CLASSROOM V8 : CHAPITRE 2

La nature humaine mise à l’épreuve

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Traduction : Akai
Correction : Raitei
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On était le matin, il était 6h passé. Une légère musique d’ambiance résonnait dans la chambre. Le son venait des écouteurs, c’était le signal nous disant de sortir du lit. Il faisait encore noir dans la chambre et je ne voyais pas la lumière du soleil passer à travers le rideau.

Ishizaki — C’est quoi ce bordel … éteignez-moi ça.

C’était Ishizaki qui parlait à moitié endormi. Certains élèves ne s’étaient pas encore réveillés, d’autres prenaient leurs lunettes et la plupart se réveillaient doucement.

Hashimoto —  On va sans doute tout de suite nous mettre dans le bain avec le premier programme de la journée.

J’entendais Hashimoto, qui était sur le lit du dessus, chuchoter ça en soupirant.

Yukimura — On ferait mieux de se lever. Rien ne nous dit qu’on ne sera pas punis si un des élèves est en retard.

Disait Keisei en enfilant sa veste. Tant qu’on dormait tous dans la même chambre, il y avait une responsabilité commune qu’on ne pouvait éviter.

Yukimura —  Oi, Kôenji n’est pas avec nous.

Kôenji — Bonjour à vous messieurs. Vous vous apprêtiez à me chercher ?

Avec de la sueur sur son front, Kôenji apparut devant nous un sourire chaleureux au visage. Je remarquai qu’il s’était réveillé avant nous tous.

Yukimura — Pause toilette ? On dirait pas.

Kôenji — Fufu. Il faisait beau donc je suis parti effectuer mon entraînement matinal.

Yukimura — Quel entraînement ? On ne sait pas encore ce qui nous attend aujourd’hui. Je ne peux pas te laisser te fatiguer inutilement.

Même si Keisei tentait de l’avertir, Kôenji n’était pas le genre de personne à écouter. Bien au contraire, c’était avec le sourire aux lèvres qu’il le contredit. 

Kôenji — Ça c’est encore rien. Même après une séance d’entraînement, j’ai une quantité incroyable d’énergie. Si tu n’es pas d’accord avec la manière dont je me dépense, tu ne penses pas que tu aurais dû prévenir le groupe hier ?

Yukimura — C’est que … je ne pensais pas que quelqu’un irait s’entraîner comme ça.

Kôenji — Non non. Ce genre d’excuses, ce n’est pas ton genre. Je me souviens avoir partagé une chambre avec toi sur le bateau. Tu aurais dû t’en souvenir un minimum vu que je suis le genre de gars qui ne saute jamais un entrainement, n’est-ce pas ?

Pour Kôenji, il était hors de question qu’il oublie cela.

Ishizaki —   Faut que t’arrêtes de faire tout le temps le chaud Kôenji.

Il n’essayait pas de défendre Keisei ou quoi que ce soit, mais Ishizaki se mit devant Kôenji. Du moment de l’élection du leader jusqu’à maintenant, Kôenji n’arrêtait pas de penser qu’à lui. Il était alors compréhensible que le groupe finisse par en avoir marre. Les gens le voyaient déjà comme un obstacle, mais on nous n’avions pas de temps à perdre là-dessus. Je ne voulais pas arriver en retard dès le premier jour. Dans l’idéal on aurait dô avoir quelqu’un comme Hirata pour réunir le groupe et partir, mais notre formation n’ayant pas de leader, les choses ne se passaient pas comme prévu.

Ishizaki — Promets- nous là maintenant que tu seras coopératif.

Kôenji — Comment ça te promettre d’être coopératif ? Tu te sens loyal toi envers ce groupe fait à l’improviste ? Je ne crois pas non.

Moi — Je ne veux pas coopérer non plus.

Ishizaki regarda autour. A cause de ce que j’ai dit, il braqua le regard sur moi instinctivement.

Hashimoto — À cause de la classe A n’est ce pas ?

Hashimoto qui descenda à côté de moi reçut le même regard.

Ishizaki — Tch. C’est pas juste la classe A, mais tout le monde.

Kôenji — Tout comme le rouquin, tu sembles te diriger vers le mauvais chemin. Avant je prenais plaisir à t’observer, mais maintenant que je dois travailler avec toi ça commence à devenir ennuyant. Au lieu de te concentrer sur moi, tu ne devrais pas plutôt aller au point de rendez-vous? Avant que les autres n’apprennent que t’es un incapable en fait.

Kôenji était le seul à avoir compris la situation, mais vu l’ambiance, c’était jeter de l’huile sur le feu. À force de le provoquer comme ça, il n’était pas étonnant qu’Ishizaki s’énerve.

Ishizaki — Moi ça me va, connard !

Ishizaki cria. Puis Keisei, qui venait de s’en rendre compte après le rappel de Kôenji, regarda l’heure et paniqua.

Yukimura — Il reste à peine cinq minutes avant la réunion. S’il vous plaît reportez ça à plus tard.

Ishizaki — C’est pas mon problème. Si on est en retard, c’est sa faute !

Un peu d’eau ne suffisait plus pour éteindre les flammes de la colère d’Ishizaki. Au contraire, les choses semblaient empirer ce qui empêcha Keisei d’intervenir.  

Yahiko — T’es simple d’esprit c’est pour ça que t’es tombé dans la classe D.

Cette fois-ci c’était Yahiko qui ajoutait de l’huile sur le feu. Quant au reste, les élèves de la classe B, ils préférèrent se taire, attendant que la situation se calme.

Hashimoto — C’est dommage. J’ai pas l’impression qu’on va s’en sortir avec ce groupe.

Hashimoto à côté de moi soupirait et se plaignait de la situation.

Hashimoto — Bon ben tant pis.

Je pensais qu’il allait continuer à faire l’observateur, mais il finit par taper le lit en bois avec son poing ce qui attira l’attention de tous les autres élèves à l’exception de Kôenji.

Hashimoto — Calmez-vous. Je vais pas vous dire que vous embrouiller c’est mal et que vous ne devriez pas vous foutre sur la gueule, mais simplement que ce n’est pas le moment d’accord ? Puis aussi, si jamais on casse quelque chose ou qu’on arrive le visage en sang, ça va aussi nous pénaliser et ils vont chercher à savoir ce qu’il s’est passé, vous le savez non ?

Hashimoto dit ce qu’il avait dire, créant un silence dans la salle par la même occasion. Ishizaki qui jusqu’à maintenant hurlait que ce n’était pas son problème comprenait lui aussi que ce n’était pas le moment pour ça.

Hashimoto — Toi là, le bigleux, c’était quoi ton nom déjà ?

Yukimura — Yukimura.

Hashimoto — Oui voilà, Yukimura a raison. Le temps est compté. Pour le moment ravale ta colère et allons-y, d’accord ? Puis, si t’es encore énervé après le petit déjeuner, libre à toi de continuer ton cinéma. Alors content Kôenji ? Tu vas vivre un peu plus longtemps.

Kôenji — Oui je le suis vraiment. Je suis un pacifiste dans l’âme après tout.

Peu importe ce qui se disait sur eux, la classe A avait le don d’impressionner. Je ne savais pas trop où se situait Hashimoto dans l’hiérarchie de la classe, mais il calma la situation avec brio. C’était serré, mais au moins ça n’avait pas explosé. Nous quittâmes la chambre, transportant avec nous une bombe dont la mèche était encore allumée. Ainsi des élèves de toutes les années, séparés en plusieurs groupes, se réunirent tous dans une grande salle de classe.  Approximativement 40 personnes, ce qui était la taille d’une classe. Tous les secondes saluèrent les première et les terminale. Peu de temps après, un professeur entra dans la salle.

