CLASSROOM Y2 V6 CHAPITRE 2

Le chemin inévitable

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Traduction : Lost
Correction : Kenshiro
Q-check : Nova, Raitei et Ayano the best
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Encore une fois, cette classe était soumise à de multiples difficultés en même temps. N’importe quel leader ne pouvait se contenter de rester là et d’observer alors que la situation autour de lui s’aggravait. Essayer de vouloir tout faire soi-même n’était pas un problème en soi, mais si c’était un fardeau qu’on ne pouvait porter alors c’était juste de l’idéalisme.

Non…même si nous avions la capacité de régler nos problèmes, certaines choses ne pouvaient se résoudre seul. Ce dont tout le monde avait besoin était de pouvoir compter sur ses amis, de travailler ensemble et de réussir à surmonter les obstacles en empruntant le bon chemin.

Je n’avais rien fait de particulier pour aider la classe depuis le week-end, je me contentais d’observer la situation. Alors que je finissais de regarder les nouvelles du jour sur mon portable, je décidai de quitter mon bureau un peu plus tard que les autres camarades. En sortant de la salle, une personne s’empressa de me suivre comme si elle avait attendu ce moment. Je me doutais qu’elle finirait par venir me voir pour trouver une solution.

Hirata — Hum, Kiyotaka-kun. Je me demandais si nous pouvions parler un peu plus tard dans la soirée. J’aurais besoin de discuter.

Me chuchota-t-il à l’oreille, préoccupé par la situation actuelle de la classe.

Moi J’ai prévu de voir Kei ce soir. On peut le faire maintenant ?

Je n’avais pas vraiment prévu de la voir, mais je voulais voir sa réaction.

Hirata — C’est…

C’était sûr, qu’il n’allait pas dire oui. Yôsuke faisait partie du club de football, il n’avait pas énormément de temps libre après les cours. Sachant que les activités de club allaient être temporairement suspendues à cause de l’approche du festival sportif, c’était certain qu’il voulait s’entraîner au maximum pour aider la classe.

Moi Je plaisante. Je vais dire à Kei qu’on se verra une prochaine fois.

Hirata — Oufff, merci.

Moi Tu voulais me parler d’une chose en particulier ?

Je le savais déjà, mais je demandai quand même. Il acquiesça sans hésiter.

Hirata — Oui. Il faudrait intervenir dès que possible à mon sens.

Moi Je vois. Quoi qu’il en soit, si tu es d’accord on se retrouve dans ma chambre, je vais prendre les dispositions nécessaires.

Le visage de Yôsuke se détendit et il sourit en entendant ma réponse.

Hirata — Si c’est possible, ce serait bien que Karuizawa-san puisse être là aussi, mais je ne suis pas sûr qu’elle le veuille.

Moi Kei ? À mon avis elle sera partante. Mais elle ne gênera pas ?

Hirata — J’aurais besoin de son aide pour certaines choses.

Il est vrai que Kei et son réseau de filles rendaient sa présence utile. Je n’avais pas besoin de demander à Yôsuke sur quoi aller porter leur discussion. C’était forcément à propos  de Kushida, Shinohara et Haruka. Mais ce qui était sûr c’est qu’il pouvait aider la classe à sa façon.

Moi On se rejoint dans ma chambre vers 19h30 ?

Hirata — Oui Ne t’inquiète pas. Je serai ponctuel.

Yôsuke, content de notre échange, s’en alla joyeusement à ses activités de club. Chaque fois qu’un camarade de classe avait un problème, il lui tendait la main.

Moi C’est le problème n°2 de la classe que je dois gérer avec lui.

Bien sûr, il n’y avait pas moyen d’y échapper. J’étais celui qui tendait la main à Yôsuke quand il avait des problèmes.

Ce n’était pas facile de détruire ce que l’on avait construit… C’était en quelque sorte un chemin inévitable.

Il fallait maintenant appeler Kei pour qu’elle vienne dans ma chambre vers 19h30.

1

Il était 17h30 à mon retour dans la chambre où j’attendais tranquillement l’arrivée de Yôsuke. Tout d’un coup, je reçus une notification sur mon téléphone portable.

Karuizawa On peut sortir ensemble maintenant ?

Je reçus un message de ma petite amie avec un sticker de chat mignon. Le rendez-vous avec Yôsuke devait être 19h30, il était encore tôt.

Karuizawa Ça te dit si on mange ensemble ?

Avant que je ne réponde, un autre message arriva. Elle semblait vouloir dîner avec moi. Je lui envoyai un court message disant que j’étais disponible.

Moi Bon je vais devoir cuisiner quelque chose.

J’aurais pu servir les restes d’hier, mais connaissant Kei, elle préférerait un truc rapide et à son goût. Alors que j’ouvrais le réfrigérateur et que je regardais son contenu, on sonna à la porte. Lorsque j’ouvris la porte d’entrée, je pus apercevoir Kei qui me souriait. J’étais un peu surpris, mais sans paniquer, je l’invitai à entrer. Maintenant que toute l’école était au courant de notre relation, je n’avais plus besoin de me soucier du regard des autres.

Moi Tu es arrivée rapidement.

Tout en enlevant ses chaussures, Kei entra comme à son habitude.

Karuizawa Je te textais quand j’étais déjà dans l’ascenseur.

Elle avait prévu de venir dans tous les cas, ignorant mon emploi du temps. J’arrêtai de faire la cuisine et m’assis par terre près de la table avec Kei.

Karuizawa Peut-être que c’est parce je squatte ta chambre pas mal de fois ces derniers temps, mais je commence à me sentir comme chez moi. Je suis vraiment à l’aise.

Moi Content pour toi, mais tu ne m’as jamais invité dans ta chambre.

Karuizawa Ah bon ? C’est un peu embarrassant… enfin, peut-être un jour, quand je serai prête !

Elle ne m’avait pas donné de réponse claire, mais j’étais sûr qu’elle devait avoir ses propres raisons. Quand il était question de rentrer dans la chambre d’une fille et qu’elle esquivait la question, nous pouvions évoquer un certain nombre de raisons. Bref, je ne voulais pas trop entrer dans les détails.

Moi En parlant de ça, que dit ton entourage sur notre relation ?

Karuizawa Les filles ? Je suis surprise. Je pense qu’elles l’ont bien pris. Enfin…on va dire ça.

Elle essaya de dire quelque chose, mais elle était un peu confuse. J’étais un peu curieux alors j’essayai d’approfondir la question.

Moi Que veux-tu dire ?

Karuizawa Eh bien, tu sais. Hirata-kun est très populaire comparé à toi, donc beaucoup de filles se demandent pourquoi j’ai décidé de casser avec lui pour me mettre avec toi.

Ce n’était pas étonnant d’être comparé à Hirata dans la mesure où il avait un bien meilleur profil que le mien.

Karuizawa D’une certaine manière, j’ai été affectée par ça aussi en fait… Elles pensent que c’est moi qui me suis fait plaquer.

