CLASSROOM V9 : CHAPITRE 3

Pas d’intention de changer

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Traduction : Dogyuun
Correction : Raitei
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Jeudi soir, je vis Ichinose qui se rendait au dortoir. Habituellement elle était souvent entourée. Cependant, aujourd’hui, elle était étonnement  seule. Pour je ne sais quelle raison je ne sentais pas l’assurance habituelle qu’elle dégageait en marchant. Je me demandais si c’était parce qu’elle avait pris ses distances par rapport à son groupe d’amis…Actuellement c’était la personne qui était au centre de l’attention au lycée. Impliquer sans considération les autres dans ses propres rumeurs aurait pu causer un second désastre.

Il n’était pas impossible qu’Ichinose ait eu ce schéma de pensée. Je me remémorai la conversation entre Kanzaki et Hashimoto il y a quelques jours. Est-ce que je devais l’interpeller ? J’y songeai, mais… Je sentais une présence dans mon dos donc je me rétractai. Je pris mon téléphone et activa le mode selfie pour voir ce qui se passait derrière. Il y avait deux élèves de seconde qui se rendaient au dortoir.

L’un d’eux était Hashimoto. Il marchait naturellement, mais en prenant en compte de ce qui était arrivé l’autre jour, il était assez difficilement concevable de m’imaginer que ce n’était qu’une simple coïncidence. Est-ce qu’il me surveillait ? Pendant que j’étais en train de déterminer la situation, une autre personne m’approcha. Elle marchait dans ma direction sans la moindre once d’hésitation. J’éteins aussitôt la caméra et je rangeai mon téléphone dans ma poche.

— Ah, um, Ayanokôji-kun. Est-ce que tu aurais un moment ?

La personne qui m’interpella était ma camarade de classe, Mei-Yu-Wang. Etant donné que son prénom était difficilement prononçable, les gens préféraient l’appeler “Mii-chan”. Cela dit, l’appeler comme ca, était un peu gênant étant donné que nous ne nous connaissions pas vraiment.

Wang — Est-ce que tu es libre maintenant ? J’aimerais te parler de quelque chose.

Me parler de quelque chose ? Pourtant nous nous étions à peine adressés la parole jusqu’à aujourd’hui. On pourrait même dire que c’est la première fois qu’elle venait me parler. Je n’avais pas l’impression qu’elle était accompagnée non plus. Ichinose continuait de marcher vers le dortoir sans me remarquer. Si je me mettais à la rattraper, cela aurait été bizarre.

Wang — Je suis désolée, tu dois être occupé…

Moi — Non pas vraiment, je me rendais juste au dortoir. Je suis libre.

Mii-chan eu l’air heureuse vu qu’elle soupira de soulagement. Tandis que je parlais avec elle, Hashimoto continua sa route sans regarder dans ma direction ni me parler.

Moi — Donc, tu voulais me parler de quelque chose ?

Wang — En parler ici… C’est un peu…

Elle regarda nerveusement les alentours. Il semblerait que parler sur le chemin du dortoir n’était pas envisageable.

Moi — Ah bon ?

Comme on pouvait sans douter, il n’était pas possible de lui dire quelque chose comme : “Vu que le dortoir est là, on peut en parler dans ma chambre » ? Et je n’allais pas proposer d’aller dans la sienne non plus.

Moi — Qu’est-ce qu’on fait ?

Plutôt que de prendre cette décision moi-même, je laissai Mii-chan décider ce qu’on ferait à partir de là. Après un petit temps de réflexion, elle proposa un endroit.

Wang —Le café… ça te va ? Mais on pourrait être en retard pour se rendre au dortoir après.

Étant donné qu’elle avait proposé cela elle-même, je n’avais aucune raison de dire refuser même si on risquait d’être en retard. Il n’y avait que cinq à dix minutes de marche du dortoir jusqu’au café du centre commercial Keyaki. Nous marchâmes avec un écart entre nous étant donné que nous n’étions pas très proches.

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Nous arrivâmes très vite à ce café populaire qui était toujours bien fréquenté. Même si j’admets que par moment je pouvais manquer de bon sens comme tout lycéen ordinaire, j’étais en mesure de comprendre la raison de ce succès. C’était une chaîne très connue et populaire auprès de la gent féminine. Le prix en dehors du campus était peu accessible pour de simples lycéennes alors ce n’était pas quelque chose qu’elles pouvaient se permettre souvent. Même pour une élève qui travaillerait à temps partiel, elle ne pouvait y venir que quelques fois par mois. Mais dans ce campus, les élèves recevaient des points en fonction du classement général alors à moins d’être dans une situation difficile, ce café devenait abordable d’où sa popularité.  Il y avait tout de même quelques places libres et nous prîmes deux chaises qui se faisaient face.

Mii-chan n’essaya pas de me regarder dans les yeux en fixant le café que je tenais ce qui me fit penser à l’attitude timide d’Airi. Si je lui mettais malencontreusement la pression, cela pouvait la brusquer et la freiner dans son élan. Je pris la décision de laisser Mii-chan engager la conversation. Avant cela, je lui dis que je m’absentais un instant pour aller chercher du sucre sur le comptoir. Je pris un sachet et, discrètement, remarquai la présence de Hashimoto. La probabilité qu’une envie de café soudaine lui soit parvenue était très faible. J’avais maintenant la certitude qu’il me suivait. Avait-il été envoyé par Sakayanagi afin de me surveiller ?

