CLASSROOM Y2 V11 Chapitre 3

La requête de Horikita et Ayanokôji

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Traduction : Kojishida
Correction : Raitei
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Nous étions la nuit du premier jour du camp de découverte. Contrairement à l’an dernier, la réelle différence résidait dans le fait que les première et seconde étaient mélangés dans les chambres. Voilà pourquoi ce moment pouvait être particulièrement stressant, car certains seconde pouvaient ne pas être à l’aise à cette idée de se mêler avec nous. Hashimoto s’était donc empressé de briser la glace et cela semblait fonctionner, car tous les seconde du groupe s’étaient déjà assez rapprochés de lui pour pouvoir lui parler avec le sourire. Parmi les huit personnes de la pièce, j’étais le plus réservé.

— Tu as gagné tous tes matchs du premier jour, Hashimoto-senpai !

— On ne savait pas qui allaient être nos adversaires. C’était l’inconnu !

Toyohashi et Yanagi s’en réjouissaient. Chacun d’entre eux avait joué à tour de rôle au tennis de table lors des troisièmes et quatrièmes matchs d’aujourd’hui.

Shintoku et Obokata semblaient également d’accord, hochant la tête à plusieurs reprises bien que timidement. L’un d’eux s’exprima.

  • Désolé. Nous n’avons pas encore participé une seule fois…

Hashimoto — Pas d’inquiétude. À vue de nez, environ la moitié n’a pas participé. Honnêtement, ce n’est que du bonus. Ceux qui ne comptent pas trop participer doivent juste faire le minimum pour la carte à points privés.

Le fait de devoir participer à des activités pour être éligible à la carte à points avait d’abord été accueilli avec un certain scepticisme, mais cela avait l’air de mieux fonctionner que prévu. C’était une bonne occasion d’approfondir les relations humaines. D’ailleurs, il n’y avait eu aucun groupe qui cherchait véritablement à gagner les cinq matchs d’aujourd’hui, mais cela ne signifiait pas qu’il était facile d’atteindre la première place. Au vu des scores, on pouvait s’attendre à une rude bataille à partir de demain. Quatre groupes, dont le nôtre, avaient jusque-là tout remporté. Trois groupes avaient gagné quatre matchs sur cinq et trois groupes avaient tout perdu.

La répartition des victoires et des défaites montrait clairement la différence de compétitivité. Parmi les groupes ayant gagné un ou deux matchs, on ne pouvait pas être trop sûrs de leur degré d’implication. Mais on pouvait dire que nous étions en concurrence avec la moitié des groupes pour la 1re place.

— Le groupe de Nagumo-senpai est un prétendant clair, n’est-ce pas ?

Takumi Oda, de 1ers C, marmonna cela en réfléchissant aux cinq matchs.

— C’est ce que je pense. Ils ont gagné tous leurs matchs aussi.

La force du groupe de Nagumo-senpai était qu’ils avaient de très bons éléments. Pas un seul ne prenait les activités à la légère ce qui avait clairement contribué à leur réussite. Il était facile d’imaginer qu’ils avaient expérimenté diverses choses enrichissantes. Heureusement, ce n’était pas des examens écrits, ce qui nous avait permis de rivaliser. Mais il y avait tout de même un fossé qui s’était créé au vu du très grand nombre de novices.

— Au fait, Hashimoto-senpai, à propos de ma classe…

La conversation ne portait pas seulement sur le camp, mais aussi sur des sujets personnels insignifiants. J’observai la conversation des sept personnes, me sentant quelque peu détaché. Même si le groupe n’était réuni que depuis quelques heures, les seconde semblaient déjà admirer Hashimoto, et la conversation était naturellement animée avec lui au centre. Comme on pouvait s’y attendre de la part de quelqu’un qui s’enorgueillissait de ses capacités, il n’y avait pas d’autre façon de le dire. Il commençait à nouer des relations comme s’il s’agissait de connaissances ou d’amis de longue date. Yôsuke et d’autres personnes douées pour se fondre dans leur environnement étaient un peu pareils, mais lui avait quelque chose de différent. Même Oda avait également réussi à bien s’intégrer.

