CLASSROOM V11 : PROLOGUE


Le monologue d’Arisu Sakayanagi

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Traduction : Dogyuun
Correction : Raitei
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Je me souviens encore de cette vitre de verre ce jour-là…Comme si c’était hier. Mon père m’avait emmené dans un complexe situé au fond des montagnes. L’extérieur était d’un blanc immaculé. Enfin… Cela ne s’arrêtait pas seulement à l’extérieur… Aussi loin que je me souvienne, des couloirs, aux petites pièces, tout était recouvert de blanc.

Je plaçai mes mains sur la surface transparente, faisant de mon mieux pour voir ce qu’il y avait au-delà. La vitre avait les mêmes propriétés que celle des vitres teintées. En d’autres termes, nous pouvions parfaitement voir de l’extérieur mais pas de l’intérieur.

M. Sakayanagi —  Qui y a-t-il Arisu ? C’est rare de te voir intéressée par quelque chose.

Sakayanagi — En effet mais c’est une expérience qui vise à créer un génie. C’est tout sauf inintéressant.

M. Sakayanagi — …Tu t’exprimes vraiment comme une adulte.

Mon père afficha un sourire, visiblement déconcerté par mon attitude alors qu’il me prenait dans ses bras. Selon ses dires, quiconque prenait part au programme de cet institut était sans exception formé et éduqué pour devenir une personne exceptionnelle. Je ne pouvais qu’être sceptique.

Sakayanagi — Cette méthode éducative comporte de nombreux problèmes tout de même.

M. Sakayanagi — C’est-à-dire ?

Sakayanagi — Du point de vue des droits de l’Homme, il y a beaucoup à redire.

M. Sakayanagi Ha, haa…

Sakayanagi — Ceci mis à part, je ne pense pas qu’il soit possible de créer un génie artificiellement. Rien qui s’en approche tout du moins.

À l’ instant où les gens naissaient, c’était le moment où leur potentiel maximum était décidé. Tout n’était qu’une question de chance et par la suite, ce potentiel se manifestait dans de nombreux domaines. C’était la réalité du monde. Nous ne pouvions pas faire plus que ce qui était inscrit dans notre ADN transmis de génération en génération par nos ancêtres ou par mutation génétique. Autrement dit, si l’on voulait créer un véritable génie il fallait s’y prendre au niveau du génome.

Les personnes ordinaires n’échapperont jamais du royaume de la médiocrité. Peu importe la qualité de son environnement de base, si quelqu’un n’est pas excellent dès le départ, il ne deviendra jamais un génie. C’était ma conviction depuis toute petite, la conclusion à laquelle j’étais parvenue après avoir vu mes semblables recevoir une haute instruction depuis que j’avais l’âge de marcher. Cette méthode éducative allait ainsi à l’encontre de mes convictions. Cela dit… Je reconnaissais que l’ADN n’était pas l’unique facteur déterminant.

Sakayanagi —  Même si un élève exceptionnel sortait de ce complexe, pourra-t-on être sûr que cette expérience en aura été la cause ?

M. Sakayanagi Que veux-tu dire par là ?

Sakayanagi — L’enfant le plus performant sera tout simplement l’enfant avec le meilleur ADN, c’est du moins, ce que je pense.

M. Sakayanagi Je vois.. . Le programme suivi par les enfants est assez intense. C’est vrai qu’il y a des chances que les meilleurs le soient depuis le berceau. Tu es aussi sage que ta mère, autant sur le plan intellectuel qu’au niveau de la personnalité.

Sakayanagi — Je suis flattée. Être comparé à ma mère est la meilleure forme d’éloge.

J’acceptai avec sincérité les compliments de mon père, puis  me remis à regarder les enfants de l’autre côté de la vitre. Les enfants talentueux, les enfants médiocres. Tout le monde prenait part à ce programme de façon équitable. C’était un programme où les gens qui échouaient disparaissaient les uns après les autres.

Sakayanagi — Même s’il y a des enfants qui tiennent jusqu’à la fin, ils n’auront fait qu’hériter du talent de leurs géniteurs.

Bien que je trouvais cela intéressant, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que cette expérience était insensée.

M. Sakayanagi Qui sait, les deux possibilités sont envisageables. Moi-même je ne peux pas te répondre. Cependant je ne peux pas ignorer le fait que ces enfants pourraient éventuellement influencer notre futur.

A l’époque je n’étais qu’une enfant, je ne comprenais pas ce que la connaissance de mon père essayait d’accomplir. Mon regard se posa à nouveau sur la vitre.

Sakayanagi — Cet enfant semble avoir résolu ces tâches sans grandes difficultés depuis un moment maintenant.

