CLASSROOM Y2 V10 Chapitre 2

Examen spécial de survie et élimination

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Traduction : Kai Kitt
Correction : Raitei
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C’était la fin des vacances d’hiver, les cours avaient donc repris. Mes camarades étaient un peu confus en se revoyant, comme certains ne s’étaient pas vus depuis 2 semaines, et se souhaitaient donc une bonne année. À part ça, les jours se déroulaient sans grande surprise.  « Quand est-ce qu’aura lieu le prochain examen spécial ? »  Alors que les autres se posaient ce genre de question, Horikita, qui avait reçu des informations des terminale, était d’avantage concernée.

Chabashira-sensei entra dans la salle avec son expression quelque peu sévère, et se dirigea vers le milieu de la salle. Mais bien que cette entrée fût notre quotidien, certains élèves sentirent que quelque chose n’allait pas. La regardant depuis le fond de la salle, j’eus la même sensation.  Jeudi, au beau milieu de la semaine, les festivités allaient enfin commencer.

Mlle. Chabashira — Bonjour à tous. Aujourd’hui, je vais d’abord vous parler du premier examen spécial du troisième trimestre. 

De même que les professeurs qui avaient appris à connaitre leurs élèves en deux ans, la réciproque était vraie

Mlle. Chabashira — Je vois que seulement peu d’entre vous sont surpris ce qui signifie que vous anticipez mieux ces situations. 

Si c’était le cas, alors l’annonce devrait être rapide. Chabashira-sensei se redressa et s’adressa à la classe.

Mlle. Chabashira — Je vais rentrer dans le vif du sujet, cet examen possède des règles assez compliquées. 

Chabashira-sensei alluma son ordinateur, et lança un programme.

Mlle. Chabashira — Cet examen spécial sera uniquement entre les élèves de première. 

C’était quelque chose que je savais déjà.

Mlle. Chabashira — Cet examen aura des règles différentes de ceux que vous avez connus jusqu’à présent. Je vais vous expliquer avec l’aide de diagrammes pour simplifier la compréhension. Regardez l’écran. 

Le logiciel crée par l’école se chargea, et on put observer le nom du fichier. « Examen de survie et élimination ». Le premier texte était surement le nom de ce nouvel examen spécial. Rien qu’avec ce nom, je sentis une certaine tension s’installer dans la classe.

Ike — Survie et élimination ? Ça m’inspire rien de bon… 

Comme à son habitude, Ike était très candide, mais il avait bien raison de penser ça.  Quand on voit le mot « élimination », on a tous peur de ce qu’il se cache derrière ça. Mes camarades ne le dirent pas, mais ils pensaient tous que que ce terme était synonyme d’expulsion ! Chabashira-sensei, sans commenter d’avantage le nom de l’examen, commença ses explications.

Mlle. Chabashira — Dans cet examen spécial, différentes tâches vous seront proposées par l’école. Chaque classe choisira une tâche, une difficulté, et pourra attaquer une classe. 

Un diagramme en forme de carré était devant nous, en guise d’exemple.

①Classe A→②Classe B
↑ ↓
④Classe D←③Classe C

Mlle. Chabashira — Cet arrangement est un exemple, dans le sens des aiguilles d’une montre de la classe A, qui va donc choisir une tâche et sa difficulté, et va nous la donner à nous, la classe B. Dans ce cas, la classe A est la classe attaquante, alors que la classe B est celle qui défend. La classe B marquera des points en réussissant les tâches, à savoir contenir l’attaque de la classe A. Une fois que cet affrontement est fini, la classe B attaquera à son tour la classe C. Ce schéma se répétera jusqu’à ce que la classe A défende contre la classe D, ce qui marquera la fin du tour.

Il semblerait donc que pour gagner des points dans cet examen, il ne fallait pas réussir son attaque, mais bien organiser et réussir notre défense.

Mlle. Chabashira — Après 10 tours, la moitié de l’examen sera passé. L’ordre sera ensuite inversé pour les 10 derniers tours. Autrement dit, vous recevrez une attaque de la classe C, et vous attaquerez la classe A. Nous allons répéter ce système d’attaque/défense jusqu’au 20ème tour. 

Une autre disposition était donc présentée, avec cette fois-ci les attaques dans le sens inverses des aiguilles d’une montre.

①Classe A←④Classe B
↓ ↑
②Classe D→③Classe C


On ne savait donc pas encore comment l’ordre allait être décidé, mais dans ce cas de figure, il était impossible d’avoir une interaction avec la classe située à la diagonale de la nôtre. On évitait donc d’avoir trop d’attaques à gérer en même temps.

Mlle. Chabashira — Ensuite, je vais vous donner d’avantages de détails sur les attaques. Les tâches que j’ai mentionnées plus tôt, qui seront proposées par l’école, peuvent concerner des sujets très larges, allant des matières académiques classiques comme les maths, la littérature, l’anglais, jusqu’à des sujets artistiques ou extrascolaire. 

Sudou — Des sujets artistiques ? C’est pas mon fort du tout. 

Il exprima son opinion sur ce thème qui sortait du cadre habituel. 

Mlle. Chabashira — En effet, certaines tâches pouvaient sortir de l’ordinaire et de ce qu’on peut attendre de vous. Cependant, ceux qui ne connaissent rien au monde sont souvent noyés une fois entrés dans la société. Autrement dit, même si nous ne sommes pas bons sur le plan scolaire, d’autres qualités, comme tenir une conversation, peuvent s’avérer très utile. Dans ces moments, ce sont les compétences sociales qui seront testées.

Avec ces explications, certains comprirent tandis que d’autres restèrent confus. La tension était toujours présente. Remarquant cela, elle s’exprima :

Mlle. Chabashira — On dirait que certains d’entre vous ont du mal à comprendre, donc laissez-moi vous éclairer. Ces tâches seront comme des quiz. La classe qui attaque va choisir les questions, pendant que la classe en défense va devoir y répondre, c’est aussi simple que ça.   

Avec une description aussi simple, les élèves comprirent mieux la nature de l’examen, et certains furent déconcertées. Participer à un quiz même si ça paraissait plutôt tranquille, être doué pour les études n’était pas suffisant. Des compétences artistiques ou autres pouvaient toujours s’avérer utile. Si on voulait se lancer dans le monde du divertissement, il fallait des connaissances pour pouvoir faire la différence. Lors de discussions avec ses supérieurs ou des employés, des compétences en communication sont demandés. Si on veut utiliser pleinement nos connaissances, il faut d’autres armes, tout simplement.

