CLASSROOM V8 : CHAPITRE 3

Échec en perspective ?

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Traduction : Nova
Correction : Raitei
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Samedi. Nous avions cours en ce jour qui, habituellement, était synonyme de temps libre. Mais il y avait un côté un peu plus détente, d’autant que ce n’était que pour la matinée : ainsi, après les leçons du matin, nous pûmes vaquer à nos occupations. Nous entamions au passage le troisième jour de l’examen spécial, qui avait débuté Jeudi, et des tensions avaient commencé à naître au sein du groupe. Cette journée débuta à 5 heures du matin.

Ishizaki — Aaaah bordel, je suis claqué !

Ishizaki nous partagea son humeur dans la cuisine extérieure, près du bâtiment principal.

Yukimura — C’est dur pour tout le monde. Héé, mesure correctement les quantités pour ne pas gâcher du miso !!

Keisei l’avertit en feuilletant le papier sur lequel était écrit le menu du petit déjeuner que les professeurs nous avaient donné.

Ishizaki — Putain. Pourquoi je dois faire ça, déjà ?

Tout en remuant le miso, Ishizaki poursuivait ses complaintes.

Yukimura — Ce n’est pas comme si on avait le choix, hein ? On risquerait sûrement une pénalité si tout le monde n’était pas là.

Ishizaki — Comme si j’en avais quelque chose à cirer… Aaaah !!

Yukimura — « Aaaah »… Qu’est-ce qui se passe ?

Ishizaki — …Rien du tout.

Yukimura — Mais bien sûr ! Et le sel que tu avais dans les mains ? 

Ishizaki — J’ai tout versé…

Il semblait que la soupe miso qu’Ishizaki préparait allait être un peu trop salée ! Keisei, pris de panique, éteignit le feu et goûta.

Yukimura — C’est beaucoup trop salé, c’est imbuvable !  

Si les ainés avaient mangé ça, je pense que nous aurions passé un sale quart d’heure.

Yukimura — Pas le choix, faut la refaire !   

Ishizaki — Dis pas de conneries, on aura pas le temps. D’ailleurs, qu’est-ce que fout Kôenji ?

Yukimura — Comme si je le savais…   

Ishizaki — Vous êtes dans la même classe bordel !

Tout en observant les deux personnes qui se disputaient autour de la soupe miso, Hashimoto sortit une poêle et se mis à l’ouvrage pour préparer une omelette.

Yukimura — Tu es plutôt doué on dirait.

Hashimoto — C’est parce que je cuisine la plupart de mes repas.

Hashimoto dit cela sans une once d’arrogance et poursuivit son ouvrage. Albert approcha et l’observa silencieusement, avant de lui tendre un bol avec des œufs brouillés à l’intérieur.

Hashimoto — Merci ! Est-ce que tu pourrais t’occuper de couper les légumes aussi, si tu veux bien ?

Il ne faut jamais se fier aux apparences. Ni une ni deux, Albert découpa très habilement les légumes sur la planche.

Comme il y avait beaucoup de bouches à nourrir, Hashimoto enchaîna les œufs. Il semblait que ces deux-là étaient nos as en matière de cuisine. Pendant ce temps, moi, j’avais réussi à obtenir les tâches plutôt simples de m’occuper des crudités et de la vaisselle, mais vu le nombre de personnes ça faisait quand même pas mal de travail. Puis, en même temps, je me disais que je devais peut-être aussi aider pour les légumes.  Ainsi je m’approchai d’Albert et tentai de communiquer avec lui, en aidant du regard.

Moi — Je peux aider ? Je veux dire, pour couper les légumes…

Albert — Oui.

Il semblait qu’on ait suffisamment pu se comprendre et, de fait, il me tendit un couteau de cuisine. C’est là où j’étais content de m’en être déjà servi, même si ce n’était que légèrement, depuis que je vivais dans les dortoirs ! Je coupai ainsi les légumes en mimant les mouvements d’Albert.

Je me demandais quand même où était parti Kôenji. Cela faisait déjà plus d’une demi-heure qu’il était censé être aux toilettes. Les élèves des classes A et B avaient chacun envoyé un élève à sa recherche, mais ils ne l’avaient sûrement toujours pas trouvé puisqu’ils n’étaient pas revenus. Finalement il ne réapparu pas avant le moment du petit-déjeuner. D’ailleurs il n’essaya même pas de se justifier. Je devais donc supposer que la relation entre Ishizaki et Kôenji n’allait pas s’améliorer.

1

Ce même samedi, vers 3 heures du matin, alors que j’avais un cours d’éthique,  je pus entendre la joyeuse voix d’une fille qui provenait de l’extérieur. C’était Ichinose qui courait avec aplomb. Elle qui avait, paraît-il, rencontré des difficultés lors de la création des groupes semblait avoir repris du poil de la bête. Je repensai d’ailleurs à Sakayanagi qui avait déclaré son intention d’écraser Ichinose mais, jusqu’à présent, il n’y avait aucun signe de cela. Enfin, de mon point de vue en tout cas, car peut-être des choses se tramaient en coulisses.

Je profitai de regarder par la fenêtre pour jeter un œil à la composition de son groupe. À ma grande surprise, il n’y avait qu’une seule personne de la classe C. Quant à la classe B, Ichinose fut la seule que je reconnus. Peut-être les filles avaient-elles abouti à la même stratégie que nous, c’est-à-dire créer des groupes avec une classe majoritaire afin de maintenir un certain statut quo entre les classes ; Ichinose était donc le quota de représentation de la classe B. Je ne connaissais pas très bien les élèves des classes A et B, mais je pus également repérer la fille qui avait heurté Horikita pendant le festival sportif et qui avait été blessée dans le cadre du stratagème de Ryuuen ; fort heureusement pour elle, elle semblait être totalement rétablie puisqu’elle courait sans aucune difficulté.

Au fait, l’élève de notre classe C était une fille du nom de Wang Mei-Yu. C’est en primaire qu’elle arriva de Chine pour la première fois, posant alors ses valises avec sa famille au Japon. C’était du moins ce que quelqu’un m’avait dit. Son surnom était « Mii-chan »,  un surnom  difficile à utiliser sauf en étant extrêmement proche d’elle. Je savais, en revanche, que ses notes étaient excellentes. Elle était particulièrement douée en anglais. 

Elle avait curieusement un profil assez similaire à Keisei. Très studieuse et, comme lui, médiocre en sport. Je la voyais désespérément essayer de suivre le rythme des autres membres de son groupe et le verdict était sans appel : elle respirait si fort en levant la tête comme si elle était sur le point de s’effondrer, tout en boitant et en gesticulant. Ichinose la remarqua et décida de s’adapter au même rythme que Mii-chan, en ralentissant, puis en l’encourageant en courant à ses côtés. Une autre fille, Shiina Hiyori, de la classe D, se joignit également à elles.

Cette dernière non plus n’avait pas grand-chose d’une athlète, mais c’était avec le sourire aux lèvres qu’elle s’adonnait à cette séance. D’après Ryuuen et ses acolytes, Shiina était la meneuse des filles de sa classe. Alors le groupe que j’avais en face des yeux comportait deux meneuses ! Suivant cette logique, peut-être que Sakayanagi et Horikita étaient dans le même groupe également ? Il y avait toutefois assez peu de chances.

Ma curiosité me fit abandonner le texte que j’étais supposé étudier. Néanmoins, je remarquai que l’atmosphère devint d’un coup très sérieuse dès l’instant où leur professeur prit la parole.

