CLASSROOM Y2 V3 : CHAPITRE 3


Compagnon de voyage

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Traduction : Ayanokôji is the best
Correction : Nova, Raitei
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Une journée ensoleillée sans même avoir besoin de sortir. Un monde de verdure s’étendait devant mes yeux alors que je sortais de ma tente dans la chaleur étouffante. Choisir un endroit à l’abri de la lumière directe du soleil s’avéra être le bon choix après tout, même si j’avais dû marcher un peu plus loin pour trouver cet emplacement.

Après un petit-déjeuner simple composé d’un de mes repas rapides et d’un peu d’eau, je démontai ma tente et attendis 7 heures du matin. La plupart des élèves devait déjà être réveillée et attendre que la journée d’examen commence. Atteindre les zones désignées était ma priorité absolue, mais je n’excluais pas de changer d’objectif si une tâche apparaissait à proximité en fonction des détails et des récompenses proposées.

Puis, à 7 heures, une notification arriva sur ma montre. Je posai la tablette sur mes genoux et l’allumai avant de rafraîchir la carte. Ma position actuelle était la zone D7. Où allais-je donc voyager aujourd’hui ? La zone mise en évidence sur la carte était E8, l’emplacement le plus proche de l’endroit où j’avais choisi d’établir mon camp pour la nuit. Autrement dit, j’étais dans une position idéale pour aller chercher le bonus de rapidité.

Je me mis en route sans perdre une seconde. J’avais passé la première journée à observer la situation, mais à partir d’aujourd’hui, je commençai à accélérer le rythme. En un rien de temps, je pénétrai dans la zone E8 et reçus une notification de confirmation sur ma montre. Comme tout mon groupe était arrivé, je reçus les 10 points récompensant une première place. En un seul coup, j’avais réussi à rattraper le retard pris la veille. On pouvait même dire que les choses allaient un peu trop bien. Puisque j’avais le temps, il était possible de participer aussi à quelques tâches, mais… Il n’y en avait aucune à laquelle un groupe en solo avait la possibilité de s’inscrire dans les environs car la plus proche se trouvait en B8. Vu le temps que cela prenait pour faire l’aller-retour, je décidai donc de m’abstenir. Comme j’ignorais quand une autre tâche allait se présenter, je gardai un œil sur la carte en attendant le prochain mouvement.

1

La zone annoncée à 9h00 fut la zone E6. J’arrivai un peu plus lentement que pour la dernière zone, car je reçus une notification de récompense de 5 points pour une arrivée en deuxième position. Et à 13h00, après la pause de deux heures, la troisième zone désignée fut la zone F7. Même en ayant commencé un peu à l’écart au sud-ouest, ma série de succès continua, accumulant 5 points supplémentaires pour une autre deuxième place. La plupart des tâches qui se présentèrent en cours de route nécessitaient la participation d’au moins deux personnes. J’étais sûr qu’un bon nombre d’élèves avait tenté de participer, ce qui avait un peu fait le jeu des personnes se déplaçant seules comme moi.

J’avais à cet instant obtenu 23 points rien que sur cette journée, pour un total de 26 si on ajoutait les 3 points glanés la veille. Bien que mon progrès soit notable, un groupe de trois personnes avait obtenu au moins 18 points rien qu’avec les primes d’arrivée. Même avec une bonne journée, la différence en ma faveur était presque négligeable.

Si je perdais le rythme, même légèrement, je risquais de perdre à nouveau du terrain. J’avais peut-être obtenu deux fois la deuxième place, mais vu sous un autre angle, cela signifiait aussi que j’avais manqué deux fois la première place. Il pouvait très bien y avoir un adversaire inconnu et puissant sur la même route.

Pour l’instant, je décidai de retourner dans la zone E6 pour attendre qu’une tâche à laquelle je pouvais participer apparaisse. Jusqu’à présent, les trois zones désignées aujourd’hui avaient été sélectionnées normalement. Autrement dit, la quatrième et dernière zone de la journée allait être la première zone aléatoire de l’examen.

— Ayanokôji-senpai, il semble que nous nous rencontrions à nouveau.

Tandis que je m’asseyais pour faire une pause, ce fut à nouveau Nanase qui s’approchait. Il y avait eu six zones désignées jusqu’à présent. Et parmi ces six, j’avais croisé le chemin de Nanase trois fois maintenant.

Nanase — Dis-moi, penses-tu que nous pourrions partager la même

route ?

Moi — Peut-être.

Comme nous nous étions souvent croisés, il n’aurait pas été étrange d’avoir la même route mais cela ne me faisait ni chaud ni froid. En revanche, ce qui m’inquiétait, c’était le fait que nous nous rencontrions si souvent. À titre d’exemple, même si elle et moi avions la même destination, la probabilité de se rencontrer face à face comme nous l’avions fait ne devait pas être aussi élevée. Non seulement nos itinéraires auraient été différents, mais le temps passé à marcher et à séjourner dans les différents secteurs l’aurait été également. Rien ne me faisait penser qu’elle me suivait donc je supposai que ce n’était rien de plus qu’une coïncidence, mais était-ce vraiment le cas ?

Sans autre preuve, il était impossible de savoir si elle avait ou non la même route que moi. Nanase était en groupe avec Amasawa et Hôsen. Cela signifiait qu’en confiant aux autres membres de son groupe le soin d’arriver aux zones désignées, elle ne subissait aucune pénalité d‘échec. Bien que cela empêche le groupe de prétendre aux bonus de rapidité, il pouvait toujours accumuler les points d’arrivée à raison de deux points à la fois.

Je pouvais théoriquement le savoir en prêtant attention aux alertes qu’elle recevait sur sa montre, mais il y avait une chance qu’elle ait désactivé les notifications. Nos deux dernières rencontres n’ayant pas duré très longtemps, je pensais qu’elle partirait immédiatement cette fois encore, mais au lieu de cela, elle s’arrêta un instant et me regarda.

Nanase— Hum, Ayanokôji-senpai, il y a une faveur que j’aimerais te demander.

Moi — Une faveur ?

Nanase— Si cela ne dérange pas trop, peut-être pourrais-tu me permettre de t’accompagner pendant un moment ?       

Moi — M’accompagner ? Qu’est-ce que tu veux dire par là ?

Peu importait la grande probabilité qu’elle et moi ayons la même route, l’examen spécial avait été conçu de telle manière qu’il était pratiquement impossible pour des élèves d’années scolaires différentes de coopérer. Aucune des parties n’avait quoi que ce soit à y gagner.

Nanase— Pour tout dire, des tensions sont apparues hier soir au sein de mon groupe. Hôsen-kun et Amasawa-san ont tous deux estimé qu’il serait préférable que chacun agisse de son côté, si bien que mon groupe a éclaté.

Il n’existait en effet aucune règle stipulant que les membres d’un même groupe étaient tenus de rester ensemble en permanence. Bien sûr, il y avait de nombreux avantages à rester ensemble pour les membres d’un groupe, mais l’action indépendante était une autre stratégie viable pour les élèves qui ne voyaient aucun inconvénient à travailler seuls.

Nanase— J’ai croisé ton chemin un total de trois fois maintenant, senpai. D’après la fréquence de nos rencontres, je crois que tu as réussi à atteindre la zone désignée plus rapidement que moi. Sauf, bien sûr, la première fois. Je crains qu’en restant seule, il ne faudra pas longtemps avant que je ne commence à prendre du retard sur ces zones désignées.