Non, c’était très peu probable. Sakayanagi dans les circonstances actuelles ne voulait pas divulguer d’informations me concernant. De plus, si elle voulait me garder à l’œil, elle aurait pu forcer Kamuro à le faire. Si Sakayanagi connaît le tempérament de Hashimoto, c’est compréhensible qu’il ne fût pas son premier choix, mais outre ça,

Elle n’était pas non plus dans un rush pour me révéler au grand jour. Elle n’avait pas besoin de lui parler de moi. En faisant ça, elle aurait pris le risque que les infos sur moi fuitent. Il me suivait donc de sa propre initiative. Je ne me souvenais pourtant pas avoir fait quelque chose attirant son attention. À ses yeux, j’aurais dû être un énième membre du groupe. Ce n’était pas non plus Ryuuen, Ishizaki, Albert, et Ibuki qui auraient dit quelque chose.  Enfin… Ce n’était pas comme si je pouvais arriver à une conclusion satisfaisante en y pensant maintenant.

Tôt ou tard, il serait un obstacle, mais pour l’instant j’allais me contenter de l’ignorer pour me concentrer sur Mii-chan. Je retournai à ma place après une minute, et juste après que je me sois assis, Mii-chan brisa le silence.

Wang — Hey… Uh, c’est à propos de Hirata-kun…J’espérais que tu me dises certaines choses à son sujet.

Moi — Tu sais je ne suis pas particulièrement proche de Hirata.

Je lui répondis immédiatement afin de ne pas lui donner de faux espoirs, mais elle rétorqua avec une expression étonnée.

Wang — Alors pourquoi Hirata-kun m’a dit que tu étais la personne la plus fiable de la classe ?

Moi — Ah bon ?

Wang — Oui, il m’avait dit que Ayanokôji-kun était la personne la plus fiable et la plus censée de la classe. Il a parlé en bien de toi.

Bien que j’étais flatté d’être complimenté par Hirata, si ça continuait de s’ébruiter cela pouvait devenir problématique. Mais je n’avais pas compris pourquoi Hirata avait parlé de moi à Mii-chan. Il y avait beaucoup d’élèves fiables dans ce lycée, mais vu notre classe, il était peut-être logique pour lui de me voir comme le garçon le plus fiable. Après ma conversation plus tôt avec Haruka, je pouvais plus ou moins deviner de quoi il s’agirait.

Wang — Il y’a peu de temps, Hirata-kun et Karuizawa-san ont…cassé. Est-ce que tu es au courant ?

Moi —  Bien sûr. Où veux-tu en venir ?

Je fis semblant de ne pas comprendre.

Wang — Eh bien…

Après avoir hésité un moment, elle alla enfin au sujet.

Wang —  Est-ce que tu sais si Hirata aime quelqu’un en ce moment ?

Il était évident qu’elle allait me demander ça. Mais qu’allais-je dire ? Quelle était la bonne réponse ? J’y avais réfléchis pendant un court instant puis j’arrivai aussitôt à la conclusion qu’être honnête était la meilleure solution.

Moi — Je ne pense pas.

Wang — Vraiment ?

Moi — En tout cas, pas que je sache.  Mais il vient quand même de se faire plaquer. Il lui faut du temps pour une nouvelle relation.

Moi — Est-ce que je peux te poser une question indiscrète ?

Wang — O-oui.

Moi — Quand est-ce que tu es tombée amoureuse de Hirata ?

Wang — Heeeeein ?!?!

Etait-ce bizarre de lui demander ça ? Le visage de Mii-chan rougit légèrement et elle commença à paniquer.

Wang — P-p-p-pourquoi est-ce que tu demandes ça ?

Moi — Tu as le droit de…

Wang — Juste après la rentrée !

Moi — pas répondre…

Wang — Je suis…un peu maladroite…

Mii-chan parla ouvertement. Il aura suffi d’une seule rencontre pour qu’elle tombe amoureuse de lui.

Wang —Quelque chose comme ça… je suppose.

Moi — Je vois…

Bien qu’il restait certaines zones d’ombres, il y avait une chose dont j’étais sûr. Elle avait été conquise par la gentillesse de Hirata.

Wang — Mais…

Mii-chan n’arrêtait pas de rougir lorsqu’elle raconta sa rencontre avec Hirata. Cependant son expression s’assombrit subitement après avoir été rattrapée par la réalité.

Wang — Je… Je ne pense pas être assez bien pour être sa copine.

Moi — Pourquoi ?

Pourquoi ai-je dis cela ? Ça m’étonnait de moi-même d’avoir réussi à parler.

Wang — Parce-que j’ai trop de rivales amoureuses ! En plus, je ne suis jamais tombée amoureuse avant…

Même si elle était amoureuse de Hirata, il semblerait qu’elle n’avait pas le courage d’entreprendre des actions. Et même si je ne voulais pas penser qu’un manque d’expérience en matière d’amour était un handicap, cela avait forcément des effets.

