CLASSROOM V11,5 : BONUS


HISTOIRES COURTES VOL.11,5

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Traduction : Nova
Correction : Raitei // Ayanokôji is the best
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Mot de l’auteur                                                       

Cela fait 4 mois, comme la dernière fois. C’est votre KinuKinu1 préféré ! C’est la première année de l’ère Reiwa, alors comment allez-vous ? Moi perso, je suis très motivé. D’accord, je vais parler de ce que j’ai fait récemment, mais je n’ai rien fait d’autre que travailler, sauf un week-end où je suis allé faire du kayak. L’automne est un bon moment pour prendre des vacances, j’ai vraiment envie de faire un tour en voiture pour une nuit aux sources chaudes, mais ce n’est qu’une idée. Pour l’instant, la seule chose que je peux faire, c’est continuer à travailler.

En parlant de ça, je n’ai pas visité de sanctuaire depuis 1 ou 2 ans. Bien que ce ne soit qu’une information insignifiante, récemment, j’ai l’impression de vieillir. À l’époque, j’étais un expert en informatique et en technologie, mais comme la technologie des téléphones portables est de plus en plus avancée, je me suis rendu compte que je n’étais pas capable de les utiliser aussi bien. Maintenant c’est trop compliqué, et je n’ai aucune idée de l’utilité de toutes ces fonctions. À part les trucs de base de l’application, je n’utilise pas le reste et fais les gros yeux ! En me regardant objectivement, je remarque que je deviens aussi lent que ce genre d’adulte qui n’est pas doué pour utiliser la technologie. Même quand je conduis, il y a toujours des fonctions et des boutons que je ne sais pas utiliser… Ahhhh….. Oui, je n’arrive pas à suivre ces temps de changement. C’est comme ça !

Et donc ainsi s’achève l’année de 2nde. Ça m’a semblé long, et en y repensant, c’est dingue comment le temps passe vite. L’histoire d’Ayanokôji, et des amis qui l’entourent… Bien que ce tome n’en était qu’un parmi tant d’autres, j’espère que chacun pourra voir les différents changements qui s’opèrent. Et à partir du prochain volume, l’arc tant attendu de la 2ème année débutera. Si la confrontation et la bataille entre les classes sera toujours là, je prévois aussi de plus utiliser les terminale et les 2nde de l’année prochaine. Il y aura donc encore plus d’intrigues, et même si la quantité d’informations augmentera j’espère que vous arriverez à suivre ! Le travail sur les illustrations progresse, et les couvertures avant et arrière sont déjà en production.

1 Surnom de l’auteur (KINUgasa Shougo)

La personne qui était devenue chère à mon coeur

(Karuizawa)     

Je finis de me changer et pris mon téléphone, légèrement pensive.

Moi Bon sang… qu’est-ce qu’il y a maintenant ?

Je me préparais quand je reçus un appel. Un numéro de téléphone inconnu à 11 chiffres qui n’était pas dans ma liste de contacts. Je savais évidemment qui c’était. C’était Kiyotaka. La scène entre lui et Hiyori-san me revint en tête.

Après tout, il était libre de traîner avec qui il voulait. Notre relation n’avait rien de spécial hein. Mais quand même…

Moi Ah, ça suffit ! Pourquoi quelqu’un comme lui me travaille autant ?

J’arrêtai de trop me prendre la tête et me préparais à répondre. J’avais prévu de manger avec Ishikura-san et Sonoda-san, donc ça allait être une bonne journée ensuite !

Ayanokôji C’est moi, désolé de te déranger.

Je me retins un temps et repris mon calme.

Moi T’inquiète. Quoi ?

Ayanokôji Enfin, toi tu n’as pas l’air de très bonne humeur.

Moi  —    Hein ?  Non  pas  du  tout.  Je  voulais  te  demander  un  truc d’ailleurs…

Ayanokôji Pourquoi je ne t’ai pas trop appelé dernièrement ?

Si tu as compris cela, alors fais au moins un récap’ ! Oups, je devrais garder ça pour moi…

Moi Tu sembles avoir compris. Donc… Qu’est-ce qu’il y a ? Tu voulais juste m’appeler comme ça ?

Ayanokôji Est-ce qu’on pourrait se voir pour en parler en direct ?

Moi Hein ?

Ayanokôji Tu te souviens de la chose que je devais te dire si ça me revenais ? Et bien ça m’est revenu… Pourrais-tu venir chez moi ?

Qu’est-ce qu’il y a ?… Tu me contactes 10 ans après et maintenant tu veux me parler ? Et dans ta chambre ?

Moi Bon sang… Tu fais toujours comme ça t’arrange… Ok, ça marche, mais je te laisserai gérer les rumeurs si on me voit. D’accord ?

Cela deviendra un problème si on me voit essayer d’entrer seul dans la chambre d’un garçon.

Ayanokôji Ne t’inquiète pas pour ça.

S’il le disait… Pourquoi s’inquiéter ?

Moi —  J’ai compris. Ah, j’ai quelque chose de prévu pour 19h, alors ce serait bien que ça ne prenne pas trop de temps.

Ayanokôji Ce sera court. Probablement entre 10 et 20 minutes.

Moi C’est bon pour moi alors. À plus tard.

Je mis fin à l’appel et je soupirai. Je me sentais soulagé que l’appel n’ait pas tourné au vinaigre.

Moi Pourquoi mon cœur est chamboulé par un type comme lui ?

Ça ne m’enchante pas vraiment de me servir de lui mais bon… C’est un bouclier pour me protéger. Juste ça, oui. Je ne peux rien y faire.

Moi …Ce n’est rien de plus, pas vrai ?

1

Je me préparais à aller le voir. Ensuite, un bon repas m’attendait ! Alors je voulais en finir rapidement.

Mais, à mon avis, il semblait étrangement calme.

Moi Alors, qu’est-ce que c’est ?

Ne me dites pas qu’il a oublié ce qu’il voulait me dire ?

Sa réponse, lorsque j’essayais de surmonter cette gêne, a été…

Ayanokôji Comment ça ?

Une réponse évasive. Ce qui m’énerva légèrement.

Moi Qu’est-ce que tu veux dire ? C’est toi qui disais t’être souvenu…

Ayanokôji Maintenant que tu le dis, oui, je suppose que c’est vrai.

Moi ……

Je pensais qu’il allait se remettre à parler, mais il se tut et le silence revint.

Moi Oh allez, qu’est-ce qu’il y a ?

Ayanokôji Eh bien, tu n’as pas besoin d’être si pressée.

Moi —  Je suis presque sûre de l’avoir mentionné, non ? Je mange avec mes amies à 19 heures au centre commercial Keyaki. Tu comprends ?

Ayanokôji On a encore le temps, ça va.

Moi Hmm, tu me donnes la chair de poule, tu sais ? Ce que tu fais n’a aucun sens depuis tout à l’heure…

Ce n’était pas son genre de tourner autour du pot. Il était normalement du genre très direct, à rentrer dans le lard littéralement. C’était du moins l’impression que j’avais de lui. D’ailleurs c’était ce qui lui donnait cette aura habituelle, couplée à son calme légendaire. Comment dire ? Il était si mature malgré le fait que nous ayons le même âge. Ou plutôt cool. Cette partie de lui était pour ainsi dire séduisante.

Non, non, non. Je suis en colère. Pourquoi je me mets à lui faire des compliments ?

Moi …Oh au fait. J’ai quelque chose à te dire également.

Je n’aimais pas qu’il ne soit pas lui-même, alors je changeai de sujet.