Leur réaction était logique, car rompre avec la personne la plus populaire de la classe pour une personne banale ne pouvait qu’attirer les soupçons

Karuizawa Mais ta réputation est bien montée ces derniers temps.

 Moi Anguille[1] ? Comment tu peux faire une erreur pareille ?

Je me demandais si c’était intentionnel, mais Kei me fit un sourire.

Karuizawa Je le savais.

Moi je fais juste mon travail de tuteur.

Karuizawa Merci, t’as toute ma reconnaissance. Grâce à tes cours, j’ai de meilleures notes !

Depuis les cours de soutien de Kei, ses résultats scolaires s’étaient nettement améliorés. Au début du mois de septembre, son OAA montrait que ses performances académiques étaient passées à 48 (C). Elle avait finalement atteint le niveau d’un élève moyen. Après quelques minutes de bavardage inutile, je me levai et retournai au réfrigérateur.

Moi Je pense faire de l’omurice[2], tu en veux ?

Je demandai cela sans me retourner et Kei répondit avec joie

Karuizawa J’en veux ! J’en veux ! Avec beaucoup de ketchup s’il vous plaît, Chef !

Ce n’était pas la première fois que je faisais à Kei un repas fait maison. Depuis que nous sortions ensemble, j’avais eu l’occasion de lui servir plusieurs repas, car jusqu’à présent, elle montrait peu l’envie de cuisiner. Mais peu importe, homme ou femme, l’essentiel était de le faire avec plaisir et ça ne me dérangeait pas de cuisiner. Elle était toujours contente de manger.

Kei était capable de monopoliser la parole comme personne ce qui n’était pas mon point fort, mais cela contribuait à la bonne ambiance. Je pense que nous avions un bon équilibre pour nous soutenir mutuellement de cette manière. Je sortis les œufs, le ketchup, le poulet et le beurre du réfrigérateur. L’huile et la salade dans l’étagère, étaient les dernières choses à prendre et le riz congelé était prêt à être chauffé au micro-ondes.

Pendant ce temps, je préparais les oignons. J’aurais aimé ajouter des carottes, mais malheureusement, je n’en avais pas en stock. Alors que je posais les oignons sur la planche à découper et que je prenais le couteau, je sentis une présence derrière moi. Elle se blottit contre mon dos.

Moi Qu’est-ce que tu fais ?

Comme c’était un peu dangereux, j’arrêtai de bouger.

Karuizawa Je viens juste vérifier que tout va bien.

Kei répondit, mais comme elle était collée à mon dos, il m’était impossible de voir ce qu’elle faisait.

Karuizawa Tu peux m’ignorer. Je vais juste rester comme ça.

Moi Compris.

Je fis ce qu’elle m’avait dit et je continuais mon travail. Je coupai les oignons en cubes de 5mm sur la planche à découper. Pendant que je faisais cela, Kei restait blottie sans me lâcher. Je posai le couteau et attrapai le bol pour casser les œufs, mais à ce moment-là Kei enroula ses bras autour de ma taille et me fit un calin.

Moi Qu’est-ce que tu fais maintenant ?

Karuizawa Ce que je fais ? Hmm… ? J’observe juste la situation.

Moi J’ai l’impression que tu essaies de me faire rater le plat.

J’avais remarqué une légère diminution de mon efficacité culinaire pendant qu’elle faisait ça, mais cela n’avait pas l’air de la soucier plus que ça.

Karuizawa Je suis si heureuse. Comment ne pas l’être…

Kei murmura brièvement ces mots, tout en resserrant son étreinte encore plus fort. Elle semblait effectivement aux anges.

Karuizawa C’est un bonheur simple. On peut rêver mieux tu crois ? Acheter ce que l’on veut, regarder une émission qu’on a toujours rêvé de regarder…

Moi Ce n’est pas assez de bonheur pour moi à mon sens, mais si tu veux on peut le faire si tu en as vraiment envie.

Karuizawa Non ne t’en fais pas, je disais juste ça comme ça. Le bonheur que j’ai actuellement me suffit.

Si cela lui convenait, je n’avais pas grand-chose à ajouter.

Moi Je peux reprendre la cuisine ?

En effet, il était trop gênant de continuer dans cette position.

Karuizawa Humm, je fais quoi du coup ?

Elle me regarda dans les yeux et sourit.

Karuizawa J’ai besoin d’une récompense pour avoir été sage tu ne crois pas ?

Moi Il y a du chocolat dans le frigo.

Karuizawa Hmm… Ce n’est pas ce que je voulais dire…Y’a vraiment quelque chose qui cloche chez toi.  Je vais attendre tranquillement.

Satisfaite, Kei s’éloigna et s’assit sur le lit. À ce moment-là je pus enfin me concentrer sur la préparation de l’omurice. Kei attendit que le repas soit prêt, alternant entre son téléphone et la télévision puis nous nous assîmes autour de la table pour finir le dîner un peu plus tôt que d’habitude.

Karuizawa Au fait, à propos de Shinohara-san…

Je n’avais pas abordé de sujet particulier, mais Kei le fit.

Karuizawa Je suis d’accord que j’ai été méchante avec elle, mais à cause de la révélation de Kushida, elle me fait la tête.

Moi C’est normal je suppose.

Bien que le bon et le mauvais look soient évalués différemment selon les goûts et le sens du style de chacun en général, une personne qui se considère comme supérieure me parlera avec mépris contrairement à une personne qui se considère comme inférieure. En soit, il ne s’agissait pas d’un événement rare et cela arrivait tout le temps. En fait, il n’y a pas de mauvaise intention et il s’agissait simplement de dire ce que l’on pensait.

Moi Tu n’aimes pas Shinohara ?

Karuizawa Je ne la déteste pas du tout. Shinohara-san est plutôt intéressante et est même populaire, car elle a une énorme joie de vivre.

Moi Je vois. C’est pour ça que vous vous êtes inconsciemment amusées à parler sur Ike et elle ?

Karuizawa ….J’imagine. On riait et on disait des choses blessantes, mais le but n’était pas de lui faire du mal.

Elle marmonna avec regret, comme si elle avait l’intention de réfléchir.

Karuizawa Tu vas me détester pour avoir été si méchante ?

Moi Les autres personnes disent du mal des autres. je ne peux pas le nier en soi. Il est difficile de trouver une personne qui soit complètement remplie de bonne intention dans une certaine mesure.

« Je n’aime pas les senpais du club parce qu’ils sont trop autoritaires ». « Je déteste les professeurs autoritaires ». Il fallait bien un endroit pour se défouler, car les gens avaient du mal à garder tout en eux.

Moi En fait il faut toujours faire attention à ton entourage quand tu dis des choses comme ça, il peut y avoir des gens qui passent par là ou des gens qui écoutent aux portes

Karuizawa Des gens qui écoutent aux portes…

Moi Dire ça à quelqu’un signifie toujours que tu prends un risque.