Moi — Eh bien, Mii-chan… Attends, ça te dérange si je t’appelle Mii-chan ?

Wang — Non t’en fais pas. Tout le monde m’appelle comme ça. Même mes parents, ils aiment également mon surnom japonais alors ils m’appellent aussi Mii-chan.

Elle n’était pas à moitié japonaise ou quelque chose du genre ?

Moi — Tu as vécu à l’étranger ?

Wang — Oui. Lorsque j’étais en 5e, mon père est venu au Japon pour le travail.

J’imagine qu’elle avait déménagé avec sa famille au Japon

Moi — Tu n’as pas rencontré quelques problèmes ? Comme la barrière de la langue par exemple ?

Wang — Ce n’était pas facile au début. L’idée de me faire des amis m’inquiétait plus que la barrière de la langue. Mais il y avait plein de gens qui étaient bons en anglais dans mon collège alors j’ai pu me faire des amis.

En parlant de cela, je crois savoir que Mii-chan a un très bon niveau en anglais. Il semblerait qu’en plus de communiquer avec les autres en anglais, elle a pu assimiler le japonais en trois ans au collège. J’avais vu que système scolaire chinois était plus rigoureux que le japonais. Est-ce que Mii-chan avait pu parfaitement s’intégrer dans notre société de par sa  bonne éducation ? En tout cas, tout comme Airi, elle devait juste avoir plus confiance en elle.

Wang — Je me demande si j’ai une chance…

Moi — De façon pragmatique, tu devrais avoir des chances.

Wang — Tu crois ? Vraiment ?

Moi — Je ne dis pas ça pour te faire plaisir. Mais…

Wang — Mais ?

Même si ça pouvait la rendre nerveuse, je me devais de lui expliquer la complexité de la chose.

Moi — Hirata est gentil, t’es d’accord ?

Wang — Bien sûr.

Moi — En prenant en compte ça, tu ne penses pas qu’il va être plus prudent à l’avenir pour sortir avec quelqu’un ? C’est de Hirata dont il est question. Il se sent peut-être coupable de ne pas avoir pu rendre Karuizawa heureuse.

Mii-chan hocha la tête pendant que je lui parlais.

Wang — Tu as raison. En plus de ça, se déclarer si tôt… Je ne pense pas en être capable.

Moi — Je sais que tu crains qu’une de tes rivales te coupe l’herbe sous le pied, mais tu vas probablement te faire rejeter si tu te hâtes trop.

Je lui conseillai d’y aller lentement mais sûrement jusqu’à ce qu’il y ait des bases solides. Bien entendu dans ce genre de situation, il fallait toujours tenter pour savoir, mais je voyais mal Hirata se presser de se remettre avec une fille. Il allait probablement rejeter toutes celles qui ont pris l’initiative de se déclarer. De ce fait, celles qui attendent avaient plus de chances de succès.

Wang — … Je me suis trompé sur à ton sujet Ayanokôji-kun.

Moi — Trompé à mon sujet ?

Wang — En fait, tu es souvent silencieux et tu parles rarement… ça donne l’impression aux autres que tu es froid et effrayant. Mais après t’avoir parlé en face à face, je me rends compte que tu es vraiment accessible et que tu es attentif à ce qu’on te dit.

Elle me complimenta. Mais, plutôt que d’être attentif, il était plus judicieux de dire que j’analysais inconsciemment le contenu des discussions. Je ne faisais qu’examiner chaque information et décrétai son utilité ou non pour la personne plus tard. Mais si elle me voyait comme ça, je n’allais pas me plaindre. Est-ce qu’elle voulait me poser plus de questions ?  J’avais l’impression en tout cas, que nous allions encore discuter à l’avenir.

— Oh ? Mii-chan et… Ayanokôji-kun ?

Au moment où j’ouvris la bouche pour poser d’autres questions, l’élève de seconde D, Hiyori Shiina, arriva. Je décidai de ne rien dire de plus.

Wang — Salut Hiyori-chan !

Hiyori-chan et Mii-chan avaient l’air assez proches.

Hiyori — Est-ce que à tout hasard vous êtes en rendez-vous amoureux ?

Wang — N-N-Non ! Pas du tout Hiyori-chan !

Mii-chan se leva en paniqua en bougeant frénétiquement. En voyant le mal qu’elle se donnait juste pour dire non, cela me fit un peu mal au cœur.

Hiyori — Alors ça ne vous dérange pas si je me joins à vous ?

Wang — Non bien sûr ! … Est-ce que ça te va ?

Moi — Ouais.

Hiyori — Je te remercie.

Hiyori fit un joli sourire et s’assied sur la chaise à côté de Mii-chan.

Hiyori — Vous êtes une drôle de paire. De quoi parliez-vous au juste ?

Wang — Euh.. Eh bien…

Il était difficile pour Mii-chan de dire que nous parlions du garçon qu’elle aimait.

Moi — Je suis intéressé par la Chine, alors je voulais en savoir un peu plus.

Hiyori — A propos de la Chine… c’est vrai ?

Moi — Ouais. C’est un pays que j’aimerai visiter un jour, alors j’ai pensé que ce serait une bonne idée de parler avec quelqu’un originaire de là-bas.