Moi — J’ai juste été plus rapide ces deux dernières fois, c’est tout.

Nanase — C’est possible en effet, mais quoi qu’il en soit, je t’ai quand même reconnu comme étant un cran au-dessus de quelqu’un d’aussi inexpérimenté que moi.

Ses mots, aussi élogieux fussent-ils à mon égard, semblaient sonner creux.

Moi — Je ne pense pas que ce soit une idée très sage de voyager avec quelqu’un d’une année scolaire différente.

Nanase— Tu dis cela en raison de l’influence que cela aurait sur les primes de rapidité et de la concurrence pour les tâches, c’est bien ça ?


Moi — Il y aurait un conflit d’intérêt si nous tombions sur une tâche n’ayant de la place que pour un groupe supplémentaire.

Nanase — Je suis parfaitement disposée à te laisser la priorité, Ayanokôji-senpai. Je ne mettrai les pieds dans la zone désignée qu’après avoir vérifié que tu as bien reçu tes points et bonus. De cette façon, cela ne devrait pas te désavantager. Quant aux tâches, je m’en remettrai à ta décision s’il ne reste qu’une place.

Cela ne la dérangeait pas de laisser tomber les précieuses tâches et les primes de rapidité ? Il n’y avait strictement aucune raison pour que je la laisse faire ça.

Moi — Tu finirais par perdre des points en faisant ça, Nanase.

Nanase— Il s’agit de mon premier examen sur une île inhabitée et tu as déjà prouvé l’étendue de tes capacités physiques lors de ton combat contre Hôsen-kun. Cela m’aiderait énormément si tu pouvais choisir le meilleur itinéraire pour nous deux.

Bien qu’elle ait dit que cela serait utile, il ne semblait pas qu’elle en avait vraiment besoin étant donné qu’elle s’était déplacée toute la journée seule sur l’île sans aucun problème. Il n’y avait vraiment aucune raison pour qu’elle prenne le risque de voyager avec moi.

Moi — Mais en supposant que je choisisse la meilleure route, serais-tu capable de suivre mon rythme ? Parfois, le chemin que je choisirai pourrait même être dangereux. Te sens-tu vraiment capable de le faire ?

Je connaissais déjà la réponse à cette question et pourtant je choisis de la poser quand même. Je pensais que sa réponse allait pouvoir m’aider à révéler la raison de son comportement étrange. Cependant, elle fut différente de ce que j’attendais.

Nanase— Je suis sûre de mon endurance. N’aie aucune crainte sur le fait que je risque de te ralentir. N’est-ce pas plutôt que tu ne me fais pas confiance ?

Nanase s’était précédemment associée à Hôsen et Amasawa pour tenter de me faire expulser. Pour cette raison, j’étais très loin de pouvoir lui faire confiance. Même en cas de refus de ma part, elle aurait été libre de me suivre si elle le voulait. Je n’avais donc pas vraiment le choix en la matière.  Cependant, si elle commençait à me suivre à distance sans précaution, les groupes extérieurs alentours allaient peut-être trouver ça anormal. Il ne m’était pas non plus impossible de la semer mais ce serait du gaspillage d’énergie. En effet, il y avait de grosses chances que nous nous recroisions inévitablement à un moment donné si nous avions tous deux la même route.

Ainsi, je me dis que ce serait moins ennuyeux de poursuivre avec elle.

Moi — Très bien. Si c’est ce que tu veux, alors vas-y.

Nanase— Merci beaucoup.

Après avoir affiché un sourire ravi, Nanase s’inclina devant moi.

Nanase — Il reste juste à s’assurer que nous avons vraiment la même route. On reste sur la même longueur d’onde ?

Moi — Oui.  Il est toujours possible que nos rencontres ne soient que le fruit d’une coïncidence, donc une comparaison plus approfondie me semble une bonne idée. Mais on fait quoi pour l’instant ? On a encore du temps avant la prochaine désignation.

Il n’était qu’une heure et demie de l’après-midi, nous avions donc encore plus d’une heure à perdre.

Nanase— Exact… Oh, d’ailleurs, certaines tâches viennent d’apparaître.

Plusieurs nouvelles tâches étaient apparues sur ma tablette. Je regardai celles qui étaient dans les environs et décidai rapidement où aller. Ensuite, je lui montrai l’écran et pointai la tâche vers laquelle nous allions nous diriger en commençant à expliquer nos prochaines étapes.

Moi — Il y a une tâche de type questionnaire juste sous la zone F8. On pourrait s’y rendre.

Nanase— Oui, ce n’est guère éloigné !

Moi — Oui. Une fois ça terminé, si la prochaine zone à atteindre apparaît trop loin de nous, je pense qu’il faudrait renoncer d’arriver à temps.

Comme atteindre la prochaine zone n’allait pas être facile, je préférais  accumuler des points en accomplissant des tâches.

            Nanase— Compris. Si tu veux bien ouvrir le chemin.

En réalité, je voulais me diriger vers la tâche  « Jonglage de football » qui se situait en zone E5, mais la distance couplée à la route périlleuse la rendait beaucoup plus difficile à atteindre que la zone F8.

Mais ma priorité du moment était d’évaluer les capacités de Nanase

2

Moi — On arrive bientôt.

 
Nanase — Bien !

Nous traversâmes la zone F8 avec pour objectif d’atteindre la tâche, tablette en main pour vérifier notre route au fur et à mesure que nous avancions.

Nanase — Au fait senpai, cette tâche vers laquelle nous nous dirigeons semble plutôt difficile, n’est-ce pas ?

Moi — Eh bien, c’est un questionnaire, le champ peut s’étendre sur bien des domaines.

La tâche « Culture G » comportait une grande variété de thémtiques. Bien qu’il s’agisse d’un QCM, il était probablement difficile de gagner sans de solides connaissances en arts ou en sciences. La participation se limitait à 12 groupes maximum. Autrement dit, plus un groupe était grand, plus il y avait de cerveaux susceptibles d’apporter les réponses, ce qui était un avantage certain.

Moi — Ceci dit, je devrais avoir mes chances selon le thème choisi.

Nanase— Certainement, mais… tu aurais préféré la tâche de la zone E5, n’est-ce pas senpai ?

J’avais délibérément changé mon itinéraire pour essayer de l’évaluer, mais il semblait qu’elle avait vu clair dans mon jeu.

Moi — J’admets l’avoir envisagé, mais c’était du 50-50.

Nanase— Je suis heureuse de l’entendre. Cependant, je suis simplement ici pour t’accompagner, alors s’il-te-plaît ne t’impose pas de restriction en raison de ma présence, d’accord ?

Moi — Inutile me le rappeler. De toute façon, le test est plus intéressant en termes de récompenses.

La tâche « QCM » attribuait 8 points pour la première place, 4 points pour la deuxième et 2 pour la troisième. De plus, il y avait un bonus selon le nombre de personnes dans le groupe, ce qui permettait de choisir dans une liste de provisions pour recevoir de la nourriture ou de l’eau. C’était un bon moyen de reconstituer les réserves consommées au cours des deux derniers jours. Peu après l’apparition de la tâche, un grand nombre de personnes convergèrent, si bien qu’il y avait déjà foule autour du lieu indiqué.