Ayanokôji Ah, vraiment ?

Moi Satô-san soupçonne ma relation avec toi, tu sais ?

Je pouvais parfois mener la danse. Prendre des initiatives peut être bon pour éviter les situations gênantes, de temps en temps.

Ayanokôji Je pensais plutôt qu’elle allait me détester après que je l’ai rejetée. Quels soupçons ?

Oui, on pouvait se dire qu’elle allait le détester, mais ce n’était pas du tout le cas. Il semblait avoir besoin d’une petite leçon de romance tant il était à l’ouest par rapport à d’autres jeunes de notre âge. C’était ce qui me stressait un peu d’ailleurs.

Moi Elle pense que j’ai peut-être rompu avec Hirata pour sortir avec toi. Elle a essayé de me poser des questions à ce sujet de façon détournée.

C’était à propos d’un garçon qu’elle aimait bien, donc bien sûr qu’elle allait remarquer quelque chose. Notamment que je n’étais pas indifférente.

Moi Je l’ai réfuté, bien sûr, mais je ne sais pas si elle m’a crue.

Si elle savait… Je pense qu’elle m’aurait maudite à vie. Et je l’aurais comprise, franchement.

Ayanokôji Je vois. J’ai aussi eu une conversation similaire.

Moi Quoi ? Ah bon ? Avec qui ? Je me le demandais.

Ayanokôji Matsushita se méfiait un peu de toi et moi. Elle m’a demandé s’il y avait un truc entre nous.

Hein ? Matsushita ? Par Matsushita, il voulait dire celle de notre classe ? Je paniquai en entendant son nom.

Moi Quoi ? Pas possible, hein ? Vraiment ? C’est une blague ?

Il hocha légèrement la tête et parla des événements qui avaient conduit à cela mais… Pour résumer, elle avait commencé à soupçonner ses capacités réelles pendant l’examen spécial ?

Moi A-attends un peu ! Je ne peux pas suivre le rythme !

C’était déjà assez dur avec Satô seule. Et maintenant, Matsushita aussi ? Rholala, la fatigue…

Moi Je pense que ça devient risqué… Tu as une idée ?

Il devait encore être possible de calmer la situation si je dissipais le malentendu.

Mais il me répondit de façon assez étonnante…

Ayanokôji Et si on ignorait tout ça ?

Il choisit la pire option avec cette expression blasée.

Moi Non, non, ce n’est pas bien ! Surtout que notre relation… n’a rien de spécial à la base !

C’était moi qui avais le plus à perdre si je faisais comme si de rien n’était !

Ayanokôji Ça te dérange tant que ça que les autres y croient ? Disons que si une rumeur se repend, laissons-la, d’accord ?

Moi Quoi ? La laisser dire ce qu’elle veut ? Pas moyen ! Dis-lui tout de suite qu’il n’y a rien entre nous !

Quelle que soit la vérité, l’important était de savoir comment la transmettre à l’autre personne. Je voulais éviter à tout prix de détruire la paix dans la classe. Est-ce qu’il pensait qu’il  n’y avait aucun problème  puisqu’il pouvait me protéger physiquement ? Et bien il avait tort. La paix de l’esprit est également importante.

Ayanokôji Cela pourrait produire l’effet inverse si j’essayais de l’expliquer à Matsushita maintenant.

Moi T’aurais dû le savoir dès le début, n’est-ce pas ? Pourquoi t’as fait le con là ?

Ayanokôji Peu importe comment je l’ai expliqué, cela ne changerait rien. Satô soupçonne quelque chose entre nous. Comme elle est proche de Matsushita, elles vont forcément en parler entre elles… Elles l’ont sûrement déjà fait, d’ailleurs.

Moi …Oui, c’est pas faux…

Je ne pouvais tirer aucun bénéfice de pareilles rumeurs. Si au moins on sortait vraiment ensemble au moins, alors, eh bien …

Moi Je veux dire… Ils vont pas penser que j’ai rompu avec Hirata-kun pour sortir avec toi à la place ? C’est pas très bon pour moi si ce genre de bruit circule, et tu le sais.

Ayanokôji Pourquoi ça devrait t’inquiéter ?

Il n’allait pas comprendre, peu importe comment je le tournais.

Moi Écoute-moi bien. Si une telle rumeur se répandait, elle m’affecterait à partir de maintenant.

Qu’est-ce qui se passait dans le crâne de ce garçon ignorant sur l’amour ? Pas étonnant qu’il n’avait pas remarqué les sentiments que Satô et moi avions pour lui.

Moi Pour faire simple, c’est difficile d’être approché par le sexe opposé si on me croit avec quelqu’un.

Je le pointai du doigt.

Ayanokôji Alors tu dis que tu veux trouver un nouveau mec et que je suis un obstacle ?

Moi En quelque sorte…

Honnêtement, je ne pensais pas me trouver un autre petit ami maintenant, mais on ne savait jamais.

Il semblait avoir compris le message, alors je poursuivais. Je commençais à penser qu’il faisait semblant d’être stupide mais, maintenant qu’on en parlait, Je me rappelai cette scène une fois de plus. De Hiyori-san et lui discutant joyeusement au café.

Moi — Est-ce que tu comprends vraiment ? Bon, je continue.

Puisque nous nous étions retrouvés ici, autant tout déballer. Il avait soi-disant quelque chose à me dire mais il s’était contenté de me regarder comme un pot de fleurs. Il n’y avait pas moyen que je parte sans avoir tiré ça au clair.

Moi Tu… Es-tu proche de cette Shiina ? Ayanokôji Shiina ? Ah, tu veux dire Hiyori ? Moi Hiyo…

Il prononça si facilement son prénom.

Eh bien… Il est libre d’appeler les autres filles par leur prénom, comme moi.

Puis tous les membres de ce groupe dont il était si proche s’appelaient ainsi, paraissait-il. Mais, Shiina-san était un cas un peu différent… Quand même !

Ayanokôji Nous sommes assez mordus de lecture, donc je suppose que nous avons pas mal en commun elle et moi. Pourquoi ?

M- même passe-temps… L-lire des livres ? Tout le contraire de moi en fait.

Moi —  M-même passe-temps… L-lire des livres ? Tout le contraire de moi en fait.

Merde. J’avais pensé à voix haute.

Ayanokôji Et alors ?

Il me faisait face avec nonchalance, comme s’il me demandait pourquoi je lui demandais tout ça.

Moi …Non, je veux dire… Argh ! J’ai oublié quoi dire !

Je n’avais rien d’autre à dire à ce sujet. J’essayai donc de meubler tant bien que mal.

Moi —  Si les rumeurs sur toi et moi devaient se répandre… Il te serait plus difficile de te rapprocher de Shiina-san, n’est-ce pas ?

Il y avait une partie de moi qui voulait secrètement le voir nier.

Ayanokôji Je vois. Tu marques un point.

Mais il ne le nia pas. Au contraire, il semblait on ne peut plus d’accord.

Moi Non pas que je m’en soucie vraiment. Tu es libre de te rapprocher de qui tu veux d’ailleurs.

Je lui tournai le dos comme si j’essayais de m’enfuir. Je n’en pouvais plus… J’étais sur le point d’exploser.

Moi Désolée mais, est-ce que… On pourrait remettre cette conversation à plus tard ? Je veux aller au centre commercial Keyaki un peu plus tôt. Il y aura peut-être des  garçons d’autres classes qui viendront aussi. Je vais chasser les rumeurs donc je dois me mettre dans l’ambiance… Je n’ai pas le temps de m’occuper de ton cas.