  • Je vais vous demander à toutes de vous présenter. Cependant, ayez à l’esprit que ce n’est pas une simple présentation que je vous demande mais un travail qui fait partie intégrante de notre cours. En effet, chaque jour, ici-même, vous produirez un discours dont le thème variera selon votre année. Les principaux critères sur lesquels vous serez jugés sont les suivants : « Intonation », « Posture », « Sujet » et  « Communication ».

Le document qui nous avait été fourni dans le bus évoquait effectivement des discours : cela allait sans doute être une des choses au programme de cet examen. Autant donc dire que la tâche allait être ardue pour les élèves les plus réservés. Les élèves de seconde étaient invitées à produire un discours sur ce qu’elles avaient appris ici au cours de cette première année et sur ce qu’elles aimeraient apprendre les années suivantes, là où les première et les terminales étaient attendues sur des sujets tels que leur poursuite d’études dans le supérieur ou encore leur projet professionnel. Dans tous les cas, cela concernait l’avenir.

Ishizaki — Sérieux ? Quelle merde ce truc…

Je comprenais Ishizaki mais il n’était vraiment pas discret, j’étais quasi sûr que le prof avait entendu bien qu’il n’ait rien dit. Peut-être car nous étions responsables de nous-mêmes ? Que nous étions totalement libres car nos décisions individuelles allaient avoir des répercussions sur le groupe.  Après la classe, un élève s’approcha de nous. Ishizaki, les jambes sur le pupitre, corrigea immédiatement sa posture en l’apercevant : il s’agissait de Kiriyama, en 1ère B, vice-président du Conseil des élèves sous Nagumo. Il faisait initialement partie de la classe A mais sa classe fut rétrogradée. Malgré son poste, il semblait toutefois désirer la chute de Nagumo puisqu’il avait pris contact avec moi par l’intermédiaire de Horikita l’ainé.

Kiriyama — Je pense que tu devrais prendre ces leçons un peu plus au sérieux.

Ishizaki — B-bien sûr. Je veux dire, je ne faisais pas vraiment de bruit ou quoi…

Kiriyama — Et ce que je dis vaut aussi bien pour toi, Kôenji.

Il voulait sa chute mais se devait de jouer le vice-président dévoué. Puis, en même temps, il voulait sûrement rectifier tout ce qui pouvait avoir une incidence sur l’appréciation globale de notre groupe.

Kôenji — Nous ne serons évalués que sur la base du test que nous passons le dernier jour, n’est-ce pas ? Que nous prenions ou non cela au sérieux importe peu, je pense.

Kiriyama — L’examen écrit ne fera pas tout. Tu n’as pas pensé au fait que ton comportement pouvait avoir une influence ? D’ailleurs, comment comptes-tu t’y prendre pour avoir une bonne note sans prendre les leçons au sérieux ?

Kôenji — « Toujours aller au plus simple », pas vrai ? Puis c’est de moi qu’on parle après tout !

Kiriyama — Je vois. Donc d’après toi tu n’auras aucun mal à avoir une bonne note ? J’espère que l’avenir te donnera raison. Mais on est un groupe, tu ne crois pas que tu devrais penser aux autres également en leur montrant l’exemple ?

Kôenji — Si ce groupe dépend vraiment de la façon dont j’agis, c’est déjà qu’il ne valait pas grand-chose.

Kiriyama — Ce n’est pas à toi d’en juger, Kôenji.

Kôenji — Alors c’est à qui de le faire ?

Kiriyama — Au groupe dans son ensemble.

Ishizaki ricana, comme pour soutenir les propos du vice-président. Il devait se réjouir de voir Kôenji se faire réprimander. Cependant, Kôenji  n’était pas quelqu’un sur qui le « bon sens » fonctionnait.

Kôenji — Je vaux bien plus seul que contre vous tous réunis. Ce que je voulais donc dire, c’est que c’est à ceux qui ont les compétences de parler.

Kiriyama — On dirait que tu es bien trop immature pour être lycéen. Comme c’est puéril.

Kiriyama continuait de vouloir débattre rationnellement contre Kôenji, mais ce dernier ne se laissa pas faire. Avant que je ne m’en rende compte, près de la moitié des élèves de première se regroupèrent autour de nous. Ishizaki, en réaction, se mit progressivement à arrêter de rire. Je pu d’ailleurs entendre des mots qui semblaient légèrement menaçants.

Kiriyama — D’ailleurs, il n’y a pas que Kôenji, d’autres en seconde posent également problème.

En dehors d’Ishizaki, évidemment, je ne voyais pas qui d’autre était visé. Tous les autres, d’une façon ou d’une autre, faisaient de leur mieux. En nous désignant en tant que groupe, Kiriyama essayait probablement de nous motiver tout en nous rappelant que nous risquions de nous mettre les élèves de terminale à dos si nous continuons ainsi. Kôenji n’était que la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase.

Ishikura — Laisse-les, Kiriyama.

Le terminale, Ishikura, intervint.

Ishikura — Un rappel trop incisif peut être considéré comme une intimidation. Si de telles rumeurs se répandent, c’est toi qui risques d’avoir des ennuis. Les seconde, vous allez assurer, pas vrai ?

Quand Ishikura nous posa cette question, tout le monde à part Kôenji, y compris moi, hocha la tête

Nagumo — Bravo, Ishikura-senpai. Tu as vraiment bien géré la situation !

Nagumo, qui avait silencieusement observé la scène, se joignit à la conversation.  

Nagumo — Quel gâchis que tu sois en classe B, tu n’as pas de chance !

Ishikura — « Pas de chance » ? Je ne veux pas l’admettre, mais c’est juste que je n’étais pas assez bon !

Nagumo — Je ne pense pas que ce soit ça, senpai. C’est juste que tu n’as pas pu monter en classe A à cause d’un génie du nom de Horikita Manabu. Tu t’es bien battu, même si la différence de points de classe entre la classe A et la classe B est de 312. Néanmoins, le diplôme se rapproche mais vous les talonnez vraiment.

Ishikura — Et tu serais prêt à nous aider, en menant ce groupe à la victoire ?

Nagumo — Et comment ! Si Ishikura-senpai me dit tout, nous allons remporter cet examen haut la main ! En plus de te faire monter en classe A, nous pourrions même avoir l’opportunité d’expulser Horikita-senpai !

Ishikura — Dommage, Nagumo, mais Horikita n’est pas le leader. Et je ne vois pas ce qu’on pourrait lui reprocher pour le faire tomber !

Nagumo — Peu importe qu’il soit leader ou non, ou qu’on ait des choses à lui reprocher ou non. Il y a de nombreuses façons de l’écraser.

Nagumo dit cela en riant.

Ishikura — Désolé, mais je ne peux pas te faire confiance. Pas au point de te confier le sort de la classe B.

Nagumo — C’est bien dommage.

Nagumo dit cela d’un air triste et dépité. Ou du moins prétendait l’être, ce qui me paraissait plus cohérent vu le personnage.

2

Je comptais sur le dîner pour passer à l’action. Mais tout ce que je faisais, finalement, était d’observer un peu les filles. Tout d’abord car je fus intrigué par le fait qu’Ichinose et Shiina soient dans le même groupe. Cela me donna envie d’en savoir davantage sur ce qui se passait dans les autres groupes.