 — Yo ! Ayanokôji ! Il ne reste que trois places ! Entre avant qu’il ne soit trop tard !

S’écria mon camarade de classe Sudou m’ayant aperçu, tout en me faisant signe de venir.

Nanase — Il a raison. Dépêchons-nous.

Nanase acquiesça en guise de réponse, et ensemble, nous courûmes jusqu’à la tâche pour procéder à notre inscription. On ne nous avait pas donné d’information sur le thème du questionnaire, nous laissant spéculer sur ce qui serait au programme. À ce stade, nous étions en attente de l’inscription d’un douzième groupe ou de l’heure limite d’inscription qui était dans environ 30 minutes. Ike était assis un peu à l’écart du bureau d’inscription, attendant que le questionnaire commence, mais pour le coup, il avait l’air grognon.

Il était manifestement quelque peu agacé et détaché, et Hondô avait du mal à engager la conversation avec lui. Il se contentait de tuer le temps, seul. On pouvait dire que la plus grande force du groupe de Sudou résidait dans une coopération accrue découlant de leur étroite amitié, mais même ainsi les choses n’allaient pas être si évidentes que ça pour eux.

Moi — Est-ce que tout se passe bien de ton côté ?

Demandai-je à Sudou, le seul qui semblait disposé à parler en ce moment.

Sudou — Je me débrouille bien au niveau des points. J’ai pris la troisième place sur une des zones à atteindre aujourd’hui, et la première place dans deux tâches aussi.

Moi — Je n’ai pas pu participer moi-même, mais je t’ai vu gagner la tâche de mesure de la force de préhension hier. Avec une grande marge.

Sudou— Sérieux, t’allais participer aussi !? Tu m’aurais piqué la première place mec ! Heureusement que t’es venu trop tard.

Sudou fit mine d’essuyer une sueur imaginaire sur son front d’une manière légèrement exagérée.

Moi — Et ton groupe ? Vous avez des problèmes ?

Sudou — On se retrouve à court d’eau plus vite que prévu… J’ai un peu l’impression qu’on a trop marché tu vois.

Apparemment, le contrecoup des deux premiers jours l’avait finalement rattrapé.

Sudou — Mais t’sais, on va en gagner en faisant des tâches, ça va.


Cela dit, son expression s’assombrit.

Sudou — Mais Ike est un peu à côté de la plaque.

Moi — Pourquoi ?

Sudou — J’sais pas… Il était déjà chelou avant l’examen, et là il fait style tout va bien.

Ce qui s’était passé avec Shinohara avait apparemment laissé des traces sur l’état mental d’Ike. L’examen sur l’île inhabitée était déjà bien entamé, le deuxième jour étant plus qu’à moitié terminé. Et pendant ce temps, la fille dont Ike s’était épris, Shinohara, passait son temps avec son rival, Komiya. Il était logique qu’il ne puisse pas s’empêcher d’y penser.

Moi — Je comprends que tu sois inquiet, mais une tâche est une
tâche. Si vous êtes ensemble et que vous donnez le meilleur de vous-mêmes, ça devrait aller.

Sudou — Ah tiens, en parlant de ça Ayanokôji, tu es tout seul du coup ? Est-ce que ça ira pour le questionnaire ?

Moi — Eh bien, ça dépend s’ils choisissent un thème dans lequel je
suis bon.

Sans répondre, Sudou remarqua Nanase qui se tenait à côté de moi et porta son attention sur elle.

Sudou— Hé, t’es en seconde toi ? Comment tu t’appelles déjà… ?

Sudou avait pris part au combat avec Hosen il y a quelques mois, il était donc naturel que Nanase lui paraisse familière.

Nanase— C’est Nanase, Sudou-senpai.

Au lieu de reluquer la jolie fille en face de lui, Sudou prit une expression sérieuse.

Sudou — …Hey Ayanokôji, viens une seconde.

Il enroula soudainement son bras autour de mon cou et me tira à l’écart, prenant une certaine distance avec Nanase.

Sudou— J’t’ai vu arriver avec elle. C’est une ennemie. Qu’est-ce que tu fous ?

Moi — Elle a juste demandé si elle pouvait me suivre puisqu’il y a de fortes chances que nous ayons la même route.

Sudou — Quoi ? Même si vous avez la même route, à quoi ça sert ? Elle travaille avec Hôsen pour t’exclure non ? Lui fais pas confiance mec !

On aurait dit qu’à sa manière, Sudou était sincèrement inquiet pour moi.

Moi — Tu as peut-être raison.

Cependant, je n’étais pas assez naïf pour penser qu’il n’y avait aucune raison à son insistance pour m’accompagner.

Sudou — T’as aucun sens du danger purée… Je comprends que tu sois calme parce que tu sais que tu vas t’en sortir, mais… Si t’as des problèmes, n’oublie pas de me le faire savoir, ok ?

Je hochai la tête en réponse aux inquiétudes de Sudou, et même s’il n’était pas entièrement satisfait, il semblait assez disposé à faire marche arrière.

Sudou — J’allais la faire dégager si elle te collait contre ta volonté, mais si tu dis que ça va, alors je vais laisser couler.

Au même moment, le dernier groupe finit de s’inscrire et les préparatifs pour le début du questionnaire commencèrent.

Sudou — On parlera plus longtemps après. Une tâche est une tâche, comme t’as dit, alors donnons tout !

À ce moment-là, Sudou retourna auprès d’Ike et Hondô. Chacun des 12 groupes participants sortit sa tablette connectée et se prépara à répondre aux questions à venir. Et lorsque le moment fut enfin venu, le thème du questionnaire s’afficha sur nos écrans.

CULTURE G

Thème : Animés

Moi — Hein ? « Animés » ?

La première question s’afficha avant que mon esprit n’ait eu la chance de bien comprendre les mots qui s’affichaient sur la tablette.

Question 1 : Lequel des titres suivants est le titre correct du 13e épisode de l’anime Mobile Samurai Bombdam ?

a. Bombdam, adieu !
b. Bombdam, brûle !
c. Bombdam, le hurlement !
 d. Les larmes de Bombdam !

Moi —…C’est quoi ce délire ?!!

Laissai-je échapper de ma bouche involontairement. Cela avait évidemment quelque chose à voir avec les animés étant donné le genre et la question, mais au-delà de ça, je n’avais pas la moindre idée de la bonne réponse.

  • …Sérieux !? C’est super-méga-facile !

À proximité, Hondô cria d’excitation, serrant fort sa tablette tandis qu’il sélectionnait la réponse. Facile ? Cette question était facile ? Bombdam… Bombdam… Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Ce thème ne correspondait pas du tout à mon domaine d’expertise, mais malgré tout, c’est moi qui m’étais mis dans cette situation, alors j’allais faire tous les efforts possibles pour aller jusqu’au bout. Il fallait juste garder mon calme. Comme il y avait quatre réponses possibles, il y avait 25 % de chances de répondre correctement même en choisissant au hasard.

Si je devais essayer de deviner, contrairement aux titres 1 à 3, le titre 4 était le seul dont le mot « Bombdam » apparaissait à la fin. Peut-être était-ce une sorte d’indice ? Je décidai de tenter le coup et sélectionnai la quatrième réponse. Peu de temps après la validation, le temps limite fut atteint et la bonne réponse s’afficha.

Réponse b. Bombdam, brûle !