Je ne savais pas quoi lui dire d’autre si je restais ici. Je n’avais aucune idée de ce qu’il pensait. Je ne comprenais tout simplement pas.

Ayanokôji Carrément !

Moi —   Je cherche un nouveau petit ami depuis que j’ai rompu avec Hirata-kun. Tu as un problème avec ça ?

C’était juste un rassemblement de filles qui mangeaient ensemble, mais ça me faisait plaisir d’en rajouter.

Ayanokôji Pas du tout.

Moi …N’est-ce pas ? Donc je m’en vais là.

Il se leva d’un coup, comme s’il essayait de me courir après.

Ayanokôji Hé.

Rien que de savoir qu’il me regardait encore me mettait mal à l’aise.

Ayanokôji Kei.

Il m’appela par mon prénom. Mon cœur était mis à rude épreuve.

Moi Quoi, encore ?

Pourquoi suis-je la seule qui semble affectée dans tout ça ?

Ayanokôji Si tu ne veux pas, c’est bien que tu élargisses tes horizons. Mais…

Pourquoi suis-je la seule… qui…

Moi Quoi ?

Ayanokôji Veux-tu sortir avec moi ?

Moi Hein ?

Je fronçai les sourcils et me retournai, pas certaine d’avoir tout compris.

Moi Qu’est-ce que tu as dit ? Pardon ?

Il n’avait pas compris que je n’avais pas le temps, là ?!

Ayanokôji Je t’ai demandé si tu voulais sortir avec moi.

Avec moi ? Où est-ce qu’il veut qu’on aille ?

Moi Non… enfin…Pourquoi tu voudrais qu’on parte quelq….

« Sortir ». Hmm… ? Une petite minute…

La façon dont il me regardait, ce regard, cette prestance…

Moi —  At-tt, eh, qu-quoi !? C’est quoi cette blague. C’est de mauvais goût, même toi tu peux faire mieux !!

Ayanokôji Sous réserve que ce soit une blague.

Oui, si c’était une blague, jamais je ne le lui aurais pardonné. Jouer au ping- pong avec mon cœur et me dire tout ça comme ça…

Moi —   Mais tu n’as pas parlé de te rapprocher de Shiina-san tout à l’heure ?

Ayanokôji Je n’étais pas sérieux.

Moi Mais… L’autre jour…

N’es-tu pas devenu intime avec Shiina-san récemment…?

Mais les mots suivants de Kiyotaka me coupèrent la parole.

Ayanokôji C’était simplement, eh bien… Je voulais voir si tu allais être jalouse. Je suppose.

Alors… alors il n’y avait vraiment rien entre lui et Shiina-san ? En d’autres termes, il voulait voir ma réaction ? Alors, bon, Kiyotaka était, en gros, eh…

Moi —    Si tu te fous de ma gueule, c’est la dernière chance de te reprendre… Tu le sais, n’est-ce pas ?

Le  voir  se  payer  ma  tête  comme  ça  était  une  énorme  honte  et  un déshonneur. Notre lien n’y aurait probablement pas survécu.

En vérité, je ne savais pas quoi répondre. Peut-être que j’aurais voulu que ce soit une blague car… Ça impliquait que je réponde aussi !!!!

Ayanokôji Bien sûr, ce n’est pas une blague. Puis-je entendre ta répondre ?

Ce n’est pas… une blague ? Donc tu es très sérieux, là ?

Finalement, Kiyotaka avait fini par m’apprécier ? Trop d’informations d’un coup dans ma tête. C’était la saturation totale.

Moi …T-t-t-u me demandes ça comme ça !?

Quelque chose en moi se mit en marche et je commençai à paniquer, à faire un peu de bruit.

Ayanokôji Comme je l’ai dit plus tôt, tu peux détourner le regard, me rejeter, tu peux faire ce que tu veux…

Moi Je n’ai pas dit que j’allais t’ignorer ! Mais pourquoi ?

Ayanokôji Par pourquoi, tu veux dire …?

Moi —   Eh bien, c’est-à-dire moi… je veux dire… au fait, pourquoi aujourd’hui… ?

C’était si soudain. Toute la frustration accumulée jusqu’à présent avait été balayée d’un seul coup.

Ayanokôji Je me demande pourquoi. Je ne suis pas sûr de pouvoir l’expliquer comme il faut. Mais il y a un truc… Je ne veux pas qu’un autre gars t’ait comme petite-amie.

Mon mensonge avait donc pris forme d’une manière très improbable dans son cœur ?

Moi Alors tu veux dire… tu, tu m’aimes… moi… comme je suis ?

J’ai essayé de le mettre en mots, d’essayer de le confirmer. Il le fallait. Je voulais entendre sa réponse directe à ça, de mes oreilles.

Ayanokôji Oui, j’aime Kei Karuizawa.

« J’aime Kei Karuizawa ».

« J’aime Kei Karuizawa ».

« J’aime Kei Karuizawa ». Mais bordel !!!!

Sa voix résonnait dans mon cerveau comme le son d’une cloche.

Ayanokôji Alors. Ta réponse ?

Une réponse ? C’est quoi une réponse ? Que devais-je répondre à quelqu’un qui se déclarait ? « Moi aussi je t’aime », c’est quand même assez embarrassant… Puis lui répondre n’allait pas définitivement modifier notre relation ? Je voulais répondre, mais la panique, l’agonie, ma tête court-circuita, tout simplement…

Non, allez. Je devais l’admettre. Que j’aimais Kiyotaka depuis longtemps. Mais j’avais toujours pensé que notre relation ne changerait pas, qu’elle allait rester ainsi pour toujours. Mais j’avais tort.

Moi Je te laisserai sortir… avec moi.

Je faisais une déclaration à demi-mot. Mais, lui, était calme, il ne pleurait pas, ne souriait pas. Il semblait juste très déterminé.

Ayanokôji Est-ce que je dois prendre ça pour un oui ? Mais il ne semblait pas satisfait. Comme s’il voulait autre chose.

Moi Tu veux que je te le dise ?

Ayanokôji Oui, je veux que tu le dises.

Pas question. Ah, je ne me suis pas prête du tout !! Si j’avais su, j’aurais fait plus d’efforts… Au moins j’étais apprêtée vu que je devais voir mes copines après… C’était déjà ça.

Mais je devais lui répondre. Garçon comme fille, il faut toujours être clair en répondant aux sentiments de quelqu’un.

Moi …Eh bien, tu sais ? Je veux dire, tu sais… j’aime bien… en quelque sorte… en quelque sorte…

J’essayais vraiment d’être cool, mais je parlais si doucement que c’en était inaudible. Je n’aimais pas ma faiblesse, alors j’ajoutai quelques mots.

Moi —    Je suis aussi… comme… tombée dans le panneau… C’est frustrant mais… je l’admets, je l’admets !

C’est vrai. Je le regardai dans les yeux. Lui tendit les mains et saisit doucement les miennes.

Moi A-attends ! Ne dis pas que tu voulais m’embrasser !?

Ayanokôji Non. Pas encore.

« Pas encore », comment ça ?! A-ahem. C’était certainement trop tôt, je veux dire. Un baiser maintenant, quand mon cœur ne se calme pas, serait… juste…

Puis il m’embrassa en silence. Son grand corps…Je sentais ses bras puissants me toucher.

Ayanokôji Ça devrait aller, n’est-ce pas ?

Moi Eh bien, si ce n’est que ça…

Alors qu’il me tenait dans ses bras, je me disais qu’il avait un peu grandi.

Moi Hé, tu n’as pas grandi ?

Ayanokôji Peut-être bien, oui.