Je remarquais que Kei prenait toujours ses repas à la même place afin que je puisse l’approcher plus facilement. Quelle délicate attention ! De mon côté, je décidai de varier mon siège afin d’éviter d’attirer l’œil. Après tout, peu étaient au courant des rapports que j’entretenais avec Ryuuen, hormis quelques personnes de la classe D, le vice-président Kiriyama et Kei. D’autant que je devais composer avec un grand adversaire désormais.

Après avoir jeté un coup d’œil à l’heure, je tentai d’approcher Kei. Avant que je ne trouve un moyen de lui signaler ma présence, elle me salua avec un couinement : « Hnn », ou un truc comme ça. Elle m’avait donc remarqué malgré le fait qu’elle discutait avec d’autres personnes, son message étant de me dire de patienter le temps qu’elle s’en libère. Ni une ni deux, Kei réussit à écourter le dîner, recommandant à sa tablée de regagner leur chambre le plus tôt possible. Si elle n’avait pas réussi, j’aurais simplement reporté notre petite entrevue.

Personne n’ayant l’air de prêter attention à nous, il était tant de commencer à parler. Je guettai en même temps que personne n’arrive afin de pouvoir couper court à tout moment, au cas où.

Karuizawa — Alors, tu as enfin besoin de moi ?

Moi — Effectivement, oui. J’ai vraiment peu de visibilité sur la situation des filles actuellement.

Karuizawa — Tu m’étonnes, t’es tellement sociopathe… Il n’y a pas 36 filles auprès de qui tu peux te renseigner.

Elle tirait à balles réelles. Dans le fond ça l’arrangeait bien, ça lui donnait un certain privilège. Pour me venger, je décidai de la titiller un peu.

Moi — Ah, c’est cool de voir que tu n’as visiblement pas besoin de moi pour réussir cet examen spécial !

Karuizawa — B-bien sûr !! Tu crois quoi ?

Moi — D’accord, dans ce cas tout va bien.

Karuizawa — J-jette juste un petit coup d’œil à ma situation. Juste au cas où. D’accord ?

Peut-être bien que Kei était légèrement inquiète, finalement.

Moi — Tout d’abord, qu’en est-il de la répartition des groupes chez les filles ?

Karuizawa — Avant ça… Je pourrais te faire part de quelque chose qui me turlupine ?

Moi — Ok, rapidement alors !

Laisser notre conversation s’éterniser revenait à courir le risque de se faire remarquer.

Karuizawa — Tout simplement… Qu’est-ce qui lui arrive à Ryuuen ?

Moi — Tu te sens concernée ?

Karuizawa — Tu sais que c’est le sujet numéro 1 de discussion en ce moment, même chez nous les filles. Outre le fait qu’il n’est plus le meneur dans sa classe, on dirait que personne ne connait vraiment le fin mot de l’histoire.

Moi — Il n’est pas non plus « doux comme un agneau », mais on dirait en effet qu’il a changé.

Karuizawa — Alors ton châtiment a fonctionné ?

Moi — « Châtiment » ?

Kei employait des mots forts, mots qui n’étaient que le reflet de ses craintes envers Ryuuen. Ce dernier l’avait quand même vue au plus bas, mine de rien.

Moi — Ne t’en fais pas, je pense qu’il va se tenir à carreaux un moment. En tout cas, il ne risque pas de s’en prendre à toi.

Je dis ça pour la rassurer mais ce fut silence radio de son côté. Peut-être quelqu’un approchait-il ? Mais en regardant, il n’y avait personne.

Karuizawa — Désolée, ce n’est rien.

Elle ne trompait personne.

Moi — On ne dirait pas qu’il n’y a « rien » pourtant, Kei.

Karuizawa — S-si je te le dis !

Moi — Tu en es sûre, Kei ?

Karuizawa — Bon, tu peux arrêter ça !?

Elle prit un léger air menaçant. Peut-être l’avais-je un peu trop taquinée ?

Karuizawa — J’aurais pas dû t’autoriser à m’appeler par mon prénom !

Moi — Allez, c’est toi qui voulait me voir, non ?

Karuizawa — En effet, oui.

En vérité, je voulais qu’on rentre dans le vif du sujet.  Je ne savais pas trop comment réagir si une personne nous connaissant faisait son apparition. 

Karuizawa — Alors, j’ai réuni le plus d’informations possible… Je commence ?

Moi — Oui, vas-y.

Karuizawa — Juste comme ça, je n’ai pas pu me renseigner correctement sur absolument tous les groupes…

Moi — Ne t’en fais pas, je n’en attendais pas tant de toi.

Karuizawa — C’est très agaçant de t’entendre dire ça. Toi-même n’aurais pas réussi à connaître trous les groupes dans les moindres détails.

Moi — Qui sait ?

Karuizawa — Tu vas me dire que tu as mémorisé les compositions de tous les groupes chez les garçons alors ?

Moi — Je n’ai jamais dit ça.

Karuizawa — Très bien. À quel groupe appartient Shibata-kun de la classe B ?

Moi — Un groupe où la classe B est majoritaire, tenu par Kanzaki.

Karuizawa — Et Tsukasaki-kun, de la classe A ?

Moi — Pareil, dans un groupe où la classe A est majoritaire, avec un certain Matoba aux commandes.

Karuizawa — E-Et Suzuki-kun ?

Moi — Lui, il me semble, est de son côté dans un autre petit groupe.

Karuizawa — Punaise, tu as TOUT RETENU !!!

Moi — Uniquement ceux dont je connaissais le nom. Toutefois je pense avoir retenu les visages de tout le monde, donc juste à leur tête je peux dire à quel groupe ils appartiennent.

Le seul point positif de cet examen fut qu’il me fit mémoriser les noms de tous les élèves de seconde. À l’issue de cet examen spécial, j’allais certainement pouvoir mettre un nom sur tous les visages sans erreur. Enfin, on n’est jamais à l’abri d’un petit oubli.

Karuizawa — Woah, tu as une sacrée mémoire ! Alors tu es du genre intello brillant ?

Je ne compris pas la remarque de Kei.

Moi — En tout cas, venons-en aux faits. Qu’est-ce qui se passe autour du groupe de Sakayanagi et Kamuro ?

Karuizawa — Ceux deux-là sont dans un groupe où la classe A est majoritaire, c’est-à-dire 9 membres, avec trois classes représentées. Elles ont été les premières à former leur groupe.

Alors les filles avaient donc également opté pour cette stratégie de concentration. Mais elles s’assemblèrent à 9 et non à 12 ?

Moi — « Trois classes représentées », donc une a été laissée pour compte ? Ou bien Sakayanagi l’a volontairement exclue ?

Karuizawa — Le groupe avait décidé de n’accepter personne de la classe B. Elles disaient qu’Ichinose-san n’était pas digne de confiance. Bien entendu c’est Kamuro-san qui a dit ça, Sakayanagi-san se contentant de rester en retrait.

Moi — « Pas digne de confiance », hein…

Karuizawa — D’un côté c’est logique, les autres classes sont nos ennemies. Mais là elles ont balancé ça cash à Ichinose-san. Pourtant elle est super populaire normalement.  

Si j’avais eu à répondre à la question « Qui est digne de confiance ? », c’est bien Ichinose qui m’auraient traversé l’esprit. Si on avait sondé toutes les classes, je pense que Kushida aurait également été bien placée. Bref, Ichinose était très appréciée par tous les élèves de seconde, en théorie.  D’autant plus que ne former les groupes qu’avec trois classes revenait à réduire les potentiels gains. La classe A avait donc opté pour une stratégie sans victoire totale mais également sans défaite totale, un statut quo.