Naturellement, ce que Kushida a dit à propos de Kei à Shinohara dut fortement la blesser. Ce n’était pas tout. Les personnes qui n’avaient pas une bonne impression de Shinohara étaient les amis de son petit ami, Ike et inversement ceux qui n’avaient pas une bonne impression de Ike étaient les amies de Shinohara. La critique maintenant avait une légitimité et une fois que la chaîne de la haine lancée, il fallait beaucoup d’efforts pour l’arrêter.

Moi Alors tu te sens pas mal à propos de ça, n’est-ce pas ?

Matsushita m’avait donné une brève explication, mais je devais aussi l’entendre de la bouche de Kei.

Karuizawa J’ai essayé de résoudre certains de nos malentendus en parlant… Mais je n’ai pas eu vraiment le temps de lui parler.

Moi Tu n’as pas eu le temps ? Ou tu étais occupée par autre chose ?

Karuizawa C’est ça…

J’avais vraiment fait une erreur sur ce coup-là. Je pensais que laisser Kei et les autres essayer de réparer leur relation avec Shinohara allait marcher.

Karuizawa Alors tu as une idée de comment se réconcilier ?

Moi Tu me demande ça à moi ?

Karuizawa Si c’est toi, Kiyotaka, je suis sûre que tu peux trouver.

Il semblait qu’aucun problème n’avait été résolu jusqu’à présent, Kei était également confrontée au même problème que Yôsuke, bien qu’aucune solution ne semblât avoir été trouvée jusqu’à présent.

Moi Je suis en train d’y penser là. Donne-moi un peu plus de temps.

Je préférai remettre ma réponse à plus tard, me contentant de ces mots.

Karuizawa Hé, je peux te demander un truc bizarre ?

Alors que j’écoutais sans rien dire, elle leva les yeux vers moi avec un visage curieux et demanda la chose suivante :

Karuizawa Kiyotaka, tu as exclu Sakura-san à cause de son OAA à l’examen du consensus non ? Et si…

Quand nos regards se croisèrent, Kei s’interrompit.

Karuizawa En fait, laisse tomber.

Moi Si tu étais à la dernière place de l’OAA, tu te demandes ce que j’aurais fait ?

Les yeux de Kei s’écarquillèrent grandement.

Moi Comme je l’avais dit à propos d’Ike, je ne t’aurais pas expulsée au vu de ta popularité dans la classe.

Karuizawa Et si je n’avais pas d’amis ? Et si je n’étais pas populaire ?

Plusieurs sentiments émergèrent en Kei et elle parlait plus rapidement.

Moi Il est inutile d’en discuter. Si nous pensons de cette façon, alors la Kei Karuizawa ici présente aurait été une personne complètement différente. Si c’était le cas alors toi et moi nous ne serions jamais sortis ensemble.

Karuizawa … Je vois. Tu as peut-être raison, mais… si j’étais une personne différente et que je n’étais pas sorti avec toi Kiyotaka, est-ce que tu m’aurais renvoyée ?

Elle savait que c’était sans intérêt, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher.

Moi Si le scénario dont tu parles était réel, alors je pense que oui.

Karuizawa Euh…

Moi Je peux comprendre que cela puisse te blesser, mais ce n’est pas toi. Ce n’est pas ce que tu es. Tu as été victime de brimades et de blessures physiques et mentales dans ton passé. Pour changer les choses, tu t’es créé une nouvelle personnalité au lycée pour devenir une meneuse au sein des filles. Tu as utilisé Yôsuke pour me rencontrer et sortir avec moi. C’est cette Karuizawa Kei que j’ai en face.

Les lèvres de Kei se contractèrent en signe de frustration.

Karuizawa — … Je vois.

Je voulais lui dire que peu importe la version de Kei, je voulais la protéger, car en entendant sa réponse, j’avais compris que la logique n’était pas toujours nécessaire. Je l’allongeai sur mes genoux et lui caressait la tête pour la mettre de bonne humeur. Après quelques minutes où je la laissais se blottir paisiblement sur mes genoux comme un chat, elle commença à parler dans la même position.

Karuizawa — Hey Kiyotaka. Pour moi l’expulsion de Sakura-san est logique, mais est-ce que Horikita a fait le bon choix en gardant Kushida ? Pour notre classe c’est un risque non ?

Kikyô Kushida était celle qui avait détruit la cohésion de la classe, il était donc normal que Kei se pose la question. Tout le monde a dû se la poser d’ailleurs, mais ça n’a pas été facile de s’exprimer pendant ce temps de crise, car tout le monde ne pensait qu’à sauver sa peau. C’était probablement après le week-end de l’examen du consensus que leur enthousiasme avait commencé à diminuer. Certains se demandaient si c’était pour le mieux, tandis que d’autres étaient heureux de ne pas avoir été expulsés. D’autres avaient peur d’être les prochains.

Moi — Kushida a quelque chose que Airi n’a pas. Tu sais ce que c’est ?

Karuizawa — Que Kushida-san est plutôt forte en tout, non ?

Moi — Certes mais ce n’est pas ce qui est important.

Karuizawa — Je ne vois pas ce que tu veux dire.

Moi — Il est possible qu’elle devienne une pièce importante pour l’éveil de Horikita Suzune en tant que leader. Ni Yôsuke ou toi ne pourrez le faire, mais elle, elle pourrait réussir à s’associer avec Kushida.

Karuizawa — Kushida-san… ?

Moi — Je ne pense pas que Horikita elle-même l’ait encore bien compris. Elle a juste fait confiance à son instinct dans une situation difficile où le temps était compté.

C’était ce que Kushida avait et non Sakura…

Moi — Seule Kushida a la vue d’ensemble, seule Kushida a les pensées, seule Kushida a les mots. Populaire ou non, elle est la seule à pouvoir faire avancer Horikita.

Je ne pensais pas que Kei allait être convaincue. Était-ce une réaction naturelle ? De tout façon c’était juste une théorie, rien de bien certain donc.

Moi — Je savais très bien que Haruka allait m’en vouloir ainsi que d’autres personnes du groupe Ayanokôji. Mais les résultats ne viendront pas en un jour ou deux. Il faudra patienter.

Karuizawa — Mais Hasebe-san, elle en veut plus à toi non ?  

Moi — En effet…

Il était difficile d’obtenir un accord unanime dans cette situation alors que le temps était presque écoulé. Peu importe le nombre de personnes que Horikita aurait rassemblé à sa cause. De plus, la perte de point de classe était une réalité difficile à accepter pour tout le monde. Si cela avait dû arriver, il n’y aurait eu plus aucun moyen de viser la classe A. Je n’avais pas eu d’autre choix que d’agir.

Moi — Il serait facile de ne parler que de résultats, de conclusions et de réponses. Mais nous ne pouvons pas. C’est la réalité.

Karuizawa — Tu parles de Horikita-san ?

Moi — Supposons qu’il y ait devant toi un obstacle si haut que tu ne puisses le franchir. Si tu essaies et que tu échoues, tu tombes et tu te casses quelque chose si tu es malchanceuse.