Hashimoto — Mais c’était une journée surprenante à bien des égards.

Dit-il en tenant dans sa main un mémo qui enregistrait les victoires et les défaites de chaque groupe annoncé par l’école.

Hashimoto — Le groupe de Ryuuen a perdu deux fois, et celui de Sakayanagi, trois fois. Ils peuvent être hors-jeu dès demain.

Nous ne les avions pas affrontés aujourd’hui alors difficile de jauger le niveau. Mais si Hashimoto n’avait pas pris en charge l’organisation, il aurait pu recueillir plus d’informations. Malheureusement, on ne pouvait pas faire plus.

— C’est surprenant. J’ai toujours eu l’impression que Sakayanagi-senpai était forte. Est-ce à cause du terminale qui la dirige ?

Selon l’OAA, le terminale D nommé Iki qui était aux commandes, avait une note de D+ en aptitude académique. C’était loin d’être satisfaisant. Il semblait peu probable qu’il ait une participation active.

Hashimoto — Si Sakayanagi voulait gagner, il aurait logique qu’elle prenne le commandement, qu’il s’agisse d’un terminale ou autre. Elle ne reculerait pas même si c’était Nagumo-senpai ou Kiryûin-senpai. Alors Iki-senpai, n’en parlons même pas. Quoi qu’il en soit, elle prendrait rapidement le contrôle. Et même sans aller jusque-là, elle pourrait léguer dans le cas où ses camarades sont compétents.

Il semblait que Hashimoto connaissait un peu cet Iki.

Kosumi — Alors, est-ce simplement un manque de compétence ?

Alors resté silencieux jusqu’à présent, il avait pris la parole, mais Toyohashi nia immédiatement.

Toyohashi — Les seconde de son groupe n’ont pas l’air mauvais. J’imagine que c’est le cas des première, non ?

Comme Toyohashi l’avait dit, le groupe auquel Sakayanagi avait été affectée n’était pas si mauvais. Iki semblait également avoir choisi des membres assez compétents ce qui montrait qu’il voulait gagner. Il était donc normal que Hashimoto se demande pourquoi elle avait perdu autant de matchs.

Hashimoto — Qu’il s’agisse d’un examen spécial ou d’un camp de découverte, Sakayanagi cherche toujours à gagner.

Hashimoto, qui avait toujours été à ses côtés, le savait mieux que quiconque. Ces trois défaites l’interpelaient.

Oda — Je le pense aussi. Est-ce qu’elle prépare quelque chose ?

Oda semblait également troublé par les trois défaites de Sakayanagi et restait bien pensif. Cependant, y réfléchir ici n’allait pas faire avancer les choses. Finalement, les sept commencèrent à s’exciter sur un sujet complètement sans aucun rapport. Au bout d’un moment, Hashimoto s’éloigna des seconde et s’approcha de moi qui l’observais de loin. Sur son chemin, il prit la télécommande de la télévision et alluma délibérément la télévision pour animer la pièce. C’était une émission de variétés que l’on avait en fond.

Hashimoto — Se pourrait-il que la perte de Kamuro ait un impact ?

Lui, qui voulait confirmer la raison de ces trois défaites, me demanda cela.

Moi — Peut-être.

Difficile de juger en se basant uniquement sur les résultats actuels, mais il n’y avait aucune preuve du contraire.

Hashimoto — Si elle faiblit vraiment, c’est une bonne chose pour moi. En passant les examens de fin d’année comme ça, j’aurai peut-être une chance de gagner.

Mais pour Hashimoto, il s’agissait tout de même de rester sur ses gardes.

Hashimoto — Peux-tu quand même chercher à savoir ce qu’il en est ?

Moi — C’est ta spécialité ça, pas la mienne.