Ma tentative de raisonnement avait été vaine. Je concentrai mon attention sur la deuxième question, ressentant un léger vertige alors que je me tenais sous le soleil brûlant de l’été.

Question 2 : Parmi les artistes suivants, qui a chanté le générique de l’anime Dashu Sea Chicken ?

Mais la réalité était sans appel.  Je ne savais strictement rien sur le thème choisi pour ce QCM. Naturellement, la deuxième question aussi m’échappait complètement. Et cette fois, aucune des quatre réponses proposées ne se distinguait des autres.

À ce moment, je compris que s’impliquer davantage ne serait que perte de temps. Je choisis donc des réponses au hasard, en espérant que, par miracle, ce soit les bonnes. Après avoir passé les dix minutes suivantes à répondre au reste des questions, je fermai silencieusement ma tablette.

Sur les 20 questions, j’avais obtenu 4 bonnes réponses, soit un taux de réussite de 20 %. En d’autres termes, j’avais fait moins bien que la moyenne théorique. Sans surprise, le groupe qui prit la première place fut celui de Sudou, avec un étonnant taux de 95 % de bonnes réponses. Après tout, Ike et Hondô semblaient assez calés sur ce thème. Ce n’était pas seulement les prouesses scolaires et physiques directes qui pouvaient se révéler utiles, mais aussi des connaissances diverses. Tout cela contribuait à confirmer ce que Chabashira nous avait dit avant même que l’examen ne commence.

Moi — Les questions étaient difficiles, hein ?

Avec 5 bonnes réponses, le taux de réussite de Nanase était proche du mien. En fait, on pouvait dire qu’elle ne connaissait presque rien aux animés.

Et en regardant les scores des autres, il semblait que la plupart des autres groupes ait vécu la même sensation de malaise avec ce QCM.

— On a réussi, Kanji !

En tant que membre du groupe gagnant, Sudou leva la main, pour faire un check de victoire.

               Sudou — Ouaaais !

Ike, en proie au découragement, toucha à peine la main de ses coéquipiers. En voyant cela, je me sentis quelque peu inquiet, ne sachant pas s’il fallait parler à Sudou de ce que vivait Ike. Même si c’était notre deuxième rencontre, rien ne garantissait que nous nous revoyions plus tard. Si Ike venait à apprendre que Shinohara et Komiya avaient commencé à sortir ensemble ou qu’ils s’étaient encore rapprochés pendant l’examen, il n’allait sans doute pas très bien le prendre.

Cependant, Sudou était-il la bonne personne pour soutenir Ike en ce moment ? J’avais des réserves. Sur le plan scolaire, physique et même mental, il avait sans doute mûri par rapport à la personne qu’il était auparavant. Mais, fournir un soutien émotionnel sur un sujet aussi délicat était une toute autre histoire.

Nanase— Y a-t-il un problème ?

Demanda Nanase avec curiosité. La tâche étant terminée, il n’y avait aucune raison de rester dans les parages plus longtemps.

Nanase— Y a-t-il un problème avec le groupe de Sudou-senpai ?

Comme elle observait attentivement depuis un moment, Nanase entra dans le vif du sujet.

Moi — En tant qu’observateur neutre, comment décrirais-tu leur groupe, Nanase ? Enfin, je conçois que la question semble difficile puisque tu ne les connais pas hormis Sudou.

Nanase— En effet. Alors peut-être que tu pourrais m’éclairer à leur sujet ?

Moi — À la gauche de Sudou se trouve Kanji Ike, et à sa droite, Hondô Ryotaro. Ils sont du genre à faire des choses stupides et à finir par se faire remarquer d’une mauvaise façon… Bon, je suppose qu’il serait préférable de dire qu’ils sont du genre à se laisser facilement emporter. Mais, en même temps, ils mettent une ambiance positive dans la classe.

J’eus vraiment l’impression de simplifier à l’extrême. Bien que ce soit tout de même assez exact, je préférai ne pas dire avoir raccourci la réalité.

Moi — Ils ne sont pas très studieux et leur groupe manque de sérieux, mais Sudou est bon en sport et Ike a l’expérience et les compétences requises pour camper sur une île déserte. Et Hondô… Eh bien, Hondô apporte une touche d’humour.

Cela aurait été un groupe tout à fait agréable à côtoyer si le but était de passer l’examen tout en s’amusant en cours de route.

Nanase— Ike-senpai et Hondô-senpai, dis-tu ? Ils participent beaucoup à l’ambiance positive globale…? À première vue, cela ne semble pas vraiment être le cas pour Ike-senpai. Serait-il malade peut-être ?

Bien qu’ils ne se soient jamais rencontrés en personne, Nanase était capable de percevoir que quelque chose n’allait pas chez lui. Avec l’impression qu’il donnait en ce moment, elle avait certainement raison de dire qu’il n’avait pas l’air de quelqu’un qui contribuait positivement au climat de la classe.

Moi — C’est vrai qu’il a l’habitude d’animer la classe. Même s’il a
l’air d’être un peu déprimé en ce moment, il devrait au moins être bien physiquement.

Nanase— C’est donc pour cela qu’Ayanokôji-senpai s’inquiète…


Nanase semblait déjà avoir remarqué que quelque chose préoccupait Ike.

Moi — Eh bien, c’est un peu ça. C’est gênant, mais je ne peux pas toujours m’occuper des affaires des autres. Pour le QCM, je me suis retrouvé dernier. Eux en revanche se sont classés premiers. Peu importe la composition du groupe, celui qui accumule le plus de points est le meilleur.

En clair, je m’inquiétais par avance du groupe de Sudou alors qu’il était actuellement devant moi en termes de points.

Nanase— C’est tout simplement lié à la nature de cet examen spécial, n’est-ce pas ? En misant sur nos points forts, il y a toujours une chance d’obtenir un bon score. Ce qui met en évidence le travail réalisé en amont par l’école pour organiser cet examen. Après tout, non seulement ils ont loué cette île entière, mais ils ont aussi conçu une compétition à grande échelle qui mettait à jour les forces et faiblesses de ses élèves.

Cela pouvait paraître rude, mais il n’y avait tout simplement pas beaucoup d’occasions pour des élèves comme Ike et Hondô de jouer un rôle actif en classe. Le devoir d’un élève consistait principalement à étudier et faire du sport, il s’ensuivait donc que ceux qui avaient du mal avec les deux se retrouvaient en difficulté.

Dans cet examen cependant, d’autres aspects entraient en ligne de compte. Je m’étais auparavant inquiété du manque d’équilibre du groupe de Sudou, mais ils semblaient s’en tirer à merveille.

Ainsi, le moral d’Ike était la seule chose qui posait souci, ce qui était un
problème vraiment délicat à résoudre… S’il avait été en pleine forme, cet
examen aurait pu constituer pour lui une occasion de se mettre en valeur. Quoi qu’il en soit, je jetai un regard en coin aux adultes en train de démanteler le site de la tâche. Bien que cette école soit clairement différente d’un lycée ordinaire, le coût d’un si grand bateau, des divers équipements, de la main d’œuvre et de tout ce qui avait été consacré à un seul examen spécial était inimaginable. L’examen de l’année dernière était déjà impressionnant, mais ce n’était rien au regard de celui de cette année.

