CLASSROOM Y2 V10 Chapitre 7

Expulsion

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Traduction : Sacha
Correction : Raitei
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C’était la première attaque de Sakayanagi durant la seconde mi-temps. Cette fois, la cible n’était plus la classe de Horikita, mais celle de Ryuuen. Avant l’examen spécial, aucune stratégie n’avait été mise en place pour le combattre. Elle ne pensait pas qu’il était nécessaire de créer un plan méticuleux contre un ennemi qui n’en faisait qu’à sa tête. Toutefois, Sakayanagi avait maintenant des informations extérieures en sa possession. En effet, elle avait reçu un appel de son camarade Hashimoto qui l’avait vivement conseillé sur l’examen.

Parmi les nombreuses choses qu’il avait évoquées, quelques-unes qui restèrent dans la tête de Sakayanagi. L’une de ces choses était une conversation sur l’élimination de Shiina Hiyori et la possibilité de l’expulser. Sakayanagi n’avait que faire des opinions personnelles de Hashimoto, mais lorsqu’elle en avait appris la raison, ses pensées se figèrent.

Il s’agissait du regard et du comportement d’Ayanokoji à l’égard de Shiina. Hashimoto l’avait informé qu’il agissait différemment avec elle contrairement à d’autres élèves. Cette remarque avait capté l’attention de Sakayanagi. Elle se demandait si Ayanokôji allait montrer des émotions si Shiina venait à être expulsée.

Sakayanagi — Mais il s’agit déjà d’un développement impossible, n’est-ce pas ?

Durant le premier tour, Ichinose s’était battue plus déterminée que jamais. Avant, elle aurait hésité à éliminer les élèves de la classe adverse. Mais ce ne fut pas le cas cette fois face à Ryuuen. Elle avait éliminé quatre personnes uniquement dans la première mi-temps : Ishizaki, Isoyama, Yano, et Morofuji. Elle n’était déterminée qu’à protéger sa propre classe. Pour accomplir cet objectif, elle avait décidé d’être sans merci avec le reste.

Même si Sakayanagi pouvait cibler Shiina et l’éliminer, c’était le reste des élèves qui allaient être sacrifiées. Parier sur la petite chance que Shiina soit expulsée n’était pas optimal. Shiina n’avait fait qu’une erreur à ce moment de l’examen. Même si Sakayanagi la poussait à donner deux réponses erronées en la ciblant avec des questions dont elle n’avait pas la réponse, il allait être difficile d’empêcher sa protection. Cette stratégie n’était pas viable.

Sakayanagi — Intéressant

Elle avait fini en haut du classement à la fin de cette première mi-temps et commençait déjà à s’ennuyer. Prendre un peu de plaisir n’aurait rien d’un luxe. Elle changea d’avis et pensa qu’il serait intéressant d’éliminer un ennemi puissant. Elle comptait l’écraser, rester en tête et finir ce jeu.  Pour ce faire, elle avait besoin d’élaborer une stratégie. Durant les quelques minutes dont elle disposait avant la fin de son tour, elle finalisait son plan. Et ainsi, le 11e tour pour attaquer commençait. Toutefois…

Au cours du 11e tour, chacun des cinq élèves désignés par Sakayanagi fut protégé. Cinq points avaient été perdus face à cette défense parfaite. Un échec total. Pourtant, l’entièreté de classe disait que ce n’était qu’une coïncidence et que tout se passait bien. Mais Sakayanagi voyait cela différemment.

Elle ne pensait pas que c’était issu d’une très grande malchance. Immédiatement, elle abandonnait l’idée d’éliminer Shiina. Elle jetait toute stratégie et toute logique pour ne prendre que des noms aléatoires. Autrement dit termes, une combinaison de critères que personne ne pouvait prédire. Le résultat fut à nouveau une défense parfaite. C’était le deuxième miracle consécutif.

Ses camarades étaient tous troublés. Peut-être qu’ils pensaient que Ryuuen avait réussi à lire en Sakayanagi, mais cette pensée ne lui traversa jamais l’esprit. Après deux tours, elle était certaine qu’il n’y avait qu’une possibilité. Quelqu’un était en train d’interférer. Elle se doutait qu’un « Judas », se cachait dans sa classe.

Les informations internes étaient certainement en train de fuiter. Autrement, rien n’aurait pu expliquer rationnellement ce qui se déroulait. Avant son prochain tour, Sakayanagi décida d’observer ses camarades sans dire un mot. Certains s’exaspéraient de la chance de Ryuuen, d’autres s’accrochaient désespérément à leur téléphone pour éviter l’élimination.

Ainsi débuta l’attaque du 13e tour. La classe devint naturellement silencieuse. Sakayanagi ne disait rien, et après 30 secondes, elle marqua une pause d’une minute entre chacun des noms dans sa tête. Ce n’était pas qu’elle se triturait le cerveau pour éviter une autre défense parfaite de Ryuuen.

Ce silence était un ordre implicite que Sakayanagi donnait à ses camarades. C’était un message simple : « Qu’on arrête les bêtises ». Après avoir gardé le silence jusqu’à la dernière minute, elle énonça les cinq noms à Chabashira. Toutefois, le résultat restait toujours le même, un autre score parfait.

Sakayanagi — Quel dommage !

C’est ce qu’avait dit Sakayanagi, alors que son sourire s’effaçait après trois défaites consécutives. Si l’information fuitait en temps réel, le nombre de stratégies était limité. Une des méthodes était la transmission par messagerie de la liste à Ryuuen vu qu’utiliser son téléphone était permis et n’avait rien de suspect. L’autre méthode était que le traitre était en appel continu avec Ryuuen. Ou alors des messages vocaux ou des enregistrements audios étaient envoyés.

À titre préventif, elle pouvait peut-être demander la permission de désigner les noms sur papier. Si cela était refusé, elle pouvait alors tout simplement chuchoter les noms à Chabashira.

Toutefois…

Sakayanagi regarda le grand écran positionné au-dessus du professeur. Il suffisait d’une photo de l’écran pour que les noms fuitent. Le seul moyen de se défendre était d’empêcher physiquement la transmission d’informations. C’est-à-dire qu’elle aurait demandé à ce que chacun arrête d’utiliser son téléphone et sa tablette le temps de chuchoter les noms au professeur. Si cela permettait de résoudre le problème, cela les sortirait d’un réel pétrin. Ils n’avaient donné que 15 points jusqu’à présent. Il pouvait encore arrêter le carnage de Ryuuen. Pendant qu’elle continuait de réfléchir, le silence fut rompu, mais pas par Sakayanagi.