Je tentai de refuser, mais il répliqua en me chuchotant à l’oreille.

Hashimoto — S’il te plaît, aide-moi cette fois. Je suis l’homme le plus détesté de la classe A. Surtout Kitô, qui a l’air de vouloir m’étrangler. Pour l’instant, tout va bien parce que Sakayanagi n’a rien dit, mais qui sait ce qui se passera quand ma trahison deviendra évidente.

Il s’imagina la chose en se prenant dans les bras. Mais il restait un peu amusé.

Moi — Tu n’as pas l’air d’avoir si peur que ça, n’est-ce pas ?

Hashimoto — Si je ne peux même pas bluffer alors à quoi bon trahir ?

Logique.

Hashimoto — D’ailleurs, j’ai tourné la page grâce à toi. Je t’en suis reconnaissant.

Il s’était confié chez moi la dernière fois. Il pouvait maintenant aller de l’avant, car la conversation lui avait fait du bien, mais ce n’était que temporaire. Lorsque l’impact de sa trahison commencera à se faire sentir, ce ne sera plus le cas. Son temps était compté.

Hashimoto — Tu peux contacter Sakayanagi directement, n’est-ce pas ?

Moi — Tu fais ce que tu veux, mais depuis quand suis-je ton allié ? Je n’ai pas l’intention de me mêler de ce qui ne me regarde pas.

Hashimoto — Certes, mais dans ce camp, nous sommes dans la même équipe. Même si elle a perdu trois fois, il faut se méfier de Sakayanagi. Étant donné que nous pouvons l’affronter demain, ce n’est pas une mauvaise idée d’aller à la pêche aux infos.

Même s’il se souciait peu des batailles de groupe, il fallait saluer à quel point il arrivait à être crédible dans sa prise de parole en public.

Moi — Je vois. Mais tant que toi et moi sommes dans le même groupe, Sakayanagi sera plus méfiante que d’habitude. Je ne veux pas que tu t’attendes à des informations utiles.

Hashimoto — Je comprends. Je considérerai cela comme du bonus, d’accord ?

Moi — …D’accord. Je ferais de mon mieux alors.

Hashimoto — Je compte sur toi.

Je voulais aussi connaître la raison de ces trois défaites.

Mais que je transmette ou non les informations obtenues à Hashimoto était une autre histoire.

1

Le moyen le plus rapide d’entrer en contact avec Sakayanagi était, bien entendu, de l’appeler directement. Cependant, ce n’était pas suffisant pour connaître en détail sa situation. Elle pouvait me parler honnêtement tout en omettant des informations qu’elle voulait cacher. Une autre option était d’obtenir indirectement des informations de quelqu’un qui était au courant en détail de la situation, mais cela comportait des risques de fuite. Hondô et Shinohara, de la classe de Horikita étaient assignés au même groupe que Sakayanagi, mais ni l’un ni l’autre n’était du genre à se taire ou à bien jouer la comédie. En attendant, j’avais décidé de sortir dans le hall d’entrée pour mettre de l’ordre dans mes pensées. Qui sait, je pouvais tomber sur Sakayanagi.

 — Ayanokôji-kun.

Alors que je me dirigeais vers le hall d’entrée, un élève me remarqua et s’approcha de moi. C’était Sanada, dans la même classe que Sakayanagi. Il semblait sortir du bain, car ses cheveux étaient mouillés. On pouvait d’ailleurs voir quelques gouttes d’eau sur ses lunettes.

Sanada — On peut parler un peu ? Je dois te demander une chose.

Moi — Ça ne me dérange pas. Qu’est-ce que tu veux savoir ?

J’étais content que Sanada apparaisse devant moi. Le premier jour, il avait gagné un match contre le groupe de Sakayanagi.

Sanada — C’est à propos de Hashimoto-kun qui est dans ton groupe. Je suppose que tu as entendu les rumeurs à son sujet.

Moi — Comme le fait qu’il ait participé à l’expulsion de Kamuro ?

