

Elle n’avait pas laissé tomber le suffixe en parlant de Komiya. J’avais décidé de lui en parler car j’avais une petite intuition.

Moi — J’ai entendu dire que lui et Shinohara de ma classe ont décidé de former un groupe. Es-tu au courant ?

Nishino — Non, c’est la première fois que j’en entends parler. Mais ce n’est pas si étrange, n’est-ce pas ?

Vouloir faire équipe avec quelqu’un d’une autre classe n’avait effectivement rien d’extraordinaire. Il n’était donc pas déraisonnable qu’Ishizaki trouve ma question à ce sujet un peu étrange.

Ishizaki — Qu’est-ce qu’il y a de mal à cela ?

Moi — Parce que même dans les termes les plus gentils, Shinohara n’est pas le genre de personne le plus utile dans cet examen d’île déserte. Notre classe s’inquiète donc de savoir si son regroupement avec Komiya est une bonne idée ou non. Nous voulons savoir à l’avance quel genre de personne il est.

Ishizaki — C’est un gars sympa en général, non ? Il est assez intelligent, et comme il fait partie du club de basket il a aussi une bonne force physique. Pas vrai ?

Ishizaki confirma cela avec Nishino qui hocha la tête en signe d’accord.

Moi — On dirait que l’un d’eux a invité l’autre à former un groupe… Est-ce qu’ils sortent ensemble ?

Ishizaki — Eh ? C’est difficile à dire…

Nishino  —   Même  si   tu   demandes    ces   choses    à   Ishizaki,    il   ne comprendrait pas. Tu ne connais rien à l’amour, n’est-ce pas ?

Ishizaki — Tais-toi ! Et tu t’y connais mieux, toi ?

Nishino — Au moins plus que toi. Même s’ils ne sortent pas ensemble, Komiya-kun aime certainement Shinohara-san, n’est-ce pas ?

Ishizaki — Eh ? Komiya aime Shinohara, vraiment ? Oh, mais il a dit qu’il aimait une fille d’une autre classe… Mais c’est assez flou dans ma tête.

Ishizaki avait eu un flash et nous en fit part.

Si des élèves devaient former un groupe, il était naturel que l’un d’entre eux recherche quelque chose chez l’autre. Des éléments tels que les capacités, l’amitié, ou même, des sentiments amoureux. Comme l’avait dit Nishino, si Komiya avait le béguin pour Shinohara, alors il était plutôt logique qu’il veuille former un groupe avec elle.

Ishizaki — Mais pourquoi ça t’intéresse ?

Moi — J’ai les ai vus ensemble ce matin. Comme Komiya a appelé Shinohara par son prénom, j’ai senti qu’ils étaient proches, c’est pourquoi j’ai pensé que c’était peut-être le cas.

Ishizaki — Ahh… Eh, quoi ? Ne me dis pas, Ayanokôji, que…. tu aimes Shinohara ?

Moi — Non.

Même si je le niai immédiatement, Ishizaki eut un sourire ravi comme s’il était déjà convaincu de ce fait.

Ishizaki — Sérieux ? tu me diras, c’est le genre de fille pour un mec borné comme toi. Pas vrai, pas vrai ?

Moi — Je viens de dire que non.

Ishizaki — Ne me le cache pas, nous sommes des amis proches, hein ?

Non, je ne pense pas que nous étions si proches que ça jusqu’au camp d’entraînement. En fait, j’avais récemment appris à connaître son caractère encore mieux que certains de mes propres camarades de classe que je connaissais à peine.

Ishizaki — Mais puisque c’est toi, je suis sûr que tu peux viser une fille plus mignonne.

Si cela continuait, il y avait une possibilité que de fausses rumeurs commencent à se répandre. Si cela arrivait, la relation entre Ike et Shinohara pouvait devenir encore plus ténue qu’elle ne l’était maintenant.

Moi — C’est Ike. Ike de ma classe aime bien Shinohara. Ishizaki — Huh ? C’est toi, Ayanokôji, nan ?

Moi — C’est pourquoi j’essayais de comprendre leur situation.

Nishino — Je comprends maintenant, mais l’amour n’est pas quelque chose dans lequel les autres devraient interférer.

Ishizaki — Je suis également d’accord avec ça, se mêler des affaires des autres est hors de question.

Moi — Normalement, je serais d’accord. Cependant, pour notre classe, c’est une situation que nous ne pouvons pas ignorer. Le fait qu’Ike soit actif dans l’examen spécial est indispensable pour la classe D.

Plus leur relation était tendue, plus il y avait de chances qu’Ike ne soit pas en forme pour l’examen. Or c’était l’examen où ses compétences allaient enfin se révéler utiles. Mais nous étions dans de beaux draps.

D’ailleurs, la classe B n’avait aucun intérêt de nous aider sur ce coup.  Au

contraire, ils pouvaient en profiter. Même si j’avais vu juste…

Ishizaki — Très bien, je peux t’aider si besoin. Qu’est-ce que je peux faire ?

Ishizaki proposa de m’aider, disant que ça ne le dérangeait pas.

Nishino — Hé Ishizaki, tu es sérieux ? Tu es ami avec Komiya, non ?

Ishizaki — Alors je devrais ignorer Ayanokôji, qui est actuellement en grande difficulté ?

Nishino — Non, tu dois le laisser tranquille. Je comprends que vous êtes amis, mais vous êtes aussi censés être ennemis.

Ishizaki — Y a-t-il pas un dicton qui dit que les ennemis d’hier sont les amis de demain ?

Techniquement parlant, c’est « les amis d’aujourd’hui », mais ça sonnait bien donc je n’avais pas insisté là-dessus.

Moi — Bien que ce soit très généreux de ta part, je serais troublé si tu voulais quelque chose en retour.

Ishizaki — Quelque chose en retour ? Je ne demanderai rien. C’est normal de vouloir aider un ami qui a des problèmes.

Ishizaki n’était pas un bon menteur, alors je savais qu’il était sincère quand il disait qu’il m’aiderait sans condition. Bien que ce soit très généreux de sa part, je ne pouvais pas lui faire une demande aussi déraisonnable étant donné qu’il était l’ami de Komiya. Et si nous séparions de force Komiya et Shinohara, Nishino n’en serait pas très contente.