À partir d’aujourd’hui, lui et moi avions commencé à cheminer dans une aventure amoureuse. C’était incroyable.

Jusqu’où s’étendait ce chemin du bonheur ?

Est-ce que ce chemin allait continuer pour toujours ?… C’est…

En lisant des livres

(Hiyori)                                                                      

C’était au début des vacances de printemps. Je portais mes vêtements décontractés et me dirigeais vers le centre commercial de Keyaki.

Moi — Salut, Ayanokôji-kun !

Et là, juste devant moi, il y avait un élève d’une autre classe. Je trouvais ça assez exceptionnel qu’on se prenne un café.

Ayanokôji — Tu es en avance.

Moi — Je n’ai pas le droit d’être en retard puisque c’est moi qui invite après tout !

Ayanokôji-kun, qui était si intelligent et si mature, était aussi détendu que d’habitude. C’est pour ça que j’avais assez bien accroché avec lui ! Pas au point d’en être amoureuse toutefois… Mais lui en tant que tel. C’est pourquoi nous avions finalement décidé de nous voir, en dehors des cours. Je n’ai pas trop d’expérience en amitié ou autre, je n’avais jamais réussi à me faire des amis proches. C’était certainement pour ça que je ne voulais pas le faire attendre, je voulais qu’il ait une bonne image de moi. Même si ce n’est pas de la romance, on dirait que j’agissais comme une fille lambda qui avait rendez- vous avec un garçon, et ça me plaisait ! Être une sorte de compagnie, une peluche… Je ne savais trop comment le définir ? J’avais hâte d’examiner cela lors de notre rencontre.

Moi — Je suis désolée de t’avoir invité si soudainement.

Bien que je l’aie contacté et que je lui aie dit, avec une certaine impatience, qu’il serait bien de se voir en début de mois, il n’avait pas l’air mécontent. Dire que je lui avais sûrement fait changer son planning.

Ayanokôji — Je n’ai rien de prévu pendant les vacances de printemps d’ailleurs, alors ne t’inquiète pas…

Moi — La bibliothèque a enfin reçu de nouveaux livres hier !

J’avais tellement envie de parler que je n’avais pas réussi à contenir mon excitation. Je lui montrai donc mon sac.

Moi — C’est pourquoi je voulais que nous partagions les informations le plus rapidement possible.

Avant que je ne m’en rende compte, nous étions arrivés au café, mais comme les vacances de printemps venaient de commencer, il y avait foule.

Ayanokôji — Il y a plus de gens ici que je ne le pensais.

Nous avons repéré une place près de la fenêtre et du comptoir, alors nous décidâmes de nous y mettre.

Moi — C’est étrange de se voir en dehors du cadre préétabli du lycée. Ayanokôji — Oui, c’est vrai.

C’était presque comme si un garçon et une fille avaient un rencard. Non, c’était précisément ça, mais y penser me gênait légèrement.

Moi — Bon, commençons… Tu veux regarder les livres que j’ai apportés avec moi ?

J’essayai de dissimuler ma gêne en sortant un livre que j’avais hâte de lui montrer. Mais ensuite je me suis rappelé qu’il y avait quelque chose dont je voulais lui parler : ma propre classe. C’était tout aussi important que le fait que je sois son ami. Même s’il finit par ne pas m’aimer, c’était quelque chose que je devais faire.

Moi — Bon, avant que nous nous mettions à parler de livres, il y a quelque chose dont je voulais parler, pourrais-je prendre un peu de ton temps ?

Je le regardai droit dans les yeux, ces yeux qui pouvaient sembler voir à travers tout, comme toujours. J’avais senti qu’un jour viendrait où nous allions nous battre l’un contre l’autre. Il allait très probablement être l’ennemi le plus dangereux que ma classe allait avoir à affronter. En le regardant dans les yeux, j’en étais devenue encore plus convaincue.

Duel psychologique

(Matsushita)                                                             

Je suivais Ayanokôji-kun discrètement en me demandant où faire une pause. J’avais trouvé un coin tranquille et, au moment où je pensais l’avoir vu disparaître, je le vis juste devant moi.

Moi — Woah ?!

Je laissai échapper un cri de surprise. Pourquoi ? C’était évident, il avait remarqué que je le suivais.

Ayanokôji — Qu’est-ce que tu me veux ?

Moi — Ce que je te veux ? Bah c’est ce que je vais dire, visiblement tu m’as grillée.

Nier aurait été encore plus suspect, il valait mieux l’admettre.

Moi — Je t’ai suivi pour une bonne raison Ayanokôji-kun.

Je ne disais pas non plus avoir été ultra fine. Mais est-ce que les gens remarquent généralement que quelqu’un les suit ? Est-ce qu’il m’avait vue ? Comme je le soupçonnais, avoir Ayanokôji-kun devant moi n’était pas normal. Je commençai a d’autant plus me méfier de lui.

Au point où nous en étions, c’était toucher ou couler. Je me sentais plutôt confiante pour un duel d’esprit.

Moi — À ton avis pourquoi est-ce que je te suis ?

J’allais poser des questions pour savoir à quel moment il m’avait remarquée.

Ayanokôji — Je ne sais pas, je ne comprends pas vraiment. Quand est- ce que tu as déjà commencé à me suivre déjà ?

Je voulais lui soutirer des informations, mais il avait réussi à me renvoyer la balle.

Moi — Juste maintenant ap- Ayanokôji — Juste maintenant ?

Ah, bon sang, il ne faisait que poser des questions si difficiles… Mais je devais rester calme. Rester calme.

Si je changeais mon rythme et que je commençais à sortir des incohérences, j’allais perdre. Et si je disais juste que je l’avais vu au moment où il parlait au directeur ? Si je lui disais que j’avais commencé à le suivre depuis le café, il allait sûrement me demander pourquoi.

Moi — Quand tu… Ah ouais, quand tu parlais avec le proviseur.

On allait la jouer comme ça.

Moi— Je t’ai vu parler avec le proviseur, que s’est-il passé ?

Ayanokôji — Il semblerait que le centre commercial soit en procédure de rénovation, c’est pourquoi il demandait à des élèves leurs avis sur ce qu’ils aimeraient voir, et ce genre de chose. Il m’a choisi par hasard.

Moi — Ah d’accord, je vois…

Oui, j’avais remarqué qu’il y avait d’autres adultes quand ils avaient commencé à discuter, donc c’était peut-être une coïncidence. Il semblait donc qu’il n’y avait aucun lien entre ses véritables capacités et le président après tout.

Ayanokôji — Alors qu’est-ce que tu veux me demander ?

Moi —  Je n’ai pas vraiment de questions. Il y a simplement des choses qui me trottent dans la tête.

Le truc avec le président n’était pas important pour moi. C’était de savoir si Ayanokôji-kun était sérieux ou non. Seulement ça.

Moi — Lors du dernier examen spécial… Tu étais le chef n’est-ce pas ?

Puisque j’avais fini par le voir, autant tout lui balancer.

Moi — Pendant le calcul mental, tu m’as donné la même réponse que Kôenji-kun.

Ce n’était pas un problème de maths qui pouvait être résolu comme ça.

Ayanokôji — Au collège, j’ai fait pas mal de calcul mental, c’est pour ça que je suis plutôt bon.

Moi — Moi aussi, mais tu n’es pas “plutôt bon”, je pense que tu as tes chances pour les compétitions nationales.

Ayanokôji — C’est juste une discipline où je suis bon. Et pour être franc, j’ai déjà participé à des compétitions nationales.