Sanada — Je n’ai pas l’intention de m’étendre sur le sujet sans preuves solides, mais quelle que soit la vérité, je suis curieux de connaître sa situation actuelle. Je me demande comment il va.

Dans la classe A, non seulement Sakayanagi, mais aussi Hashimoto attirait beaucoup d’attention. Il n’était pas étrange que des élèves comme Sanada s’inquiètent à leur sujet.

Moi — Il n’y a rien de particulièrement différent qu’à l’accoutumée. Il a l’air de bien se débrouiller. Il est toujours aussi dynamique.

Sanada — Je vois… Tant mieux.

Moi — Mais y a-t-il eu des changements concernant Sakayanagi ?

Je profitai de l’occasion pour parler de Sakayanagi.

Sanada — Je n’ai pas l’impression d’avoir vu du changement.

Moi — Vu que son groupe a perdu trois fois, je me suis posé la question.

Sanada — Je ne saurais te dire si ça l’affecte ou pas. Nous ne nous sommes pas beaucoup vus depuis le début du camp. Je n’ai aucun détail.

Alors Sanada n’avait pour le moment aucun élément.

Moi — Mais tu n’as pas déjà affronté son groupe ?

En lui faisant remarquer la chose, Sanada secoua tranquillement la tête.

Sanada — Elle n’a pas participé. Je ne l’ai pas vue diriger non plus.

Elle était peut-être simplement absente de ce match, mais j’avais l’impression qu’elle ne se souciait pas vraiment du camp.

Sanada — Et toi, Ayanokôji-kun ? Tu sais quelque chose ?

Moi — Malheureusement, non. Je n’en sais pas plus que toi, je pense.

En fait, j’avais peut-être même moins d’informations.

Sanada — Je serais heureux si tu pouvais garder un œil sur Hashimoto-kun, ainsi que sur Sakayanagi-san. Même un peu.

Moi — En tant que camarade de groupe, j’ai l’intention de surveiller Hashimoto autant que possible. Après, ce n’est pas à moi d’interférer dans vos histoires. Qu’en pensent tes camarades d’ailleurs ? Ils pensent tous que Hashimoto est un vendu ?

Sanada — C’est…

Incapable de répondre immédiatement, Sanada ne put continuer.

Sanada — Je n’ai pas parlé directement avec mes camarades alors je ne peux pas dire avec certitude qui pense quoi. Mais il y a certainement des gens qui pensent que c’est le cas.

La première personne qui me vint à l’esprit suite à la conversation avec Hashimoto fut Kitô. C’était un homme peu loquace, mais toujours obéissant. Kamuro et lui semblaient bien s’entendre, car ils étaient souvent ensemble. Après avoir un peu continué la discussion, j’aperçus Horikita nous regardant de loin. Elle semblait vouloir me parler, alors je mis fin à la conversation dès que j’eus un moment. Elle s’approcha de moi ensuite. Il était vraiment facile de tomber sur une connaissance malgré le grand nombre d’élèves.

Horikita — Je suis contente d’être tombée sur toi. J’ai une petite faveur à te demander. Cela ne te dérange pas ?

Horikita, qui avait commencé avec une attitude amicale, ne semblait pas avoir de problème particulier dans ce camp. Tout le monde savait que le groupe de Nagumo était invaincu avec cinq victoires consécutives dès le premier jour.

Moi — Je t’écoute.

À ma réponse, Horikita me tira par la manche et me força à me déplacer jusqu’aux abords du hall.

Horikita — C’est à propos d’Amasawa-san alors soyons discrets.

Moi — Elle fait partie de ton groupe. Il s’est passé quelque chose ?

En général, discrétion était synonyme d’ennui. Mais elle démentit la chose.

Horikita — Elle parle un peu trop, mais elle n’a rien fait de problématique. Jusqu’à présent, elle s’est bien comportée.

Soulagé, j’attendis que Horikita continue.