Moi — Dans ce cas, hmmm… Pourrais-tu d’abord demander quels sont les sentiments de Komiya, Ishizaki ?

Ishizaki — Donc tu veux juste savoir s’il aime vraiment Shinohara,

Ayanokôji ?

Moi — Oui, mais s’il te plaît, garde secret le fait que quelqu’un demande spécifiquement cela.

Ishizaki — Bien sûr, mais comment confirmer ? Des idées ?

Nishino prêta main forte à Ishizaki, qui n’arrivait pas à trouver un moyen d’approcher Komiya à ce sujet.

Nishino — Ayanokôji-kun, tu les as vus tous les deux profiter de la compagnie de l’autre, non ? Alors faisons comme si c’était Ishizaki qui avait été témoin de ça à ta place et utilisons-le pour découvrir s’ils sortent ensemble. En tant que gars qui n’est pas populaire auprès des filles, on dirait simplement qu’il se soucie que son ami ait pu avoir une petite amie avant lui, n’est-ce pas ?

Ishizaki, qui avait peu d’éléments à utiliser comme motif pour demander, accepta immédiatement la suggestion de Nishino.

Ishizaki — Je trouve ça un peu bof comme motif, mais je suppose que ça peut marcher… Très bien, je vais essayer alors. Donne-moi un moment. Les activités du club n’ont pas encore commencé…

Ishizaki comprit que cela pourrait fonctionner et appela Komiya juste après avoir dit cela.

Ishizaki — …Ah, Komiya ? Désolé de t’appeler juste avant le début des activités du club. Ah non, j’ai quelque chose à te demander. Tu as parlé à Shinohara de la classe D ce matin ?… Comme je le pensais. Non, on a fait un pacte de ne pas avoir de petite amie sans s’en parler, mais je pense que tu l’as peut-être oublié !

Ishizaki demanda subtilement  à Komiya de parler de Shinohara. C’était assez bien joué et inattendu.

Ishizaki — Tu me dis que vous ne sortez pas ensemble ? Vraiment ? Si

tu mens t’auras à faire à moi !!

Après avoir confirmé que Komiya et Shinohara ne sortaient pas ensemble, Ishizaki fit un geste OK avec sa main droite.

Cependant, immédiatement après, son expression changea légèrement.

Ishizaki — Eh… Sérieusement ? Oh, oh, je vois, ahh…

Ishizaki, posait les questions d’une manière facile à comprendre pour moi, mais la quantité d’informations que j’obtenais de lui diminua soudainement.

Il écoutait attentivement ce que Komiya disait à l’autre bout du fil.

Ishizaki — … C’est vrai ? Ah, je vois, nah j’ai compris. Le moment est enfin venu pour toi de devenir un homme, et bien sûr, je t’encourage. Fais-moi savoir comment ça se passe.

D’après le sens de la conversation, je pus à peu près comprendre où Komiya et Ishizaki en venaient.

Après avoir mis fin à l’appel, Ishizaki me regarda d’un air un peu gêné.

Ishizaki — Komiya, sérieux… Il a prévu de se déclarer à Shinohara sur l’île.

Moi — Je vois…

S’ils formaient un groupe, ils allaient travailler ensemble toute la journée. Une occasion en or pour faire une proposition.

Ishizaki — On fait quoi ? En fin de compte, il n’y a aucun moyen de l’arrêter.

C’est vrai. Komiya avait le droit d’avouer ses sentiments.

Après tout, même si Ike et Shinohara s’appréciaient, aucun des deux n’était

prêt à faire un pas en avant. Alors si quelqu’un s’interposait entre eux, ce n’était que le destin. Ou peut-être qu’Ike pouvait simplement réussir à la reconquérir à la dernière minute.

Moi — Quoi qu’il en soit, merci pour ton aide précieuse. Je pense que je vais en parler à Horikita. Si Nishino a du mal à former un groupe, tu peux m’en parler. Je pourrai peut-être t’aider d’une manière ou d’une autre.

Ishizaki — J’ai dit que j’avais besoin de rien en retour.

Moi — Nous devrions nous entraider lorsque les choses sont difficiles. Je t’aiderai autant que je le peux.

Ishizaki — Merci, même si ce n’est pas facile pour toi non plus, fais de ton mieux.

Après cette conversation sympathique avec Ishizaki, je décidai d’en parler à Horikita.

9

Je donnai rendez-vous à Horikita au café.

Comme c’était un endroit très fréquenté, le bruit ambiant rendait les conversations difficiles à écouter.

Je fis part de mes inquiétudes à Horikita concernant la situation actuelle entre Ike, Shinohara et Komiya et le fait que cela pourrait affecter le prochain examen. Ike aimait bien Shinohara mais n’avait toujours pas fait de geste. Komiya, cependant, prévoyait de bientôt lui faire part de ses sentiments.

La réaction de Horikita en entendant mes inquiétudes fut…

Horikita — Ce n’est pas bien de les laisser tranquilles ?

Comme je m’y attendais en partie, sa réaction a fut de l’indifférence.

Horikita — Je pensais que nous avions un sérieux problème puisque c’est toi qui venais consulter… mais ce n’est pas à nous de régler ce problème. De plus, j’ai évalué que les capacités d’Ike-kun en tant que boy-scout étaient non négligeables, donc nous devrions le regrouper en fonction de ses capacités, pas de ses sentiments.

Moi — Je n’en suis pas si sûr. Ike semble être excessivement préoccupé par les affaires de Shinohara. Selon la situation, il pourrait ne pas être aussi efficace que l’année dernière. Rien que cela aurait été acceptable, mais maintenant il y a une possibilité qu’il devienne un handicap pour son groupe à cause de Shinohara.

Horikita — Donc il pourrait être expulsé à cause de ses sentiments pour Shinohara qui le mènent par le bout du nez ?

Moi — Nous ne pouvons pas l’exclure.

Horikita — …Ce serait problématique. C’est tellement stupide.

Agacée, Horikita laissa échapper un gros soupir.