M. Onodera — Je suis M. Onodera, en charge de la classe B des terminale. Je vais faire l’appel, après ça ,vous vous dirigerez tous dehors pour nettoyer les zones désignées. Une fois ceci fait, vous nettoierez l’enceinte de école même et ce sera votre routine matinale. S’il pleut, vous serez dispensé de nettoyage à l’extérieur, en revanche vous passerez le surplus de temps à mieux nettoyer le bâtiment scolaire, votre temps ne sera donc pas réduit. Les professeurs ne vous feront pas cours ici, ce seront des personnes spécialisées dans une variété de sujets. N’oubliez pas de les accueillir comme il se doit et d’être respectueux.

Après cette courte explication, nous nous dirigeâmes tous dehors pour nettoyer.

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L’odeur de l’herbe qui venait des tatamis se répandait jusqu’à nos nez. Une chambre, qui me rappelait des souvenirs, apparut devant moi. L’enseignant nous avait escorté vers une zone spacieuse qui avait l’air d’un dojo. Je remarquai qu’on allait compléter cette tâche avec des élèves d’autres groupes également.

M. Onodera — À partir d’aujourd’hui, vous vous entraînerez à la méditation Zazen ici matin et soir.

Sotomura – J’ai hâte de m’adonner céans à cette pratique du Zazen  que je n’ai point eu le temps de pratiquer dans nos contrées.

Disait le Doc, de l’autre côté. Le professeur entendit ces mots et approcha.

Sotomura — Q-quelque chose v-vous déplait-il messire ?

Le Doc fut anxieux par le silence qui dominait la salle et dit cela les yeux levés vers le professeur Onodera.

M. Onodera — C’est toi qui parle comme ça ou bien cela vient de ton village natal ?

Sotomura — Non, c’est moi.

M. Onodera — Et tu n’es pas de la période Muromachi ou de la période Edo non plus que je sache ?

Sotomura — Hein ? Non, bien sûr que non …

M. Onodera — Je vois. Dans ce cas, je ne comprends pas pourquoi tu parles de la sorte, mais ici ça ne sera pas à ton avantage. Utilise cette opportunité pour oublier ton langage désuet et grandi un peu.

Sotomura — Q-quoi ?

M. Onodera — Que vont penser les gens lors d’une première discussion ? J’ai vraiment besoin de t’expliquer le problème qui se pose ?

Je ne savais pas pourquoi le Doc avait décidé de parler de la sorte, mais je pouvais dire que c’était intentionnel. En société … ou plutôt dans un environnement strict, il n’allait certainement pas pouvoir parler comme il veut. Ça n’avait rien à voir avec les règles ou les obligations en société. C’était plus de l’éthique. Bien évidemment, le Doc pouvait toujours agir comme il le souhaitait sous couvert          d’idiosyncrasie, mais peu de gens pouvaient utiliser une telle excuse.

M. Onodera — Bon, écoutez-moi bien. Vouloir être reconnu, populaire, montrer que nous sommes spéciaux et que nous ne préoccupons pas de l’avis d’autrui est quelque chose de normal. Il y a beaucoup de personnes ainsi parmi les jeunes et les plus vieux.

Le professeur en charge de notre groupe avait haussé le ton.

M. Onodera — Je ne dis pas que vous devriez complètement supprimer votre individualité au sein de la société, vous êtes libres de vous exprimer. Ce que je veux vous faire comprendre en revanche c’est qu’une fois entrés en société, vous devrez aussi considérer les sentiments des autres. C’est à ça que vont servir nos entraînements ici. L’une de ces leçons est le Zazen. En vous retenant sur vos mots et vos actions vous réussirez à vous intégrer dans le collectif. Prenez en compte les sentiments des autres et réfléchissez aux questions suivantes : quel genre de personne vous êtes et qu’est-ce que vous pouvez apporter ?

Sotomura — Qu’il en soit ainsi mess…Je ferai attention !

Il ne réussira peut-être pas à se débarrasser de sa manière de parler dans l’immédiat, mais à travers la pratique Zazen, le Doc aura l’opportunité de méditer  sur le pourquoi du comment de ce langage archaïque. Les groupes s’assirent chacun à leur place et nous recevâmes une explication très simple. Dans cet endroit, le Zazendo, on devait serrer notre poing, gauche ou droite, et le saisir avec l’autre main tout le temps, en marchant ou assis.

On devait le garder au niveau de notre plexus solaire. C’était une position qu’on appelait Shasyu qui pouvait d’ailleurs diverger selon les écoles bouddhiques avec la droite ou la gauche. Ensuite nous reçûmes une deuxième explication concernant le Zazen. Le Zazen n’était rien de plus qu’une forme de médiation. Ça n’avait pas pour but de nous vider l’esprit, mais de créer une image. Il y avait par ailleurs une méthode de visualisation qu’on appelait « Les 10 Taureaux ». C’était une série de 10 illustrations qui montrait le chemin vers l’illumination. C’était une première pour moi alors je n’y connaissais pas grand-chose.

M. Onodera — Après cette position en jambes croisées, vous placerez vos jambes par-dessus vos cuisses ! Le résultat de l’examen dépendra aussi de votre performance dans la position du lotus, donnez votre meilleur.

— Ouille … il est sérieux ? J’arrive à peine à lever une jambe …

M. Onodera — Si vous n’arrivez pas à le faire dès le début dans ce cas, optez pour la demi-position du Lotus que l’on pratique avec une seule jambe.

Notre responsable nous fit une démonstration en guise d’exemple. J’arrivais à croiser mes jambes sans trop de difficulté j’ai donc opté pour la position du Lotus. Je remarquai que peu d’élèves arrivaient à la réaliser ce qui me surprenait. Quant à Kôenji qui me rendait de plus en plus curieux, il croisait ses jambes sans souci le sourire au visage, on  aurait dit qu’il avait déjà atteint le stade Zen.

Puisque l’enseignant n’avait pas de remarques particulières à faire sur sa posture, il ne le réprimanda pas d’avoir commencé avant les autres.

Tokitô — Ce gars là, au bout du compte, il peut quand il veut.

Chuchota-t-il à côté de moi en position du Lotus.

Moi — Il n’a pas l’air de détester ça, c’est rassurant pour le moment.

Tokitô — C’est sûr.

Notre professeur attitré était plutôt imposant, mais vu qu’il s’agissait de Kôenji, ça n’aurait étonné personne si ce dernier avait refusé de suivre les consignes sans la moindre peur. Une fois que tous les élèves eurent compris le principe du Zazen, la session commença. Puisqu’on avait passé du temps sur les explications, la première session ne dura que cinq minutes.

2

Le nettoyage et la pratique du Zazen de ce matin étaient terminés, il était 7h du matin et il était l’heure du petit déjeuner. Celui-ci avait l’air différent de celui d’hier soir, car à la place de la cafétéria on se retrouvait à l’extérieur. Dans un grand espace se trouvaient plusieurs endroits pour les repas équipés de cuisines. Plusieurs groupes étaient déjà sur place.

M. Onodera — L’école vous offrira les repas aujourd’hui, mais à compter de demain, si la météo le permet, vous cuisinerez vos propres repas avec vos groupes. Quant à la quantité de nourriture et à sa distribution, c’est à vous de voir avec votre groupe.

Ishizaki — Sérieux ? Je n’ai jamais fait la cuisine moi.

Les plaintes d’Ishizaki n’allaient rien changer, c’étaient les règles. Le petit déjeuner se mettait en place tandis que nous recevions des instructions sur la procédure à suivre pour cuisiner demain. Le menu du petit déjeuner avait déjà été confirmé et il était dit que des livres de cuisine allaient être distribués. Nous n’avions donc pas à nous soucier du choix de nourriture à faire.

Ishizaki — Euh, c’est tout …?

Le menu était plutôt simple, un petit déjeuner typiquement japonais avec du riz et de la soupe suivie d’un plat principal. Toutefois les élèves avec un gros appétit n’étaient pas satisfaits. Ces élèves-là pouvaient remplacer ce repas par un autre à condition qu’ils le préparassent eux-même.