Imaginons une situation où les obstacles qui se dressaient sur notre chemin correspondaient exactement à nos capacités.

Moi — Que dois-tu faire pour surmonter cet obstacle ?

Karuizawa — Oh… ? Ummm…s’entraîner beaucoup avant de sauter ?

Moi — Et si tu ne peux pas t’entraîner ?

Karuizawa — Je dois dépasser mes limites sur le coup ? Pas le choix.

Moi — C’est la même chose. Horikita ne pouvait pas s’arrêter devant cet obstacle alors elle a essayé de sauter par-dessus.

Karuizawa — Du coup, Horikita-san a échoué et est tombée ?

Moi — Non, elle a juste sauté et son pied a heurté l’obstacle. Elle se demandait si elle s’était blessée ou si elle allait encore tomber.

Il était facile d’éviter cet obstacle. Tout ce qu’elle avait à faire était de ne pas sauter et de faire un petit détour. Cependant, c’était ici qu’il fallait garder un œil sur Horikita. Une fois de plus, je me retrouvai à m’interroger sur quelque chose que je jamais je n’aurais pensé avant mon entrée dans ce lycée.

Karuizawa — Alors c’est comme ça. Mais je ne suis toujours pas d’accord avec Horikita-san. Elle n’a pas tenu sa promesse, non ? Et elle a même dit qu’elle protégerait Kushida-san.

C’était vrai qu’une menace pesait sur le groupe, mais il faut dire que jusqu’à présent la classe de Horikita était trop laxiste sur certains points. En faisant cela ici, chacun savait maintenant que sa sécurité n’était pas garantie. Bien sûr, la confiance en Horikita a pris un coup, mais cela allait être compensé par les examens spéciaux à venir, tant qu’elle continue à mener à bien l’objectif de la classe en les rapprochant de la classe A. Pendant que nous parlions, il était environ 19h. Je pris les assiettes pour aller les laver.

Karuizawa — Hey Hey. Reste discuter ici.

Moi — Je vais faire la vaisselle, on pourra discuter après.

Karuizawa — Quoi ? Mais il est bientôt 19h30.

Je pus entendre les plaintes, car la discussion allait commencer à l’arrivée de Yôsuke. Je commençai à faire la vaisselle en les ignorant. Kei resta silencieuse pendant un moment, puis elle recommença à se plaindre, comme si elle n’en pouvait plus.

Karuizawa — Eh bien, sois pas timide, viens ici, allez ! Hé ?

En disant cela, elle tapota le lit avec la paume de sa main trois ou quatre fois.

 Moi — D’accord.

Je voulais au moins faire la vaisselle avant que Yôsuke ne vienne dans ma chambre, mais je dus y renoncer.

Quand je m’assis à l’endroit désigné, Kei toucha ma joue droite avec son index d’un air joyeux.

Karuizawa — Ta peau est si douce pour un garçon. Tu utilises quoi ?

Moi — C’est juste une lotion.

Je pensais qu’il n’était pas nécessaire de prendre soin de ma peau d’adolescent, vu l’effort que cela représentait.

Karuizawa — Hmm…

Bien qu’elle fût convaincue, elle ne se souciait pas vraiment de ça, elle voulait juste me toucher la joue. J’attrapai la main de Kei et la tirai près de moi, l’embrassant ensuite sur les lèvres. Je pensais qu’elle serait surprise, mais elle semblait plutôt l’attendre et sourit.

Karuizawa — J’attendais cet unique moment aujourd’hui.

Moi — Alors c’était ce que tu voulais.

Je dois dire que j’étais encore un peu naïf à ce sujet. Après cela, nos lèvres se rencontrèrent à plusieurs reprises. Les baisers répétés avaient un goût de riz d’omelette, une expérience plutôt inhabituelle.

Karuizawa — Je t’aime.

Je tins doucement Kei dans mes bras, et un silence tranquille nous enveloppa. Ce n’était pas un moment gênant, mais un moment agréable. Je me demandai combien de minutes nous nous étions tenus dans une étreinte serrée. Comme pour déchirer le silence, la sonnette retentit. Soudainement ramenée à la réalité, Kei s’empressa de prendre ses distances dans un embarras soudain. Il n’y avait pas d’urgence, la porte était fermée, mais bon, j’avais compris ce qu’elle ressentait. Après avoir laissé à Kei le temps de se calmer, nous accueillîmes tous les deux Yôsuke dans la pièce. Lui, qui était toujours en uniforme, entra dans la chambre.

Hirata — Après les activités du club, je suis allé au centre commercial Keyaki avec des senpais.

Il dit cela après avoir remarqué que je me concentrais sur son uniforme.

Karuizawa — Salut. N’hésite pas à entrer.

Yôsuke sourit à Kei, qui agissait comme si c’était sa propre chambre. Lui qui l’avait observée plus que quiconque depuis son entrée au lycée, pouvait dire qu’elle était si joyeuse.

Hirata — Désolé de vous déranger.

Après avoir soigneusement rangé ses chaussures, Yôsuke monta dans ma chambre, s’assit, et je lui servis du thé.

Hirata — Merci.

Moi — Alors, quelle est la raison de cette réunion aujourd’hui ?

Comme il était inévitable qu’il soit ici pour un long moment, je l’encourageai à parler. Bien sûr, on savait tous pourquoi on s’était réunis.

Hirata — Oui, c’est à propos de la classe. Je suis sûr que Karuizawa-san est au courant, mais la participation au Festival sportif va être difficile. En particulier pour les filles concernant un probable manque de coordination. Je suis sûr que Karuizawa-san en sait plus à ce sujet.

Yôsuke regarda Kei en disant cela.

Karuizawa — Je parlais à Kiyotaka tout à l’heure de ce qui s’était passé avec Shinohara-san. Honnêtement, personne n’est concentré sur le Festival sportif en ce moment.

La priorité était qu’ils rétablissent leur amitié.

Hirata — Donc je me demandais si tu avais de bonnes idées. J’ai besoin de ton aide, Kiyotaka-kun.

Kei, qui avait également demandé de l’aide plus tôt, me lança le même regard. Si c’était le cas j’aurais été heureux d’en parler.

Moi — Yôsuke, tu en as parlé à quelqu’un d’autre avant moi ?

Hirata — Quoi ? Non, tu es le premier. Je ne voulais pas être imprudent et laisser les gens savoir que j’essayais d’arranger les choses. Ça peut s’avérer contre-productif.

Si les gens savaient qu’on essayait d’être amical avec eux pour arranger les problèmes, ils auraient pu se méfier, pensant que l’on cachait quelque chose.

Moi — Je vois…

Hirata — Je pense que j’ai besoin d’être guidé.

Moi — À partir de maintenant, je veux que tu en parles d’abord à Horikita, c’est elle qui gère la classe et pas moi.