Moi — Il semble que Komiya et Shinohara aient déjà accepté de former un groupe. Mais, à cause de tes ordres, ils n’ont pas encore confirmé. Cependant, si tu leur donnes la permission, il y a de grandes chances qu’ils constituent un groupe. Tu es le chef de la classe D maintenant, donc si tu dis à Shinohara que se mettre avec Komiya est stratégiquement désavantageux, elle t’écoutera probablement.

Horikita — Tu dis donc qu’il est nécessaire d’empêcher cela ? Mais si nous les empêchons de former un groupe, Komiya-kun ne va-t-il pas simplement changer le moment de sa déclaration ? Selon la situation, il pourrait se déclarer demain même.

Moi — C’est possible.

Horikita — C’est beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît. Nous ne pouvons pas nous occuper d’eux avant qu’ils ne commencent à sortir ensemble.

Moi — Alors que devons-nous faire ?

Horikita — Pourquoi ne pas simplement faire avouer Ike-kun ? Si Shinohara-san accepte, Ike-kun se battra pour rester à l’école, quel que soit le groupe dans lequel il se trouve, non ? D’un autre côté, s’il est rejeté, il pourra oublier toute cette histoire et se concentrer sur l’examen.

Bien que je pense que la première hypothèse soit vraie, il est difficile de se prononcer sur ce qu’il pouvait faire en cas de rejet. Il y avait un risque qu’il abandonne tout simplement à cet examen.

Cependant, ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait régler en parlant simplement. Alors peut-être qu’amener Ike à se déclarer rapidement était la meilleure solution.

Horikita — Bien que tu sois doué pour de nombreuses choses, tu ne sembles pas du tout être doué pour la romance.

Moi — J’y travaille, j’y travaille.

Horikita — Pour de vrai ?… Eh bien, laisse-moi voir ce que je peux faire. Pour l’instant, je vais commencer par demander à Ike-kun et Shinohara- san de former un groupe ensemble, d’accord ?

Même si nous n’avions pas terminé notre collation, Horikita sortit son téléphone et lança l’application OAA. Seulement, elle découvrit quelque chose de complètement inattendu.

Horikita — Malheureusement, il semble que nous arrivions trop tard.

Horikita posa son téléphone sur la table et le fit glisser vers moi pour que je puisse voir l’écran. Sur l’OAA, on pouvait voir les groupes qui formés, et nous pouvions constater que Shinohara et Komiya avaient déjà formé un groupe. La troisième personne de leur groupe était Kinoshita Minori de la classe B.

Horikita — Puisque nous sommes déjà arrivés à ce point, nous devons prendre des mesures pour empêcher la perte de motivation d’Ike-kun.

Moi — Discutons-en également avec Yôsuke. Il est en train de réfléchir au meilleur groupe pour Ike en ce moment.

Former des groupes allait décidément être compliqué.

10

Après la tombée de la nuit, mon rendez-vous habituel avec Kei débuta dans ma chambre.

La conversation d’aujourd’hui portait sur les groupements pour l’examen, en commençant par le combat entre Ike et Shinohara.

Karuizawa — Hé… Kiyotaka, avec qui tu comptes te mettre ?

Avec une expression un peu timide, Kei leva les yeux vers moi et posa cette question.

Moi — Pour le moment, avec personne. Karuizawa — Eh ? Pourquoi ?

Je sentais que Kei voulait se grouper avec moi, mais j’avais peur que cela ne me soit pas bénéfique. Ce n’était pas dû à un manque de capacité de la part de Kei, mais c’était inadapté compte tenu de mon combat contre Tsukishiro.

Moi — Former un groupe a sans aucun doute ses propres avantages. Malgré tout, ça ne veut pas dire que gagner seul n’est pas faisable. Cela a plutôt l’avantage de permettre à l’élève de faire ses propres choix sans être influencé par d’autres. De plus, en fonction de la situation, cet élève peut aider d’autres groupes et même les rejoindre s’ils sont sur le point d’abandonner.

Karuizawa — En gros, tu peux t’adapter plus facilement lorsque tu es en solo…

Peu importe, garçon ou fille, passer l’examen seul est dans les règles. En d’autres termes, c’est aussi une chance pour les élèves qui pensaient être polyvalents de gagner par eux-mêmes.

Moi — Si un élève arrivait seul à la première place, cela donnerait avec

lui seul 300 points à la classe.

Karuizawa — Kiyotaka, si c’est toi, tu peux prendre la première place ? Moi — Qu’est-ce que tu en penses ?

Nos regards se croisèrent alors que je posais la question à Kei. Pendant que nous nous regardions, elle était raide en réfléchissant.

Karuizawa — J’ai l’impression que… Tu prendrais la première place facilement. Eh, mais attends une minute… Ça va pas être encore plus difficile de dire que nous sortons ensemble ?

Kei ne put s’empêcher de paniquer en pensant à l’avenir.

Karuizawa — Si tu arrives en première place tout seul, Kiyotaka, je serais tellement fascinée que je pourrais m’évanouir. Tu serais tellement bg. Mais, mais, ah- je ne sais plus on j’en suis !

Moi — Tu t’excites trop. Ne t’inquiète pas, obtenir la première place n’est pas une tâche facile, loin de là.

Karuizawa — Alors, alors… même toi, tu ne penses pas pouvoir gagner, Kiyotaka ?

Moi — Disons qu’il y a une chance sur deux.

Karuizawa — Répondre ça est déjà super impressionnant…

Moi — De toute façon, la chose dont tu devrais t’inquiéter n’est pas de savoir avec qui tu devrais te grouper, Kei.

Karuizawa — Eh ? Ce n’est pas important ? Je risque d’être expulsée si je ne fais pas attention à ça.

Moi — C’est vrai, cet examen spécial implique une expulsion. Si tu fais

partie des 5 derniers groupes, tu devras faire face à cette sanction. C’est pourquoi tu ne peux pas choisir au hasard avec qui tu te regrouperas.

Karuizawa — Oui. C’est pour ça que je voulais me grouper avec toi, Kiyotaka… J’espérais que t’allais pouvoir me couvrir !

Kei, qui m’avait invité de manière détournée plus tôt, dit finalement ça sans tourner autour du pot.