Yukimura — Quand je pense à ce qu’on a enduré dans l’île inhabitée, cette situation c’est le rêve.  

Keisei, habité par une sorte de sérénité, mangeait tranquillement.

—  Pour que ce soit juste pour tout le monde, je propose que les élèves de chaque année se relaient pour la prépa du petit-déjeuner.

Au milieu du petit déjeuner, un élève de terminale qui avait l’air d’un leader se tourna vers Nagumo et proposa des petits-déjeuners par tour.

Nagumo — Pas bête. Je n’ai pas d’objections. Commençons par les seconde alors.

Alors les seconde ? Des objections ?  

Personne n’allait refuser dans une telle situation. Si on partait du principe que les jours restants allaient être ensoleillés, ça nous faisait six petits-déjeuners à préparer. Certes nous n’avions pas choisi l’ordre de passage, mais il aurait été malvenu de refuser.

Yukimura — Très bien. Faisons ainsi.

Keisei, notre leader, accepta.

Ishizaki — Du coup à quelle heure on devra se lever ?

Yukimura — Juste au cas où, vaut mieux se lever deux heures à l’avance.

Ishizaki refusa vigoureusement la proposition de Keisei. Se lever deux heures à l’avance signifiait se lever à 4h pour se préparer.

Yukimura — Pas le choix, on doit le faire. Ça sera un désastre si on n’arrive pas à préparer le petit-déjeuner.

Ishizaki — Dans ce cas faites-le vous. Je dors à cette heure, moi.

Ishizaki n’avait souvent pas beaucoup d’autorité puisque Ryuuen était aux alentours jusque là, mais ici, il était au sommet de la hiérarchie. Il était intéressant de constater qu’il pouvait radicalement changer de personnalité en fonction de sa position. Le fait qu’il était vu comme celui qui avait battu Ryuuen devait jouer aussi. Je ne me sentais pas vraiment d’humeur à me confronter à Ishizaki alors qu’il savait pertinemment qu’il avait obtenu ce rôle de leader de manière faussée. Puis aussi, le fait qu’il avait été placé dans mon groupe par coïncidence semblait l’affecter mentalement. Par conséquent à chaque fois qu’il faisait ce genre de décisions il blessait non seulement les autres, mais aussi lui-même également. Ishizaki et Albert n’étaient pas faits pour être des leaders ou des stratèges. Ils étaient plutôt faits pour être les bras droits et pour rassembler les autres élèves. Ryuuen n’aurait pas dû leur donner une position de leader.

Keisei et Yahiko aussi leur ressemblaient. Ils n’étaient pas aussi téméraires qu’Ishizaki, mais n’étaient pas non plus faits pour mener les autres. Je m’attendais à ce que la classe B soit plus réactive, mais ils étaient anormalement silencieux et ne faisaient qu’observer. Bien évidemment je ne prenais pas en compte Kanzaki ou Shibata. Cette situation faisait que, à mes yeux, Hashimoto était notre meilleur atout pour unifier le groupe. Il avait à la fois le prestige d’être dans la classe A et la capacité à saisir les situations. De plus, le fait qu’il parvenait à prendre des décisions tout en prenant en compte les autres en faisait un élément central.

Toutefois il ne me donnait pas l’impression de vouloir diriger le groupe.

3

Le petit déjeuner basique, ou plutôt, sain du matin fut terminé et les leçons commencèrent aussitôt. Les groupes se rassemblèrent dans une salle de classe légèrement plus grande que celles qu’on avait au lycée. On aurait dit le genre de classes qu’on voyait à l’université, je me demandais si c’était intentionnel. En plus, on pouvait s’asseoir librement où on voulait même si inévitablement les gens s’assirent auprès de leurs petits groupes composés d’élèves de leurs années. On pouvait s’asseoir tout seul dans un coin de la classe, mais ça ne faisait qu’attirer l’attention des autres groupes et en fonction des circonstances on pouvait même recevoir un avertissement. Puisque les élèves de première et de terminale n’étaient pas encore venus, nous les secondes étions libres de choisir nos places.

Ishizaki — Du coup … ça serait pas mieux qu’on se mette devant ?

Yukimura — Non, ça nous épargnerait des problèmes si on attendait avant de nous asseoir. On ferait mieux d’attendre que les autres viennent prendre leurs places puis on prendra celles qui restent libres.

Keisei n’avait pas l’air de vouloir faire l’égoïste et prendre les places qui lui convenaient, il ne voulait sûrement pas se faire engueuler après.

Yukimura — Tu ferais mieux de ne pas en faire qu’à ta tête, Kôenji. Je ne veux pas que tu t’assoies dans un coin tout seul pour ça.

Kôenji Tant que les places sont libres, je pense pouvoir m’asseoir où j’en ai l’envie cela dit.

Même en disant ça, il n’avait pas l’intention de bouger et d’aller prendre une place. Finalement même lui n’était pas le genre de mec à totalement ignorer les règles. En plus, il était bien silencieux durant nos leçons. Kôenji avait sûrement ses propres principes.

Vous avez l’air de galérer les seconde.

L’un des élèves de première qui nous avait trouvé nous appela.  

Si vous galérez, je peux peut-être vous aider ?

Yukimura — Non ça ira…

Keisei s’inclina légèrement face à la pression dégagée par ce dernier, refusant son aide.

Yukimura — Hah … pourquoi je dois faire le leader moi ?

Saluer chacun des élèves de première et de terminale était l’une des choses que le leader devait également faire. Par conséquent, il semblait se noyer dans le stress. Si je le laissais continuer comme ça … disons que ce n’était qu’une question de temps avant l’implosion.

4

Les cours d’E.P.S étaient prévues pour l’après-midi, ou plutôt, le conditionnement physique standard allait avoir lieu l’après-midi. D’après la réunion, on allait s’entraîner à courir un marathon en vue d’avoir une longue course de relais le dernier jour. Ça faisait sûrement partie de l’évaluation. De toute évidence, on allait s’entraîner dehors pendant quelques jours afin d’être prêts pour la course.

Yukimura Hah, haah.

Keisei était essoufflé. Nous avions fait pas mal de choses et on s’était levé tôt le matin alors la fatigue était une conséquence logique. Je ne pouvais malheureusement pas lui donner de conseils vu que cela relevait de sa condition physique. Quant à Ishizaki et Albert, ils n’étaient pas le genre de délinquants qui passaient leur temps à fumer et à zoner. Leur physique était supérieur à celui d’un élève lambda donc ils s’en sortaient sans trop de soucis.

Moi – … je n’ai fait qu’analyser depuis ce matin.

D’une certaine façon, je commençais à me lasser de ma situation. Non pas parce que j’hésitais entre l’action ou l’inaction, mais davantage parce que je sentais le besoin d’augmenter un minimum les capacités de ce groupe afin de ne pas devenir un candidat à l’exclusion. Si nous finissions derniers et que nous n’atteignions pas le seul exigé par l’école alors Keisei serait exclu. La probabilité qu’il me tire dans sa chute était très faible, mais rien n’était garanti. Rien ne l’empêchait de m’en vouloir pour ne pas l’avoir aidé quand il en avait le besoin

Devais-je lui apporter le minium de soutien nécessaire pour l’empêcher de tomber dans le rouge ? Ou devais-je agir de sorte à propulser ce groupe haut dans le classement ? Ou devais-je simplement continuer mon observation et espérer que la situation évolue d’elle-même ? J’avais déjà retiré l’idée d’observer de ma tête.

La présence de Kôenji allait certainement causer de l’anxiété dans l’avenir. Je me disais que je n’avais pas de temps à perdre et que je devais agir aussitôt. Je ralentis puis joignis Kôenji qui courait sans difficulté derrière moi. Même en l’approchant, Kôenji ne fut pas l’effort de me regarder. Il ne semblait pas prêt à quitter son monde imaginaire sans être un peu bousculé.