Karuizawa — C’était un délire. Les filles de la classe A a été très virulente pendant la création des groupes. Elles n’ont pensé qu’à leur pomme !

Moi — Je m’en doute.

Sans aucun doute, Sakayanagi devait être derrière cette solide tactique. Il était toutefois assez curieux qu’une personne aimant bien l’attaque se mette d’un coup en mode défense.

Karuizawa — Alors, la suite ? Dois-je tenter un coup quelque part ?

Moi — Il va être assez difficile de mettre au point ce genre de plans pour cet examen. Pour l’instant, j’aimerais surtout que tu gardes un œil sur certaines.

Sans plus attendre, je lui fournis les noms des principales protagonistes.

Karuizawa — Hmm… Ce sera plus facile à dire qu’à faire. Mais je vais faire ce que je peux !

Peu importe ce que je lui demande, elle s’exécute. C’était bien son point fort.

Karuizawa — Mais c’est quoi le but de cet exam ? Les matières comme « éthique » ou encore « morale », c’est vraiment bizarre.

Moi — Si nous étions dans un roman, ça m’a plutôt l’air d’un MacGuffin.

Karuizawa — Hein ? Un Mugaquoi ?

Moi — Tu le prononces mal déjà. Je parlais pas du tout de mug !

Karuizawa — Je sais bien ! Alors, ça consiste en quoi ton truc ?

Elle ne semblait pas avoir la moindre idée de ce dont je parlais.

Moi — Un MacGuffin, c’est quelque chose de prime-abord important pour le personnage mais qui, finalement, n’apporte pas grand-chose à l’intrigue. 

Karuizawa — Houla, tu es en train de me perdre. Je sais que tu es intelligent, donc essaye d’utiliser des mots plus simples !

Moi — En gros, si la « morale » et « l’éthique » sont importantes, je ne crois pas que ces matières elles-mêmes sont ce qui devrait monopoliser notre attention. 

Le temps du dîner étant quasiment écoulé, les élèves commencèrent à se disperser.

Moi — Cet examen… Risque d’être assez tumultueux.

Karuizawa — Tumultueux… Qu’est-ce que tu veux dire ? Qu’un truc terrible va se produire ?

Moi — Ne t’en fais pas. En tout cas ça ne devrait pas te concerner personnellement.

Ce n’était pas forcément pour nous autres, les seconde, que je m’inquiétais.

Moi — Je te le ferai savoir si j’ai besoin de toi à nouveau.

Karuizawa — Compris !

Après notre petite entrevue, je décidai de regagner la chambre de mon groupe.

3

Je décidai alors de me rendre au troisième grand bain, dans la nuit du troisième jour. En arrivant je vis Yamauchi et Ike qui y étaient déjà, mais également Shibata de la classe B. Mon regard croisa celui de Kanzaki, qui arriva au même moment que moi.

Kanzaki — Voilà un rassemblement bien étrange !

Kanzaki ne put s’empêcher de remarquer cela lui aussi.

Moi — N’est-ce pas ?

Kanzaki — Tu es dans quel groupe ? Ça va, tu t’en sors ?

Moi — Je ne peux pas vraiment dire que c’est une promenade de santé…

Je répondis honnêtement, ce que Kanzaki voulu bien croire.

Kanzaki — Oui, ça a tendance à être moins facile dans les groupes plus petits et très hétérogènes. 

Moi — Si seulement ce n’était que ça.

Kanzaki — Moriyama et les autres m’ont un peu parlé de ta situation. On dirait que Kôenji te donne du fil à retordre 

Bien sûr que tout le monde devait déjà être au courant !

Moi — C’est un bon camarade de classe mais il est assez solitaire quoi.

Kanzaki — En parlant de solitude… Tu as des nouvelles de Ryuuen ?

Moi — Non, pas du tout.

Cela faisait maintenant trois jours qu’Akito fut propulsé dans le même groupe que Ryuuen. On se saluait de loin au moment du bain ou du repas mais nous n’avions pas vraiment eu l’occasion de discuter.

Kanzaki — S’il complote quelque chose, les rumeurs ne devraient pas tarder. Mais je n’ai pour l’instant eu vent de rien. 

Si c’était Kanzaki qui le disait, c’était que ça devait être vrai. Étant au fait de ce qui se tramait en coulisses, je savais que Ryuuen n’allait effectivement rien faire. Mais je comprenais que les élèves lambda continuaient de se méfier de lui ; après tout, il était spécialiste des coups bas.

Kanzaki — Si quelque chose te tracasse, n’hésite pas à venir m’en parler. Je voudrais que nos classes maintiennent de bonnes relations. 

Moi — Avec plaisir !

Kanzaki — Puis Ichinose a l’air de beaucoup apprécier Horikita. Mais plus pour son honnêteté que pour ses réelles capacités, cela dit. 

Moi — Son… honnêteté ?

Horikita avait un côté certes assez cash, mais je n’étais pas tout à faire sûr que c’était de l’honnêteté. « Honnête », selon Kanzaki, faisait sûrement plutôt référence à une personne réglo et faisant preuve d’intégrité, chose dont Sakayanagi et Ryuuen étaient totalement dépourvus par exemple.

Shibata — Hé, Kanzaki ! On est là !!

Shibata vit Kanzaki en train de me parler, à l’entrée, et se manifesta.

Yamauchi — Ayanokôji, viens avec nous !!

Et ni une ni deux, Yamauchi m’attrapa également. Je n’étais pas vraiment en position de refuser, donc je le suivis.

Kanzaki — Qu’est-ce que vous faisiez ?   

Shibata — Rien, on s’amusait juste avec Yamauchi à propos d’un sujet vraiment inattendu.

Kanzaki — « Inattendu » ?   

Shibata — On parlait de qui avait la plus grosse en seconde !

Kanzaki — « La plus grosse » ?    

Shibata — Je vais pas te faire un dessin non plus… ÇA !

Shibata ria tout en désignant son membre caché par sa serviette.

Kanzaki — Je vois… Donc vous vous amusez bien.

Kanzaki dit ça tout en soupirant face à cette question hautement préoccupante introduite par Shibata.

Shibata — Ne crois pas que je suis un gamin hein. Mais je pensais pas que ça m’amuserait autant, pour être assez honnête.

Kanzaki et moi avions un peu du mal à rentrer dans le délire. Nous échangeâmes un regard et décidâmes de prendre nos distances. Ainsi, quand Shibata poursuivit, Kanzaki partit de son côté. Je m’apprêtai à en faire de même, quand soudain.

Sudou — Et donc, qui est le grand gagnant pour l’instant ?

Sudou s’immisça tranquillement dans la conversation. Il me posa la main sur l’épaule, ce qui m’empêcha de partir.

Moi — Je n’en sais rien.

J’essayai de changer de sujet. Alors que tout le monde faisait tout de même preuve d’un minimum de pudeur, Sudou exposa son appareil à tous.

Shibata — Ooh… Comme on pouvait s’y attendre de Sudou.

Shibata retint sa respiration.

Shibata — Mais pour l’instant, « l’alpha » est Kaneda, de la classe D.

Sudou — Kaneda, le binoclard ?

Sudou, comme blessé dans son orgueil, parti pour aller rejoindre Yamauchi et les autres. Kaneda ne semblait toutefois pas avoir envie de se prêter au jeu, visiblement embarrassé.