Moi — Même si je ne te protège pas, il y a toujours un moyen de te sauver, n’est-ce pas ? C’est-à-dire garder un dépôt de la quantité de points privés pour annuler l’expulsion.

Karuizawa — C’est vrai, mais…

Moi — Bien qu’une grande quantité de points privés soit nécessaire, tant que tu les as, tu ne seras certainement pas expulsée.

Karuizawa — C’est vrai, mais même si tu formes un groupe de 6 élèves à l’examen, tu auras toujours besoin d’1 million de points pour éviter l’expulsion, n’est-ce pas ? Je n’en ai pas autant.

Moi — Combien te reste-t-il maintenant ?

Karuizawa — Hum… 240 000 points… E-malgré ça, je suis considérée comme quelqu’un qui a beaucoup économisé récemment !

Moi — Non mais pas besoin de te justifier !

Comme je me trouvais dans une situation similaire, je n’étais guère du genre à faire des reproches.

Moi — Il te manque donc 760 000 points ?

J’en avais environ 250 000 en rab. Même si je les donnais  à Kei, elle n’aurait même pas eu la moitié du montant requis.

Moi — Kei, tu as la carte « Rente », n’est-ce pas ? Karuizawa — Oui. Cette carte est bien ?

Moi — Honnêtement, je ne peux pas dire que c’est une bonne carte. Que ce soit en bien ou en mal, l’impact sur toi serait le plus faible de toutes les cartes, car ce n’est ni une carte qui te récompense pour tes efforts, ni une carte qui t’aide si tu commets une erreur pendant l’examen. Comme tu ne pourrais l’utiliser que pour parier sur un groupe qui, selon toi, aurait des chances de gagner, on peut dire qu’elle est en bas de la liste en termes de valeur.

Karuizawa — …Oui, c’est vrai.

Kei avait plus ou moins compris cela dès le début, et soupira de déception.

Karuizawa — Kiyotaka, ta carte est la carte « Quitte ou double », n’est- ce pas ? C’est une carte qui a un effet fort si tu gagnes, mais à l’inverse si tu perds, ce serait tragique… Ah, bien sûr, je sais que tu n’auras aucun problème. Perso, je voulais la carte « Réduction » ou « Nullité ».

Pour une élève comme Kei, il était naturel que les cartes de secours aient plus de valeur que des cartes comme la carte « Quitte ou double ».

Moi — Puis tu as toutes tes chances. Il y a probablement aussi beaucoup d’élèves qui pensent que les cartes « Réduction » ou la carte « Nullité » ne valent rien et qui auraient bien aimé tirer la tienne.

Contrairement aux cartes « Début d’examen » et « Bonus », elle n’affectait pas les élèves qui avaient confiance en leurs capacités ; elle visait donc plutôt les élèves du milieu du peloton qui pensaient qu’ils ne pouvaient pas forcément gagner. De plus, comme la plupart des élèves se trouvaient au milieu, il allait être facile de trouver quelqu’un avec qui échanger. Cependant, des cartes comme la carte « Réduction » allaient être convoitées par certains élèves dans la moyenne basse et dans le bas de l’échelle. En fait, selon la personne, une carte pouvait avoir plus ou moins de valeur.

Moi — Je vais préparer les points. Karuizawa — Eh ?… Comment ?

Moi — Il y a de nombreuses façons, mais la vente de la carte « Quitte ou double » est un moyen de t’obtenir les points qu’il faut.

Karuizawa — Mais alors, tu devras renoncer à la carte « Quitte ou double

»… C’est vraiment ce que tu veux ?

Moi — Il est plus important d’éviter que tu sois expulsée. Karuizawa — Oui, oui… Merci.

Après avoir dit cela, Kei rougit.

Peu après, notre changions de sujet et commencions à parler des vacances d’été qui approchaient. L’ambiance devint plus agréable, mais notre relation ne progressa pas d’un pouce.

11

Il y avait une règle selon laquelle des groupes de trois personnes maximum pouvaient être formés avant le début de l’examen spécial en été.

Mais il fallait voir plus loin.

Sakayanagi — Ah, tu es là, Ichinose-san.

Ichinose — Désolée de t’avoir fait attendre, Sakayanagi-san.

C’était le vendredi du premier week-end après le début des formations de groupe. Sakayanagi avait contacté Ichinose et lui avait demandé de venir au café.

Sakayanagi — Est-ce que c’est le bon moment ? Comme j’ai demandé si soudainement, j’étais aussi préparée à ce que tu me rejettes et ne viennes pas.

Ichinose — Ce n’est pas un problème du tout, même si je ne pensais pas que tu me contacterais donc j’ai été un peu surprise.

Ce jour-là, une heure avant de se retrouver au café, Sakayanagi avait lancé une invitation soudaine à Ichinose. Il n’aurait pas été étrange qu’Ichinose ne vienne pas.

Sakayanagi — C’est parce que quoi qu’il arrive, je voulais te rencontrer aujourd’hui, Ichinose-san.

Sakayanagi mentait. Inviter Ichinose avec un préavis aussi court était une stratégie pour ne pas lui laisser le temps de réfléchir. Si elle avait été prévenue quelques jours à l’avance, Ichinose aurait spéculé sur le sujet de la rencontre.

Selon l’occasion, elle aurait même pu demander de l’aide à un camarade de

classe comme Kanzaki. C’était uniquement pour avoir l’avantage.

Sakayanagi — Au fait, pourquoi as-tu accepté ma demande soudaine ?

Ichinose — Pourquoi ? Parce que je n’avais rien de spécial de prévu pour aujourd’hui.

Sakayanagi — Ce n’est pas ce que je voulais dire. Je t’ai déjà fait des choses terribles, Ichinose-san. Peut-être même que tu me détestes…

Afin de supprimer Ichinose, Sakayanagi avait secrètement déterré son passé. Une pareille trahison conduirait logiquement à une certaine haine de  la personne, ou sans aller jusque-là au moins une petite méfiance. Cependant, non seulement Ichinose avait immédiatement accepté l’invitation soudaine de Sakayanagi, mais elle ne semblait pas non plus lui en vouloir du tout.