Moi — Hé Kôenji. Tu pourrais être un peu plus clément avec eux ?

Kôenji — Par eux, tu veux dire le groupe, mon bon Ayanokôji ?

Moi — Ouais. Les autres élèves sont un peu confus. Ils ne sont pas tous aussi incroyables que toi.

Kôenji — Ha ha ha. C’est vrai que je suis une existence plutôt unique. Cela dit n’est-ce pas un peu injuste que je doive revoir mes standards à la baisse pour que les masses puissent me suivre non ? 

Moi – Hé bien … je ne sais pas ce qui est juste et ce qui ne l’est pas …

Kôenji — Qu’est-ce que tu veux au juste ?

Moi — J’ai envie d’avoir de bonnes notes avec le groupe. Je préfère éviter l’exclusion.

Kôenji — Dans ce cas, tu n’as pas d’autre choix que de bosser pour réussir non ?

Moi — Si tu n’avais pas compris, c’est précisément la raison pour laquelle je t’en parle actuellement.

Je n’entendais que le bruit de nos pas sur le sol. Kôenji était déjà retourné dans son monde imaginaire et ne répondait plus. Comme je m’en doutais, c’était impossible.

Quand il était question de Kôenji, ce n’était pas des menaces et des compliments en l’air qui allaient marcher. Il suffisait de se rappeler de toutes nos expériences au lycée pour le comprendre. Même si tous les élèves et professeurs tentaient de le persuader, s’il disait non, c’était définitivement non. Cétait ce genre de gars.

5

Ça s’expliquait peut-être par le fait que ce soit le premier jour, mais depuis notre marathon exténuant, le reste des leçons consistait en des explications concernant cet établissement et notre futur programme. La majorité des leçons tournaient autour d’un thème qui était aussi le point clé de cet examen : la sociabilité. Toutefois même avec ces explications il était difficile pour les seconde de tout comprendre. Les élèves des classes supérieures avaient l’air calmes.

La différence d’expérience entre les seconde et les première semblait être un seuil infranchissable.

Yukimura — Uuu….

Notre dernière leçon de la journée, le Zazen, venait de se terminer et Keisei s’écroula sur place, incapable de bouger. Le premier jour se termina avec ce Zazen.

Yukimura — Ça va, c’est ce que j’aurais aimé dire, mais je sens plus mes jambes … donne-moi un instant s’il te plaît.

Cette leçon avait été très difficile pour Keisei. Il resta immobile pendant deux minutes, ne sentant toujours pas ses jambes. Ishizaki aussi faisait partie de ceux qui avaient du mal avec le Zazen, vu comment il s’allongeait en souffrant.

Ishizaki — Chier, manger et se doucher On ne fait que ça ! Bon, je vais me doucher. Aide-moi un peu Albert.

Albert se déplaça calmement vers lui et le leva par le bras.

Ishizaki — Aie ! Fais attention ! Lâche-moi, lâche-moi.

Boum. Ishizaki tomba.

Ishizaki — Aiiie !

En voyant leur interaction, je ne pouvais pas m’empêcher de me dire que ça avait l’air marrant. Toutefois, pour les autres élèves, Ishizaki et son groupe n’étaient que des parasites. Keisei aussi les ignora et se leva pour partir, mais je ne pouvais pas finir sur ça.

Moi — Ils sont plutôt marrants, tu trouves pas ?

Je faisais exprès pour attirer l’attention de Keisei.

Yukimura — Vaut mieux les laisser dans leur coin, Kiyotaka. Ils font les abrutis. Si tu ne veux pas attirer leur attention, ignore-les du mieux que tu peux.

Disait Keisei qui bloquait ma vue en se mettant devant moi.

Yukimura — Il n’était peut-être pas aussi mauvais que Sudou, mais Ishizaki aussi était le genre de mec à frapper en premier et à poser les questions ensuite. On aura un autre Ryuuen, ça se trouve.

Moi — Ouais mais quand même, on est dans le même groupe. Je pense que ça ira avec eux si on essaie de communiquer un peu, non ?

Je pointais du doigt. Et Ishizaki qui nous remarqua se tourna vers nous. Keisei se rétracta sur le moment, mais Ishizaki quitta simplement le dojo avec Albert.

Moi — Quoi ?

Yukimura — … T’es étonnamment brave, Kiyotaka.

Puisque je savais déjà ce qui se passait au sein du groupe d’Ishizaki, je voulais leur faire comprendre, de façon indirecte, qu’attirer l’attention ici était déconseillé. Tant que Keisei était le leader, devoir contrôler les élèves des autres classes était nécessaire jusqu’à un certain stade.

Moi — Keisei, on va sûrement devoir s’ouvrir dans ce nouvel environnement.

Yukimura — Comment ça ?

Moi — En gros il faudra qu’on se rapproche d’Ishizaki et Albert. Au moins un peu.

Yukimura — Foutaises. Certes on est dans le même groupe, mais on reste quand même des ennemis. Peu importe la situation, je ne peux pas devenir pote avec eux. Parce que ça ne sera pas notre dernier examen ensemble.

Y’avait pas de raison de se rapprocher d’eux. C’est ce que voulait dire Keisei. C’est ce que je pensais aussi quand j’avais débarqué ici. En plus on ne pouvait pas nier que l’école encourageait ce genre de conflits. Cela dit, depuis quelque temps je me demandais s’il n’y avait pas une autre façon de faire.

Moi — J’ai entendu que le président du Conseil Nagumo avait réussi à unir les classes.

Yukimura — C’est grâce à son charisme. Il est spécial. Je n’ai pas ce genre de talents et je ne pense pas que quelqu’un d’une autre classe l’ait. Tout d’abord on ne sait pas si la méthode de Nagumo-senpai marchera jusqu’au bout ou pas. Je ne sais pas ce qu’il a derrière la tête, mais peu importe à quel point ils s’entendent bien au bout du compte c’est la classe A qui rira la dernière. Les autres classes finiront juste en pleurs.

Keisei dit cela et quitta le dojo.

6

Cela se passa après le dîner, j’avais décidé de retourner à ma chambre avant les autres. Quelque chose avait l’air de se passer dans le couloir, car plusieurs personnes s’étaient regroupées.

Yamauchi — Désolé, désolé. Tout va bien ?

 — Oui …T’en fais pas.

Yamauchi qui était dans notre classe tendait la main en étant désolé. La personne qui était tombée avait l’air d’être Sakayanagi Arisu de la 2-A. Sakayanagi n’avait pas pris la main de Yamauchi, plutôt, elle tenta de se lever d’elle-même. Elle n’y arrivait pas cependant vu qu’elle s’appuya sur sa canne.  Elle se leva petit à petit en se tenant sur elle. Tout ceci se passait plutôt vite en temps réel, mais pour Sakayanagi qui avait attiré l’attention des gens, ce temps devait sembler interminable.

Yamauchi retira sa main de façon gênée et avant de partir demanda :

Yamauchi — Hum, dans ce cas, je peux m’en aller ?

Sakayanagi — Oui. Je t’en prie, ne t’en fais pas pour moi.

Sakayanagi sourit légèrement et détourna son regard de Yamauchi. Tout le monde fut rassuré, car ils eurent peur qu’il y ait un scandale. ils finirent par se disperser.

Yamauchi — Mais en vrai, Sakayanagi-chan est plutôt mignonne quand elle est maladroite.

Disait Yamauchi, écartant totalement la possibilité que tout ceci fut de sa faute.

Moi — Tu vas bien ?

Puisque nos yeux étaient rentrés en contact, j’approchai Sakayanagi et lui posa la question.

Sakayanagi — Merci de te préoccuper de moi, mais ce n’est rien de grave.

Moi — Je disputerais Yamauchi plus tard.

Sakayanagi — Il ne l’a pas fait exprès Et puis, ce n’est qu’une simple chute.