Ayanokôji-kun l’avait facilement admis.

Moi — …Sérieux ?

Ayanokôji — Ouais, il semblerait que ça te perturbe.

Il était possible que quelqu’un ne soit bon qu’en calcul mental rapide. Mais cette question nécessitait un niveau d’intelligence plutôt élevé. Et rien que le fait qu’il n’avait pas révélé être bon à ça était incroyablement suspect.

Moi — Mais du coup, tu n’aurais pas dû le dire plus tôt ?

Ayanokôji — C’est vrai mais j’imagine que tu me connais un minimum. Je ne suis pas le genre de personne qui pourrait l’annoncer au milieu de la classe. De plus, on m’a donné un point de protection ce qui m’a forcé à devenir chef. Sans oublier que notre adversaire était Sakayanagi-san de la classe A. Même si je suis bon en calcul mental, je ne savais pas si je pouvais vraiment aider alors je n’étais pas vraiment confiant.

J’avais prévu de le coincer, mais je n’arrivais pas à l’appréhender. Il répondait facilement à mes questions, il semblait si naturel et ne cherchait pas absolument à se justifier. Il est vrai que beaucoup n’ont pas confiance en eux et, par conséquent, se dévoilent assez peu aux autres. Rien ne sonnait faux dans ce qu’il disait.

Moi — C’est… possiblement vrai.

Oh, non, non ! Je suis à la ramasse !

Allez, coûte que coûte j’allais me rattraper en évoquant Hirata-kun et Karuizawa-san. Mon rythme avait peut-être été chamboulé mais je n’allais pas me laisser faire !

Une prédiction de l’avenir

(Sakayanagi)

Une fois la cérémonie de fin de trimestre terminée, tous les élèves regagnèrent leurs classes respectives pour quelques dernières explications. Me concernant, je rentrais tout de suite.

Cela dit, avec mes pieds affaiblis, je ne pouvais pas bouger aussi vite que les autres. Néanmoins, j’avais finalement réussi à retrouver cette personne qui semblait avoir été quelque peu retardée.

M. Mashima — Que fais-tu ici, Sakayanagi ?

Mashima, qui assistait à la cérémonie d’adieu pour les 3 ans, me demanda cela avec perplexité alors qu’il s’approchait.

Moi — Oh, Mashima-sensei, je vous cherchais.

M. Mashima — Que se passe-t-il ?

Moi — Oui, vous êtes sur le point de rencontrer Ayanokôji-kun et Chabashira-sensei, c’est bien ça ?

M. Mashima — Pardon?

Mashima-sensei ne l’admettrait pas. Mais je connaissais déjà les détails en fait. Depuis que j’avais donné à Ayanokôji-kun le numéro de téléphone de mon père, je m’attendais à ce que cela se produise.

Moi — Vous avez très certainement dû recevoir un message du président Sakayanagi pour rencontrer Ayanokôji-kun. Chabashira-sensei devrait elle aussi être présente, je suppose.

M. Mashima — Comment sais-tu cela ?

Moi — J’en sais juste beaucoup plus que vous ou Chabashira-sensei, c’est tout.

M. Mashima — Même si tu dis vrai, ton nom n’a pas été mentionné.

Moi — C’est parce que j’aime improviser. Pourrais-je vous accompagner

?

M. Mashima — Je n’ai malheureusement pas la permission de le faire. Cela deviendrait un problème si je t’emmenais avec moi.

Moi — Je sais où tout se passe et je viendrai dans tous les cas. Alors pourquoi ne pas y aller ensemble ? Je crois que cela ferait gagner du temps à tous.

Finalement, son autorisation était totalement accessoire.

M. Mashima — Bien. Puisque tu sembles de toute façon très renseignée. Moi — Merci beaucoup.

Je me retournai et fis un  pas vers la salle de réception. Il me rattrapa rapidement.

M. Mashima — De quoi allons-nous bien pouvoir discuter lors de cette réunion ?

Moi — De quelque chose de très, très intéressant.

Je pouvais prédire certains des futurs agissements du président intérimaire Tsukishiro. J’avais l’impression que mes journées ennuyeuses allaient devenir palpitantes juste avec ça ! Avec Mashima, nous arrivions là où Ayanokôji-kun nous attendait.

Je faisais d’une pierre deux coups : c’était l’occasion d’à la fois le voir et d’à la fois jubiler sur ce qui allait arriver !

Le second chapitre est sur le point de commencer            

Un certain jour pendant les vacances de printemps, avec le début de notre deuxième année ici.

Quelques fleurs de cerisier avaient déjà commencé à éclore, accueillant le passage de l’hiver au printemps.

Ichinose — H-Hé !!

Tandis que je regardais les cerisiers, une voix de fille se fit entendre.

Ichinose — Ici, ici ! Regarde ici, Ayanokôji-kun !

C’était une voix familière. J’avais vite compris qui c’était. Ichinose était assise sous un cerisier et me faisait signe de la main.

Moi — Tu es passée au lycée aujourd’hui ?

Elle portait son uniforme.

Ichinose — Oui, j’ai fait un petit saut au Conseil des élèves. Les 1ère m’ont dit qu’on allait avoir pas mal de boulot !

Moi — Et du coup tu profites du chemin du retour pour contempler un peu les fleurs ?

Ichinose — C’est ça ! Je crois que j’ai trouvé l’endroit parfait.

En regardant le ciel et les fleurs de cerisier entrelacées, elle plissa ses yeux avec un sourire heureux.

Moi — Je n’ai jamais vu d’aussi petites fleurs de cerisier auparavant. Elles existent donc vraiment après tout.

Cette variété de cerises s’appelle Omuro Ariake. Leur petite taille, environ 2m- 4m, est l’un de leurs traits distinctifs. L’école n’en avait pas jusqu’à l’année dernière, donc elles ont dû être déplacées de quelque part.

Ichinose — Et toi, Ayanokôji-kun ? Tu veux t’asseoir ?

Elle m’incita à m’asseoir en tapant sur l’endroit à côté d’elle. Comment dire, agir de façon si désinvolte avec les garçons, comme ça… C’était probablement une des raisons pour lesquelles elle était si populaire.

Il n’était pas interdit de s’approcher des arbres, mais il y avait un panneau d’avertissement qui disait qu’il ne fallait pas les toucher sans raison.

Je n’avais aucune excuse pour la refuser, alors je me suis assis à côté d’elle.

Ichinose — Et si on les regardait ensemble ?

Ainsi, je regardai droit devant moi comme elle le faisait.

Moi — Oh…

Ils  étaient  peut-être  petits,  mais  à  cette  distance,  ils  ne laissaient pas indifférents. De temps en temps, un coup de vent soudain faisait danser les jolis pétales de fleurs et les faisait se disperser. Nous semblions être dans un rêve…

Ichinose — C’est bien de faire un peu d’observation de fleurs de temps en temps, non?

Moi — Oui.

Pendant que nous regardions tous les deux les fleurs de cerisier, nous parlions ensemble de choses des plus banales.

Nous pouvions oublier un petit temps la bataille qui se profilait.

Ce que je réalise après un an

(Ryuuen)

C’était arrivé ce jour-là, juste avant la fin des vacances de printemps.

Je m’étais traîné jusqu’au centre commercial Keyaki. Après avoir vaincu Ichinose et réussi à ramener notre classe en classe C, j’avais décidé de me battre à nouveau avec Ayanokôji. Il me fallait trouver une stratégie béton cette fois, sinon ça allait encore foirer.