Ichinose — Eh bien, je ne pense pas que tu aies fait quelque chose d’excessif, Sakayanagi-san. En effet, je devais réfléchir à ce qui s’est passé pendant le collège, car je pense aussi que c’était un acte honteux. De plus, ce n’est pas comme si je t’avais demandé de garder le secret, donc je ne pense pas qu’il soit juste de te reprocher de l’avoir révélé.

Ce qu’Ichinose voulait dire, au final, c’était que c’était sa faute d’en avoir parlé. Sakayanagi — Tu es définitivement une bonne personne, Ichinose-san. Ichinose — Le suis-je ? Je ne suis pas trop sûre de ça.

Ichinose semblait être un peu gênée, se grattant légèrement les joues et détournant les yeux, comme si elle ne pouvait pas supporter la vue de Sakayanagi qui la regarde doucement.

Ichinose — Alors… De quoi veux-tu me parler ?

Ichinose avait peut-être pensé qu’elle se sentirait mal à l’aise si elles continuaient avec ce sujet, alors elle poussa Sakayanagi à aller droit au but.

Sakayanagi — Comme tu le souhaites. Je vais être directe mais tu risques de ne pas être très à l’aise avec ça non plus.

Ichinose marmonnait pour elle-même « aies pitié », car les mots de Sakayanagi sonnaient comme un avertissement.

Sakayanagi — Pour parler franchement, si cela continue, la classe A ressentira naturellement le danger que la classe B s’approche d’elle à nouveau. Peux-tu me dire ce que tu penses à ce sujet ?

Sakayanagi souligna sans pitié la situation actuelle où Ichinose et sa classe étaient laissés pour compte.

Ichinose — Ahaha… Tu es vraiment franche.

Pendant un moment, Ichinose regarda dans le vide, puis elle commença à arborer un sourire amer sur le visage.

Avec un sourire délibéré, Sakayanagi attendit sa réponse. Ichinose — C’est vrai que nous stagnons pas mal.

Le 1er mai, la différence de points entre la classe d’Ichinose et la classe B menée par Ryuuen, qu’elle poursuivait, n’était que de 26 points. Ichinose pensait qu’il était possible de rattraper son retard même sans examen spécial, car les points pouvaient être affectés par des choses comme les absences ou les retards. En fait, au cours de l’année dernière, les petites différences de points créées par les actions quotidiennes s’étaient accumulées et avaient fini par affecter les points de classe de beaucoup.

Cependant, lorsque la classe de Ryuuen était passée en classe B, il n’en était rien et la classe d’Ichinose n’avait pas pu grignoter l’écart. À l’approche de juin, l’écart s’était effectivement réduit, mais seulement de 2 points. On pouvait sentir la forte volonté de Ryuuen et de sa classe de ne jamais être dépassés par la classe d’Ichinose.

Ichinose n’eut pas besoin de le dire à voix haute pour que Sakayanagi, qui était

poursuivie par Ryuuen, le ressente également.

Ichinose — Je sais aussi à quel point ils sont redoutables.

Sakayanagi — Même si tu le sais, n’y a-t-il pas des choses contre lesquelles tu ne peux rien faire ? Jusqu’à présent tu as pu t’en sortir, mais les stratégies perturbatrices de Ryuuen-kun ont eu raison de toi. Si tu ne peux pas rattraper ton retard dans la vie quotidienne, les examens spéciaux sont ton seul espoir.

Ichinose hocha légèrement la tête. Cependant, Sakayanagi ne mâchait pas ses mots.

Sakayanagi — Ce n’est pas une personne ordinaire. Pour toi qui est si

« réglo », en un sens, il n’est pas exagéré de dire qu’il est ton plus grand adversaire.

Ichinose, qui avait affronté Ryuuen lors des examens de fin d’année, comprenait très bien ce point. L’agressif et peu conventionnel Ryuuen ne se gênait pas pour enfreindre les règles. Pour Ichinose, c’était un adversaire qu’elle voulait éviter si possible.

Ichinose — Mais pour gravir les échelons, on ne peut pas éviter ce chemin je suppose. De plus, s’il est vrai que Ryuuen-kun est un adversaire coriace, tu n’es pas non plus quelqu’un qui peut être facilement vaincue, Sakayanagi-san.

Bien que Sakayanagi ait eu un différend passé avec Katsuragi concernant le leadership de leur classe, la Classe A avait presque deux fois plus de points que la Classe B de Ryuuen et était le numéro un incontesté. Cet écart garantissait que même si la classe A perdait une ou deux fois, elle pouvait rester confortablement en tête.

Sakayanagi — Même si les classes C et D ont une différence de plus de 200 points, la classe D gagne du terrain, n’est-ce pas ? Es-tu sûr que tu ne seras pas dépassé par eux ?

Ichinose — Horikita-san et sa classe gagnent aussi rapidement en force. En termes de talent individuel, certains d’entre eux feraient le poids contre la majorité des élèves des autres classes… En regardant les choses de cette façon, il semble que je ne doive pas me reposer sur mes lauriers.

Sakayanagi — En effet, il y a quelques individus talentueux intéressants dans la classe D. Avec à leur tête Hirata-kun et Kushida-san, qui ont de fortes compétences en communication et des notes équilibrées, ainsi que Sudou-kun, qui est le seul à avoir obtenu un A+ en capacité physique dans toute les 1ère. Pendant ce temps, leur atout caché, Ayanokôji-kun, a obtenu une note parfaite à un examen de mathématiques extrêmement difficile. Et puis, il y a aussi Kôenji-kun, dont les forces et les limites sont encore un mystère, lui aussi est un adversaire dangereux.

En le disant ainsi, Sakayanagi fit ressentir à Ichinose l’épaisse couche d’élèves talentueux de la 1ère D.

Sakayanagi — Et puis, le leader qui les a rassemblés et les a fait avancer, Horikita-san. Elle a d’excellentes capacités scolaires et physiques, et a récemment rejoint le Conseil des élèves.

Sakayanagi avait une fois de plus réaffirmé à Ichinose sa situation actuelle d’outsider

Sakayanagi — Désolé de continuer avec les mots durs, mais je pense que ce n’est qu’une question de temps avant que ta classe ne tombe en D.