J’envoyai un regard à Mii-chan pour confirmer. Elle hocha la tête deux-trois fois en réponses.

Hiyori — La Chine c’est beau n’est-ce pas ? Je suis également assez intéressée, surtout par la Grande Muraille.

Hiyori mis ses mains devant elle et sourit. L’intérêt de Hiyori par rapport au sujet dépassa mes espérances.

Hiyori — En parlant de la Chine, le mur est un incontournable.

Moi — Personnellement je préfère l’ancienne ville de Pingyao.

Hiyori — L’ancienne ville de Pingyao ?

Il semblerait que c’était la première fois que Hiyori entendait parler de cet endroit.

Mii-chan d’autre part, écarquilla les yeux de surprise en voyant que je connaissais cet endroit.

Hiyori — Bien que cela fasse partie du patrimoine mondial de l’humanité, le fait que tu la connaisses..

Moi — J’en ai juste entendu parler.

Wang — D’ailleurs, vous deux… vous êtes amis…  ?

Mii-chan demanda cela après nous avoir vus parler naturellement.

Hiyori — Ouais ! Nous sommes des collègues de lecture.

Moi — Tu n’as pas tort.

Wang — Des collègues de lectures ?

Mii-chan afficha une expression qui montrait qu’elle ne comprenait pas vraiment de quoi il était question. Cependant, cette confusion se métamorphosa en positivité lorsqu’elle posa sa prochaine question.

Wang — C’est une bonne chose de pouvoir se faire des amis sans faire partie de la même classe ?

Il était probable qu’elle n’avait pas eu d’amis extérieurs à la classe avant le camp.

Hiyori — Je suis du même avis. La vie au lycée ne peut pas se limiter à de l’hostilité entre les classes.

La lutte des classes et l’un des fondements de notre système. Ici, la plupart des élèves avaient tendance à considérer les camarades d’autres classes comme leurs rivaux. Mais ces derniers temps, il y avait plus d’élèves qui s’ouvraient aux autres.  Au final, le véritable but de cette école restait toujours obscur. Sinon, il n’y aurait pas eu de règles comme celle du camp. Mais je ne voyais pas cette ouverture aux autres comme quelque chose de positif dans le futur. Nous étions obligés d’affronter les autres classes et le fait d’avoir noué des liens avec des adversaires pouvait se retourner contre nous.

Nous décidâmes de retourner au dortoir.

2

Wang — Merci pour aujourd’hui, Ayanokôji-kun.

Moi — Non, c’est moi qui te remercie pour le temps que tu m’as accordé.

Wang — Ah. J-je vois. C’est vrai.

Elle se gratta timidement les joues. Elle ne s’attendait pas à ce que je la remercie.

Moi — Je vais jeter un coup d’œil à ma boite aux lettres. Vous pouvez y aller.

Je pris le même chemin que Mii-chan et Hiyori et pendant qu’elles se dirigeaient  vers l’ascenseur, je partis contrôler ma boite aux lettres. Je le faisais une à deux fois par semaine, comme la plupart des élèves. La plupart des documents qui se trouvaient dans nos boîtes provenaient du lycée. Cependant, il y avait des élèves qui utilisaient leurs boîtes aux lettres pour s’échanger des choses ou recevoir des colis d’achats en ligne. Cela dit, je n’y jetais pas un coup d’œil pour de telles raisons.

Moi  Rien aujourd’hui non plus ?

Je commençai à vérifier ma boite aux lettres assez régulièrement depuis que mon père m’avait rendu visite. Etant donné qu’il n’y avait rien, je me rendis à l’ascenseur et je vis Hiyori qui m’avait attendu.

Hiyori — Est-ce que t’aurais un moment ?

Moi — Bien sûr.

Nous nous rendîmes au hall d’entrée juste devant l’ascenseur.

Hiyori — Je voulais te demander quelque chose tout à l’heure, mais j’hésitais comme nous étions en compagnie de Mii-chan.

Faisant attention aux alentours, Hiyori regarda autour d’elle avant de parler.

Hiyori — Ce qu’il se passe en ce moment avec Ichinose-san, es-tu au courant ?

Moi — Au courant ce qu’il se passe avec Ichinose ? Si tu fais allusions à ces rumeurs étranges, on peut dire que je connais les grandes lignes.

Hiyori — Oui, ces rumeurs. Tu as une idée de qui les propagent ?

Moi — Non… Je ne sais pas vraiment.

Il aurait été aisé de désigner Sakayanagi ou Hashimoto, mais je choisis de ne pas le faire.

Hiyori — Pour être franche, je ne veux plus voir Ichinose-san souffrir. C’est une personne qui a voulu sympathiser même avec la fille peu sociable que je suis.

Si je me souviens bien, Hiyori et Ichinose étaient dans le même groupe pendant le camp. Je suppose que manger la même nourriture et dormir au même endroit avait créé des liens puissants.

Hiyori — Ayanokôji-kun.

Les yeux de Hiyori dégageaient une assurance.

Hiyori — Dès mon arrivée ici, j’ai désapprouvé cette lutte des classes.. Mais à présent, je pense qu’il est parfois nécessaire de se battre pour protéger ses amis.

Moi — C’est vrai. Après tout, on ne peut pas sauver tout le monde.