En attaque

Choisissez la catégorie et la difficulté. Ciblez les personnes à attaquer.


Limites
Il n’y a pas de limite, les leaders peuvent nommer autant de fois qu’ils veulent le même élève. Ils peuvent aussi choisir la même épreuve plusieurs fois.  Nommez 5 élèves de la classe ciblée à l’enseignant en charge dans les 3 premières minutes après le début du tour. Si vous ne nommez pas suffisamment d’élèves, les noms manquants seront aléatoires.

Liste des catégories pour les tâches

Littérature, Histoire, Science, Société, Sports, Divertissement, Musique, Économie, Culture générale, Anglais, Maths, Actualité, Kanji, Lifestyle, Cuisine, Pop culture.

Difficultés
3 niveaux, de 1 à 3, la difficulté est croissante

Nombre de cibles
5 personnes

Les sujets proposés sont assez variés. Rien qu’à première vue, nous avions déjà 16 catégories.

Mlle. Chabashira — La classe attaquante va d’abord choisir un sujet parmi ceux-là. 

Ike — Mais, les autres classes vous juste choisir tout le temps la difficulté maximale, non ? 

Pendant les explications, ces mots sortirent automatiquement de la bouche de Ike. Réalisant cela, il se tût rapidement, mais c’était trop tard. Dans un silence pesant, il leva ses yeux timidement vers Chabashira-sensei. Après son interruption, bien que soupirante, elle ne fut pas trop contrariée.

Mlle. Chabashira — Fais attention la prochaine fois, Ike. 

Ike — Oui, je suis désolé.

Mlle. Chabashira — La classe attaquante choisira la difficulté après le sujet. Le niveau 1 est une difficulté basique. Les difficultés 2 et 3 peuvent aussi être sélectionnés, mais pour pouvoir les choisir, les leaders doivent payer des points gagnés pendant l’examen.  Pour chaque point dépensé, la difficulté augmente d’un niveau. »

Les règles de cet examen commençaient à devenir claires. La classe attaquante n’était pas la seule à devoir établir une stratégie.

Mlle. Chabashira — La classe attaquante va devoir nommer 5 personnes de la classe adverse. Cela n’a pas d’importance si la même personne est nommée à chaque fois, ou si la nomination change.

Il n’y avait pas de restrictions dans la nomination et les thèmes. La classe attaquante pouvait cibler n’importe qui et plusieurs fois dans une limite de 5.

Hirata — Mais que se passe-t-il si les autres classes connaissent nos points faibles ?

Il était logique d’arriver à cette conclusion. Si on se faisait attaquer sur nos faiblesses, on avait beaucoup plus de chance de ne pas réussir les épreuves. 

Mlle. Chabashira — Je comprends vos craintes, mais cet examen ne vous obligera pas à vous surpasser dans des sujets où vous n’êtes pas assez à l’aise. Ici, les connaissances individuelles sont importantes, mais la cohésion l’est tout autant. Il ne s’agit pas seulement de réussir les tâches, mais un leader pourra vous protéger et mener votre attaque. 

En défense

Le leader pourra riposter en protégeant 5 personnes par attaque. Si un élève est nommé pour une tâche, et qu’il est protégé par son leader, alors les réponses de cet élève seront comptées comme totalement juste.

3 minutes après la classe attaquante, le leader devra nommer les 5 personnes de sa classe à l’arbitre. Après 3 minutes, si des élèves ne sont pas nommés alors ils seront choisis aléatoirement.

Bannir des catégories

Chaque élève peut choisir jusqu’à 3 catégories parmi celles mentionnées ci-dessus. Les attaquants ne pourront pas sélectionner ces catégories.

Élimination

Après 3 erreurs, un élève est éliminé de l’examen, il ne peut plus être ciblé. De plus, son élimination coûte 1 point à sa classe. Attention, si une classe a 0 point, son score peut basculer dans le négatif.

Marquer des points

Si une réponse est correcte (ou bien protection réussie du leader), celle-ci rapporte 1 point, donc une classe peut obtenir jusqu’à 5 points par manche.
Les mauvaises réponses ne font pas perdre de points.

Mlle. Chabashira — Bien, certains d’entre vous peuvent être encore confus, puisque vous pouvez protéger 5 personnes à chaque attaque, si vous remarquez qu’une personne est ciblée en priorité dans la classe, vous pouvez aussi la protéger en priorité. Évidemment, les attaquants peuvent aussi varier les cibles. Vous allez devoir préparer des stratégies bien plus élaborées que simplement essayer de répondre correctement à chaque question. 


Comme Chabashira-sensei l’avait dit, cet examen était un peu plus compliqué que les autres. Pourtant, en s’y penchant bien dessus, il était facile de déceler un pattern.

Mlle. Chabashira — Aussi, les deux camps pourront communiquer entre eux pendant l’examen. Les concertations peuvent s’avérer cruciales. Cependant, toutes les décisions devront être prise par le leader désigné par la classe. C’est une position avec beaucoup de responsabilités. 

Les leaders doivent donc décider s’ils suivent l’avis de leurs camarades ou non. Un tel rôle doit être attribué à une personne responsable, qui devra savoir rester calme en toute situation.

Mlle. Chabashira — Une dernière chose… Si la classe qui arrive dernier lors de cet examen possède des élèves éliminés de l’épreuve, l’un d’entre eux devra faire ses valises. 

Ike — Wow… Carrément ? Je savais qu’il y avait un risque mais…

Chaque élève devait avoir envie de hurler à ce moment-là.

Mlle. Chabashira — Et voici enfin les bonus et malus de cet examen. 

Bonus et Malus

1e place : +100 pc
2e place : -50 pc
3e place : -50 pc
4eplace : -100 pc

Si plusieurs classes terminent premier ex-aequo, des manches seront ajoutées afin de les départager.

Si toutes les classes ont le même nombre de points à la fin de l’examen, les 4 classes perdront 100 points et devront expulser quelqu’un.

Sudou — Quoi ? À part la première place, on perd tous des points ?! 