Hirata — Mais je pense que Horikita-san est occupée avec le problème de Kushida-san en ce moment, donc lui soumettre le problème d’un autre camarade de classe serait…

Moi — D’accord, imagine que c’est moi qui dois gérer le cas de Kushida, est-ce que tu irais quand même voir Horikita pour lui parler de ce problème ?

Hirata — C’est… Je ne sais pas…  Je ne pense pas, je serais quand même venu t’en parler Kiyotaka-kun…

Yôsuke essaya d’imaginer ce qui se serait passé, puis il admit honnêtement.

Hirata — Horikita-san fait un excellent travail. Mais je sais que toi Kiyotaka, tu serais en mesure d’avoir une vue d’ensemble sur la classe et de prendre la bonne décision.

Karuizawa — Je ferais la même chose. Je veux dire, si je te laissais faire Kiyotaka, je suis sûre que tu donnerais une réponse parfaite.

Moi — Je vous l’ai dit lors du dernier examen spécial. Vous ne pourrez pas toujours compter sur moi, si vous avez des doutes vous devez en parler à Horikita en premier.

Hirata — Mais…

Moi — Je comprends que c’est un fardeau. Tu n’as aucune garantie qu’une solution sera trouvée. Je ne me fais pas assez confiance pour agir, c’est pourquoi nous ne pouvons compter que sur  toi. Considères-tu Horikita comme une vraie meneuse ? Au même titre que Ryuuen, Sakayanagi et Ichinose ? Ne penses-tu pas qu’ils seraient les plus aptes à résoudre les problèmes même sous la pression ?

L’important était de leur donner confiance en eux et de faire tomber la méfiance envers Horikita. La classe actuellement se développera seulement grâce à des succès lors des examens et à des échecs répétés.

Moi — L’échec est une expérience. Tout le monde commence par un problème. Horikita n’est pas encore à ce stade et il lui manque encore beaucoup d’expériences avant de trouver une solution à un problème.

Avant une solution, il devait y avoir un process de discussion et de recherche.

Moi — Je veux que tu reviennes me voir seulement après avoir vu Horikita et qu’elle te dise qu’elle est trop occupée avec Kushida.

Hirata — Je vois… Je vois ce que tu veux dire, Kiyotaka-kun…

Yôsuke hocha la tête plusieurs fois, son esprit traitant le sens des mots.

Hirata — C’est important d’acquérir de l’expérience grâce à l’échec, mais ce n’est pas la même chose qu’une note d’examen. Je ne pense pas qu’à cause d’une mauvaise note, tu dois arrêter de travailler. Tu dois plutôt redoubler d’efforts. Mais si une relation se brise à cause d’une décision immature, c’est un problème insoluble tu vois.

Il avait donc un peu réfléchi en amont. Il ne cherchait pas une réponse facile.

Moi — Tu n’as pas tort, mais je pense que c’est plus complexe que ça même si c’est vrai que les relations peuvent s’effondrer de manière irréversible à cause de malentendus, bagarres et insultes.

Passer de l’insulte au harcèlement, à l’indifférence et à l’intimidation était vraiment une situation extrême.

Moi — Kei. Ton conflit avec Shinohara est-il si grave ?

Karuizawa — Hmmm…on va dire que ça a empiré. C’est difficile pour moi parce que je suis dans la position de l’agresseur. Ce n’est pas comme si je voulais la harceler ou un truc du genre. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de gens qui pensent que je déteste Shinohara-san.

En prenant cela trop au sérieux, on subissait une anxiété inutile selon moi.

Hirata — Tu ne vas pas laisser Horikita résoudre ça seule, non ?

Moi — Bien sûr que si. Mais si je peux aider, je le ferai.

Hirata — D’accord, si nous travaillons tous ensemble, avec Horikita comme pilier, je pense que nous pourrons surmonter la plupart des choses à l’avenir.

Cependant, je ne pensais pas que ces paroles suffisaient à faire disparaître complètement l’anxiété. Je voulais donc ajouter quelque chose d’important.

Moi — Bien sûr, il y a des choses qui ne peuvent être résolues même avec l’aide de Horikita. Je vais vous donner un coup de main pour ça.

S’il pensait que j’allais venir les soutenir en renfort, Yôsuke et Kei allaient agir sans hésitation. Les deux semblaient convaincus, mais Yôsuke avait encore quelque chose en tête et son expression n’était pas tout à fait clair. Nous avions échangé des informations pendant un moment et à l’approche de 20h, je leur demandai de partir.

Hirata — Hum…. Je me demandais si nous pouvions parler en privé pendant quelques minutes.

Alors qu’ils allaient partir, Yôsuke avait décidé qu’il ne pouvait pas laisser les choses comme elles étaient.

Karuizawa — D’accord. Je rentre chez moi en premier, à demain Kiyotaka

Quand Yôsuke avait dit qu’il avait encore quelque chose à me dire, Kei répondit puis partit rapidement. Après avoir fermé la porte, Yôsuke regarda en arrière.

Hirata — Kiyotaka-kun. Demain, j’expliquerai la situation à Horikita-san. Mais as-tu déjà une solution à ce problème ?

Moi — Pour être honnête, je n’ai pas d’idées sur le coup, sur la façon de résoudre le problème avec Haruka et Kushida. J’espère que vous en trouverez une en discutant avec Horikita.

Hirata — Ça veut dire que c’est différent pour Mii-chan non ?

Moi — Je ne suis pas sûr. Cela prendra du temps, mais il y a aussi la possibilité d’utiliser une méthode un peu brutale. Si tu es pressé,

Hirata —Une méthode brutale ? S’il y a quelque chose que tu penses faire, dis-le-moi.

Yôsuke réagissait de la même manière que les autres filles qui s’étaient pris d’affection pour lui. J’aimais bien cette facette de lui.

Moi — Je t’ai dit, c’est une méthode risquée. Je ne la recommande pas.

Hirata — Quel genre de méthode est-ce ?

Moi — À toi d’aller voir Mii-chan et de lui dire que tu l’aimes aussi.

Yôsuke ne s’attendait pas à cette réponse.

Moi — « En fait, je t’aime bien aussi. J’aimerais sortir avec toi ». Quelque chose dans le genre. Si tu arrives à faire ça, elle viendra à l’école demain.

J’étais un peu réticent à le dire, mais c’était la seule solution à laquelle je pouvais penser en ce moment.

Moi — Si ce n’était pas toi, je n’aurais rien dit, mais comme tu as réussi à faire semblant de sortir avec Kei.

Yôsuke murmura quelque chose, mais son expression ne s’illumina pas.

Hirata — La raison pour laquelle Karuizawa-san et moi avons soi-disant accepté de sortir ensemble est parce qu’aucun d’entre nous deux n’avait des sentiments amoureux pour l’autre. Ce n’est pas la même chose que de faire semblant de répondre aux sentiments de Mii-chan et de sortir avec elle. Cela ne fera que la blesser plus tard.