C’était pourquoi je cherchais quelqu’un qui pouvait devenir mes mains et mes jambes et se déplacer selon ma volonté. Peu importe qui. Il devait y avoir plusieurs pions utiles dans sa classe. La mienne, pour une raison ou une autre, avaient trop de ceux qui n’ont que des muscles et pas de cerveau. Ils étaient donc en quelque sorte d’excellents soldats mais avaient du mal avec des plans trop complexes.

De plus, je n’avais toujours pas complètement regagné la confiance de la classe. En ce moment, Ishizaki était le chef mais je commençais à m’ennuyer de ses talents d’acteur. La question de quand lui reprendre les rênes se posait sérieusement.

— Bonjour. Tu es tout seul aujourd’hui ?

Je m’assis à une place au centre commercial Keyaki, en attendant l’arrivée d’Ibuki et d’Ishizaki, quand j’entendis qu’on m’appelait. C’était nulle autre que Sakayanagi Arisu.

Moi — Je peux te dire la même chose. Qu’est-il arrivé à tes gardes du corps, Sakayanagi ?

Je ne voyais pas non plus Kamuro ou Hashimoto ici, ses serviteurs… non, peut- être devais-je dire ses amis ?

Sakayanagi — Fufu. Même moi, il m’arrive de sortir seule. Félicitations pour ton retour triomphal.

Moi — Pareil pour toi. Tu as battu la classe de Suzune, il paraît.

Sakayanagi — 4 victoires, 3 défaites. Un résultat serré pour un match contre une classe inférieure.

Moi — Mais tu as gagné, c’est tout ce qui compte.

Une avance de 500 points était trop importante pour être perdue en une seule année. On pouvait donc supposer qu’elle se pensait en sécurité. Ou du moins, c’est ce que les paresseux auraient pensé.

Sakayanagi — Des mots vides venant de toi. Tu veux dire que tu prévois de combler l’écart en 2 ans… non, cette année ?

Moi — Kuku, qui sait ?

Sakayanagi — Et alors ? Tu veux une tasse de thé pour que nous puissions discuter ensemble de l’année prochaine ?

Moi — Ensemble ? Je n’ai rien à te dire. Et je ne suis pas d’humeur non plus, d’accord ?

Sakayanagi — Oh, vraiment ? Pour fêter ton retour. C’est moi qui ré- gale, bien sûr.

Elle me regardait évidemment de haut, comme toujours, mais elle surveillait à chaque fois chacun de mes gestes. Elle restait sur le qui-vive, la moindre gestuelle étrange l’aurait comblée de joie. La bataille entre nous avait déjà commencé. Je pouvais jouer avec elle à tout moment.

Aujourd’hui aurait été une bataille psychologique, je n’avais pas la tête à ça.

Moi — Une autre fois.

Je me levai, cherchant un autre endroit où aller. En me voyant comme ça, elle m’appela de nouveau.

Sakayanagi — Ton aura a certainement changé. Moi — Quoi ?

Sakayanagi — Il y a un an, tu me regardais avec une inimitié totale dans les yeux. Tu ne ressembles certainement pas à cette même personne pour moi.

Je ris, l’air de dire « comme si ». Le même sourire apparut sur son visage. Alors elle croyait que je la regardais avec douceur en ce moment-même ?

Sakayanagi — Je ne suis pas dupe, hein. Mais il est évident que c’est un peu différent.

Il semblait que je n’avais pas tout à fait compris où elle avait voulu en venir, au départ.

Sakayanagi — Je ne pensais même pas que tu étais digne d’être mon adversaire juste après notre entrée à l’école, mais il semble que ce soit différent maintenant.

Moi — C’est stupide, Sakayanagi. Tu ne te surestimes pas un peu, hein ? Mon principe est de gagner, peu importe les méthodes. Je peux te mettre à terre ici et maintenant si je veux, tu vois ? Et sache que je ne te montrerai aucune pitié, même si tu pleures.

Comme ni Hashimoto ni Kitô n’étaient là, elle n’était qu’une fille faible qui ne pouvait même pas battre un morveux.

Sakayanagi — Comme tu dis, je n’aurais aucune chance de gagner dans un combat physique, mais cela ne veut pas dire que tu gagnerais non plus.

Moi — Alors tu n’admettras pas une perte due à la violence juste à cause de ton handicap, hein ?

Sakayanagi — Ce n’est pas le problème. La puissance physique est aussi un facteur nécessaire à tout combat. Je dis simplement que le fait d’exercer de la violence contre moi ici ne te mènerait pas à la victoire. Après tout, beaucoup de gens et de caméras de surveillance nous observent maintenant. Cela ne se terminera pas seulement par une suspension, si tu lèves la main contre moi ici et maintenant. Moi, qui ne peux pas bouger comme je veux, je peux le dire. Ce qu’un observateur tiers considérerait comme une victoire est également un facteur important.

Moi — Logiquement, oui. Mais si je voulais utiliser la force pour mon plaisir personnel, que se passerait-il alors ?

Je fis un pas vers elle et levai légèrement le poing d’une manière un peu menaçante.

Je pense que ça aurait été un peu mignon de la voir effrayée par cela… Charmant même. Mais elle ne sembla pas inquiète du tout et elle me monta seulement son désagréable sourire.

Elle était bien trop naïve si elle pensait que je n’étais pas capable de la frap- per. Mais ce n’était pas la raison, semble-t-il. Cela ne la dérangeait pas, car être frappée ne lui aurait pas vraiment porté préjudice. C’était ce que ses yeux me disaient.

Sakayanagi — Tu as de l’intelligence, malgré les apparences. Je suis juste soulagée que tu puisses aussi calculer tes gains et tes pertes.

Même si je la frappais, elle aurait pu tourner ça à son avantage.

Sakayanagi — Je pense que le toi actuel est devenu digne de me divertir, tu entends ?

Tu dis que j’ai grandi pendant cette année ? Lol… Moi — Je n’ai pas du tout changé.

Sakayanagi — Tu es sûr de ça ? Tu as beaucoup changé à ce que je vois.

Elle persistait sur ce point malgré mon déni. Des idées stupides, je pensais… Mais, elle n’avait peut-être pas totalement tort. Peut-être j’avais changé un peu. Je pensais que je n’avais pas de place pour grandir après le collège.

Je pensais avoir complètement mûri.

Et tous les autres étaient mes outils. Je n’avais aucune empathie.

Sakyanagi — Le toi actuel n’a rien à voir avec celui d’il y a un an dans sa vision des choses.

C’est vrai… J’avais changé ma façon de voir les choses. J’avais décidé que cette école n’avait rien d’extraordinaire quand j’avais pris le contrôle de la classe C en avril dernier. J’étais conscient que Sakayanagi, qui utilisait Katsuragi comme un jouet, était assez intelligente, mais à part ça, elle ne méritait pas qu’on s’en occupe.

Je n’avais pensé qu’à la façon de repousser l’ennui en écrasant la classe B ou la classe D mais avec le recul, c’était risible. Même moi, j’ai été surpris par la motivation que j’avais eu pour essayer de remonter ma classe maintenant.

Sakyanagi — Pour moi, quelque chose d’énorme est arrivé pour te faire changer à ce point.

Son attitude et ses yeux me disaient qu’elle me testait, mais je ne montrai rien et finis par laisser tomber.

Sakyanagi — Fufu, j’attends avec impatience une nouvelle guerre cette année aussi, d’accord ?

Moi — Tu finiras par le regretter.

J’avais remarqué ceux que j’attendais. Je lui tournai le dos pour finir par m’éloigner.

Ishizaki — Yo, Ryuuen-san. C’était Sakayanagi… là ? Il s’est passé un truc ?