Horikita — Savais-tu à quel point ses aptitudes physiques sont bonnes ? Je suis persuadée que c’est une spécialiste des arts martiaux.

Moi — En mettant de côté son aptitude au combat, je vérifie régulièrement les OAA. J’avais une idée précise de la personne.

Tout en donnant une réponse sans engagement, j’insistai pour obtenir plus d’informations puisque le tableau complet n’était pas encore clair.

Horikita — Tu ne pouvais pas le savoir comme ça, mais j’ai une revanche à prendre envers Amasawa-san. C’est une chose que je ne peux pas effectuer comme ça sur le campus.

« Arts martiaux », « revanche ». Même si elle ne le disait pas directement, il y avait eu il semblerait une sorte d’affrontement à un moment donné. Cela avait dû se dérouler sur l’île déserte. Je ne voyais aucun autre endroit pour ça.

Moi — J’avoue que j’ai dû mal à imaginer la chose.

Je donnai une réponse banale.

Horikita — En tout cas, sache-le.

Elle resta vague, ne comptant pas en dire plus. Comme ce n’était pas un sujet sur lequel je devais m’attarder, je décidai de passer à autre chose.

Moi — Alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Horikita — Je m’entraîne tous les jours. Mais je ne sais pas si j’ai atteint le niveau nécessaire pour rivaliser avec elle. J’aimerais donc que tu évalues ma force actuelle.

Moi — Je comprends que tu veuilles prendre ta revanche, mais cela semble assez dangereux.

Horikita — Ce serait le cas dans des circonstances ordinaires, mais sa force n’est pas normale.

Moi — Je veux bien le croire, mais je ne sais pas quelle est sa force. Je ne peux pas être d’une grande aide.

Sans connaître la force exacte de l’adversaire, préparer une mesure n’avait pas de sens. Bon, je savais de quoi elle était capable, mais je préférai ne rien dire.

Horikita — Tu n’as qu’à juger de ma force à ta manière. Bien sûr, je serais heureuse si tu pouvais me donner quelques conseils.

Elle cherchait donc à recevoir des conseils.

Moi — À toi de voir, mais est-ce qu’Amasawa a accepté ?

Horikita — Pas encore.

Elle poursuivit rapidement.

Horikita — Si elle refuse ma proposition, je ne la forcerai pas.

Elle n’avait pas envisagé la possibilité d’un refus. Après tout, elle avait pris la peine de se confier à moi et de me demander un entraînement spécial.

Horikita — Accepteras-tu… ma demande ?

Moi — Accepter est un problème en soi.

Affronter Amasawa n’était pas rien. Elle avait beau s’entraîner depuis sa défaite, il était peu probable que l’écart se réduise aussi facilement.

Moi — Pourquoi ne pas demander à Ibuki ? Elle sera ravie de t’aider.

Je l’interpelai puisqu’elle se cachait probablement à proximité.

Ibuki — Tch, tu m’as remarquée.

Avec un claquement de langue montrant son agacement, Ibuki se montra à l’angle du couloir. Il était clair qu’il s’agissait d’un plan commun, car Horikita ne semblait pas surprise.

Horikita — Malheureusement, je suis fatiguée de m’entraîner avec Ibuki-san. Combattre toujours le même adversaire n’apporte tien.

Ibuki, qui se tenait à côté d’elle, semblait avoir le même désir de revanche au vu de sa réaction. On dirait qu’elles avaient atteint une sorte de blocage.

Horikita — Tu es fort alors aide-nous un peu.

Moi — Tu es aussi d’accord, Ibuki ?

Ibuki — Bah ouais. Je ne peux pas supporter de perdre contre une petite meuf qui n’est là que depuis un an.

Après avoir donné quelques coups de poing, elle donna un coup de pied haut et bien net. Elle semblait désespérée à l’idée d’exécuter ce coup de pied. En tout cas, c’était bien d’être enthousiaste, mais même si elle considérait Amasawa comme une « petite meuf », il n’y avait qu’un an de différence entre elles. Et en termes de physique, Ibuki était même plus petite de taille.