Hiyori — Bien qu’Ichinose soit un ennemi commun, il doit y avoir une solution afin pour l’aider. Je n’ai pas eu le temps d’y réfléchir, mais… es-tu d’accord pour coopérer ?

Moi — Coopérer ? Dans ce cas tu devrais aller voir Horikita.

J’avais envisagé une potentielle rencontre entre elles.

Hiyori — Horikita-san tu dis ?

Cependant l’expression de Hiyori ne se détendit pas.

Moi — Horikita…enfin, notre classe peut aider Ichinose effectivement.

Dans cette configuration, il était même possible que cela se transforme en une alliance générale contre la classe A. Cependant Hiyori ne donnait pas l’impression d’être réjouie.

Hiyori — Tu ne peux vraiment rien faire Ayanokôji ?

Moi — Ce n’est pas que je ne veux pas, c’est que je ne peux pas. Je n’ai pas tant d’influence sur ma classe.

Hiyori — Ah bon ?

Elle pencha la tête sur le côté, l’air interrogateur.

Moi — Pour les filles il y a Horikita, et pour les garçons c’est Hirata. Si tu veux une coopération de la C, il faudra aller voir l’un des deux.

Hiyori — Je vois…

Les épaules de Hiyori tombèrent et elle afficha une mine triste.

Moi — Déçue ?

Hiyori — Non.. C’est juste que je n’ai jamais vraiment parlé avec Horikita-san ou Hirata-kun… Mais je me disais que si c’était toi…

Ses épaules s’abaissèrent encore plus alors qu’elle s’enfonçait dans le silence. Je ne m’attendais pas à cette réaction de sa part.

Moi — Désolé. Je ne peux vraiment rien faire.

Hiyori — Tu n’as pas à te sentir désolé, après tout c’était un peu égoïste de ne penser qu’à ce qui m’arrangerait sans prendre en compte tes sentiments

Après avoir dit cela, elle baissa la tête.

Moi — Est-ce que tu voudrais que je fasse l’intermédiaire ?

Hiyori — Tu ferais vraiment ça pour moi ?

Malgré le fait qu’elle m’ait posé cette question, Hiyori changea d’avis.

Hiyori — Je suis désolée, faisons ça un autre jour. Si notre conversation s’ébruite, cela pourrait empirer les choses pour Ichinose.

Moi — Oui, tu as raison.

Ces personnes qui faisaient la guerre à Ichinose…Au vu de la tournure des événements, je ne pouvais pas anticiper leurs actions. Agir sans avoir connaissance du terrain était contre-productif. Et puis les rumeurs à son sujet étaient peut-être même avérées.

3

Après être entrée dans ma chambre, je reçus un message de Horikita.

Horikita Es-tu là ?

Bien que je ne lui avais pas répondu, un autre message suivit.

Horikita — Comme je vois que le message a été marqué comme vu, je vais continuer à parler étant donné que c’est plus pratique. Ichinose-san va venir dans ma chambre ce soir. Tu viens ?

Quel message inattendu.Au début, je ne voulais que lire ses messages, mais je choisis de répondre.

Moi — Qu’est-ce qui a mené à cette rencontre ?

Horikita — Nous sommes alliés à la classe B. C’est naturel de leur donner un coup de main au vu des circonstances actuelles. Mais, cette fois nous ne connaissons pas tous les éléments. Donc, je pensais qu’il serait mieux de parler à la principale concernée.

J’en déduis qu’elle avait contacté Ichinose. Elle avait été assez directe pour le coup. Il aurait été facile de refuser.  Et puis Horikita aurait pu me répéter ce que lui aurait dit Ichinose. Mais rien en garantissait que Horikita aurait eu droit à des infos pertinentes alors que Kanzaki, le bras droit d’Ichinose ne connaissait pas les détails. Je pourrais lui demander directement pour avoir le fin mot de l’histoire, mais cela m’impliquerait dans cette histoire. Je ne savais pas vraiment quoi faire, mais après avoir réfléchi, je répondis à Horikita.

Moi — A quelle heure ?

Horikita — 19h

Ce qui était un peu tard. Il fallait que je veille à ne pas me faire voir par d’autres élèves.

Moi — Bien. Je te contacte dès que je bouge.

Je pris ainsi la décision de rencontrer Ichinose avec Horikita.

4

Je me prélassais en attendant l’heure du rendez-vous. Lorsque l’horloge afficha 18h55, je quittai ma chambre et me rendis chez Horikita. Au moment exact où je sortis de l’ascenseur, Ichinose sortit de celui d’à côté.

Ichinose — Oh ! Bonsoir Ayanokôji-kun.

Je levai légèrement ma main en réponse à sa salutation.

Moi — Désolé de m’incruster !

Ichinose — Ahahah. Mais je m’incruste aussi, alors ça va.

Après avoir dit cela, Ichinose prit les devants et parti sonner devant la porte de Horikita. Nous entendîmes aussitôt la porte se déverrouiller.

Horikita — Vous pouvez entrer.

Il n’y avait rien de suspect à ce qu’on arrive en même temps vu que l’heure du rendez-vous était fixé. Horikita nous accueillit  dans sa chambre sans dire grand chose.