Ishizaki jetait des regards en arrière tout en essayant de me rattraper.

Moi — Juste une petite conversation de rien du tout.

De toute façon, j’aurais perdu du temps et de l’énergie à essayer de leur expliquer. Mais les idiots apprennent à leur manière, puisqu’il avait fermé sa gueule et n’avait pas cherché à en savoir plus.

Ishizaki — Ah, au fait, on a rencontré Ayanokôji ce matin. Il est aussi allé au Keyaki.

Moi — Je vois.

À cette heure de la journée, le nombre de places qui disponibles était limité. Le but était d’aller au 2e étage pour discuter avec une personne et ça n’allait pas durer 10 ou 20 minutes. Sortir si tôt devait signifier que la discussion était assez importante. Mais pour commencer, je vais faire en sorte que ces gars fassent les premiers pas.

Ishizaki — Au fait, Ryuuen-san, j’ai proposé un plan à Ayanokôji, mais il l’a refusé. L’avoir dans la même classe que nous pour monter en A.

Ibuki — T’es débile ou quoi ? Tu crois franchement que Ryuuen allait aimer l’idée ?

Ibuki était rebutée par l’attitude d’Ishizaki mais il ne fallait pas non plus voir ça comme une si mauvaise idée. Unir nos forces aurait eu pour effet de nous donner la victoire.

Moi — Eh bien, c’est impossible.

Ishizaki — Je vois… désolé pour ma stupide suggestion. Ibuki — Pourquoi tu nous as appelés aujourd’hui du coup ?

Moi — Je voulais parler de cette 2ème année et de ce qui va suivre. Ibuki — De ce qui suit ?

Moi — Ça n’a rien à voir avec les examens spéciaux, je compte bien écraser la classe A cette année.

Ibuki —…Pour de vrai ?

Moi — Sakayanagi ne nous laissera aucune ouverture, mais si nous laissons la classe A s’éloigner, toutes les chances que nous avons dis- paraîtront. Je ferai en sorte de les rapprocher de nous au classement et je les réduirai en miettes. Je forcerai jusqu’au bout !

Mais bon, je devais au moins m’assurer du timing de la chose.

Ibuki — Et la classe B ?

Moi — Ils s’autodétruiront si on les laisse tranquilles. Ils n’utiliseront pas de sales tours.

En d’autres termes, ils ne méritaient pas qu’on y prête attention.

Ishizaki — J’avoue, on est tranquille avec eux.

La seule exception était peut-être Kanzaki, mais il n’était pas digne d’être mon adversaire à ce stade. Qu’il ait seulement la capacité d’aboyer ou non se manifestera tôt ou tard.

Moi — C’est vrai, pas besoin de leur prêter attention, mais c’est pour ça qu’il faut aller les finir. Pour les écraser afin qu’ils ne puissent plus jamais se relever.

Et vaincre toutes les classes lui enverra aussi un signal…

1

J’attendais qu’Ayanokôji quitte le café. S’il n’était pas seul, je devais attendre la prochaine occasion que je le voulais ou non.

Ayanokôji  —  Tu  as  entendu  ça  d’Ishizaki  ?  Que  j’étais  au  centre commercial Keyaki ?

Ryuuen — Oui, je te cherchais.

Je regardai son visage qui manquait d’expression, ce qui rendait difficile de le comprendre.

Ayanokôji — Tu connais mes coordonnées. Ne serait-il pas plus facile de parler au téléphone ?

Moi — Je voulais te parler et regarder en même temps ton visage insensé et sévère.

Je ne savais rien de ce qu’il ressentait, mais c’est pourquoi il fallait le rencontrer directement. Pour l’écraser, il était essentiel de briser son mur de fer mental. De toute façon, il y a quelque chose que je devais vérifier avec lui.

Moi — Qu’est-ce que « ça » veut dire ?

Même si je lui ai demandé quelque chose de vague, il avait tout de suite com- pris. Ce que je voulais dire par « ça », c’est le message qu’il a transmis à Hiyori. J’avais gagné 5 à 2 contre Ichinose et l’avais écrasée lors du dernier examen spécial de l’année. Son mental de leader avait été profondément secoué, la pression sur ses camarades de classe s’était accentuée et certains n’ont pas pu se joindre à l’examen à cause de maux d’estomac. Il connaissait mes mé- thodes et m’avait effrontément laissé un message : « J’aurais obtenu plus de 5 victoires en utilisant une meilleure stratégie ». Après ça, j’avais tout de suite eu envie de lui parler, qu’il le voulait ou non. Il était tel un prédicateur qui ar- rivait à attirer l’attention de son auditoire.

Ayanokôji — Je veux dire ce que je voulais dire. Si j’avais été toi j’aurais vraiment fait ça plus proprement, sérieusement !

Moi — Je suis libre d’utiliser tous les moyens nécessaires.

Si j’avais utilisé d’autres méthodes et que j’avais gagné 5 fois, ce ne serait que 5 autres victoires pour moi. Il n’y avait aucune différence.

Ayanokôji — Oui. Mais je ne veux pas que ça se termine comme ça. Si tu continues tes stratégies téméraires et que tu te fais renvoyer en conséquence, je pourrais même me sentir un peu seul.

Stratégies Téméraires ? Je n’avais aucune volonté d’y aller mollo avec Ichinose. Je me contentais de faire suite à sa mauvaise blague.

Moi — Kukuku, quelle blague. Perdre contre Sakayanagi et tu es toujours aussi calme !

Le match entre la classe d’Ayanokôji et celle de Sakayanagi s’est terminé sur un score de 4 à 3, Sakayanagi menant sa classe à la victoire. Mais bien sûr, il n’était pas possible qu’il soit inférieur à elle. Puisque la particularité de cet examen limitait l’apport des chefs. Non… s’il avait été sérieux, il aurait même pu gagner n’importe quel examen  quel  que  soit  les  conditions. S’il était vraiment sérieux alors quelqu’un a dû s’interposer.

Ayanokôji — Notre classe a effectivement perdu contre Sakayanagi. Et comme j’ai servi de chef, je ne peux pas être exonéré de la responsabi- lité de l’échec. Mais Sakayanagi est-elle plus forte que moi ? Combatsla, et tu le sauras.

Moi — Est-ce que tu me sous-estimes ?

Il reconnaissait facilement son échec, mais cela m’irritait encore plus. Je m’approchai et je vis ses yeux qui manquaient de couleur.

Moi — Toi qui m’as vaincu… tu ne peux pas être plus faible que Sakayanagi.

Ayanokôji — Je te suis reconnaissant d’essayer de me remonter le mo- ral après avoir perdu, mais même si c’est moi, je ne peux pas être pares- seux et ne pas me donner à fond pendant un examen, n’est-ce pas ?

Moi — Désolé, je n’y crois pas du tout. Plutôt que de croire que tu étais sérieux pendant l’examen, il est plus crédible que tu ne t’es pas soucié de gagner ou de perdre dès le début… c’est peut-être aussi parce que l’école a fait en sorte que la classe A gagne pour sauver la face. Pour moi, c’est plus crédible.

Sa force n’était pas celle d’un élève de seconde. J’en avais fait l’expérience lors de notre combat avec mon propre corps. J’aurais même aimé savoir quel genre de vie il avait mené jusqu’à présent pour devenir ce genre de monstre.

Ayanokôji — Alors… ?  Que comptes-tu faire après ton comeback, Ryuuen ?

Moi — Ne dis pas que je suis revenu sans ma permission. J’ai l’intention de profiter des vacances encore un peu.