Cette réaction était logique. Seulement une classe allait sortir gagnante. Cependant, en analysant les règles, on pouvait facilement deviner pourquoi. Si les classes s’entendaient et trouvaient des arrangements, elles pouvaient facilement terminer avec le même nombre de points. Cette règle était là pour éviter toute entente globale. La coopération était donc possible mais bien limitée. Evidemment, on pouvait toujours établir un accord comme avec le contrat de Ryuuen et Katsuragi sur l’île déserte l’an passé où Ryuuen avait sacrifié ses points de classes pour des points privés sur le long terme.

Les règles de l’examen permettaient d’obtenir de très bons scores si les classes coopéraient mais cette règle faisait en sorte de maintenir une concurrence en plus d’être un moyen d’expulser une personne en particulier. Il était difficile d’imaginer que certains puissent renoncer à cette occasion en or sans obtenir quelque chose en retour. La seule entente possible entre les classes était une alliance pour ne pas s’éliminer. Hormis Ichinose et Horikita, Ryuuen et Sakayanagi allaient être compliqués à convaincre à cause du système d’attaque-défense en carré.

Chabashira — Si jamais il y’a plusieurs éliminés pour la dernière classe, le leader devra nommer la personne à expulser sans le besoin d’argumenter. Si plusieurs classes sont dernières ex-aequo, alors une personne sera expulsée pour chacune de ces classes.

Ainsi, au moins une personne devrait être expulsé dans cet examen. Le seul moyen d’éviter cela était de payer 20 millions de points ou d’expulser quelqu’un avec un point de protection. Mais terminer dernier sans que personne ne soit exclue était impossible.

Horikita — Puis-je vous poser une question si vous me le permettez ? 

Horikita, qui était devant le bureau de Chabashira-sensei, leva la main.

Mlle. Chabashira — Oui, je t’écoute.

Horikita — Que se passe-t-il si le leader est éliminé pendant l’examen ? Et les personnes éliminées devront-elles quitter la salle ?

Mlle. Chabashira — Après une élimination, l’élève n’est plus ciblable. Mais il peut rester dans la salle et participer aux discussions. 

Les éliminations les sortaient seulement du quiz mais sans plus.

Mlle. Chabashira — Les leaders ne peuvent pas être désignées par les leaders adverses alors aucun risque d’élimination et d’expulsion.

Horikita — Le chef dirige donc la bataille mais depuis l’arrière.

Mlle. Chabashira — Si c’est arrangeant ou non est une autre histoire.

Le leader de classe ne risque pas l’expulsion mais si la classe perd, c’est lui qui devra choisir la personne à expulser. Les responsabilités de ce rôle sont déjà un fardeau pour beaucoup mais il avait en plus le mauvais rôle jusqu’au bout. Mais c’était le prix pour une position avantageuse permettant d’assurer sa sécurité et de mener sa classe à la victoire. Certaines personnes comme Ryuuen ou Sakayanagi n’avaient aucun mal à décider de l’élimination d’un des leurs mais pas tous n’étaient capables de bannir quelqu’un comme ça.

Mlle. Chabashira — Il est important de noter que vous pourrez utiliser vos téléphones pendant l’examen, sauf lors de la défense.

Ike — Hein ? Ils sont autorisés ?

Mlle. Chabashira — Ils sont même indispensables. Vous découvrirez les choix des autres classes pendant l’examen alors vous devrez vous adapter rapidement. Les moyens de communications sont primordiaux afin de pouvoir s’organiser au mieux. 

Plus de 100 élèves étaient répartis parmi les 3 classes, dont 80 qui allaient être nos adversaires. Il était impossible d’obtenir les informations sur les thèmes bannis sans moyens de communication. Il y avait aussi d’autres avantage à pouvoir utiliser des téléphones. Les élèves habituellement timides pouvaient poser des questions sans retenue. Ainsi, les doutes étaient vites supprimés.

Mlle. Chabashira — Vous pouvez aussi les utiliser pour organiser au mieux votre défense. Tout aussi bien pour réviser pendant l’examen, ou bien négocier avec la classe adverse. Faites ce que vous voulez alors essayez de tourner la situation à votre avantage.

Avec les téléphones, il y a plus de marge dans les stratégies. La rapidité de la communication était donc un facteur à prendre en compte.

Mlle. Chabashira — L’examen aura lieu vendredi prochain. Avant lundi, discutez entre vous afin de vous mettre d’accord sur le leader de cet examen, et faites-le moi savoir. Vous vous en doutez mais si aucun chef n’est élu, ce sera une sélection aléatoire.

Sur ces mots, elle expira, comme fatiguée par son long discours.

Ike — J’ai tout compris mais ça risque d’être compliqué. 

Elle nous regarda avant de nous donner des encouragements,

Mlle. Chabashira — Faites de votre mieux pour ne pas finir dernier.

Dans cet examen, où la défaite pouvait mettre vos amis sur la sellette, éviter la dernière place était une nécessité. On nous avait prévenu que les examens du 3ème trimestre allaient être beaucoup plus compliqués, et c’est vrai. Même si un élève avait des facilités au niveau académique ou sportif, une autre classe pouvait exploiter ses points faibles et le pousser vers l’expulsion.

Pourtant, je fus surpris que le système ne permettait pas de gagner des points en attaquant pour une fois. Puisque notre score allait dépendre de notre défense, la clé de cet examen était la communication entre tous les membres de la classe. Ce test permettait de gagner des points à travers des discussions entre leader et camarades. Se connaitre et connaitre ses ennemis afin d’impacter le sort de la bataille…

1

Après que Chabashira-sensei a quitté la salle, on avait un peu de temps libre avant le début du prochain cours. Nous n’avions pas besoin de changer de salle aujourd’hui et les élèves pouvaient en profiter pour bavarder un peu mais ce ne fut pas le cas. Les élèves s’agglutinèrent autour de Horikita. Afin de calmer le groupe, Yôsuke prit la parole.

Hirata — Nous avons peu de temps alors allons à l’essentiel.

Afin de pouvoir se faire entendre au milieu de ce vacarme, il haussa le ton. Cela allait bientôt faire deux ans qu’on le connaissait alors tout le monde allait l’écouter. Prenant ce silence comme un accord, il acquiesça avant de continuer.