Non seulement le budget était bien plus ambitieux, mais le contenu l’était également. L’année dernière, on nous avait demandé de travailler ensemble en tant que classe, mais cette fois-ci, on nous demandait de nous diviser en plusieurs petits groupes et de courir d’un bout à l’autre de ce vaste no man’s land. Ainsi, des disputes mineures et insignifiantes entre camarades de classe avaient le potentiel d’exploser en quelque chose de majeur et sans précédent. En outre, les blessures et maladies étaient au centre des préoccupations. Si quelques égratignures ou une fièvre passagère étaient d’importance bénigne, il en était tout autrement pour une fracture osseuse ou des choses plus graves.

Les membres du corps enseignant et autres personnels mobilisés par l’école n’allaient probablement pas avoir le luxe de se profiter du séjour jusqu’à la fin de ces deux semaines d’examen.

Moi — Allons-y.

Plutôt que de rester ici, nous ferions mieux de nous diriger vers la prochaine zone désignée ou de chercher une autre tâche à laquelle participer.

Nanase— Senpai, puis-je dire quelque chose avant que nous partions ?

Juste au moment où je commençais à marcher, Nanase s’inséra devant moi et leva les yeux pour me fixer du regard.

Nanase— Je vais me répéter mais ne tiens pas compte de moi et choisis l’itinéraire qui te conviendra le mieux. D’accord, Ayanokôji-senpai ?

Cet examen sur l’île était tel que prendre la première place de temps en temps ne suffisait pas à assurer la victoire. Pour arriver en tête du classement général il était indispensable d’accumuler régulièrement les victoires tout au long des deux semaines. Et cela n’incluait même pas l’avantage énorme qu’avaient les grands groupes. Être seul signifiait simplement qu’il fallait travailler plus dur pour marquer plus de points que les autres.

Moi — Je vais me répéter moi aussi. Je prendrai mes décisions sans que ta présence ne m’’influence alors arrête de t’en inquiéter.

À ce stade, j’avais déjà pris une décision quant à mon approche de la question. Une approche qui cherchait à s’adapter aux règles de l’examen et aux stratégies de ceux qui m’entouraient. Si le fait de la laisser m’accompagner me freinait, je ne l’aurais pas autorisé en premier lieu.

Nanase — Je suis soulagée de t’entendre dire cela. Alors je te prie de prendre soin de moi pour la suite.

Après avoir vérifié ma montre, je sortis ma tablette. Il était presque l’heure de la 4ème période de déplacement. C’était la dernière de la journée, ainsi que la première désignation de l’examen sans limitation d’éloignement. Le moment venu, je vérifiai la carte et constatai que la zone à atteindre était I7.

Si nous voulions prendre le chemin le plus court, il fallait traverser une chaîne de montagnes. Mais si je choisissais de privilégier la sécurité en faisant un détour, il fallait davantage de temps pour y parvenir.

Nanase— Devons-nous partir ?

Moi — Avant cela, Nanase, je voudrais voir ta tablette.

Nanase— Ah, oui. Nous n’avons toujours pas vérifié si nous avons la même route.

Alors que je m’attendais à une certaine réticente de sa part, Nanase sortit une tablette de son sac à dos et me montra la carte sans rien cacher. Et comme nous l’avions supposé, sa prochaine destination était I7, tout comme moi.

Nanase— Il semble que j’ai la même route que toi Senpai.


Moi — Il semblerait.

Je ne pouvais pas exclure la possibilité que les zones de nos routes ne se soient suivies un moment que par hasard. Mais au vu de tout ce qui s’était passé, il semblait vraisemblable de conclure que nos routes étaient les mêmes.

Nanase— Ceci étant dit, continuons. Allons-nous traverser la chaîne de montagnes ?

Moi — Non, je ne vais pas faire l’effort pour le bonus rapidité cette fois-ci. Des tâches sont apparues en G8 et G9 alors je pensais finir la journée en essayant d’y participer.

Les deux tâches se classaient dans la catégorie des compétences scolaires, la première étant Problèmes de mathématiques et la seconde Problèmes d’anglais. J’étais assez confiant sur mes chances de réussite. Enfin, si je parvenais à arriver à temps pour l’inscription.

Nanase— Alors, à quel endroit allons-nous monter le camp ? ?

Moi — Eh bien… La première zone qui sera désignée demain sera située autour de la zone I7. Si nous nous rapprochons trop, nous pourrions nous retrouver accidentellement dans cette zone à atteindre. Ce que j’aimerais éviter.

J’estimai ainsi qu’il était plus sûr d’établir le campement en zone H9.       

Moi — Une fois que nous aurons terminé les tâches, je pense que nous irons à H9 pour installer le camp.

Ayant écouté mon explication, Nanase acquiesça d’un signe de tête sans émettre la moindre plainte.

— Oiii Ayanokôji ! T’as dit que t’allais établir le camp à H9 ?

Sudou était sur le point de se mettre en route après avoir conclu la tâche, quand il m’interpella.

Moi — Y a un problème avec ça ?

Sudou — Non, c’est juste que notre prochaine zone désignée se trouve en H9. Vous allez où après ?

Moi — Pour l’instant, nous allons en G8 et G9 pour les tâches de mathématiques et d’anglais.

Sudou — Ugh, ouais, nous on va les éviter.

Murmura-t-il en se grattant la tête, comme si ce qu’il disait était naturel. Le groupe de Sudou se dirigeait très probablement vers la tâche apparue au-dessus de la zone E9 bien que celle-ci soit un peu plus éloignée.

Sudou — Si tu veux, on pourrait se retrouver après pour camper ensemble ? Ça sera plus amusant entre amis. J’aimerais aussi avoir ton avis sur nos stratégies et voir si tu as des conseils.

Bien qu’inattendue, sa proposition n’était pas mauvaise. D’ailleurs, je devais probablement le féliciter pour sa considération. Sans compter que le problème avec Ike me tracassait aussi depuis un moment. Avec une rencontre fortuite comme celle-ci, ce dernier n’aurait pas eu l’impression que j’avais des arrière-pensées si je venais à lui tendre la main.

Moi — Ça va être difficile de se retrouver dans la forêt, alors pourquoi ne pas se donner rendez-vous sur la plage en G9 ?

Puisqu’il serait plus facile de se trouver sur la plage, c’était probablement le meilleur choix.

Sudou — Bonne idée. Quelle heure ?

Moi — Puisque nous serons tous à proximité, que dis-tu de 17h30 ?

Dans ce cas, nous nous retrouverions sans problème après avoir terminé nos tâches.

Sudou — Très bien. Rendez-vous sur la plage en G9 à 17 h 30.

Sur ce, Sudou et ses amis prirent l’autre direction, se dirigeant vers une tâche différente de la nôtre. En effet, leur demander de participer à une tâche d’anglais ou mathématiques était totalement improductif. Il était plus naturel de les laisser participer à une tâche qui leur convenait mieux.

Moi — Il semblerait que nous allons passer la nuit avec eux. Est-ce que ça te pose un problème, Nanase ?

Elle allait passer la nuit avec quatre garçons plus âgés, il était donc logique qu’elle soit au moins un peu hésitante. Même si c’était probablement mieux que d’avoir à passer la nuit à camper seule avec moi.

Nanase— C’est bon.  En fait, je pense que ce sera une bonne occasion d’apprendre à se connaître.

3

Plus tard, vers 17 h 30, Nanase et moi attendions sur la plage lorsque le groupe de Sudou arriva en revenant de leur zone désignée.