Moi — Je recommande cette idée, mais je sais que ce n’est pas bien. Nous ne savons pas à quel moment Mii-chan est tombée amoureuse de toi, mais on ne peut pas nier qu’il y avait d’autres élèves qui ont eu des sentiments amoureux pour toi dès le début. Autrement dit, en échange de la protection de Kei contre le harcèlement en sortant avec elle, quelques filles ont dû se sentir blessées parce qu’elles ont été indirectement rejetées à cause de ton mensonge.

Hirata — C’est…

Si Kei et Yôsuke étaient sérieux à propos de leur relation, cela aurait pu être une autre histoire. Mais si ce n’était pas le cas, cela ne changeait rien à ce qu’ils avaient fait.

Moi — Et si elle venait pleurer, disant qu’elle ne pourrait plus aller en cours à moins de sortir avec elle ? Tu serais capable de dire non ?

Yôsuke se tut. Il ne pouvait peut-être pas faire un tel choix.

Moi — Si tu ne pouvais pas dire non, et que tu avais deux choix. Tu peux soit lui dire que tu ne l’aimes pas et sortir avec elle, ou soit tu lui mens et tu lui dis que tu l’aimais aussi.

Si le véritable amour pouvait grandir au milieu de tout cela, cela serait bien entendu la meilleure fin possible

Hirata — Je ne pense pas que je devrais faire ça.

Même s’il comprenait mon point de vue, le côté émotionnel l’en empêchait.

Moi — C’est une solution précipitée. Cela prendra du temps, mais nous sommes en train de planter les graines.

Hirata — Je comprends. Mais tu es vraiment fort. Tu ne sembles pas être bouleversé par l’expulsion de Sakura-san en tout cas.  

Je ne distinguais pas de colère ni de tristesse dans la voix de Yôsuke quand il prononça ses mots. Cependant, il avait du mal à assumer la responsabilité d’expulser Airi de l’école, tout comme moi.

Hirata — Ça pèse en moi encore…

Moi — Je sais ce que tu pensais à l’époque, et il était hors de question que tu acceptes d’expulser Airi, elle qui n’avait fait aucun mal pendant cet examen. Mais malgré tout, tu t’es retenu jusqu’au dernier moment même si tu n’étais pas d’accord.

Plus on se confrontait à cette situation, plus nos camarades se laissaient ronger par les doutes. Si la pression du temps imparti avait élargi notre perspective, l’unanimité n’aurait pas été possible.

Hirata — Je me suis dit que la chose la plus importante était que notre classe finisse en A. Même si je le comprenais dans ma tête, je ne pouvais pas l’accepter. Haruka, Kushida et Mii-chan sont toujours absentes. Je me demande combien de temps cela va continuer. Nos camarades tremblent à l’idée que les élèves ayant les plus mauvaises notes soient éliminés. Notre joie de la semaine dernière s’est évaporée.

Même s’il se le disait, il n’arrivait pas à tout digérer en même temps au fond.

Hirata — Peut-être que j’aurais dû fuir ?

Pour Yôsuke, l’idée de sacrifier quelqu’un n’était pas quelque chose à laquelle il voulait penser. Cependant, le fait qu’il avait été capable de prendre une décision dans cette situation était un signe évident de croissance.

Hirata — Est-ce que je deviens plus fort ou est-ce que je vais m’écrouler ? Je ne sais pas quelle décision je prendrais si cela devait se reproduire, j’ai peur…Je suis désolé d’avoir dit quelque chose de si anxiogène alors que tu es celui qui a le plus souffert.

Moi — C’est bon. Horikita et moi avons été sauvés par toi à plusieurs reprises lors d’examen spécial. Je suis sûr que la bataille sera plus difficile à l’avenir. Je veux continuer à aider notre classe.

Yôsuke hocha la tête et sourit, même si son cœur était probablement encore douloureux. Il se dirigea vers la porte d’entrée, mais je le stoppai net avec cette question.

Moi — Merci pour tout ce que tu as fait aujourd’hui. Tu m’en veux d’avoir expulsé Airi ?

Contrairement aux autres élèves, Yôsuke ne le montrait pas ouvertement, mais je ne serais pas surpris s’il le faisait juste entre nous.  Il y pensait et l’avait dit, mais il n’était pas d’accord avec le choix.

Hirata —…Non. Je veux croire en toi.

Je pus sentir une volonté derrière ces yeux. « Je crois en toi, alors j’exige que tu ne me trahisses pas ».

Hirata — Et bien, bonne nuit.

J’avais peut-être soulagé Yôsuke d’une petite partie de son fardeau, mais je lui en avais sûrement donné aussi un nouveau.

Ce serait idéal si je pouvais utiliser cette occasion pour le vider complètement de ses émotions négatives.

Je n’étais pas sûr de l’impact que cela aurait, mais nous allons voir comment les choses allaient progresser.

2

Le lendemain, on pouvait toujours constater que les places de Haruka, Mii-chan et Kushida étaient toujours vides. Bien sûr, le chaos était toujours là. La seule façon de résoudre le problème était que ces trois élèves reviennent.

Sudou — Hey, tu veux aller aux chiottes avec moi ?

Alors que je m’assis sur mon bureau, regardant mon téléphone en attendant le prochain cours, Sudou m’interpela. C’était une invitation bizarre. Il voulait qu’on aille aux toilettes, mais son visage était très sérieux. C’était pareil pour Yôsuke et Kei, quand ils voulaient me demander quelque chose.

Moi — D’accord.

Comme je n’avais aucune raison de refuser, je quittai mon bureau et nous allâmes tous les deux aux toilettes discrètement. Le positionnement de ma place était toujours dans ce genre de situation un avantage. Cependant, une élève nous suivit immédiatement.

Onodera — Sudou-kun, j’aimerais te parler une minute, si ça ne te dérange pas.

Elle semblait vouloir discuter avec Sudou et essayait de trouver le bon moment pour l’approcher discrètement sans trop de monde.

Sudou — Tu veux quoi, Onodera ?

Onodera arrêta de parler quand elle me vit à côté de Sudou.

Onodera — Ah, tu es avec Ayanokôji-kun. Il fallait que je te parle de quelque chose, alors…

Il sembla que ma présence n’était pas la bienvenue.  Cependant, je n’eus pas d’autre choix que de rester parce que Sudou m’avait demandé de venir pendant la pause.

Sudou — On va tous les deux au petit coin. Ça peut pas attendre ?

Onodera — Eh bien, je ne sais pas.

Je ne savais pas si c’était quelque chose qu’elle ne voulait pas que j’entende, ou si elle était juste un peu confuse.

Onodera — Je peux attendre ici ? Je veux te parler dès que possible, si tu es d’accord…

Onodera avait décidé d’attendre notre retour, mais cette fois-ci Sudou avait l’air embarrassé. S’il avait quelque chose à discuter avec moi, cela n’allait pas prendre une minute ou deux.

Sudou — Eh tu sais quoi vas-y parle maintenant, je vais faire attendre Ayanokôji.

