CLASSROOM V11,75

Le premier appel

(Ayanokôji)

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Traduction : Shido
Correction : Raitei //Ayanokôji is the best
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Les vacances de printemps étaient sur le point de se terminer vu qu’il ne restait qu’un jour. Et même le soleil commençait à se coucher avant que je ne le remarque. Il était bientôt l’heure d’aller dormir.

Je me demandais ce que mes camarades ressentaient pendant cette dernière soirée des vacances. Était-ce la même mélancolie que quand un week-end se finissait et que débutait un lundi ? Ou alors, ils étaient-ils remplis d’espoir pour cette nouvelle année ? Si vous me le demandiez, j’aurais dit quelque chose de similaire… J’étais plus ou moins heureux d’aller à l’école demain ma- tin. Il y avait bien sûr beaucoup d’obstacles à l’horizon. Sans avoir besoin de mentionner le pari avec  Horikita, il y avait aussi la forte probabilité que l’élève de seconde formé à la white room mentionné par Tshukishiro se pointe. La liste des difficultés était encore longue. Mais je passais généralement une grande partie de mon temps à vivre en tant qu’élève ordinaire dans cette école. Ce n’était pas quelque chose de mauvais de passer ses vacances tranquille- ment, mais les choses qui m’épanouissaient le plus étaient celles qui étaient attendus par tous, à savoir : étudier et faire du sport. Surtout qu’il y avait du changement depuis l’année dernière.

À précisément 22 heures, mon portable sonna et je n’avais même pas besoin de confirmer qui c’était. En effet c’était Karuizawa Kei, une camarade de classe qui était maintenant devenue plus qu’une amie. Autrement dit, c’était l’appel d’une petite amie. Certes nous étions en couple depuis quelques jours déjà, mais nous n’avions pas eu de contact depuis notre officialisation. Kei n’avait probablement encore pas dû accepter notre relation. Je ne l’avais pas contactée de mon côté et avais juste attendu que les vacances de printemps se terminent. Mais le dernier jour, c’est-à-dire aujourd’hui, j’avais reçu un message à midi, me disant qu’elle voulait parler me parler au téléphone vers 22 heures. Ce moment arriva.

Karuizawa — …Ya-hoo !

Immédiatement après avoir reçu l’appel, je répondis maladroitement après une courte pause.

Moi —   Ah.

Karuizawa — Ouch, c’est dur là.

Moi — Vraiment ? Peut-être…

Si on me demandait si oui ou non c’était quelque chose que dirait un petit ami, je dirai en effet que non.

Moi — J’attendais ton appel.

Est-ce que ça faisait déjà plus petit ami ? Je pensais que oui.

Karuizawa — Eeeeh ?!

De l’autre côté, un grand cri accompagné du son de quelque chose qui tombait se fit entendre au téléphone.

Moi — Que s’est-il passé ? Tu vas bien?

Karuizawa — J-Je vais bien! J’ai juste glissé et je suis tombée de mon lit. Ouille…Aïe….

Allait-elle  vraiment  bien  ?  En  tout  cas,  elle  se  calma  après  une  grande respiration et reprit ses esprits.

Karuizawa — T’as attendu pour mon appel ?

Moi — C’est normal pour un petit ami d’attendre avec impatience un appel de sa copine, non ?

Karuizawa —   C’est, hum…vrai mais… C’est pas vraiment ton genre.

Moi — Je pense que ça compte pour nous deux.

Nous étions en tête à tête pour la première fois depuis ce fameux jour. Parfois nous disions quelque chose qui nous passait par la tête, parfois nous allions parler de sujets plus sérieux. Il était difficile de rester constant mais j’avais déci- dé de ne pas trop y penser.

Mes mots étaient-ils naturels ? Qu’en était-il de mes actions ? Je m’adonnai dans tous les cas, aux plaisirs de l’amour.

Karuizawa —  Hmmm, oui mais… Je n’ai toujours pas l’impression que c’est réel… On sort vraiment ensemble, non ?

Moi — Bien sûr que nous sortons ensemble.

Karuizawa — …Oui, bien sûr. Je savais déjà ça mais… Je croyais que si je te reparlais de ta déclaration, tu aurais dit qu’il n’y en a jamais eu. C’est pour ça que j’étais un peu longue à t’appeler, Kiyotaka.

Alors c’était ça la raison.

Karuizawa — Tu aurais pu aussi m’appeler tu sais ?

Moi — J’avais un peu envie d’attendre ton appel.