Moi — Comment ça s’est passé ?

Sudou — Heu… Pas ouf. Y’avait plein de nouvelles tâches alors on a fini par participer à trois trucs. On a eu une 3ème place mais pour les deux autres tâches, y’avait tellement de monde qu’on pouvait plus s’inscrire.

Sudou fit claquer sa langue en signe de frustration, légèrement essoufflé. Nanase et moi n’étions pas non plus arrivés à temps à nos tâches pour nous inscrire, preuve qu’il y avait manifestement encore pas mal d’élèves dans les environs.

Nanase— Le 2e jour vient juste de se terminer, alors pas de surmenage.

Bien qu’ils aient accumulé une grande quantité de points, on ne pouvait nier qu’ils allaient un peu trop vite, ce que Sudou avait même admis lui-même. C’était une bonne chose que Sudou, débordant de confiance dans sa puissance et son endurance, ait pu entraîner Ike, étant donné son attitude résignée et dépressive. Mais ça ne pouvait pas durer.

Hondô, en particulier, était à bout comme s’il venait de braver les profondeurs de l’enfer. Il n’y avait aucune chance qu’il soit d’accord avec quelque chose d’aussi exténuant, mais vu qu’il n’avait pas émis la moindre plainte, on pouvait probablement supposer qu’il s’était simplement résigné lui aussi, consacrant toute l’énergie qu’il pouvait à suivre le mouvement.

Sudou — Trouvons un endroit pour camper. T’en penses quoi, Kanji ?

Sudou se tourna vers Ike attendant une suggestion, ce qui incita le garçon distrait à pointer au loin vers la forêt.

Ike — Retournons en H9. On est passé devant une clairière tout à l’heure. Ça devrait faire l’affaire.

À la réponse apathique d’Ike, nous nous mîmes en route tous les cinq.


Nanase— Je n’ai vraiment pas l’impression qu’Ike-senpai soit la personne gaie que tu m’as décrite, Ayanokôji-senpai.

Moi — Il est un peu perturbé en ce moment.                

Nanase— Perturbé… ?

Moi — Je ne me sens pas à l’aise car ce n’est pas à moi de le faire. Si tu veux vraiment savoir, il faut essayer de lui demander.

Nanase— Tu as raison. Je tenterai de lui parler quand j’en aurai l’occasion.

Répondit-elle joyeusement. Cela dit, qu’Ike se confie à elle était une autre question. Après avoir suivi Ike pendant environ vingt minutes, nous arrivâmes à une clairière dans la forêt. C’était un lieu idéal pour le camping, si bien qu’il n’y avait pas de problème même si trois ou quatre groupes décidaient de planter leur tente ici.

Sudou — On va monter les tentes vite et trouver à bouffer. J’ai la dalle !

Sudou se tapotait le ventre en parlant, affamé à juste titre après tous les déplacements qu’il avait effectués aujourd’hui. Sudou et Hondô regardèrent Ike les yeux remplis d’espoir. La raison en était évidente, étant donné la canne à pêche qui dépassait de son sac. Cependant, Ike se tenait simplement là, sans prendre garde à leurs regards attentifs, distrait comme jamais.

Sudou — Oiii Kanji. Tu ne vas pas aller pêcher ce soir ?

Sudou le pressa plus explicitement cette fois, ses attentes montant en flèche en raison de la proximité de l’océan.

Ike — Eh ? Oh, euh, eh bien… il est déjà tard et je suis assez fatigué, alors non. Désolé.

S’il avait prévu de pêcher, il serait resté à la plage tout à l’heure lorsque nous nous étions rencontrés. Ou peut-être n’avait-il pas envie de faire autant d’efforts.

               Sudou — Tant pis. On peut rien y faire, alors.

Bien que Sudou eut l’air déçu, il abandonna assez rapidement, ne voulant pas forcer le trait. Ike secoua la tête pour retrouver ses esprits avant de commencer à monter sa tente.

Nanase— On dirait que son esprit est ailleurs.

Même Nanase, qui ne savait rien de la situation, était capable de le remarquer. Alors sous cet angle, dire qu’il semblait distrait semblait presque un euphémisme.

4

Lorsque nous finîmes de dîner, le soleil s’était déjà couché. Il était à peu près 20 heures, et nous étions tous libres de passer le temps seuls. Cette « liberté » avait cependant ses limites, car ce n’était pas vraiment un choix judicieux que de se promener dans la forêt environnante dans l’obscurité. Il y avait de gros nuages de moustiques, nous étions donc obligés de rester enfermés dans nos tentes. Nous commençâmes donc à converser à travers les mailles de nos barrières de protection. Nanase, Ike et moi avions nos tentes installées en rang. La tente de Hondô était installée juste en face de celle de Nanase, et celle de Sudou juste à côté.

Hondô — Nanase-chan, tu es donc en classe D ? Je n’aurais pas cru.

Hondô semblait plutôt heureux de parler avec une fille vu que c’était lui qui posait le plus de questions à Nanase.

Nanase— Non non. Je ne suis vraiment pas une personne très douée… La classe D semble être un endroit approprié pour moi.

Hondô — Eh ? Pas du tout. Au contraire, c’est nous les incapables ici, n’est-ce pas les gars ?

Hondô éclata de rire seul, amusé par sa plaisanterie, mais Sudou restait de marbre. Il était allongé sur le dos, fixant le toit de sa tente sans même essayer de participer à la conversation. Et même si je ne pouvais pas voir ce que faisait Ike, il ne semblait pas non plus véritablement engagé dans la conversation puisqu’il ne faisait pas grand-chose de plus que de commenter passivement ce qui se disait de temps en temps.

Hondô — L’ambiance est triste. Kanji, Ken, c’est quoi votre souci ?

Sudou — Rien, vraiment. Mais laisse-moi te prévenir, Ryotaro… Nanase n’est pas digne de confiance.

Hondô — Quoi ? Pourquoi ça ?

Hondô appuya son visage contre la moustiquaire de sa tente et fixa droit Sudou, choqué par ce que son camarade disait d’une kôhai[1] aussi mignonne.

Sudou — Je déconne pas hein !

Hondô — Explique-toi mec.

Nanase— C’est exact, Hondô-senpai. J’ai fait quelque chose d’assez grossier à Sudou-senpai par le passé, c’est tout.

Hondô — Grossier ? Ce n’est donc pas parce qu’il a essayé de te toucher de manière inappropriée ou quelque chose du genre ?

Sudou — Tu crois que je ferais une chose pareille ?

Même s’il avait en quelque sorte eu l’idée lui-même, Hondô se rendit immédiatement compte de la faille de sa logique après avoir entendu la réponse de Sudou.

Hondô — Eh bien, il est vrai que tu ne t’es toujours intéressé qu’à Horikita. Mais bon sang, que s’est-il passé ensuite ?

Sudou — Ça te regarde pas !

Sudou se déplaça de façon à tourner le dos à l’entrée. Kazuomi Hôsen, de la classe 2ndeD, avait fait quelque chose d’inadmissible à celle qu’il aimait. Et sa complice n’était autre que Nanase. Du point de vue de Sudou, il était parfaitement logique de se méfier. Si Horikita avait été là, elle aurait probablement dit la même chose. Hondô n’était probablement pas entièrement satisfait, mais puisque Nanase elle-même l’avait admis, il n’avait pas vraiment le droit de continuer à interroger Sudou à ce sujet.