Morishita — Les informations sont en train de fuiter

Elle murmura ces mots sans aucune expression.

Sanada — Morishita-san a sans doute raison. Nous devrions probablement faire en sorte que tout le monde arrête de toucher à son téléphone et les vérifier. Ryuuen-kun a peut-être mijoté quelque chose.

Sanada, avec un léger retard, approuvait les paroles de Morishita, et attendait une réponse de Sakayanagi. Aussitôt, Kitô et Hashimoto se levèrent.

Hashimoto/Kitô — C’est inutile !

Sanada — Mais… !

Hashimoto — Mieux vaut continuer à utiliser nos téléphones pour augmenter nos chances de répondre correctement aux questions.

Dans des circonstances aussi chaotiques, vérifier les téléphones n’était pas forcément la méthode la plus optimale. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, Sakayanagi fut d’accord pour ne rien faire.

Sanada — Tu es d’accord avec la chose princesse ? Il est certain que les informations fuitent. Nous devons faire quelque chose.

Sakayanagi — Il n’y a aucun changement dans nos plans. Continuons l’examen comme jusqu’à présent.

Si cela était un ordre, aucun élève ne pouvait protester. Personne n’avait l’autorité nécessaire pour la contredire. Bien que tout le monde ait obéi, tous se demandaient pourquoi elle avait préféré laisser la situation telle quelle. Trahir sa classe n’était pas aisé. Si l’adversaire protégeait de manière évidente les élèves visés, ce n’était qu’une question de temps avant que la fuite d’information ne soit découverte.

Alors que la classe A suivait le plan tout en sachant que les infos fuitaient, on commençait à s’inquiéter du fait qu’il n’était pas suffisant de bloquer la vision de l’écran et de confisquer les portables. Si cela n’avait pas résolu le problème alors cela n’aurait créé que du désordre dans la classe inutilement, rompant toutes les communications propices à la récolte d’informations.

Si Sakayanagi avait été la traitre, elle n’aurait rien laissé derrière elle. Elle aurait même été capable de faire accuser quelqu’un d’autre en mettant des preuves dans son casier ou sac. S’ensuivrait ensuite la zizanie en classe où chacun se rejetterait mutuellement la faute.

Mais désigner un élève qui avait une grande chance d’être le traitre sans apporter de preuves solides était bien trop risqué. Autrement dit, faire une scène maintenant mènerait seulement au chaos.

Sakayanagi avait décidé d’éviter de finir dernière, au lieu de viser la première place. Elle pouvait limiter la catastrophe en défendant comme il fallait face aux attaques de Horikita. Ils avaient tout mis en place pour s’en sortir du mieux possible, mais cela ne se passa pas comme prévu. Avec les informations qui s’affichaient sur l’écran, il devint évident qu’Ichinose aidait Horikita. Une stratégie se mettait en place afin de les faire couler le plus profondément possible. Le 20e tour se termina alors qu’ils continuaient à perdre, cédant leur 3e place à 6 points près.

Sakayanagi — On dirait que j’ai perdu cette fois-ci.

Dans cet affrontement entre toutes les classes, ils durent subir la honte de finir dernier. Même si cela pouvait être expliqué par la présence d’un traitre en leur sein, aucune excuse ne pouvait être acceptée. Sakayanagi laissa échapper un soupir. En tant que leader, elle devait prendre la responsabilité de sa défaite.

Sakayanagi — Comme nous avons perdu, nous devons en conséquence choisir un de nos camarades à éliminer.

Durant l’examen, cinq élèves, Kamuro, Yamamura, Sugio, Toba et Machida étaient de potentiels exclus.

Sakayanagi — Normalement il aurait été judicieux de choisir qui éliminer en fonction de la contribution à la classe, mais nous n’allons pas procéder ainsi. La raison est évidente. De mon point de vue, vous cinq êtes à un niveau équivalent.

Sakayanagi affirma que la classe ne serait ni plus forte ni plus faible, peu importe qui serait expulsé.

Machida — Alors comment allons-nous décider ?

Sakayanagi — Nous devrions tirer au sort pour décider qui expulser de manière équitable.

C’est une proposition inattendue, qui causa des cris de protestations parmi les éliminés.

Sakayanagi — Êtes-vous insatisfait ? Malheureusement, peu importe qui sera expulsé, cela ne fera pas une grande différence.

Sakayanagi continuait alors que la classe était complètement silencieuse. Les élèves éliminés voulaient extérioriser leur frustration, mais ils ne voulaient pas provoquer Sakayanagi, ce qui aurait fait d’eux les expulsés par défaut.

Sakayanagi — Il est inutile de contester. Le leader a le choix de décider qui expulser.

Machida — Si nous suivons les résultats du tirage au sort, pouvons-nous considérer ça comme le choix du leader ?

Sakayanagi — Bien sûr. Pour éviter que celui qui a l’OAA le plus faible soit expulsé, j’ai décidé de juger celui qui sera le plus malchanceux comme le plus faible. Et si quelqu’un refuse de participer à ce tirage au sort, j’interpréterai cela comme un abandon et par conséquent, je l’expulserai.

Pour les forcer à participer, Sakayanagi avait réduit leur possibilité de fuir.

Morishita — J’ai préparé les papiers.

Elle s’exprima d’une voix douce, en contraste avec l’atmosphère pesante.

Sakayanagi — Tu t’es bien préparée Morishita-san. Merci d’avoir colorié le papier avec attention. Nous n’avons plus beaucoup de temps donc faisons cela diligemment. La personne qui choisira le papier coloré sera malheureusement contrainte de quitter l’établissement.

Il y avait un total de 5 papiers préparés, dont quatre seulement permettaient d’éviter l’exclusion.

Sakayanagi — Qui aimerait tirer en premier ?  Que vous soyez premier ou dernier, cela ne change rien.

Allaient-ils éviter l’expulsion de leurs propres mains ou allaient-ils attendre qu’un autre se fasse expulser ? En retenant son envie de protester, Machida était la première à tirer un papier.

Machida — Bordel oui !