C’était un peu injuste et elle l’avait bien compris vu qu’elle était un peu morose.

Karuizawa — Ah, tu sais, je suis allée manger avec mes amies et–

Ce n’étais pas une conversation très productive, mais pour moi tout cela paraissait si nouveau et frais. Notre relation jusqu’à présent avait été celle de celui qui utilise, et de celle qui était utilisée. Ce n’était ni une relation d’amitié ni une relation de couple. Nos noms ou numéros n’étaient pas non plus sur nos portables respectifs et c’était moi qui la contactais. Les gens auraient pu dire que c’était une relation étrange mais malgré tout, cette relation était notre unique lien. Maintenant, un autre monde apparaissait devant mes yeux.

Karuizawa —  Tu m’écoutes au moins ?

Elle avait remarqué mon manque de réponse. Je lui dis que je l’écoutais et elle en fut satisfaite vu qu’elle continua à parler. C’était vraiment une conversation banale qui ne me concernait en aucun cas. Mais je ne m’attendais pas à trouver ce genre de conversation amusant.

Karuizawa — Au fait, Kiyotaka… Hmm…tu n’as rien à me dire aussi ?

Elle n’avait pas l’air satisfaite d’être la seule à trouver des sujets de conversation, d’où sa question. Honnêtement, ce genre de choses était un peu trop pour moi. Enfin… Disons que je savais que j’étais nul pour élaborer des sujets mais c’était l’occasion de faire des efforts.

Moi — Voyons voir…

Je me demandais combien de temps j’avais parlé. J’étais un peu surpris de voir à quel point j’avais parlé de toutes ces choses triviales, ce que je n’avais jamais fait avant. C’était des choses que n’importe qui trouverait inintéressant. Mais Kei écoutait tout amusée. Parfois elle rigolait, d’autres fois, elle me taquinait. Et puis arriva ce qui devait arriver. Le marchand de sable allait bientôt lâcher ses grains somnolents sur moi tandis que je regardais l’horloge. Il était presque 23 heures. Ce qui voulait dire qu’on avait parlé pendant près d’une heure. Il n’était pas exagéré de dire que c’était notre appel le plus long.

Moi — On devrait probablement bientôt raccrocher.

Surtout avec ce qui nous attendait demain.

Karuizawa — Ouais.

Elle avait l’air d’avoir compris, vu qu’elle ne s’était pas opposée à l’idée.

Karuizawa — On se voit demain. Bonne nuit, Kiyotaka.

Moi — Bonne nuit, Kei.

Après s’être appelés par nos prénoms, nous en restâmes là.

Karuizawa —   Eh bien—

Elle dit cela à la fin, avant de mettre fin à l’appel.

Moi — Oui ?

Karuizawa —   C’est que, c’est un peu dur pour moi d’arrêter…

Elle s’exprima de plus belle.

Karuizawa —   … Donc, tu peux le faire à ma place ?

Moi — Compris.

J’appuyai sur le bouton pour mettre fin à l’appel sans la moindre hésitation.

Moi — Bon bien, il est temps que je me prépare avant d’aller dormir.

C’était mon intention, mais… Kei m’appela de nouveau quelques secondes après. Aurait-elle oublié de me dire quelque chose ?

Moi — Qu’est-c—–

Karuizawa — T’AS PAS GENRE, HÉSITÉ UN PEU ?

Son hurlement fit que je tendis mon portable loin de mon oreille par réflexe. Mais je l’entendais quand même clairement.

Karuizawa — Je sais pas moi… Tu pourrais pas te montrer un peu hésitant ?

Moi — En quoi ce serait normal d’hésiter de mettre fin à un appel ?

Il fallait nous préparer pour la rentrée, elle, comme pour moi mais Kei n’avait aimé la manière dont j’avais mis fin à notre conversation.

Karuizawa — M-mais, on s’amusait bien non ?

Moi — Oui. C’est la première fois que je m’amusais de cette manière.

Karuizawa — Ben voilà. T’es pas un peu triste de t’arrêter là ?

Si elle voulait dire qu’elle voulait parler plus, et que l’heure le permettait, pour- quoi pas.

Moi — Un peu.

Karuizawa — Mon œil oui !

N’acceptant pas ma réponse, elle continua les dents serrées. C’était une bonne idée de ne pas mettre mon téléphone trop proche de mon oreille. J’avais l’im- pression d’avoir touché juste vu qu’elle continuait son petit numéro. Cette bonne atmosphère que nous avions juste avant avait disparu et je n’aimais pas ça car nous avions perdu toute l’excitation précédente. Donc c’était ce qu’ils appellent le cœur d’une femme. Dans ce cas, il me fallait un peu plus de temps pour l’analyser.