Hondô — Bon, d’accord, je suppose… Mais Kanji non plus n’a pas l’air dans son assiette.

Ike — O-oh, euh, je… je suis comme d’hab, hein !

Ike, soudainement devenu le sujet de la conversation, commença à paniquer.

Sudou — « Comme d’hab », mon cul. C’est l’occasion, alors je vais le dire franchement : quelque chose clochait avec toi avant même le début l’examen.

Hondô — Il m’enlève les mots de la bouche. Tu es vraiment à côté de tes pompes !

Sudou se remit face à nous, manifestement intéressé par la direction que prenait la conversation.

Ike — Hein ?  Écoutez, il y a cet examen et… je suis juste très stressé parce qu’il y a une chance que je sois expulsé. C’est tout.

Hondô — Stressé ? Oui, c’est ça. Tu n’étais pas super excité quand on avait entendu parler de cet examen ?

Ike avait une grande expérience du camping, et il avait même joué un rôle actif et important lors de l’examen sur l’île de l’année dernière. Ses amis proches le savaient aussi, il était donc hors de question qu’ils le laissent s’en sortir avec une telle excuse.

Ike — Eh bien, euh… C’est euh, mais comme…

Alors qu’Ike s’efforçait de répondre de façon incohérente, Nanase regarda sa tente et parla.

Nanase — Même si nous venons à peine de nous rencontrer, j’ai aussi l’impression que tu manques de motivation.

Hondô — T’en pense quoi, Ayanokôji ?

Hondô me demanda mon avis, ce qui m’incita à rompre mon silence. Vu le déroulement de la conversation, il était plus naturel d’être honnête et d’être d’accord avec eux.

Moi — J’y pense depuis que je suis tombé sur vous.  

Hondô — Tu vois ? Tout le monde l’a remarqué.

Ike était coincé, il balbutiait, essayant de trouver une excuse plausible.

Nanase — Plus tôt dans la journée, Ayanokôji-senpai m’a dit que toi et Hondô-senpai contribuiez beaucoup à l’ambiance de la classe. Mais, jusqu’à présent, j’ai l’impression que ton esprit est ailleurs… Y a-t-il quelque chose qui te perturbe, Ike-senpai ?

Ike fut frappé que Nanase ait vu juste. Elle qui ne savait rien.

Ike — Uhm, comment je peux dire ça…

Ike essaya de trouver les bons mots.

Sudou — Allez, si quelque chose te dérange, dis-le.

Hondô — C’est probablement pas un gros problème de toute façon.

Bien qu’étant parmi ses amis les plus proches, ils sous-entendaient qu’il pouvait tout leur dire. Cependant, leur approche rendait Ike plus réticent à s’exprimer, paradoxalement.

Ike — Laissez tomber…

Nanase — Pourriez-vous tous les deux lui laisser un moment ?

Chuchota discrètement Nanase à Sudou et Hondô après avoir entendu la réponse dépitée d’Ike. Pendant un instant, Sudou parut indigné et offensé, contrarié que Nanase ait même posé la question. Mais après avoir jeté un coup d’œil à l’expression troublée d’Ike, il comprit que son ami traversait peut-être quelque chose de plus grave qu’il ne l’avait pensé.

Hondô — Il n’y a pas besoin d’attendre, Nanase-chan. Au final, ce n’est probablement rien d’important.

Sudou — Non. Il est peut-être un peu trop tôt pour dire ça Ryotaro. On va lui laisser du temps.

Hondô — Eh ? A-ah… Eh bien, je suppose que oui, si tu le dis.

Analyser une ambiance n’avait jamais été l’un des points forts de Sudou. À en juger par son comportement, cependant, il avait progressivement appris à prêter attention à son environnement et remarquer les nuances subtiles d’une situation. C’était probablement un des bienfaits des enseignements de Horikita au cours de l’année écoulée.

Nous surveillions discrètement Ike, veillant à ce qu’il ne se sente pas obligé de parler. Bien sûr, il n’était pas facile pour lui de parler dans une telle situation, mais en même temps, il ne pouvait plus se défiler. Nous devions simplement attendre qu’il se sente prêt.

Finalement, après environ dix minutes de silence, Ike se décida et commença à vider son sac.

Ike — Pour être honnête… Il y a… une fille qui me fait de l’œil depuis un moment maintenant.

Surpris, Sudou et Hondô se retournèrent et se regardèrent à travers l’entrée de leurs tentes. Hondô s’anima, excité par l’émergence soudaine d’un sujet aussi intéressant.

Hondô — Quoi ! ? Qui ! ? Qui c’est !?

Nanase — Attendons qu’Ike-senpai se sente prêt à nous le dire lui-même.

Coupa gentiment Nanase, cherchant à empêcher Hondô de trop presser Ike de questions. Il était difficile d’imaginer que son état mental actuel soit simplement dû au fait qu’il avait le béguin pour quelqu’un. Pour cela, il fallait que quelque chose d’autre se soit produit par la suite. Nanase aussi l’avait probablement compris.

Hondô — Hey, tu dois plonger la tête la première dans ce genre de choses !

Nanase — Et si tu te calmais et attendais d’entendre ce qu’Ike-senpai a à dire ? Au lieu de chercher à savoir qui il aime, tu ne crois pas qu’il est plus important de lui laisser dire ce qui le préoccupe autant ? Ai-je tort ?

Les paroles de Nanase étaient calmes, mais fermes, amenant Hondô à s’arrêter en plein élan.

Hondô — Je suppose que tu as raison.

Se faisant à nouveau rabrouer par sa kôhai, Hondô sembla se rendre compte qu’il manquait de tact et se gratta maladroitement l’arrière de la tête.

Ike — La fille que j’aime bien…

Dès qu’Ike commença à parler, les deux garçons laissèrent libre cours à leur imagination. Était-elle dans notre promotion ? Une senpai ? Ou faisait-elle partie des nouveaux élèves ? Et, si elle était dans notre année scolaire, était-elle une camarade de classe ? Les filles populaires et attirantes comme Kushida ou Ichinose étaient sans doute les premières à venir à l’esprit.

Ike — La fille que j’aime bien est… uhm… Sh-Shino… Shinohara Satsuki.

En entendant ce nom, Sudou et Hondô se figèrent, comme incapables de traiter l’information. Après tout, pour eux, Ike et Shinohara semblaient n’être rien de plus que des camarades de classe qui se disputaient sans cesse. Elle n’était pas non plus exactement considérée comme une beauté. Ainsi leur confusion était parfaitement compréhensible vu l’insistance avec laquelle Ike avait parlé de son projet de sortir avec une jolie fille.

Hondô — M-mais Kanji… Tu t’entends très mal avec Shinohara, non ? Tu es toujours en train de dire qu’elle est laide.

Il ne put s’empêcher de souligner ce qui semblait être le problème majeur.

Ike — Ce n’est pas comme si j’en avais conscience depuis le début ou quoi que ce soit. Bordel, je la détestais vraiment au début. Mais… Je ne sais pas pourquoi, à un moment donné, j’ai commencé à m’intéresser à elle. Puis… Je suppose que je ne voulais pas me l’avouer, alors j’ai continué à faire comme si je n’étais pas tombé amoureux d’elle.