Juste au moment où Onodera était prête à remettre le sujet à plus tard, elle fut surprise par la réponse inattendue de Sudou. Onodera avait l’air un peu réticente, mais elle se gratta légèrement l’arrière de la tête puis alla droit au but.

Onodera — Les récompenses individuelles pour le Festival sportif sont séparées par sexe, on est d’accord ? J’imagine que tu vas essayer de prendre la première place dans la catégorie masculine.

Sudou — Bien sûr, c’est là où je peux briller le plus.

Il répondit avec confiance. Onodera hocha la tête en guise de satisfaction devant cette réponse retentissante.

Onodera — En fait, ce Festival sportif a beaucoup d’enjeux pour moi. Être première parmi les filles est un pas vers la classe A. Ce n’est pas souvent que j’ai la chance de concourir dans un domaine où j’excelle.

C’était une nageuse accomplie, mais elle montra également ses prouesses en sprint lors de la compétition de l’année dernière. Ses capacités physiques dans l’OAA étaient également impeccables, une élève vraiment douée dans tous les sports.

Sudou — Je pense que tu pourrais être capable d’obtenir la première place. Je suis sérieusement en train de t’encourager.

Onodera — Merci. Mais même si tu peux gagner quelques compétitions individuelles, il n’y a aucune garantie que tu puisses obtenir la première place à toutes les épreuves, non ?

Sudou — Pourquoi pas ? si je gagne partout.

Sudou n’avait pas tort de penser que seule la première place suffisait, mais en réalité, il pouvait perdre de manière inattendue.

Moi — C’est à cause du score élevé de la compétition par équipe, n’est-ce pas ?

Lorsque je mentionnai cela, Onodera me  regarda avec méfiance, mais hocha la tête. L’autre jour à l’examen spécial du consensus, j’avais délibérément expulsé une personne de mon groupe d’amis. Pas étonnant que certains élèves se méfiaient de moi maintenant.

Sudou — C’est vrai. S’il y a un gars qui gagne toujours la première place dans les épreuves en équipe. Mais même si c’est le cas, ce n’est pas facile de former un groupe. Suzune a dit aussi que le fait d’avoir cinq ou six personnes proches les unes des autres pouvait être gênant. Je déteste dire ça, mais j’aime pas faire équipe avec quelqu’un perso.

S’ils étaient tous au même niveau que lui, je ne pense pas qu’il dirait ça. Cependant, dans la réalité, il y avait des élèves qui allaient nous tirer vers le bas. Les épreuves en équipe pouvaient donc se retourner contre nous.

Onodera — On est d’accord. Et si on pouvait participer à une épreuve avec deux personnes qui étaient sûres de gagner ? En plus, il y a des épreuves mixtes, non ?

À ce moment-là, Sudou commençait également à comprendre le but de cette conversation et ce qu’Onodera essayait de lui dire.

Onodera — Toi et moi, on n’aurait aucun mal à coopérer l’un avec l’autre. Si on devait faire équipe, j’aimerais choisir le meilleur partenaire possible, tu vois ?

C’était un bon point positif pour la classe, et cela ne nuirait pas nos chances d’obtenir la première place dans les deux catégories.

Sudou — Donc tu me demandes… eh bien, peut-être.

Onodera — C’est ce que je veux dire. À moins, bien sûr, que tu aies une objection, Sudou-kun. La classe est dans une mauvaise passe, n’est-ce pas ? Sakura-san a été expulsée, Hasebe-san et Wang-san sont toujours absentes….

Elle tourna son regard vers moi un instant, mais revint vite vers Sudou.

Onodera — Voilà pourquoi on doit prendre les choses en main.

Sudou ne se sentait pas mal à propos de l’invitation basée sur la reconnaissance de ses capacités, mais il n’était pas très vif.  

Onodera —Je ne suis pas assez forte ?

Sudou — Non, ce n’est pas ça. Je ne vais pas nier que tu es douée.

 D’autres choses le troublaient.

Onodera — Tu veux pas être avec quelqu’un d’autre que Horikita-san ?

Sudou — Q-quoi ? Non non, ce n’est pas vrai…

Elle alla droit au but avec cette question. Il avait l’air mal à l’aise à la proposition d’Onodera. Se mettre en binôme avec un partenaire qu’on appréciait pouvait être important pour Sudou sur d’autres points. Vu qu’Onodera ne pouvait pas participer à l’épreuve de natation, elle était aussi crédible que Horikita en tant que choix de binôme.

Sudou — Tu sais, y a Kôenji. Je déteste l’admettre, mais il est meilleur que moi.

Onodera — C’est peut-être vrai. Mais je ne fais pas confiance à Kôenji. Je le déteste plus que tout.

Onodera désavoua clairement Kôenji. La suggestion d’Onodera à Sudou était sincère, mais comment Sudou allait-il y répondre ?

Sudou — Que vas-tu faire si je dis non ?

Onodera — Il n’y a qu’une seule autre personne dans la classe qui a les capacités et qui est digne de confiance, c’est Hirata-kun, mais je ne vais pas lui demander de faire équipe avec moi. Je ne veux pas donner de fausse idée.

Quand on s’associait à Yôsuke, qui est extrêmement populaire auprès des filles, ce n’était pas seulement une ou deux filles qui allaient être jalouses.

Moi — Donc, s’il refuse, tu iras aussi loin que possible toute seule ?

Je n’essayais pas de lui faire peur, je lui disais juste la vérité. J’imaginais qu’elle allait ramener autant de points que possible, même si elle n’arrivait pas à se hisser au sommet du classement. Sudou était ennuyé par la mention de Horikita, mais quand il vit la détermination d’Onodera, il retrouva immédiatement son calme. Il réalisa qu’il était sur le point de refuser l’offre d’Onodera pour une raison stupide.

Sudou — Ok. Faisons équipe, et gagnons ce festival, d’accord ?

Onodera — Vraiment ?

Sudou — Ouais. Faut soutenir à fond notre classe.

Sudou tendit rapidement son bras pour serrer la main d’Onodera. Après l’avoir fixé pendant un moment, Onodera donna sa réponse avec une poignée de main.

Onodera — Merci, Sudou-kun. Ensemble nous allons certainement prendre la première place dans les catégories masculines et féminines.

Satisfait de l’accord, Onodera retourna en classe.

Sudou — C’est inattendu, mais c’est pour le mieux, non ?

Moi — Je pense que oui. Je suis sûr que tu voulais faire équipe avec Horikita, mais il vaut mieux travailler avec Onodera et montrer 100% de tes forces que d’avoir une mauvaise distraction.

Sudou — Oui…

Il ne restait que cinq minutes environ, mais je me dirigeai vers les toilettes  comme prévu initialement.

Sudou — Au fait. Je voulais parler de Kanji, Shinohara, et d’autres trucs.

Moi — C’est lié aux révélations de Kushida ?

Sudou — Pour être honnête, leur relation est à la limite, et je ne pense pas que ce soit bon pour la classe.