Moi — Vous avez décidé de faire ça pendant ce camp. C’est un cadre idéal pour s’entraîner, n’est-ce pas ?

Horikita — Ce serait trop voyant d’organiser un combat à l’école.

Horikita, qui fit un petit signe de tête en guise de réponse, semblait déterminée. Ibuki aussi d’ailleurs.

Moi — Hum… Honnêtement, tu n’as rien à y gagner…

Horikita — En effet. Mais si tu acceptes, je suis prête à t’offrir des points privés en guise de compensation…

C’était sympa, mais il était inutile d’accepter une telle chose.

Moi — Je ne sais pas dans quelle mesure cela vous aidera, mais si vous acceptez mes conditions, je suis prêt à accepter.

Je refusai l’offre de Horikita.

Horikita — Vraiment ? je ne m’attendais pas à ça.

Moi — Dans tous les cas, difficile de s’affronter à l’école. C’est l’occasion ou jamais. Mais il nous est interdit de sortir la nuit.

Horikita — Merci. Je ne pouvais pas demander plus. Alors, quelles sont les conditions ?

Il fallait des conditions absolues qui devaient être acceptées pour l’affronter.

Moi — La première est d’en parler à Amasawa aujourd’hui. Tu es dans le même groupe alors cela ne devrait pas être difficile de trouver une occasion de le faire. Bien sûr, pour ne pas faire d’histoires, assure-toi qu’aucun tiers ne l’apprenne. Pour l’heure du match, ce devrait être tôt le matin du dernier jour et pas un autre moment.

Les chances étaient minces, mais si elle refusait, l’entraînement spécial serait

sans intérêt.

Horikita — Je comprends. Quelles sont les autres conditions ?

Moi — J’en parlerais quand tu auras déjà rempli celle-là. Si Amasawa n’accepte pas, notre entraînement n’aurait aucun intérêt. Et puis nous sommes limités par le couvre-feu.

Puisque je demandais d’abord l’accord d’Amasawa, il ne devrait pas y avoir d’objections, même si elles n’entendaient pas les autres conditions.

Ibuki — On peut même l’appeler tout de suite !

Horikita — Chut !

Horikita, contrairement à Ibuki, avait du bon sens.

Horikita — Si Amasawa-san accepte, j’enverrai un message.

Moi — Merci. Je me tiendrai prêt demain matin.

Amasawa n’était pas du genre à refuser un combat. Au contraire, si ces deux-là voulaient une revanche, elle accepterait volontiers. Elle savait que ce camp était l’endroit idéal pour ne pas attirer l’attention. Alors que Horikita acquiesçait et s’apprêtait à retourner dans sa chambre, je l’arrêtai.

Moi — Cela n’a rien à voir avec le camp, mais j’ai besoin que tu enquêtes sur une chose.

Horikita — Je t’écoute.

Si elle avait l’intention de prendre sa revanche, je partais du principe qu’elle pouvait tromper la vigilance d’Amasawa. Je fis ainsi une petite demande à Horikita.

Horikita — Je ne comprends pas trop, mais il faut que je garde ça à l’esprit, c’est ça ?

Moi — Oui. Ne dis rien à Amasawa.

Horikita — Ok. On fait comme ça.

Je remerciai Horikita pour son accord. Notre réunion se termina ainsi.

Moi — Eh bien…

Je décidai de chercher Sakayanagi un peu plus longtemps.

Je parcourus la zone sans but précis, mais je ne trouvai pas Sakayanagi. Vers 21h, alors que la foule commençait à s’amoindrir, je décidai de m’arrêter là.

Une fois au dortoir de notre groupe, je tombai sur Hashimoto, Toyohashi et Shintoku qui se préparaient à aller au grand bain. Ils m’attendaient. Je décidai de les accompagner.