Hirata — Le plus important à retenir est qu’il est difficile d’imaginer un scénario où une classe termine dernière avec aucun éliminé. On doit s’attendre à au moins une expulsion du coup et même plus si par hasard plusieurs classes ont le même score à la fin. 

Une classe allait recevoir 20 attaques, à raison de 5 nominations à chaque fois, soit 100 attaques au total. Quel que soit le talent du leader, c’est pratiquement impossible de n’avoir aucune personne éliminée.

Hirata — À cause de la nature de cet examen, les élèves avec 2 réponses fausses sont en danger d’élimination. Mais si on les protège en priorité, les autres classes devront en attaquer d’autres. On peut temporiser.

Cette idée pouvait se transformer en un début de négociation. Les attaquants devaient analyser la classe adverse afin de savoir qui était faible dans quels domaines afin d’être plus efficace. Ils devaient aussi anticiper les protections du leader afin de ne pas donner facilement trop de points. De son côté, la défense devait aussi anticiper les actions de la classe attaquante. 

Horikita — Faites attention, les éliminés ne seront pas forcément les élèves les plus faibles. Il serait logique que les autres leaders essaient d’éliminer des élèves plus fort pour la suite de l’examen. Si on n’anticipe pas la chose, nous perdrons nos meilleurs éléments sans le réaliser.

Tous les élèves à part le leader d’examen pouvaient se faire expulser. Même de bons éléments comme Kushida ou Yôsuke pouvaient tomber s’ils étaient tout le temps ciblés. Un renvoi était donc possible. C’était une stratégie difficile à mettre en place à la vue des nombreux sacrifices, mais cela pouvait avoir de fortes répercussions au-delà de la perte de points de classe en cas de succès. Cet examen ne donnait pas un énorme avantage au gagnant mais cela pouvait mettre la classe perdante dans une position délicate.

Horikita — En prenant cela en compte, il faut éviter l’élimination à tout prix. Cependant, ne soyez pas trop anxieux à ce sujet. Avant de penser à gagner l’examen, commençons à discuter pour avoir la meilleure stratégie possible en composant avec les points faibles de chacun. 

Horikita prit conscience de la peur de chacun, mais arriva à rassembler tout le monde.

Mais cela risquait de ne pas être suffisant, et la peur pouvait facilement s’installer.

Horikita organisa une autre discussion avec toute la classe lors de la pause déjeuner.

 Ce n’était pas obligatoire, mais la participation de tout le monde était encouragée.

2

Les élèves sans nourriture se pressèrent vers la cafétéria ou la supérette la plus proche du bâtiment scolaire avant de revenir en classe. 10 minutes après le début de la pause déjeuner, tous les élèves vinrent dans la salle, sauf Kôenji. Évidemment, on allait parler de l’examen qui approchait. Le plan était d’en discuter pendant la pause afin d’optimiser au maximum le temps qui nous restait. Plusieurs sujets devaient être traités. Par exemple, il fallait s’assurer que tout le monde comprennent bien les règles de l’examen, comme Horikita l’avait dit plus tôt. L’autre sujet devait certainement être le choix du chef.

On pouvait s’attendre à ce que personne ne s’oppose à la nomination de Horikita qui assurait le rôle de leader jusqu’à présent mais elle préféra laisser les autres discuter. N’étant pas du genre à fuir les responsabilités, elle voulait entendre les opinions des autres pour voir si certains voulaient être chef.

Hirata — Horikita-san, j’ai une question avant que nous commencions officiellement la discussion. Si nous te choisissons comme leader pour cet examen, est-ce que tu accepterais ?

Yôsuke prit les devants, et lui demanda ce que la classe voulait probablement savoir. Au lieu d’attendre que quelqu’un se propose pour prendre ce rôle, c’était plus simple de d’abord demander à Horikita, qui possédait sûrement la confiance de tout le monde. Cependant, certains étaient encore réticents à l’idée de Yôsuke. Pendant l’examen du consensus, Horikita était en partie responsable de la confusion lors du dernier vote. Les gens n’avaient pas oublié ce moment. Toutefois, Yôsuke ne montrait pas de tels signes.

Horikita — Si tout le monde est d’accord, je ne compte pas refuser. Mais même si le chef a beaucoup de responsabilités, il a aussi l’immunité contre l’expulsion. Si d’autres personnes veulent se porter volontaire, je suis prête à les écouter. 

Horikita refusa de se presser pour une telle décision. Elle avait compris les risques de cet examen, et ne voulait pas faire un jugement hâtif.

Cette fois, le chef avait la responsabilité d’établir de stratégies et de mener sa classe vers la victoire, en échange de l’immunité. On peut facilement imaginer que personne ici ne voulait se faire expulser. Peut-être que quelqu’un pouvait se montrer plus apte à tenir ce rôle à la place de Horikita pour profiter de la protection contre l’expulsion. Mais je ne voyais pas d’autres candidats.

Finalement, seuls ceux qui voulaient vraiment assurer leur sécurité voudrait se porter volontaire. Mais si quelqu’un prenait le rôle du chef uniquement pour un but égoïste, cela n’allait pas être apprécié. Il fallait en plus prendre ses responsabilités et avoir une confiance inébranlable pour gagner.

Horikita — Si quelqu’un veut être le chef, faites-le savoir.

Horikita, qui était partie sur l’estrade afin de bien voir tout le monde, reprit la parole une nouvelle fois. La classe resta silencieuse, et les élèves se regardèrent juste entre eux. Après 30 secondes de silence, Yôsuke acquiesça.

Hirata — Bon, je pense que c’est mieux comme ça. Pour être honnête, je ne pense pas que la protection du chef soit vraiment un cadeau. Si personne ne se sent capable de prendre cette responsabilité, je préfère qu’elle revienne à toi, Horikita-san. Qu’est-ce que tu en penses ? 

Puisque personne ne réagissait, Yôsuke voulait que Horikita prenne les rennes pour de bon. Bien que nous ayons le temps, le choix du chef était vraiment important. Une réponse de Horikita était attendue, mais elle regarda son téléphone à la place. Elle suivait de plus près la conversation sur son téléphone. Elle finit par le ranger et prit la parole à nouveau.