Yamauchi — T’es là, Ken ! On compte sur toi !

Sudou — Pas de souci !!

Sudou s’empressa donc d’affronter Kaneda, visiblement perplexe d’avoir été embarqué dans cette étrange compétition. 

Sudou — Alors tu portes tes lunettes même dans le bain ?

Kaneda — Oui… J’aurais même du mal à me diriger sinon.

Sudou — Ah ouais ?

Bon, après coup ce n’était rien de bien méchant. On ne parlait pas d’un combat par exemple. C’était l’affaire de quelques secondes pour décider du gagnant.

Sudou — C’est parti !

Le verdict tomba : Sudou leva le point de la victoire, laissant sa voix raisonner dans tout le bain. « Enfin terminé », c’est l’expression que Kaneda laissait transparaître. Je fus très mal à l’aise pour lui.

Sudou — Donc c’est moi l’alpha !!

Puis compte-tenu du personnage, je pouvais supposer que peu de candidats allaient vraiment se manifester. Enfin ce petit jeu allait prendre fin. Ou pas…

Yahiko — Alpha ? Ne me fais pas rire Sudou.

Yahiko vint interrompre Sudou dans sa célébration. Sudou observa Yahiko dans son plus simple appareil avant de l’ignorer.

Sudou — Tu n’es pas de taille, littéralement.

Yahiko — Ho… Mais je ne parlais pas de moi.

Sudou — Qui d’autre ? On s’en fiche, l’alpha c’est moi, digne représentant de la classe D, S…

Yamauchi — C Ken, on est la classe C maintenant.

Sudou — …Ouais. Donc Sudou Ken-sama, de la classe C !

Yahiko — Ne sois pas si prétentieux, attends d’abord de te mesurer à Katsuragi-san !  

Donc Yahiko prêchait pour la paroisse de celui qu’il admirait tant : Katsuragi. Ce dernier était assis, s’apprêtant à appliquer du shampoing. Je fus assez curieux de savoir pourquoi exactement il utilisait du shampoing, mais je trouvais ça assez délicat à demander.

Katsuragi — Arrête tout de suite, Yahiko. Ce genre de choses ne m’intéresse pas.

Yahiko — Non, c’est une question de fierté masculine… Non, c’est l’honneur de la classe A qui est en jeu !

Katsuragi — Quel combat stérile…

Hashimoto — Tu crois ?

Hashimoto rejoignit les festivités, Yahiko l’observant avec mépris.

Hashimoto — Comme Yahiko l’a très bien souligné,  la fierté de la classe A en dépend. S’il y a bien un domaine sur lequel tu l’emportes face à Sudou, c’est bien là-dessus non ?

Hashimoto vérifia personnellement ce qu’il désignait par « là-dessus », avant d’en arriver à la conclusion que ça avait une chance de rivaliser avec ce qu’avait Sudou. Alors qu’il riait en imaginant déjà la victoire de la classe A, Katsuragi n’avait toujours pas l’air de vouloir se lever.

Sudou — Allez Katsuragi, un peu de courage !  

Katsuragi resta calme face aux provocations de Sudou. Cependant, toute l’assemblée perdit patience et força Katsuragi à se confronter à Sudou.

Katsuragi — Bon, je ne vais vraiment pas pouvoir me laver la tête tranquillement ?  

Donc il avait bien l’intention de se mettre du shampoing sur le crâne.

Sudou — Mais on en aura pas pour longtemps, Katsuragi !

Katsuragi — Bon…

Katsuragi arriva sûrement à la conclusion qu’il valait mieux accepter une bonne fois pour toute, histoire d’en finir. Il se leva doucement.

Tout le monde fut pris d’admiration pour son large gourdin. Et ainsi les deux concurrents finirent par se mesurer l’un à l’autre.

Yamauchi — M-mais…

Yamauchi, l’arbitre, n’en revint pas. Les deux semblaient de proportion équivalente et sans différence flagrante. En attente du verdict, Sudou ne manqua pas de complimenter son opposant.

Sudou — Pas mal, pas mal… Je comprends pourquoi tu es un des piliers de la classe A !

Katsuragi — C’est ridicule…

Yamauchi — Et le grand gagnant est…

Yamauchi se leva.

Yamauchi — Égalité !!

Telle était la conclusion de l’arbitre dans un affrontement où l’égalité était très peu probable. Si Ike, Shibata et les autres s’entassèrent atour de lui pour protester, dans les faits le jugement n’était pas si idiot car personne ne pouvait réellement déterminer laquelle était la plus grande.

Katsuragi — C’est bon, vous avez terminé ?

Visiblement très agacé, Katsuragi repartit poursuivre sa toilette.

Sudou — J’ai du mal à l’admettre mais on va devoir se partager la 1ère place.

Je croyais, une fois de plus, que nous en avions terminé. Mais Ishizaki, de la D, débarqua et en décida autrement.

Ishizaki — Qu’est-ce que vous êtes naïfs…

Sudou — Ishizaki !  T’inquiète, toi je sais très bien que t’es hors-course !

Sudou rit aux éclats en disant ça. Après tout, Ishizaki était à peu près au niveau de Yahiko.

Ishizaki — Je ne suis pas ton adversaire, là.

Sudou — Quoi ?

Ishizaki — Hé oui. Nous, la classe D, avons notre carte maîtresse.

Sudou — R-Ryuuen ?

Ishizaki — Non.

Ishizaki convia alors la fameuse carte maîtresse.

Ishizaki — Albert, c’est ton tour !

Dès l’instant où ce nom fut prononcé, tout le monde s’exclama. Et oui, personne n’avait pensé à lui, ou en tout cas tout le monde l’avait tacitement laissé en dehors de l’équation. Mais le déni était devenu impossible.

Sudou — Hé, c’est de la triche !!

Sudou arrêta donc de jouer les alphas et se mit à geindre tel un enfant.

Ishizaki — Je croyais que ce concours concernait tous les élèves de seconde non ? Dans ce cas, Albert en fait partie !

Techniquement, Ishizaki n’avait pas tort. Néanmoins, il fallait comparer ce qui était comparable.

Or, face à des étrangers, nous allions forcément être désavantagés. C’est comme au baseball : les joueurs japonais sont vraiment doués mais, comparés à des joueurs étrangers à la constitution physique qui nous dépasse de façon évidente, pas sûr qu’ils tiennent la comparaison. Il n’y a qu’à comparer le championnat japonais avec d’autres pour s’en rendre compte.

Albert s’avança en silence. Sudou et Katsuragi avaient certes un bon physique, mais ils ne faisaient pas vraiment le poids face à lui. À noter qu’il portait encore ses lunettes de soleil malgré le fait que nous étions dans le bain ; elles auraient dû être recouvertes de buée mais il n’en était rien, il avait probablement appliqué un gel antibuée ou autre.

 Sudou — Woah, il est stock…

Albert avait sa serviette autour de la taille. Sudou ne manqua pas de faire remarquer sa carrure. Après tout, il était vrai que la différence entre eux deux était à peu près celle entre un collégien et un étudiant à la fac. Sans surprise, il allait sûrement en être de même au niveau de leurs armes.  Ou peut-être pas tant que ça ? Sudou n’avait plus qu’à prier pour que la différence ne soit pas si flagrante.

Sudou — Aller, viens !