Ichinose — Pour l’instant, cette évaluation est peut-être exacte, mais…

Sakayanagi — Mais quoi ? Vas-tu parler de la valeur de l’effort et de l’amitié, ce genre de concepts abstraits ?

Sakayanagi avait simplement retiré les mots de la bouche d’Ichinose, et cette dernière ne put que ravaler ce qu’elle allait dire.

Sakayanagi — Il est impossible de gagner avec ce genre de choses vagues, peu importe à quel point tu essayes. Alors que chaque classe a clairement augmenté  sa force  au cours  de l’année, je ne vois pas beaucoup de croissance dans la tienne, Ichinose-san.

Ichinose — Ce… ce n’est pas le cas. Nous avons également grandi.

Sakayanagi — Je n’ai pas dit que tu n’avais pas grandi. Il s’agit juste de savoir à quel point.

Ichinose — Tu ne le croiras peut-être pas, Sakayanagi-san, mais je ne pense pas que nous perdrons.

Sakayanagi sourit légèrement et secoua lentement la tête.

Sakayanagi — Si tu regardes l’OAA, il est évident que ta classe a le moins progressé des quatre en comparant les capacités globales de quand nous étions des 2nde à maintenant. Je pensais que tu aurais fait des analyses à ce niveau aussi… Est-ce que c’est parce que tu le savais et que tu as fait semblant de ne pas le remarquer, ou est-ce parce que tu avais peur d’affronter la réalité, que tu n’as pas osé vérifier…

Ichinose se souvint du moment où elle était la star, avec Sakayanagi. Elles étaient respectivement comme une enfant et une adulte. Il était tout naturel qu’elle se sente lésée et qu’elle ait l’impression que Sakayanagi la poussait dans ses derniers retranchements. Face à Sakayanagi, qui attaquait précisément ses faiblesses, elle ne pouvait rien réfuter.

Sakayanagi — Tu es une élève intelligente. Si nous devions concourir à armes égales, tu ne serais certainement pas plus faible que moi. Cependant, lorsque tu es dans une situation désavantageuse, tu ne peux pas démontrer tes forces. Que ce soit la dernière fois, ou cette fois-ci, tu ne pouvais que rester silencieuse après avoir été attaqué directement sur tes points faibles. Cependant, Ryuuen-kun et moi sommes capables de montrer les crocs même si nous sommes dans une situation désavantageuse, tu sais ?

Ichinose — Oui… Oui.

Ces deux personnes ne douteraient probablement pas de leur force quelle que soit la situation.

Sakayanagi — Je peux dire avec certitude maintenant que tu n’as aucune chance de gagner, Ichinose-san.

Ichinose — Tu m’as appelée juste pour me dire ça ?

Sakayanagi — Si c’était juste pour faire ta critique, j’aurais pu le faire n’importe où. Je n’aurais pas pris de mon précieux temps.

À ce moment-là, Sakayanagi décida de dire à Ichinose la vraie raison pour laquelle elle l’avait convoquée aujourd’hui.

Sakayanagi — Pourquoi ne travailles-tu pas avec moi ? Ichinose-san. Ichinose — Eh… ?

La proposition de Sakayanagi était si inattendue qu’Ichinose ne put dire un mot en réponse.

Sakayanagi — C’est le seul moyen pour toi de rattraper ma classe. Ichinose — Non, mais c’est…

Sakayanagi — Une relation de coopération entre les classes n’est pas une mauvaise chose. En fait, n’avais-tu pas une relation similaire avec Horikita-san de la classe D lorsque vous étiez en 2nde ?

Ce n’était pas surprenant que Sakayanagi sache qu’elles avaient une relation de coopération.

Sakayanagi — Ce que je vais dire n’est que pure spéculation de ma part,

mais je pense que tu as déjà dissout ce partenariat avec Horikita. Même s’ils sont à la dernière place, ils ont pu accumuler plus de points de classe que n’importe quelle autre classe l’an dernier et ils rattrapent leur retard avec un élan incroyable. Quand à ta classe, Ichinose-san, vous avez fait un pas en arrière et êtes tombés en classe C. Pour Horikita-san et sa classe, il n’était plus si avantageux de continuer à bosser avec vous.

C’était comme si elle avait été témoin de cette conversation entre Ichinose et Horikita. Sakayanagi avait visé dans le mille. Ichinose ne pouvait pas le nier et répondit sous une forme de quasi aveu.

Ichinose — C’est vrai… les partenariats ne peuvent pas durer éternellement, je suppose.

Sakayanagi — Oui. Pour maintenir une relation de coopération, tu dois remplir une  certaine  condition.  Ta classe et celle  d’Horikita-san la remplissaient l’année dernière, vous aviez donc pu établir une bonne relation sans vous faire inutilement concurrence.

Ichinose hocha la tête en signe d’accord.

Sakayanagi — Cette condition était… la différence de points de classe.

En fait, la raison pour laquelle les classes d’Ichinose et de Horikita avaient collaboré était à cause de l’énorme différence de points de classe.

Sakayanagi — Bien que ce ne soit pas intentionnel, il y a actuellement une différence suffisante de points de classe entre nous. En d’autres termes, je ne pense pas qu’il soit impossible pour nous d’unir nos forces en ce moment.

Ichinose — Ce qui me rend triste, c’est que ce n’est pas une proposition heureuse. Après tout, cela implique que tu proposes ça car notre classe n’est pas digne de ta prudence, que tu la trouves insignifiante.

Sakayanagi — Grossièrement, c’est ça oui.

La réalité impitoyable des mots de Sakayanagi frappa Ichinose.

Néanmoins, Ichinose souriait toujours. Bien que le déni émotionnel soit facile, elle ne pouvait pas ignorer la réalité que sa classe était poussée dans une situation désespérée.

Ichinose — Je ne pense pas qu’il sera bénéfique pour toi de coopérer avec nous, Sakayanagi-san.

Sakayanagi — Non, ce n’est pas vrai. En effet, si nous ne parlons que de la force de combat, tu as de nombreuses lacunes. Cependant, tu as une arme puissante qu’aucune autre classe ne possède.

Sakayanagi sourit et le dit.