Karuizawa — Huff, puff… Ah, je me sens mieux.

Après avoir évacué tout cela et tout abandonné, elle semblait avoir regagné le contrôle de ses sentiments.

Moi — Donc… Que dois-je faire ? Karuizawa — À propos de quoi ? Moi — Il est presque 23:15, tu sais.

Karuizawa — Ah…

Elle avait beau essayer de retarder les choses, le temps lui, continuait de s’écouler tandis que je regardais l’horloge.

Moi — Peut-être que ce serait plutôt à toi de raccrocher Kei.

Karuizawa — Peut-être….

Elle ne semblait pas vouloir y mettre un terme malgré tout.

Karuizawa — C’est à toi de le faire mais fais-le proprement cette fois, ok ?

Moi — Proprement ?

Je venais justement de recevoir une tâche inattendue et ingrate.

Karuizawa — Exactement ! De sorte que je ne sois pas en colère. T’as pas envie de réaliser le souhait de ta petite amie toute mimi ?

Elle usa un ton moqueur comme pour me montrer qu’elle avait le dessus.

Moi — Un souhait ? Toute mimi ? Karuizawa — Quoi ? T’as un souci ?

Moi — Non, pas du tout.

Je me levai et me dirigeai vers mon ordinateur. Je pouvais trouver quelque in- dice sur internet.

Karuizawa — Pour info, rechercher sur internet ne te fera aucun bien. J’écoute attentivement, donc je serai au courant si tu le fais.

J’avais l’impression qu’elle m’espionnait. Elle m’avait cerné. J’étais franchement admiratif car elle n’était en rien une fille qui se laissait faire. Dans ce cas, la seule option pour moi était de me frayer un chemin avec ma propre force. C’était une épreuve pour moi qui avais voulu que cette relation commence.

Moi — Voyons voir.

J’allais me lancer après une courte pause. Le temps de réfléchir à une bonne raison pour avoir arrêté cet appel de cette manière pour ne pas la froisser.

Moi — Oui, j’ai raccroché sans hésitation mais ce n’est pas contre toi.

Quelles étaient les meilleurs mots pour en finir ? J’avais dit en tout cas ce que je pensais à voix haute.

Moi — C’est un peu triste de terminer cette conversation c’est sûr mais ça veut juste dire qu’on se verra demain, tu ne crois pas ?

Karuizawa — …Oui. Je veux aussi te voir Kiyotaka…

Ça faisait quelque temps depuis ma déclaration. Naturellement, le désir de se voir pour nous deux devenait de plus en plus fort.

Moi — C’est pourquoi nous devons laisser le temps reprendre son cours. Ça me va aussi de parler tard le soir mais aujourd’hui ne s’arrêterait jamais si on continuait. Il faut savoir aller à notre rythme.

Karuizawa — Oui…

Moi — Je pense que je veux te voir. Voilà la raison pour laquelle je n’ai pas hésité à mettre fin à notre conversation.

Karuizawa — …Je vois. C’était donc pour ça. Moi — Tu me suis ?

Karuizawa — Eh bien, oui. Je laisse passer pour cette fois.

Elle n’avait plus l’air si mécontente. Je pouvais entrevoir son hochement de tête à travers le haut-parleur.

Moi — Vu que tu trouves ça difficile, je vais terminer l’appel pour toi. Ça te va ?

Karuizawa — Je comprends. On ne pourra peut-être pas avoir la chance de se parler demain à l’école mais… J’attends avec impatience ce moment.

Moi — Idem.

En suivant le flot de la conversation, j’appuyais sur le bouton pour arrêter l’ap- pel. Elle ne me rappela pas de nouveau, bien évidemment.

Notre relation avait changé, mais Kei avait décidé de la garder cachée pour l’ins- tant. Ainsi, nos chances de se parler directement à l’école étaient limitées tant que notre relation n’était pas rendue publique.

Mais s’échanger des regards de temps en temps restait possible. Au moins, les vacances de printemps se terminaient sans encombre.

Ma nouvelle vie scolaire allait commencer demain. Si seulement elle pouvait être calme. Ce souhait qui était mien n’avait pas changé, même maintenant.

Mais se laisser emporter par le courant dans un petit bateau que ce soit pour les cours, le sport ou l’amour et ce, vers l’inconnu…

C’était aussi le charme de la vie estudiantine.

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