2

Après avoir profité du bain pendant environ une heure, je retournai dans la chambre que je partageais avec les trois personnes qui étaient venues avec moi. C’est alors que je vis le terminale, Tatebayashi, debout devant une pièce, l’air mécontent et remuant son pied droit. Il semblait très irrité.

Tatebayashi — Tu es enfin revenu…

Son regard n’était pas dirigé vers nous, mais plus loin, sur Kôenji, qui n’en avait fait qu’à sa tête toute la journée. On s’y attendait, mais à en juger par le comportement de Tatebayashi, il n’avait pas été en mesure d’établir un contact, même après tout ce temps. Il ne se préoccupa pas de l’irritation de Tatebayashi et se dirigea vers l’avant de la salle.

Kôenji — Pourrais-tu ne pas obstruer le passage ? Tu es sur le chemin.

Tatebayashi — Qu’est-ce que…

Avant qu’il ne puisse continuer, Kôenji poussa l’épaule de Tatebayashi et entra dans la pièce. Il n’avait pas vraiment forcé l’entrée, mais il avait usé de sa force physique qui était bien supérieure. Les rumeurs concernant Kôenji avaient dû se répandre suffisamment parmi les terminale, mais sans expérience directe avec lui, on ne pouvait que ressentir de l’irritation. Sans même essayer de fermer la porte ouverte, Tatebayashi suivit Kôenji disparaissant dans la pièce.

— Hé, ils vont se battre ?

Shintoku, un seconde, regarda Hashimoto pour savoir ce qu’il fallait faire.

Hashimoto — Kôenji est vraiment très difficile à gérer. On devrait peut-être se contenter de regarder pour l’instant ?

Si la porte avait été fermée, ils auraient pu l’ignorer, mais elle était restée grande ouverte. Tout le monde regardait à l’intérieur. Kôenji était déjà sur le futon à l’extrémité. Trois seconde ainsi que tous les autres élèves de première n’étaient pas présents. Il commença à s’étirer comme s’il ignorait Tatebayashi, qui se tenait debout et regardait vers le bas. Je me demandais quels sentiments Shintoku et Toyohashi éprouvaient en voyant cela.

Shintoku — Je ne veux pas être impliqué avec Kôenji-senpai…

Toyohashi — Moi non plus…

Dégoûtés, voilà ce qui sortit de leur bouche.

Tatebayashi — Qu’est-ce que tu as foutu aujourd’hui ?

Tatebayashi, qui avait la réputation d’être un leader, l’interrogea.

Kôenji — Moi ? C’est évident, non ? J’aiguise mes compétences.

Tatebayashi — Hein ? Te fous pas de moi !

Il avait beau crier très fort, cela ne résonnait pas auprès de Kōenji.

Tatebayashi — Sois présent demain ! On est quasiment foutus !

Kôenji — Cela risque d’être impossible.

Kōenji répondit sans le regarder la moindre fois. Les yeux des seconde qui épiaient Kôenji commencèrent à devenir lourds. Logique, difficile de s’adapter à lui si peu de temps. Les kôhais présents dans la même pièce restaient silencieux, apparemment incapables de bouger. L’atmosphère était lourde.

Tatebayashi — Impossible ? Tu penses au groupe au moins ?

Tatebayashi poursuivit ses attaques sans relâche. Sans se soucier de ses camarades de groupe, Kôenji retourna le futon sur place.

Kôenji — Je vais dormir dans le coin.

Tatebayashi — Ne décide pas tout seul ! C’est moi qui place les gens !

Hashimoto entra discrètement et demanda aux seconde à l’intérieur d’arrêter Tatebayashi. L’un d’eux se précipita ensuite pour le calmer verbalement. Tandis que Tatebayashi respirait fort au point de faire que ses épaules se balançaient de haut en bas, il se calma en remarquant la présence des kôhais.

Tatebayashi — Tu sais que tu dois quand même m’obéir, non ?