Horikita — Oui, bien sûr, je compte bien endosser ce rôle. J’ai pris le temps afin de prendre en compte vos remarques mais je comptais bien prendre cette responsabilité. S’il n’y a pas d’objection bien entendu.

Maezono — Attends une minute !

À ce moment-là, alors que l’atmosphère se détendait, Maezono prit la parole.

Maezono — Je pense qu’on devrait y réfléchir plus longuement.

Yôsuke fut surprit pendant un moment, mais il reprit son expression naturelle, avec un sourire sur le visage.

Normalement, il ne montrait pas de tels signes mais aujourd’hui, c’était différent. Il devait aussi être perturbé par cette expulsion potentielle.

— D’abord, je pense que Horikita-san a les compétences pour prendre ce rôle de chef. Je n’ai aucun problème avec ça mais on ne peut pas perdre cet examen, non ? Terminer dernier signifie un expulsé. Il faut une personne qui nous garantirait la victoire. 

Si elle s’était proposée pour obtenir l’immunité, Yôsuke aurait sûrement rejeté la chose. Mais il était question des capacités de Horikita à endosser ce rôle.

Hirata — Oui, ce serait mieux d’avoir le chef ayant le plus de chance de gagner mais pour toi, Horikita-san n’est pas le meilleur choix ? 

Yôsuke pensait qu’il n’y avait pas mieux que Horikita à ce rôle.

Maezono — Je ne doute pas en Horikita, mais est-elle vraiment notre meilleure option ? Je pense qu’on peut encore en discuter. N’y a-t-il pas quelqu’un qui pourrait prendre de meilleures décisions ?

Sans vraiment donner de nom, Maezono s’adressa à toute la classe, y compris Yôsuke. Il garda son sourire et acquiesça, mais c’était seulement en apparence. La question de Maezono changea drastiquement l’atmosphère de la classe. Ike réagit de manière assez spontanée.

Ike — Maezono, tu as quelqu’un en tête ?

Maezono — Du calme, c’est juste mon opinion perso. Mais voilà…

Maezono, qui était d’accord avec Ike, avait l’air d’avoir quelqu’un en tête. Personne ne pouvait l’empêcher de parler, donc elle continua.

Maezono — Lors du consensus, Horikita-san a préféré cibler quelqu’un d’autre que Kushida-san. Celle qui aurait dû partir était la personne qui avait été contre nous. Choisir qui expulser n’est pas une décision à prendre à a légère. Je ne dis pas qu’elle a mal fait de garder Kushida-san, je précise. Elle reste un atout pour la classe.

Elle prit ses précautions. Cela devait ennuyer Kushida mais elle souriait tout le temps ces derniers temps. Impossible de savoir si c’était sincère ou non.  Maezono ne savait pas si on pouvait vraiment faire confiance à Horikita.

Maezono — Je suis juste inquiète sur le choix de notre chef. Il faut vraiment mettre quelqu’un d’optimal à ce poste. Est-ce que vous pensez vraiment que Horikita-san est la meilleure personne pour cet examen ?

Elle avait un doute sur la nomination de Horikita. Si on se demandait si la capacité de Horikita à prendre des décisions était parfaite, la réponse serait non. Horikita pensait sûrement de même. C’était une bonne occasion pour recueillir l’avis général de la classe à son sujet. En revanche, c’était surprenant de voir Maezono prendre les devants.

Horikita — Tu n’as pas tout à fait tort. J’ai refusé de suivre l’avis général afin de faire un choix personnel, je ne peux pas le nier. 

L’expression de Hasebe, qui n’avait pas changé depuis le début de la conversation, s’assombrit peu à peu en regardant Horikita. Elle devrait comprendre maintenant pourquoi elle avait pris cette décision maintenant.

Horikita — Je sais que je peux être immature sur certains points et je n’affirmerai pas être le meilleur choix. Mais personne ne s’est présentée.

Maezono — Ok mais il y a peut-être des élèves ici qui veulent recommander quelqu’un d’autre. On devrait peut-être faire une liste. 

Horikita — Oui, des recommandations sont possibles mais j’ai déjà demandé à tout le monde ici si quelqu’un voulait se manifester. Tu penses qu’on pourrait confier ce rôle à quelqu’un qui ne le veut pas ?

Maezono — Mais…

Horikita — Ou bien devrait-on aussi demander l’avis de Kôenji-kun, qui n’est pas là ? Il mériterait aussi ce rôle si on y pense. 

Elle voulait exprimer un avis contraire. Kôenji possédait un vrai talent et devrait être en mesure de répondre à toutes les questions. Maezono était un peu en colère, mais elle n’arriva pas à trouver de contres arguments.

Horikita — Je suis d’accord avec toi, il faut quelqu’un de fort pouvant décider rapidement de choses cruciales. Je le demande encore. Si quelqu’un se pense apte à diriger la classe et la mener vers la victoire, qu’il lève la main. Si je juge cette personne plus compétente que moi, je lui laisserai ma place avec grand plaisir. 

Ce message m’était surtout destiné. D’autres personnes commencèrent à me regarder mais je ne bougeai pas. Je ne voulais pas enlever à Horikita une chance de gagner de l’expérience en leadership. Et elle savait plus que tout que je ne voulais pas me porter candidat. C’est pour cela qu’elle cherchait quelqu’un capable de prendre des décisions importantes rapidement. On ne pouvait pas se battre avec seulement nos connaissances. Et puis si on avait peur de lever la main, nous n’étions pas aptes pour ce rôle de chef.

Maezono — Tu as raison. On ne peut forcer personne à être le chef.

Maezono retira son idée avec cet argument valide et la tension redescendit à nouveau. Bien que cela semblait répétitif, les remarques de Maezono étaient nécessaires car les élèves avaient pu vraiment réfléchir si oui ou non Horikita était la meilleure option. Est-ce que Horikita avait vraiment les capacités pour être le chef ? Si à chaque discussion on arrivait à la même conclusion, alors la question ne devait plus se poser. Et quand son leadership apparaîtra comme naturel pour tout le monde, c’est là qu’elle aura atteint son apogée.

Hirata — On dirait qu’on peut enfin aller de l’avant. Reprenons la discussion sur le contenu de l’examen spécial. On devrait aussi continuer de manger, après ce moment de tension. 