Sakayanagi en riait un peu, mais dans ses yeux, ce n’était pas le cas.

Sakayanagi — Sur ce, je m’en vais.

Puisqu’elles étaient dans des groupes séparés, Kamuro, qui était généralement à ses côtés, n’était pas présente.  Je ne savais pas quels genres de batailles menaient les autres groupes et je m’en fichais un peu. Sakayanagi qui s’en allait, s’arrêta sur place et se tourna vers moi. Avait-elle remarqué que je la regardais ?

Sakayanagi — Je viens de m’en souvenir, j’avais quelque chose à discuter avec toi Ayanokôji-kun.

Elle me un sourire tendre tout en tapant une fois de sa canne sur le sol.

Sakayanagi — L’unification de la classe B est remarquable. On peut dire que c’est grâce à Ichinose Honami-san qui a réussi à obtenir la confiance de ses camarades grâce à sa détermination. Toutefois, je me demande si on peut vraiment lui faire autant confiance.

Moi — Tu sembles parler de quelque chose qui n’a rien à voir avec moi.

Mais Sakayanagi poursuivit, sans prêter aucune attention à ce que j’avais à dire.

Sakayanagi —  Il y a quelque temps y’avait une rumeur qui tournait autour d’elle. La rumeur disait qu’elle possédait une quantité inimaginable de points. Elle a fait le sujet d’une enquête de la part de l’école alors qu’elle n’avait encore rien fait de spécialement remarquable durant les examens spéciaux. Ça m’avait plutôt étonnée je dois dire. Je me demande si c’est normal pour une personne de posséder autant de points ? Tu ne penses pas plutôt qu’elle agit comme une sorte de banque pour la classe B ?

Moi — Je me le demande. La seule qui peut le savoir c’est Ichinose elle-même ou ses camarades de classe. Pourquoi est-ce que tu me racontes ça à moi ?

Sakayanagi — Ce que j’essaie de te demander c’est … si c’est une bonne chose ou pas de lui confier tous ces points. Par exemple, si à cause d’une erreur, elle en venait à être dans une situation où elle aurait besoin d’une quantité énorme de points, elle pourrait les utiliser pour se protéger elle-même ou un camarade. Personne ne lui en voudrait dans ce cas là.

Moi — Sûrement.

Sakayanagi — Toutefois… si elle en venait à utiliser cette quantité massive de points pour son propre plaisir, dans ce cas l’école mènerait une enquête pour fraude.

Dans tous les cas, c’était quelque chose qui n’importait qu’aux élèves de la classe B et à Ichinose, pas à moi. Si elle agissait vraiment comme leur banque, les seuls qui avaient le droit de se plaindre étaient les élèves qui y avaient versé leurs points.

Moi — Je doute qu’Ichinose fasse ça.

Sakayanagi — Oui c’est vrai. Du moins, personne n’en doute pour le moment.

En d’autres termes, à partir d’aujourd’hui des gens allaient se mettre à la suspecter, c’est ce qu’elle voulait dire.

Sakayanagi — J’ai hâte de voir ce qu’il se passera une fois notre retour au lycée.

Sakayanagi partit sans regarder de nouveau, elle était sûrement satisfaite de tout ce qu’elle avait dit.

7

Il restait qu’une heure avant que les lumières ne s’éteignent à 22h. Nous passions le temps en silence dans notre chambre commune n’ayant rien à se dire. Même si nous faisions l’effort de parler à quelqu’un d’une autre classe, il allait simplement nous nous fatiguions pour rien ce qui rendait l’initiation d’une discussion difficile. Nous souhaitions tous avoir quelqu’un nous proposer un sujet de discussion, mais ce fut vain  jusqu’à ce que nous entendîmes quelqu’un toquer à la porte.

Qui est-ce qui toque à une heure pareille ?

Personne n’avait l’air de savoir donc on regardait tous la porte, curieux.

Ishizaki — Peut-être un prof.

Disait Ishizaki comme ça. Bien que c’était possible. Keisei se leva et marcha vers la porte pour demander l’identité du visiteur. La personne de l’autre côté de la porte était une personne inattendue.

Nagumo — Vous êtes toujours debout ?

Yukimura — Président Nagumo, en quoi pouvons-nous t’être utiles ?

Nagumo — Je venais voir comment vous alliez, étant dans le même groupe. Je peux entrer ?

Il n’y avait pas un seul élève de seconde assez brave pour dire non. Keisei accepta sur-le-champ et l’invita à entrer. D’ailleurs, il n’était pas venu seul. Il était accompagné du vice-président Kiriyama et de deux autres élèves de terminale. L’un d’eux était un élève de la classe B appelé Tsunoda et l’autre, Ishikura, était aussi de la classe B. En entrant dans la chambre, Nagumo inspectait les lieux.

Nagumo — Comme prévu, leur chambre a été disposée comme la vôtre, senpai.

Disait Nagumo en souriant à Ishikura.

Ishikura — On dirait bien. Du coup ? Comment tu prévois de nous rapprocher en nous amenant dans la chambre des seconde ?

Il demanda à Nagumo, mais Keisei qui ne comprenait pas trop ce qu’il se passait posa la question.

Yukimura — Nous rapprocher ?

Nagumo — Je vous l’ai dit non ? Je suis venu vous voir vu que nous sommes du même groupe. Nous n’avons pas de télé, d’ordinateurs ou de portables ici. D’ailleurs, je dois vous avouer qu’il n’y a rien qui pourrait nous divertir ici. Ceci dit, ce n’est pas comme si nous n’avions pas d’autres moyens de nous amuser.

Disait Nagumo en sortant une petite boite de sa veste.

Yukimura — Un jeu de cartes ?

Nagumo — « Ça existe encore le jeu de cartes de nos jours ? » C’est sûrement ce que vous vous demandez. Mais ce jeu est un incontournable dans des voyages scolaires comme celui-ci.

Nagumo s’assit tranquillement à une place libre. Il retira ensuite le scotch de la boite et l’ouvrit.

Nagumo — Je vous en prie, asseyez-vous, senpai. Désolé les seconde, mais puisqu’il n’y a pas beaucoup de places, asseyez-vous sur vos lits.

Nagumo arrêta les élèves de seconde qui s’apprêtaient à s’asseoir.

Tsunoda — Non merci.

Tsunoda refusa et se tourna vers la porte.

Nagumo — Allez, allez. C’est notre opportunité pour parler de choses qu’on ne peut pas discuter ailleurs.

Tsunoda s’arrêta de nouveau et décida de s’asseoir. Ishikura fit de même.

Nagumo — Pour animer encore plus le jeu, je pense qu’on devrait parier quelque chose. Je cherche des idées, n’hésitez pas si vous en avez aussi.

Les seconde, qui étaient déjà nerveux avec la présence des senpai, n’arrivaient pas à trouver d’idées. Sûrement parce qu’ils ne savaient pas ce qu’ils pouvaient dire ou ne pas dire au président du Conseil. Nagumo le savait aussi, que les seconde allaient se faire tout petit comme actuellement.

Nagumo — On avait décidé de l’ordre dans lequel on allait faire le petit déjeuner n’est-ce pas ? Et si on repariait là-dessus ?  Pire scénario, vous perdez chaque match, dans ce cas vous devrez cuisiner tous les jours de la semaine. En revanche si vous ne perdez pas une seule fois, vous n’aurez aucun petit-déjeuner à préparer. Voilà mon pari.

Ishikura — Oi, Nagumo ? C’est un sujet qu’on devrait plutôt discuter avec tout le monde non ?

Nagumo — C’est juste la prépa des petits-déjeuners. Tu peux me laisser un peu de marge là-dessus non ?

En tant que président du conseil, Nagumo ne se retenait pas lorsqu’il voulait exprimer ses envies envers ses ainés. D’ailleurs les terminale n’avaient pas l’air de pouvoir jouer aux durs très longtemps avec Nagumo. Puisqu’ils étaient au courant de la confrontation entre Nagumo et Horikita Manabu, ils ne voulaient sûrement pas gâcher ça en agissant impulsivement.