Sudou s’avança, toujours aussi déterminé. Il ne pouvait pas se permettre de se défiler en tant « qu’alpha », après tout !

Abert demeura silencieux et, de façon assez intimidante, demanda à Ishizaki de lui retirer sa serviette. Le voile se levait enfin, tout le monde était plus curieux que jamais. Allions-nous voir un objet considérablement grand ? Ou, à l’inverse, une situation inattendue allait se produire ? La guerre des sucettes battait son plein !

Ishizaki — O-On y va, Albert !

Ce devait également être une surprise pour Ishizaki, en y repensant. Le pouvoir d’Albert se dévoila.

Sudou — C-c’est…

Notre alpha en herbe, Sudou, pu constater en même temps que nous tous son atout enfin dévoilé.

Sudou — J-j’ai perdu.

Le résultat était sans appel. Sudou tomba, à genoux, sa fierté en miettes.

Yamauchi — Albert… serait le boss final ?

Yamauchi, Shibata et tous les autres se mirent aussi sur les genoux. À ce stade, il semblait bien qu’il n’y avait plus d’adversaire valable. Albert rangea alors soigneusement son outil, pris sa serviette et reparti tranquillement. L’entièreté du bain était à genoux, sans espoir, acceptant leur défaite. Quand soudain.

Kôenji — Hahaha, je vois que vous amusez comme des petits fous !

En une seconde, Kôenji brisa cette atmosphère pesante. Il semblait avoir observé tous les évènements de loin.

Yamauchi — Kôenji !! Ne me dis pas que ça te fait rien, bordel !? Même Sudou est en décomposition totale.

Yamauchi cria de désespoir face à Sudou toujours incapable de se relever.

Kôenji — L’important c’est de participer comme on dit, hein notre cher rouquin !

Sudou — Je t’emmerde !! Tu vas me dire que tu peux mieux faire, toi ?

Sudou, vidé de toute volonté, demanda ça à un Kôenji qui restait fidèle à lui-même.

Kôenji — Mais bien entendu. Je suis une existence parfaite après tout ! Et je possède le corps ultime.

Sudou — Ne tourne pas autour du pot !

Kôenji se recoiffa sans même prendre la peine de sortir du bassin.

Kôenji — Pourquoi en faire des tonnes ? Je sais que personne n’est de taille face à moi. 

Yamauchi — Tu dis ça, mais peux-tu le prouver ? 

Yamauchi essaya de faire réagir Kôenji, mais ce dernier ne sembla pas déstabilisé d’un poil. 

Kôenji — Que vous êtes irrécupérables ! Mais je suppose que, de temps en temps, vous pouvez vous montrer divertissants.

Donc finalement, Kôenji semblait relever le défi. Cela tout en recoiffant ses cheveux en arrière, comme toujours.

Kôenji — C’est donc Albert-kun que je dois affronter, c’est bien ça ?

Disait-il tout en s’astiquant le poireau.

Yahiko — Non, c’est Katsuragi-san !!!

Katsuragi — Yahiko, ça me m’intéresse vraiment pas…

Yahiko — Certes Kôenji n’a aucune chance contre Albert. Alors, en tant que représentant des Japonais, tu dois gagner contre lui, Katsuragi-san !!

Yahiko et Kôenji étant dans le même groupe, je suppose qu’il en avait presque fait une affaire personnelle. Je n’étais pas sûr que Kôenji ait assisté à absolument tout, mais le voir se mesurer à Katsuragi était intéressant dans la mesure où l’intimité de ce dernier équivalait à peu près celle de Sudou.

Katsuragi — Bon, après ça on en reparle plus, d’accord ?

Condamné, le représentant des Japonais se leva une fois de plus. Son vaisseau tangua de droite à gauche. Les garçons l’observèrent comme s’il s’agissait d’un objet d’exception.

  • Elle ne bat pas celle d’Albert mais, quand même, elle en impose !!

Kôenji — Hmm, je vois. Tu n’es pas mon adversaire pour rien.

Katsuragi — Allez, je te prie de te dépêcher.

Kôenji — Toutefois, nous ne jouons pas dans la même cour.

Kôenji ne daigna même pas sortir de l’eau.

Ishizaki — Hé mais t’aurais pas la trouille, Kôenji ? T’ose même pas sortir !

Ishizaki vint rejoindre les hostilités face à Kôenji.

Kôenji — Je ne vais tout de même pas montrer ma virilité à quelqu’un qui a perdu d’avance !

Ishizaki — D’accord, tu veux un adversaire de taille. Et bien tu vas être servi mec !

Albert, le représentant étranger, vint se placer à côté de Katsuragi. Instantanément, ce fut vraiment étrange, mais l’épée de ce dernier paru d’un seul coup dérisoire. Cela ne manqua pas de faire réagir Kôenji.

Kôenji — Bravo.

Ce dernier se mit à applaudir.

Kôenji — Donc tu mérites ta réputation, cher ami de l’étranger.

Ishizaki — Alors tu as compris, Kôenji ? Que de la gueule, comme toujours.

Katsuragi — Je suppose que je peux disposer.

Katsuragi, ayant fini sa toilette, partit profiter du bain suffisamment loin de Kôenji. Après tout, c’était le duel Kôenji contre Albert qui intéressait tout le monde désormais.

Kôenji — En théorie je ne la montre jamais aux hommes. Mais je vais consentir à une exception, cette fois-ci.

Kôenji prit alors la serviette à côté de lui, l’enroula autour de sa taille comme pour cacher son arme et se leva, sortant alors lentement de la baignoire.

Ishizaki — A-Alors ça y est, Kôenji ?

La confrontation entre l’alpha et un homme excentrique débuta.

Kôenji — Mais, je vous ai prévenu, le résultat est couru d’avance. Et tout le monde ici en sera témoin !!

Kôenji prit une pose, tout en enlevant sa serviette. À cet instant, une lumière m’éblouit les yeux. Une épée entourée d’une crinière blonde, telle un lion. Non, c’était trop gros pour être une simple épée. Je pu entendre Albert murmurer près de moi.

AlbertOh my God…

Kôenji — Et, une fois de plus, je vous ai prouvés à tous que ma personne était infaillible. La perfection incarnée !!

Les garçons présents ne firent plus un bruit.

Sudou — Mais t’es qui à la fin… T’es vraiment humain ?

Devant cette écrasante puissance qui dépassait même les frontières, Sudou ne put que prononcer ces mots. Si Sudou et Katsuragi étaient des fusils, Albert était un bazooka. Et alors Kôenji… Un char d’assaut ! Personne ne pouvait lutter contre cette taille, cette texture et cette puissance de feu !! Là, réellement, je me disais que plus personne n’allait tenter sa chance. Et oui, je supposais qu’il n’y en avait pas deux capables de surpasser Albert. Du moins c’était ce que je croyais…

— Une petite minute, Kôenji !

Une petite voix sortit de la place où était Kôenji, dans le bassin, il y avait encore quelque minutes.

  • R-Ryuuen…

Quelqu’un le reconnu. Il se toilettait, non loin de Kôenji. C’était l’ancien chef de la classe D, Ryuuen Kakeru. Il observait cette confrontation avec un regard vif.

Kôenji — Ne me dis pas que tu veux te mesurer à moi ?

Ryuuen — Absolument pas. Mais je connais quelqu’un qui pourrait avoir ses chances. Hahaha.

Cette déclaration lassa tout le monde sans voix. Une personne pareille existait-elle vraiment en ces lieux ? Et là, je réalisai que Ryuuen m’avait eu.