Il ne mentait probablement pas en disant cela. C’était une scène naturelle pour ceux d’entre nous qui assistaient aux chamailleries quotidiennes d’Ike et de Shinohara dans la salle de classe.

Sudou — Si t’aimes Shinohara, pourquoi tu te déclares pas ?

Il proposa une solution très directe mais Ike répondit sur un ton désespéré.

Ike — Ce n’est pas si simple. Plus maintenant.

Nanase — Il s’est passé quelque chose, Ike-senpai ?

Ike — Shinohara est dans un groupe avec Komiya en ce moment. Ce type… l’aime probablement aussi.

À ce stade, Hondô et Sudou commençaient enfin à comprendre ce qui se passait.

Ike — De plus… il semble qu’elle le considère aussi comme quelqu’un de spécial.

Un garçon et une fille déjà proches l’un de l’autre, travaillant ensemble et dans le même groupe pour surmonter des épreuves. De plus, cet examen était une bataille cruciale pour notre avenir au sein de l’école. Toutes les conditions étaient réunies pour la formation de liens étroits et de sentiments forts entre deux personnes.

Ike — J’ai réalisé que j’étais amoureux d’elle il y a peu… Alors quand l’examen est arrivé, je voulais à tout prix être dans le même groupe. Mais je n’ai pas réussi à le lui dire alors on a commencé à se disputer comme d’habitude… C’est pathétique… Tout ce temps, je n’ai fait que lui tourner autour sans pouvoir parler…

Ike était perturbé depuis un moment maintenant. Souvent il suivait Shinohara du regard, essayant de s’approcher de son ombre mais en vain.

Ike — Peut-être que je me suis fait des idées en pensant qu’elle m’aimait malgré nos disputes… Je suis un gros naze. Même maintenant, je ne sais pas ce que j’aurais dû faire différemment.

Il y a toujours des moments où l’on se demande si les sentiments que l’on éprouve sont réciproques. Mais même ainsi, il est impossible pour quiconque de connaître réellement les sentiments de l’autre. C’est quelque chose que j’avais vécu en personne, quand je me suis déclaré à Kei.

Nanase — Tu ne peux pas simplement le lui dire, Ike-senpai ? Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose.

Nanase partagea ses pensées après avoir entendu ce qu’Ike avait à dire.

Ike — Mais… Shinohara est avec Komiya et moi, en « friendzone ».

Nanase — Je ne suis pas certaine de ça. Ce n’est qu’une supposition, mais… tu ne crois pas que Shinohara-senpai attendait juste que tu te décides à franchir le pas ?

Ike — Franchir le pas… ?

Nanase — D’après ce que l’on m’a dit, tu es quelqu’un d’amical et ouvert avec tout le monde. Quelqu’un qui dit souvent ce qu’il pense. Bien sûr, je présume que Shinohara-senpai a également une haute estime de toi à cet égard. Cela dit, elle aurait peut-être apprécié que tu lui montres combien elle était spéciale pour toi ?

Il disait souvent librement ce qui lui passait par la tête, ou autrement dit, il parlait souvent sans réfléchir.

Nanase — Peut-être attendait-elle que tu sois plus explicite sur les sentiments que tu éprouves ?

J’étais déjà sûr des sentiments d’Ike pour Shinohara. Et j’étais plutôt confiant sur le fait que c’était réciproque. Pourtant, Ike se disputait constamment avec elle, allant parfois jusqu’à se moquer. Il ne la traitait pas différemment de ce qu’il faisait avec ses amis masculins mais cela n’était probablement pas suffisant pour elle, comme l’avait dit Nanase.

Ike — Je…

Nanase — Ike-senpai, que penserais-tu si la fille que tu aimes ne te prenait jamais au sérieux ? Il n’y a rien de mal à essayer de cacher l’émoi que tu ressens en sa présence, mais tu n’arriveras à rien sans lui faire part de tes sentiments. Ne voudrais-tu pas qu’elle te voie comme une personne sur qui elle pourrait compter ? Il faut aussi essayer de se mettre à sa place et se demander sous quel angle elle voit les choses. Que ressentirais-tu si cette personne si spéciale et qui occupe toutes tes pensées te dénigrait constamment ?

Ike — …Merde.

Ike prit sa tête entre ses mains. En ce moment, il était probablement en train de rassembler ses souvenirs sur la façon dont il avait traité Shinohara dans le passé et de se mettre à sa place, faisant de son mieux pour comprendre ce que ses actions lui avaient fait ressentir.

Ou non… vu sa réaction, il avait probablement déjà compris.

Nanase — C’est naturel d’être perturbé par ces choses, mais tu es au milieu d’un examen spécial qui comporte des risques d’expulsion. Et ton résultat a aussi un impact sur tes amis. De mauvais résultats pourraient très bien entraîner Sudou-senpai et Hondô-senpai dans ta chute. Je comprends parfaitement que tes pensées aillent vers Shinohara-senpai, vraiment, mais tu dois d’abord te concentrer sur la lutte pour la survie.

Avant même de s’en rendre compte, toutes les personnes présentes étaient hypnotisées par les paroles de Nanase. Après tout, elle avait prêté attention aux malheurs d’Ike avec bien plus de sincérité que ses propres amis, mais ce n’était pas la seule raison.

Nanase — Si tu devais partir… Tu n’auras plus la possibilité de la revoir… alors tu ne pourras plus jamais lui faire savoir que tu l’aimes… !

Il n’y avait pas besoin de regarder son expression. Le seul son de sa voix était plus que suffisant pour le faire comprendre.

Sudou — Tu… Pourquoi tu pleures ?

Malgré sa méfiance à l’égard de Nanase, Sudou prit la parole, affolé.

Nanase — Ike-senpai, tu ne vas pas te laisser abattre, n’est-ce pas ?

La question de Sudou resta sans réponse, car Nanase en posa une à Ike, ignorant complètement le fait que des larmes coulaient sur son propre visage.

Ike — …Oui. Je dois d’abord réussir cet examen.

Les mots de Nanase, ces paroles venues d’une inconnue et plus jeune de surcroît, touchèrent le cœur d’Ike au-delà de toute espérance.

Ike — Ken, Ryotaro, je suis désolé les gars. Je… Je vous ai sans doute beaucoup pesé ces deux derniers jours, hein ?

Ike exprima ses remords, auxquels Sudou répondit par la négative.

Sudou — Non, c’est rien… En fait, peut-être juste un tout petit peu.

Il n’arrivait pas à se résoudre à dire qu’il n’y avait pas eu de problèmes, mais c’était probablement mieux ainsi.

Ike — …Oui. Je dois d’abord réussir cet examen. Pour être honnête, je pense toujours beaucoup à Shinohara. Mais ça n’aura pas d’importance si je ne réussis pas l’examen avant… Tous mes soucis, tout le temps passé, tout ça sera vain si on réussit pas.

Hondô — Oui, c’est ça Kanji !

Approuva Hondô, haussant la voix de manière à rallier toute l’équipe. Parfois, les amis pouvaient apporter des ennuis mais dans d’autres circonstances, ils étaient vraiment irremplaçables. Je sentis que c’était comme une leçon pour moi à retenir.

Quant aux larmes que Nanase avait versées, mon instinct me disait qu’il ne s’agissait pas d’une simple comédie, ni au fait qu’elle s’était laissée emporter par l’ambiance.

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[1] Contraire de senpai.

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