Surement à cause de cette atmosphère, beaucoup d’élèves n’avaient pas terminés leur repas, ils reprirent donc sur les mots de Yôsuke. Après cela, Horikita et Yôsuke expliquaient à tour de rôle les règles de l’examen. Lorsque Horikita avait la parole, Yôsuke mangeait, et inversement. Chaque élève put ainsi lever ses doutes après les explications de Chabashira-sensei.  En pleine discussion, Sudou exprima ses pensées.

Sudo — Dites, on fait quoi de Kôenji ? Est-ce qu’on doit vraiment le protéger ? C’est ce qu’on a promis non ? 

Kôenji avait fait l’exploit de remporter l’examen de l’île en solitaire en échange de garanties jusqu’à la fin du lycée. Il avait gagné sa liberté. On ne pouvait donc pas s’en débarrasser, même lors de cet examen. Cette promesse avait été prise avant l’examen de l’île, avec de nombreux élèves en témoins.

Horikita — Eh bien, quel timing ! Je viens de recevoir un message de sa part me disant qu’il ne fallait pas que j’oublie de le protéger.

Elle montra son téléphone avec le message.

Sudou — C’est le pire scénario, non ?  On a d’autres élèves à protéger.

Si les attaquants réalisaient que nous protégeons tout le temps Kôenji, il était certain qu’ils arrêteraient de le nommer. Mais même s’ils ne le ciblaient pas, on ne pouvait pas être certains à 100% qu’il ne serait pas attaqué. Si nous voulons respecter notre part du marché, nous devons le protéger.

Horikita — Ne va pas trop vite. Nous ne sommes pas dans l’obligation de le protéger. Nous allons prendre des dispositions. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais ne t’inquiètes pas. 

Cette partie était en rapport avec notre stratégie alors il était risqué d’en parler ici. Si la discussion s’emportait encore une fois maintenant, nous pourrions perdre un temps précieux. Au vu du temps restant, Horikita se contenta de clarifier certains points, et de répondre aux quelques questions restantes.

Au sujet des stratégies, Horikita expliqua qu’ils devraient être très prudent afin d’éviter une fuite d’informations aux autres classes. Bien que de nouvelles idées étaient toujours les bienvenues, il était inconscient d’en parler dans des lieux publics, comme des salles de classes ou les couloirs, où des gens pouvaient circuler, ou même par messages, qui pouvaient être lus.

3

Les cours se terminèrent et j’allai en direction du Keyaki avec Kei. Nous n’avions pas prévu de nous y rendre à la base, mais elle voulait qu’on y fasse un détour. Cependant Kei, qui m’avait demandé à aller là-bas, ne souriait pas comme d’habitude. Elle affichait une mine sombre.

Moi — Tu n’as pas le moral ? Il t’arrive quoi

Karuizawa — Ah ? Et bien…

On dirait qu’elle voulait me dire quelque chose. Après un temps d’hésitation, elle me regarda à nouveau.

Karuizawa — Hey, hey Kiyotaka. Qu’est-ce qui va m’arriver dans cet examen ? Si je me fais nommer en boucle, je pense que je ne pourrai jamais répondre à toutes les questions correctement… Est-ce que tu peux me protéger ? 

Incapable de cacher son anxiété, elle posa cette question la peur au ventre.

Moi — Tu n’es pas la seule à avoir peur. D’autres élèves doivent penser la même chose. Horikita a conscience de cela, en tant que leader.

Karuizawa — J’aurais préféré que ça soit toi le chef. Au moins j’aurais pu me sentir 100% en sécurité.

J’avais évité exprès la question mais la priorité ici était de lever son anxiété.

Moi — Horikita va protéger ses camarades. Malgré ça, les chances de perdre ne peuvent pas être nuls. Le plus important est de savoir qui va partir. À partir du moment où d’autres personnes sont éliminés avec toi, c’est difficile de penser que Horikita va te choisir vu que tu mènes les filles de la classe. Et elle sait très bien que tu es ma copine. Même sans ma protection, ça me parait impossible que Horikita te laisse tomber. 

Ce n’était pas mon point de vue, mais plutôt celui de Horikita. Si elle avait besoin de mes services à l’avenir, se débarrasser de Kei ne serait pas si simple. Si d’autres élèves sont éliminés avec Kei, elle aurait surement la priorité sur la plupart d’entre eux. Mais si le choix est entre Yôsuke et Kei, le titre de copine ne devrait pas faire changer d’avis Horikita, à moins que j’intervienne.

Karuizawa — Oui, je suis ta copine. Mon expulsion n’est pas si simple. 

Moi — Et la protection concerne seulement 5 personnes sur 40 à chaque tour. En prenant cela en compte, c’est presque impossible de n’avoir aucun éliminé. Au bout des 20 tours, chaque classe devrait avoir au moins 4-5 éliminés. Dans ce cas, ça parait impossible d’expulser la meneuse des filles de la classe, non ? 

Karuizawa — C’est vrai…

Même la classe A, qui possèdaient de nombreux élèves brillants, pouvaient avoir plusieurs éliminés. Ne pas avoir d’éliminés pourraient au contraire angoisser la classe. Dans un cas extrême, le mieux serait d’avoir une moitié de classe éliminé, mais ne pas être la dernière classe. Afin de lui donner un peu de sérénité, cet ajout devait être utile. Juste lui faire prendre conscience de sa valeur lui a permis de réduire son angoisse. Le fait qu’elle soit ma copine est un petit plus qui lui donne plus de sécurité.

Cependant, selon les perspectives de chacun, cela pouvait représenter un risque. Si quelqu’un veut s’en prendre à moi, ou m’atteindre directement pour me faire du mal, s’en prendre à Kei pouvait être une bonne option.

Dans tous les cas, cet examen permettait à chacun de prendre conscience de sa valeur au sein de la classe. Ceux qui étaient importants, et ceux qui l’étaient moins…

Nous étions obligés de regarder des deux côtés.

4

Sur le chemin du retour du Keyaki, j’aperçus Morishita, allongée sur un banc.

Karuizawa — Qu’est-ce que…

Kei, qui se tenait à mes côtés, regarda Morishita d’un air confus. Elle n’arrivait pas à comprendre comment elle pouvait s’allonger sur un banc, les yeux fermés, alors qu’il ne faisait pas si beau que ça. Même si la neige avait fondu, nous étions en plein Janvier.