Je m’assis par terre. J’étais déjà venu chez Horikita, mais ça n’avait pas l’air d’avoir grandement changé. Nos deux chambres étaient similaires, très monotones et simples.

Horikita — Désolée de te donner rendez-vous le week-end et tard qui plus est, Ichinose-san.

Ichinose — Pourquoi tu aurais à t’excuser ? Après tout, tu fais ça pour moi.

L’aura que dégageait Ichinose était la même que d’habitude.

Ichinose — Cela dit… Si l’on s’attarde trop, cela pourrait être problématique demain, donc j’espère qu’on ne va trop s’éterniser… Pour rentrer dans le vif du sujet, j’ai été la victime de rumeurs peu glorifiantes ces derniers temps

Horikita — Effectivement. Est-ce que tu as une idée de qui est derrière ?

Horikita rentra elle aussi dans le vif du sujet sans hésiter. J’étais curieux de savoir si Ichinose répondrait honnêtement à la question ou pas.

Ichinose — Je ne suis pas sûre à 100%, mais je dirais Sakayanagi-san.

Elle répondit très honnêtement. Elle dépassa mes espérances. Si cette hypothèse n’était basée que sur une intuition, elle n’aurait pas donné son nom si facilement. Elle n’était pas le genre de personne à parler sur les autres sans une bonne raison. J’étais également arrivé à la même conclusion de toute manière. Au moins elle avait pu nommer son ennemie.

Horikita — Sakayanagi-san… Qu’est-ce qui te fait dire ça ?

Ichinose — Vu qu’elle a déclaré la guerre à ma classe, cette raison est suffisante.

Horikita devait savoir que Sakayanagi était belliqueuse en plus d’être agressive. En prenant en compte le fait qu’elle avait intensifié un conflit interne dans sa classe afin de se débarasser de Katsuragi, il n’était pas incohérent que dans le but de vaincre la classe B, elle concentre toutes ses attaques sur Ichinose, le leader.

Horikita — Non. C’est plus qu’assez pour viser Sakayanagi.

Horikita pensait donc pareil.

Horikita — Sakayanagi-san fait donc circuler ces rumeurs sans fondements, en te forçant à endosser toute la responsabilité.

Ichinose — Euh… Comment dire…

Horikita — Tu ne vas pas démentir ces rumeurs ?

Ichinose — Désolée Horikita-san. Je ne peux pas répondre à cette question. Toi et Ayanokôji-kun êtes mes amis, mais vous restez des élèves d’une autre classe. Certes, nous sommes alliés par l’instant, mais tôt ou tard nous serons amenés à nous affronter.

Ichinose donnait l’impression qu’elle voulait répondre à la question, mais refusa de répondre en même temps. Dison que c’était un choix logique.

Horikita — Je ne veux pas te forcer à parler, mais tu sais que le silence peut être interprété comme un aveu.

Ichinose — Libre à vous ou aux autres de croire cette rumeur. Cependant, je ne veux pas consacrer mon énergie à démentir ces rumeurs. La stratégie de Sakayanagi-san  est de semer la zizanie dans la classe B. Selon moi, la meilleure solution serait de garder le silence.

Ichinose fit un sourire, elle se comportait comme à l’accoutumée. Ce harcèlement qui se déroulait n’avait rien d’inhabituel. C’était un type de brimades parmi d’autres qui arrivait partout à tout âge.

Il n’y avait pas de consensus pour savoir comment répondre à ce genre d’attaques. Bien sûr, on pouvait démentir de façon agressive les rumeurs, ou bien choisir de garder le silence, mais au final, les gens s’en donneraient à cœur de joie de spéculer sur ce qu’ils voulaient entendre. Ainsi elle fit le choix de rester silencieuse.

Ichinose — J’ai pensé à vous rencontrer pour dire cela afin d’éviter que vous soyez entrainés par les évènements. Même si j’ai gardé le silence, mon entourage a été affecté par la situation donc ça prendra plus de temps pour se tasser. Mais surtout je n’ai pas envie d’impliquer la classe C dans un combat frontal contre Sakayanagi-san.

Ichinose hocha la tête fermement, gardant le même sourire.

Horikita — Je sais que tu as une détermination à toute épreuve. Mais n’importe qui étant victime de ces ignobles rumeurs en serait fortement affecté, nonobstant la véracité desdites-rumeurs. Néanmoins tu ne penses pas qu’à toi, mais aussi aux gens qui t’entourent, c’est admirable.

Ichinose — Je ne suis pas aussi magnanime.

Ayant l’air un peu embarrassée, Ichinose continua.

Ichinose — Alors Horikita-san et le reste de la classe peut continuer de fonctionner comme à l’accoutumée. Je vais régler mes propres problèmes.

Après avoir dit cela, Ichinose se leva. Il semblerait qu’elle soit juste venue pour faire savoir à Horikita de ne pas intervenir.

Moi — Est-ce que tu es au courant de ce qu’il se passe avec Kanzaki et les autres ?

Même si je ne pensais pas que cela serait utile, je pris la décision de parler.

Moi — Il y’a quelques jours, il s’est confronté à Hashimoto de la classe A et lui a carrément demandé de cesser de propager des rumeurs. C’était assez tendu.