Machida avait tiré un papier vierge, et fit sa plus belle pose de la victoire. Encouragés par cette action, Sugio et Toba tirèrent également l’un après l’autre des papiers vierges.

Ce qui voulait dire qu’il ne restait plus que deux élèves : Kamuro Masumi et Yamamura Miki. La première se contenta de rester debout, car elle ne voulait pas s’ennuyer à aller tirer. L’autre était paralysée par la peur. Chacune d’entre elles avait abandonné pour une raison totalement différente. Sakayanagi, qui entretenait des relations amicales avec ces deux-là ne montrait aucun changement d’expression. La raison pour laquelle elle avait choisi la loterie équiprobable était que selon elle, peu importe la personne qui allait être expulsée, cela n’allait rien changer.

Kamuro — Toi, vas-y et tire.

Bien qu’elle fût ainsi invitée par Kamuro à tirer, Yamamura était en incapacité de se mouvoir. Elle tremblait de peur en pensant qu’elle avait une chance sur deux d’être expulsée. Elle n’était pas préparée à cela. Elle ne pouvait penser à ce qu’il se passerait après son expulsion. Même si elle voulait aller de l’avant, ses pieds étaient ancrés dans le sol.

Yamamura — J-J, Je v…

Kamuro — Bon… Je vais tirer en premier. Est-ce que c’est bon pour toi ?

Incapable de parler, Yamamura hocha répétitivement de la tête pour acquiescer. C’était tout ce qu’elle pouvait faire. Kamuro s’approcha de Morishita, qui tenait la boîte contenant les papiers.

Sakayanagi — Attends s’il-te-plait.

Alors qu’elle était sur le point d’effectuer le tirage, Sakayanagi l’arrêta.

Sakayanagi — J’avais dit que celui qui ne voulait pas tirer serait expulsé. Celui signifie que Yamamura-san, qui a refusé de tirer, va être contrainte de partir.

Yamamura — Euh… ? Mais… Euh… ?

Sakayanagi — Donc il n’y a aucune objection ?

Yamamura — E-Euh ! C’est que…

Kamuro — Qu’est-ce que tu fais ? Tu es en train d’essayer de m’aider ?

Sakayanagi — Non ce n’est pas ça, je ne faisais qu’énoncer les faits.

Kamuro — Oh, je vois. Dans ce cas c’est décidé. Yamamura et moi allons tirer un papier en même temps, n’est-ce pas ?

Impatiente de déclarer qui serait expulsé, Sakayanagi se fit stopper par Kamuro. Elle avait rejeté sa chance d’éviter l’expulsion.

Kamuro — Viens vite.

Elle alla vers Yamamura, qui ne pouvait avancer, et lui saisit le bras pour la tirer jusqu’au lieu du tirage.

Kamuro — C’est notre première et dernière opportunité de voir qui de nous deux est la plus chanceuse.

Yamamura — Tu es vraiment gentille Masumi-san. Est-ce vraiment nécessaire de prendre le risque de m’aider alors que tu pouvais rester ?

Kamuro — Non, c’est juste un de mes caprices.

Morishita — Ah oui… ? Alors tirez donc.

Morishita présenta deux papiers à tirer. Quand Kamuro déplaça par la force la main gauche indécise de Yamamura, cette dernière prit par réflexe un papier. En voyant cela, Kamuro saisit l’autre.

Kamuro — Ne sois pas rancunière.

D’une voix calme, Kamuro réconforta étrangement l’indécise Yamamura.

Morishita — Maintenant ouvrez vos poings !

Au même moment, elles ouvraient leurs mains alors fermées. Les deux papiers s’envolèrent. La personne qui tira le papier coloré allait être expulsée. C’était la règle. Celle qui le tenait était Kamuro. Hormis la personne en question, aucun des élèves n’était prêt à accepter ce résultat. La classe devint complètement silencieuse.

Morishita — C’est donc décidé. C’est super pour toi, Yamamura, tu as survécu.

Yamamura — Ah, euh…

Elle tapota gentiment sur l’épaule de Yamamura, dont le statut, qu’elle reste au sein de l’établissement ou non, n’avait pas été décidé.

La classe A était sans un bruit. C’était une situation complètement différente de l’expulsion de Totsuka. Les points de classes avaient été réduits et l’expulsion fut décidée par la chance. La classe A goutait à la défaite pour la première fois. Ce qui était surprenant, c’était que Kamuro, l’élève sacrifiée, semblait calme tout du long. Visiblement dérangée par les regards de ses camarades, elle les balaya du regard en retour et retourna s’assoir. Sakayanagi détourna les yeux et demanda au professeur en charge de l’examen, Chabashira, de s’occuper de cela.

Chabashira — Bien, considérons cet examen spécial comme terminé.

L’examen spécial de survie et d’élimination, qui avait été très long, était enfin terminé.


1

Résultats finaux 

Première place : Ryuuen 【 Classe D 】69 points
Deuxième place : Ichinose 【 Classe C 】62 points
Troisième place : Horikita 【 Classe B 】59 points
Quatrième place : Sakayanagi 【 Classe A 】53 points

Ryuuen, qui avait parfaitement défendu les 10 tours de la seconde mi-temps, avait retourné la situation en gagnant. Avec ce classement confirmé, la classe D gagna 100 pc. Les deuxièmes et troisièmes, les classes C et B, avaient malheureusement perdu 50 pc, tandis que la classe A, 100 pc.

Le résultat, inimaginable si l’on se base sur la première mi-temps, était complètement inattendu. Tout le monde était tombé de haut. La défaite n’avait pas de quoi réjouir, il y avait toujours des mécontents dans la classe. Malgré cela, tous furent très soulagés d’être arrivés de peu à la troisième place. Cela n’avait rien d’étonnant, ceux qui avaient été éliminés avaient vécu la fin de l’examen dans un état de grande détresse mentale.

Chabashira-sensei nous donna plus de détails, notamment sur l’expulsion de la classe A, qui allait être reportée à la semaine prochaine, et que les cours étaient annulés pour aujourd’hui. Au milieu de l’enthousiasme global, une élève ouvrit virulemment la porte de la salle de classe.

Ichinose — Désolée, Karuizawa-san !

Karuizawa — Euh, Ichinose-san… !?