Mais…

Kôenji — Je refuse. Nul besoin de ces formalités. Maintenant, tais-toi.

Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Tatebayashi, qui avait réconforté les kôhai, les écarta et cria.

Tatebayashi — Tu sais qu’il y a des seconde ici et le fait de défier mon autorité m’empêche de donner l’exemple !

Kôenji — Tu connais le dicton. Les épreuves de la jeunesse forgent les lendemains. Dans des moments comme celui-ci, les plus jeunes doivent prendre les devants pour que les ainés aient la belle vie.

— Ah, on est bien aussi comme ça…

Si un première leur demandait de s’incliner, la plupart aurait obéi sans rechigner.

Tatebayashi — Alors en tant que terminale, je t’ordonne de te soumettre à ces épreuves de jeunesse !

Hashimoto — Allez, Senpai, calme-toi.

Hashimoto arrêta Tatebayashi, qui s’apprêtait à lever le poing sous l’effet de la colère, en l’entourant de son bras. Il se tourna ensuite vers nous pour nous demander de retourner dans nos chambres.

Moi — Rentrons.

Shintoku — Mais, ça ira ?

Moi — Hashimoto devrait pouvoir gérer cette situation.

Laissant Hashimoto derrière nous, nous retournâmes dans notre dortoir. Dix minutes plus tard, Hashimoto revint vers les seconde qui étaient agités.

Shintoku — Tout va bien ?

Hashimoto — Il s’est calmé. Il était si désespéré parce qu’il voulait vraiment gagner.

La terminale D avait peu d’argent à dépenser librement en raison du tribut payé à Nagumo et de leurs faibles points de classe. Comme le reste de leur vie scolaire touchait à sa fin, ils semblaient vouloir de l’argent de poche.

Hashimoto — Nagumo-senpai et les autres terminale ont pris la plupart des bons élèves. Il n’avait pas beaucoup de marge de manœuvre. Ils ont donc pris Kôenji en espérant retourner la situation. Voilà tout.

S’il avait pu le manipuler, il aurait peut-être pu le faire agir. Il n’était pas étonnant qu’il soit en colère si un si faible espoir était trahi.

Shintoku — Cela doit être difficile pour toi, Ayanokôji-senpai d’avoir quelqu’un comme ça dans ta classe.

Je n’en pensais pas grand-chose à vrai dire, mais j’avais gagné le respect des seconde de mon groupe.

Moi — Eh bien…

À partir de là, nous commençâmes à nous préparer à aller au lit, mais il restait un problème que Hashimoto n’avait pas résolu. Il s’agissait de savoir qui dormait où. Comme Kôenji et Tatebayashi en avaient « discuté », il s’agissait d’une question triviale, mais inévitable. Je me souvenais de la dernière fois où Ryuuen et Kitô s’étaient livrés à une bataille d’oreillers pour les places.

Hashimoto — Décidons d’un commun accord afin d’éviter une situation comme celle de Kôenji, n’est-ce pas ?

Hashimoto se porta volontaire pour endosser ce rôle désagréable.

Shintoku — Peu importe, en vrai.

Toyohashi — Oui. Ayanokôji-senpai, on te laisse décider en premier.

Hashimoto — Pourquoi Ayanokôji ? Et moi alors dans tout ça ?

Hashimoto rétorqua la chose avec un sourire amer.

Shintoku — Disons qu’Ayanokôji-senpai m’inspire !

Toyohashi — Tu as mon respect moi aussi, Ayanokôji-senpai !

Shintoku et Toyohashi, les yeux brillants, montrèrent leur soutien.

Hashimoto — Il t’a fallu peu de temps pour être admiré.

Moi — Même si tu dis ça, je…

C’était moi le plus confus dans l’histoire.

Il y a quelques instants encore, rien de tel n’existait.

Shintoku et Toyohashi, qui avaient radicalement changé d’attitude, se contentèrent d’incliner la tête, tout comme Kobayakawa et Yanagi, les autres élèves de seconde.

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