Lorsque ces enfants devaient accomplir certaines tâches, même en réussissant, ils étaient profondément désespérés. Il était évident que cela leur prenait beaucoup d’énergie. Que ce soit le sport ou les études, le niveau ici était bien au-delà de ce qu’un enfant normal pouvait accomplir. Et pourtant, parmi eux, il y avait un enfant qui se démarquait complètement.

Un certain garçon jouait aux échecs et terrassait ses adversaires les uns après les autres. Parmi les enfants que je pouvais observer depuis la vitre, c’était le seul pour qui avait capturé mon attention. Quelque peu heureux en voyant cela, mon père s’exprima en hochant la tête.

M. Sakayanagi C’est le fils du professeur. Je pense que son nom est… Ayanokôji… Kiyotaka si ma mémoire ne me fait pas défaut.

Le professeur était une connaissance de mon père et le propriétaire de ce complexe. Le directeur de cet institut. C’était une personne très fière qui ne pliait face à nulle âme. Mon père semblait avoir un certain respect pour lui.

Sakayanagi — C’est l’enfant du professeur donc j’imagine que son ADN doit être excellent n’est-ce pas ?

M. Sakayanagi Qui sait ? Il n’a jamais été diplômé d’une grande université et n’a pas non plus un physique hors du commun. Sa femme est tout aussi ordinaire. Leurs parents n’ont jamais montré de signes de talents particuliers non plus. Ce qui le différencie des autres est qu’il a une ambition et une combativité plus ardente que quiconque. Il a même eu  l’opportunité d’être politicien.

Sakayanagi — Dans ce cas… Est-ce que cet enfant ne serait pas le meilleur individu pour évaluer la véracité de cette expérience ?

Mon père hocha la tête avec des sentiments contradictoires à mon égard.

M. Sakayanagi Eh bien… Je pense que son père doit aussi probablement penser que cet enfant est parfait pour cette expérience. Mais en voyant cela je ne peux être qu’attristé pour lui.

Sakayanagi — Pour quelle raison ?

M. Sakayanagi Dès le 1er jour de sa venue au monde, il a vécu dans ce complexe. Contrairement aux autres bébés, lui, la première chose qu’il a vue, ce n’était pas le visage de sa mère mais le plafond blanc. S’il avait échoué, peut-être qu’il aurait pu vivre avec son père. Ou bien… peut-être reste-t-il ici grâce à son père.

Pour le dire simplement, il n’avait reçu aucun amour de ses parents. Il a dû être bien seul. Le talent mis à part, c’est tout de même bénéfique pour quelqu’un d’interagir avec les gens. Je serai ainsi fort mon père dans mes bras qui me prit dans les siens à son tour.

M. Sakayanagi — L’objectif final de ce complexe est de transformer en génie n’importe quel enfant prenant part à ce programme. Il y en aura encore pour 50-100 ans encore pour voir vraiment des fruits. Le but n’est pas de transformer les enfants ici en personnes talentueuses mais plutôt de récolter des informations pour les prochaines générations.

Ainsi ceux qui réussissaient n’étaient que des échantillons de test.

M. Sakayanagi —  Une vie confinée dans ce complexe, seulement pour servir de cobaye.

Mon père dit ces mots avec un visage peiné.

Sakayanagi — Père, vous n’aimez pas cet endroit ?

M. Sakayanagi Hmm ? ….Pour être franc, je ne peux pas supporter ce projet. Si les enfants élevés ici deviennent vraiment des génies, alors cette méthode inhumaine risque de se généraliser dans la société ce qui deviendrait effrayant. C’est ce que je pense.

Sakayanagi —  Ne t’en fais pas. Je les écraserai un à un pour toi. Je prouverai que le talent n’est pas acquis mais inné.

Je n’avais pas le droit de perdre face aux enfants élevés dans ce complexe, quoi qu’il arrive. Moi, Sakayanagi Arisu qui avais hérité d’un ADN supérieur, je me devais de mettre un terme à ces exactions.

M. Sakayanagi Oui, j’ai de grandes attentes Arisu.

Sakayanagi —  D’ailleurs père. Je pense que j’aimerais commencer à jouer aux échecs.

J’ouvris les yeux et m’assis, toujours à moitié endormie.

Sakayanagi —  Quel rêve bien nostalgique.

C’était peut-être dû à la confrontation imminente. Je n’aurais jamais cru que me rappeler de ce jour. Mais à l’instant où je t’avais rencontré, je ne t’avais plus oublié. J’étais convaincu que nos chemins allaient se croiser de nouveau.

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