Kei, qui avait été mise sous pression par plusieurs sélections consécutives, s’était figée à l’apparition d’Ichinose. Pour la protéger, Satô se positionna devant Kei. En voyant cela, Horikita, assise tout au fond, se leva.

Horikita — Calme-toi, Karuizawa-san. Tout cela n’était qu’une tentative d’Ichinose pour nous envoyer une bouée de secours.

Ichinose commença à s’excuser tout en confirmant les dires de Horikita.

Karuizawa — Euh ? Qu’est-ce que ça veut dire ?

Horikita — Elle a essayé, à sa manière, de nous donner des points.

Ichinose — J’avais considéré l’idée de te contacter par message ou par appel, mais ça n’aurait pas été très naturel de dire que nous vous donnerions des points. Nous avons donc décidé de faire une série de nomination consécutive, de manière à faire passer ce message implicitement. Horikita, qui se doutait de quelque chose, me contacta.

Horikita était celle qui avait contacté Ichinose, et non l’inverse. Ichinose avait insisté sur ce point qui semblait important.

Horikita — Nous avons également réussi à protéger quelques personnes grâce à Ichinose qui nous communiquait les nominés à l’avance.

Karuizawa — Pourquoi au juste ? Pourquoi avoir eu besoin de faire ça ?

Horikita — Pour battre la classe A. Essentiellement, chaque classe à la deuxième place ou en dessous se battait pour sa survie et non pour gagner.

Ichinose — Oui, notre seule option était de confronter Sakayanagi de front. C’est ce qu’on appelle une bénédiction.

Si Ichinose ne nous avait pas aidés, les six points de différence auraient pu nous mener à la défaite.

Karuizawa — Mais, pourquoi c’est tombé sur moi ?

Ichinose — Toi, Karuizawa, tu as toujours joué un rôle central auprès des filles, et naturellement, Horikita aurait pensé à te protéger de l’élimination, n’est-ce-pas ? C’est pourquoi j’avais prévu de te nominer dès le départ. Mais je comprends que tu aies pu te sentir anxieuse, donc j’ai filé jusqu’ici. Je suis terriblement désolée !

En examinant le raisonnement d’Ichinose et l’avis de Horikita qui corroborait avec ce dernier, Kei était en quelque sorte soulagée. Ichinose continua de s’excuser encore plusieurs fois auprès de Karuizawa avant de partir pour ne pas laisser ses camarades attendre.

Après cela, alors qu’elle regardait le classement, Horikita recevait les remerciements de ses camarades. J’interpelai également Horikita.

Moi — Nous avons perdu cette fois-ci. Au second tour, il était clair qu’il y avait une sorte d’accord entre la classe de Ryuuen et celle d’Ichinose… Bien sûr, sans aucune preuve, ce n’est qu’une théorie, mais sa classe a donné des points à celle d’Ichinose, ce qui les a positionnés en seconde place, sans aucune élimination.

Horikita — Tout à fait, mais ce n’est pas le plus important.

Horikita hocha la tête et se leva.

Horikita — Si les deux classes étaient de mèches, ils auraient commencé à coopérer dès le premier tour. En s’aidant mutuellement, ils auraient pu bénéficier l’un de l’autres et partager la victoire. J’étais soulagée quand je n’ai vu aucun signe de coopération après la fin de la première partie.

Moi — Sakayanagi aussi ne pouvait pas le prévoir non plus.

Nous ne pouvions savoir avec certitude si Ryuuen et Ichinose avaient coopéré, mais cela avait dû se faire après l’annonce des règles de l’examen spécial. Et même sans se montrer publiquement, ils se préparaient en silence.

Moi — L’événement a pris un tout autre tournant quand Ryuuen a été capable de prédire toutes les attaques de Sakayanagi.

Horikita — Quelqu’un lui a divulgué les informations de la classe A. Il n’y a pas d’autre explication.

Moi — Cela semble en effet être le cas.

Horikita — Cet élève est fou. Je ne peux imaginer trahir la classe. Il ne s’agit pas de la Classe C ou de la classe D, mais de la classe qui s’est maintenue en première position depuis notre arrivée. Il a forcément eu quelque chose de valeur en retour pour faire une telle chose.

Moi — Pour 20 millions de points, la trahison est possible.

Et encore, il était difficile de croire que quelqu’un trahisse sa classe simplement en lui demandant. Mais gagner 20 millions de points permettait de changer de classe à n’importe quel moment ce qui était réaliste.

Mais il y avait encore plus d’un an avant le diplôme. Si une telle quantité de points était transférée, la trahison aurait été aussitôt révélée, et le traître aurait été la cible de la fureur de la classe A. Il aurait également été envié par les autres classes. S’il était la cible d’examens ultérieurs, il n’aurait pas eu de choix que de partir avec ses points privés. À mon avis, le traître voulait quelque chose de plus singulier et plus original.

Horikita — Je ne suis pas ravie des résultats, mais je ne peux pas me plaindre. Bien que cela soit décevant de ne pas finir premier, la classe A a fini dernière. Il n’y quasiment eu aucun dégât. Mais je me sens frustrée.

Sortant dans le couloir loin du regard des autres élèves, Horikita évacua ses sentiments sans se retenir.

Moi — Utilise cette frustration pour le prochain examen.

Horikita — Ok, je ferai ça.

Moi — Je vais voir la classe de Ryuuen. Tu viens avec moi ?

Horikita — Ce sera tout pour moi aujourd’hui. Je rentre. Je n’ai pas la force d’écouter ses sarcasmes avec retenue.

En effet, il ne fallait pas exclure la possibilité que Ryuuen puisse faire bouger les choses.

2

En voulant vérifier l’état de la classe de Ryuuen qui devait être festif, je passai près de la classe D et y trouvai Hiyori. Elle semblait regarder vers le sol depuis sa fenêtre. Elle n’arborait pas un doux sourire comme à son habitude. Il était cette fois plus amer. Remarquant cette anormalité, je m’approchai doucement en regardant le sol.

Je vis Ryuuen et quelques proches à lui. Ishizaki se démarquait particulièrement, empli de joie, il gesticulait et sautait dans tous les sens. Il y avait aussi Katsuragi, qui marchait majestueusement vers le Keyaki. Avec ses mouvements amples et son profil partiellement visible, il restait toujours, très impressionnant.

Moi — C’est le moment de goûter à la victoire, hein ?