C’était maintenant le meilleur moment pour faire ces différents mouvements en coulisses.

Moi — Mais… Si j’en ai assez, je détruirai Ichinose et Sakayanagi pour m’échauffer.

Ayanokôji — Quel revirement !

Moi — Kukuku, en effet. Je suis moi-même choqué. Je ne m’attendais pas à pouvoir me venger de toi si tôt. Je suis en train de m’échauffer.

Ayanokôji — Alors c’est comme ça.

Il ne servait à rien d’essayer de comprendre ses intentions. Mais ce qui était clair était qu’Ayanokôji n’était pas un allié de Sakayanagi et d’Ichinose. Non, il se peut que même Suzune ne soit pas considérée comme une alliée non plus.

Ayanokôji — Je te serais reconnaissant de faire ça. Si tu es capable de détruire Ichinose et Sakayanagi, ce sera d’une grande aide. Puisque cela nous permettrait d’atteindre les classes supérieures sans problème.

Moi — Je croyais que la bataille entre les classes ne t’intéressait pas.

Ayanokôji — C’est un peu différent maintenant. Ma classe sera classée parmi les meilleures l’année prochaine, même si je ne suis pas là.

Moi — Ah ?

Même s’il n’était plus là ?

Ayanokôji — Il se peut qu’on me cible depuis l’extérieur en ce moment. Si tel est le cas, il est possible que je doive faire mes valises.

C’était une chose stupide dont il fallait s’inquiéter.

Moi — Détends-toi. La seule personne qui peut te faire expulser, c’est moi.

Je ne voyais personne quelle que soit l’année ou la classe pour l’expulser. Je finis par rire en silence à cause des pensées qui me traversaient l’esprit.

Moi — Mais…

La distance entre nous se réduisit soudainement. Je ne lui avais pas laissé le temps de faire attention, et lui assena un coup éclair.

Ayanokôji — Aha !!

Je visai l’espace juste devant ses yeux en utilisant mon pied droit sans aucune hésitation. Mais ce n’était qu’une feinte alors l’esquiver signifiait sa perte. Je lui donnai ensuite un coup de pied à la tête avec mon pied gauche sans me retenir. Cependant, il esquiva calmement le coup de pied comme s’il avait su qu’un deuxième coup allait arriver. Il n’avait fait aucun mouvement inutile. J’avais ainsi perdu tout envie de lui envoyer un troisième coup et la tension se libéra de mes muscles.

Moi — Ha, tu peux même esquiver comme ça après une attaque surprise. Quel monstre tu es !

Peu importe comment tout cela allait se dérouler, il se serait facilement défendu. Autrement dit, Je devais le frapper sans relâche en utilisant des méthodes peu orthodoxes si je voulais en venir à bout.

Ayanokôji — Et tu as quand même osé m’attaquer en premier…

Il devait me dire de me soucier de mes actions dans un endroit comme celui- là mais c’était justement pour ça que je l’avais fait. Le fait qu’un nombre incalculable de caméras aient été installées ici m’avait donné envie d’agir.

Moi — Mon instinct me dit que je devrais te manger vivant.

S’il était un tant soit peu irrité par cette attaque surprise, je le referais volontiers.

Moi — Pourquoi n’attaques-tu pas ?

J’avais essayé de le provoquer, mais il n’avait bien sûr pas bougé.

Ayanokôji — Je voulais éviter le risque de me battre avec toi ici. De plus, ce n’est pas encore le bon moment.

Moi — Haha. C’est donc ça le soi-disant calme des forts ? Tu sembles ne pas bluffer, et ça me donne la chair de poule.

Mes muscles avaient recommencé à se tendre. Peut-être que j’allais le frapper à nouveau maintenant, pensai-je, mais…

Ayanokôji — Tu as eu une chance. Grâce à elle, tu as intérêt à devenir encore plus fort, Ryuuen.

Ma tension se transforma en colère quand j’entendis ces mots. Ce n’était pas les mots utilisés quand on s’adressait à un adversaire que l’on considérait comme son égal. Exprimant ma frustration, je frappai ce fichu mur.

Moi — Devenir encore plus fort ? T’es qui, mon professeur ?

Ayanokôji — Je dis la vérité. Tu es prêt à utiliser tous les moyens nécessaires, même à t’appuyer sur des moyens méprisables et criminels pour obtenir la victoire. Et tu sais quoi ? Je n’ai absolument aucun problème avec ça. Mais essaye d’être un peu plus astucieux quoi.

Moi — Ah ?

Ayanokôji — J’ai entendu dire par Ishizaki que tu avais utilisé des laxatifs. Les droguer dans la salle de karaoké était une bonne idée, mais si la nourriture et les boissons avaient été conservées comme preuves, cela en aurait été fini de toi. C’est un acte qui t’aurait fait encourir l’expulsion sans délai. Même si cela n’a pas été découvert, un compor- tement particulier pendant l’examen suffirait à perdre la confiance qu’à l’école envers ta classe, donc à être fliqués encore plus. Ton seul salut a été qu’Ichinose ne semblait pas vouloir s’en plaindre.

Moi — Le fait qu’Ichinose soit un boulet a été pris en compte dans mes plans.

Ayanokôji — Si c’est le cas, ce n’est rien d’autre qu’une considération naïve. Tu ne me dépasseras jamais comme ça.

Moi — …Tu l’as vraiment dit.

Il avait mis en évidence la naïveté de ma stratégie.

Ayanokôji — Tu n’as pas à écouter mes conseils. Mais me battre maintenant t’est impossible.

Il dit donc que si je voulais me battre avec lui, je devais grandir ? En temps normal j’étais du genre à écraser ceux qui tentaient de me faire la morale ou de ma conseiller.

Moi — Je vais accepter ton conseil de merde maintenant. Mais un jour, je te vaincrai.

Comme il était la seule exception que j’avais reconnue, j’allais le considérer comme un adulte sur ce coup et me faire violence.

Ayanokôji — Ce n’est pas une mauvaise motivation, Ryuuen. Si je suis renvoyé à cause de toi, ce ne sera pas si mal.

2

Moi — Se faire expulser par moi ne serait pas si mal ?

C’était une chose bien absurde mais s’il le souhaitait alors soit, je ne comptais pas me gêner pour le faire. Enfin… c’est ce que j’aurais pu dire en face en temps normal mais un tel bluff n’allait pas marcher avec lui.

Jusqu’à présent, j’ai toujours défié sans crainte tous les adversaires que j’avais rencontrés. Même quelqu’un comme Albert contre qui j’avais perdu une fois était devenu docile. J’avais confiance en ma capacité à découvrir le point faible de tous les êtres humains.

Mais lui, il ne jouait pas dans la même cour. Les attaques physiques n’avaient aucun effet sur lui, sans parler des attaques psychologiques. Je n’avais pas besoin de le dire mais je n’avais jamais vu quelqu’un avec un esprit aussi vif.

Moi — Ça me fait rire quand je pense à mon ancien moi.

Une existence bien absurde s’est retrouvée dans la classe D je ne sais comment.

Mais il n’y avait pas lieu de paniquer.

Ce qui était important, ce n’est pas qui gagnait en ce moment.

Tant que  j’étais le vainqueur au moment de la remise des diplômes dans deux ans, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter.

Peu importe que nous soyons en classe A ou D… Ce sera entre Ayanokôji et moi.

Qui de nous deux finira par être le chien de chasse ou le chiot ?

J’avais juste besoin de remporter la guerre et ce, peu importe les méthodes que j’allais utiliser.

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