Ce serait plus intéressant s’ils se séparaient ? Du point vu de Sudou.

Sudou — Je l’ai déjà dit en plaisantant, mais je veux vraiment que ça marche entre eux.

Je savais qu’il me testait, mais il devait vraiment être inquiet.

Moi — Mais malheureusement, je n’ai pas beaucoup de relations avec eux. Il n’y a rien que je puisse faire pour toi.

Sudou — Tu ne peux pas au moins me donner quelques conseils ?

Moi — On ne peut pas résoudre le problème sans en parler que les révélations soient vraies ou non est une chose. Ils peuvent avoir besoin de dévoiler leurs vrais sentiments l’un à l’autre au moins une fois.

Sudou — C’est une mauvaise idée. Ça peut empirer les choses, non ?

Moi — C’est vrai. C’est pourquoi il faut quelque chose pour contrôler la situation et pour écouter attentivement les deux camps et tout calmer.

Sudou — Oh, je ne peux pas faire ça, n’est-ce pas ?

Moi — Alors tu devras demander à quelqu’un de le faire.

Je ne voulais pas lui donner la réponse ici, mais je voulais laisser Sudou y réfléchir.

Sudou — Si c’est vrai, ce genre de rôle était tenu par Kushida, non… ?

Moi — Oui, mais tu ne peux pas l’utiliser maintenant. Si tu ne peux pas faire confiance à Kushida, tu devras trouver un autre élève.

C’était tellement simple de trouver la réponse maintenant.

Sudou — Alors, Hirata ?

Comme prévu, Sudou eut immédiatement une idée. Sudou ne s’entendait pas trop avec Yôsuke, mais ce n’était pas le moment d’en parler de ça.

Sudou — Je suis désolé. Mais tu peux lui demander de m’aider ?

Moi — D’accord, je vais aller lui parler.

Sudou et Yôsuke avaient gardé leurs distances l’un de l’autre, mais cet incident pouvait provoquer un changement.

Sudou — Merci, Ayanokôji.

Moi — Je n’ai rien fait. Tu as juste pensé à ça et tu as trouvé la réponse par toi-même.

Puis nous retournâmes en cours.

3

Même jour.

Chaque classe, ou plutôt toutes les classes se préparèrent pour le Festival sportif. Comme ce fut le cas l’année dernière, certaines épreuves étaient déjà connues, les élèves avaient donc pris le temps de commencer à s’entraîner comme s’il s’agissait de vraies épreuves. Pendant la pause de midi ils allaient consacrer plus de temps et de pratique pour les épreuves par équipe en utilisant le terrain et le gymnase dans les coins où il y avait le plus de place.

Dans le gymnase où nous vînmes en reconnaissance, de nombreuses voix énergiques résonnaient partout. Il semblait que le gymnase ait été soigneusement équipé pour que toutes les promos y viennent s’entrainer.  Certaines sections étaient utilisées librement et les installations semblaient être soigneusement aménagées pour que les élèves puissent s’exercer équitablement.

Aujourd’hui, les élèves de première semblaient jouer au volley-ball et au tennis de table. La première chose qui me frappa fut le grand nombre de participants dans l’une des classes, ainsi que le niveau des élèves, sans parler du niveau inhabituellement élevé d’enthousiasme. Ils criaient et discutaient activement de tactique et d’astuces de jeu.

Hirata — On peut voir à quel point la classe A est sérieuse.

Moi — Ouais.

J’étais ici avec Yôsuke, pour jauger et analyser les élèves des autres classes.

Hirata — Les compétitions sportives pures ne sont pas le point fort de la classe A.

Moi — Oui. Il y a beaucoup d’élèves avec des capacités physiques moyennes  et seuls quelques-uns sont capables de gagner les premiers prix.

Comme nous le savions, nous étions désavantagés en termes de capacité générale même si la classe de Horikita faisait de son mieux pour travailler ensemble afin d’élever le niveau de nos capacités le plus rapidement possible. En tout cas, la classe A essayait de s’entraîner en vue d’événements où ils pouvaient gagner grâce à leur expérience. On ne pouvait pas la voir, mais ils suivaient certainement les instructions de Sakayanagi.

Il y avait des élèves de la classe d’Ichinose et de celle de Ryuuen, mais ils semblaient encore hésiter sur la stratégie à adopter. D’un autre côté, il n’y avait aucun élève de la classe de Horikita. J’aurais pensé qu’un ou deux élèves auraient pu se montrer, mais même si c’était le cas, ils étaient sûrement restés dans un coin, sans pouvoir faire quoi que ce soit

Hirata — Nous ne sommes pas encore sortis de l’examen spécial du consensus. Je ne pense pas qu’on va réussir à s’entraîner dans ces conditions, non ?

Moi — Oui, il y a encore des incertitudes. Mais il n’y a pas de quoi se décourager.

J’avais dit à Yôsuke que Sudou et Onodera s’était associés pour former le meilleur binôme de première afin d’obtenir la première place. C’était l’une des rares bonnes nouvelles qui l’avait fait sourire un peu.

Hirata — S’ils prennent la première place dans les compétitions individuelles et en binômes, nous aurons assez de points pour finir premier au classement général.

Moi — Ces deux-là ont de bonnes chances de gagner.

Yôsuke avait beaucoup espoir en eux, mais il fallait toujours que toute la classe y mette du sien pour pouvoir prétendre gagner l’examen. Se reposer uniquement sur eux pouvait nous être fatal.

Même si ce n’était que temporaire, nous avions besoin d’un système qui puisse nous permettre de coopérer temporairement dès que possible.

Hirata — En parlant de ça, Sudou-kun m’a demandé de le voir après les cours aujourd’hui, avant les activités du club. Se pourrait-il que tu sois impliqué ?

Moi — Je n’ai rien fait. Je suis sûr que Sudou y a pensé de lui-même et a décidé de demander ton aide.

Hirata — Ça a sûrement un rapport avec Shinohara-san, non ?

Moi — Sudou a probablement pensé qu’il ne pouvait pas laisser ça comme ça.

Hirata — Mais qu’en est-il de Mii-chan ?

Moi — Je pense que je vais m’occuper de son cas.

Hirata — Kiyotaka-kun ?

Si je disais à Yôsuke de la laisser tranquille et que j’allais demander à quelqu’un de s’occuper de Mii-chan, il aurait été réticent.

La raison pour laquelle il était si préoccupé par Mii-chan était parce qu’il pensait qu’il était le fautif de son absence.

Bien entendu, Yôsuke n’était pas du tout en tort.

Au milieu du silence, j’avais décidé que j’allais aider Mii-chan.

L’une des raisons était que Yôsuke n’allait pas pouvoir avoir son développement tant que le problème n’était pas résolu.


[1] Kei utilise anago (アナゴ) : anguille, au lieu de unagi (ウナギ) : montée rapide.

[2] Omelette contenant du riz frit principalement. On y ajoute généralement du ketchup dessus à la fin.

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