Je ne serais pas surpris s’ils comptaient faire la fête au Keyaki aujourd’hui.

Hiyori — On dirait bien.

Hiyori me répondit avec son ton habituel.

Moi — Tu n’y vas pas ?

Hiyori — J’ai été invitée, mais j’ai refusé.

Moi — Pourquoi ?

Hiyori — Peut-être parce que je ne me sens pas de fêter notre victoire.

Parmi la joie ambiante, Hiyori se démarquait clairement.

Hiyori — Je me suis sentie mal à l’aise avec la manière de pensée et l’approche offensive de Ryuuen.

Moi — Il a atteint la première place contre toute attente. Je pense que c’est un excellent résultat.

Hiyori — On peut dire ça si on ne regarde que les résultats. Cependant…

Après avoir hésité un peu, Hiyori continua à parler

Hiyori — Je doute que l’on puisse continuer à gagner sans problèmes en utilisant ces méthodes.

Moi — Ce n’était pas une approche conventionnelle. Il s’agissait plutôt d’une démarche prudente à l’égard des forces de votre classe.

La capacité à parier sur des stratégies uniques était la force de Ryuuen, mais c’était tout.

Hiyori — Nous avons par chance réussi cette fois, mais nous ne serons pas capables de tirer profit de cette victoire la prochaine fois. Je ne dis pas que nous devrions perdre, mais nous avons perdu une bonne opportunité de s’améliorer.

Moi — Tu as peut-être raison.

Toutefois, pour arriver à faire cela, ils pourront avoir besoin de nouvelles perspectives.

Hiyori — Les éléments nécessaires à notre montée en classe A sont également des obstacles. C’est troublant.

Hiyori pouvait voir clairement une faiblesse de sa classe. Ryuuen avait une force singulière. Mais d’un autre côté, leurs faiblesses étaient dues à sa présence.

Moi — Si quelqu’un réalise la chose alors il y a toujours de l’espoir pour votre classe.

Je voulais brièvement entendre ce que les vainqueurs avaient à dire, mais je n’avais pas l’intention de les déranger. Hiyori, qui semblait préoccupée, semblait aller à la bibliothèque et m’invita à la rejoindre. Mais je préférai refuser. Je voulais aussi voir ce qui se passait dans les classes d’Ichinose et de Sakayanagi.

En parlant d’Ichinose, pour le meilleur ou pour le pire, elle était la même que d’habitude. Tout en évitant la dernière position, ils s’étaient assurés de ne pas avoir un seul éliminé. Se battre sans abandonner personne comportait des risques, mais au final, ils avaient terminé à la deuxième place.

Ichinose avait un objectif avec la mise en place d’une stratégie dans la première mi-temps de l’examen pour pousser 5 élèves au bord de l’élimination. Dans la deuxième mi-temps, elle s’était alliée avec Ryuuen, qui semblait avoir initié les négociations plus tôt, en ayant réussi à n’avoir aucune élimination.

En plus de cela, elle avait aidé Horikita, ce qui avait eu pour conséquence de faire chuter Sakayanagi en dernière position. On pouvait dire qu’ils avaient fait les meilleurs choix possibles pour une classe prise au piège.

3

C’était après les cours et il était déjà 17h. À cause de l’examen spécial des première, les activités de clubs furent annulées. Il ne restait que quelques élèves sur le campus. Sakayanagi était assise à la table de Kamuro, qui devait encore être vidée. Elle attendait en silence que le temps passe. Comme l’heure fatidique approchait, la porte de la salle de classe s’ouvrit.

Sakayanagi — Je t’attendais, Hashimoto-kun.

Hashimoto — Pourquoi as-tu voulu que l’on se rencontre en tête à tête dans un tel endroit ?

Sakayanagi — C’est juste une réunion de réflexion.

Hashimoto — Eh bien, c’est un peu effrayant.

Sakayanagi — Cet examen spécial s’est révélé être une grande déception. Je ne peux que m’imputer la faute.

Hashimoto — Je suis d’accord. C’était décevant, mais je ne peux pas te blâmer. Peu importe l’angle, il est certain que les infos ont fuité.

Hashimoto, qui venait de rentrer, avait doucement placé la main sur le bureau de Kamuro et balaya du regard toute la classe.

Hashimoto — Le traitre qui a causé l’expulsion de Masumi… Kamuro-chan. C’est impardonnable.

Sakayanagi — Je pensais que tu ne voyais que ta petite personne.

Hashimoto — On a été camarade pendant deux ans, n’est-ce-pas ? Même moi je suis en colère.

Sakayanagi — Oui, je suppose. Mais as-tu une idée de quelle manière les informations de la classe ont fuité ?

Hashimoto — Par téléphone, je dirais. C’est simple et efficace.

Sakayanagi — Je le pense aussi.

Hashimoto — Pourquoi ne pas avoir agi quand Morishita l’a proposé ?

Sakayanagi — Comment ça ? Tu voulais que je confisque vos portables ?

Hashimoto — Oui, tout à fait. Cela n’aurait pas minimisé les dégâts ?

Sakayanagi — Le traitre n’est pas idiot. J’ai supposé qu’il eût une parade. Commencer maladroitement une enquête n’aurait été que confusion.

Hashimoto — Tu as donc choisi d’attendre et de voir ce qui se passerait. Une stratégie que seule toi aurais pu mettre en place.

Doucement, Hashimoto marcha entre les rangées de tables et avança vers le pupitre.

Hashimoto — Toutefois, cela ne t’a-t-il pas peiné d’exclure Kamuro-chan, même si cela était le résultat d’un tirage au sort.

Sakayanagi — Peiné ?

Hashimoto — Vous étiez de bonnes amies. S’il s’agissait de moi, je me serais plié en deux pour faire expulser Toba ou les autres à sa place.

Sakayanagi — C’est impossible. Elle n’est pas spéciale à mes yeux.

De loin, Hashimoto eut un regard embarrassé.

Sakayanagi — Qui est le traitre qui a expulsé Masumi-chan à ton avis ?

Hashimoto — Tu n’arrêtes pas de poser des questions. Malheureusement, je n’en ai aucune idée. Mais toi, tu as des indices ?

Sakayanagi rit et se leva lentement en s’appuyant sur la canne. Elle signala ensuite à Hashimoto de la rejoindre. En s’éloignant du pupitre, Hashimoto se dirigea vers Sakayanagi.