Moi — Est-ce qu’elle est morte ?

En y repensant, est-ce que je n’assistais pas à la fin de Morishita ?

Karuizawa — Non, elle ne l’est pas. 

Kei, qui était derrière moi, rejeta ma supposition.

Morishita — Elle a raison, je ne suis pas encore morte.

Morishita se releva avec une petite tête, un peu fatiguée. C’est comme si elle était sur le point de s’endormir. C’était assez impressionnant que quelqu’un puisse s’endormir avec ce froid.

Moi — Qu’est-ce que tu fais ici ?

Morihita — Tu es curieux ?

Moi — Je mentirais en répondant le contraire.

Morishita — Et bien je vais t’expliquer. Crois-le ou non, mais je t’attendais, Ayanokôji Kiyotaka.

Kei était intriguée par Morishita et l’écouta avec curiosité mais elle entra dans la discussion. De même, sa manière de me nommer me dérangeais un peu.

Karuizawa — Eh, vous vous connaissez ?

Évidemment, Kei était surprise.

Moi — Seulement des connaissances. On s’est parlés qu’une fois.

Karuizawa — Hmm ? Tu connais beaucoup de filles d’autres classes quand même, Kiyotaka.

Kei me fixa telle une enseignante qui regardait fixement un élève les bras croisés avec un regard oppressant.

Moi — Je n’ai pas engagé la discussion.

Karuizawa — Cela n’a pas d’importance de savoir qui a parlé à qui en premier. Le simple fait que cette discussion ait eu lieu est un problème. 

Elle avait une réaction un peu exagérée. Bien sûr, je savais qu’elle en rajoutait un peu, même si elle le pensait sincèrement.

Moi — Tu as dit que tu m’attendais, mais si je ne m’étais pas arrêté, qu’est-ce que tu aurais fait ?

Morishita — Ne t’inquiètes pas, j’ouvrais légèrement les yeux, donc je t’aurais remarquée.

Je ne comprenais pas pourquoi elle était allongée sur ce banc, puisqu’elle ne dormait pas. Cela ne menait à rien de trop réfléchir aux actions de Morishita. 

Moi — Pourquoi est-ce que tu m’attendais ?

Morishita — À ton avis ?

Je ne m’attendais pas à cette réaction…

Moi — Je ne sais pas… 

Morishita — Dans l’état actuel des choses, j’ai beaucoup de chance. C’est à propos de cette fille, juste là.

Karuizawa — Eh, moi ? 

Kei se montra du doigt avec surprise, ne pensant pas qu’elle serait impliquée.

Morishita — Oui, je suis curieuse sur le genre de personne que tu es.

Karuizawa — Curieuse ? Dans quel sens ?

Morishita — J’ai remarqué quelque chose d’étrange dans mes investigations.

Alors qu’elle se levait, elle fixait Kei avec ses yeux fatigués, se rapprochant.

Karuizawa — Quoi ? Comment ça ? 

Morishita avait une aura différente de celle de Hiyori. Elle n’était pas turbulente ou harmonieuse, mais juste bizarre. Kei l’avait surement remarqué aussi, c’est pour ça qu’elle fit deux pas en arrière.

Morishita — Karuizawa Kei, tu sortais avec Hirata Yôsuke, n’est-ce pas ?

Ils s’appelaient aussi par leurs prénoms quand ils étaient « ensemble ».

Karuizawa — Oui, et alors ? 

Morishita — Pourquoi es-tu es sortie avec lui ? Non, pourquoi est-ce que Hirata Yôsuke est sorti avec toi ?

Comme un inspecteur qui interrogeait un criminel, elle marcha autour de Kei.

Karuizawa — Attends, attends, tu n’es pas un peu dure là ? 

Morishita — J’ai fait mes recherches sur Hirata Yôsuke. Il est l’un des garçons les plus populaire du lycée. Il appartient au club de football, ce qui augmente sa popularité. C’est un très bon élève, beau garçon, il respecte les filles, il est gentil, attentionné et intelligent. 

Il y avait plusieurs informations qui avaient attiré mon attention sur la manière dont elle dictait les choses mais c’est une analyse de Yôsuke qui était tout à fait correcte. Pour faire simple, on pouvait penser de loin que Yôsuke était un garçon parfait. Il pouvait être fragile mentalement à certains moments, et pouvait s’isoler facilement, mais ce n’était pas nécessaire de le mentionner ici.

Morishita — Quels seraient donc ses raisons de choisir une fille désinvolte comme toi ? 

Karuizawa — …Qu’est-ce que tu veux dire par désinvolte ?

Morishita — Je ne sais pas trop, c’est la première fois que j’utilise ces termes. 

Elle mentait. « Désinvolte » signifiait en quelque sorte être sans gêne. Si je le disais à Kei maintenant, ça pouvait envenimer la situation. Morishita appuya légèrement sur la joue d’une Kei confuse avec son index.

Karuizawa — Ne me touche pas sans ma permission !

Morishita — On dirait que ce n’est pas le cas aujourd’hui, mais alors que tu n’étais qu’en seconde, il y avait des rumeurs comme quoi tu te maquillais beaucoup.

Karuizawa — C’est… C’est juste mon choix. 

Morishita — Tu es désinvolte, banale et tu te maquilles beaucoup. Je ne comprends pas pourquoi Hirata Yôsuke t’a choisi.

Karuizawa — Eh bien, peut-être parce que je suis jolie ?

Sans mentionner la vérité sur sa relation avec Yôsuke, une aide pour protéger son passé, elle donna une raison avec assurance.

Morishita — Peut être qu’en remplaçant le maquillage par un masque, ça devient plus compréhensible. Tu as une âme sensible, et semble timide, mais si c’est le cas, ça ne colle pas avec l’idée d’être volontaire, engagée, meneuse des filles de sa classe. C’est assez contradictoire.

Il n’y avait pas de doute possible, elle est vraiment bizarre. Mais Morishita avait l’air assez intelligente pour avoir des infos et en faire une analyse.

Karuizawa — Qu’est-ce qui ne vas pas chez toi ?

Mise à nue par un raisonnement imparable, Kei était perturbée. Si on continuait de parler comme ça encore longtemps, la discussion n’irait probablement pas dans la bonne direction.