Kôenji — Vraiment ? Qui ça ?

Kôenji aussi était plus curieux que jamais.

Ryuuen — Je ne sais pas, mais si je ne me trompe pas il y a une personne qui a gardé sa serviette et qui cache son pouvoir.

Lâchant  cette bombe dont je me serais bien passée, Ryuuen nous tourna le dos et entra dans le bain. Heureusement, seuls quelques élèves avaient vraiment été attentifs à ce qu’il disait, mais leur regard semblait si déterminé que j’eu l’impression que c’était tout le pays entier qui nous regardait.

Yahiko — Toi ? Impossible !

Tout en disant ça, Yahiko m’approcha et me fixa.

Yahiko — Il dit vrai ?

Kôenji — Ce n’est pas que je suis curieux mais il est vrai que c’est assez drôle que tu aies réussi à passer entre les mailles du filet. 

Moi — Curieux ou pas, je ne suis pas dans votre truc en fait…

Yahiko — Peut-être mais laisse-moi regarder, juste comme ça.

Yamauchi et Yahiko m’approchèrent, et je vis Ryuuen rire grassement. « Je vais te faire goûter à la défaite », tel était ce que son regard semblait me dire. Il était vrai qu’il m’avait mis dans l’histoire sans même savoir à quoi mon engin ressemblait, juste pour que je perdre contre Kôenji. Un coup bas comme Ryuuen en avait le secret. Quelle option me restait-il ? M’enfuir, donc ne pas me laver ? Tôt au tard j’allais bien être obligé de le faire. Mettre une raclée à quiconque s’approchant de moi ? Ce n’était pas la meilleure solution non plus. J’étais cerné, rien que ce fait était une défaite en soit.

Après avoir vu que je ne bougeais pas, Kôenji se mit à rire.

Kôenji — Faut pas avoir honte, Aayanokôji. Je ne te jugerais pas même si tu portais une coquille de protection, beaucoup de Japonais le font… Après tout cette zone est un bien précieux.

Moi — Et pourquoi n’en portes-tu pas, toi ?

Kôenji — Je n’ai pas besoin d’armure, je suis déjà la solidité incarnée après tout !

Non, il y avait sûrement une porte de sortie. Réfléchis, réfléchis, réfléchis

Ryuuen — Allez tout le monde, faites le chant ! Le chant !!

De loin, Ryuuen tentait de chauffer la salle. Il faisait littéralement tomber à l’eau ma stratégie de détourner l’attention.

  • Faîtes tomber les serviettes !!! LES SERVIETTES !!! ~~

Les voix commencèrent à s’élever les unes après les autres, autour de moi. Tout ça à cause de Ryuuen. Dire que je voulais juste profiter du bain après une dure journée.

Moi — D’accord…

Bon, quand il faut y aller, il faut y aller. En tant qu’homme avec une arme, cette fois-ci je ne pouvais pas me défiler. La victoire ou la défaite n’avait pas d’importance.

Kôenji — Vas-y donc !

Sudou — Tu veux que je t’assiste dans ton suicide, Ayanokôji ?

Sudou s’approcha de moi. Je n’en pouvais tellement plus de ces chants que je me décidai à retirer ma serviette. Ces derniers se calmèrent instantanément, comme si aucun bruit n’avait jamais eu lieu dans cette salle.

  • C’est une blague, cet Ayanokôji…
  • Je n’y crois pas.

Les murmures se multiplièrent.

Kôenji — Dis-donc Ayanokôji, je suis vraiment impressionné ! C’est la première fois qu’un autre Japonais peut se mesurer à moi. Il doit y avoir quelques millimètres de différences, à tout casser.

  • On dirait deux dinosaures, c’est un délire !
  • Nous sommes témoins d’un évènement historique !

Kôenji repris sa serviette sur son épaule et ajouta, en rigolant.

Kôenji — Mais si on parle de dinosaures, dans ce cas je gagne. Et oui, le gagnant est celui qui a le plus mangé de proies ! Je pense donc avoir cette expérience.

Inutile, là encore, de faire un dessin. Suite à ces mots, Kôenji retourna également dans le bain.

4

Il était une heure du matin, bien après l’heure d’extinction des feux. J’étais allongé sur mon lit, pensif. Pourquoi ne dormais-je pas à poings fermés comme les autres afin d’être en forme le lendemain ? Eh bien, pour tout dire, j’avais trouvé un petit papier sous mon oreiller sur lequel était écrit « 25 ». Comme pour m’indiquer qu’il est « 25 heures ». J’essayai donc de découvrir pourquoi on m’avait laissé ce message.

Était-ce juste une plaisanterie ? Dans ce cas je pouvais tranquillement rejoindre les bras de Morphée et me concentrer sur l’examen spécial. L’examen, d’ailleurs… Avec les informations qu’on nous avait données – et il n’y en avait pas des masses – je commençais à y voir un peu plus clair. Tout d’abord, la matière « Zen » : j’avais bien l’impression que la posture pendant le Zazen était prise en compte dans la notation, donc qu’un comportement désinvolte ou encore se prendre des coups de bâton étaient de nature à perdre des points. Ensuite la « Course de relais longue distance » : je penchais pour une évaluation classique basée sur la performance et le temps. « Discours » : les quatre critères avaient plus ou moins été donnés, à savoir intonation, posture, sujet et communication. « Examen écrit » : je me disais que le thème allait sûrement porter sur la morale, et sans surprise la qualité de notre copie déterminera une note chiffrée, comme un examen classique.

Peut-être que d’autres éléments, comme le nettoyage ou encore la préparation des repas, allaient pondérer cette note mais je ne pouvais pas en être sûr. Tout comme d’ailleurs la ponctualité.

Tout le monde devait bucher sur comment réussir au mieux cet examen. Mais il était difficile d’établir une stratégie sans en avoir compris l’essence. Réussir cet examen revenait, si on voulait résumer ça en une seule phrase, à coopérer et s’entraider les uns les autres afin d’obtenir la meilleure moyenne de groupe possible.  Plus facile à dire qu’à faire, toutefois…

En effet, la coopération était très ardue dans ces groupes mêlant des gens susceptibles de présenter des conflits d’intérêt. C’est toutefois une approche que Horikita et Hirata, de même qu’Ichinose ou encore Katsuragi, auraient sûrement choisie : après tout, avoir des qualités de meneur pouvait faciliter cette cohésion.

Mais, en dehors de ça, il était assez difficile de savoir quels élèves étaient les plus à même de réussir un pareil examen. Keisei, très bon scolairement, était en difficulté face à deux sessions de 5 minutes au total, de Zazen. Certains autres élèves n’arrivaient même pas à croiser les jambes. Les capacités intellectuelles et sportives ne faisaient donc pas tout… C’était l’adaptabilité qui semblait la qualité maîtresse.

Il était donc assez difficile de s’y retrouver dans cet examen. D’ailleurs, quand on nous exposait les consignes, je me disais à quel point il a dû être un casse-tête à concevoir pour l’école elle-même. Pour preuve, tout était tellement flou alors que, d’habitude, il y avait toujours une faille évidente dans les règles. Comme cette fois où Horikita et Ibuki s’étaient battues dans un lieu échappant à toute surveillance, sur l’île, alors que la violence était pourtant interdite.