Sakayanagi — Hashimoto-kun, tu es le traitre qui a fait fuiter nos informations, n’est-ce-pas ?

Hashimoto se gratta la tête et souffla fortement.

Hashimoto — J’ai compris que c’était pour cela que j’ai été appelé ici. Ce n’est pas illogique de me suspecter après tout. Comme tu le sais, j’ai toujours étudié les possibilités pour être transféré dans une autre classe. Je l’admets. Mais quand on y réfléchit, pourquoi aurais-je compromis ma place en classe A ? Ça n’a aucun sens.

Bien qu’il sût qu’il allait être suspecté, il avait fermement réfuté les accusations.

Sakayanagi — Ça serait le cas d’un point de vue normal. Je pensais moi-même qu’une trahison publique était improbable.

Il était normalement difficile d’imaginer un élève de la classe A avoir recours à un plan d’action aussi risqué pour soi-même. Même quelqu’un comme Sakayanagi, qui faisait méticuleusement attention aux détails n’aurait pas pu prévoir et contrecarrer la trahison d’un camarade de classe.

Hashimoto — Je ne ferais rien qui compromettrait la classe. Cela n’aurait aucun intérêt si la personne que l’on s’attend à être le traitre l’était vraiment.

Etant au courant qu’il était le suspect numéro 1, Hashimoto affirma qu’il n’aurait pas trahi la classe.

Hashimoto — Je vais m’efforcer de trouver le traitre et je prouverai mon innocence.

Sakayanagi — Alors, pouvons-nous solliciter ton aide dès à présent ?

Sakayanagi saisit son téléphone et le plaça doucement sur le bureau de Kamuro. L’écran affichait Hashimoto qui parlait à Ryuuen, les deux en train de marcher au Keyaki.

Sakayanagi — Tu l’as rencontré avant l’examen spécial, n’est-ce-pas ?

Hashimoto — C’était Ryuuen qui m’a approché de sa propre initiative. Il m’a juste un peu traîné.

Hashimoto avait répliqué avec beaucoup de difficultés

Hashimoto — Qui a bien pu prendre ces photos ? S’agissait-il de ton assistante personnelle, Yamamura ?

Avant qu’elle puisse répondre, Sakayanagi s’exprima avec une certaine présomption.

Sakayanagi — Pouvons-nous arrêter cette farce maintenant ?

Dit-elle avec son ton typique, vu que ce dernier réfutait tout.

Hashimoto — J’imagine que tu ne vas pas me croire, peu importe ce que je vais dire.

Sakayanagi — SI tu insistes pour te justifier avec des arguments, pourrais-tu me montrer l’historique de ton téléphone ?

Elle contra la défense de Hashimoto ainsi. Ses suspicions étaient manifestement très élevées.

Hashimoto — Je suppose que tu arrêteras de me suspecter si je le fais ?

Sakayanagi — Ça vaut le coup d’essayer, tu ne penses pas ?

Hashimoto — En effet, pour faire fuiter l’information durant l’examen, le moyen le plus rapide aurait été de garder son téléphone allumé et échanger secrètement par message. Celui dont le téléphone contient des traces est le traitre. Mais es-tu sûr de vouloir procéder ainsi ? Si tu vérifies mon téléphone et que tu n’y trouves rien, tu devras présenter tes excuses.

Il a été suspecté jusqu’à présent, il ne voulait pas laisser passer sa chance ; il était suffisamment confiant pour dire ça.

Sakayanagi — S’il s’avère que je me suis trompée, je répondrai à tes attentes. Mais ce que j’attends n’est pas l’historique des appels ou des messages. Tu peux facilement les supprimer après tout.

Après les cours, Hashimoto avait eu plein de temps libre. Effacer ces informations aurait été facile.

Hashimoto — Donc quel historique veux-tu voir ?

Sakayanagi — Ce que je veux voir est ton historique de transactions de points privés, pas celui des appels ni celui des messages.

Après avoir dit tout cela, allait-il l’admettre ? Aux mots de Sakayanagi, Hashimoto se prit d’un étouffement.

Sakayanagi — Tu sembles nonchalant, mais tu es en réalité prudent. Tu ne peux pas être certain que Ryuuen n’allait pas te piéger, même si vous coopériez. Si tu venais à être éliminé, tu aurais pris le risque d’être exclu. Tu as pu contacter Ryuuen pour te protéger, mais cela aurait laissé des indices physiques, ce que tu veux éviter à tout prix. De plus, il ne serait pas étonnant que tu aies demandé une grande quantité de points privés en guise de garantie. Si la promesse était tenue, le nombre total de points t’était restitué. Comme la transaction se faisait après le résultat de l’examen, les preuves n’auraient pas été trouvées avant.

Hashimoto prit son téléphone et grimaça avec un sourire amer.

Hashimoto — Mon Dieu, ce n’est pas aussi simple que ce que je pensais. Je l’admets, je me rends.

La déduction de Sakayanagi était juste. En utilisant ses camarades, Ryuuen avait collecté un grand nombre de points privés pour les donner à Hashimoto. C’était une assurance pour ne pas être éliminé.

Sakayanagi — Combien lui as-tu couté ?

Hashimoto — Les frais d’informations n’étaient pas très onéreux. Environ 500 000.

Sakayanagi — C’est une bien modeste somme pour une trahison.

Hashimoto — Je l’ai gardé à ce prix. Les points privés ne sont pas un problème, ce n’est pas pour ça que je t’ai trahi.

Hashimoto souligna que les points privés n’étaient pas son but principal. Normalement, il n’aurait pas été étrange de demander ses réelles intentions, mais Sakayanagi ne le fit pas. Elle avait déjà compris pourquoi il l’avait trahi.

Sakayanagi — Devrais-je chanter les louanges de Ryuuen, qui t’a mené à me trahir cette fois ?

Hashimoto — Ne me fais pas rire. En tant que fournisseur d’informations, je l’ai délibérément choisi, car il se fiche de la trahison si cela lui est bénéfique. Horikita et Ichinose n’auraient pas accepté.

Sakayanagi — Il était en effet le seul enclin à accepter une telle proposition.

Hashimoto — Pour l’examen d’aujourd’hui, j’ai préféré miser sur lui vu la disposition du carré.