Moi — Je ne pense pas qu’il y ait de logique en amour. J’ai commencé à sortir avec Kei parce qu’on avait des sentiments l’un pour l’autre, est-ce qu’il y’a un problème ?

En prenant les devants, Kei se sentit surprise et rassurée. Mes mots changèrent son expression.

Morishita — Je vois, c’est possible. Je n’ai jamais été amoureuse, donc je ne peux pas exclure la possibilité qu’il n’y ait pas de raison particulière. 

Si l’amour était quelque chose d’aussi simple, je n’aurais pas passé autant de temps à essayer de comprendre.

Morishita — Je m’excuse pour mes remarques blessantes, Karuizawa Kei. 

Retournant devant Kei, Morishita s’inclina, peut-être un peu trop, et resta comme ça.

Karuizawa — Tu n’as pas besoin de t’excuser autant, je comprends. 

Morishita — Vraiment ? Et bien dans ce cas, puisque mes excuses ont été acceptées, il n’y a plus de problème, non ?

Karuizawa — Eh ? Et bien… C’est bon, mais je t’en veux quand même. 

Je pouvais comprendre sa réaction mais on ne pouvait rien faire de plus.

Morishita — Je ne veux pas aller plus loin alors je vais y aller. 

Karuizawa — Tu as enfin compris… Tu n’es pas si mauvaise que ça ?

À ce moment-là, le mieux était de laisser partir Morishita, mais les opportunités de discuter avec elle ne se présentaient pas si souvent que ça. Je décidai donc de lui poser une dernière question qui me trottait.

Moi — Pour quelqu’un de la classe de Sakayanagi, tu es unique en ton genre. Les autres doivent te le dire souvent, je me trompe ?

Kei, qui était toujours à côté de moi, afficha une expression comme si elle allait essayer de me retenir, mais je voulais vraiment une réponse.

Morishita — Surement, j’ai déjà entendu ça, que je suis unique. 

C’était assez logique. Elle l’était vraiment pour le coup.

Morishita — Mais c’est assez amusant. J’ai toujours été au courant de la chose et j’ai toujours pensé que j’étais spéciale. Pourtant, je n’aime pas être remarquée constamment, comme je suis ‘’unique’’… 

Moi — Je suis désolé pour ça. Mais la raison est que je n’avais jamais remarqué quelqu’un comme toi dans la classe de Sakayanagi depuis le temps.

Morishita — Je vois. Tu es étonné de voir que quelqu’un que tu pensais être normal, se révèle avoir une personnalité unique en son genre.

Moi — C’est exact.

Morishita — Je ne fais pas grand-chose sauf si ça m’intéresse. Lorsque Sakayanagi Arisu et Katsuragi Kohei menaient la classe, ils avaient toujours protégé la totalité de ses élèves, donc je n’avais pas besoin de faire quelque chose ou de me démarquer. Je peux être diplômée en continuant à être moi-même.

Sans cacher sa situation, elle expliqua clairement pourquoi elle était perçue de cette façon. L’explication de Morishita était raisonnable. Maintenant, ça ne me dérangerait presque pas d’être observé par des élèves comme elle.

Même si je devais rester discret, je m’étais bien révélé, voire même plus que Horikita. De plus, j’étais surveillé régulièrement. Bien sûr, c’est arrivé parce que j’avais choisi volontairement d’agir. Si j’avais été en classe A comme Morishita dès le début, et si Sakayanagi et moi ne nous connaissions pas d’avant, la situation aurait été différente. Sans rien faire, juste en suivant les instructions, ma position en classe A aurait été assurée.

Tout aurait été si simple. J’aurais pu passer mes jours comme un élève ordinaire, sans me faire remarquer par personne et vivre calmement. Un chemin vers le diplôme sans suspicion ou menace de qui que ce soit. Morishita voulait emprunter le même chemin que moi.

Morishita — Je suis contente de vous avoir rencontré aujourd’hui. Merci d’avoir consacré votre temps à quelqu’un comme moi. 

Karuizawa — Uh, il n’y a pas de quoi. 

Pour une quelconque raison, Kei commença à discuter calmement avec elle.

Morishita — La plupart des élèves ici ont l’intention de finir en classe A, et j’en fais partie. Par conséquent, j’ai ressenti une certaine tension, et parler avec d’autres élèves me semblait une bonne idée. Après tout, vous avez pas mal attiré l’attention ces derniers temps.

Kei réfléchissait encore sur la raison de lui avoir tendu la main.

Morishita — Peut-être que l’on se reverra plus tard. Je suis impatiente de cela, au vu de votre gentillesse. Merci Ayanokôji Kiyotaka, Karuizawa Kei. 

Morishita inclina légèrement la tête avant de s’en aller, mais s’arrêta peu après. Elle se retourna

Morishita — Vous allez tous les deux rentrer chez vous, non ? 

Karuizawa — Eh bien, oui, mais…

Morishita — Je comptais retourner au dortoir aussi. Vous ne voulez pas faire le chemin ensemble ? On pourrait continuer à discuter comme ça.

Karuizawa — Huh, attends… On vient juste de finir de discuter, et tu veux encore parler ? 

Morishita — C’est une bonne opportunité. N’hésitez pas à me demander ce que vous voulez. 

Karuizawa — Mais, on n’est pas intéressés du tout ! 

Morishita — Ne soit pas comme ça. Est-ce qu’on ne devrait pas au moins échanger nos numéros ? Ayanokôji Kiyotaka aussi, bien sûr.

Karuizawa — Non, non, non, on n’échangera rien, ok ?

Moi — ça ne me dérange pas d’échanger nos numéros.

Karuizawa — Attend une minute ! 

Moi — C’est mieux d’avoir plus d’amis, non ?

Morishita — Je suis totalement d’accord avec toi !

Karuizawa — Ugh… Kiyotaka, ce côté est plutôt mignon, donc je ne peux pas t’en vouloir. 

Au final, nous (à contrecœur pour Kei) échangeâmes nos numéros. Une application chat était disponible, et ça ne posait pas de problème d’avoir davantage de contacts.

Une chose attira mon attention, Morishita n’avait pas tant de contacts que ça sur son application.

On aurait dit qu’elle vivait vraiment une vie paisible jusqu’à maintenant, sans se faire beaucoup d’amis.

Elle était un peu étrange quand même.

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