Sakayanagi — C’est… la confiance. Ichinose-san, je peux dire avec certitude que tant que nous unirons nos forces, tu ne me trahiras pas, quoi qu’il arrive. C’est un facteur très important à prendre en compte lors de la création d’une alliance.

Un partenaire en qui on peut avoir confiance pour surveiller ses arrières. Sakayanagi avait déclaré que ce facteur en lui-même rendait l’alliance intéressante.

Ichinose — Même si c’est agréable de recevoir cette évaluation de ta part, nous sommes dans une situation où ce genre « d’arme » n’intéresse plus personne, non ?

Sakayanagi — Pourtant, je ne pense pas que tu y renonceras. C’est ce qui te caractérise. S’il y a une trahison, alors ce serait de ma propre faute pour t’avoir mal jugée.

Même si c’était à double tranchant, Ichinose ne considérait pas qu’être en confiance était une mauvaise chose. Cependant, elle savait déjà que Sakayanagi était un adversaire qui ne pouvait pas être pris à la légère.

Ichinose — Pourrais-tu être un peu plus précise ?

Sakayanagi — Puis-je en déduire que tu veux aller de l’avant avec notre partenariat ?

Ichinose —… C’est exact.

Sakayanagi — Si c’est le cas, parlons-en.

Sakayanagi entreprit d’amener la 1ère C dirigée par Ichinose sous sa bannière.

Sakayanagi — Il y a une règle un peu ennuyeuse pour le prochain examen sur l’île déserte : seuls les élèves de la même année peuvent former un groupe, et les récompenses seront réparties équitablement entre les classes. En d’autres termes, même si les meilleurs membres de chaque classe sont sélectionnés pour former un groupe, cela ne créerait pas de différence dans les points de classe.

Ichinose — Exact. Donc je suppose que l’idée est de créer un groupe gagnant pas trop mélangé.

Sakayanagi — Si nos deux classes travaillent ensemble…

Sakayanagi — Même si l’écart avec notre classe ne serait pas réduit, tu pourrais rattraper la classe de Ryuuen-kun et creuser l’écart avec la classe D.

Ichinose — Mais… Si nous faisons ça, nous perdrons une chance de rattraper ta classe.

Sakayanagi — Le fait de retrouver une position stable ne devrait-il pas être ta priorité pour te préparer aux 2ème et 3ème trimestres ? Si tu refuses mon offre maintenant, ce n’est pas comme si tu avais d’autres plans. N’est-ce pas ?

Ichinose — C’est…

Sakayanagi — Sans compter que si tu perds à nouveau contre les autres classes, tu tomberas en classe D. Tu perdras aussi beaucoup de points de classe et tu te retrouveras dans une situation extrêmement difficile. Dans ce cas, ton objectif de classe A deviendra un pur fantasme.

Une fois de plus, Ichinose se tut car elle ne pouvait pas répondre à ce que Sakayanagi lui disait.

Sakayanagi — Je pense que tu te méfies toujours de moi. Cependant, il n’y a pas beaucoup d’occasions de travailler avec les autres classes. Les classes D ou B, pour rattraper ma classe, ne s’associeront pas à moi. Des groupes forts peuvent être créés si les classes B, C et D se regroupaient même.

Peu importe la force de la classe A, si les classes B, C et D travaillaient toutes ensemble, il leur aurait été difficile de gagner.

Ichinose — Je mentirais si je disais que je n’ai jamais pensé à ça avant.

Sakayanagi — N’est-ce pas ? Cependant, la stratégie consistant à ce que

les trois classes forment une alliance n’est pas réaliste. Dis-moi Ichinose-san, as-tu reçu des invitations à ce sujet depuis le jour où les règles ont été annoncées ? Cela fait déjà quelques jours.

Ichinose baissa les yeux et secoua lentement la tête.

Sakayanagi — Si trois classes formaient un groupe, les récompenses en points de classe seraient réparties équitablement entre elles. Même si tu fais tout ton possible et que tu obtiens la 1ère place, la différence de points ne sera diminuée que de 100 points. Avec la 2e de 67 points, et de 33 points avec la 3ème.

Même si les 1ère B, C et D prenaient toutes les premières places, la différence de points avec la classe A n’allait diminuer que de 200 points. Bien que ce ne soit pas une petite somme, cet examen spécial était avant tout une occasion de maximiser les récompenses.

Sakayanagi — Il est naturel de vouloir gagner seul et de réduire l’écart de 300 ou 400 points.

Ichinose — Mais si toi et moi nous nous regroupons, Horikita-san et Ryuuen-kun pourraient aussi se regrouper… De plus, y compris dans ma classe, il y a déjà des groupes qui se sont formés, non ?

Sakayanagi — C’est vrai. J’ai plutôt attendu que les groupes commencent à se former. Dans la situation actuelle où aucune des classes ne veut unir ses forces de manière globale, je propose que nous ne choisissions que les forces principales de nos classes pour former un groupe.

Ichinose — Qu’est-ce que tu entends par « forces principales » ?

Sakayanagi — Comme l’année dernière, je ne peux pas me déplacer sur l’île à cause de mon handicap. Cependant, je suis autorisée à participer à cet examen, juste dans une position un peu spéciale.

Ichinose — Spéciale ?

Sakayanagi — Les élèves qui ne peuvent pas participer pour des raisons de santé sont éliminés dès le début de l’examen, n’est-ce pas ? Cependant, je vais participer en tant qu’élève ‘semi-éliminé’.

Ichinose — « Semi-éliminé » ?

Sakayanagi — Même si je ne peux pas me promener librement sur l’île à cause de mes jambes, j’ai le droit de rester au point de départ et de concourir selon les mêmes règles que tout le monde. En d’autres termes, si tu me demandes un conseil, je peux t’aider, et s’il y a un problème difficile, nous pouvons le résoudre ensemble. Cependant, lorsque je serai la seule personne restante dans le groupe, à ce moment-là, le groupe sera éliminé.

Ichinose — Alors Sakayanagi-san, tu peux participer sous cette position spéciale ?

Ichinose comprit immédiatement que Sakayanagi allait jouer un grand rôle en fonctionnant comme le cerveau, bien qu’un moyen de communiquer avec elle allait être nécessaire.