Ichinose — Je vois… Kanzaki-kun est vraiment gentil. Je lui ai dit que ça allait. Je ne pensais pas que j’avais besoin de lui en dire plus.

Horikita — Je ne pense pas qu’il s’agisse seulement de Kanzaki-kun. Bon nombre de tes camarades remuent ciel et terre afin de trouver un moyen de t’aider, pour ton bien.

Bien que Horikita venait d’apprendre cette information, elle put faire un dessin clair de la situation.

Ichinose — Je suppose que je n’ai plus qu’à aller parler à mes camarades une nouvelle fois. Si cela ne vous dérange pas, pourrions-nous arrêter la conversation là ?

Horikita — Tu peux véritablement tenir ?

Pour être sûre et certaine, Horikita demanda une dernière fois.

Ichinose — Et comment !! Ça ira !!

Ichinose répondit sans aucune hésitation.

Ichinose — Merci de t’inquiéter pour moi. Toi aussi Ayanokôji-kun, merci d’être venu si tard pour moi.

Moi — Je me suis juste incrusté, tu sais.

Horikita ne l’arrêta pas cette fois. Ichinose nous souhaita bonne nuit et quitta la chambre.

Horikita — Je me demande s’il n’y a vraiment rien que l’on puisse faire pour elle.

Moi — Eh bien c’est difficile.

En prenant en compte le comportement d’Ichinose, il n’y avait rien d’anormal. Plutôt que d’essayer de se montrer forte, il serait plus précis de dire qu’elle n’essaie de ne pas y penser. C’est l’impression qu’elle m’a donnée.

Horikita — Que devrions-nous faire ?

Moi — Tu me demandes mon avis ?

Horikita — Oui. Parle-moi franchement.

Horikita répondit du tac au tac.

Moi — Si tu veux mon avis sur la question, je pense que tu devrais t’abstenir d’agir.

Horikita — Pourquoi ?

Moi — Si Sakayanagi est bel est bien la source de ces rumeurs, s’engouffrer dans la brèche ne ferait que mettre la classe dans son collimateur.

Horikita —Ce que tu dis se tient, mais, que ferons-nous lorsque Sakayanagi-san aura vaincu Ichinose ? Tu ne penses pas qu’à ce moment la classe C sera dans son collimateur comme tu dis ?

Ce qu’elle voulait dire, c’est que même si on aidait Ichinose, nous finirions dans son collimateur. Une conclusion inéluctable.

Moi — Il est possible que tôt ou tard, notre classe se fasse cibler. Néanmoins, lorsque ça arrivera, il n’y aura plus de chef en classe B. On devrait lui être reconnaissant de se débarrasser d’Ichinose.

Horikita — Son sort t’importe aussi peu ? Je te trouve bien dur là.

Moi — Dur ? N’est-ce pas le bon mot pour qualifier ton attitude à ton arrivée dans ce lycée ? Il y a une différence entre aider un camarade de classe et un élève extérieur. Elle fait partie d’une autre classe. C’est un adversaire que l’on devra sûrement affronter et défaire. Si elle se fait battre par quelqu’un d’autre, tant que nous sommes gagnants, nous n’avons pas besoin de nous inquiéter.

Horikita — Notre relation avec elle est bénéfique. Il aurait été plus judicieux de s’allier à elle dans un premier temps pour faire chuter la classe A.

Moi — Tu n’es pas un trop idéaliste ?

Le fait que notre alliance fasse en sorte que la classe A soit rétrogradée en classe C, permettrait à nos classes d’être promues respectivement en A et B avant de s’affronter. Cet espoir n’était qu’un doux rêve. Je ne connaissais pas les circonstances en externe, mais Ichinose tournait le dos à quiconque voulait l’aider. Si cette conversation avait eu lieu avec la Horikita du début de l’année, elle ne se serait probablement pas étalée sur le sujet lorsqu’Ichinose essaya de partir la première fois. Comment et pourquoi en était-elle arrivée à un point où elle envisageait ce genre d’idées ? Vu comment essayait d’améliorer sa relation avec Kushida, j’avais plus ou moins mon idée là-dessus.

Moi — Donc je te conseille de ne pas intervenir.

Horikita — Tu as raison…

Horikita devait également comprendre que c’était la bonne chose à faire. C’est justement pourquoi elle ne s’y était pas plus fermement opposée. Cette fois-ci, nous avions montré notre bonne foi en lui montrant notre inquiétude et en lui proposant notre aide. Ça devait être suffisant. La classe C pouvait rattraper silencieusement les autres classes, tant que nous ne démarquions pas. Réduire progressivement l’écart pendant que les classes du haut se faisaient la guerre était la stratégie la plus sage.

À ce stade, le mieux était de ne pas offrir son aide, mais c’est Horikita qui avait le dernier mot. De toute manière, ce n’est pas comme si elle avait la capacité d’améliorer la situation d’Ichinose tant que cette dernière ne sortait pas du silence.

Moi — Je pense que je vais rentrer. Un garçon seul ne peut pas rester dans la chambre d’une fille comme ça aussi longtemps.

Il était bientôt 20h. Ça aurait été problématique qu’on me voie ici si tard.