Ishikura — Compris. Jouons aux cartes alors et décidons-en.

Yukimura — Cela nous va aussi, pas vrai ?

Keisei un peu gêné se tourna vers les élèves de seconde pour leur demander. Ishizaki, Hashimoto et tous les autres acquiescèrent. J’étais d’accord aussi. Enfin quelques élèves restants acquiescèrent aussi avec un peu de délais. Tout le monde était d’accord sauf Kôenji.

Nagumo — Kôenji, t’es pas d’accord pour décider à travers un jeu de cartes ?

Il valait mieux l’ignorer, mais Nagumo parla avec audace à Kôenji. Leur petite confrontation dans le gymnase durant l’aprèm avait peut-être quelque chose à avoir.

Kôenji — Je suis neutre à ce sujet. La majorité semble déjà t’avoir donnée son approbation.

Nagumo — Ça n’a rien à voir avec les nombres. Je veux que tu me dises ce que t’en penses toi.

Kôenji — Dans ce cas permets-moi de te répondre, cher président du Conseil. Je ne porte aucun intérêt à notre interaction actuelle. Consentir ou s’opposer, je n’y ai même pas réfléchi. Cela te va ?

On croyait tous que les remarques de Kôenji allaient poser problème de nouveau. Toutefois, Nagumo sourit tout simplement et lui fit une proposition inattendue.

Nagumo — Pourquoi tu ne rejoins pas le Conseil des élèves, Kôenji ? Je voudrais accueillir quelqu’un d’aussi intéressant que toi. De ce que j’ai entendu, t’es quelqu’un de capable aussi lorsqu’il s’agit de résultats académiques ou sportifs.

Tout le monde dans la chambre, y compris les terminale, était choqué d’entendre sa proposition. Tous sauf Kôenji dont l’expression ne changea pas.

Kôenji — malheureusement je n’ai aucun intérêt à rejoindre le Conseil des élèves.

Nagumo — J’imagine. Sache juste que tu es le bienvenu. Si jamais le Conseil des élèves attire ton attention, appelle-moi.

Nagumo avait anticipé le fait qu’il n’accepterait pas dès le début.

Nagumo — Bon, on joue aux cartes ?

Nagumo détourna son regard de Kôenji et nous proposa cela de nouveau.

Yukimura — On va jouer à quoi ?

Nagumo — Voyons voir, pourquoi pas un simple Pouilleux ? Le dernier qui détient le joker perd. Deux élèves de chaque année vont participer pour un match de six personnes au total.

Je n’étais pas très familier avec les jeux de cartes, mais même moi je connaissais le Pouilleux.

Nagumo — Les élèves qui participent peuvent se remplacer entre eux, mais s’il vous plaît, évitez de le faire en milieu de partie.

Disait Nagumo avant de commencer à mélanger les cartes. Une fois fini, il les passa aux terminale. Pour garantir qu’il n’y avait pas de triche, il les passa aux seconde aussi.

Keisei en mélangeant les cartes cherchait un autre joueur qui voulait aussi participer. Puisque personne ne se porta volontaire, Hashimoto leva la main malgré lui et descendit de son lit.

8

Sur ce, le jeu du Pouilleux commença. Les joueurs étaient des seconde, des première et des terminale. Devoir préparer le petit-déjeuner signifiait se lever tôt. Puisque les élèves de chaque année avaient 2 tours chacun pour la préparation, réussir à gagner 5 manches et à en perdre une était préférable. Au pire des cas, même en gagner 4 et en perdre 2 allait.

Nagumo — Jouer aux cartes en silence n’est pas vraiment marrant donc parlons un peu.

Nagumo reçut le jeu de cartes mélangé par Keisei et commença à le distribuer.

Nagumo — Je m’occupe des cartes pour le premier round, mais à partir du deuxième et ceux d’après, le perdant devra mélanger et distribuer les cartes.

Tout le monde accepta. Depuis qu’il était arrivé dans cette chambre, Nagumo ne m’avait pas encore regardé ne serait-ce qu’une fois. Cela signifiait sûrement que malgré notre entrée en contact, il ne pensait pas grand-chose de moi.

Nagumo — Et aussi les seconde qui ne jouent pas, mettez-vous à l’aise. Être nerveux autour de vos senpai tout le temps va affecter votre performance demain.

Même si c’était lui qui le disait, personne n’arrivait à se mettre à l’aise et se détendre comme on le faisait plus tôt, sauf Kôenji qui dormait ne prêtant attention à personne… Moi j’observais simplement le jeu.

Nagumo — Même si ce n’est qu’un jeu, les seconde ont l’air déterminés à gagner, senpai.

Tsunoda — Malheuresement la chance est rarement de mon côté. Ne compte pas trop sur moi.

Nagumo — Ca ira senpai. Je pense que vous êtes tous forts. Vous les terminale, n’êtes certainement pas mauvais au point de perdre les deux premières manches d’affilées.

Même si c’était qu’un simple jeu de cartes dans lequel on ne pouvait pas prédire la main qu’on allait avoir, Nagumo débordait de confiance. La première manche se passa tranquillement, le temps passa et ils en étaient déjà à la moitié du jeu.

Ishikura — Fini.

L’élève de Terminale, Ishikura, réussit à se débarrasser de toutes ses cartes. Le vice-président Kiriyama finit deuxième et Nagumo troisième. Les première étaient plus proches de la victoire ce qui mettait la pression sur les seconde.

Hashimoto — Fini.

Hashimoto s’inclina devant les terminale et posa deux cartes de la même valeur. Les joueurs restants étaient Keisei et l’élève de terminale Tsunoda. Je sentais que la pression était bien haute pour un jeu de cartes, mais bon, le jeu continuait tranquillement. Il restait deux cartes dans les mains de Keisei et une carte dans celles de Tsunoda ce qui voulait dire que Keisei possédait le joker. Si Tsunoda tirait sur le joker alors Keisei gagnait. Toutefois … la carte que Tsunoda choisit après réflexion fut la carte gagnante.

Tsunoda — Okay, première manche finie.

Yukimura — J’ai perdu.

La première manche se terminait sur une défaite de Keisei ce qui signifiait que les seconde devaient préparer le petit déjeuner au moins une fois.

Hashimoto — Ca ira. Perdre une ou deux fois ne veut rien dire.

Disait Hashimoto pour motiver Keisei. Keisei acquiesça tout en continuant de s’en vouloir d’avoir perdu. Il craignait sûrement de perdre de nouveau.

Nagumo — Je te l’ai dit plus tôt non ? Le perdant doit mélanger les cartes et les distribuer.

Yukimura — D-désolé.

Keisei qui avait oublié prit les cartes en paniquant. La deuxième manche débuta peu de temps après. De ma position je pouvais voir la main d’un des élèves de Terminale. Il avait un Joker. Il avait gardé le Joker pendant une bonne moitié de la partie, mais au bout d’un certain temps, il atterrit dans les mains d’un autre joueur.  Et puis … les deux élèves restants étaient Kiriyama et Keisei. Maintenant qu’il était de nouveau en un contre un, Keisei ne pouvait s’empêcher de devenir nerveux. Qui plus est, vu le nombre de cartes qu’il avait, le Joker était certainement en sa possession. L’élève de première Kiriyama prit une carte tout en hésitant un peu, Keisei faisait de son mieux pour garder son sang-froid, mais son visage se décomposa dès que celui-ci leva la carte. En quelques minutes, les seconde avaient souffert de deux défaites consécutives. Yahiko, qui observait la situation demanda à Keisei de le remplacer.

Nagumo — Tu devrais peut-être échanger.

En écoutant les mots de Nagumo, Keisei obéit et changea avec Yahiko.

Yukimura — Je ne suis pas très bon dans ce genre de jeu. Désolé, je compte sur toi.