Certes, si jamais cela s’était su, l’expulsion pure et simple aurait été de mise. L’expulsion était en théorie la sentence en cas de violence, ce qui expliquait pourquoi aussi peu d’élèves osaient s’y adonner. D’autant qu’user de stratégies peu orthodoxes nécessite généralement que ça en vaille la peine, ce qui était loin d’être sûr dans le cadre de cet examen.

J’avais usé de stratégies diverses et variées au cours des examens passés. Ainsi j’aidai Horikita sur l’île, lui permettant de se retirer et de modifier le leader. Sur le bateau, je fis bon usage des téléphones portables. Enfin, je tentai des choses audacieuses pendant le festival sportif ainsi que pendant l’examen des duos grâce auquel j’avais calmé Kushida pour un moment.

Mais, cette fois-ci, j’avais décidé de ne rien faire, si ce n’était glaner des informations et observer. J’estimai cela nécessaire pour m’effacer peu à peu et être diplômé en tant qu’élève ordinaire. Même si cela signifiait que la classe allait subir une lourde perte au cours de cet examen, je n’avais pas l’intention de bouger. En partie pour démontrer à Sakayanagi et Nagumo, qui manifestaient un certain intérêt pour moi, que je n’étais nullement intéressé par ces luttes, bien que je ne fusse même pas sûr que cela ne les calme vraiment. Quant à Horikita l’ainé, il n’allait tout de même pas me reprocher d’observer prudemment ?  Cependant, s’il y avait bien un domaine dans lequel je pouvais agir, c’était la défense. En effet, je me devais de pouvoir contrer toute tentative de me faire expulser.

Il était déjà plus de « 25 heures » et rien ne se passa. Peut-être pouvais-je enfin dormir ? C’était du moins ce que je me disais avant que la porte de la chambre ne fut légèrement fissurée, laissant passer une légère lumière. On tentait de communiquer avec moi à l’aide du Morse, c’est-à-dire une technique visant à faire passer des messages à l’aide de signaux lumineux. Le couloir lui-même produisait très peu de lumière, je compris donc que les lumières venaient de lampes torches et que je me devais d’en prendre une avec moi.

Oui, j’étais visiblement appelé. Je me levai donc discrètement. Au pire des cas, je pouvais prétexter une envie d’aller aux toilettes, notre chambre n’en disposant pas il était tout à fait naturel de se lever pour ça.

5

Je quittai ma chambre. Le couloir était très sombre mais je pus me diriger grâce aux faibles bruits de pas. La personne qui tenait la lampe n’était autre que Horikita Manabu.

Moi —  Tu viens carrément me voir dans ma chambre… Niveau discrétion tu n’as pas peur ?

S’il avait pu venir placer ce petit bout de papier sous mon oreiller, c’était qu’il savait tout jusqu’au lit où je dormais. Ishikura ou Tsunoda, les terminale qui étaient avec Nagumo le premier jour quand on jouait aux cartes, devaient sûrement y être pour quelque chose.

Horikita-senpai — Les élèves qui se rencontrent en secret la nuit, comme ça, ce n’est pas ce qui manque. Ce n’est donc pas un problème. Après tout, les stratégies possibles pour cet examen ne manquent pas…

Élèves de seconde, de première et de terminale étaient unis et prêts à donner ce qu’ils avaient pour gagner. Mais je n’étais pas sûr que des gens réduits à se rencontrer en plein milieu de la nuit, comme nous, étions vraiment de taille.

Horikita-senpai — Sais-tu pourquoi je t’ai appelé ?

Moi — Pour grapiller des infos sur Nagumo ?

Horikita-senpai — Exact. Je voulais te voir car je me disais que tu savais peut-être quelque chose vu que vous êtes dans le même grand groupe. Puis je voulais répondre au message que tu m’avais envoyé dans le bus. 

Moi — Je préfère te le dire tout de suite : pour l’instant, il n’y a rien qui présage que Nagumo prépare quelque chose.

Certes, j’occultais avoir remarqué plusieurs petites choses préoccupantes. Tout d’abord, ayant publiquement défié l’ainé Horikita, Nagumo avait tout intérêt à gagner au risque de voir sa réputation et sa crédibilité auprès des élèves en prendre un sacré coup. Dans une pareille situation, le réflexe aurait été de mettre toutes les chances de son côté pour se garantir la victoire, mais Nagumo n’avait pas l’air de le faire. Rien que s’assurer que nous nous tenions à carreaux et que nous suivions bien les leçons aurait été un comportement logique de sa part. Logique s’il avait prévu de se battre à la loyale comme il l’avait promis à Horikita, du moins… Horikita Manabu avait dû le pressentir, voilà pourquoi il avait pris le risque de venir à ma rencontre.

Horikita-senpai — Donc tu me dis que Nagumo compte remporter ce défi en ne faisant absolument rien ?

Moi — Je ne sais pas. Je  ne suis pas sûr que ce soit possible sans avoir une idée derrière la tête.

Être à l’heure, être attentif en classe et ne pas être malade ne faisait sûrement pas augmenter notre potentiel résultat final. Au mieux, cela ne nous donnait aucune pénalité.

Horikita-senpai — Actuellement, j’ai l’impression que mon grand groupe est celui qui présente la meilleure cohésion.

Je voulais bien le croire puisqu’il faisait équipe avec le petit groupe de seconde où la classe A était majoritaire. Dans ces conditions, sans chances de gagner étaient assez élevées, ce qui rendait d’autant plus suspect le fait que Nagumo ne tentait rien.

Moi — Quelles sont les chances que Nagumo te fasse un coup dans le dos ?

Horikita-senpai — Nagumo est cruel et sans pitié. Il use de méthodes peu scrupuleuses, un peu comme Ryuuen, ce qui explique le nombre d’expulsion assez important chez les élèves de première. Mais quand il donne sa parole, il la tient.

Moi — Donc tu dis qu’il ne trichera pas en n’impliquant d’autres personnes dans votre lutte ?

Horikita-senpai — En effet. 

Horikita avait l’air bien sûr de lui. Peut-être car ils s’étaient côtoyés depuis maintenant deux ans au sein du Conseil des élèves. Je fus très perplexe face à sa réponse pleine de certitude, avant de comprendre. Ce que je venais de constater valait pour Horikita comme pour tous les élèves de première et de terminale. Peut-être était-il temps de lui donner un petit conseil. Ou pas. Après tout, il avait déjà établi une stratégie en faisant le choix de faire confiance à son ennemi. 

Horikita-senpai — On dirait bien que c’était une perte de temps.

Horikita me tourna le dos et repartit en direction de sa chambre.

Horikita-senpai — Oh, à propos de ce que tu m’avais demandé… Le Conseil des élèves peut en effet exercer une certaine influence sur les examens spéciaux. Dans la mesure où il est censé représenter la parole des élèves, le Conseil peut faire des choses comme modifier les règles ou les sanctions d’un examen. Mais ce n’est pas comme si le pouvoir du Conseil était absolu.

Moi — Je vois.

Après avoir répondu à cette question, il s’en alla.

Moi — Il pourrait perdre.

Sans faire exprès, je me mis à murmurer ces mots. « Perdre » n’était peut-être pas le bon mot. Après tout, Horikita allait certainement bien faire les choses, c’est-à-dire  encadrer son groupe avec brio et ne faire aucune erreur. Et pourtant… Il était certain qu’il fallait bien plus que ça.

Cet examen, marquant le coup d’envoi du 3ème trimestre, risquait d’être source de changements majeurs.

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