Horikita — Oui…

Horikita perdue dans ses pensées me répondit sans vraiment faire attention. Elle avait commencé à changer petit à petit, mais elle commençait à se préoccuper de choses de plus en plus futiles.  Elle passait pour l’instant d’un extrême à l’autre alors il fallait qu’elle travaille pour améliorer ses capacités sociales. Pourra-t-elle devenir une meilleure version d’elle-même ? Nous verrons bien.

Après avoir quitté la chambre, je pouvais voir la silhouette d’Ichinose qui attendait près de l’ascenseur. Pendant que je me demandais si elle m’avait attendu, elle me fit un signe de main avec un grand sourire.

Ichinose — Ici !

Elle m’interpella avec une voix basse, et, pendant que je m’approchais,  je pus rentrer dans l’ascenseur avec elle. Ichinose appuya sur le bouton du RDC et nous descendîmes à la salle commune.

Ichinose — Ça te dérangerait de me tenir compagnie ?

Moi — Pas de problème, mais… ou allons-nous ?

Ichinose — On va un peu dehors.

Personne ne se trouvait là et nous sortîmes tranquillement du dortoir. Le soleil s’était déjà couché et dans la pénombre, nous marchâmes côte à côte comme si nous allions en direction du bâtiment scolaire.

Ichinose — Je sais qu’il fait froid, mais… je ne veux pas attirer l’attention davantage.

Moi — Je comprends… Ça va de ton côté ?

Ichinose — Je vais bien. Euh enfin, comment dire… je suis sincèrement désolée.

Dès lors qu’elle se ressaisit, elle s’excusa.

Moi — Pourquoi est-ce que tu t’excuses ?

Ichinose — C’est parce que je vous ai causés du tort à toi et Horikita-san, ainsi que à la classe C. Ces rumeurs ont été la source d’inquiétude chez beaucoup de monde. J’aimerais que tu oublies.

Moi — Ce n’est pas ce que tu as dit à Kanzaki et à tout le monde aussi ?

Ichinose — C’est tout simplement la meilleure option et je ne changerai pas d’avis.

En disant cela, elle me regarda avec des yeux déterminés. Je comprenais l’engouement de sa classe à son égard.

Ichinose — C’était tout ce que je voulais te dire… Il fait froid n’est-ce pas ? Rentrons.

Moi — D’accord.

Notre échange fut assez bref.

Ichinose me poussa à rentrer en premier et par conséquent nous n’arrivâmes pas ensemble. Je finis par rentrer au dortoir avant elle.

5

Les gens de mon quotidien avaient pas mal de choses à faire. Pendant ce temps, j’optais pour la passivité, préférant préserver ma tranquillité. Et bien que ce n’était pas chose aisée, le quotidien auquel j’aspirais ressemblait peut-être à ça. J’eus l’intuition qu’à un moment ou un autre je parviendrais à répondre à mon interrogation. Mais une chose préoccupante  m’arriva. La nuit, mon téléphone que j’avais laissé sur mont chevet vibra silencieusement. Il était 1h du matin. Je regardais mon portable afin de savoir qui m’appelait à un horaire si inhabituel, mais hélas ce n’était pas un numéro enregistré.

Il était tout de même impossible qu’un numéro de l’extérieur puisse me contacter, car les téléphones de l’école étaient programmés pour ne pouvoir appeler et recevoir qu’une liste précise de numéros du campus. Tout cela pour éviter tout contact avec l’extérieur même, involontaire. Ce n’était pas une fonctionnalité rare. Ce système de sécurité était aussi utilisé pour les enfants quand on leur donnait leur premier portable.

C’était donc quelqu’un du campus dont je n’avais jamais enregistré le numéro. Il n’était pas possible de déterminer si la personne à l’autre bout du fil était un élève ou bien un professeur.

Moi — Bonjour.

Par prudence, je pris le téléphone. J’étais un peu étourdi étant donné que je venais de me réveiller mais je pressai le téléphone contre mon oreille gauche. Je n’entendis personne parler au bout du fil. Le seul son que je pouvais entendre était celui d’une respiration. Étant donné que j’attendais que l’autre personne fasse quelque chose, le silence continua pendant environ 30 secondes.

Moi  Je vais raccrocher alors.

Je donnai un avertissement étant donné que ce silence commençait à particulièrement m’ennuyer.

— Kiyotaka Ayanokôji.

La personne au bout du fil dit mon prénom en entier. Je n’avais pas souvenir de cette voix, mais pour ce n’était pas celle d’un adulte.

Moi — À qui ai-je l’honneur ?

La personne au bout de fil redevint silencieuse puis raccrocha.

Moi — Tout ça pour prononcer mon nom.

Ce n’était donc pas une erreur…

Moi — Tu as donc commencé à agir.

Son identité n’avait plus d’importance, je savais que c’était cet homme. Cela dit, c’était étrange qu’il m’ait fait savoir qu’il allait attaquer.

S’il voulait me faire expulser, le plus approprié aurait été une attaque surprise.

C’était donc un avertissement de sa part.

Y a-t-il quelque chose qui soit vraiment hors de portée de cet homme ?

Dans tous les cas, il avait commencé à se mettre en mouvement…

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