Sakayanagi — Dans ma classe, tu es libre de choisir parmi 4 élèves : Hashimoto-kun, Kitô-kun, Masumi-san et moi-même. Nous sommes sans aucun doute les forces principales de la classe A. De la classe B, il y a toi et Kanzaki-kun…ainsi que Shibata-kun, n’est-ce pas ?

Tous les élèves qui avaient été listés n’avaient pas encore formé de groupe et observaient la situation.

À ce stade, il n’y avait aucun inconvénient pour les deux parties.

Ichinose — C’est vrai. Si l’on considère que la force physique sera également nécessaire sur l’île. Cependant, il n’y a aucune garantie que nous puissions fusionner comme bon nous semble après le début de l’examen spécial, n’est-ce pas ?

Sakayanagi — Certes mais ce ne sera pas impossible.

Sakayanagi sourit. Cela montrait qu’elle avait confiance en sa capacité à réunir le grand groupe, quelles que soient les difficultés qu’ils allaient peut-être rencontrer.

Ichinose — Sakayanagi-san, puis-je te dire ce que je ressens vraiment ? Sakayanagi — Bien sûr.

Ichinose — Sakayanagi-san, tu n’as vraiment pas envie que les trois classes se battent ensemble. Ou pour dire simplement les choses, tu as peur de cette situation, n’est-ce pas ?

Sakayanagi — Qu’est-ce que tu veux dire ?

Ichinose — Tu as dit que j’étais quelqu’un en qui tu pouvais avoir confiance, et je pense que tu es sincère. Cependant, le plus important pour toi est d’empêcher la classe B, la classe C et la classe D de travailler ensemble pour rattraper la classe A. En effet, le nombre de points de classe que nous pouvons obtenir si nous gagnons ensemble diminuera, mais il n’y a aucune garantie que les fruits d’une telle stratégie n’apparaissent pas sur le long terme.

Ichinose, qui avait été repoussée par les mots de Sakayanagi jusqu’à présent, se mit à passer à l’offensive.

Ichinose — Une alliance entre les trois classes pour détrôner classe A…. Si cela réussit, tu serais obligée de livrer une bataille acharnée à partir de maintenant, Sakayanagi-san… N’est-ce pas ?

Sakayanagi fut un peu surprise par la contre-attaque d’Ichinose, qui était sur la défensive jusque-là.

Sakayanagi — Je suppose que je t’ai un peu sous-estimée, Ichinose-san.

Cela n’avait pas d’importance pour Sakayanagi si l’une des classes inférieures

obtenait plus de 300 points à cet examen spécial. En tant que classe A en tête, ce que Sakayanagi devait le plus éviter dans cet examen, c’est que les trois classes inférieures forment une alliance. Et elle craignait cette alliance non seulement pour cet examen mais aussi pour d’autres examens de ce genre à venir. S’il y avait un talent capable de rassembler les trois classes, cela était probablement Ichinose Honami. C’est pourquoi Sakayanagi essayait de mettre Ichinose de son côté, avant que ce scénario ne se produise.

Sakayanagi — Cette proposition de travailler ensemble. Vas-tu l’accepter ou non ?

Après avoir pris acte de ses paroles, Sakayanagi demanda à nouveau la coopération d’Ichinose.

Sakayanagi — Si tu travailles avec moi, je peux te garantir le sauvetage de trois personnes. Je te prêterai donc un total de 3 millions de points pour les élèves qui ont un risque élevé d’expulsion. S’ils reçoivent la sanction, tu pourras utiliser cette somme pour les repêcher. Pour toi, qui tient à ses camarades plus que quiconque, cette proposition devrait t’être d’une grande aide.

Craignant d’être rejetée, Sakayanagi tendit la main à Ichinose.

Ichinose — Et pourquoi pas pour 5 personnes ? Comme ça, je serais complètement rassurée !

Sakayanagi — Quelle avarice ! Même si j’avais prévu de dépenser une somme similaire dernièrement, je vais t’accorder ça. Parce que c’est toi.

Depuis plus d’un an, la classe A avait toujours reçu un plus grand nombre de points privés que les autres. Par conséquent, la quantité de points économisés par chaque élève de cette classe n’avait aucune commune mesure avec les trois autres.

Ichinose — Avec cela, notre contrat est scellé. Même si tu n’avais pas

proposé de me prêter les points, j’aurais choisi d’unir mes forces avec toi. Notre objectif principal est bien sûr d’atteindre la Classe A mais, comme tu l’as dit, nous sommes tombés en Classe C et nous ne pouvons pas nous permettre de tomber encore plus bas. Tomber en classe D serait sûrement psychologiquement insoutenable pour ma classe.

Ichinose chercha à serrer la main de Sakayanagi.

Ichinose — J’accepte donc la proposition d’alliance entre la 1ère C et la 1ère A.

En se serrant la main, elles avaient établi une alliance entre leurs deux classes.

Ichinose — Avec ça, je peux me battre rassurée. Même si c’est un peu précipité, j’ai une requête à faire…

Sakayanagi — Afin de maximiser nos chances de gagner, il faut commencer par donner à la force principale de la classe A la carte

« Membre supplémentaire »… N’est-ce pas ?

En tant qu’alliée, Ichinose avait déjà commencé à former la meilleure stratégie pour l’avenir.

Ichinose — Oui. En utilisant cette carte dont il n’y a qu’un seul exemplaire en 1ère, nous pourrions former un groupe de 7 membres.

C’était une autre raison pour laquelle Sakayanagi avait décidé de se battre aux côtés d’Ichinose.

Sakayanagi — C’est utile que tu aies compris si vite.

Ichinose — Cependant, Ryuuen-kun et Horikita-san sont tous deux des adversaires redoutables.

Sakayanagi ne sous-estimait pas non plus l’un ou l’autre. D’autant que Horikita

avait Ayanokôji derrière elle, la bataille n’allait donc jamais être facile. Cependant, elle avait choisi de se battre avec Ichinose avec la certitude de l’emporter.

Ichinose — La première place sera nôtre. Je ne lésinerai pas sur les efforts pour ça.

Avec leurs forces principales consolidées, elles allaient défier les classes de Ryuuen et de Horikita ainsi que les 2nde et les terminale.

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