Si la classe A avait été placé en diagonal sans capacité d’attaque ou de défense avec la classe de Ryuuen dans l’examen spécial, Hashimoto comptait simplement regarder sans faire quoi que ce soit. Avec cette décision, la situation aurait pu complètement changer. Cela n’aurait pas été étrange si le classement de la première moitié de l’examen avait été le même que le second.

Hashimoto — Tu ne vas pas me punir ?

Sakayanagi — Je ne suis pas professeur. Je ne me sens pas de te donner la bonne conduite à adopter.

Hashimoto haussa les épaules et remit son téléphone dans la poche.

Hashimoto — Tu n’aurais pas dû me chercher au moins ?

Sakayanagi — Ça n’a aucun intérêt. Tu n’as rien fait d’illégal comme transmettre des informations avec ton téléphone, non ? C’est trop dangereux d’espionner comme ça. À la place, tu as emprunté le téléphone d’un élève d’une autre classe pour le cacher quelque part dans tes affaires, n’est-ce-pas ?

Hashimoto — À quel point as-tu lu en moi ?

Sakayanagi — Tu n’arriveras à rien en me testant ainsi.

Hashimoto, qui avait essayé de la tromper, se fit rapidement contrecarrer. S’il avait été suspecté, il aurait sorti son téléphone sans hésitation. Aucune preuve n’aurait été trouvée même si le téléphone de chaque personne avait été fouillé. Sakayanagi, qui savait que ce n’était qu’une perte de temps, avait décidé de continuer à focaliser son énergie sur la défense.

Sakayanagi — La cachette est dans la classe, mais cela aurait pris beaucoup de temps et d’efforts pour chercher. Il y aurait pu y avoir un espion dans le couloir pour provoquer de l’agitation de manière naïve. Dans la diversion, il aurait repris son téléphone comme si de rien n’était.

Sakayanagi, qui avait des problèmes de mobilité, ne pouvait pas faire des mouvements assez rapides pour prendre le moment en flagrant délit.

Sakayanagi — Quand l’examen spécial s’est terminé, tu as quitté la classe avec Yoshida-kun, avec qui tu n’es pas particulièrement proche. As-tu mis ton téléphone dans son sac ?

Hashimoto — Ahah, tu es observatrice, princesse. Donc, j’étais le plus suspect après tout.

Sakayanagi — Il y a des éléments dans des interventions récentes qui m’ont mis la puce à l’oreille.

Hashimoto — Mais pourquoi ne m’as-tu pas demandé de montrer mon historique de transactions en points privés au moment où j’étais entré dans la classe afin que j’avoue ?

Sakayanagi ne s’était pas directement confronté à Hashimoto. Si elle l’avait voulu, cela aurait été différent. Mais elle avait justement des idées arrêtées.

Sakayanagi — C’était un acte de pitié si je t’ai épargné jusque là.

Sakayanagi avait en effet créé deux moments pour qu’il puisse se contenir. Elle lui avait demandé implicitement de méditer pour ne pas trahir la classe.

Sakayanagi — C’est dommage que tu ne l’aies pas remarqué. Collaborer avec les autres classes et préparer un transfert… Je peux passer outre ces farces inoffensives… Mais tu as franchi la limite.

Hashimoto — Oui. On peut dire que pour les examens spéciaux, la trahison est un coup fatal. Une classe est une communauté au destin commun. Il peut y avoir quelques protestations et des rebelles, mais personne n’irait jusqu’à trahir les siens pour ne pas affecter le groupe.

C’est pourquoi ceux qui s’étaient plaints avaient ravalé leur frustration.

Sakayanagi — Tu n’aurais jamais dû franchir cette limite.

Hashimoto — Je ne peux pas le nier.

Lui, qui faisait face à Sakayanagi, prit connaissance de la vérité sans tressaillir.

Hashimoto — Nos camarades n’auraient pas compris mes actions, mais cette classe n’avait aucune chance de gagner dès le départ. Même si je ne t’avais pas trahi, la classe était destinée à se faire couler par la classe B dans le futur. Je devais créer une opportunité de victoire, même par la trahison.

Sakayanagi — Tu te bats donc pour toi.

Hashimoto — C’était dur pour moi aussi. Mais cet examen spécial était une opportunité pour tirer la sonnette d’alarme. La perte de points de classe n’est pas matière au désespoir. Seulement ceux qui ont manqué de capacités ont été éliminés. Je pensais que c’était une opportunité en or. Je n’ai pas trahi la classe parce que je le voulais. Cette trahison temporaire était issue de ma volonté de gagner.

Sakayanagi — Le fait d’être découvert faisait partie de ton plan. Ou en tout cas, tu pouvais t’attendre à ce scénario.

Hashimoto — Je ne pensais pas que cela se passerait aujourd’hui pour te dire la vérité.

Il pensait qu’il serait découvert dans une réunion de classe, ou quelque chose comme ça. Hashimoto voulait éviter une situation où ils étaient tous les deux isolés.

Hashimoto — Le moment où tu as remarqué ma trahison et compris mon plan, tu savais déjà probablement la raison, n’est-ce-pas ?

Sakayanagi — C’est pourquoi j’ai mis cette situation en place.

Pour faire un gros pari, même en risquant de s’exposer au danger.

Hashimoto — Sans ton stratagème, je ne pouvais pas te montrer à quel point j’étais sérieux. À la fin des vacances d’hiver, je t’ai à nouveau suggéré mon idée. Je veux intégrer Ayanokôji dans notre classe.

Sakayanagi — Oui, j’ai déjà entendu plusieurs de tes tirades passionnées.

L’exfiltration d’Ayanokôji et l’acte de trahison. Les autres élèves pouvaient n’y voir aucun rapport. Toutefois, Hashimoto comprenait très bien l’essence et la nature de Sakayanagi Arisu.

Hashimoto — Même si nous avons perdu des points de classe cette fois, et que tu es au courant de ma trahison, cela n’a pas d’importance. Tu peux chercher à m’expulser, j’ai déjà pris mes résolutions.

Ce n’était pas la fin, mais que le début. Une menace que la trahison se répète jusqu’à ce que Sakayanagi accepte Ayanokôji.

Sakayanagi — Tu sembles convaincu que je ne peux pas être diplômée de la classe A par mes propres moyens.