Keisei qui portait la responsabilité pour ces deux défaites observait le jeu des première en se mettant derrière eux. Évidemment on s’attendait à ce que Yahiko soit tout aussi nerveux de jouer avec ses senpai. Toutefois il paraissait plutôt calme, sûrement parce qu’il avait déjà l’habitude avec Katsuragi qu’il considérait comme un adulte. Mais bon je n’avais pas l’impression que ça faisait la différence dans ce jeu. Je ne connaissais pas les facteurs qui faisaient de quelqu’un un bon joueur, mais je savais qu’il fallait une grosse quantité de chance pour ne pas tirer le Joker.

Nagumo — J’ai envie de laisser les seconde gagner cette fois.

Disait Nagumo qui se sentait peut-être mal de gagner consécutivement.

Nagumo — Au fait Ishikura-senpai, comment se porte le club ?

Ishikura — Tu ne t’intéresses pas au basket toi, si ?

Nagumo — Ah si. Après bien évidemment ça ne m’intéresse pas autant que le foot.

Ishikura — Cette année on a eu quelques seconde bien athlétiques qui se sont inscrits donc on attend beaucoup d’eux l’année prochaine. En tant que capitaine j’ai honte de l’avouer, mais cette année on n’a pas eu beaucoup de bons résultats.

Il y avait plusieurs élèves de seconde qui avaient rejoint le club de basket, mais il faisait sûrement référence à Sudou en parlant d’élèves athlétiques. Les efforts de Sudou avaient même attiré l’attention d’un Terminale qui ne jouait plus.

Nagumo — J’ai hâte de voir ça.

Ishikura — T’as l’air bien pris par le Conseil des élèves je trouve. T’as pas plutôt envie de revenir faire du foot plutôt ?

Nagumo — Je n’ai jamais cherché à devenir un pro. Puis je peux toujours jouer quand je veux. C’est juste que le rôle de président du Conseil dans cette école m’attire plus.

Ishikura — C’est bien de te voir t’investir autant dessus, mais je n’aime pas trop le fait que tu cherches à te bagarrer avec Horikita.

Nagumo — Ce n’est pas mon intention. Je veux juste être reconnu par mon senpai que j’ai tant admiré. Je ne suis animé que par ces sentiments.

Ishikura regarda Nagumo pendant un instant puis se tourna vers les cartes.

Ishikura — Je suis premier cette fois-ci.

Ishikura qui s’était débarrassé de toutes ses cartes sans souci fut le premier gagnant.

Yahiko — J’ai fini aussi.


Yahiko aussi s’était débarrassé de ses cartes sans souci, jetant ses deux dernières, le sourire au visage. Tout reposait sur Hashimoto désormais, ses cartes baissaient en nombre petit à petit, mais au bout du compte tout ce qui comptait c’était de savoir qui avait le joker.

Hashimoto — Et voilà.

Nagumo — Oh les seconde ont gagné pour la première fois. Félicitations.

Yahiko — Merci beaucoup, Nagumo-senpai.

Les joueurs restants étaient Nagumo et Tsunoda. Nagumo avait cela dit l’avantage. Il y avait 50% que le match se termine sur ce coup.

Nagumo — Désolé !

Disait Nagumo en tirant la carte à sa droite sans hésiter. Malheureusement, il tira sur le Joker.

Tsunoda — Dommage.

Tsunoda prit la carte à droite tout comme Nagumo.

Tsunoda — C’est fini.

Par conséquent, le Joker resta dans les mains de Nagumo et les première perdirent pour la première fois.

Nagumo — J’ai été battu. Un quatrième round ?

Nagumo, sans aucune amertume, proposa un autre round.

Nagumo — Les seconde ont gagné une fois. Et si je vous faisais perdre de nouveau ? Vous êtes nos cadets après tout, vous devriez faire nos tâches.

Disant Nagumo en s’occupant des cartes.

Ishikura — Si je me souviens bien, Sudou est de la classe D non ? Qui est de la classe D ici ?

Demandait Ishikura en s’adressant aux seconde pendant le mélange des cartes.

Yukimura — Ahh, c’est nous, on est les camarades de Sudou.

Disait Keisei en me regardant. Puis il ajouta.

Yukimura — Je précise juste, ce mois-ci, nous sommes entrés en classe C.

Généralement les élèves d’une année s’en fichaient de ce qu’il se passait dans les autres années, mais Ishikura en entendant ça fut à la fois impressionné et surpris.

Ishikura — Donc vous êtes passés de la classe D à la classe C ? C’est impressionnant.

Yukimura— Cela dit, peu de temps après notre arrivée ici, la classe D perdit tous ses points.

Ishikura — Et vous êtes quand même parvenus jusqu’à la classe C. Vous êtes bien partis. C’est quoi votre écart avec la classe B ?

Quand Ishikura posa la question, Keisei cessa de répondre.

Ishikura — s’il vous plaît, oubliez ce que je viens de dire. Ce groupe est un mélange de toutes les classes, je n’aurais pas dû parler de ça ici.

Il s’excusa. Il était vrai que le sujet était mal choisi. Que ce soit pour Ishizaki et les autres de la classe D qui avançaient à reculons ou pour la classe B, ce n’était pas un sujet plaisant à discuter. Par conséquent, les élèves de seconde se joignirent à peine à la conversation et la plupart des discussions firent entre Nagumo et les élèves de terminale. Au quatrième round, quand quatre des six élèves avaient fini, Nagumo demanda d’arrêter.

Nagumo — Les deux joueurs qui restent sont des seconde donc ça ne sert à rien de continuer pas vrai ?

Peu importe qui gagnait, le groupe des seconde perdait quand même. Yahiko et Hashimoto remirent les cartes restantes dans la boîte. Même si on avait réussi à battre le groupe de première une fois, on avait quand même perdu trois fois. De base, nous ne devions préparer le petit-déjeuner que deux fois, mais maintenant ce nombre s’élevait à trois. Si nous perdions de nouveau, nous aurions encore plus à faire.

Hashimoto — On devrait peut-être échanger ?

Hashimoto demanda d’être remplacé par un autre élève de seconde et quitta le jeu. Vu l’ambiance, peu d’élèves avaient l’envie de jouer.

Nagumo — Je ne veux pas perdre de temps, peu importe qui c’est, venez. Toi là par exemple.

J’observai le match quand soudain Nagumo se tourna vers moi et m’appela. Bien sûr dans l’idéal je voulais refuser, mais ce n’était pas le genre de situations qui me permettait de le faire. Qu’il ait fait exprès ou non de m’appeler, il valait mieux que j’accepte.

Hashimoto — Désolé Ayanokôji. Je compte sur toi.

Moi T’inquiètes pas.

Trois joueurs de seconde avaient déjà joué alors il n’était pas étonnant que je sois le prochain.  Puis, nous étions là pour nous amuser, ce n’était qu’un jeu dans lequel on gagnait ou perdait. Une fois l’échange fait, Yahiko me demanda de mélanger les cartes ce que je fis maladroitement.

Nagumo — Bon, c’est la cinquième manche. J’aimerais battre les terminales aussi. Va falloir charbonner, les seconde.

Nagumo nous encouragea avec des mots durs. Je regardai les cartes dans ma main et réfléchis sur la situation. Plusieurs de mes cartes avaient la même valeur, mais j’avais aussi le Joker entre mes mains. Tant que je ne faisais pas quelque chose pour le renvoyer aux première ou terminale je n’avais aucune chance de gagner.

Je n’étais pas très familier avec le jeu de cartes, mais quelque chose attirait ma curiosité. D’une certaine façon, tirer le Joker dès le début était une bonne chose. Une fois le check fait, le match commença. Le jeu se passa au tour par tour, mais rien n’indiquait que j’allais perdre le Joker aussi tôt. De temps à autre un senpai mettrait la main sur mon Joker, mais le laisserait partir juste après, ce ne fut qu’au cinquième tour que le Joker fut pris de mes mains. Le senpai qui avait tiré la carte me regarda pendant un instant et reprit tout de suite son calme et continua le jeu. Cette fois-ci, Yahiko finit en premier et moi juste après lui.