Hashimoto — Je sais que tu es excellente princesse. Mais le fait est que, je suis convaincu que nous ne pourrons pas arrêter la rapide progression de la classe d’Ayanokôji dans le futur proche. Les positions des classes A et B vont à terme s’inverser, et nous n’aurons pas d’autre chance de les dépasser après cela. Autrement dit, notre position actuelle n’est qu’une illusion.

Il continuait avec entrain.

Hashimoto — La meilleure stratégie pour être diplômé en classe A est que toi, princesse, et Ayanokôji soyez dans la même classe. Avec ça, nous deviendrons invincibles.

Sakayanagi — Je suppose que c’était la bonne décision de ne pas te laisser dire ça devant les autres.

Hashimoto — Tu ne veux pas l’admettre ? Mon idée est bonne, je pense.

Sakayanagi — Je ne peux acquiescer.

Hashimoto — Désolé de te blesser, mais Ayanokôji est indéniablement le plus fort de notre promoti…

Sakayanagi — Que penses-tu connaître d’Ayanokôji-kun ?

D’un bruit sourd, le bout de sa canne heurta fermement le sol.

Hashimoto — … !

Une colère claire émana de Sakayanagi jusqu’alors calme.

Sakayanagi — Il semblerait que tu sois très intéressé par lui. As-tu remarqué tes paroles de fanatique ?

Sous une telle pression, Hashimoto fut intimidé par la petite Sakayanagi

Hashimoto — Tu es en colère d’entendre que tu n’es pas la meilleure ?

En effet, c’était la source de la colère de Sakayanagi. Mais cela n’était pas parce qu’Ayanokôji lui était jugé supérieur. Il lui était insupportable de voir cette confiance aveugle en Ayanokôji alors qu’il ne le connaissait pas vraiment.

Hashimoto — Laisse tomber ta fierté et prends Ayanokôji à tes côtés. Cela serait encore pire s’il agissait avec Ryuuen.

Sakayanagi — La possibilité que Ryuuen intègre Ayanokôji est nulle. S’il avait les capacités que tu évoques, il vaut mieux qu’il reste un ennemi à abattre.

Hashimoto — Peut-être que c’est le cas maintenant, mais que se passera-t-il quand il ne pourra plus gagner ? S’il continue à le prendre pour ennemi, et s’il perd ses chances de monter en classe A, ses idées pourraient bien chang…

Sakayanagi — Elles ne changeront pas. Ryuuen et moi voulons tous les deux combattre un adversaire de taille. L’obsession d’être diplômé en classe A est quasiment inexistante.

Après avoir entendu ces mots, Hashimoto ferma les yeux et laissa échapper un souffle. Ses propres observations furent prouvées fausses. La raison de l’attitude inédite de Sakayanagi était qu’elle avait mesuré Ayanokôji bien avant lui. Dans le même temps, il avait eu confirmation de la force d’Ayanokôji.

Hashimoto — Il pourrait peut-être se fatiguer de ton comportement. Quand j’ai intégré cette école, j’ai intuitivement pensé que toi, ou Ryuuen étiez les prétendants pour le diplôme en A. Toutefois, j’ai toujours senti une sensation étrange d’inconfort. Maintenant la raison est claire. Aucun d’entre vous n’a la volonté d’être diplômé en classe A.

Gagner contre ses rivaux, et par conséquent rester en classe A était secondaire.

Hashimoto — D’un autre côté, Horikita et Ichinose sont animés par la passion. C’est étrange : les classes qui ne peuvent pas gagner, qui manquent de pouvoir, ont cette passion, alors que les classes capables de gagner ne l’ont pas. Cependant, si Princesse et Ayanokôji faisaient équipe, la passion importerait peu. Cela nous mènerait certainement vers la naissance d’une classe gagnante.

Tout en regardant Hashimoto, Sakayanagi s’exprima avec indifférence comme si elle était satisfaite de sa propre compréhension.

Sakayanagi — Je comprends ton obsession de vouloir intégrer Ayanokôji à la classe pour assurer la victoire. Cependant, obtenir un ticket de changement de classe pour aller dans celle d’Ayanokôji n’est-elle pas la solution la plus simple en plus d’être la plus sûre ? Horikita compte bien atteindre la classe A avec comme moteur, celui que tu chéris tant.

Hashimoto — Une telle position est-elle possible pour moi ?

Sakayanagi — Bien sûr. Si tu m’avais supplié d’avoir un ticket pour changer de classe, je te l’aurais volontairement donné.

Hashimoto — J’imagine que j’ai pris une regrettable décision alors.

Sakayanagi pointa délibérément cette attitude.

Sakayanagi —Tu n’aurais pas accepté le ticket dans cette situation. Arrête de plaisanter.

Hashimoto — Pourquoi cela ?

Sakayanagi — Tes intentions sont claires. Bien que le futur soit flou, tu ne voudrais pas abandonner cette classe qui détient actuellement la première position. Toutefois, Ayanokôji-kun te fait peur. Tu veux changer de classe, mais il n’y a aucune garantie de réussite si tu intègres la classe B. Voilà pourquoi tu n’aurais pas utilisé de ticket. Si tu ne peux pas bouger toi-même, la seule option est de faire bouger quelqu’un d’autre.

Les élèves qui changent de classe à la légère pouvaient difficilement gagner la confiance de leur nouvelle classe. Et les obstacles pour obtenir un autre ticket étaient beaucoup plus élevés qu’avant. Ils auraient ainsi perdu tout moyen de s’échapper d’un bateau dans le cas où il coulerait.

Sakayanagi — Nous n’avons pas l’intention de conserver un traitre tel que toi à partir de maintenant. Sache que tu ne peux plus t’échapper. Je suis sûre que tu essayes de négocier avec tes amis, mais tu ne vaux pas 20 millions de points. Personne ne va sérieusement venir te chercher. Même si tu essayes d’obtenir un ticket de transfert, je ne compte pas t’en laisser l’opportunité tant que je dirigerai la classe A. Bien sûr, la même chose vaut pour la venue d’Ayanokôji-kun. J’empêcherai la chose.

Autrement dit, Hashimoto était dans une impasse. Mais il n’avait pas battu en retraite pour autant. Depuis le moment où il avait décidé de trahir sa classe, Hashimoto était déterminé.

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