Nagumo — Donc les secondes nous ont eu heh ? Ça change la donne.

Au final, il ne restait que les terminale pour s’affronter entre eux. Ce qui signifiait que tout s’était passé comme Nagumo l’espérait. Plus qu’une manche. En tant qu’élève de seconde, je voulais éviter de perdre une fois de plus.

Nagumo — Plus qu’un round.

Ishiruka — Je commence le mélange dans ce cas.

Alors qu’Ishikura se mit à mélanger les cartes, Kôenji s’adressa à Nagumo.

Kôenji — Président Nagumo.

Nagumo — Qu’est ce qu’il y a Kôenji ? Tu souhaites enfin me rejoindre ?

Kôenji — Je deviens un peu curieux. Je me ferais une idée en fonction des résultats de ce match.

Disait-il avec arrogance, mais Nagumo n’y prêta pas attention et écouta ce qu’il avait à dire.

Nagumo — Les résultats de ce match ?

Nagumo, qui jusqu’à lors regardait le mélange des cartes, jeta un coup d’œil aux participants.

Kôenji — C’est peut-être qu’un jeu, mais les seconde affrontent tout de même des ainés expérimentés. Par conséquent il est fortement possible qu’ils perdent.

Juste après Kôenji rigola et ferma ses yeux, satisfait de ses propos. De toute évidence, la majorité des personnes présentes ici n’avaient pas compris où il voulait en venir avec sa question. Uniquement les senpai semblaient avoir compris la situation. Je me mis à réfléchir sur le jeu afin de décider quoi faire. Si je comptais sur la chance j’allais perdre à coup sûr. Et si je prenais des initiatives pour éviter la défaite, je risquais d’attirer l’attention de Nagumo. Je regardai les cartes que j’avais.

L’une des cartes que j’avais était une carte dont je devais définitivement me débarrasser si je voulais gagner. C’était le Joker, signe de la défaite.

Nagumo — Je voudrais battre les seconde avec trois défaites, mais quatre ça me va aussi.

Nagumo ne disait pas ça au hasard. La manche finale tournait dans le sens des aiguilles d’une montre. Chaque joueur devait se débarrasser de deux cartes. Dans 1 minute ou 2, la partie allait se décider.

9

Tsunoda — Désolé les seconde, j’ai fini.

Le premier à avoir fini était Tsunoda. Kiriyama finit juste après lui. Il ne restait plus que nous deux joueurs de seconde et nos ainés Nagumo et Ishikura. Le Joker était dans ma main depuis le début. Au bout du compte, j’avais décidé de ne pas gagner. Je continuais à jouer en silence sans trop en faire. Yahiko finit et respira un bon coup. Peu de temps après, Ishikura termina à son tour me laissant en un contre un face à Nagumo

Nagumo — T’as pas l’air de t’amuser Ayanokôji.

Moi —  Si bien sûr, j’ai juste du mal à m’exprimer.

Nagumo  — Vraiment ? T’avais l’air plutôt pâle depuis le début. Tu avais le Joker sur toi pendant tout ce temps n’est-ce pas ?

Nagumo ne disait rien d’extraordinaire. Puisqu’on était en un contre un, s’il n’avait pas le Joker alors il savait qui l’avait.

Moi — C’est possible.

Discuter avec lui pouvait m’attirer des problèmes alors j’écartai le sujet. Je savais ce que Nagumo cherchait à faire. Pour faire court, il voulait me faire parler de la même façon qu’il avait fait parler Kôenji. J’ai calmement tendu mes deux cartes devant lui. L’une d’elle était le Joker et l’autre était la carte gagnante pour Nagumo. Il était fortement possible qu’il tire sur la carte gagnante. Non, je n’arrivais pas à comprendre l’expression sur son visage. Nagumo sourit en tirant la carte. Et puis –

Nagumo — Bien joué Ayanokôji. Maintenant t’as une issue de secours.

Nagumo prit le Joker.

Ishikura — Ça c’est une surprise. J’étais sûr que t’allais choisir la bonne carte.

Disait Ishikura assit à côté de Nagumo.

Nagumo — Un jeu de cartes n’est au final qu’une question de chance. Je perds quand je dois perdre.

Mélangeant les cartes dans sa main, il m’en tendit deux.

Nagumo — A ton tour maintenant, fais ton choix.

D’un point de vue extérieur, les chances étaient de 50/50. Sauf que ça ne s’appliquait pas à ce jeu. Ces cartes venaient d’une boite fermée, mais Nagumo était le premier à les mélanger et c’était à ce moment-là qu’il avait marqué le Joker. Il avait une technique.

Il était difficile à remarquer d’un simple coup d’œil, mais il y’avait une petite marque sur le Joker. J’avais pu le remarquer, car c’était quelque chose que j’avais prédit. Sur les cinq manches que nous avions jouées, Nagumo réussissait à trouver la bonne carte à chaque fois. Bien évidemment, puisqu’il y avait aussi des élèves de seconde qui ne connaissaient pas trop le jeu, ce n’était pas une certitude qu’il avait réussi en trichant. C’était la raison pour laquelle il parlait en termes ambigus, en parlant de groupes avec des probabilités élevées et de groupes avec des probabilités faibles. Mais les ainés… non tous ceux qui connaissaient cette technique avaient un avantage énorme. Dans tous les cas, ce n’était pas du jeu.

La carte à ma droite avait une marque sur elle ce qui m’indiquait que c’était le Joker. Il n’y avait pas de doute puisque c’était une marque faite à la va-vite qui n’était pas appliquée sur les autres cartes. Je me demandais ce qui allait se passer si je prenais l’autre carte dans cette situation. La réponse était simple. Il ne se passerait rien. J’aurais juste tiré la carte gagnante dans ce tirage de 50/50.

Moi — Je ne sais pas trop lequel est lequel donc je vais prendre au hasard.

Je disais cela, mais Nagumo mit les cartes sur le côté.

Nagumo — s’il te plaît, réfléchis avant de choisir.

Moi — Je ne pense pas qu’il est possible de trouver juste en réfléchissant.

Nagumo — J’insiste.

Il voulait vraiment que j’y réfléchisse.

Moi — D’accord, je vais y réfléchir.

Je disais cela en regardant les cartes. Bien évidemment, je ne prêtais plus vraiment attention aux cartes. Je restai silencieux pendant deux secondes puis tira sur la carte gagnante.

Moi — Je suis plutôt chanceux avec les cartes de droite. Je la choisis.

Une raison valable comme tant d’autres. Cette fois-ci Nagumo ne m’arrêta pas et je choisis la carte gagnante.

Moi — Dans ce cas, désolé.

Je disais cela en posant mes deux cartes et en déclarant ma victoire.

Ishikura — Tu as perdu, Nagumo.

Nagumo — On dirait bien. Mais bon finalement on avait prévu de cuisiner deux fois depuis le début donc ça me va.

Il disait cela en ramassant les cartes éparpillées.

Nagumo — En tout cas, c’était bien marrant. J’avais raison, Ishikura-senpai et moi on s’entend bien.

Ishikura — Je me le demande bien.

Cherchant à éviter de répondre à la courtoisie de Nagumo, Ishikura quitta la chambre.


Nagumo — Du coup on vous laisse vous occuper du petit-déj demain.

Yukimura — Compris. Merci pour cette soirée.

Keisei remercia Nagumo et les ainés quittèrent la chambre.

Ishizaki — Au final, on a pas trop parlé avec les ainés.

Je comprenais ce que voulait dire Ishizaki. Leur venue n’avait fait que nous donner un jour de plus de préparation des petits-déjeuners, rien d’autre.

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